How can you help me ? ♣ adam (terminé)

How can you help me ?

Deux jours plus tôt, Poppy aurait pu crier d'énervement lorsque son professeur de divination déclara purement et simplement qu'elle devrait faire une prédiction pour le prochain cours. Une prédiction ? Mais qu'est-ce que c'était cette blague ! Comme si elle était capable de dire s'il allait pleuvoir ou faire grand soleil la semaine prochaine, avait-elle vraiment la tête de quelqu'un qui pouvait prévoir la pluie et le beau temps ? Non, il y avait le professeur en question qui pouvait se charger de ça, Poppy elle, n'en était pas capable. Elle eu beau tenter de négocier, cela ne fut pas retirer de la table et Poppy n'eu plus qu'à se contenter de ce qu'elle avait, se disant qu'elle prédirait bien une année sabatique à la vieille harpie qui enseignait la divination. Poppy ne savait même pas pourquoi elle avait choisit cette matière en option il y a quelques années. Peut-être sous les conseils pas avisés - ou du moins, qui lui avait paru avisés - de sa grand-mère Annabeth, qui lui avait dit que cela aurait pu l'aider, pour son don d'empathie, que c'était aussi une autre branche de la magie et que des voyants, on en voyait autant que des empathes. Cela avait suffit à la convaincre et voilà que maintenant, elle se coltinait des devoirs qu'elle serait bien incapable de faire correctement, si ce n'est en mentant ou en devinant ce que la vieille femme souhaitait entendre, ce qui ne devrait pas être bien difficile. Prévoyez une mort et vous devenez le chouchou de la vieille femme.

Poppy soupira et s'engagea dans le couloir, où une masse d'élèves se bousculaient. Elle avait une tête de moins que les autres, chose qui était de son habitude, elle était toujours plus petite que tout le monde - ou presque, surtout ses amis de la gente masculine. Elle devait se charger de ce fameux devoir aujourd'hui, puisqu'elle avait cours de " torture " le lendemain matin. La paresse semblait être de la partie aujourd'hui ... comme son professeur l'avait deviné, mais ça c'était un coup de chance, Poppy en regardant sa pile de devoir se décourageait facilement - ou du moins cherchait-elle à se convaincre que cette vielle femme avait simplement deviné. Enfin bref, aujourd'hui, elle aurait une " aide ". Comme si elle pouvait en avoir besoin. Un jeune homme d'un an de moins qu'elle que son professeur avait repéré - ou avait aussi décidé de torturer - et voilà qu'ils devaient faire équipe. Bref, une chose pas très nette. Une chose qui n'emballait pas des masses la jeune poufsouffle. Poppy n'avait jamais entendu dire que l'on pouvait former un binôme avec deux élèves de maisons différentes et d'années différentes. Poppy avait même presque envie de dire que cela était un crime, elle aurait pu traîner la responsable devant le tribunal magique pour ça - ou juste pour se distraire et échapper à une prédiction idiote. Il n'empêche que la tout de suite, elle n'avait rien de mieux à faire et donc, au lieu de poser un lapin à son " compagnon " qu'elle ne connaissait même pas, elle sortie dans la cour et traversa celle-ci pour se diriger vers les rives du lac, là où ils avaient ' rendez-vous ' en quelque sorte.

C'était une belle journée de mars, il ne faisait pas encore bien chaud, mais il ne faisait plus aussi froid qu'il y a quelques semaines. Poppy, qui n'était pas bien frileuse - enfin pas trop (a) - traversa le parc d'une démarche lente que l'on pourrait qualifier de grincheuse. Elle était vêtue comme d'habitude de son uniforme ... vivement qu'elle s'en sépare d'ailleurs, elle n'en pouvait plus. Même si certains s'obstinaient à lui dire que contrairement à beaucoup d'autres, elle était une des seules à le porter sans s'enlaidir. C'était dans sa manière de se tenir, de marcher, de se vêtir... bref des lèches-bottes, comme les qualifiaient plus communément la jeune Milbrooks. Elle s'assit dans l'herbe, le dos contre le tronc d'arbre et posa son sac près d'elle en soupirant. Elle aurait préféré être ailleurs mais là tout de suite, elle devait se trouver là, il était trop tard pour reculer. Cette certitude fut renforcée lorsque, au loin, elle aperçut un silhouette masculine qui avançait dans sa direction. Bref, plus d'échappatoire. Elle aurait préféré qu'il lui pose un lapin enfaîte ... Mais peut-être ce garçon là était-il présent pour une autre personne ? Regardant autour d'elle, la jeune femme vit son espoir d'échappatoire mourir lorsqu'elle s'aperçut qu'à un rayon de vingt mètres, personne n'était près d'elle. Il était donc bien là pour elle. Il n'était plus question de se lever pour décamper maintenant ... évidemment.

Poppy observa ce jeune homme qui arrivait d'une démarche typiquement masculine - autrement, comme tout les autres, il roulait parfaitement bien des mécaniques - ce qui fit hausser un sourcil à Poppy, qui n'émit pas le commentaire à voix haute. Il était brun aussi, une coupe plutôt banale, mais qui lui allait plutôt bien. Il avait aussi des beaux yeux bleus et une carrure athlétique... Si Sawyer avait été là, Poppy lui aurait dit " voilà mon quatre-heure, à plus tard ". Il faut dire qu'il n'était pas mal du tout, mais pour l'instant, elle n'avait pas vraiment ça en tête. Le travail avant le plaisir, c'est dans l'ordre des choses. Lorsqu'il s'approcha, elle regarda sa montre et lança sans le moindre tact Tu as dix minutes de retard, tu aurais pu avoir la présence d'esprit de ne carrément pas venir dit-elle, sans expliquer pourquoi elle disait cela, comme d'habitude, Poppy était un mystère vivant. Elle sortie ses affaires sans rien ajouter, le prenant au dépourvu, ce qui ne lui échappa pas et elle attendit qu'il daigne s'asseoir.
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Il y avait bien des choses qui pouvaient motiver un voyage dans le temps. En ce qui concernait Adam et ses compagnons, il n’était question, ni plus ni moins, que de sauver le monde magique. La décision avait été prise sur le tas, du moins à l’avis général. Mais Adam soupçonnait de plus en plus leur directeur d’avoir murement réfléchi à la question. Selon les mots de Montana, la bande de préfet n’étaient que des adolescents que des irresponsables avaient envoyé dans un beau bordel. Le serdaigle était plutôt d’accord avec elle, même si elle ne connaissait pas toute la complexité de la situation dans laquelle cette décision avait été prise. Il y avait réfléchi, et avait trouvé trop de coïncidences pour que leur envoi en 2002 n’ait été l’affaire que de quelques minutes de délibérations. Il parlerait de ses doutes aux autres, s’il en avait l’occasion. Mais ça n’était pas encore gagné. Comment décemment s’occuper d’arranger les choses quand on devait passer la majeure partie de son temps en cours? Au début, Adam avait milité pour que les Préfets ne fassent pas l’économie de ces cours, estimant que cela les replacerait dans le contexte. Il avait même été jusqu’à prendre en option le cours de Divination, qu’il avait pourtant toujours critiqué à son époque. S’imaginant qu’il bénéficierait de vraies révélations, maintenant qu’il croyait à toutes ces choses de mélange entre passé, présent et futur, il avait même montré un certain zèle dans son travail les premiers temps. Et ce jusqu’à comprendre que, comme à son époque, la Divination était enseignée par une incompétente qui ne lui permettrait jamais d’avoir aucune aide pour sa mission.

Dès lors, il s’était servi des heures de Divination pour plancher sur un autre problème. Il avait commencé à étudier les animagi bien avant d’être envoyé dans le passé. Sa curiosité du monde magique lui avait cependant joué des tours et, lorsqu’il s’était retrouvé enchainé à Bonnie par un rituel plutôt obscur, il avait eu la présence d’esprit de se contenter des cours dispensés à Poudlard. Mais après quelques temps passés en 2002, sa lubie était revenue sur le devant de la scène. Il avait déjà fort à faire avec la mission, mais en réalisant qu’il perdait beaucoup de temps en vain chaque jour, il s’était décidé à mieux l’employer. Il connaissait par cœur l’histoire de la magie d’avant 2002, et le cours de Divination ne faisait plus partie de ses préoccupations premières, il s’était donc mis à étudier les ouvrages qu’il avait trouvé ça et là pendant ces heures de cours. Malheureusement pour lui, la discrétion n’était pas au nombre de ses qualités. Il avait pourtant fallu un certain temps au Professeur de Divination pour comprendre que, non, Adam n’était pas tellement en avance sur le programme qu’il faisait déjà ses propres recherches sur la divination, mais bien qu’il dédaignait complètement sa matière. De son regard un peu fou, elle l’avait considéré pendant près de cinq minutes avant que les élèves ne le comprennent et observent un silence trop religieux pour être crédible en divination. Adam avait alors redressé la tête et compris qu’il allait avoir droit à une crise de nerf. Il n’avait pas tout saisi -ou plutôt pas tout écouté- mais quelques mots étaient ressortis assez souvent. « Inadmissible » était par exemple intervenus plusieurs fois, entre un coup de « vous filez un mauvais coton mon garçon » et de « il vous faudrait un modèle à suivre ». Toujours est-il qu’Adam s’était retrouvé avec un devoir obligatoire à faire, et ce en binôme. Sa partenaire était apparemment une élève de Poufsouffle d’un an son aîné. Adam n’avait pas bien compris en quoi ce devoir le concernait, et il comptait bien se reposer entièrement sur les capacités surement impressionnantes de la jeune fille en Divination.

Passant les lourdes portes du château d’un air bougon, Adam s’aventura dans le Parc alors que la grande majorité des élèves avaient la bonne idée de se serrer près d’une cheminée à l‘heure qu‘il était. Le serdaigle était sans doute plus frileux que la moyenne, aussi trouvait-il le lieu de ce rendez-vous totalement inconsidéré. Mais devait-il s’en étonner? Si la jeune fille qu’il devait retrouver était si douée en Divination, elle devait être aussi folle que la plupart des gens pratiquant cette forme de magie. En soufflant sur ses mains pour les réchauffer, Adam espéra que Montana s’emploierait à changer la donne. Il marcha presque à reculons lorsqu’il distingua une forme au pied d’un arbre. Ainsi sa partenaire s’était déjà installée et ne semblait pas décidée à bouger de ce lieu de rendez-vous. Un soupire lui échappa, alors qu’il s’approchait de plus en plus certainement d’une bonne séance de torture. Il ne mit pas le moindre entrain à rejoindre la Poufsouffle, et lorsqu’elle regarda sa montre en signe d’impatience, il se garda bien de faire la moindre remarque.

« Tu as dix minutes de retard, tu aurais pu avoir la présence d'esprit de ne carrément pas venir »

Adam ne pu étouffer un rire, qui tint d’aille plus du grognement que du rire véritable. Il regarda sa partenaire avec une curiosité qui ne sembla pas partagée. Elle se mettait déjà au travail, ce qui épargna à Adam le soucis de s’excuser pour son retard. Il s’installa mollement dans l’herbe, en face de la jeune fille, puis sortit bien vite quelques affaires de son sac. Mais il préférait quand même la prévenir, avant qu’elle ne se fasse trop d’idées.

« Que ça soit clair, la divination ne m’intéresse absolument pas et j’ai cru comprendre que tu étais tout à fait capable de faire ce travail seule. Je suis là pour donner l’illusion qu’on a travaillé ensemble mais … » Un coup d’œil sur la montre à gousset qui qu’il gardait dans son sac. « Il est 10, à 20 grand maximum, je suis parti. » Les choses éclaircies, Adam ouvrit un de ses livres de divination et fit mine de s’y intéresser. Il n’attendait pas de réactions particulières de la part de sa camarade, sinon qu’elle acquiesce. De toute façon, si elle ne se montrait pas coopérative, Adam avait l’intention de la laisser en plan. Dans un cas comme dans l’autre, elle finirait forcément par faire le devoir seule, car elle tenait certainement plus qu’Adam à avoir de bonnes notes en divination. Pas que le garçon ne soit pas un serdaigle pur et dur, mais plutôt que cette matière lui était désormais bien égal et qu’il pouvait largement compensé dans d’autres, si tant est que cela lui soit utile d’avoir une bonne moyenne étant donné sa situation un peu particulière.

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Lorsque Poppy vit son partenaire arriver avec une bonne dizaine de minutes de retard - dix minutes d'espoir de ne pas le voir arriver, dix minutes de perdues en fin de compte - elle ne pu s'empêcher de faire une petite remarque sur ce léger retard comme d'habitude. Avec ce tact qui la caractérisait si bien. Alors qu'elle sortait déjà ses affaires, désireuse d'en terminer au plus vite, elle constata que cela avait amusé le jeune homme. Au moins, il y en avait un des deux qui s'amusait là tout de suite. Mais elle ne le noya pas de répliques cinglantes comme elle aurait pu le faire tant son humeur était au plus bas. Autant tenter de ' travailler ' en bonne entente, déjà qu'elle n'aimait pas la matière en question, si elle se mettait à ne pas aimer son partenaire, elle n'avait plus qu'à déclarer haut et fort " je vais me suicider, à tout à l'heure ! ". Elle regarda le jeune homme s'asseoir mollement dans l'herbe et songea qu'il ne semblait pas être plus emballé qu'elle ... pourtant des deux, c'était lui qui était censé être la bête en divination ... elle doutait sérieusement que son professeur de divination soit aussi sotte que de coller deux incompétents dans la même matière et pour le même devoir .... du moins l'espérait-elle car avec la vieille, c'était jamais sûr.

Alors qu'elle attendait qu'il sorte ses affaires avec cette mine qui voulait presque dire " bon tu parles j'écris ", la jeune femme détailla le jeune homme du regard, se demandant toujours pourquoi elle faisait équipe avec lui. C'était plutôt étrange, elle ne l'avait jamais vu de sa vie, ou seulement croisé lui semblait-il. Enfin bref, ça ne changeait pas grand-chose, elle ne le connaissait pas, il avait un an de moins qu'elle et qu'est-ce qui lui prouvait qu'il était mieux calé qu'elle en divination ? Bon, en même temps il n'était pas bien difficile d'être meilleur qu'elle dans cette matière, peut-être avait-il des dispositions ... comme si le jeune homme avait lu dans ses pensées, il s'empressa de la contredire Que ça soit clair, la divination ne m’intéresse absolument pas et j’ai cru comprendre que tu étais tout à fait capable de faire ce travail seule. Je suis là pour donner l’illusion qu’on a travaillé ensemble mais … Poppy le regarda examiner sa montre, ayant presque l'impression que sa mâchoire allait se décrocher tellement ... elle était surprise ? Il est 10, à 20 grand maximum, je suis parti. Poppy poursuivit sa contemplation hésitant entre jurer de bon cœur ou continuer de le fixer avec cette moue qui devait lui donner un air un peu idiot. Elle fronça les sourcils alors qu'il ouvrait son livre de divination et lorsqu'il posa enfin les yeux sur elle, elle sembla enfin réagir. Peut-être pas en acquiesçant comme il devait s'y attendre, m'enfin bon. Attends une petite minute ... tu veux dire que tu n'es pas une tête en divination ? Mais qu'est-ce que tu fou là alors ? demanda-t-elle en réfléchissant à voix haute ... sa remarque pouvait être un peu blessante, mais elle ne le remarqua pas tout de suite. Qu'est-ce qu'elle allait faire s'il était aussi incapable qu'elle ? Ils n'allaient tous de même pas passer tout l'après-midi là-dessus ... Poppy pouvait tout aussi bien se lever et sortir une connerie le lendemain matin, elle ne perdrait pas trois heures à faire une prédiction s'il n'était pas capable de l'aider. Notant que ses paroles - sans tact comme d'habitude - étaient un peu crues, son visage se déforma en une moue d'excuse et elle reprit Excuse-moi, je m'attendais à voir quelqu'un de plus calé que moi en la matière et je me retrouve avec quelqu'un qui n'est pas plus avancé que moi ... Elle passa une main dans ses cheveux blonds, principalement pour remettre ses mèches blondes qui lui tombaient dans les yeux, derrière son oreille et le fixa de ses beaux yeux bleus océaniques, ne sachant pas trop quoi faire ce qui était plutôt rare ... elle était la fille de toutes les situations. Et là, elle était bloquée. Enfin, dans la mesure où elle rendait son devoir comme prévu, pas sûr que cela se fasse au final. Même si au fond, voir dans une boule de cristal, pour plus tard, ça n'allait pas lui servir à grand chose, sauf peut-être pour refaire son maquillage.
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Une série de dessins pittoresques se succédaient à chaque page, comme s’il suffisait de les regarder pour s’introniser sur l’instant maître en matière de divination. Ca n’avait pas l’air bien compliqué, Adam pourrait bien mélanger quelques dessins et donner un coup de pouce à sa partenaire. Car il avait beau s’en défendre, il était un intellectuel invétéré qui était bien incapable de rester plus de cinq minutes un livre entre les mains sans prendre de notes. Posant à nouveau les yeux sur la jeune fille, il chercha dans sa vision le pouvoir de ne pas revenir sur ses mots.

« Attends une petite minute ... tu veux dire que tu n'es pas une tête en divination ? Mais qu'est-ce que tu fou là alors ? »

Bonne question, qui méritait sans doute d’être éclaircie. Mais Adam voulait-il vraiment raconter comment il avait été sermonné pour un simple instant d’inattention? Il n’avait simplement pas eu de chance, et c’était à lui qu’était revenu le rôle d’exemple. Mais sa partenaire n’avait pas à connaître son infortune. Il se contenta donc de hausser les épaules, et se garda bien de répondre à la question un peu trop abrupte à son goût.

« Excuse-moi, je m'attendais à voir quelqu'un de plus calé que moi en la matière et je me retrouve avec quelqu'un qui n'est pas plus avancé que moi ... »

Adam étouffa un grondement de surprise. Alors, comme ça, les beaux sermons de la folle qui lui servait de professeur n’étaient que des paroles en l’air? Selon elle, il avait besoin d’un modèle à suivre, alors il ne voyait pas bien quel raisonnement illuminé l’avait poussée à mettre deux tirs au flan ensemble. C’était totalement illogique et Adam ne pu cacher le mécontentement qui apparut sur ses traits.

« Attente partagée. Enfin, je reste un serdaigle, même en ne le cherchant pas, je serais forcément plus avancé que toi. »

Un brin d’arrogance transparaissait dans les paroles d’Adam, qui s’estimait tout de même plus intelligent que la blonde décérébré qu’on lui avait collé comme partenaire. Et pour lui prouver à quel point son affirmation était véridique, il tourna quelques pages du bouquin qu’il avait entre les mains dans l’espoir d’y dégoter quelque chose d’utile. Son regard s’illumina joyeusement lorsqu’il tomba sur la représentation d’un oiseau aux serres acérées. Il en chercha immédiatement la signification et, l’air satisfait, il lut à voix haute: « A la lecture des feuilles de thé, voir un faucon symbolise la présence d’un ennemi mortel. » Relevant les yeux vers la poufsouffle, il expliqua: « C’est bien un faucon, prenons cette idée pour la prédiction! Un ennemi mortel nous guette… » Alors qu’il le disait avec un détachement des plus complets, Adam réalisa toute la portée d’une telle prédiction. Finalement, ils allaient réussir à pondre quelque chose de sensé. Il suffisait simplement au serdaigle de tricher un peu. Ce devoir pouvait se révéler intéressant, en montrant au moins si la vieille femme qui enseignait la Divination avait de vrais dons ou non. « Et la massue avec, une attaque! Ça tient la route, n'est-ce pas? »

Il prêta alors attention à sa partenaire, la détaillant d’un regard interrogateur. Puis, l’air renfrogné, il l’accusa sans la moindre vergogne:

« Tu pourrais au moins faire semblant de t’y intéresser! A moins que … c’est un test? Tu fais mine d’être nulle en divination pour voir si j’ai un minimum de prédispositions pour la matière? Allons, ne ment pas, pour quelle raison valable on nous aurait mis ensemble si on était tous les deux aussi peu intéressés par la matière? Tu es forcément douée. » conclut-il de façon catégorique. Cela ne faisait aucun pli dans son esprit. La poufsouffle cherchait seulement à le pousser à travailler, et le pire dans l’histoire c’était qu’elle y était presque parvenue!

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Poppy en était toujours à se demander pourquoi ils partageaient le même devoir lorsqu'elle se rendit compte qu'il n'était pas le surdoué auquel elle pensait avoir affaire. Ce fut un coup dur - enfin façon de parler, un instant elle aurait cru possible que les personnes capables de faire des vraies prédictions existaient réellement ... c'est comme assurer à un moldu que le père Noël existe vraiment en somme. La manière dont elle manifesta sa stupéfaction ne fut sûrement pas la meilleure, mais elle aurait pensé que le professeur de divination aurait placé quelqu'un de doué en la matière et non se dire " tiens deux pas doués, ensemble " ce n'était pas très logique ... même pour une professeur dans ce genre-là. Elle perçut le chiffonnement du jeune homme et tourna la tête vers lui en se rendant compte que ses paroles avaient été un peu crues et elle s'excusa, sachant parfaitement que par moment, elle pouvait être très ... abrupte. Mais ce n'était pas de sa faute, c'était dans sa nature. Alors qu'elle replaçait quelques mèches blondes derrière son oreille, le jeune homme retint un grondement et Poppy nota facilement sa surprise. Ça y est, les questions qu'elle-même se posait depuis cinq minutes commençaient à apparaître dans l'esprit de son compagnon ... le sondant de ses beaux yeux bleus, Poppy sentie sa confusion et sa perplexité, mais ce qui s'afficha sur le visage du Serdaigle, ce n'était rien d'autre que du mécontentement ... Poppy aurait bien voulu lui dire de sourire un peu, les hommes tirant une tronche de six pieds de long continuellement avaient pour extrême talent de lui pomper l'air, du moins en général. Attente partagée. Enfin, je reste un Serdaigle, même en ne le cherchant pas, je serais forcément plus avancé que toi. Touché ! Poppy inclina la tête pour accueillir sa remarque intempestive, notant qu'il faisait bien parti de ses petits arrogants qui avait gardé pour eux l'art et la manière de l'agacer.

Elle le laissa s'intéresser à son livre, sentant déjà l'orgueil du jeune homme gonfler comme un ballon de baudruche. Elle aurait aimé pouvoir lui retirer cette petite moue satisfaite du visage, comme s'il venait de lui couper l'herbe sous le pied en beauté ... il était impossible de " casser " la jeune Milbrooks ainsi, elle trouverait bien une réplique cinglante à lui adresser plus tard. Imitant le jeune Serdaigle, elle tourna les pages de son livre, ne prêtant qu'une légère attention aux nombreux dessins étalés sur les pages. Des dessins qui selon elle, ne voulait pas dire grand-chose ... A la lecture des feuilles de thé, voir un faucon symbolise la présence d'un ennemi mortel. Tiens, qu'est-ce qu'elle disait ? Quel était le rapport entre un faucon et un ennemi mortel ? Les feuilles de thé auraient très bien pu dessiner une tête de mort, là on peut comprendre qu'on est destiné à faire face à quelque chose de fatal. C'est bien un faucon, prenons cette idée pour la prédiction ! Un ennemi mortel nous guette... Poppy haussa un sourcil dans sa direction, songeant qu'il avait l'air bien sûr de lui .. comme si une vérité venait de s'imposer à lui, ce qui était vraiment étrange d'ailleurs ... comme s'il venait de réaliser quelque chose, mais Poppy n'en était pas bien sûr. Gardant son air un peu absent et désintéressé, la jeune femme répondit du tac au tac Un ennui mortel tu veux dire ... Elle le faisait exprès évidemment. Elle aurait très bien pu se lancer dans les mêmes recherches que lui, émettre des idées et des hypothèses, seulement ce gars lui sortait déjà par les yeux ... son air suffisant était agaçant. Le jugeait-elle ? Peut-être un peu. Vite fait, mais cela faisait partie des nombreux défauts de la belle, elle juge les autres sur le peu qu'elle sait d'eux. Elle lui fit un sourire cynique lorsqu'il posa un regard exaspéré sur elle et il poursuivit, sans faire attention ; Et la massue avec, une attaque ! Ça tient la route, n'est-ce pas ? Voilà qu'il commençait à prêter attention à ce que pouvait penser la jeune femme, une massue, une attaque. Et puis quoi encore. Poppy qui jusque là ne faisait que l'observer, s'aperçut qu'il levait vers elle des yeux interrogateurs auxquels elle ne donna aucune réponse... jusqu'à ce qu'agacé, il l'accusa sans le moindre mou Tu pourrais au moins faire semblant de t'y intéresser ! À moins que ... c'est un test ? Tu fais mine d'être nulle en divination pour voir si j'ai un minimum de prédispositions pour la matière ? Allons, ne ment pas, pour quelle raison valable on nous aurait mis ensemble si on était tous les deux aussi peu intéressés par la matière ? Tu es forcément douée.

L'hypothèse que venait de formuler le jeune homme faillit la faire éclater de rire. À parce que maintenant c'était un test pour lui ? Et la paranoïa, il ne connaissait pas ? Elle avait presque envie de lui balancer que s'il avait mieux cherché dans son livre, il l'aurait vu venir celle-là, mais elle se contenta de le regarder l'air de dire " j'ai une tête à perdre mon temps à ça ? " et rajustant sa position contre l'arbre, plutôt inconfortable, elle répondit avec une arrogance similaire à la sienne Si les empathes étaient dotés du troisième oeil, ça se saurait depuis le temps et je n'ai pas besoin d'être bonne en divination pour savoir que tu ne vaux pas un clou non plus. sous-entendant parfaitement que jusqu'à maintenant, il ne faisait que des suppositions, juste parce que deux images qui s'accordaient bien ensemble lui étaient tombées sous le nez.
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S’il y avait une chose qu’Adam détestait plus encore que les ignorants ou les leaders naturels, c’était les manipulateurs. Sans doute parce que lui-même avait un mal fou à anticiper les réactions et qu’il lui était impossible d’arriver à un résultat concluant lorsqu’il s’agissait de manipuler ses congénères. Ce n’était pas donné à tout le monde d’appréhender avec exactitude les comportements de chacun. Adam aurait aimé maîtriser cet art, mais il n’avait apparemment aucune prédisposition. Et il détestait cordialement ceux qui avaient cette chance. Il avait appris à se méfier de tout le monde, pour être sûr de ne jamais être leur victime. L’idée que cette jeune fille, sa « partenaire » , puisse être précisément en train de le manipuler lui glaçait le sang.

Et la façon dont elle le regarda ne pouvait être qu’une nouvelle façon de le manipuler. Le doute avait été semé, et germait désormais à une vitesse folle dans la tête d’Adam. Dès l’instant où il l’avait aperçue, il avait senti que cette fille l’exaspèrerait, mais il n’avait pas pensé que ce serait à ce point. Il ne pouvait s’empêcher de la regarder avec défiance. Elle lui semblait fausse, et il le ressentait par tous les pores de sa peau. Jamais quelque chose de concluant ne pourrait ressortir de cette rencontre, il en était intimement convaincu.

« Si les empathes étaient dotés du troisième oeil, ça se saurait depuis le temps et je n'ai pas besoin d'être bonne en divination pour savoir que tu ne vaux pas un clou non plus.  »

Tout le complot qu’avait imaginé Adam vacilla. Mais la méfiance restait de mise. Les connexions se firent dans son esprit, et il chercha à revenir à un raisonnement plus logique, mettant un instant de côté doutes et soupçons. Il arqua un sourcil et, l’air intéressé, comme s’il venait d’entendre l’information la plus utile de sa journée, il demanda:

« Alors tu es empathique? » Il se reprit immédiatement, mais pas par soucis de politesse ou de gentillesse, bien au contraire. «  Je veux dire, c’est comme ça que tu expliques ta nullité en divination? Et pour ton information, je pourrais être vraiment doué si je m’y intéressais, c’est certain! Tu devrais le ressentir, non?»

Il émettait là une supposition hasardeuse qui révélait bien à quel point il était ignorant en matière d’empathie. Même sans parler de don magique, Adam n’avait jamais fais preuve d’une empathie particulière pour les gens qui l’entouraient. C’était un domaine qui, avec tout ce qui avait trait de près ou de loin au relationnel, ne lui réussissait pas vraiment. Adam n’était pas quelqu’un de très sociable, et il n’était pas utile d’être empathique pour s’en apercevoir. Mais ces derniers temps, il essayait vraiment de pallier à ce désavantage, au moins pour s’améliorer dans le cadre de la mission. Et aussi asocial qu’il soit, il comprenait très bien tout l’intérêt que présentait une empathe. Toute son attention était rivée sur la jeune fille, qu’il considérait désormais d’un œil neuf.

« C’est un don inné je crois, comme le don de double vue, si tant est qu’il existe. » Les sourcils froncés et l’air soucieux, il ajouta: «  Je n’ai jamais croisé d’empathe jusque là … » Son œil s’éclaircit et son ton se radoucit, lorsqu’il demanda avec enthousiasme: « Comment se manifeste ton don? Tu ressens vraiment les émotions des autres ou tu les comprends simplement, sans qu’elles ne t’habitent? » En même temps qu’il posait les questions, Adam réfléchissait déjà au moyen d’y répondre. Et une évidence le submergea rapidement: comment se faisait-il qu’il n’avait jamais entendu parler d’elle à son époque? Car il avait beau chercher, il ne se rappelait pas la présence d’une empathe dans un camp comme dans l’autre. Fallait-il en tirer des conclusions hâtives? Adam le craignait fort.

How can you help me ?

Il était clair que Poppy ne faisait pas le moindre petit effort pour l'aider dans ce qu'il tentait de représenter. Deux images lui étaient tombées sous le nez et il tentait déjà de faire une prédiction, comme s'il venait de réaliser quelque chose. Au final, peut-être qu'il en avait des prédispositions ... elle ne savait pas vraiment et cela ne l'intéressait pas. Ce qu'elle voulait c'était terminer vite ... mais elle ne pouvait décidément pas s'associer à lui, il lui sortait déjà par les yeux. C'est pourquoi elle l'observa travailler, sans rien dire, se contentant d'hocher la tête de temps à autres pour qu'il se sente écouté, bien que l'attention de Poppy n'y était pas du tout. Il finit d'ailleurs par s'en rendre compte puisqu'il leva des yeux interrogateurs dans sa direction, alors qu'il sollicitait son avis. Butée comme elle était, Poppy se contenta de lui retourner son regard, sans rien dire n'y paraître intéressée parce qu'il racontait. Indéchiffrable est sûrement le mot qui convient lorsque Poppy affiche cette expression. Cette attitude sembla agacer le jeune homme, ce qui ne déplût pas à la jeune Poufsouffle ... au moins, son petit air supérieur ne se trouvait plus sur son visage, enfin ! Elle ne supportait pas cette arrogance qu'il affichait depuis qu'il avait posé ses fesses sur l'herbe en face d'elle. Un test ? Poppy faillit éclater de rire à cette supposition et de bon cœur... avait-elle vraiment une tête à perdre son temps pour des choses aussi futiles ? Surtout qu'elle ne croyait pas l'espace d'une seconde à la divination ... ou restait septique. Disons que Poppy était de ces personnes qui aiment lorsque les choses sont claires nettes et précises. La divination était une science - enfin une sorte d'étude - franchement inexacte. En somme imprévisible et cela déplaisait à la jeune Milbrooks. Alors si en plus elle avait l'air d'une personne qui pratiquait ce genre de magie et qui testait les élèves ... mais où allait le monde au juste ? Elle le rabroua plus gentiment qu'elle aurait pu le faire et posa sur lui un regard amusé, soudainement il l'intéressait ... qu'est-ce qui le poussait à croire qu'elle le testait ? Elle ressentie sa méfiance, ce qui ne l'étonna pas. Mais celle-ci paraissait s'ébranler suite à ses paroles... une pointe d'intérêt s'était fichée chez le jeune homme. Alors tu es empathique ? Je veux dire, c’est comme ça que tu expliques ta nullité en divination ? Et pour ton information, je pourrais être vraiment doué si je m’y intéressais, c’est certain ! Tu devrais le ressentir, non ? Une nouvelle fois elle haussait un sourcil septique dans sa direction. Qu'est-ce qui lui prenait à s'intéresser à un détail aussi peu intéressant que sa capacité à ressentir ce qui se passait autour d'elle ? Elle le sonda une nouvelle fois, elle sentait toujours cette méfiance, mais aussi de l'incertitude ... Qu'est-ce qui te fais dire que je devrais le ressentir ? Tu as besoin d'être convaincu ? demanda-t-elle, en reposant son livre sur ses genoux et en croisant les bras sur elle-même. Je n'ai absolument rien à te prouver. Il est vrai que si tu t'y intéressais tu serais doué, comme à peu près tout ce que tu entreprends, n'est-ce pas ? Seulement tu t'y intéresses pas, donc que tu le veuilles ou non, tu es nul. finit-elle, sans le moindre tact.

Poppy dévisagea le jeune homme sans prendre la peine de montrer de la discrétion. Les yeux bleus du Serdaigle se perdait dans les abîmes de ses réflexions et il n'était pas désagréable de le regarder lorsque cela se produisait. Pourquoi ? Parce qu'il affichait une mine concentrée qui retirait de ses traits l'arrogance et la supériorité dont il pouvait faire preuve. Alors qu'il réfléchissait, elle suivait le fil ténu de ses émotions, voulant savoir ce qui se passait à l'intérieur de la tête de l'adolescent. Certes elle ne lisait pas dans les pensées, mais les émotions y sont souvent liées. Il était un peu confus dans ses idées apparemment, car Poppy ne ressentait rien d'autre que des émotions hasardeuses, comme s'il tâtait le terrain. Le trait dominant restait l'attention qu'elle déclenchait soudainement chez lui ... génial. La curiosité du jeune homme avait l'air de vouloir être épanchée et Poppy ne savait pas si elle était d'humeur à expliquer le pourquoi du comment. Pourquoi le ferait-elle d'ailleurs ? C’est un don inné je crois, comme le don de double vue, si tant est qu’il existe. Je n’ai jamais croisé d’empathe jusque là... Comment se manifeste ton don ? Tu ressens vraiment les émotions des autres ou tu les comprends simplement, sans qu’elles ne t’habitent ? Et voilà les questions se déballaient toutes seules. Poppy fixa l'enthousiasme du jeune homme sans s'en émouvoir et hésita ... Pourquoi lui parlerait-elle de ce don dont elle était dotée ? Elle ne le connaissait pas et bien que le fait qu'elle soit empathique n'était pas réellement un secret, cela l'embêtait que ce simple fait puisse attirer l'attention du beau brun sur elle. Finalement, elle soupira et expliqua sur un ton morne Premièrement tu nais empathe, tu ne le deviens pas. Deuxièmement, le don commence à se manifester vers six ans - enfin ce fut mon cas, après les autres je n'en sais rien, je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme moi - Et pour cette dernière question, oui je ressens les émotions qui m'entourent, elles m'habitent comme si c'étaient les miennes. Le regard de Poppy se voila l'espace d'un instant alors qu'elle se rappelait les premières années où elle avait dû vivre avec cette nouvelle capacité ... elle se rappelait ne pas avoir supporté au début. C'est sûrement pour cela que la plupart du temps, elle s'isolait pour se retrouver elle-même et pas quelqu'un d'autre. Faire la différence entre ce qu'elle ressentait elle et ce que les autres ressentaient avait été long, on lui avait assigner un précepteur qui semblait vouloir l'aider... qu'elle avait regardé dans le blanc des yeux pendant plus de deux semaines, croyant qu'il était un médecin ... à l'époque, certains la disait malade et elle mettait un point d'honneur à le nier. Finalement, il l'avait aidé dans son apprentissage et s'il n'avait pas été là, Poppy n'aurait sans doute pas été capable d'aller à l'école, d'entrer à Poudlard, là où les émotions sont si nombreuses et si violentes. Comme par exemple lors des périodes d'examens. Un stress multiplié par cinquante ... jamais elle n'aurait pu supporter cette pression si elle n'avait pas apprit à délimiter ses émotions et enfermer celle des autres dans une partie d'elle-même. Prenant conscience qu'elle s'égarait, Poppy reprit pied avec la réalité en demandant, cynique ; L'interrogatoire est-il terminé ou tu as d'autres questions ? Je ne vois même pas pourquoi je perds mon temps à te répondre puisque tu ne me crois pas le moins du monde. dit-elle en souriant sereinement, l'air de dire ' t'façon tu n'es pas le premier '. Au bout d'un moment, elle demanda à son tour Comment tu t'appelles ? Il est vrai qu'ils n'avaient même pas pris le temps de se présenter l'un à l'autre, trop occupé à s'agacer mutuellement.
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Aucune bienveillance n’émanait de la jeune fille et Adam aurait tout aussi bien pu couper court à la conversation et en rester là. Seulement voilà, la blondinette avait son intérêt en ce qu’elle bénéficiait du don d’empathie, un don qu’Adam avait du mal à comprendre mais dont il reconnaissait volontiers l’utilité.

Qu'est-ce qui te fais dire que je devrais le ressentir ? Tu as besoin d'être convaincu ? Je n'ai absolument rien à te prouver. Il est vrai que si tu t'y intéressais tu serais doué, comme à peu près tout ce que tu entreprends, n'est-ce pas ? Seulement tu t'y intéresses pas, donc que tu le veuilles ou non, tu es nul.

Son implacabilité avait surement de quoi troubler les personnes impressionnables, dont heureusement Adam ne faisait pas partie. Il la dévisagea soigneusement tout refermant son livre d‘un coup sec. Elle voulait jouer au plus malin, ce qui était clairement une erreur lorsqu’on l’avait comme adversaire. En effet, il détestait prodigieusement avoir tort et, par chance, cela lui arrivait rarement. Cette fois ci ne ferait pas exception. D’une manière ou d’une autre, Adam comptait bien la remettre à la place qui était la sienne, c’est-à-dire bien en dessous de lui et de sa prodigieuse intelligence.

Premièrement tu nais empathe, tu ne le deviens pas. Deuxièmement, le don commence à se manifester vers six ans - enfin ce fut mon cas, après les autres je n'en sais rien, je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme moi - Et pour cette dernière question, oui je ressens les émotions qui m'entourent, elles m'habitent comme si c'étaient les miennes.

La poufsouffle ne faisait que répondre poliment aux questions d’Adam, mais elle se montra sans doute trop polie et son air suffisant exaspéra le serdaigle. Même lorsqu’elle faisait montre de bonne volonté, elle donnait l’impression à Adam de s’en contrefoutre et cela le mettait proprement hors de lui. Pourtant, il dut bien se faire violence pour garder son calme, au moins à l’extérieur. S’emporter pour des broutilles n’était pas une preuve d’intelligence, bien au contraire. Mais sans doute le problème était que, pour Adam, les questions qu’il soulevait n’avait rien de broutilles. Il ne demandait pas seulement ça pour faire la conversation, ça n’était pas son genre. Non, lui ce qu’il voulait, c’était en savoir plus sur cette branche de la magie dont il ignorait tout. Ce n’était pas pour rien qu’il avait été envoyé à Serdaigle. Ne rien savoir ou presque sur le don d’empathie n’était pas tolérable. La curiosité le dévorait de l’intérieur. Il devait pallier à ce manque consternant de connaissance, et ce n’était pas une option.

L'interrogatoire est-il terminé ou tu as d'autres questions ? Je ne vois même pas pourquoi je perds mon temps à te répondre puisque tu ne me crois pas le moins du monde.

Adam déglutit. Ça n’avait rien d’un interrogatoire et il était loin d’être terminé. Le regard d’Adam trahit certainement sa frustration, même s’il tenta tant bien que mal de ne rien en laisser paraître. Consterné, il secoua la tête pour chasser les répliques pugnaces qui lui venaient à l‘esprit. Ce n’était clairement pas le moment de se montrer malpoli, même si cette perspective avait de quoi le charmer. Le silence d’Adam ne signifiait pas qu’il n’avait rien à rétorquer, au contraire, c’était plutôt que trop de possibilités se chevauchaient dans ses pensées. Mais la poufsouffle l’interpréta sans doute ainsi, puisqu’elle enchaina sans crier gare:

Comment tu t'appelles ?

Adam haussa un sourcil. La question lui semblait vraiment d’un intérêt minimum comparé à ses préoccupations à lui. Une conversation constructive sur son don semblait l’agacer, mais elle était prête à se lancer dans une série de paroles futiles? Adam mit un point d’honneur à faire passer sa consternation dans ses yeux et sur son visage. Et après un moment de silence, il se força à répondre.

« Adam Meyer. Tu t’attends surement à ce que je te retourne la question mais, sincèrement, je n’en vois pas l’intérêt… Mon « interrogatoire » avait vraiment plus de sens. »

Il parlait comme un gamin vexé que l’on aurait pris à contre-pied. Il comprenait mal que l’on puisse accorder plus d’attention à un nom qu’à un savoir. Et si la poufsouffle était vraiment une empathe, elle aurait dû être flattée que l’on s’intéresse à sa capacité trop peu connue et n’aurait vraiment pas eu pour but de détourner la conversation sur un sujet aussi peu intéressant que le nom de son partenaire de fortune, duquel elle faisait mine de ne pas s’inquiéter d’ailleurs. La contradiction était flagrante, et Adam l’aurait bien volontiers mise en avant s’il avait été de ceux qui aimaient avoir un impact sur les autres. Il préférait de loin en retourner à ses moutons.

« J’aimerais faire un petit test. » Adam riva toute son attention sur la jeune fille, plantant son regard dans le sien. D’ordinaire, il détestait que l’on s’amuse à le décrypter, mais pour la bonne cause il était prêt à y mettre un peu du sien. « Peux-tu me dire ce que je ressens là, maintenant? »

Et à peine l’eut-il demandé, qu’il se focalisa entièrement sur une et unique chose. Le choix n’était pas difficile. Il fallait que ce soit quelque chose d’assez révélateur pour que seul un empathe puisse le comprendre, mais tout de même pas suffisamment pour mettre Adam en danger. Le plus facile aurait été de se concentrer sur la jeune fille elle-même, mais savoir ce qu’Adam ressentait à son sujet ne nécessitait pas d’être empathique. Alors il décida le plus simplement du monde de ne plus occuper ses pensées que par Garden. Si la poufsouffle disait vrai, elle ressentirait ce qu’il ressentait, et pourrait le lui décrire, sans pour autant savoir pour qui Adam nourrissait un tel sentiment. En ce concentrant suffisamment, il perçut le visage doux et jovial de sa camarade, il la vit rire puis s’agacer avec tout le sérieux dont elle était capable et qui pour autant la rendait proprement sublime. Et tandis qu’il sentait son cœur se gonfler à la simple vision des expressions de Garden, il fut rattraper par son inquiétude. Où était Garden en ce moment? Que faisait-elle? Avait-elle finalement pris le risque d’approcher Paris? Son instinct lui faisait craindre le pire et il revint instantanément à la réalité. Il eut un mouvement de recul en se remettant debout, et manqua bien de tomber en arrière. L’urgence de la situation lui revint en mémoire. Pendant qu’il était là à essayer de comprendre les pouvoirs de sa partenaire, il ne surveillait pas Garden et la laissait donc à la merci de Montgommery.

« Je suis désolé, je ne devrais pas être là en train de discuter avec toi. Foutu devoir! Tu me rendrais vraiment un grand service si tu t’en occupais pour nous deux. »

Loin de lui l’idée d’attendrir la poufsouffle. Tout ce qu’il voulait c’était pouvoir s’occuper d’affaires plus urgentes que celle qui le retenait ici, mais il ne pouvait tout de même pas avoir sur la conscience un devoir bâclé. Pressé d’en finir, il avait presque oublié ce que la jeune fille avait pu ressentir et comprendre en cherchant à lire ses sentiments. Lorsqu’il s’en rappela, il s’inquiéta avec un sérieux et un calme retrouvés:

« Alors ce petit test, que t’a-t-il appris? »

Il n’oubliait pas Garden et la promesse qu’il s’était faite, mais il ne pouvait tout de même pas s’en aller en demeurant rongé par la curiosité. Dès qu’il aurait eu sa réponse, il pourrait partir, mais certainement pas maintenant, dans l’expectative. D’autant qu’il devait faire confiance à Garden, même si cette nouvelle démarche n’avait rien de très facile.

How can you help me ?

Pendant cinq minutes, Poppy envisagea sérieusement de planter le jeune homme sur place et partir ailleurs, faire quelque chose, n'importe quoi du moment que cela la portait loin de la présence désagréable du jeune homme. Elle ne prétendait pas être un modèle de politesse non plus, il est vrai qu'elle aurait pu être plus agréable, plus ouverte à l'idée de faire ce devoir, plus ... gentille ? Le problème étant qu'elle n'arrivait pas à s'y résoudre ; l'arrogance qui respirait par tous les pores de la peau du jeune Serdaigle commençait à l'agacer prodigieusement et lorsque Poppy commençait à sentir l'agacement poindre, elle pouvait se montrer sous son plus mauvais jour ; et encore elle n'avait pas atteint le premier seuil du désagrément dont elle pourrait être capable. Nonobstant cette attitude butée, Poppy répondit aux questions du Serdaigle sans broncher ; d'un côté elle aurait pu ne pas lui répondre et laisser la curiosité le consumer à petit feu ... d'un autre, retenir enfin son attention sans qu'il ne soit désagréable - ou du moins, pas énormément - lui semblait plus profitable que les regards noirs qu'il lui lançait depuis qu'elle avait ouvert la bouche. Poppy n'était pas ignorante du fait qu'elle pouvait être exaspérante et que de ce fait, peu de personnes avaient suffisamment de force ou de patience pour l'apprécier. Son partenaire n'était pas de ceux-là car malgré la politesse dont elle faisait preuve, elle l'indisposait. Elle n'avait pas besoin d'être empathe pour ça, cela se lisait sur tous les traits de son visage. Comme pour détendre l'atmosphère qu'elle savait tendue en partie par sa faute, elle souhaita prendre connaissance du prénom de ce compagnon, juste pour pouvoir mettre un nom sur son visage. La réponse fut si sèche qu'elle aurait pu tout aussi bien se taire. Adam Meyer. Tu t’attends surement à ce que je te retourne la question mais, sincèrement, je n’en vois pas l’intérêt… Mon « interrogatoire » avait vraiment plus de sens. Ce fut au tour de Poppy d'hausser un sourcil. Raaaah il l'agaçait. L'énervait. Il n'avait pas une once de bonne foi chez lui si bien que Poppy leva les yeux au ciel en soupirant, sans répondre, pinçant les lèvres pour empêcher un flot de jurons de dépasser sa bouche. Tu es toujours aussi chiant ou c'est juste parce que c'est moi ? demanda-t-elle en baissant les yeux vers son livre de divination, faisant mine de l'ouvrir une nouvelle fois pour ne pas avoir à poser les yeux sur Adam.

Comme s'il ne voulait pas s'attarder sur sa remarque plus longtemps que nécessaire, le Serdaigle s'empressa d'enchaîner sur une nouvelle parole. J’aimerais faire un petit test. Peux-tu me dire ce que je ressens là, maintenant? Poppy soupira et referma son livre - sur lequel elle n'aurait sans doute pas pu faire semblant de s'y intéresser plus de cinq minutes de toutes façons et leva les yeux vers les prunelles océaniques du jeune Meyer. Si au début, elle aurait voulu ne pas essayer - elle ne voulait pas satisfaire sa curiosité une nouvelle fois - mais son don étant constant c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de bouton ' on ' ou ' off ', elle n'eut pas d'autre choix que de se focaliser sur le fil des sentiments qu'empruntait le jeune homme. Au début, elle ne perçut rien d'autre qu'une légère hésitation. Elle faillit se raviser lorsqu'elle sentie une très légère sensation au fond de son propre ventre .. s'était tous naissant, si passe-partout qu'elle aurait pu le louper. Restant impassible, elle suivit le fil alors que cela grandissait. Comme quelqu'un qui aimerait crier sa joie, chanter des belles sérénades, le cœur gonflé, les yeux comblés ... l'esprit complètement occupé. Comme s'il n'y avait plus qu'une seule personne qui comptait et que cette personne suffisait à illuminer une journée, faire passer les heures plus vites, être les étoiles dans la nuit ... Un éclair passa et Poppy perçut l'inquiétude soudaine et affolante du Serdaigle, ce qui lui fit afficher une moue d'incompréhension. Le sentiment initial était toujours présent, mais était soudainement éclipsé par de sombres desseins, comme s'il craignait quelque chose ... et Poppy ne tarda pas à comprendre que les choses étaient liées entre elles - en même temps, elle n'avait pas besoin de s'appeler Merlin pour cela, ça crevait les yeux. Je suis désolé, je ne devrais pas être là en train de discuter avec toi. Foutu devoir! Tu me rendrais vraiment un grand service si tu t’en occupais pour nous deux. Elle scruta son visage un peu plus intensément, tellement qu'elle aurait pu en mettre mal à l'aise plus d'un à sa place. C'était pour la simple et bonne raison qu'elle restait concentrée sur le ' fil '. L'inquiétude du jeune homme était si grande qu'elle commençait à réellement s'inquiéter elle aussi. Elle avait comme l'impression que quelque chose se préparait et s'était lié au jeune Serdaigle d'une manière ou d'une autre. Elle ne savait pas quoi, malheureusement ... Je ne te retiens pas, sincèrement c'est pas comme si j'y voyais mon intérêt dit-elle, moins acide que précédemment et reprenant une partie des mots qu'il avait employé pour la vexer. Seulement le cœur n'y était pas, la vigueur non plus si bien que ses paroles ne pouvaient même pas être blessantes.

Alors ce petit test, que t’a-t-il appris? Il reportait son attention sur elle à présent. Poppy plissa légèrement les yeux et pinça les lèvres, hésitant à ruser où à y aller franco. Elle aurait pu glisser des sous-entendus, polir les angles ... seulement elle ne pouvait pas, c'est pourquoi elle se lança directement, méfiante Bien plus que je ne l'aurais cru et bien moins que tu pourrais m'en apprendre dit-elle en le fixant de ses yeux bleus curieux, mais aussi pigmentés d'une certaine distance. Qu'est-ce qui t'inquiète autant ... ? Il y a une menace qui plane et tu sembles plus au courant que tu ne le montres ... j'ai vu tes réactions quand tu faisais cette prétendue prédiction tout à l'heure et voilà qu'à présent... Elle ne termina pas sa phrase, fronçant les sourcils du fait qu'elle n'arrivait pas à expliquer ou encore donner du sens à ses paroles. C'était toujours ça le problème avec les sentiments, ils ne pouvaient pas toujours être traduit en mots. Il y a une fille dont tu es amoureux ça d'accord, tu t'inquiètes pour elle ça d'accord aussi, mais il y aussi autre chose ... Poppy mordilla sa lèvre inférieure. Tu me reprochais presque mon manque d'intérêt, maintenant que je suis intéressée, explique-moi ! exigea-t-elle presque. Elle avait le pressentiment que c'était important, sans savoir pourquoi ...

«  Je ne te retiens pas, sincèrement c'est pas comme si j'y voyais mon intérêt  »

Elle lui reprochait encore sa remarque précédente. Adam voulait bien croire qu’elle lui avait demandé son nom simplement histoire de faire la conversation et que c’était plutôt un signe de sa bonne volonté, mais elle aurait aussi bien pu se taire. Il aurait lui-même pu se montrer plus gracieux, il en avait conscience, mais il n’avait pas remonté le temps pour faire du social. Les états d’âmes de la poufsouffle ne l’intéressaient en rien. A vrai dire, tout ce qui l’intéressait pour le moment, c’était son don. Aussi se ravisa-t-il au moment de partir pour savoir ce que le petit test avait donné. Peut-être qu’elle ne s’était pas vraiment prêtée au jeu, mais Adam estimait qu’elle ne choisissait pas vraiment d’accepter ou non les émotions des autres. Elle l’avait dit elle-même, cela s’imposait à elle et l’habitait littéralement. Il doutait donc qu’elle ait pu éviter les émotions qu’il avait tenté de lui envoyer en pleine figure. Adam ne savait pas vraiment comment cela marchait, aussi avait-il focalisé son attention sur ce qui lui semblait le plus simple et évident à ressentir. Il n’imaginait cependant pas qu’elle parviendrait à en comprendre autant.

«  Bien plus que je ne l'aurais cru et bien moins que tu pourrais m'en apprendre  »

Il s’agissait là d’une réponse bien énigmatique. Adam haussa un sourcil tandis que la jeune fille rivait sur lui un regard curieux et à la fois étonnement distant. Devait-il craindre quelque chose de sa part?

«  Qu'est-ce qui t'inquiète autant ... ? Il y a une menace qui plane et tu sembles plus au courant que tu ne le montres ... j'ai vu tes réactions quand tu faisais cette prétendue prédiction tout à l'heure et voilà qu'à présent...  »

Adam déglutit, même s’il essaya de cacher sa surprise. Elle en avait découvert autant avec de simples émotions? Les yeux clairs du serdaigle s’obscurcirent. Il n’aurait jamais imaginé que les sentiments pouvaient être aussi révélateurs. Bien sûr, une part de la conclusion devait être imputée au don d’observation dont semblait être dotée la poufsouffle, puisqu’elle avait fais le lien avec les prédictions qu’il avait fait un peu plus tôt. Il lui faudrait être plus prudent à l’avenir, laisser moins d’indice planer sur son visage et dans ses paroles…

«  Il y a une fille dont tu es amoureux ça d'accord, tu t'inquiètes pour elle ça d'accord aussi, mais il y aussi autre chose ...  » Adam était désormais accroché aux lèvres de sa partenaire. Qu’elle se mordille la lèvre inférieure ne lui échappa pas et il crut reconnaître là l‘expression d’une curiosité maladive. De toute évidence, il venait d’éveiller l‘intérêt de la jeune fille. «  Tu me reprochais presque mon manque d'intérêt, maintenant que je suis intéressée, explique-moi !  »

A l’étonnement d’Adam se mêla très vite l’agacement. Il n’aurait pas pensé en livrer autant avec de simples émotions. Il s’était à vrai dire laissé aller à l’inquiétude, et l’empathique l’avait inévitablement ressenti. Il s’en voulait terriblement pour son manque de contenance. Et il se retrouvait tiraillé entre l’envie de partir, de fuir cette entrevue qui devenait réellement trop dangereuse pour lui, et le désir omniprésent d’en découvrir davantage. S’il lui tournait le dos maintenant, il ne pourrait plus espérer avoir le moindre indice de sa part, et il perdrait sans doute l’opportunité de recourir à ses services. Cela lui en coûtait affreusement de l’admettre, mais la poufsouffle pouvait avoir son intérêt. Bien sûr, les choses ne pourraient pas être aussi faciles qu’avec Montana. Un lien s’était dévoilé entre eux au bon moment, et Adam avait désormais l’assurance que la serdaigle l’aiderait coûte que coûte et le contacterait rapidement s’il lui venait une autre vision. Cela facilitait grandement les choses et il avait l’arrogance de croire que Montana et son don ne basculeraient jamais du côté de Clyde. La situation était toute autre en ce qui concernait la poufsouffle. En même temps, est-ce qu’une empathe intéresserait Clyde? Que pouvait-il bien avoir à faire des sentiments des autres? … D’un autre côté, lui, ça l’avait bien intéressé, et pourtant il n’était pas l’élève le plus sociable que Poudlard ait jamais porté. Il avait simplement pris la mesure de ce don. Beaucoup de choses pouvaient passer à travers les sentiments, qui étaient souvent des indices fiables. S’il arrivait à Clyde d’en prendre conscience aussi, il ne tarderait sans doute pas à s’accaparer la jeune empathe.

Les yeux songeurs et voilés d’Adam tombèrent subitement sur le regard décidé de sa partenaire. Elle voulait qu’il lui explique? Mais jamais il ne pourrait réitérer l’expérience qu’il avait faite avec Montana… La situation, le contexte, les forces en présence, tout était très différent. Adam se retrouvait enchaîné par les mêmes préoccupations, mais sans la facilité qui découlait du lien qui l‘unissait à la serdaigle. En réalité, c’était même tout le contraire. La blondinette et son air déterminé lui donnaient la nausée. Il s’accroupit auprès d’elle et planta son regard dans le sien, leur deux visages à quelques centimètres à peine.

« Ton intérêt me touche, crois le bien… » Mais? Car il y avait un mais. Dès l’instant où leurs regards s’étaient croisés et sans même que l’un ou l’autre ne prononce un seul mot, ils s’étaient déjà exaspérés. Comment Adam pourrait-il faire confiance à une pareille personne en lui dévoilant un secret qui mettrait tout le monde en danger? C’était contraire à la prudence, au bon sens, à la morale même. « Malheureusement il s’agit là de choses qui te dépassent. Ce n’est pas un reproche, mais je ne peux pas te révéler ce qui me trouble. » Il saisit le menton de la jeune fille entre son pouce et son majeur, lui offrant une moue espiègle. « Nous ne sommes pas assez intimes pour ça, tu comprends? » Il se fendit d’un sourire moqueur, s’amusant au détriment du vif intérêt que lui prêtait son interlocutrice. Il aurait été tellement simple de laisser les choses ainsi, mais c’était sans doute sans compter la détermination de l’empathe et de son don même, qui intéressait de plus en plus Adam.

Il se redressa avant d’essuyer une gifle ou quoique ce soit du genre. Il observa alors la jeune fille de toute sa hauteur avec un sérieux qu’il n’avait pas besoin de feindre. Son cerveau marchait à toute vitesse et il semblait bien que ses neurones, établissant les bonnes connexions au bon moment, étaient tombés sur une solution digne d‘intérêt.

« Si je te révèle ce qui me trouble, il faudra que tu fasses quelque chose pour moi. » Il marqua une pause, comme s’il hésitait à formuler sa requête. Mais il fallait bien qu’il se jette à l’eau. « J’aurais besoin que tu te serves de ton don sur deux ou trois personnes dont j’aimerais connaître les impressions. » Bien évidemment, s’il lui demandait une telle chose, elle finirait forcément par avoir des informations sur ce qui le troublait réellement, mais c’était un prix qu’il était prêt à payer pour obtenir ce type de renseignement. Pour l’heure, et pour la forcer à coopérer, il comptait bien lui donner une information viciée, simplement histoire de calmer sa curiosité.

How can you help me ?

Le jeune homme avait voulu qu'elle fasse un test, comme si elle avait besoin de lui prouver quelque chose. Si au début elle refusait catégoriquement de marcher dans son petit jeu - à la fin elle aurait simplement raconté n'importe quoi pour le décevoir et le faire fuir, c'était si simple d'agir ainsi -. C'était sans compter sur les émotions qui émanèrent du jeune Serdaigle ... complètement inattendues. Si elles avaient été autres, Poppy ne se serait sûrement pas penchée sur son cas, elle aurait fait la blonde idiote qu'elle savait si bien jouer et se serait occupé d'autres moutons par la suite. Seulement ... ces émotions lui en apprirent tellement qu'elle sentie sa curiosité s'animer brusquement, comme un feu ardent. Elle avait suivi le fil des sensations du jeune homme, débutant avec rien du tout, puis avec un sentiment si puissant et si profond qu'elle sentie son cœur se gonfler de joie. Puis un éclair et l'inquiétude avait fait son apparition, comme pour gâcher un si beau tableau ... La reprise de contrôle de la jeune femme fut difficile, tant c'était-elle plongée dans la sonde du jeune homme. Elle aurait pu le percevoir différemment à présent, ressentant encore la trace de ce qu'elle avait suivi. Heureusement pour elle, comme pour lui, elle avait suffisamment d'expérience pour ne pas mêler ses propres sentiments à ceux du jeune homme. L'intérêt soudainement à vif, la jeune femme quémanda des réponses ... même si elle savait d'avance qu'elle n'en aurait sans doute pas.

Ton intérêt me touche, crois le bien… Malheureusement il s’agit là de choses qui te dépassent. Ce n’est pas un reproche, mais je ne peux pas te révéler ce qui me trouble. Nous ne sommes pas assez intimes pour ça, tu comprends? Poppy ressentie une violente envie de le gifler à cet instant précis. Sa main la démangeait déjà, comme si elle se réjouissait d'avance de marquer de rouge la peau du jeune Meyer. Son intérêt le touchait n'est-ce pas ? Les choses la dépassaient ? Par ces mots, Poppy avait l'intime impression qu'il ne la prenait pas au sérieux, comme il ne l'avait jamais pris au sérieux depuis qu'il avait posé les yeux sur elle. Ils s'exaspéraient mutuellement en fin de compte et cela n'en finirait sûrement pas maintenant qu'elle commençait à s'intéresser au peu qu'elle venait de découvrir à travers ses émotions. Pas assez intime ? Comme si elle avait la moindre envie de se rapprocher de lui. Elle faillit formuler cette évidence à voix haute, mais se contenta de dégager son menton des doigts du jeune Serdaigle qui recula. Au moins, il avait suffisamment de jugeote - ou de prudence - pour avoir la lumière d'esprit de ne pas trop rester à porter de poings. Elle desserra ceux-ci d'ailleurs et croisa les bras en relevant la tête vers le jeune Meyer qui lui adressait un sourire moqueur ... Ce gars était vraisemblablement le jeune homme le plus agaçant qu'elle eusse dû rencontrer jusque-là. Cela en devenait même effrayant. Un sentiment de frustration à l'état brut animait la jeune femme, attisé par sa curiosité qui ne demandait qu'une seule chose, être assouvie.

Alors qu'il c'était redressé, Poppy le sonda intensément, comme pour le rendre prévisible. Elle voulait savoir ce qui découlait d'un tel refus ; après tout elle ne lui avait demandé la mer à boire non plus ... c'était quelqu'un d'étrange. Un peu trop mystérieux au goût de la jeune Milbrooks qui se demandait quels genre de secrets pouvait pousser quelqu'un à se barricader comme il le faisait. À son plus grand agacement, elle ne décela rien qui soit intéressant pour la mettre sur une quelconque piste. Il avait compris comment elle fonctionnait et semblait éviter soigneusement de rendre ses sentiments aussi dévoilés que précédemment. Nonobstant, il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir, mais ce qui se tramait chez Adam était autre chose à cet instant. Elle observa son visage et constata que le sérieux qui s'y trouvait traduisait une profonde réflexion. Elle patienta, sans chercher à l'interrompre. Si je te révèle ce qui me trouble, il faudra que tu fasses quelque chose pour moi. Poppy haussa un soucil, surprise. Il faudrait qu'elle fasse quelque chose pour lui ? Mais il se fichait du monde ou quoi ? Pas folle la guêpe, elle demanda sans dissimuler son septicisme C'est-à-dire ? Tu peux être plus précis ? S'il lui en demandait trop, pas sûr que de découvrir ce qui se tramait sous le crâne du jeune Meyer vaille la peine d'être entendu. Elle préférerait encore ne rien entendre du tout et se faire ses propres conclusions. Du moins cherchait-elle à s'en persuader ... J’aurais besoin que tu te serves de ton don sur deux ou trois personnes dont j’aimerais connaître les impressions.

Il voulait se servir de son empathie. Rectification, il souhaitait qu'elle se serve de son don pour qu'en suite elle lui rapporte les informations qu'il n'était pas capable de trouver lui-même. Bref, il souhaitait se servir d'elle. La jeune Milbrooks plissa les yeux un instant. Quelles personnes en premier lieu ? Qu'est-ce que les impressions de " deux ou trois " personnes voulaient bien lui faire ? Toutes les questions sans réponses qui se bousculaient dans la tête de Poppy commençait à l'agacer. Elle releva la tête, replaçant une mèche blonde derrière son oreille et demanda, suspicieuse Et qu'est-ce qui me dit que ce qui se trame dans ta petite tête vaut les informations que je pourrais te rapporter ? Elle haussa un sourcil dans la direction du jeune homme.

Pour le moment, Adam ne pouvait qu’imaginer la réaction de la poufsouffle. Il espérait bien sûr qu’elle accepterait, mais l’optimisme inconsidéré n’était pas au nombre de ses principes. Il savait pertinemment qu’elle n’acquiescerait pas si rapidement à sa demande, et il était prêt à jouer le jeu. Adam devinait déjà les questions et les conditions que sa camarade de fortune pourrait poser. Et aussi étrange que cela paraisse, il comptait se plier à ses exigences, tant qu’elles n’étaient pas trop énormes, bien sûr. Mais il se demandait même si elle formulerait la moindre exigence. Il se pouvait très bien aussi qu’elle refuse simplement en bloc la proposition d’Adam. Après tout, il ne faisait que lui demander d’utiliser son don à son avantage à lui et contre d’autres dont elle ignorait pour l’instant l’identité. Elle ne lui offrirait certainement pas son don sur un plateau, ce serait aller à l’encontre du comportement qu’elle avait affiché jusqu’à maintenant. Il savait très bien qu’elle ne le portait d’ors-et-déjà pas dans son cœur, mais il comptait avant toute autre chose sur sa curiosité. Avait-il raison? Dans un premier temps, elle avait simplement montré sa surprise puis lui avait demandé des précisions. Adam avait envie de voir cela comme un signe encourageant. Après tout, elle ne avait pas d’emblée rejetée l’idée de faire quelque chose pour lui. Mais c’était avant de savoir ce qu’il en retournait réellement.

Et qu'est-ce qui me dit que ce qui se trame dans ta petite tête vaut les informations que je pourrais te rapporter ?

Elle haussa un sourcil, et prouva à Adam son sens pratique. C’était une question tout à fait pertinente. Mais plus que tout, Adam retenait l’absence de refus net et précis. Elle demandait simplement une assurance de ne pas être dupée, voire doublée, mais elle ne remettait pas pour autant l’idée en cause. Avec un calme mesuré, Adam tendit la main en direction de la poufsouffle pour l’inciter à se lever et à se tenir droite devant lui. Ils allaient surement conclure un accord majeur, il n’était pas question de le faire en positions inégales. Adam développait depuis peu un soucis pour la mise en scène, qui s’observait très bien ici. Lorsque la jeune fille fut debout, Adam la fixa d’un regard franc, et déclara:

« Rien, en vérité. Il va falloir me faire confiance…et me donner ton nom. » N’était-ce pas une preuve suffisante de sa bonne volonté? Alors qu’il l’avait rabrouée et refusé de connaitre son prénom un peu plus tôt, il lui proposait désormais avec la plus parfaite clémence de le lui apprendre. « C’est dur de devoir faire confiance en quelqu’un que l’on exècre ou en tout cas pour lequel on a pas la moindre sympathie, n’est-ce pas? » Dire qu’Adam s’amusait de la situation serait un peu exagéré, mais il aimait mettre la jeune fille devant le fait accompli. Il lui semblait qu’elle ressentait une vive antipathie à son égard, et il se trompait peut-être... Avancer les choses ainsi représentait cependant une bonne façon de le savoir.

Il n’avait pas lâché la main de la poufsouffle après l’avoir aidée gracieusement à se relever. Il continuait de la tenir et portait désormais un regard narquois sur sa propriétaire. Il aurait pu la laisser réagir maintenant à ses déclarations, mais il n’en fit rien. Posant son index sur les lèvres de la jeune fille, les siennes se fendirent d’un sourire goguenard. Et il eut alors l’audace d’ajouter:

« Tu pourrais toujours essayer de ressentir mes émotions pour avoir une idée de mon honnêteté. Mais je commence à comprendre plus ou moins comment t’empêcher d’avoir ce qu’il te faut. Est-ce que toi tu es capable de m’empêcher de t’envoyer en pleine figure les émotions que je veux te voir ressentir? Je suis vraiment curieux de le savoir … »

Il se focalisa immédiatement sur l’attaque que Poudlard avait subi et était même en train de subir lorsque lui et les autres avaient été envoyés dans le passé. Il revit ses camarades tomber sous les sorts qui fusaient un peu partout. Il revécu littéralement l’explosion d’une aile entière du château, les cris, la poussière, le sang qui en découlèrent. La peur, la colère, le sentiment d’urgence, tout ça se bouscula à nouveau dans ses pensées tandis qu’il se revoyait avec les autres survivants, cherchant à tous prix un endroit où se replier. Car le combat était perdu…

Il lâcha brusquement les mains de la poufsouffle en se forçant à remettre ses brèves scènes et émotions tirées de son passé dans un de nombreux tiroirs de son esprit. Il le scella, espérant ne pas avoir à supporter à nouveau une telle confrontation. Mais se faisant, il reprit conscience de l’importance de sa mission, si besoin il en était. Il devait absolument mettre à profit le don de sa camarade. Ce pourrait être une flèche de plus à son arc, une flèche non négligeable.

« Ce n’est pas agréable, j’en suis certain, que les autres s’immiscent dans ton esprit en t’imposant leurs problèmes. Si tu m’aides, en plus de te révéler ce qui t’intéresse, je pourrais peut-être faire quelques recherches pour toi. »

Car il était serdaigle des pieds à la tête après tout. Et il ne s’agirait pas simplement de rendre service -ce qui n’était pas vraiment son genre- il devait surtout reconnaître qu’il était curieux de savoir ce qu’était vraiment ce don. S’il était possible d’y mettre un frein significatif, il voulait être celui qui découvrirait comment. Sans doute était-ce sa tendance à vouloir contrôler les choses, à les comprendre et à pouvoir influer sur elles.

How can you help me ?

La proposition que venait de lui faire le jeune Serdaigle, laissait Poppy sans voix. Que voulait-il dire par " te servir de ton don sur deux ou trois personnes " ? La jeune femme en avait une vague idée, elle n'était pas sotte, seulement elle n'en comprenait pas la raison. Il était même possible qu'il y en ait plusieurs. Cependant, en toute logique, Poppy devinait que ce ne serait pas des personnes blanches comme neige ... Des doux agneaux manipulables n'auraient pas besoin d'un don pour être poussés à parler. Poppy songeait qu'Adam cherchait autre chose. Et encore une fois, elle n'était pas capable de mettre un mot ou un nom sur ce qu'il désirait réellement. Honnêtement, il n'était pas très cernable ... malgré le fait qu'elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, il dissimulait certaines choses entre ses lignes et elle n'arrivait pas à les saisir. Pour l'instant du moins. Néanmoins, sa proposition ne lui déplaisait pas ; la curiosité était chez elle un vilain défaut, puisqu'elle était sélective selon les sujets concernés ; et Adam était un sujet plutôt fascinant. Poppy fronça un instant les sourcils et l'interrogea, ne voulant pas s'engager trop vite vers quelque chose dont elle ignorait les détails utiles. Elle ne refusait pas ... cependant, elle voulait être assurée en quelques sortes, de ne pas être dupée par le jeune Serdaigle, qu'elle savait rusé. Suite à sa question, Poppy releva la tête dans sa direction, cherchant sur ses traits quelque chose susceptible de lui apprendre quelque chose qu'elle ne saisissait pas en profondeur ; la plupart des réponses sont parfois juste sous notre nez. Cependant, elle n'y dénicha rien et cela attisa la brûlure curieuse nichée au fond de son ventre, et taquina son agacement. Ce type était un mystère vivant, nullement désagréable à décrypter. Les prunelles océaniques de Milbrooks suivirent la main d'Adam qu'il tendait vers elle, en une invitation explicite à ce qu'elle se relève. Elle hésita un instant entre la saisir, en gage de bonne volonté, ou se relever seule, ce qui signerait sans doute son obstination et sa déclaration d'hostilités, comme elle savait si bien mal s'y prendre. Seulement, c'était le premier geste " de bonne foi " qu'il effectuait depuis les dix minutes qui s'étaient écoulées. Elle n'allait pas le rejeter, alors qu'il progressait sur un terrain que l'on appelait " l'amabilité ". Elle plaça sa paume dans la sienne et tandis qu'il la serrait, la jeune femme se mit debout, se rendant compte - comme pour énormément de monde - qu'il avait une demi-tête de plus qu'elle. Détail bien futile, avant ce qui allait suivre.

Rien, en vérité. Il va falloir me faire confiance…et me donner ton nom. Il désirait son nom à présent. Quelque chose qu'il avait pourtant refusé quelques minutes plus tôt, jugeant cela inutile, comme si elle ne méritait pas d'être de sa connaissance - elle aurait pu se vexer, mais cela lui passait au-dessus de la tête. Cette volte-face la laissa suspicieuse. Elle se doutait qu'il cherchait à se montrer sous un autre jour, mais cela ne la rassurait pas vraiment. Il lui prouvait simplement qu'il pouvait changer de facettes, aussi facilement qu'une femme change de vêtements. Selon ses envies, ou encore ses besoins. C'était troublant. Mais pour l'instant, elle n'allait pas s'en plaindre, se contentant de répondre à sa question implicitement glissée. Poppy Milbrooks, répondit-elle doucement, enchanté ajouta-t-elle ironiquement, comme si elle effaçait la minute ' rabrouage ' de tout à l'heure. Elle évitait d'être rancunière en cet instant, parce qu'il lui semblait qu'elle avait d'autres chats à fouetter. C’est dur de devoir faire confiance en quelqu’un que l’on exècre ou en tout cas pour lequel on a pas la moindre sympathie, n’est-ce pas ? Poppy sentie ses lèvres s'étirer en un fin sourire, nullement ironique, simplement amusé à la constatation et aux conclusions que s'étaient fait Adam. Selon lui, elle était capable d'apprécier fortement, ou de détester cordialement une personne après une demi-heure passée en sa compagnie ? Poppy ne fonctionnait pas réellement comme cela. Non, contrairement à ce qu'il prétendait, elle ne le détestait point. Elle ne l'adorait pas non plus, évidement. Ne révélant pas cette partie de ses pensées, Poppy répondit avec un brin de malice qui commençait à la caractériser Oh je ne savais pas que tu nourrissais déjà des sentiments aussi péjoratifs à mon égards, je devrais me méfier. Une lueur amusée brilla dans le regard de la blondinette, ne la rendant pas désagréable à regarder maintenant qu'elle n'abordait plus une expression cynique et agacée. Sérieusement, ne tire pas des conclusions trop vite sur ce que je pourrais éprouver à ton égard. ajouta-t-elle, laissant sa phrase en suspens, sans révéler ce qu'elle voulait dire par là, pour la simple et bonne raison qu'elle ne le savait pas non plus. Il est clair qu'elle avait des sentiments pour le jeune homme, elle n'avait juste pas décidé s'ils seraient positifs ou négatifs.

Comme s'il ne désirait pas la voir réagir davantage à ce qu'il avait dit précédemment - et de toutes façons, elle n'aurait rien ajouté de plus - le Serdaigle posa son index sur ses lèvres, et elle haussa un sourcil dans sa direction l'air de dire " c'est vraiment nécessaire ? ", mais tût le moindre commentaire. Elle attendait la suite, simplement. N'ayant pas oublié ce qui les retenaient l'un auprès de l'autre à cet instant. Tu pourrais toujours essayer de ressentir mes émotions pour avoir une idée de mon honnêteté. Mais je commence à comprendre plus ou moins comment t’empêcher d’avoir ce qu’il te faut. Est-ce que toi tu es capable de m’empêcher de t’envoyer en pleine figure les émotions que je veux te voir ressentir? Je suis vraiment curieux de le savoir … Poppy perdit son sourire face à cette attaque frontale. Il voulait simplement la tester, elle en avait déjà conscience, voir comment son don fonctionnait, trouver ses failles, mais aussi ses points forts. Ce qui ne lui plaisait guère, en réalité. L'impassibilité s'installa une nouvelle fois sur ses traits, tandis qu'elle suivait le fil d'émotions que le jeune homme dirigeait délibérément vers elle. Patiemment, elle en suivit le cours, notant la peur, la haine, la colère, la précipitation, l'appréhension ... Il lâcha brutalement ses mains, interrompant la sonde de la Poufsouffle qui s'interrompit, sans paraître aussi ... bousculée que lui. Tu sais, tu devrais évité de m'envoyer des sentiments aussi brutaux à la figure, dit-elle sur le ton de la conversation. J'ai appris à encaisser depuis plus de dix ans.Ce qui n'est pas forcément ton cas.

Sur son visage, elle lisait encore facilement ce qui venait de le perturber, et elle sentie qu'il rangeait, dissimulait ces noires sensations, au fond de lui-même. Elle devait bien l'admettre, il était doué et ne se laissait pas déstabilisé. C'est une qualité qu'elle ne pouvait pas lui retirer. Ce n’est pas agréable, j’en suis certain, que les autres s’immiscent dans ton esprit en t’imposant leurs problèmes. Si tu m’aides, en plus de te révéler ce qui t’intéresse, je pourrais peut-être faire quelques recherches pour toi. Cherchait-il à se mettre à sa place lorsqu'il prétendait être certain de ce qu'elle pouvait ressentir toute la sainte journée ? Elle n'en était pas sûre, elle n'avait pas non plus l'impression de relever une note de compassion dans ses paroles - ce dont elle lui était reconnaissante - c'était juste une constatation. Si seulement ce n'était que cela ... répondit Poppy, légèrement pensive. Car en effet, les personnes qui l'entouraient ne se contentaient pas seulement de s'infiltrer dans son esprit. Ils s'emparaient sournoisement de son identité, la faisant douter de ces propres émotions - était-ce elle qui était blessée à cause d'un petit-ami infidèle ? Déçue par une évaluation ratée ? Stressée pour les examens à venir ? - il avait fallu longtemps avant qu'elle ne réussisse à discerner elle des autres. Donc effectivement, si son entourage c'était simplement contenter de lui imposer leurs problèmes ... il est clair que cela aurait été bien moins ardus pour elle. Poppy croisa les bras, fronçant les sourcils aux dernières paroles qu'il avait prononcé. Des recherches dis-tu ? Pourquoi faire ? J'veux dire, j'en ai déjà fait de mon côté et depuis des années croit le bien. Ce n'est pas quelque chose que j'ai fais comme un simple devoir de divination. Et je peux simplement t'apprendre que tu ne trouveras rien dans des livres. Il n'existe personne d'identique à moi. Ou alors, ces personnes ce sont bien cachées ... résuma Poppy en baissant les yeux vers ses chaussures, un sentiment de solitude intense pesant sur ses épaules qu'elle rejeta presque immédiatement afin de ne pas sombrer dans ce que l'on pouvait appelé une vague de nostalgie. Croisant le regard du Serdaigle, elle ajouta Enfin je suppose que tu pourras toujours tenter d'en apprendre plus sur mon don. Effectivement, la jeune femme n'était pas dupe. Ce n'était pas pour elle qu'il se proposait à faire des recherches. C'était juste pour assouvir sa curiosité, et savoir sur le bout des doigts, comment fonctionnait son don et donc, comment s'en servir.

Comme pour répondre à la proposition - car il attendait sans doute une réponse depuis tout à l'heure - la jeune femme se recula légèrement et saisit la lanière de son sac qu'elle passa sur son épaule avant de replacer une mèche blonde derrière son oreille et de de croiser les bras à nouveau, le regardant d'une façon indéchiffrable. Je vais réfléchir à ta proposition ... Un peu de réflexion ne peut pas me faire de mal, n'est-ce pas ? dit-elle, souriant légèrement.

«  Poppy Milbrooks, enchantée. »

Elle semblait accepter le signe de sa bonne volonté, mais s’il se doutait qu’elle devait faire un gros effort sur elle-même pour ne pas se montrer moqueuse.

« Oh je ne savais pas que tu nourrissais déjà des sentiments aussi péjoratifs à mon égards, je devrais me méfier. Sérieusement, ne tire pas des conclusions trop vite sur ce que je pourrais éprouver à ton égard.  »

Ca n’avait rien de conclusions trop rapides. Adam n’était pas idiot, il voyait bien la façon dont elle le traitait, il sentait l’intonation dans sa voix lorsqu’elle s’adressait à lui. Comment pourrait-être décemment avancer qu’elle ne le détestait pas? Bien sûr, Adam exagérait un peu, mais il supposait que les sentiments de Poppy à son égard était davantage de l’ordre du négatif que du positif. Sans doute les choses changeraient-elle, surtout s’ils se retrouvaient amenés à coopérer, mais pour l’instant elles étaient ainsi et Adam se contentait simplement de les énoncer.

« Tu pourrais toujours essayer de ressentir mes émotions pour avoir une idée de mon honnêteté. Mais je commence à comprendre plus ou moins comment t’empêcher d’avoir ce qu’il te faut. Est-ce que toi tu es capable de m’empêcher de t’envoyer en pleine figure les émotions que je veux te voir ressentir?  »

Il se focalisa alors sur des pensées désagréables, n’ayant pas d’autre but que de submerger la poufsouffle. Mais il ne s’attendait pas à subir un retour de flammes. Les évènements qu’ils s’échinaient à revivre étaient encore vif dans son esprit, et riches en émotions. Lui-même avait du mal à lutter contre elles et à ordonner ses pensées. La seule chose utile et claire dont il fut capable d’en retirer, c’était l’importance capitale de sa mission. Il devait cesser de s’en détourner sans arrêt, et recentrer ses actions. Poppy pouvait l’y aider, il n’en doutait plus désormais. D’autant qu’elle semblait avoir très bien accusé le choc.

«  Tu sais, tu devrais éviter de m'envoyer des sentiments aussi brutaux à la figure. J'ai appris à encaisser depuis plus de dix ans. Ce qui n'est pas forcément ton cas.  »

Elle n’avait pas tort, même si Adam n’était pas disposé à le lui concéder. Il se contenta de crisper ses traits en une moue revêche, un instant à peine, avant de reprendre une expression plus étudiée. Il la considéra alors de haut en bas, avant de lancer:

« Ce n’est pas agréable, j’en suis certain, que les autres s’immiscent dans ton esprit en t’imposant leurs problèmes. Si tu m’aides, en plus de te révéler ce qui t’intéresse, je pourrais peut-être faire quelques recherches pour toi.
- Si seulement ce n'était que cela ... »

Tandis que Poppy paraissait soudain pensive, Adam se surpris à la prendre en pitié. Il n’imaginait pas à quoi cela devait ressembler de son côté, même s’il pensait comprendre plus ou moins le phénomène. Ce devait être bien étrange de ressentir ce qui appartenait de droit à un autre, et faire la part des choses ne devait pas être non plus une mince affaire. Les sentiments étaient suffisamment subtiles, la plupart du temps, pour que l’on soit incapable de discerner le vrai du faux. Ce devait être très troublant de ressentir subitement une émotion qui nous était proprement imposé par une autre personne.

« Des recherches dis-tu ? Pourquoi faire ? J'veux dire, j'en ai déjà fait de mon côté et depuis des années croit le bien. Ce n'est pas quelque chose que j'ai fais comme un simple devoir de divination. Et je peux simplement t'apprendre que tu ne trouveras rien dans des livres. Il n'existe personne d'identique à moi. Ou alors, ces personnes ce sont bien cachées ...  »

Ou alors elles n’existent pas encore. Adam avait emporté plusieurs livres du futur avec lui. Il ne connaissait pas entièrement leur contenu pour la plupart puisqu’il s’agissait de livres qu’il venait tout juste d’emprunter à la bibliothèque lorsque l’attaque avait commencé. Il n’avait guère eu le temps de les feuilleter avec tous les évènements qui s’étaient produits depuis son arrivée à cette époque. Peut-être qu’il aurait la chance de trouver dans l’un d’eux un passage relatif au don de Poppy. Il mettrait, en tous cas, son prochain temps libre à profit pour le découvrir.

«  Enfin je suppose que tu pourras toujours tenter d'en apprendre plus sur mon don. »

Elle semblait avoir compris qu’Adam ne faisait pas uniquement par bonté d’âme. Mais il n’en restait pas moins qu’il prétendait être quelqu’un d’honnête. Si Poppy pouvait l’aider, alors il mettrait un point d’honneur à lui rendre la pareille. C’était ainsi, il ne supportait pas d’être le débiteur de quiconque.
Poppy recula légèrement, attirant par là même le regard du serdaigle. Elle saisit la lanière de son sac pour la mettre sur son épaule, puis passa une mèche derrière son oreille et enfin croisa les bras. Son petit cirque fait, elle répondit enfin à la question qui intéressait Adam.

« Je vais réfléchir à ta proposition ... Un peu de réflexion ne peut pas me faire de mal, n'est-ce pas ? »

Il répondit tranquillement à son sourire, estimant qu’elle clôturait assez bien l’échange. Là-dessus, il remit lui aussi son sac sur ses épaules, et plongea son regard clair dans celui de la poufsouffle.

« En effet, je pense que c’est correct. Fais moi signe quand tu auras pris ta décision. »

Ses lèvres s’étirèrent en un léger sourire qui se voulait conciliant. Adam estimait que la question était règlée et qu’il ne lui servirait à rien d’essayer de convaincre davantage la jeune fille. Il s’en retourna donc d’où il était arrivé, conscient de n’avoir pas vraiment fais avancé leur devoir. Mais cela importait peu. Adam pensait avoir fais un pas en avant bien plus décisif que n’aurait pu lui permettre un simple devoir. La balle était désormais entièrement dans le camp de Poppy, et il ne pouvait pas présupposer de sa décision. Il espérait simplement qu’elle serait suffisamment curieuse pour acquiescer à sa proposition.

H.J.: Et voilà. Pas top, mais bon ça conclut le sujet, donc j’allais pas en rajouter trois caisses!