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Message par Louis Carr Sam 12 Juin - 10:12









    Chère AJ,

    Désolé d'avoir tardé, mais mon intention n'était pas de t'oublier, au contraire même, car à chaque fois que je reçois une de tes lettres, je reste souvent allongé sur mon lit, à rêver devant ces mots, écris avec une encre qui me fait bondir le cœur à chaque fois que je l'aperçois sur mon courrier. J’ai l’impression qu’elle a été gravée en moi depuis ma naissance, et que la retrouver, avec ces reflets bleutés, est comme retrouver ma mère, ou un souvenir.
    Tes mots sont ma drogue du soir, et je m'étonne de ne pas t'avoir répondu plus tôt, pour recevoir une nouvelle dose, plus fraîche. Oui, car t'écrire et te lire est devenu un besoin vital, mon remède pour tenir chaque jour. Je commence à être en manque, je suis en rechute vois-tu ? A chaque relecture pourtant, elles offrent un nouvel éclat, un nouvel aspect de leur caractère, et je comprends de plus en plus de choses en la relisant. Ou du moins, j'en ai l'impression.

    Je pense que c’est parce que j’ai peur que je ne réponds pas vite. J’ai peur de ne pas répondre aussi bien que toi tu me réponds. Mais je me lance quand même. Pour éviter de nous faire languir tous les deux. Et encore, cette lettre arrivera-t-elle à destination ? Mon hibou ne se trompera-t-il pas ? Il n’y a que peu de chances, je le sais, mais à chaque fois que je lui confie une enveloppe, je ne peux m’empêcher de m’interroger, de m’emplir l’esprit avec ces inquiétudes, jusqu’à qu’une réponse me parvienne.
    Donc. Je me lance.

    Qu’écrire de bien ? Qu’y a-t-il de beau depuis que ces quatre soi-disant émissaires du futur soient venus et aient rependu le bordel dans tout Hogwarts ? Que t’ont-ils révélé de croustillants sur ton futur ?
    Paraît-il que je n’ai pas un futur très reluisant. Je ne suis plus fréquentable, je me fais peur à moi-même. Mais je continue à sourire comme si rien n’était, à saluer mes amis tous les jours, alors que peut-être que lorsque je serais adulte et que le monde passera à travers des milliers de changements, je les tuerais pour faire milles et une preuve auprès de personnes qui me dégoûtent dès maintenant. Comment assumer un tel destin alors que pour l’instant, je suis pur et innocent, je n’ai aucune pensée meurtrière et je ne manque de rien ? Je ne suis pas né dans une famille aisée pratiquant la magie noire depuis des décennies, ni abandonné devant une église en attendant une main charitable quelques heures seulement après la naissance. Mais sont-ce les seuls critères pour devenir quelqu’un de mal ? Non, je ne pense pas. Il paraît que même les enfants élevés dans le plus beau des mondes peuvent être un jour attiré par le mal. Tout le monde l’est, inconsciemment. Je ne tends pas vers le côté obscur, mais je m’interroge. Pourquoi moi ? Je semble être aimé, qu’est-ce qui m’engage à être quelqu’un d’affreux plus tard ? Ça me donne des nausées. J’en fais des cauchemars la nuit.
    Sais-tu seulement ce qu’on m’a dit ? Je tuerais mon meilleur ami. En as-tu entendu beaucoup des prophéties comme telles ? N’y aurait-il pas un quelconque voyant dans cette enceinte permettant de démentir cette prédiction et de me sortir de ce cercle cauchemardesque ? J’ai besoin qu’on m’explique, si seulement tu savais. J’ai besoin qu’on me comprenne, qu’on m’écoute, qu’on n’ait plus peur de moi, que je ne m’effraie plus en me regardant dans le miroir. J’ai besoin de ne plus avoir cette étiquette de monstre apposée à chacun de mes cheveux, à chacun de mes ongles, de mes membres, de mes vêtements. J’ai besoin de réconfort, je me sens si seul. Je sombrerais seul dans cette tourmente, à force, si personne ne m’en tire. Elle m’attire déjà. Elle rôde autour de moi, elle attend son heure, comme la mort, avec qui j’ai convenu un rendez-vous. Mais j’ai peur.

    Et si je perdais tout ? Mes amis, ma famille, ma vie ? Que resterait-il de moi ? Un souvenir vague et répugnant. On crachera sur mon nom, on pointera du doigt mes parents et mes proches, on consolera mes amis, qui se sentiront trahis, le tout avec un bruit de fond : des messes-basses. Penses-tu que ça peut vraiment arriver ? Ne sont-ce seulement que des rêves, des chimères, que l’on peut effacer un à un avec le revers de sa main ? Et pourtant, personne ne peut me pincer pour me réveiller.

    Voici à présent deux heures que je suis devant ce parchemin, à effacer et à réécrire quelques phrases, sans réellement réaliser que cette furie d’écrire m’a emporté. Est-ce vraiment moi qui aie écrit ces mots ? Je n’y crois pas. Et peut-être vaut-il mieux pour moi de m’arrêter là, avant que d’autres phrases sortent de ma frénésie qui m’emportera à nouveau lorsque je saisirais à nouveau cette vieille plume pour continuer ma lettre.

    N’aie pas peur de moi, s’il te plaît.
    Tout à toi.

    Skiletz.







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Message par Invité Sam 12 Juin - 22:34

    Cher Skiletz,

    Comme toujours, c’est un véritable plaisir de te lire, d’avoir de tes nouvelles et de savoir ce que tu deviens. Effectivement, ça faisait un moment que tu ne m’avais pas répondu, mais je ne t’en tiens pas rigueur. Je m’excuse, d’ailleurs, d’avoir tant écrit, dans ma dernière missive. Je ne voulais pas t’assaillir de mots, crois-moi, mais j’avais juste besoin de parler, et comme toujours, tu semblais être la seule personne à pouvoir m’écouter – ou me lire, du moins. C’est si bon, de pouvoir t’écrire, sans que tu me juges, que tu acceptes chacun de mes mots, sans me faire la morale. Même si tes réponses ne sont pas toujours instantanées, savoir que tu me lis m’apporte un réconfort sans pareil.
    Dans tous les doutes qui m’assaillissent au quotidien, tu sembles être l’une de ces rares personnes à pouvoir m’aider à trouver mon chemin. Tu es cette lumière qui m’éclaire en pleine nuit, et cette lettre, que je viens de recevoir, m’apporte du baume au cœur. Il est si bon, de ne plus se sentir seule, en ces temps-ci troublés, en cette période où ma vie toute entière est en train de changer.
    Resteras-tu, malgré tout cela ? Continueras-tu de me lire, de me répondre ? Je me le demande parfois, songeant que tu trouveras certainement mieux ailleurs. Tu mérites certainement mieux, d’ailleurs, que ces quelques lettres dans lesquelles je te confie mon désespoir. Pourquoi continue-je de t’écrire, alors ? Parce que malgré cette certitude, j’ai besoin de toi, de tes mots, j’ai besoin de te lire. Tu as pris une place bien trop importante dans ma vie, pour que je te laisse partir de moi-même. J’ai envie de continuer à t’écrire, j’ai envie de t’aider, de te redonner tout ce que tu m’as donnée. J’ai envie que tu crois en toi, comme moi, je crois en toi.

    A ce que je vois, ces élèves venus du futur ne t’ont pas non plus épargnés. En ce qui me concerne, ils ne m’ont rien annoncé de bien spécial, rien que je ne sache déjà, du moins ; mais ils m’ont mise dans une position délicate. Lorsque je les ai croisés, j’en ai vu un qui ressemblait étrangement au père de mon enfant. Je n’ai pu m’empêcher de lui demander s’il était mon fils. Comprends-tu, il était vital, pour moi, après tout ce que l’on m’a dit concernant cet enfant que je porte, de savoir si, oui ou non, je réussirai à le mettre au monde, et à l’élever. Malheureusement, il ne s’agissait pas de lui. Qui pouvait-il bien être, pour ressembler à ce point à son père ? Je n’en ai aucune idée.
    Bref. Toujours est-il qu’ils m’ont rendu la tâche de protéger cet enfant encore plus difficile. Tu sais combien il est important, pour moi, que je protège mon fils. On m’a dit qu’il jouerait un rôle important, dans le futur, et tu sais combien j’en suis convaincue. Ces élèves m’ont confirmé ce dont je me doutais déjà, me confiant qu’il était important que je veille sur mon fils. Le problème n’est pas dans leur révélation, mais plutôt dans la façon dont ils l’ont faite. Ils ont tout dit devant le père de mon enfant, celui duquel j’essaie de le protéger depuis plusieurs mois déjà. En entendant que j’étais enceinte, il est même devenu rouge pivoine, à croire qu’il se doute de quelque chose.
    Le danger se fait de plus en plus présent. Maintenant qu’il sait tout, qui sait ce qu’il serait bien capable de me faire ? Qui sait ce qu’il serait bien capable de faire à notre enfant ? Il était censé rester un secret, il était censé rester inconnu à son père, mais tous mes efforts se sont révélés vains, à cause de ces voyageurs du temps. Je ne sais plus quoi faire. Je sais que je ne pourrais pas l’éviter indéfiniment. Un jour ou l’autre, et probablement avant la fin de mon terme, je devrai lui faire face. Le Château a beau être vaste, je suis confrontée à lui assez souvent, et si d’ordinaire, il remarque à peine ma présence, je suis certaine que, désormais, son attitude à mon égard va changer, et c’est bien ce qui m’effraie.

    J’ai de plus en plus peur de ne pas arriver à terme. Je suis sous pression, et à fleur de peau. Je ne me reconnais plus. J’ai envie de ne plus croire ce qu’on me raconte. Je sais pourtant que tout cela n’est que vérité, mais parfois, j’ai bien envie de me réinventer une vérité à moi, une vérité dans laquelle mon enfant serait un enfant banal, qui n’aurait rien à craindre, pas même de la part de son père. Parfois, je m’imagine que le futur se trompe, et que je ne mourrai pas si jeune. Parfois, je me dis que j’aurais peut-être la chance de voir mon enfant grandir, de lui dire combien je l’aime. Mais tout cela ne se produira pas, je le sais, je le sens. Ces choses là se sentent, tu sais. La mort m’attend, elle m’appelle, et chaque jour écoulé m’en approche un peu plus. Le temps qu’il me reste n’est plus bien long, et je commence à sombrer.
    La peur me paralyse. C’est peut-être lâche, mais je l’avoue : J’ai peur de mourir. J’ai peur de disparaître, du jour au lendemain, sans avoir eu le temps de vivre, sans avoir eu le temps d’aimer comme je le voulais, et sans avoir eu le temps de dire au revoir à mes proches. J’ai peur de mourir, peur que ma mort mette un terme définitif à notre correspondance, du jour au lendemain, mais peur, également, de laisser les gens que j’aime – de te laisser, toi – derrière moi. J’aurais tellement aimé avoir du temps. Le temps d’apprécier ma vie, d’apprécier ma grossesse, mais également le temps de vieillir en toute tranquillité. Tout cela ne m’arrivera pas.

    Mais peut-être est-ce une bonne chose ? Après tout, si l’on en écoute ces émissaires du futur, ce qui nous attend, tous, n’est pas très reluisant. Regarde ce qu’ils ont dit de toi.

    Pourrais-tu vraiment passer de l’autre côté ? J’en doute. Je pense être en mesure de dire que je te connais, et je ne te vois pas passer du côté obscur, pas sans une raison valable. Comme tu l’as si bien dit, pour l’instant, tu es pur et innocent, alors je ne vois pas comment une personne telle que toi pourrait ainsi changer de camp, du jour au lendemain. Pour être un jour, attiré par le mal, il ne suffit pas de répondre aux idées que se font les gens du mal, il faut une raison valable. Une souffrance, une folie, ou que sais-je encore. Qui sait, peut-être que leur intervention à notre époque t’empêchera d’accomplir le futur qu’ils te connaissent. Ne le penses-tu pas ?
    Peut-être parviendras-tu à éviter cet élément déclencheur, peut-être resteras-tu des nôtres. J’ai envie de le croire, j’ai envie de croire en toi. A vrai dire, je crois en toi, je crois en tes mots, et en ta bonté. Tu n’es pas un monstre, tu es mon ange gardien. Sans toi, sans tes mots, j’aurais sombré depuis bien longtemps. Mais tu m’as toujours permis de m’en sortir, tu m’as toujours apporté ton réconfort, penses-tu que c’est ce qu’un futur « monstre » pourrait faire ? Définitivement, je n’y crois pas. Peut-être penses-tu que je me voile la face. Au contraire, je pense faire preuve de beaucoup de lucidité en disant cela. Et si, effectivement, ces élèves avaient raison, alors, on trouvera ce qui t’a fait changer de camp, et je t’empêcherai de changer, de tuer ton meilleur ami.

    Je connais cette peur, que tu ressens. Il est incroyable de voir combien on vit dans l’insouciance, tant que l’on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Dès lors que l’on en sait plus, cependant, la peur nous envahit. La peur de changer, la peur de voir tout ce pourquoi l’on se bat depuis des années s’écrouler devant nous. Mais l’avenir, Skiletz, nous appartient encore, il est encore entre nos mains, et nous avons encore la possibilité de changer les choses. Car si nous ne changeons rien, le mal t’attend, et la mort, elle, me tend les bras.

    Malgré ma lassitude de me battre contre cet avenir qui m’attend, je continue à croire, à croire que l’on peut éviter tout cela, que tu resteras bon, et que moi, je continuerai de vivre pendant encore quelques décennies. Face à ces prédictions morbides, tout ce que je te dis me semble utopique. Car ça relève de l’utopie, que de croire que l’on peut échapper à son destin, surtout s’il est tragique, n’est-ce pas ?

    Merlin, mon encrier est presque vide, je me rends compte que je viens d’écrire un roman. Et j’ai encore tellement de choses à te dire. Je continuerai la prochaine fois, probablement, je pense en avoir assez dit pour le moment.

    En attendant nos prochaines missives, je t’en prie, cesse de penser de telles choses te concernant. Je ne supporterai pas de te savoir tourmenté. De meilleures choses t’attendent, j’en suis certaine. N’oublie pas que malgré mes faiblesses, je suis toujours là pour toi, quoi qu’il arrive. Je ne te laisserai pas tomber, jamais je n’en serais capable.
    Crois en ce que je te dis, s’il te plaît.
    Tendrement,
    A.J

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Message par Louis Carr Lun 14 Juin - 20:49









    Ma douce,

    N’aie pas honte d’avoir peur. La mort hérisse toujours les poils de la nuque, et inquiète, elle est tellement imprévisible. Elle surprend toujours. Et je ne cesserais de te répondre jusqu’à qu’elle arrive et me fauche en premier – oui, car je suis certain que ce sera moi qui partirais avec toi, et non toi. Tu vivras longtemps, assez longtemps pour voir ton enfant grandir et pour accueillir aussi tes petits-enfants. Je le crois. Je te le souhaite, car il serait injuste que les personnes justes et bonnes comme toi partent avant les individus perfides et désespérées.

    C’est tellement bon de te lire, et de savoir que tu t’es inquiétée de mon retard. Car beaucoup personnes, en ce moment, ont l’air de m’oublier. J’ai même cru que toi aussi, tu prendrais peur et tu m’ignorerais. Et je m’excuse d’avance d’avoir douté de toi.
    N’est-ce pas une pensée égoïste que j’aie là ?
    Tellement de personnes sont ignorées tous les jours, tellement de personnes sont martyrisées par d’autres, dominateurs et hautains. Et moi, je suis là, à me plaindre du fait qu’on me regarde moins, qu’on me parle moins, qu’on me sourie moins, qu’on m’évite plus.
    Et pourtant, je ne sais si on doit juger ma pensée et mes impressions comme égoïstes. Je considère cependant qu’avoir le sentiment d’être délaissé de son entourage peut éveiller ce genre d’idées naturellement, sans prétendre à un caractère narcissique démesuré.

    Ton écriture m’avait manquée. Mais jamais je me lasserais. Ne t’inquiète pas. Je resterais jusqu’à la fin. Je promets. Que nos idéaux nous séparent ou que la distance nous écarte au plus loin. Que la fin du monde soit proche ou que nos proches nous interdisent de nous écrire. Je t’écrirais jusqu’à mon dernier souffle, qui te sera dédié. Je quitterais alors ce monde, paisible, sachant que j’aurais pu me souvenir de toi jusqu’à que je sois achevé par la fatigue, la maladie, la faim, la soif, l’amour, la mélancolie, ou la vieillesse. Je sourirais. Et je fermerais enfin les yeux.

    Le fait que tu aies croisé un enfant ressemblant tellement au père du tient peut éveiller des doutes. Quel genre d’homme est-il ? T’est-il fidèle ? T’aime-t-il comme il le doit ? Te mérite-t-il ? T’embrassait-il, avec douceur et attention ? Te serrait-il dans ses bras en te susurrant des mots rassurants et amoureux ?
    Toutes ces questions semblent tellement ridicules. Et comme c’est regrettable d’utiliser le passé, dans ces mots qui doivent rester éternels. Mais, certaines de ces interrogations pourraient éventuellement répondre à ta question, quitte à te briser le cœur, ce que je ne pourrais supporter.
    Il aurait fini par être au courant, un jour ou un autre, n’est-ce pas ? La vie est tellement mal faite, tu sais, elle a précipité les choses. J’espère seulement qu’il aimera votre enfant autant que toi tu l’aimeras. C’est le plus important, avant tout. Et si il lui veut du mal, tu sauras le défendre, j'en suis sûr.
    Votre enfant est le futur, qui nous rattrape déjà. Nous sommes emportés par cet engrenage malsain dont nous ne pouvons plus nous défaire. Nous aurions du fermer nos yeux, ne rien écouter, ne rien dire, tout ignorer. Mais nous ne pouvons pas. A moins que nous nous jetions quelque sort qui nous rendrait amnésique. Mais aurions-nous le courage ? Je ne pense pas, nous avons tant à perdre.

    Je te consolerais, tu sais. Je te rassurerais. Je sécherais toutes tes larmes, j’effacerais toutes tes craintes, par le biais de mes lettres.
    Tu feras naître l’enfant. Il sera important plus tard, et pour qu’il le soit, il ne faut pas que tu meures. Il faut que tu t’accroches à cet enfant, que tu t’imagines un futur avec lui, que tu t’imagines son visage, ses yeux, ses cheveux, son rire, ses premiers mots, et sa première entrée à l’école. Cela pourra déjà te rassurer, et tu auras une bonne centaine d’autres raisons pour t’agripper à la vie et ne pas la lâcher, jusqu’à que TU juges l’heure venue. Et tu auras le temps de dire au revoir à tout le monde, ne t’inquiète pas pour ça. Tout le monde te saluera aussi noblement. Et je serais là, à ce moment-là.

    Si seulement tu savais. La voix est revenue, il y a peu. Est-ce possible que ce soit elle qui m’entraînera dans les ténèbres, dans le futur ? J’en ai peur. Depuis sa dernière apparition, je ne crois plus en rien. Je crains son retour, alors que je m’efforçais de la chasser à jamais. Je connais sa force sur moi, et malgré ma détermination, je la redoute. J’appréhende la prochaine fois qu’elle chuchotera des mots dans mon esprit, qu’elle s’en accaparera et qu’elle me manipulera comme une vulgaire poupée. Et si c’était elle qui tuait mon meilleur ami et non moi ? Quelle horreur, jamais je me le pardonnerais. Mais peut-être serais-je partit avant ? Si mon destin est inévitable, que je dois absolument assassiner dans mon futur, je préfère mettre fin à mes jours maintenant, que d’abattre des innocents.
    Si seulement elle partait. Si seulement elle me laissait tranquille. Je ne ferais plus de cauchemars. J’aurais les mains blanches. Je ne me sentirais pas comme un monstre. Je me regarderais dans le miroir, et je me trouverais bien. Mais tout ça n’est pas. Tout ça n’est plus.

    J’essaie de croire en tout. J’essaie de croire en rien. Il le faut. Il faut se vider l’esprit de ces présages, et vivre notre vie, tout oublier, devenir inconscient, profiter de nos derniers instants d’innocence, avant que le tourbillon de la réalité nous kidnappe.

    Imaginons un futur meilleur. Il y a des fleurs partout. Un arc-en-ciel. Un ciel bleu clair. Quelques mésanges. Une maison, avec une immense cour de pelouse bien verte. Une petite musique de fond, des trompettes, des violons, des guitares, une batterie, un piano, et une voix féminine, qui chantonne « You've come so far / Well done darling / We knew that you had it in you / You can do anything that you want / World is an oyster, don’t disappoint us, ta ! / Now you can stand on your own two feet / You can lead me through the streets / Pave the way, or we can dream dreams / No one else can see what you made me see / Still climbing trees, tripping up over fallen leaves, but / Holding hands, no one else could ever understand / What it's like between us / And that’s between us, but I know. You'll never listen to me, no you'll never listen to me / No you'll never listen to me, no you'll never listen to me / You'll never listen to me, no you'll never listen to me / No you'll never listen to me, no you'll never listen to me / I don’t know everything about you / Would you like to spend time with me / You said you'd lend me anything / I think I'll have your company »* L’entends-tu ? Elle a une voix douce, forte, agréable.
    Ferme les yeux et imagine le monde, ton monde. Le vois-tu ? Il n’y a plus que lui qui existe, avec toutes les personnes que tu aimes, qui t’entoures.
    Tu organises un goûter, pour le huitième anniversaire de ton enfant. Touts tes amis sont là, ils sourient et parlent avec joie. Tu es là, resplendissante, adulte, gaie. Ton enfant est devant son gâteau géant au chocolat, car il n’aimera pas les fraises. A moins que tu préfères le contraire ? Peu importe, c’est toi qui décides.
    On commence à chanter. Les yeux de ton enfant s’agrandissent d’émerveillement. Tu ries de bonheur. Et l’homme que tu aimes est là aussi. Il te tient par la taille et t’embrasse sur le front.
    Enfin, ton enfant souffle les bougies, après les avoir gonflé fort pour aspirer tout l’oxygène qui l’entoure. Tout le monde applaudit. Voilà. Il a un an de plus maintenant, il est grand. Et il va bientôt découvrir ses cadeaux, dont il arrachera le papier avec ardeur. A toi de voir ce qu’il aura.
    Laisse parler ton imagination, tes envies, ta définition du bonheur. Ne t’arrête surtout pas en si bon chemin. N’écris pas ce que tu vois, déguste chaque moment, oublie-moi pendant cet instant, endors-toi avec, si tu veux, et rêve de ton futur, plus beau, plus pur, plus parfait, toute la nuit et toute la journée. C’est celui-là que tu auras, et non un autre. C’est celui-là que tu vivras, coloré et enjoué.
    Et espère encore, d'autres anniversaires, jusqu'à ceux de tes dix petits-enfants, car tu auras toi-même plusieurs enfants. Combien ? Plus de filles ? Plus de garçons ? Je ne sais pas, c'est à ta guise. Laisse danser ta fantaisie. Invente l'infini.

    Tu es forte.
    Tu es vivante.
    Tu es brillante.
    Tu es magnifique.
    Tu es reine.
    Tu as le pouvoir de faire croire et de faire espérer le meilleur.
    Ne l’oublie jamais.

    Je ferme les yeux, comme je termine ma lettre, en m’enfonçant petit à petit dans mon futur merveilleux, moi aussi. Je te raconterais tout, promis.

    Fais de beaux rêves. Ils se réaliseront. Je te l’assure.
    Je braverais le monde entier pour.
    Baisers.

    Skiletz.







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Message par Invité Mar 15 Juin - 1:02

    Mon ange,

    C’est avec le cœur lourd que j’ai attendu ta lettre, et c’est avec le cœur léger que j’y réponds. Penses-tu qu’il soit possible de passer du plus profond des désespoirs, à la plus grande vague d’espoir et de joie ? Il y a quelques jours, si l’on m’avait posé cette question alors, j’aurais certainement répondu non. Aujourd’hui, j’en ai la preuve : c’est possible.
    Sais-tu le pouvoir qu’ont tes mots sur moi ? Te doutes-tu, ne serait-ce que quelques secondes, de l’effet que ces derniers me produisent, de ces frissons qui me parcourent toute entière lorsque je te lis, des images qui me viennent en tête lorsque, après t’avoir lu, je me décide à fermer les yeux, des battements de mon cœur qui s’accélèrent, de mon cœur qui semble s’emplir de joie, mais aussi d’amour, à que fois que je lis l’un de tes mots ?

    Avec tout cela, après tout ce que tu viens encore de m’écrire, comment est-il possible d’imaginer que toi – toi – mon ange gardien, toi, mon idéal, le seul, l’unique, tu sois capable de tuer un jour ? Tes mots m’en persuadent, c’est impossible. Si ce que l’avenir me réserve est aussi beau que ce que tu m’as écrit, alors, le tien n’est qu’encore plus magnifique. J’en suis certaine, je ne laisserai pas quelqu’un comme toi, quelqu’un d’aussi pur et innocent, virer du mauvais côté.
    Oh, bien évidemment, qui suis-je, pour oser prétendre pouvoir t’empêcher de te tourner vers le mal ? Je ne suis qu’une adolescente égarée, ma situation actuelle en est la preuve. Je ne suis peut-être qu’une fille naïve, - assez, du moins, pour tomber enceinte si jeune, assez, pour croire que l’enfant que je porte jouera effectivement un rôle important dans l’avenir, - mais je suis malgré tout quelqu’un de lucide. Tu m’as redonné l’espoir, l’espoir qu’un jour, tout ira mieux. Un jour, tout sera parfait, à l’image de ce que l’on a toujours désiré. Et si, pour obtenir ce que tu désires, je dois t’empêcher de changer de camp, alors, je le ferai. Comment ? Je n’en sais rien, mais certains ne disent-ils pas qu’il ne faut jamais sous-estimer la détermination d’une femme ? Si un jour, l’avenir se confirme, ma détermination, à moi, sera inébranlable, elle sera à toutes épreuves. Je serai prête à tout pour préserver ton innocence, pour te protéger du mal comme toi, tu sais me protéger du désespoir.

    Je suis encore toute retournée par cette lettre que j’ai lue et relue certainement des milliers de fois. Parfois, je me demande si tu existes vraiment. C’est étrange, n’est-ce pas, de douter de ton existence, quand bien des choses me la prouvent, comme ces missives que j’attends toujours avec impatience ? Le fait est que, tu sembles tellement parfait, que je me demande s’il est possible que ce monde connaisse une telle perfection, sans que je ne l’aie jamais vue. Bien entendu, ne pas te voir est quelque chose de rassurant. Si je t’avais en face de moi, je doute que je sois capable de me confier à toi comme je le fais lorsque je te rédige mes lettres. Cependant, cette absence physique entretient mon doute de ton existence réelle.
    Tu sembles trop beau pour être vrai, trop attentionné pour effectivement vivre dans un monde aussi égoïste que le notre. Parfois, je m’imagine que tu n’es pas de ce monde. Parfois, lorsque je lis tes mots, lorsqu’ils me touchent au plus profond de mon être, je m’imagine effectivement que tu viens d’un autre monde, de celui des anges, depuis lequel tu m’observes, afin de savoir les mots exacts à m’écrire pour savoir me rassurer, ou me faire sourire.
    Cette fois, vois-tu, c’est peut-être moi, l’égoïste, à penser qu’il existe effectivement un ange comme toi, dans les cieux, qui n’a pour but que de me rendre heureuse. Mais si penser de telles choses font de moi une égoïste alors, je reconnais en être une.
    Cependant, je ne pense pas que les autres puissent te qualifier comme tel. Ca n’est pas égoïste que de vouloir de l’attention, bien au contraire. Qui aimerait sombrer dans l’oubli ? Personne. Je n’arrive pas à imaginer que quelqu’un comme toi puisse manquer d’attention, ou même être évité. Aurais-je la chance de t’avoir à mes côtés que ne te laisserai pas une seule seconde.

    J’aimerais tellement que tu aies raison. J’aimerais tellement que tes mots se réalisent, que la peur reflue effectivement, que la mort décide de ne plus s’intéresser à moi. Mais est-ce seulement possible ? N’est-ce pas trop tard ? Je ne sais pas. A vrai dire, je ne sais plus. J’aimerais croire ce que tu m’as écrit, j’aimerais penser que notre correspondance durera encore des années, surmontant tous les obstacles possibles et imaginables, j’aimerais tellement que ma mort – violente – n’y mette pas un terme. Si tel est le cas, si, effectivement ma mort sera douce, et ne surviendra que dans quelques décennies alors, je te devrais des excuses, des excuses que je te ferai en personne lorsque ma mort sera effectivement venue, lorsque mon âme rejoindra l’ange que tu es dans les cieux.

    Penses-tu qu’il eut été égoïste que mon cœur se soit emballé, lorsque j’ai lu tes mots, concernant ta mort, concernant ce dernier souffle que tu me dédieras ? Parfois, à certaines de mes pensées, je me dis que je ne te mérite pas. Je ne mérite certainement pas ton dernier souffle, ni même que tes dernières pensées avant la mort ne me soient dédiées. Et pourtant. Si j’avais à mourir avant toi, ce qui se produira certainement, alors, sache que mes dernières pensées seront-elles aussi pour toi, toi qui auras su me faire vivre le reste de ma vie comme il se doit, toi qui m’auras permis de me battre jusqu’au bout pour la vie et le bonheur de mon fils. S’il vit, ça ne sera pas grâce à moi, mais plutôt grâce à tes mots. S’il vit, alors je te devrais tout : Ma vie, la sienne, et une mort paisible.

    En ce qui concerne le père de mon enfant, je ne l’ai toujours pas croisé, et peut-être est-ce mieux ainsi. Je fais de mon mieux, jour après jour, pour l’éviter, et j’espère qu’avec les jours qui s’écoulent, alors, il oubliera toute cette histoire, et ce que ces élèves venus du futur ont révélé devant lui. Mais peut-il réellement oublier qu’il est probablement le père de l’enfant que je porte ? J’en doute. Un homme, même aussi froid que lui, n’oublierait pas une chose si importante. Et pourtant… J’aurais tellement aimé qu’il continue à ne m’accorder que de l’indifférence. Jamais, je n’ai vraiment compté pour lui. Il n’est pas de ceux qui tombent amoureux des filles comme moi. Nous n’avons jamais vraiment été ensemble, et notre histoire n’en était pas une, c’était pour cela que jamais, ou presque, il ne m’avait accordée son attention. Le seul jour où j’ai eu effectivement de l’attention de sa part fut justement le jour où je suis tombée enceinte de lui. Il n’a suffit que d’une nuit, une seule, pour que je tombe enceinte. Parfois, je me dis que le sort s’amuse parfois à nous jouer des tours. Pourquoi fallait-il que je porte l’enfant d’un homme qui ne m’ait jamais aimée, qui n’ait jamais eu de gestes tendres ou amoureux à mon égard ?
    Je sais que j’ai été stupide, cette nuit là, mais aurais-je imaginé les conséquences qu’aurait pu avoir cette nuit ? Puis-je réellement regretter ce petit être qui grandit chaque jour un peu plus, dans mon ventre ? J’en doute. Il est ce que j’aime le plus au monde. Je ne peux regretter son existence, mais je peux, en revanche, regretter le père que je lui ai imposé, ce père qui ne voudra certainement pas de lui, qui ne l’aimera certainement jamais. Je sais que, pour sa réputation, il serait prêt au pire. Révéler au grand jour ma grossesse, et son identité, reviendrait au même que ternir cette réputation à laquelle il tient tant, et c’est pour cette raison qu’il n’aurait aucun problème à nous faire du mal, à tous les deux. En relisant ces mots, je me dis que je te décris un monstre, mais peut-être est-ce ce qu’il est réellement ? Je m’en veux, de donner un père pareil à mon fils, mon petit Adam. Peut-être trouverai-je, plus tard, quelqu’un « digne de ce nom », pour l’élever. Mais je doute de pouvoir me donner à nouveau entièrement à un homme, comme je l’ai fait avec son père. Bien entendu, j’ai envie, si je le peux, de vivre encore ma vie de jeune fille, de rechercher l’amour, mais une nouvelle déception me briserait le cœur – encore plus qu’on ne me l’a déjà brisé.

    Il est certain que nous n’aurions jamais dû écouter tout ce qui nous a été révélé, concernant le futur, car celui-ci nous effraie, désormais. Mais ne vaut-il mieux pas tout savoir de ce qui nous attend ? Ne vaut-il mieux pas être préparé au pire ? Car il ne faut pas se voiler la face : Si notre avenir se confirme, alors c’est le pire qui nous attendra.
    Mais au-delà de tout cela, je me dis qu’effectivement, j’aurais aimé continuer de vivre sans rien savoir de ce qui m’arrivera à l’avenir. Mais comme tu l’as dit, maintenant que nous savons tout désormais, nous ne pouvons rien oublier, rien effacer non plus, car nous avons tout à perdre : ce que nous sommes, l’amour, l’espoir, mais aussi la vie.


    Tu me consoles déjà, tu sais. Et à défaut de pouvoir réellement sécher mes larmes, tu en réduis déjà considérablement le nombre. J’aimerais tellement que tous ceux qui m’entourent puissent me rassurer et me soutenir aussi bien que toi, non pas parce que tu ne me suffis pas, bien au contraire, mais plutôt parce que cela m’aurait prouvé que toutes mes craintes sont infondées. Malheureusement, cette impression que tu me donnes, ne dure que lorsque je lis tes missives. Dès lors que je me retrouve face aux autres, face à ceux qui m’entourent, alors, la réalité me frappe de plein fouet, et tout ce qui peut m’aider à tenir, ce sont les souvenirs de tes mots. Même si tes lettres ne sont pas quotidiennes, ton soutien, lui, l’est sans aucun conteste, et mes pensées pour toi sont quasi-permanentes.

    Je redoutais, à vrai dire, que tu me dises que la voix était revenue. Il n’est pas impossible que ce soit elle qui t’entrainera, à l’avenir, du côté du mal. Qui sait ce qu’elle est capable de te faire faire ? Je ne me suis jamais sentie aussi impuissante, parce que jamais, je n’ai vécu de choses similaires. Tu ne dois pas laisser son retour t’anéantir, et tu dois continuer de croire, en toi, en ce que tu deviendras. Si tu la laisse déjà te prendre ton espoir, alors, tu la laisses gagner, et ça n’est pas ce que nous voulons. Tu dois te battre contre elle, continuer de croire, et d’espérer, de ne pas l’écouter, et d’avancer, coûte que coûte. Si tu ne te bats pas, alors, l’inévitable se produira certainement, et tu ne veux pas en arriver là.
    La force qu’elle a sur toi, cette emprise qu’elle a sur ta personne n’est qu’une illusion. Tu es bien plus fort que ce que tu t’imagines, crois moi, et tu peux devenir celui qui la contrôle. Je ne suis pas des mieux placés pour te conseiller, mais lorsqu’elle te parle, lorsqu’elle revient, alors, tu n’as plus qu’une seule alternative : penser et faire le contraire de ce qu’elle te dit, posséder un esprit de contraction tel qu’il finira par la faire partir, avec un peu de temps. Bien entendu, cette lutte ne se fera pas sans effort, et sans un peu de temps. Mais si tu trouves la force de te battre assez longtemps alors, crois-moi, tu seras le vainqueur.
    Ton destin n’est pas inévitable, et tu ne devras pas absolument tuer, dans ton futur. Il y a des évènements qui sont inévitables. Notre mort l’est, par exemple. Mais le meurtre d’un ami, en revanche, ne l’est pas. Tu ne le tueras pas, j’en suis certaine, et si tu crois un minimum en moi, alors, tu devrais croire en toi également. Et je t’interdis de penser une seule seconde à mettre fin à tes jours. Laisse toi une chance, laisse-toi te prouver, à toi-même, que tu es et que tu resteras quelqu’un de bon, avant d’envisager de faire quoi que ce soit qui pourrait mettre un terme à ta vie. Si tu n’es plus de ce monde, ça n’est pas un assassin que nous perdrons tous, mais un ange, et tu ne peux retirer au monde ce qu’il a de plus précieux.
    Tu n’es pas un monstre, tu ne l’as jamais été, et tu ne le deviendras jamais. Elle partira, elle finira par te laisser tranquille, au même titre que la mort renoncera à moi. Tu vivras, tu seras bon, et tu obtiendras tout ce que tu veux, grâce à ta force, grâce à ton courage, ton espoir, et ton amour. Un jour, tu seras heureux. Je te le promets.

    Tu as raison, comme toujours. Nous devons tout oublier, cesser de nous interroger sur cet avenir qui nous tourmente tant, et vivre le présent comme il se doit, profiter de chaque instant comme le dernier. Nous devons ne penser à l’avenir qu’en restant positifs, même si c’est bien souvent difficile. Mais nous réussirons, à faire des projets, à les réaliser, à en parler lorsque ce sera fait, à rire, dans nos lettres à venir, à rire de cette peur inutile que nous avons ressentie.

    Le futur que tu m’as imaginé m’a fait rêver. Il m’a également fait pleurer. Des larmes de joies, puis de tristesse, de peur, que tout cela n’arrive pas un jour. Puis l’espoir a pris le dessus, mes yeux se sont refermés, et j’étais à nouveau au goûter d’anniversaire organisé pour les 8 ans de mon petit Adam. J’ai même pu entendre son rire, tu sais ce rire que possèdent les enfants, cristallin, pétillant de joie, et de vie également. Ce rire, je le sais, je l’entendrai un jour, et qui sait, peut-être que tu pourras l’entendre, toi aussi.

    Ton futur, à toi, l’as-tu vu ? Est-il aussi beau que le mien ? Raconte moi tout, je veux que tu me fasses rêver à nouveau.

    C’est avec les yeux pétillants de joie que je te laisse, avec l’espoir de recevoir bien rapidement une lettre dans laquelle tu me confieras aller mieux.
    N’oublies pas : Quoi qu’il se passe, quelle que soit la distance qui nous sépare, je resterai à tes côtés, présente dans ton cœur, et par la pensée. Je t’aiderai à prendre le dessus sur les démons qui t’habitent, et bientôt, un avenir, clair et merveilleux, s’ouvrira à nous. Il nous suffit d’y croire, du moins, je le pense.
    Nous mettrons tout en œuvre pour arriver à nos fins, et nous y arriverons. Lorsque nous quitterons ce monde, ce sera avec un sourire aux lèvres, un sourire satisfait d’avoir pu réaliser nos rêves. Et nous nous raconterons tout, lorsque nous nous retrouverons. J’ai envie d’y croire.

    Mon ange, prends soin de tes ailes, je ne supporterai pas de les savoir brisées, et de te savoir déchu.

    Affectueusement,
    A.J.


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Message par Louis Carr Lun 28 Juin - 15:28









    Ma dulcinée,

    Excuse-moi encore de mon retard. Tu sais, avec cette période d’examens qui approche, les professeurs et les élèves sont en ébullition, et même si je ne prépare pas encore les ASPICS (heureusement) je n’ai plus une seule seconde pour qui que ce soit, hormis pour moi – sans vouloir paraître égoïste. Je dois passer mes heures à réviser pour rattraper mes notes, qui ont été en chute libre durant toute l’année. J’ai réussi à remonter un peu ces derniers temps, mais c’est dur. Durant les cours, sous la douche, avant de dormir, pendant les entraînements de Quidditch, pendant mes heures de trou, le matin en me réveillant, je révise. J’ai des fiches partout, mes poches sont pleines à craquer et je n’écoute les leçons que d’une oreille. Je dois absolument passer. Je n’accepterais jamais de redoubler, même si ce serait ma première fois. Je dois réussir. Mais avec tout ce qui se trame, comment puis-je me concentrer ? Et pourtant, il faut que j’oublie tout ça, que je tourne la page et que je ferme mon esprit. Comme ça semble facile ainsi. Et pourtant.

    Et voilà que mes neurones n’en pouvaient plus de lire des mots partout, mes jointures m’ordonnaient de faire une longue pause, mes yeux me suppliaient de baisser les paupières. Mon corps est à bout, et t’écrire m’aurait fait du bien. C’est ainsi que j’ai enfin trouvé du temps pour te répondre convenablement. Et en une fois, je trouve ça plus frais, plus vivant, plus palpable que de l’écrire en petits morceaux. Il me tardait de tenir une plume entre mes doigts pour enfin rédiger une réponse.

    Tu es bien plus qu’une adolescente égarée, tu es ma lumière, mon guide, ma sauveuse, dans la plus épaisse des brumes, dans la plus sombre des nuits, dans la plus malheureuse des vies. Tu es cette chaleur qui caresse notre âme lorsqu’on est heureux, tu es cette petite fleur qu’on aime observer toute la journée sans pour autant la déraciner ou la toucher, avec un sourire aux lèvres, tu es cette musique qu’on écoute sans cesse avec l’esprit vide. Tu es ces mots, qui rassurent et raniment. Tu es cette baguette qui sauve la vie au moment crucial. Tu es cette force qui nous relève. Tu es ce baiser, tendre, qu’on espère toute notre vie. Tu es cette femme adorable, unique, parfaite qui aura le monde à ses pieds, un jour ou un autre. Tu es cette étoile qui scintille dans une ville étouffante, et qu’on aperçoit en levant la tête vers le ciel, oubliant problèmes et pollution.

    Il y a bien un ange, quelque part, qui ne veut que ton bien, j’en suis persuadé. J’ignore si cet ange c’est moi – si ça l’était, ne nous serions-nous pas déjà rencontrés ? A moins que les anges protecteurs à distance, ça existe aussi - mais je persiste à croire qu’il y des gardiens qui protègent les personnes extraordinaires comme toi. Si tu me considères comme le tient, c’est certainement qu’il y a un esprit, dans l’haut-delà, qui te surveille et te protège, comme moi j’aurais aimé le faire.
    Si je ne suis pas égoïste, toi non plus, tu ne l’es pas. Il y a des croyances, des envies, des souhaits innés, des battements de cœur, qui ne peuvent être jugés comme égoïstes. Sinon, le monde serait bien trop imparfait, bien plus qu’à présent, et nous ne serions certainement pas nés.

    Il n’est jamais trop tard ma douce, le sais-tu ? Il n’est jamais trop tard, mais le temps finit toujours, malheureusement, par nous rattraper. Restons réalistes, c’est vrai, je n’aurais peut-être jamais une seconde pour t’entrevoir, mais j’aurais toute ma vie pour t’aimer. Nos vies sont des tragédies, il faudrait une pincée magique pour les ranimer et en faire une comédie. Et voici ce que tu fais, dans la mienne. Tu y jettes des paillettes ensorcelées qui réveillent mes jours, qui les éclairent et déposent des rêves dans mon sommeil.
    Savais-tu depuis combien de temps je n’avais plus rêvé ? Plus d’un mois. Plus d’un mois durant lequel j’ai vainement lutté contre des cauchemars qui m’éveillaient en sueur dans mon lit, le souffle court, l’esprit encore bouleversé par ce que j’ai vu. Mais notre correspondance récente m’a réconforté. Je n’étais plus seul. J’imaginais la chaleur de tes bras, ton souffle sur ma peau, et ton sourire. Tu me consolais. Et je me suis rendormi. Le plaisir est tellement simple, ma douce, même invisible.

    Le monde sombre encore. Il reste encore quelques lumières, mais il est tellement emplis de défauts que les qualités, les lueurs ne se voient plus.
    Il n’y avait qu’une chance sur des milliers pour que ça tombe sur toi. Il n’y avait qu’une chance sur des milliers pour tirer les bons numéros au loto. Il n’y avait qu’une chance sur des milliers pour qu’une personne blessée mortellement survive. Et malheureusement, tu as tiré les bons numéros. Et malheureusement, tu as survécu. Devons-nous appeler ton enfant comme une malchance ? Ou un hasard ? Peut-être, mais son arrivée dans ce monde changera le cours des choses, les bouleversera à jamais. Et c’est bien cela qui lui vaut toute l’attention du monde.
    Mais n’oublie pas : tu seras assez chanceuse pour trouver ton âme-sœur, celle qui emplira ton cœur et allégera ta vie. Il y a toujours quelqu’un pour nous, dans ce monde. Ce monde est formé d’innombrables pièces de puzzles, qui ne correspondent qu’à une seule autre pièce. Nous sommes ces pièces, qui ne demandent qu’à être assemblées, pour ne former qu’un tableau, homogène et parfait. Il ne manque plus qu’à trouver sa moitié, dans ce tas de morceaux.

    Mais sais-tu, chacun de nos gestes a un impact sur le futur. Chacune de nos paroles, de nos relations, de nos sorts. Tout. Et c’est bien ça le plus effrayant lorsqu’on connait notre destin. On fait tout pour le réaliser, ou le contraire, pour l’éviter. On s’abstient de boire une tasse de jus de citrouille le matin, si ça peut nous aider. Et pourtant, il arrive que le futur prédit se réalise à l’encontre de nos désirs, malheureusement. Et parfois, il y a quelques repêchés. Nous certainement de ceux-là, la fatalité nous épargnera des larmes et des regrets, nous offrant à la place joie et réjouissances. L’espoir fait vivre. Espérons.

    Je tente de me le répéter tous les jours, cette phrase, qui fit tressauter mon âme. « Je ne suis pas un monstre. » Elle sonne tellement faux dans ma tête et dans ma bouche. J’ai peur. J’essaie de me convaincre, mais c’est dur.
    Elle est là. Elle tente d’effacer la phrase de ma mémoire avec une gomme, et moi, comme un enfant têtu, je réécris après, mais toujours avec un crayon de papier. Jamais avec une plume trempée dans de l’encre indélébile. Pourquoi ? Parce que moi-même, je ne suis pas sûr de ce que je dis.
    J’avance en tâtonnant, et tandis qu’elle me relève, je tombe à nouveau, en croyant qu’elle me laissera le temps de me remettre debout seul. Non. Elle me prend par les hanches, comme une mère soulève son fils lorsqu’il tombe lors de ses premiers pas, puis me remet sur mes deux pieds. Elle me donne des nausées, chacun de ses gestes me donne le tournis.
    Et dans ces cas-là, sur le tableau sur lequel j’écris « Je ne suis pas un monstre » et où elle passe l’éponge après moi, j’aperçois des bribes de ta lettre. La voix s’évapore alors. Sa silhouette disparait, elle s’envole. Je me sens libre, léger alors. C’est tellement bon, le sais-tu ? Tu es ma bouée de secours en cas de naufrage, ma planche où il y a de la place à deux, ma porte étanche. Tu es celle qui me sauve.

    C’est alors que je ferme enfin les yeux, serein. Je suis au bord de la mer, avec elle, et je joue, je ris, je vis. Il y a notre maison, là-haut, au bord d’une falaise où se brisent les vagues mousseuses. Le ciel est nuageux, il y a tout de même quelques rayons de soleil qui traversent cette couverture blanchâtre et qui nous illumine. Je l’embrasse avec tendresse. Je suis heureux, et j’ai le cœur léger. Sais-tu combien ça peut être bon de se savoir innocent ? On respire mieux, les jours semblent tous différents, tous légers et joyeux.
    On marche alors au bord de l’eau, se tenant par la main. Ses cheveux volent, je caresse son visage, je lui souris, et lui chuchote quelques mots doux qui s’envolent avec le vent. Je m’approche d’elle, je pose mon front contre le sien, je la regarde dans les yeux, nos souffles se mêlent et je l’embrasse à nouveau, son visage entre mes mains. Je dépose un baiser timide sur sa joue, et la prend dans mes bras. Je sens ses courbes parfaites dans mes mains et je réalise à ce moment-là que nous sommes âgés, que nous sommes en train d’atteindre la quatre-vingtaine. Nous avons traversé les années mais notre amour est toujours aussi fort. Nous sommes en vie, les mains blanches et le rire facile. Tout semble tellement réel.

    Et je rouvre les yeux. J’ai quelques larmes au coin de l’œil, mais je les efface rapidement avec le revers de ma main, pour éviter de faire retomber ce bonheur temporaire. Je veux le prolonger le plus longtemps possible. Je renifle. Je soupire. Et je ris, parce que j’ai l’impression d’être un grand gamin.
    Non, à ce moment-là, je ne vous avais pas oublié, toi et tous mes amis, vous étiez tous là, inconsciemment. Vous veillez sur moi, et grâce à vous tous, j’avançais dans le droit chemin, celui de la lumière, et non des ténèbres. Je crois en ce que tu dis, mon amour, j’y crois tellement qu’à présent, la prédilection semble ridicule face à ton pouvoir et à ma détermination. Jamais je ne me ferais emporter par le mal. Jamais je ne me ferais manger par l’ombre et la misère. Je serais heureux et amoureux. Voilà.

    Je souris. J’ai l’air bête, à sourire seul devant mes parchemins, mais je me sens bien. Il n’y a plus ce goût acidulé sur mes lèvres, cette impression bizarre, ces rumeurs et ces regards braqués sur moi. Il n’y a plus rien, hormis toi et moi.

    Merci.
    Tien aujourd’hui et à jamais,
    Skiletz.







Louis Carr
Louis Carr

♦ HIBOUX POSTÉS : 215
♦ ARRIVÉE : 27/10/2009
♦ ANNÉE : 7th

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Message par Invité Ven 6 Aoû - 15:03

    Mon cœur,
    Pardonne égalment mon retard. Comme tu l’as si bien dit, les examens approchant, il devient de plus en plus difficile d’accorder autant de temps que je le souhaiterai à notre correspondance. Mon esprit n’est cependant pas aux révisions, pas aujourd’hui. Je m’inquiète. Pour toi, pour mon fils. J’ai pensé que ce moment serait le plus judicieux pour t’écrire.
    Je vois que tu prends ces examens avec un grand sérieux. Mes notes, à moi, ont été plutôt bonnes, jusque là, mais je préfère m’assurer de ma réussite cette année… Je ne travaille pas aussi durement que toi – c’est peut-être même mieux ainsi. J’ai l’esprit trop tourmenté, ces derniers jours, pour travailler.
    Je suis certaine que tes efforts ne seront pas vains, et que tu ne doubleras pas ton année. Tout effort se voit récompenser un jour. Les tiens le seront bien rapidement, ça n’est qu’une question de temps. Je suis contente que tu aies pris cet instant de liberté pour me répondre. Je dois t’avouer, à vrai dire, que j’attendais de te lire avec impatience. Cela fait plusieurs jours que je relis ta dernière lettre le soir dans ma salle commune, avec l’espoir de trouver les mots justes pour te répondre. Aujourd’hui, mes vœux ont été exaucés. J’ai beaucoup réfléchi à tout ce que tu m’as dit, tu sais.

    J’apprécie que tu ne me voies pas que comme une simple ado égarée, comme une simple âme en peine, une gosse paumée, effrayée par l’avenir et ses conséquences. J’aimerai être comme tu m’as décrite. Réellement. Je pense que tu m’idéalises, que tu surestimes l’emprise que j’ai sur toi. J’aimerai être ton guide, j’aimerai te sauver, mais en serais-je seulement capable ? J’ai envie d’y croire. J’ai envie d’avoir ce rôle. Je veux être forte, pour toi, te montrer le chemin, comme tu l’as fait avec moi. Mais ça n’est pas tout. J’aimerai avoir ce rôle auprès d’autres personnes. J’aimerai être aussi forte pour mes proches, pour toutes ces personnes qui s’efforcent tant bien que mal de me protéger, et de protéger mon fils également. Je pense surtout à ma meilleure amie. J’aimerai, qu’en réalité, je sois capable d’autant de choses avec elle. J’aimerai aussi en faire autant avec Adam. Pouvoir le guider, le protéger, amener de la lumière et de la gaité dans sa vie. Au lieu de ça, je ne lui donnerai certainement que de la peine et de la tristesse. Il grandira sans mère, j’en suis presque certaine. Mais il grandira, n’est-ce pas le plus important ? Penses-tu que je sois capable d’occuper ma place de mère, ma place de guide, même depuis l’au-delà ? Penses-tu seulement qu’il y ait une vie après la mort ?
    J’ai tellement envie de croire en tout ça. Rien que pour garder espoir. L’espoir, qu’un jour, de là où je serai, je verrai les choses s’arranger. Pour tout le monde. Pour toi aussi. Je veillerai sur toi, peu importe d’où je serai. Je t’en fais la promesse. Peu importe ce que l’avenir me réserve. Vie ou mort, je ne te laisserai pas si rapidement. J’en suis, à vrai dire, désormais incapable.


    Si j’ai effectivement un ange, alors, je ne suis certaine que d’une seule chose : cet ange, c’est toi. Les anges ne sont-ils pas supposés agir sans que leurs protégés les voient ? Ne sont-ils pas supposé améliorer la vie de ces derniers, leur redonner espoir et cela, sans que leur réelle identité ne soit révélée ? Si j’ai raison, cela expliquerait le fait que je ne t’ai pas encore rencontré. Si tu persistes à croire que des gardiens protègent des gens comme moi, alors, je persiste, de mon côté, à croire qu’une personne comme toi ne peut tourner mal.
    Peut-être que tu n’es effectivement pas mon ange gardien. Peut-être que tu n’es que son messager. Peut-être, en réalité, qu’il t’a envoyé pour me protéger – ou pour protéger Adam, du moins. Peut-être qu’il pensait que nos courriers nous aideraient mutuellement. Peut-être savait-il que nous aurions des craintes, bien différentes, certes, mais qu’il nous faudrait partager. Peut-être a-t-il vu, en toi et en moi, l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Peut-être a-t-il compris que tes mots feraient le travail à sa place, et que les miens t’aideraient également à retrouver ton chemin. Peut-être avons-nous le même ange gardien ?
    Je commence à m’égarer. Je commence à croire en des choses qui peuvent sembler stupide, mais il est si rassurant de penser qu’il y a d’autres choses, d’autres personnes, au dessus de nous, qui sont en mesure d’arranger les choses.
    Il est si bon de songer, le temps de quelques secondes seulement que quelqu’un détient la clé de tout cela et qu’un jour, tout finira bien. Les choses ne se termineront peut-être pas bien pour tout le monde – et moi la première, je le sais. Mais le plus important n’est-il pas que des gens comme toi, comme mon fils, puissent s’en sortir, posséder le bonheur qu’ils méritent tant ?

    Je ne sais pas s’il n’est jamais trop tard, je me pose justement la question. La mort est-elle une fin en soi ? Si la réponse est non, alors, effectivement, il n’est jamais trop tard pour quoi que ce soit. Si nous restons réalistes, comme tu me le demandes, alors, effectivement, nous ne nous verrons pas. Mais à quoi cela servirait-il, que l’on se rencontre ? J’aimerai voir ton visage, et cesser de me l’imaginer, mais qu’est-ce que cela m’apporterait de plus ? Ce n’est pas ton apparence, qui compte, mais les mots que tu m’écris, ceux qui me remontent si bien le moral, ceux qui apportent un peu de soleil dans l’existence si sombre que je mène au quotidien. Et si tu auras toute ta vie pour m’aimer, alors, j’aurais toute ma mort pour t’observer et te protéger. Je veillerai sur toi, je te le promets.

    Je suis heureuse que tu aies enfin réussi à rêver, après plus d’un mois de cauchemars. La vie est déjà un cauchemar, si la nuit ne nous apporte plus de rêves alors, notre existence est vouée à l’échec. Ce sont les rêves qui nous aident à avancer, ces mêmes rêves qui rapportent un semblant de bonheur dans nos vies qui en sont pourtant dénuées.
    Si notre correspondance t’a aidé à retrouver ce peu de bonheur dans ta vie, alors, j’en suis heureuse. Et sache que ton rêve n’était qu’un aperçu de la réalité. Car tu n’es pas seul, et mes bras se ferment sur toi à chacun de mes mots, mon souffle caresse ta peau à chaque réponse que je rédige, et je te souris à chaque rédaction de mes lettres. J’aimerai pouvoir faire plus, être en mesure de retirer ta peine et tous tes problèmes, mais je n’ai malheureusement pas ce pouvoir. La seule consolation que je peux t’apporter, j’en ai peur, est à travers ces lettres qui n’égalent pas les tiennes. J’espère malgré tout, que tu es conscient que je suis à tes côtés, et ce peu importe la distance. Je suis à tes côtés à chaque décision que tu prends, à chaque geste que tu fais. Pour m’assurer que ces derniers seront les meilleurs pour toi. Je suis à tes côtés, même quand je ne t’écris pas, rien que par la pensée. Et je le serai toujours, peu importe ce que l’avenir nous réserve.

    Je sais que l’arrivée de mon enfant changera le cours des choses, qu’elle les bouleversera à jamais. Cet enfant pourrait être considéré comme une chance donné par le destin, une chance pour ce monde. Mais quel avenir cela lui laisse-t-il ? Celui-ci est déjà tout tracé, il devra certainement sacrifier bien des choses pour que le bien l’emporte dans notre monde. Ce n’est pas la vie que je lui souhaite, une part de moi – égoïste, je l’admets- aimerait que cet enfant soit banal. Les choses seraient tellement plus simples. S’il était banal, je pourrais le voir grandir, je pourrais l’aider à devenir quelqu’un. Mais il ne sera pas banal. Il sera spécial, dès le départ, et il n’y a rien que je pourrais faire pour le guider puisque je ne serai plus de ce monde. C’est certain, cet enfant devra renoncer à bien des choses, et c’est cela que je trouve le plus injuste, tant pour lui que pour moi.


    Je ne sais pas si la chance pourrait m’aider à quoi que ce soit dans le futur. Pourrait-elle m’aider à trouver mon âme sœur, en aurais-je seulement le temps ? J’en doute, malheureusement. Il doit être si bon, si agréable, cependant, d’avoir quelqu’un à aimer, sans retenue, quelqu’un à ses côtés, pour affronter les obstacles de la vie. Tu trouveras certainement une personne comme ça, toi aussi, une personne que tu auras le temps d’aimer – car le temps, c’est tout ce qui me manque à présent pour voir un tel bonheur débarquer dans ma vie.
    Mais je ne m’en plaindrai pas. Je n’ai peut-être personne à aimer, et personne qui m’aime en retour, mais l’amour que je porte à Adam est déjà comme une sorte de consolation. Je l’aime tellement. Je suis prête à tout pour lui, pour son bonheur, et je pense que tu l’as déjà compris. Jamais je n’aurais cru pouvoir aimer quelqu’un de façon aussi inconditionnelle. C’est beau, bon, et douloureux à la fois. Tu le comprendras certainement, plus tard, lorsque tu auras trouvé ta moitié, si ça n’est pas déjà fait.

    Tu as raison. Dès lors que l’on connait notre avenir, s’il ne nous satisfait pas, on fait tout pour aller à son encontre, pour changer le cours des choses. Et s’il nous convient, alors, on fait tout pour qu’il se réalise. Selon moi, rester à ne rien faire reste certainement la meilleure des solutions. Je ne chercherai pas à fuir la mort, même si elle m’effraie. Je l’attendrai, avec l’espoir qu’elle m’épargne finalement. Non, je ne changerai rien. Et si, en affrontant notre avenir, en acceptant le sort que le futur nous réserve, le destin se décidait à tout changer ? J’ai envie de croire en ça. Et puis, comme tu l’as dit, l’espoir fait vivre. Alors, j’espère. J’attendrai. Chaque jour supplémentaire sera pour moi une consolation, une victoire. Chaque jour de plus passé aux côtés d’Adam, à l’aimer et le protéger, sera comme un cadeau pour moi, un cadeau que je conserverai précieusement. Et si, effectivement, le destin me laissera un peu de répit, alors, je me mettrai à croire en toutes ces choses dont tu m’as parlé : en l’amour, en l’âme sœur… Et là encore, je l’attendrai.
    Je suis, à vrai dire, lasse de me battre. Peut-être est-ce la femme enceinte qui parle… Oui, quand on porte la vie en soi, on a tendance à être plus fatiguée, physiquement du moins. Moralement… Tout est différent. Tout est accentué. La peur, la joie, la peine… tous ces sentiments s’amplifient dès lors qu’une femme tombe enceinte. C’est certainement pour cette raison que je n’ai jamais eu autant peur de l’avenir, pour cette raison également que je n’ai jamais aimé comme j’aime aujourd’hui, espéré comme je le fais également à ce jour.


    Tu ne dois pas cesser de te répéter cette phrase. Tu n’es pas un monstre. Si cette phrase s’efface de ton esprit, alors, je m’efforcerai de la faire revenir, inlassablement. Tu ne dois pas laisser le doute s’insinuer dans ton esprit, tu ne dois pas écouter autre chose que cette simple phrase. Cette phrase, qu’elle sonne faux ou pas, dans ta tête, et dans ta bouche, est bel et bien réelle, crois moi. N’écoute pas le reste. Pour une fois, je te demande quelque chose : de me faire une confiance aveugle.
    Je sais que tu n’es pas certain de ce que j’avance, mais moi, j’en suis certaine. Jamais je n’ai été aussi certaine d’une chose, je peux te l’assurer. Cette voix, c’est elle le monstre, elle qui veut te faire virer du mauvais coté, en te persuadant d’une chose plus que fausse. Je ne sais pas si je suis effectivement celle qui te sauve, mais une chose est sûre : je veux te sauver, certainement autant que je veux voir Adam grandir.


    Garde en mémoire cet avenir que tu t’imagines, gardes le au plus profond de ton cœur… Je suis certaine que tu finiras par réaliser tes rêves. De toute ta vie, tu ne connaitras que l’innocence. Le mal ne te touchera pas. Jamais. Vivante ou morte, je l’empêcherai de t’approcher, et de te toucher. Et je suis certaine que tu en feras autant. Tu as le pouvoir de contrôler ta vie, de devenir ce que tu veux, et d’atteindre tes objectifs, et tes rêves les plus fous. Tu as ce pouvoir car tu possèdes en toi ce que ce monde connait de plus beau et de plus merveilleux : l’amour. Ton amour te sauvera. Ton amour te préservera du mal, et te fera obtenir tout ce dont tu as toujours rêvé. Je t’en fais la promesse. Et lorsque tu seras vieux, aux côtés de celle que tu aimes, alors, tu repenseras à ces mots que je t’ai dit, et tu constateras que j’avais raison. Et de là ou je serai, je retiendrai un léger « je te l’avais dit », pour te laisser savourer encore et encore ce bonheur que tu auras tant mérité.


    Je suis heureuse, pour toi. Heureuse de savoir que tout se passera bien, que tu resteras le même, et que tu connaitras le bonheur. Ca me redonne foi en la justice de ce monde, de savoir que des gens aussi bons que toi obtiennent un jour tout ce dont ils ont toujours rêvé. Ce soir, je ne rêve plus que d’une seule chose : que mon fils connaisse cela, lui aussi.
    C’est avec ces derniers mots, et ce dernier souhait que je vais te laisser, je m’en vais rêver d’un avenir meilleur, d’un avenir dans lequel tous les problèmes de ceux que j’aime auront disparu, et où seul l’amour domine.

    N’oublie pas : « Tu n’es pas un monstre ». Et continue d’espérer, aussi longtemps que possible, car l’espoir fait vivre…

    Avec tout mon amour,
    A.J

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