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Underneath the stars. ♦ ft. Quinn (terminé)

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Message par Montana D. Jones Lun 8 Mar - 1:26


« Hey Jones, encore à rêvasser ? », « Dis donc Jones, à quand ta prochaine hallucination ? »
J'émis un soupir, promenant une main dans mes boucles brunes. Deux heures que j'étais assise là, dans le fauteuil le plus confortable de la salle commune, situé près de la cheminée et pourtant, pas moyen de me concentrer. Les souvenirs me hantaient : les visages de Tradd, de Curtis, mon inquiétude quant à la grossesse de Tabatah ... tout cela devenait bien trop pesant pour me permettre de me concentrer, et le bruit assourdissant produit par mes camarades de classe - inhabituellement déchaînés ce soir-là - ne m'autorisait que fort peu de réflexion... surtout quand ces derniers s'acharnaient à me harceler de leurs moqueries et de leurs quolibets. Tordant nerveusement entre mes doigts le coin de la page que je m'efforçais de lire et de mémoriser depuis un bon quart d'heure maintenant, j'entrepris d'ignorer de mon mieux le groupe de plaisantins derrière moi, qui se croyaient malins de perturber une élève en train de travailler. J'avais cru que les évènements du bal auraient changé les mentalités, mais ce n'était visiblement pas le cas pour tout le monde. J'avais pourtant noté quelques évolutions encourageantes, seules conséquences positives de l'attaque ; et pourtant, à cet instant, je ne parvenais pas au fond de moi à me réjouir. Je le savais : j'aurais donné beaucoup, préféré de très loin affronter les insultes et l'incrédulité de mes camarades si cela avait pu éviter les récents évènements, sauver les malheureux qui avaient péri ce soir-là.

Mais je n'avais pas le pouvoir de changer le passé ; seulement, peut-être, celui d'anticiper le futur. Cependant j'étais lasse, lasse de ne pas être crue, fatiguée d'être impuissante parce que traitée d'affabulatrice ou de menteuse par mes détracteurs. Au mieux, on disait de ma personne que je manquais de confiance en moi et éprouvais un besoin maladif de reconnaissance ; au pire, on me disait aussi mythomane que l'excentrique Pearl Smythe. Tout cela ne m'aurait pas autant atteinte en temps ordinaire, si je n'avais eue la sensation d'être parfaitement inutile et, plus que tout, sur le chemin de l'échec. Les choses n'allaient pourtant pas si mal que ça : Tabatah était sauve ainsi que son enfant à naître, l'accouchement n'allait plus tarder à présent. Quant à Tradd, il était toujours bien vivant ; mais pour combien de temps ? La hargne d'Andrews à son égard s'était encore accrue, au point qu'il avait désormais ordonné sa mort. Je ne redoutais qu'une chose : qu'on retrouva un jour le Poufsouffle étendu au sol dans un couloir sombre, sans vie. J'en faisais des cauchemars et je dormais mal, bien que mes visions concernant le décès de Tradd aient cessé de me tourmenter. J'avais le plus grand mal à éviter Andrews et ses sbires : Clyde et Keaton ignoraient certainement jusqu'à mon existence, quant à Emalee Gilliam, elle était bien trop populaire et enfermée dans son petit monde en or pour remarquer ma présence. Ce n'était malheureusement pas le cas de Quinn, sa meilleure amie, qui ne cessait de me haranguer dès que j'avais le malheur d'apparaître dans son champ de vision. Etat de faits qui ne plaisait guère à mes amis les plus vindicatifs, parmi lesquels Emerson : or, j'avais beau apprécier énormément leur soutien et leur ardeur à me défendre, ils ne faisaient malheureusement qu'exciter un peu plus la colère d'Harper à mon égard.

Toutefois, quelque chose avait changé chez Quinn ces derniers temps - même moi, qui la détestait cordialement et la fuyait autant que possible, je l'avais remarqué. Elle semblait triste, éteinte, moins ardente qu'à l'ordinaire ... moins sûre d'elle aussi. J'avais été choquée le matin même en descendant à la Grande Salle, Veda babillant à mon bras de choses et d'autres et quémandant sans cesse mon approbation, de voir des larmes dévaler ses joues tandis que nous l'avions croisée, seule à la table des bleus, ce qui était en soi suffisamment rare pour être remarqué. Elle m'avait lancé un regard noir : j'avais alors envisagé sérieusement l'éventualité de lui plonger la tête dans son bol de porridge, mais y avais finalement renoncé après un instant de réflexion. Je n'étais pas mauvaise, du moins, pas au point d'alourdir d'une vengeance médiocre et petite les malheurs des autres. Depuis deux ans qu'elle était à Poudlard, jamais je n'avais vu Harper pleurer ; malheureusement pour elle, j'avais du mal à accorder cette image à celle, plus sombre, à laquelle je l'associais : une silhouette cagoulée, brandissant une baguette et assassinant un élève. Aussi étais-je passée devant elle avec hauteur, serrant étroitement le bras de Veda, me dirigeant vers le bout de table sans même la saluer ou lui adresser le moindre regard.

Agacée par le brouhaha environnant, je refermais mon livre d'un coup sec et le fourrais dans mon sac, avant de quitter la salle commune. Pas moyen de m'entendre penser dans cet endroit bondé : il me fallait donc m'isoler. Réalisant que cela faisait un petit moment à présent que je n'avais contemplé les étoiles, moment privilégié que j'aimais m'octroyer au domicile parental en Irlande, j'entrepris de monter sans bruit les escaliers conduisant à la tour d'astronomie. D'humeur déjà plus légère, je poussais la porte sourire aux lèvres, mais déchantais rapidement à la vue du balcon. Là, une silhouette désagréablement familière semblait n'attendre que moi pour se retourner et me narguer ; je m'apprêtais aussitôt à tourner les talons : trop tard. La jeune fille m'avait vue. Merlin, qu'avait-elle donc à croiser mon chemin en permanence ? Moins j'approchais cette personne et mieux je me portais, pourtant, le sort semblait s'acharner. Merlin, pourquoi ces choses n'arrivaient-elles qu'à moi ? Fallait-il que je sois maudite !

« Harper ... tiens donc. Pardonnes-moi de ne pas trépigner de bonheur ... problème de lunbago. » répliquais-je amèrement.



Dernière édition par Montana D. Jones le Lun 5 Juil - 21:00, édité 3 fois
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Message par Quinn Harper Mar 9 Mar - 2:05

    Toute cette histoire dégénérescente avait eu plusieurs effets dévastateurs sur ma personne. D'abord, j'avais eu des cauchemars, des périodes où les larmes ne pouvaient être retenues qui peu à peu s'était évaporé pour n'apparaître que la nuit lorsque je me réveillais trempée et déboussolée. À ces moments-là, j'étais soulagée d'avoir la présence familière d'Emalee près de moi, ses bras me berçant comme si je n'étais rien d'autre qu'une enfant. Cependant, j'allais mieux, retrouvant peu à peu cet aplomb qui me caractérisait généralement. Sans pour autant redevenir celle que je fus avant l'attaque. Lorsque je n'y faisais pas attention, mes traits reprenaient cet air éteint que je n'aimais que trop peu. Outre ces crises nocturnes et cette perte de confiance, il y avait aussi l'angoisse permanente. Celle qui me hantait au moment de sortir de la salle commune de ma maison, de peur que Aden se trouve dans le couloir de l'autre côté de la porte, ou encore celle qui me suivait la journée et les questions qui venaient avec ; et s'il était au détour d'un couloir? S'il me suivait sans que je ne m'en soit rendu compte? Et s'il m'attendait dans la Grande Salle? Pourtant, jusque-là, rien de tout cela n'était arrivé. La majorité du temps, j'étais en compagnie d'Emalee ou de Clyde ce qui me rassurait plus ou moins. Je doutais que la première puisse quoi que se soit contre mon bourreau, Ema’ était si douce, si fragile, comme pourrait-elle me défendre? Cette simple pensée était ridicule, c’était habituellement à moi de la protéger, par l’inverse. Quant à Clyde, je ne savais pas trop de quoi il en retournait et je n’étais pas certaine de souhaiter le savoir.

    J’avais néanmoins décidé de prendre les choses en mains, je n’allais tout de même pas me reposer sur eux indéfiniment, ce serait absurde. J’avais donc quitté la bibliothèque où nous étions tous les trois, plongés dans des livres poussiéreux traitant d’information divers, bien que je n’avais pas réussit à me concentrer suffisamment pour comprendre de quoi le mien traitait. Je m’étais donc lever sous leurs regards inquisiteurs. J’avais tenté de les rassurer en leur disant que je pourrais bien me rendre à la salle commune sans grand risque. Mais mes pas m’avaient conduit ailleurs que dans la salle commune des Bleus et Bronze. J’avais grimpé la volée de marche menant à la tour d’Astronomie. Le sommet le plus haut de l’école de magie que je détestais tant était d’une tranquillité inimaginable. Trop éloigné pour être atteint par le brouhaha que l’on pouvait retrouver à des points précis dans Poudlard. J’avançai jusqu’au balcon qui surplombait le parc, m’assoyant à demi sur le parapet, le dos au mur, les jambes allongées pour maintenir un semblant d’équilibre et les bras croisés, j’observais la tranquillité du soir. Je pouvais entendre, avec une clarté qui m’étonna, le bruissement du vent dans les arbres dénudés de la forêt interdite. Sous la faible lune, la neige s’étendait comme une plage de sable blanc immense qui ne se terminait que par la majestueuse grille de fer forgée qui me semblait minuscule.

    Je restai ainsi pendant longtemps, bien que cela me paraisse court. Ce fût la porte de bois massif qui tournait sur ses gong rouillés qui me fit sortir des mes rêveries. Pendant un instant, je n’osai pas me retourner, et si c’était lui? Mais les quelques pas sur le sol était trop léger pour lui appartenir. Une lueur d’angoisse dans les yeux, je tournai la tête vers l’intruse. Dans la faible lumière ambiante, je distinguai facilement la silhouette de Montana D. Jones. Seigneur, pourquoi fallait-il que je tombe sur elle? Cette fille me rappelait sans cesse la petite blondinette à la silhouette maladive nageant dans des vêtements toujours trop grands qui avait rapidement été associé à mon enfance. Bien que physiquement, Montana et cette amie défunte ne se ressemblait pas, si ce n’était cette façon de se tenir. Chaque fois que je voyais cette petite mythomane, je ne pouvais m’empêcher de penser à Liv, c’est sans doute pourquoi je n’aimais pas cette fille. Qui était-elle pour réveiller mes vieux fantômes que j’avais mis tant de temps à enterrer? Surtout dans un moment comme celui-là ou je me sentais si abattue que je ne me reconnaissais plus moi-même. Une lueur peu encourageante s’alluma toutefois dans mon regard. Était-ce ainsi que la boucle se fermait? Montana dans le rôle de l’innocent lemming et moi dans celui de son prédateur qui referme ses serres autour d’elle? Ce serait tellement facile. Trop facile même.

    « Harper ... tiens donc. Pardonnes-moi de ne pas trépigner de bonheur ... problème de lunbago. »

    Étonnement un rire aussi claironnant que le tintement d’une clochette d’argent s’échappa de mes lèvres devant ses paroles, un rire qui me surprit moi-même tant la touche de légèreté était présente. Il y avait la possibilité que se rire sonne faux aux oreilles de mon aînée, je me demandais moi-même s’il était sincère, autant dans sa légèreté que dans la menace qu’il semblait faire plané. Oui une menace, car je n’allais surement pas laisser cette petite insolente m’adresser la parole ainsi. Me redressant, je m’approchai d’elle de quelques pas, m’arrêtant à plusieurs mètres d’elle encore, un sourire grinçant étirant mes lèvres. Depuis qu’elle m’avait vu pleurer, je détestais encore plus cette fille et j’avais bien l’intention de lui faire sentir. Elle n’avait fait aucun commentaire, certes, mais toutes excuses étaient bonnes pour la martyriser un peu plus, si vous voulez mon avis.

    «Toujours aussi agaçante, à ce que je vois, les choses ne changent pas. »

    Je m'approchai encore un peu d'elle d'un pas dansant, la main sur la hanche, l'autre jouant avec une mèche de cheveux rebelle. Mon attitude assurée avait toujours eu quelque chose d'intimidant que j'aimais bien et alors que j'essayais doucement de reprendre ces vieilles marques qui avait fait de moi celle que je suis. Inclinant la tête, je l’observais de la tête aux pieds d’un air mi-intéressée, mi-ennuyée. C’est qu’il fallait avouer que Jones était tout sauf intéressante à mes yeux, elle ne faisait que me rappeler des souvenirs d’enfants trop douloureux qui ne valaient peut-être pas la peine d’être revécut des années plus tard. Je lui tournai autour, jusqu’à ce que je sois de nouveau face à elle, sans que mon expression n’ai changée.

    «Avec un peu de chance, tu es venus abréger ta misérable vie, un loque de moins dans cette école ne ferait sans doute pas de mal, remarque. Si tu veux, je peux même t'aider à te jeter en bas de la tour, histoire de me montrer charitable pour une fois. »

    Je m’arrêtais dans mon élan, observant ses réactions avec délice, une petite moue enfantine sur le visage. Inclinant la tête, je caressai sa joue du bout des doigts, avant de lui relever le menton d’une légère pression. Doucement, ma moue se changea en un air plus tyrannique en observant les traits de la sang-mêlé, une vulgaire sang-mêlé, rien de plus.

    «J’oubliais que tu devais être d’une lâcheté digne de ton sang, mais il y a quand même un vague espoir, non? Tu n’es pas si impur que ça…Je devrais peut-être me montrer plus clémente avec toi» Je relâchai son menton, recula d’un pas sans cesser de l’observer. Plus clémente avec elle? Et quoi encore. «Malheureusement pour toi, je n’ai aucune envie d’être clémente, ca nuirait à ma réputation »
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Message par Montana D. Jones Mar 9 Mar - 21:53


J'émis un lourd et profond soupir, détaillant Harper sans conviction. Merlin, ne serais-je donc jamais tranquille ? Moi qui n'aspirais qu'au calme et à la tranquillité de cette soirée d'hiver, seule avec la lune marmoréenne et son reflet changeant dans le lac, pourquoi semblais-je condamnée à rencontrer cette garce partout où j'allais ?
Décidée pourtant à ne pas céder le moindre pouce de terrain, j'avançais lentement jusqu'au centre de la pièce à ciel ouvert. Faire demi-tour et tourner les talons ? C'était devenu hors de question ; et puis quoi encore, je n'allais tout de même pas me laisser impressionner par une fillette de trois ans ma cadette ! La sagesse - cette même sagesse dont on nous rebattait les oreilles, que l'on considérait comme l'apanage des bleus et bronze - me commandait de me retirer prudemment et de trouver refuge dans mon dortoir, mais un zeste d'orgueil demeurait en moi qui m'interdisait rigoureusement de fuir la confrontation. Il y avait trop longtemps que les paroles acides, les insultes et les menaces à peine voilées de Quinn me poursuivaient, trop longtemps que son rictus mauvais hantait le moindre de mes pas ... trop longtemps, aussi, qu'elle jouait avec la vie de Tradd alors qu'elle avait pour mission de l'abréger. Cette fille était à mes yeux le mal incarné ; qu'il pût y avoir une part de bien en elle m'échappait totalement, et en aurais-je eu conscience, il n'était pas certain que je l'eus pris en considération. Elle n'était à mes yeux qu'une meurtrière et un obstacle sur ma route - rien de plus.

Une lueur assassine fort peu rassurante s'alluma dans les yeux d'Harper lorsqu'elle m'aperçut : n'importe qui face à ce regard se serait enfui en courant, mais je tins bon et demeurai immobile. Il n'était aucunement dans mon intention de lui montrer qu'elle m'impressionnait, me terrorisait même ; piochant dans des réserves de courage insoupçonnées, je la dévisageais calmement. Etant donné que de manière parfaitement visible je la dérangeais, je m'attendais presque au fond de moi à ce qu'elle sortit sa baguette pour me provoquer mais, étonnement, elle éclata simplement d'un rire aigu. Grinçant discrètement des dents tant cette hilarité sonnait faux, je me contentais d'attendre paisiblement qu'elle voulut bien cesser de se gausser comme une hyène, la fixant d'un oeil perplexe - montrant clairement ainsi que son rire perçant ne m'impressionnait guère.

Je suivis d'un regard froid ses moindres mouvements tandis qu'elle évoluait vers moi, ne la quittant pas des yeux une seule seconde ; cette immonde vermine était bien fichue de me lancer un maléfice dès que je tournerai le dos. Il faisait froid, le souffle glacé qui s'échappait de mes lèvres m'en informait ; mais le feu brûlant qui irriguait mes veines - que la présence de Quinn provoquait, je n'avais aucun doute là-dessus - semblait me tenir chaud, irradiant tout mon corps d'une douce tiédeur. Les mains dans les poches de ma cape de sorcière, je refermais les poings sur ma baguette en bois d'eucalyptus : sa proximité, la douceur parfumée du bois dont elle était constituée et les motifs entrelacés sur son manche me rassurèrent. Au moins n'étais-je pas totalement démunie et sans défenses face à Harper : j'étais armée, plus âgée qu'elle de trois bonnes années et possédais en conséquence le surplus d'expérience que cela entraînait. On ne pouvait pas réellement affirmer que j'étais studieuse et passais tout mon temps à travailler, mais j'avais lu et mémorisé avidement quantité de sortilèges parmi les plus utiles, que je pratiquais pour la plupart à la perfection. Je manquais certes de l'esprit belliqueux qui faisait les grands duellistes, mais jamais je n'avais reculé devant une provocation en duel - question de principe ; mieux vaut perdre la tête haute que fuir le regard bas.

« Toujours aussi agaçante, à ce que je vois ... les choses ne changent pas. »

Lui dédiant mon plus beau sourire, j'ôtais quelques mèches de devant mon visage d'un geste lent et assuré.

« Si, Harper, certaines le font. Quant à mon aspect agaçant ... j'ai été à bonne école, » répliquais-je simplement, posant sur elle un coup d’œil étincelant de sarcasme. « Tu oublies que je t’observe depuis ton arrivée ici petite fille, c’est-à-dire – au cas où tu ne saches pas compter, sait-on jamais – près de trois ans maintenant. Trois ans, c'est largement suffisant pour observer une peste m'as-tu-vue. »

Je l'observais s'avancer vers moi de son pas dansant, feignant une assurance qu'elle ne ressentait pas - je l'avais constaté le matin même - et la contemplais, stoïque, tel un serpent attendant que sa proie se rapproche. Je la suivis des yeux tandis qu'elle me tournait autour, m'examinant avec une expression à mi-chemin entre la curiosité et l'ennui. « Avec un peu de chance, tu es venue abréger ta misérable vie, une loque de moins dans cette école ne ferait sans doute pas de mal, remarques. Si tu veux, je peux même t'aider à te jeter en bas de la tour, histoire de me montrer charitable pour une fois. » Elle s'approcha de moi ; elle était proche, beaucoup trop à mon goût. Ses doigts coururent le long de ma joue, pour finalement relever mon menton d’un geste autoritaire. J’attrapai ses phalanges d’un mouvement vif et les pressai sans faillir d’une poigne solide, les tordant juste assez pour ne pas les briser, mais suffisamment néanmoins pour que cela soit très douloureux, plongeant mes pupilles chocolat dans les siennes. Je n’étais pas violente, mais je ne la laisserais pas me menacer ou se conduire envers moi de façon inconvenante. Pas plus que je n’escomptais lui faire sentir que, au fond, j’avais tout de même peur d’elle : après tout, dans l’histoire, c’était moi qui tenais les cartes en main. Un mot de ma part à un professeur, et elle et toute sa joyeuse petite clique de bras cassés revanchards se retrouveraient expédiés à Azkaban, ou à tout le moins – pour elle et sa précieuse Emalee – en maison de correction. Si j'avais pu avoir un soupçon de doute en observant Gilliam et sa bonne humeur habituelle, il s'effaçait instantanément face à Harper, et la voir souffrir à l'idée que sa petite protégée puisse subir les conséquences de ses ignominies ne provoquait en moi qu'un doux sentiment de sécurité.

« J’oubliais que tu devais être d’une lâcheté digne de ton sang, mais il y a quand même un vague espoir, non ? Tu n’es pas si impure que ça … Je devrais peut-être me montrer plus clémente avec toi. Malheureusement pour toi, je n’ai aucune envie d’être clémente, ca nuirait à ma réputation. »

Elle dépassait les bornes. Mon sang ... je l'attendais au tournant, m'y étais préparée. Mon sang ne fit qu'un tour et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « Crucio », la pointe de ma baguette appuyait sur sa peau blafarde de monstre cadavérique. Je relevais le menton d'un air hautain et la dévisageais froidement, comme si elle n'était rien de plus qu'une saleté sur mes chaussures qui faisait tâche - ce qu'à mes yeux elle n'était pas loin d'être. À cet instant, j'étais un aigle planant calmement au-dessus des criaillements que le misérable rat qu'elle représentait s'efforçait de me cracher au visage, et rien de ce qu'elle pouvait dire ne pouvait m'atteindre, sortant de pareille trappe à saletés.

« Ne me touches pas avec tes mains sales, pauvre égoïste. Figures-toi qu’en te voyant là j’ai plutôt songé à écourter ton existence à toi ; mais je craindrais trop que ton petit Clyde ait une attaque, vu qu’on me décorerait sans doute pour service rendu à l’école. Remarques que moi au moins, je serais décorée de quelque chose. Charitable, clémente ... encore faudrait-il que tu aies la moindre notion de la signification de ces mots, mais je ne pense pas qu'une personne telle que toi soit à même de comprendre de tels concepts. Il est clair en revanche que tu es bien placée pour parler de lâcheté, n'est-ce pas Harper ? » Je laissais planer un petit silence entre nous, impassible ; je ne voulais pas trop en révéler et lui donner l'occasion de comprendre que je savais qu'elle avait participé à l'attaque, et à quel point ses petits copains et elle y étaient impliqués. Mais c'était tout de même plus fort que moi : j'en avais assez des frasques et des moqueries de cette péronnelle et je voulais qu'elle tremble. Que la peur la possède brutalement et ne la quitte plus, comme elle s'était insinuée en moi le soir du bal lorsque j'avais vu Tradd en danger. « Quant à ta réputation ... ma chère, encore faudrait-il que tu en aies une. Tu n'es personne ici : rien que le faire-valoir d'un petit roquet revanchard à l'ego froissé. » Anticipant une réaction, j'appuyais plus fortement la pointe de ma baguette contre son cou - de façon douloureuse cette fois. Qu'elle s'avise seulement d'essayer de m'effleurer une fois de plus et elle se le prendrait, son mauvais sort : je n'attendais que ça.

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Dernière édition par Montana D. Jones le Mar 23 Mar - 22:20, édité 1 fois
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Message par Quinn Harper Ven 12 Mar - 1:21

Jones n'avais pas réagit devant ce rire perçant qui avait franchit la barrière de mes lèvres, j'aurais bien plus resté muette comme une tombe, cela serait revenu au même je suppose. Le fait qu'elle réagisse ou non m'importait peu, son regard perplexe ne rendit le mien que plus meurtrier. Cette fille m'insupportait de plus en plus, même dans son immobilité elle me paraissait aussi agaçante qu'un moustique nuisible qui vous tourne autours de la tête, bourdonnant dans vos oreilles à n'en plus finir. C'est ainsi que je voyais cette menteuse invétérer. Enfin, lorsque je laissais la rage prendre le dessus, autrement, elle me rappelait toujours ce fantôme qui avait longtemps hanté mes rêves et mes cauchemars avant d'être enterrer pour de bon, et déterrer par Montana. C'était sans doute pour cela que je la détestais tant, il était toujours plus facile de haïr que d'apprécier, surtout dans mon cas. Alors que les dernières notes de mon rire s'effilochaient, je la laissai me suivre du regard sans rechigner pendant que je lui tournais autour.

« Si, Harper, certaines le font. Quant à mon aspect agaçant ... j'ai été à bonne école, »J'eu un rire sec, ignorant son coup d'œil sarcastique sur ma personne, j'allais répliquer quelques choses d'acerbe lorsqu'elle continua sur sa lancer. « Tu oublies que je t’observe depuis ton arrivée ici petite fille, c’est-à-dire – au cas où tu ne saches pas compter, sait-on jamais – près de trois ans maintenant. Trois ans, c'est largement suffisant pour observer une peste m'as-tu-vue. » Une peste m'as-tu-vue, moi? C'était bien mal me connaître. Certes, j'étais peut-être, je dis bien peut-être, un peu peste, mais ça s'arrêtait là. Je ne brillais que par la confiance que je dégageais généralement, mais ça s'arrêtait-là. Je ne faisais pas tout pour que l'on me remarque comme ces pouffiasses qui raccourcissaient leurs jupes et qui déboutonnaient leur chemisier pour avoir un décolleter malgré l'uniforme de Poudlard. D’ailleurs, ce fut un sourire cruel qui étira mes lèvres devant les paroles de mon aînée, alors que je me penchais vers elle pour lui murmurer d’une voix mielleuse, comme un secret :

«Ce n'est pas moi qui essaie d'attirer l'attention sur ma misérable personne en inventant un don que seuls les plus sages sorciers devraient avoir »

Était-elle dupe de cette confiance fabriquée de toute pièce? Je n'étais pas prête à parier ma vie là-dessus. Je la laissais m'observait avec cet air de stoïque, ne laissant que paraître qu'un sourire en coin sur mes lèvres. Un sourire qui disparut rapidement lorsqu'elle attrapa mes doigts et écrasa mes jointures. Mon nez se plissa sous la douleur pendant une fraction de seconde avant que mes lèvres s’étirent de nouveau plus durement. Certes, mes phalanges me faisaient un mal de chien, certaines d'entre elles craquant sinistrement sous la pression, mais si elle croyait me faire mal, elle se trompait. Enfin, plus ou moins, la douleur était tout juste supportable, mais ce n'était rien à côté de ce que je supportais depuis cette fameuse nuit de bal. Mes yeux d'un bleu sombre se fichèrent dans les siens d'une couleur encore plus sombre. J'aurais pu, aisément, sortir ma baguette, mais n'en fit rien encore. Dans une mimique entre la grimace de douleur et le sourire sadique. J'eu néanmoins le malheur de continuer sur ma lancé. En moins de deux, je sentis sa baguette s'appuyer sur ma peau. Le visage de Montana exprimait de la froideur, ce qui m'amusa, mais mon sourire tordu s'était effacé pour faire place à une lueur dangereuse dans mes prunelles qui ne lâchait pas une seconde.

« Ne me touches pas avec tes mains sales, pauvre égoïste. Figures-toi qu’en te voyant là j’ai plutôt songé à écourter ton existence à toi ; mais je craindrais trop que ton petit Clyde ait une attaque, vu qu’on me décorerait sans doute pour service rendu à l’école. Remarques que moi au moins, je serais décorée de quelque chose. Charitable, clémente ... encore faudrait-il que tu aies la moindre notion de la signification de ces mots, mais je ne pense pas qu'une personne telle que toi soit à même de comprendre de tels concepts. Il est clair en revanche que tu es bien placée pour parler de lâcheté, n'est-ce pas Harper ? » Je serrai les dents en sentant la rage naître en moi alors que ma main voleta pour empoigner ma baguette d'un geste rapide et précis. La pointe de ma baguette de chêne se ficha sous son sein appuyant fortement contre sa peau. La petite lueur menaçante qui avait été présente dans mes yeux depuis son arrivé ici devint incandescente. Pour qui elle se prenait cette petite poufiasse agaçante? Lâche, ah, c'était la meilleure, vraiment.


« Et si tu te la fermais, Jones? Tu ne me connais pas, oh mais bien sûr, tu sais tout, n'est-ce pas? Tu es pitoyable»

Sa baguette s'appuya plus durement sur ma gorge, rendant ma respiration douloureuse. Je reculai d'un pas, tordant mes doigts entre les siens, la griffant pour me dégager. Une fois que la douleur s'amenuisa, une moue de petite fille s'afficha sur mes traits. La main ouverte, ma baguette vint taper le rythme contre ma paume alors que je me remis à tourner autour de Jones, d'une démarche toujours assurée. Je n'attendais qu'un mauvais mouvement de sa part pour la faire atrocement souffrir. J'avais appris la magie noir, l'apprivoisant jusqu'à ce qu'elle devienne une seconde nature. Pourtant, je n'allais pas utiliser cela contre elle, je n'étais pas assez idiote pour me trahir aussi stupidement, mais j'imagine qu'elle me sous-estimait, n'étais-je pas plus jeune qu'elle? Néanmoins, j'avais appris beaucoup au près de Clyde.

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Message par Montana D. Jones Mar 23 Mar - 23:18


Ma baguette toujours pointée sur la gorge d'Harper, mes yeux chocolat lançant des éclairs, j'attendais une réaction quelconque, guettant un retour de sortilège. Ma rivale avait beau être à mes yeux d'une bêtise affligeante, je ne lui en reconnaissais pas moins un certain caractère : jamais de ma vie je ne l'avais vue se faire ouvertement provoquer sans répondre à l'outrage. Je raffermis donc ma prise sur le morceau de bois magique et la dévisageais calmement, mes lèvres formant un méchant pli de colère qui ne me seyait guère, tant mes traits et mon visage y étaient peu habitués. Mais cette fois, j'en avais assez de contenir toute la rage et la frustration qui m'habitaient depuis maintenant plusieurs semaines, et la présence d'Harper était en quelque sorte la goutte qui faisait déborder le chaudron. J'avais mauvaise conscience de me lancer ainsi dans un conflit ouvert où j'exposais ma vie, me sentais lointainement coupable de risquer mon existence et d'abandonner Tabatah, mais j'en avais résolument ma claque de me laisser écraser les orteils par un groupe de petits m'as-tu-vu sans envergure aux chevilles trop enflées. « Désolée Tab' » pensais-je vaguement, « tu devras peut-être te débrouiller sans moi finalement. » Serrant les doigts sur ma baguette, je défiais mon ennemie du regard. On me détestait souvent pour mes visions - que la plupart des gens considéraient comme de purs et simples mensonges - mais avec Quinn, c'était ... différent. En quoi, je n'aurais su le dire, mais je percevais chez elle une antipathie, une hostilité latente et une haine épidermique qui n'avaient rien de rationnel. Mais à cet instant, autant dire que je me fichais royalement de ce qui motivait sa furieuse envie de me détruire : je ne souhaitais qu'une chose, écraser cet insecte qui me piquait au talon depuis trop longtemps.

« Ce n'est pas moi qui essaie d'attirer l'attention sur ma misérable personne en inventant un don que seuls les plus sages sorciers devraient avoir. »

Seul les plus sages sorciers ... Merlin, c'était donc ça ?! Quinn Harper était ... jalouse ?! Je peinais à y croire. Etait-ce donc si simple, si banal ? J'éclatais d'un rire franc et réjoui sans toutefois la quitter des yeux.

« Ma pauvre enfant ... voilà bien la preuve que tu ne connais rien aux formes de magie les plus complexes et les plus brumeuses. La divination n'est pas un art qui se contrôle, pas plus qu'un don allant à ce que tu appelles les 'sages'. Et compte tenu du sens que tu accordes probablement à ce terme, j'aime à penser que c'est heureux ... »

Posant sur elle un coup d'oeil goguenard et pour le coup franchement provocateur, je lui adressais mon sourire le plus éclatant. Je ne parvenais pas au fond de moi à revenir de ce que je venais d'apprendre. Quinn n'était pas seulement détestablement insupportable, égocentrique et sotte ... elle était également jalouse de la notoriété que je parvenais bien malgré moi à m'attirer. J'avais beau l'être en mal, au moins on pouvait dire de moi que j'étais connue - ce qui n'était pas son cas. « Devraient avoir », avait-elle dit : c'était donc qu'au fond, elle me croyait ! Elle avait beau le nier, prétendre avec force que je fabulais, elle n'en était pas moins convaincue jusque dans certaines de ses paroles que j'avais effectivement certaines prémonitions - sans quoi, jamais elle n'aurait usé de semblables termes. La grimace de souffrance qui avait envahi les traits d'Harper me procura un intense mais bref sentiment de jubilation, expression que j'abandonnais rapidement au profit de l'étonnement le plus vif. Je n'étais pas sadique, jamais je ne m'étais délectée de la souffrance d'autrui, mais la satisfaction qui m'avait envahie à la vue de la douleur d'Harper m'avait emplie d'une douce extase qui m'était parfaitement étrangère. Pourtant, lorsque son regard se posa de nouveau sur moi, je compris la raison de tant de contentement : le regard de Quinn était sombre, haineux, presque dévorant ; ses yeux, semblables aux pupilles d'un félin prêt à meurtrir avec délectation sa proie favorite qui venait de lui retourner un coup de griffe. Je comprenais à cet instant pourquoi j'aspirais tant à la mettre hors d'état de nuire : cette fille était un monstre, un fauve qui me déchirerait moi ainsi que ceux qui m'étaient chers dès qu'il en aurait l'occasion. En quelques secondes, la baguette de mon ennemie vint appuyer contre ma poitrine : si elle croyait ainsi m'impressionner, elle se trompait. Peut-être avait-elle l'avantage de la magie noire et l'aiguillon de la haine qui lui lacérait le coeur, mais en ce qui me concernait, je me battrais - si duel il devait y avoir - pour ceux que j'aimais : je n'avais pas de meilleure motivation. Ma vie elle-même, ma pauvre existence si chétive n'était rien à mes yeux si par ma mort je pouvais les sauver ou leur venir en aide. Alors, que pouvait donc bien m'enlever cette petite péronnelle ? Pourquoi me détestait-elle à ce point ?

J'avais besoin de savoir, il fallait que j'apprenne pourquoi elle me haïssait tant. Fixant sans faillir ses prunelles océances, j'entrepris de scruter ses traits, cherchant de toutes mes forces un signe, un indice qui eut pu m'éclairer. Soudain ce fut comme un éclair éblouissant, et un mal de crâne infiniment plus puissant que la normale envahit ma tête tel un flash fulgurant. Les images défilaient devant mes yeux, effaçant de ma vue les traits d'Harper : il y avait des lumières vives, une chambre d'hôpital ... je ne comprenais pas ce que je voyais. Une petite fille au crâne chauve ...

« Liv. » balbutiais-je, hébétée, une main portée à mon front brûlant. Pourquoi ce prénom que je n'avais jamais connu m'était-il venu aux lèvres ? Parce que c'était celui de la petite fille, me souffla dans ma tête une voix inconnue. Qu'avais-je vu exactement ? Cela n'avait rien d'une vision, non, ce n'était pas la même chose : de cela j'étais certaine. De quoi pouvait-il donc s'agir ? Je dévisageais Quinn, figée, vaguement consciente de ses mains qui frappaient les miennes avec violence, de ses ongles qui s'efforçaient tels des griffes de déchirer ma peau. La colère m'envahissait de nouveau, une fureur telle que je n'en avais jamais connue me déchirait le ventre sans que j'en sus la raison ; les pierres du balcon derrière Quinn explosèrent soudain violemment, projetant un amas de blocs de granit lourds comme les fondations d'une pyramide en contrebas. J'étais devenue si hargneuse, si déchaînée que j'avais sans m'en rendre compte fait usage d'un sortilège informulé - qui, d'ailleurs, avait manqué de peu l'oreille d'Harper. Je me moquais à cet instant de sa réaction ou du fait qu'elle put me faire mal, parce qu'elle connaissait la magie noire : j'étais fiévreuse, brûlante d'une hargne incendiaire prête à tout dévaster, plus âgée qu'elle de trois longues années et je maîtrisais les sorts informulés : qu'avais-je à craindre ?

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Message par Quinn Harper Sam 27 Mar - 4:05

Sa moue colérique était aussi ridicule qu'un bulldog avec une tête de chiwawa. Elle n'était pas très convaincante, loin de là. Un ricanement passa entre mes lèvres tant sa mimique en était absurde. Jones devrait prendre des cours de théâtre, elle aurait sans doute l'air moins idiote lorsque la colère apparaîtrait sur son visage de petite prétentieuse. Peut-être étais-je téméraire d'attiser sa colère ainsi, mais je m'en fichais. Montana D. Jones faisait partie de ces gosses gâtés que je ne pouvais pas voir en peinture et la mettre hors d'elle pour la pousser à faire une erreur était plaisant. Un simple petit jeu qui me divertissait momentanément, jusqu'à ce que j'en aie assez d'elle. Parce qu'il était évident que la platitude de Jones allait finir par me lasser, dû moins théoriquement, parce que je ne cesserai jamais de détester cette fille et ses manies irritantes. Inclinant la tête comme une petite fille curieuse, j'observais ses jointures se blanchir alors qu'elle resserrait sa prise sur le bois de sa baguette. Son rire qui suivit mes mots m'agaça. Elle se réjouissait de quoi cette peste? Je pinçai les lèvres, lui lançant un regard meurtrier.

« Ma pauvre enfant ... voilà bien la preuve que tu ne connais rien aux formes de magie les plus complexes et les plus brumeuses. La divination n'est pas un art qui se contrôle, pas plus qu'un don allant à ce que tu appelles les 'sages'. Et compte tenu du sens que tu accordes probablement à ce terme, j'aime à penser que c'est heureux ... »

Ma pauvre enfant? Laissez-moi rire. Ne m’avait-elle pas dit qu’elle m’observait depuis longtemps? Il était sans doute temps qu’elle commence à regarder les yeux ouverts. Il y avait longtemps que je n'avais plus rien en commun avec les enfants, leur innocence ne me touchait plus depuis encore plus longtemps. Secouant la tête, me fichant complètement de sa baguette qui m’irritait la peau, je claquai la langue comme une mère réprimant son enfant. D'une manière sans doute agaçante, mais il semblait qu'en ce moment précis c'était le concours de celui qui énervait le plus l'autre. Son sourire éclatant était franchement énervant. Néanmoins, elle avait sans doute raison sur un point. Le sens de mot "sage" n'était surement pas le même que pour elle. Comment cela aurait-il pu? Nous étions trop différentes pour que cela soit le cas. J'imaginais très bien ce qu'entendant Jones pas "sage". De vieillards échevelés disant des phrases vides de sens je présume. Rien de bien sage en soi. Néanmoins, je n'ajoutai rien sur ce sujet, du moins sur la signification de la sagesse.

« Tu devrais revoir tes qualificatifs, ils ne sont pas très approprié, ma chérie»

Dans ma bouche, le mot "chérie" n'avait rien d'affectueux. Loin de là. Bien que j'appuyais particulièrement sur ce mot, comme pour la provoquer. Ce qui était peut-être le cas. Quant à cette pseudo jalousie que je ressentais à son égard, elle n'avait aucun lien avec son don. En fait, tout chez elle me révulsait, de son visage à son caractère en entier. À vrai dire, à sa place, il y a longtemps que je me serais jeté en bas de la tour d'Astronomie. Mais encore-là, c'était trop courageux pour cette gamine. En réalité, la seule jalousie que j'éprouvais était liée au fait qu'elle attirait l'attention. Même si c'était majoritairement négatif. Les gens posaient un regard intéressé ou encore dédaigneux sur elle, discutant sur son passage. Elle était remarquée, alors que moi, je n'étais rien dans cette école. Jamais on n'avait remarqué mon intelligence supérieure à beaucoup de ces gamins pourris gâtés qui attirait l'attention sans que je sache pourquoi. Ils n'avaient rien d'intéressant pourtant, ils étaient fades, superficiel et tellement capricieux. Comment pouvait-on les apprécier, dites-moi? Je pu voir sa jubilation dans les traits de son visage lorsqu'elle remarqua ma grimace de douleur. Je n'imaginais pas que Jones pouvait être l'une de ces personnes que la douleur d'autrui faisait naître un sentiment d'amusement. Non, en fait, elle ne l'était pas. C'était seulement ma douleur à moi qui la faisait jubiler comme un enfant le matin de Noël. Nous n'étions peut-être pas si différentes que ça, finalement. Du moins, sur ce point-là. En un court laps de temps, mon aînée changea rapidement, ses yeux devinrent vides, comme si elle n'était plus lucide. J'aurais pu en profiter, mais je ne jouais pas dans le dos de mes ennemis, c'était lâche.

« Liv. »

Je me figeai sur place, mon sang se glaçant dans mes veines. Je reculais en titubant doucement. Comment avait-elle su? Je n'avais parlé de Liv à que de rare personne. En fait, en dehors de ma famille et de Clyde, personne ne savait, même pas Emalee. C'était mon secret le mieux gardé, la blessure la plus profondément encré. Montana ne pouvait pas simplement sortir ce prénom d'un air hébété comme si ce n'était qu'un prénom comme un autre. Je me dégageai d'elle, l'empoignant par l'épaule, enfonçant mes ongles dans sa chair alors que ma baguette remontait vers son visage s'arrêtant contre sa joue. Je sursautai violement lorsque le sortilège non-formuler fit éclater les pierres du balcon derrière moi. Mais je m'en fichais, le sortilège aurait pu me toucher de plein fouet, il n'aurait pas suffit à stopper la douleur qui coulait dans mes veines, me brûlant, me donnant l'impression que je me consumais de l'intérieur.

« Ne prononce plus jamais son prénom »

La menace plana, alors que derrière mes paupières semblaient se dessiner le visage de cette petite fille malmené par la vie. Une vie qui lui avait été arraché trop tôt. J’eu l’impression que mes yeux brûlaient autant que le sang dans mes veines. À ce moment précis, je ne faisais pas seulement que détester Jones, je souhaitais profondément sa mort. Il me semblait que me débarrasser de l’unique personne qui me faisait penser à Liv serait fermé ce chapitre de ma vie pour de bon, mais j’étais plus subtile que cela quand même. Je n’allais pas m’attirer encore plus d’ennuie en la tuant sur le champ, ce serait tellement idiot comme geste. Je préférais continuer à la martyriser comme je le faisais depuis des mois déjà.
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Message par Montana D. Jones Jeu 1 Avr - 10:54


Hébétée, j’observais sans mot dire les traits d’Harper s’affaisser et se faner. Qu’avais-je donc bien pu dire de si terrible ? Quels souvenirs terribles ce simple prénom avait-il provoqué en elle pour la sonner de la sorte ? Je l’ignorais, mais cela ne me semblait pas bon signe ; me préparant cette fois pour de bon au combat, je crispais ma main sur ma baguette et me mis en garde, prête à défendre chèrement ma peau. Une fureur sans nom continuait à me posséder entièrement, gonflant d’adrénaline la moindre de mes veines. M’en prendre à Quinn Harper, une erreur ? Je n’en avais cure, si je pouvais enfin lui faire ravaler jusqu’au fond de son immonde petite gorge putride ce sourire orgueilleux boursoufflé d’arrogance qui continuellement déformait ses traits. Que Tabatah tente donc de se faire son amie si elle le souhaitait ; en ce qui me concernait, elle ne serait jamais plus qu’une misérable raclure au service du mal et de la petitesse. Ses pauvres petits coups d’œil meurtriers ne provoquaient en moi qu’une envie encore plus grande de la détruire et de la voir souffrir, de la menacer tout comme elle menaçait ma vie et ceux qui m’étaient chers.

« Tu devrais revoir tes qualificatifs, ils ne sont pas très approprié, ma chérie. »

Paroles creuses tout comme sa personne. Néanmoins et malheureusement pour elle, la colère qui me possédait ne permettait ni n’autorisait en cet instant aucune familiarité. La pointe de ma baguette pressa plus fortement encore sa gorge et, l’extrémité se changeant en pointe de lame, lui entailla la peau. Une mince ligne rouge se mit à en couler, que j’observais non sans une certaine fascination. Jamais encore je n’avais versé le sang d’autrui : c’était pour moi une première fois.

« Si toi et tes petits copains aviez jamais pris la peine de parler un peu avec les gens, sans doute auriez-vous compris pourquoi la majorité des sorciers préfèrent les personnes ouvertes et agréables à une poignée de petits revanchards aigris boursouflés d’arrogance, et qui se croient au-dessus des autres. Mais non : vous bien sûr, vous êtes au-dessus de tout ça … » commentais-je d’un ton sarcastique, plus pour moi-même toutefois que pour mon ennemie. M’interrogeant encore sur ce qui venait de se produire, je cessais tout à fait de faire attention à elle – mauvaise idée. Sa main me broya l’épaule avec force lorsqu’elle réagit, ses yeux hagards me choquèrent ainsi que la pointe de sa baguette remontant droit vers mon visage. Un vague sursaut de peur me parcourut, en même temps pourtant qu’un soupçon de jubilation : enfin une faille, une réaction ! Enfin Harper perdait son calme ! Cela signifiait qu’elle commençait également à perdre ses moyens, ce qui ne pouvait que me servir. J’allais toutefois devoir jouer serré : rien n’était plus dangereux, je le savais, qu’un animal acculé. Et c’était précisément ce à quoi ressemblait la troisième année à ce moment.

« Ne prononce plus jamais son prénom ». J’avais donc touché un point sensible. Dévisageant Harper sans sourire, ni pour une fois grimacer, je répliquais très sérieusement : « Tiens donc … une ancienne connaissance ? Qui est-ce ? La première personne à t’avoir volé ta poupée ? Une ancienne conquête de Clyde ? » Tout cela était vain, je le savais. Si je me fiais à ma vision, cette fillette – Liv – n’avait même jamais mis les pieds à Poudlard : elle était bien trop jeune. Mais ma faible boutade n’avait d’autre but que de susciter une nouvelle réaction d’Harper, je ne me le cachais pas. À ma grande surprise toutefois, ce ne fut plus de la rage que je vis apparaître dans les yeux d’Harper, mais bel et bien des larmes. Papillonnant des paupières, Quinn tenta de s’en débarrasser sans vraiment s’en apercevoir : sans succès. L’une d’elle coula lentement sur sa joue gauche : élevant vers sa pommette le bout de mes doigts, je la capturais en un geste délicat. Rangeant délibérément ma baguette dans ma poche, je l’interrogeais, oubliant mes sarcasmes : « Qui était-elle pour toi ? » Il n’y avait pas de curiosité morbide ou de volonté de faire mal dans mes propos, simplement une question courtoise. J’étais intriguée, mais sentais au fond de moi qu’il y avait là comme un puits de douleur, au bord duquel je me tenais. Etrangement, toute colère m’avait à présent quittée : ce fut un regard pénétrant et scrutateur, non plus colérique, que je posais sur ma vis-à-vis. « Est-ce à cause d’elle que tu me détestes tant ? »


Dernière édition par Montana D. Jones le Jeu 8 Avr - 10:59, édité 1 fois
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Message par Quinn Harper Mar 6 Avr - 2:41

Je portai une main à mon cou, là où une coupure venait de se dessiner, causer par la baguette de Jones. La douleur fut minime, je ne la remarquai à peine, bien que mes doigts aillent effleurer la blessure. J'observai mes doigts tâchés de rouge, de mon sang, avec une sorte de plaisir malsain, comme si la douleur de la coupure pouvait amoindrir celle que le prénom de Liv avait ravivée. Je n'étais pas ce genre de gamins qui croyait que les blessures physique allégeaient celles de l'âme, détrompez-vous mais je n'arrivais pas à détacher mon regard de mes doigts rougis par mon sang. « Si toi et tes petits copains aviez jamais pris la peine de parler un peu avec les gens, sans doute auriez-vous compris pourquoi la majorité des sorciers préfèrent les personnes ouvertes et agréables à une poignée de petits revanchards aigris boursouflés d’arrogance, et qui se croient au-dessus des autres. Mais non : vous bien sûr, vous êtes au-dessus de tout ça …» Je ne l'entendis à peine, comme si sa voix n’était qu’un bruit de fond irritant dont on finit par ne plus faire attention avec le temps. Et ce, jusqu’à ce que mes doigts allèrent empoignés sont épaule avec brutalité et que, malgré moi, ma baguette remonta vers son joli petit minois. Perdre mes moyens n’étaient peut-être pas une idée très brillante, j’en conçois, mais j’étais apte à faire avec. Je n'allais pas laisser la sixième année me mettre en pièce sans le lui faire payer chèrement. Je savais me défendre, même dans un état aussi lamentable.

« Tiens donc … une ancienne connaissance ? Qui est-ce ? La première personne à t’avoir volé ta poupée ? Une ancienne conquête de Clyde ? » Que cherchait-elle à faire? Me blesser plus durement encore? Ainsi donc, la gentille et douce Montana D. Jones n'était pas si douce et si gentille que ça. Néanmoins, si c'était une réaction qu'elle chercha, je n'en eu aucune, je me contentai de ne pas bouger le moindre muscle, bien que mes yeux dévièrent vers mes doigts qui serraient toujours fortement l'épaule de cette fille qui venait de m'asséner un coup en pleine poitrine. Mes jointures avaient blanchies, mais je ne le remarquai qu'à peine avant ramener ma main vers moi, de sorte que mes doigts vinrent reposer au creux de mon coude droit. Ma baguette se baissa doucement alors que mon bras reprenait place le long de mon flanc. Mes yeux brûlaient, et malgré moi, je tentai de me débarrasser des larmes qui commençait à brouiller ma vision. Je n'allais tout de même pas me mettre à pleurer si? J'eu l'envie irrésistible de me détourner d'elle, de lui faire dos, mais je n'en eu pas le loisir. La main de Montana se leva vers moi et je ne pus que me raidir davantage lorsque sa peau entra en contact avec la mienne. Elle captura la première goûte d'eau salée qui s'aventura sur ma joue gauche, comme si elle était étonner que j'ai la capacité de pleurer. Pour quoi me prenait-elle? Un robot parfaitement programmé, peut-être? Elle rangea sa baguette dans sa poche, comme si elle sortait le drapeau blanc, annonçant la fin de la joute qui n'était restée que verbale, ou presque.

« Qui était-elle pour toi ? » Je pinçai les lèvres, ne sachant trop quoi répondre. Je n'avais aucune envie de faire des confidences à une inconnue, une personne avec qui je n'avais aucune affinité. Cette histoire était sans doute mon secret le mieux gardé, jalousement protégé dans un mutisme difficile à percé. Mais je n'avais aucune bouée à laquelle m'accrocher en ce moment même. Je finis par me détourner, essayant de gagner du temps. Lui faisait délibérément dos, je m'approcha du balcon endommagé par le sortilège informulé de Montana pour observer le ciel nuageux. Ce ne fut qu'après de longues secondes de silence que je finis par me tourner vers elle, un sourire dur étirant mes lèvres. « Inutile de chercher. Ça n'a plus aucune importance, aujourd'hui, alors qu'elle pourrie dans une boîte de bois à six pieds sous terre.» J'avais eu beau faire un effort pour garder une voix égale, je ne pus que grimacer en entendant les variations, mêlant tristesse et froideur, dans mon timbre. Je passai une main sur mes joues, effaçant les larmes qui s'y étaient aventurées par la même occasion. Ses prunelles me scrutaient, comme pour chercher toute indices potables dans mon comportement. Ce que je faisais si souvent moi-même avec mes proches, à la différence près que Jones et moi n'étions pas du tout copines, loin de là.« Est-ce à cause d’elle que tu me détestes tant ? » Je croisai mes bras sur ma poitrine, quelque peu sur la défensive. Soupirant, j'hochai doucement la tête de haut en bas. Oui c'était à cause d'elle que je la détestais. Je ne savais pas si je devais me justifier ou non. Après tout, qui me disait qu'elle ne cherchait pas à reccueillir des informations pour mieux me blesser par la suite? J'étais peut-être paranoïaque sur les bords, non? « Tu lui ressemble tellement...ça en ai insupportable.» Voilà, c'était dit. Je plantai mes prunelles bleus sur elle, toujours immobile, attendant une simple réaction et je finis pas ajouter avec une pointe d'agacement. « Si jamais tu parles d'elle à qui que ce soit....» Je me tue, laissant la menace en suspend. En réalité , je ne répondrais sans doute plus de mes actes dans un cas pareille, alors lui dire exactement ce qui l'attendait dans un tel cas m'était tout bonnement impossible.
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Message par Montana D. Jones Jeu 8 Avr - 11:06


J’examinais Harper sans mot dire, encore quelque peu sonnée par la violence et l’étrangeté de l’échange qui venait d’avoir lieu. Il en fallait beaucoup pour me surprendre, et davantage encore pour me mettre en colère : pour cette simple raison, elle commençait à s’attirer ma considération. Sans compter le fait que sa réaction, épidermique, prouvait qu’elle avait un jour eu un cœur qui battait et pouvait peut-être encore être ranimé. Par quels moyens, je l’ignorais, mais ce n’était pas en la brusquant que j’améliorerais les choses – ni, d’ailleurs, en la provoquant à un duel que je n’étais au fond pas si certaine que ça de gagner. J’observais donc, stoïque, mon ennemie effleurer sa blessure avec une indifférence vaguement incrédule ; quelque chose n’allait pas, cette réaction aussi improbable que surprenante me le confirmait. En temps normal, jamais Harper ne m’aurait laissée lui infliger une telle blessure physique – une humiliation – sans réagir. Je remarquais également dans la foulée qu’elle avait cessé à présent de m’insulter et de me maltraiter verbalement, signe que la conversation prenait à présent un tour bien différent – inattendu, certes, mais qui pouvait se révéler instructif. La fascination dont elle faisait preuve envers son propre sang ne m’était, hélas, que trop familière : n’avait-je pas moi-même ressenti une sorte d’obsession malsaine à la vue de la plaie que je venais d’ouvrir ? N’avais-je pas ressenti une profonde jubilation à l’idée de faire mal à mon ennemie, de la blesser, de la faire souffrir ?

Troublée, je battis frénétiquement des paupières pour chasser le souvenir de ces impressions. La formidable énergie qui m’avait traversée lorsque je m’apprêtais au duel pulsait encore, sourde mais insistante, dans chacune de mes veines. Que m’était-il arrivé exactement ? Jamais encore je n’avais éprouvée pareille excitation à l’idée de faire volontairement du mal à autrui ; ordinairement, je n’étais pas de ceux que la violence réjouissait. Pourtant, il fallait bien qu’en moi se cache une volonté de générer de la douleur chez Quinn : aurais-je été capable sans cela de jeter sans précaution aucune un informulé qui aurait pu – s’il avait atteint sa vraie cible – lui faire exploser la tête ? Ou était-ce, justement, parce qu’une part de moi avait refusé malgré tout de traduire ainsi ma rage que le maléfice avait raté son but ? Mes connaissances en matière de mauvais sorts n’étaient malheureusement pas assez étendues pour que je puisse le certifier : il m’aurait fallu pour obtenir une réponse m’en entretenir avec mon professeur de sortilège – hélas, cela aurait aussi signifié avoir à me justifier de ma présence en pleine nuit, après le couvre-feu, au sommet de la tour d’astronomie. Et cela était hors de question. Quant à Harper, son absence de réaction commençait à devenir préoccupante : je venais précédemment de l’insulter ouvertement, elle sa troupe de petits mécontents capricieux, et elle ne réagissait pas ? Voilà qui tenait du miracle. Je poussais ma chance il était vrai, mais ce besoin compulsif d’adrénaline en moi avait pris pour l’instant un empire bien trop étendu sur ma raison, et je n’étais pas prête à le laisser se diluer ; simplement à le museler.

Alors même que j’avivais la blessure que j’avais moi-même ouverte, me moquant avec désinvolture de ce que cette fillette avait pu - et pouvait encore – représenter à ses yeux, ce que je vis passer dans le regard d’Harper me sidéra : une lueur de surprise … de respect, presque. Etait-il si surprenant que cela de me voir faire preuve de méchanceté et de sarcasme ? Je commençais à en avoir assez de constater pareil émoi chez mes pairs étudiants dès que je faisais montre d’un peu de noirceur et de mauvaise humeur. Je n’avais pourtant jamais prétendu être un ange, même si, il était vrai, je m’inquiétais moi-même de cette Montana étrangère – colérique, obstinée et parfois violente – que les récents évènements avaient fait naître en moi. Etais-je parce que je me sentais si dépassée par ce qui advenait autour de moi ? Sidérée, je suivis du regard la courbe tracée par l’extrémité de la baguette d’Harper tandis que celle-ci abaissait son bras, non en signe de reddition ni de capitulation mais bel et bien d’abandon. Il semblait en fin de compte que pour elle comme pour moi, le temps de la bagarre était terminé – provisoirement. J’avais déconnecté quelque chose chez elle avec cette allusion à la petite fille ; quelque chose de si fort qu’il en avait gommé sa volonté de m’éradiquer. Elle pinça les lèvres, me faisant redouter un instant qu’elle ne m’envoie promener une fois de plus ; qu’étais-je pour elle, sinon une saleté sur sa chaussure ? C’était ainsi qu’elle m’avait toujours traitée, et je ne voyais pas pourquoi cela changerait – mais après tout, j’étais en droit de connaître les raisons de pareille détestation à mon égard. Qu’avais-je donc bien pu faire pour m’attirer cette inimitié, hormis me sentir intrinsèquement opposée aux principes élitistes pour lesquels elle se battait ? J’en convenais : cela seul nous destinait à ne pas nous aimer, mais elle ne semblait pas avoir ce même blocage avec Tabatah. Alors quoi ? En quoi étais-je si spéciale, qu’elle montrât envers moi une haine supérieure à celle, ordinaire, qu’elle vouait à la quasi-totalité des élèves de cette école ?

Je la vis finalement avec tristesse se détourner de moi : pour une fois que je cherchais avec elle une autre forme de contact que l’hostilité, voilà que je me heurtais une fois de plus à une barrière. Décidément, étions-nous si différentes l’une de l’autre que nous étions même incapables de nous comprendre ? Sa meilleure amie Emalee m’était pourtant apparue à maintes reprises plus accessible, bien que je ne la connusse pas personnellement : pouvait-elle représenter un moyen de mieux comprendre la revêche Quinn ? Si tel était le cas, je devais absolument provoquer un contact avec cette demoiselle. Pour l’heure je revins à la condisciple qui me tournait le dos, m’interrogeant : devais-je poser à nouveau ma question ? Non bien sûr, elle m’avait clairement entendue. Le sourire dur et amer qu’elle m’adressa en se retournant me retourna l’estomac plus sûrement que n’importe quel sortilège : ce n’était même pas un sourire ironique tel qu’elle m’en avait adressé des centaines ; c’était un rictus douloureux, un débris loqueteux à des kilomètres de sa morgue habituelle qui cachait mal son très net désenchantement. « Inutile de chercher. Ça n'a plus aucune importance aujourd'hui, alors qu'elle pourrit dans une boîte de bois à six pieds sous terre. » Je méditais ces paroles en silence, osant m’approcher de quelques pas : ainsi donc, cette petite fille était morte – de maladie probablement, si j’en jugeais par son crâne rasé. L’avait-elle bien connue ? Oui, sans doute, sans quoi son décès ne lui aurait pas fait un tel effet après ce que je devinais être des années. Une petite sœur peut-être ? J’aurais certainement remarqué une ressemblance ; une amie d’enfance, alors ? Je n’osais pourtant la questionner plus. « Visiblement, c’est toujours extrêmement important pour toi, » soufflais-je doucement. Comment pouvait-elle affirmer que cela n’avait plus d’importance ? Ce simple prénom lui avait fait l’effet d’un coup de poing : un sorcier revoyant un fantôme qu’il croyait depuis longtemps exorcisé n’aurait pas eu une réaction différente. Sa voix brisée par endroits, sa façon caractéristique de promener fugitivement sa paume sur ses joues pour en ôter les dernières larmes, tout cela était plus parlant que n’importe quelle négation.

Et, soudain, je me sentis triste. Triste d’entrevoir seulement maintenant la raison de cette souffrance, cette négation perpétuelles que l’on sentait chez Quinn avec un peu d’instinct. Je ne la percevais plus comme un monstre à présent, je m’en apercevais : elle avait donc … comment pouvais-je appeler cela ? Une âme ? Un cœur… Elle était donc capable d’éprouver des sentiments : elle ressentait de la peine, de l’affection, de la douleur – somme toute, un être humain semblable à moi qui pensait, souffrait et aimait. Elle ressentait des émotions. Pourquoi avais-je toujours refusé de la traiter comme telle ? Pourquoi m’étais-je assise moi-même sur les principes que je préconisais et n’avais-je pas cherché à la comprendre, à savoir ? J’étais minable, idiote ; sans doute Tabatah l’avait-elle mieux jugée que moi : pourquoi n’avais-je pas consenti l’effort de l’écouter ?
Une petite voix au fond de moi me souffla la réponse : parce que Quinn était une meurtrière. Elle avait torturé, sinon tué sans remords des élèves durant le Bal, et si je lui posais la question, si je lui demandais si elle serait prête à le refaire sachant ce qu’elle devait endurer maintenant, je n’étais pas certaine que la réponse soit non. Je me surpris néanmoins à ne pas la quitter du regard une seule seconde, trop obnubilée par ses bribes de confidences pour me focaliser sur autre chose : attendant plus, attendant mieux. Bien, je lui rappelais une fillette décédée : et après ? Pourquoi ? « Tu lui ressembles tellement … ç’en est insupportable. » Oh … c’était donc ça. Ne sachant où me mettre, je baissais la tête en signe de respect : pour une fois je n’avais ni l’envie de me moquer, ni celle de lui faire comprendre qu’elle m’exaspérait – parce que ce n’était plus le cas. Pouvait-on seulement continuer à haïr quelqu’un que l’on comprenait au fond ? « Si jamais tu parles d’elle à qui que ce soit … » Je dus me faire violence pour dissimuler prestement un sourire amusé : cette menace m’en rappelait tellement une autre, admonestée toutefois dans des circonstances bien différentes … pour un problème autrement plus modeste. Saisissant le coup d’œil glacial de Quinn sur ma personne, je me rattrapais précipitamment : « Excuses-moi … c’est juste qu’on m’a signifié à peu de choses près la même chose il y a à peine quelques jours. Décidément, les gens ont beaucoup à cacher dans cette école … » Délaissant mes dernières paroles et le sous-entendu qu’elles pouvaient contenir, j’enchaînais immédiatement, reprenant mon sérieux : « Qu’avions-nous en commun ? » Elle comprendrait bien sûr que je parlais de Liv. Désormais à sa hauteur, accoudée aux restes instables du balcon, je fixais son visage avec attention. Je devais faire preuve de tact et y aller en douceur, ne pas la brusquer ; toutefois ma hâte d’en savoir plus était difficilement tenable.

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Message par Quinn Harper Dim 11 Avr - 6:38

J'avais un mal fou à accepter le fait que cette fille avec qui je ne partageais rien, qui était si différente de ma personne connaissait à présent une partie de mes cauchemars d'enfances refoulés avec énergie au point de faire de moi ce que je suis devenue aujourd'hui. Ce que j'étais devenue... Cela se résumait-il à une meurtrière amoureuse d'un homme qui ne la voyait que comme une copine, une fidèle partisante, au mieux, son double? À cette pensée, mon cœur se serra. Peut-être que si les choses s'étaient passées autrement, jamais je n'aurais assassiné ce Poufsouffle, jamais je ne me serais autant accrochée à Clyde, sans doute ne l'aurais-je même pas approché. J'avais l'impression désagréable que tout était lié de près ou de loin à Liv et à sa mort prématurée. J'inspirai profondément, essayant de chasser ses idées ridicules de mon esprit. Clyde était la personne la plus chère à mes yeux et pour rien au monde je ne voudrais changer cette relation ambiguë entre nous deux, nous nous ressemblons trop pour que, même dans la possibilité que les choses soient différente, je ne sois pas attirée par lui comme un aimant. Et puis, à quoi bon se torturer à recréer le présent, à ressasser le passé? D'ailleurs, le passée n'est-il pas reconnu pour être douloureux? Alors pourquoi, si on faisait tout pour l'effacé, on n'y arrivait jamais? Un léger soupire passa la barrière de mes lèvres.


«Visiblement, c’est toujours extrêmement important pour toi,» Bien que ces paroles n'avaient été que soufflées, elles me semblaient agressantes tant elles étaient justes. L'imagine de la petite fille à la peau pâle comme la mort, malgré les tâches noirâtre sur son épiderme aussi fine que le parchemin, aux yeux éteints et mornes, aux lèvres gercées, au crâne chauve... Un sanglot secoua brutalement mes épaules en me souvenant que même quelques semaines avant sa mort, elle souriait, riait, comme si cette épreuve n'était qu'une bévue fugace dont les conséquences seraient minimes. Était-ce qu'un masque pour ne pas m'inquiéter? J'en doutais fortement. Avec le recule, je sais qu'elle était prête, qu'elle avait déjà accepté cette mort imminente qui avait déjà prit possession d'elle petit à petit depuis si longtemps. Je me doutais qu'il avait été plus difficile pour moi d'arrêter de me battre pour elle que pour Liv de choisir son moment pour partir. D'une certaine façon, elle avait peut-être attendu le "bon moment". Dans sa bonté, elle avait attendu que je sois loin d'elle pour s'éteindre. Alors que ce soit toujours important pour moi encore aujourd'hui, n'était pas très étonnant. Je n'avais pas vraiment fait mon deuil, je m'étais contenté de l'effacé de ma mémoire, de l'enterrer au plus profond de mon être, de la tenir le plus éloigné possible de ce monde de magie qui m'entourait, qui nous avait séparées. «En quoi cela peut-il t'intéresser?» demandais-je en resserrant mes bras, comme pour étouffer les futurs sanglots qui auraient l'audace de me secouer de nouveau.

J'observai Montana, recherchant tout indice de jugement ou de réaction chez elle, d'un œil de lynx, trop habituer à analyser. Je n'étais pas idiote, qu'importe si elle le croyait ou non, je savais qu'elle ne m'avait jamais vu comme un être humain. Ça avait été si simple à voir. Ça se voyait dans ses yeux lorsque nous nous croisions dans les couloirs de Poudlard, dans son comportement ici même, ce soir. Et il était surprenant de voir cette infime lueur dans ses yeux signifiant une prise de conscience ou, tout le moins, quelque chose qui s'en approchait. Elle baissa la tête, avant que son visage n'affiche un air amusée suite à cette menace inachevée que j'avais formulée quelques secondes plutôt. Je lui lançai un regard glacial. Cette fille s'amusait donc à mes dépends? C'est du moins ce qui me traversa l'esprit avant que la voix de Jones ne s'élève de nouveau ; «Excuses-moi … c’est juste qu’on m’a signifié à peu de choses près la même chose il y a à peine quelques jours. Décidément, les gens ont beaucoup à cacher dans cette école …» C'était donc ça. Mes lèvres ses tordirent en un pseudo sourire. N'avait-elle donc pas encore comprit que tous en chacun avait quelque chose à cacher aux autres? Ce n'était pas seulement moi, c'était la majorité de la populace de Poudlard en entier qui mentait sur soi ou qui cachait des choses...à croire que les jeunes sorciers de nos jours étaient tout sauf honnête.

Je la laissai s'approcher de moi sur le balcon à moitié détruit de la tour d'astronomie, sans bouger le moindre muscle. Mes yeux étaient toujours rivés sur les nuages sombres qui voyageaient au rythme du vent sans lui porter une réelle attention, néanmoins, j'étais attentive à tout changement de rythme de sa respiration, au moindre bruit suite aux moindres petits mouvements venant de sa part. J'étais parfaitement consciente de ce qui m'entourait. De la présence de Montana à plus ou moins un mètre de moi, au trou menant au vide sur ma gauche...Je ne reportais mon attention sur mon aînée que lorsqu'elle reprit la parole avec douceur, comme si elle cherchait à ne pas me brusquer. «Qu’avions-nous en commun ?» Je ne savais pas si j'avais envie d'y répondre où non. D'une part, elle avait bien le droit de savoir pourquoi je la détestais tant, et d'une autre... je n'avais aucune envie de parler de Liv ce soir. Et quand bien même l'envie m'en prenait, je ne crois pas que j'irais vers Montana pour le faire. «Elle avait la même façon de se tenir, de s'exprimer, d'aider les gens...Elle était aussi altruiste et obstinée que toi. Elle avait ta discrétion, ta douceur. Et elle aussi, elle aimait les fruits, c'est d'ailleurs la seule chose que l'on arrivait à lui faire avaler lorsqu'elle était mal en point » Oui, je l'avais observée, cette Serdaigle que l'on disait doté de pouvoir du troisième oeil. Au point d'en cueillir toutes ces petites choses qui la rapprochait de Liv, au point d'en venir à la détester autant pour cela, et quand bien même qu'une partie de moi désirait m'approcher d'elle, comme pour retrouver cette vieille amie perdue à jamais, je ne pouvais m'empêcher de ne pas l'aimer. « Je t'ai observée, plus que tu ne peux le croire. » J'attendis sa réaction, essuyant à nouveau les larmes qui avaient franchit la frontière de mes paupières. Décidement, ces temps-ci, je pleurais beaucoup trop à mon goût. Bien que pour une fois, ce n'était pas la faute de ce porc de Teel, pour faire changement.
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Message par Montana D. Jones Mer 14 Avr - 16:43



Je ne savais pas précisément à quoi je m’attendais, vers quoi je m’avançais : qu’espérais-je exactement de Quinn ? Des confidences ? Qu’elle s’ouvre à moi, me révèle ses secrets les plus sombres et les plus à vif puis m’étreigne avec chaleur, comme si tout était oublié ? Je rêvais, j’en avais conscience, mais faire mon possible pour adoucir sa haine à mon égard ne me coûtait rien ; avec un peu de chance, d’obstination et une bonne dose de douceur, je finirais peut-être par la persuader de réviser quelque peu ses opinions quant à certains … sujets délicats sur lesquels elle avait, disons, des avis très arrêtés. Je me doutais que ça ne serait en aucun cas simple : il devait déjà lui en coûter de me confier de telles choses, la suite ne serait que plus difficile à obtenir. Moi qui ne la connaissais guère, je lui réclamais sur son passé des informations hautement délicates qu’elle n’avait du confier qu’à ses plus proches amis – autant dire Clyde et Emalee, exclusivement. Ce n’était d’ailleurs même pas certain : pourquoi aurait-elle eu envie d’en discuter avec moi ?

Le sanglot qui ébranla les épaules de Quinn me fit sursauter, tant il me semblait surréaliste, voire anachronique. Réprimant ma surprise, je l’enlaçai et la serrai dans mes bras sans réfléchir, étreignant ses épaules pour contenir ses tremblements. Je frissonnais aussitôt, prête à en subir les conséquences et n’y croyant pas moi-même. J’avais douloureusement conscience du vide abyssal en-dessous de moi, de la baguette de Quinn toujours étendue le long de son flanc. Je venais de prendre dans mes bras la personne que je considérais probablement – et qui sans nul doute me le rendait bien – comme ma pire ennemie ! J’avais agi sur une impulsion presque instinctive, sans réfléchir outre mesure : Merlin, voilà précisément le genre d’élans dévastateurs contre lesquels s’étaient toujours mis en garde les membres de ma maison : la raison avant les sentiments, la logique avant les actions héroïques … la cervelle avant la bravoure. Je m’éloignais aussitôt, regrettant déjà en partie mon geste, bien que ce ne fût pas le cas de l’autre partie de ma personne. Mais la voir se replier sur elle-même, resserrer ses bras contre elle comme une barrière illusoire contre les dangers de son propre passé était si douloureux que je n’avais pu m’empêcher de réagir ainsi. « En quoi cela peut-il t’intéresser ? » Sa réponse me choqua plus que je ne l’aurais cru. « Je ne suis pas un monstre ! » m’exclamais-je, ulcérée. Pour quelle sorte de personne me prenait-elle ? Une fausse voyante mystificatrice tirant ses prédictions d’une quelconque astuce mystérieuse, d’un pitoyable truc de prestidigitateur, incapable de toute émotion ou compassion humaine ?!

Je posais sur elle un coup d’œil irrité, n’hésitant pas à la dévisager à mon tour, indignée de me voir considérée comme cela. Croyait-elle que je plaisantais, que je ne cherchais qu’à me renseigner sur elle pour mieux identifier ses points faibles ? Et même si cela avait été mon objectif, je ne parvenais pas à saisir en quoi avoir connaissance d’une petite fille disparue à laquelle Quinn avait été liée dans son enfance eut pu me servir en quoi que ce soit. Je me flattais de plus de ne pas être aussi mauvaise et manipulatrice que la plupart de mes condisciples de toutes maisons, qui n’aspiraient qu’à répandre leur venin sur tout ce dans quoi ils pouvaient planter leurs crochets. « Elle avait la même façon de se tenir, de s’exprimer, d’aider les gens … Elle était aussi altruiste et obstinée que toi. Elle avait ta discrétion, ta douceur. Et elle aussi, elle aimait les fruits – c’est d’ailleurs la seule chose qu’on arrivait à lui faire avaler lorsqu’elle était mal en point. » Je la fixais dans un premier temps sans rien dire, effarée et stupéfaite. Etais-je en train de rêver, ou quelques compliments discrets s’étaient-ils glissés dans les paroles d’Harper ? Elle m’avait donc observée, étudiée bien plus que je ne l’aurais cru. Comment pouvait-elle alors me haïr à ce point, si je lui rappelais tant cette fillette qu’elle avait aimée ? « Je t’ai observée, plus que tu ne peux le croire. » conclut-elle, réprimant un nouveau sanglot. Je le constatais, en effet : elle m’avait beaucoup plus détaillée que je ne l’aurais pensé, et ce constat n’était pas pour me plaire. J’avais encore néanmoins du mal à tout comprendre. « Si je te rappelle une personne que tu as aimée, pourquoi alors me haïr ainsi ? Je ne t’ai rien fait, pourtant tu t’amuses à me pourrir la vie … » Je n’avais pu m’empêcher de la dévisager avec une insistance quasi-désespérée, une pointe de lassitude clairement audible dans ma voix.

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Message par Quinn Harper Dim 18 Avr - 3:33

Je me raidis lorsqu'elle me serra contre elle. Qu'est-ce qui lui prenait? Je me fis violence pour ne pas faire basculer afin qu'elle s'éloigne de moi, de peur qu'elle ne chute dans le vide. Montana peut croire avec fermeté que j'étais un monstre qui assassinait les jeunes élèves de sang froid, ce n'était pas exactement le cas. Qu'importe ce qu'elle croyait, je n'étais pas une tueuse en série qui s'amusait à tuer. Néanmoins, je la pris par les épaules, l'éloignant de moi avec une certaine dureté avant de ramener mes bras contre moi. J'évitais généralement les contactes physiques avec les gens dont je n'étais pas proche, pour qui je n'avais aucune affection. Pouvais-je dire que je n'avais aucune affection, même minime, pour Jones? Je n'avais pas la réponse exacte, mais si cette dose d'affection des plus minuscules existait réellement, elle n'existait que par la présence invisible d'une enfant morte depuis des années déjà, alors pourquoi accepterais-je ces élans d’affection? Je la jugeai, austère, bien que je lutte toujours contre larmes et sanglots.

«Je ne suis pas un monstre !» Elle semblait choquée, mais je ne m'en formalisai pas. Elle tirait les conclusions qu'elle voulait de mes paroles, je n'allais pas la guider tout de même. Disons que le fait étant que Montana n'était pas du genre à ce préoccuper de mes états d'esprit, ce matin même, elle m'avait démontré à quel point cela lui était égale que je pleurs en passant devant moi avec empressement, dans l'envie de s'éloigner le plus loin possible. Je cessai de l'observer pour poser mon attention sur les morceaux de constellation que l'on pouvait percevoir. « Malgré ce que tu peux croire, moi non plus, je n'en suis pas un.» Elle pouvait bien me croire ou non, je m'en contre fichais. Elle me prenait sans doute pour un monstre sanguinaire qui n'avait aucun remord à tuer et étrangement, ça ne me faisait rien. J'avais tellement l'habitude que l'on ne m'aime pas dans cette école de tarés. Souvent, on me lançait des paroles ingrates dans le couloir, je surprenais des élèves de ma maison marmonné à mon passage, je voyais les regards craintifs de certains et je m'y étais faite. Ainsi, une personne de plus ou de moins, ça ne changeait rien à ma vie misérable dans cette école, j’en conçois. Comment cette même vie aurait pu être plaisante dans cette école alors que la majorité de ses élèves me prenaient pour une idiote, un simple mouton sans cervelle et ambition suivant Clyde comme un petit chien de poche?

Je me tournai vers elle pour capter son air stupéfait. Mes lèvres se tordirent en quelque chose entre le sourire et la grimace alors que je comprenais ce qui valait cette surprise sur ses traits. Certaines de mes paroles sonnaient comme des compliments à son égard, ce qui n'était pas le cas, enfin, pas vraiment. Je savais reconnaître les qualités chez les gens, même chez ceux que je n'aimais pas, et oui, même chez Montana. Surtout chez Montana. J'essayais de voir toutes les ressemblances qu'elle pouvait avoir avec Liv, comme pour me torturer davantage, bien que présentement, je n’aie besoin de rien pour me torturer, sinon Aden Teel et les cauchemars qui me hantaient la nuit. «Si je te rappelle une personne que tu as aimée, pourquoi alors me haïr ainsi ? Je ne t’ai rien fait, pourtant tu t’amuses à me pourrir la vie …» Je me mordis la lèvre, essayant de trouver les mots pour expliquer le pourquoi de la chose. Je n'avais pas prévu une tel conversation ce soir, et je m'en serrais bien passé. Un soupire passa mes lèvres alors que je détournai de nouveau les yeux pour observer la lisière de la forêt.

La réponse à sa question était difficile, tout comme la conversation en entier. Il aurait été si facile de ne pas répondre à la première question qu'elle avait posé, ne pas réagir au nom de Liv. Mais il était trop tard pour que je recule, mais était-ce également trop tard pour cesser d'avancer? Je cherchai une réponse à cette question, me demandant ce que Clyde me dirait dans une telle situation. Malheureusement, en dehors du " Assume tes choix, ma Queen" je ne voyais pas trop. Mais je ne voulais pas assumer présentement. Je fermai les yeux un moment, laissant l'air froid sécher mes larmes salées. «N'y a-t-il rien dans ta si jolie vie de petite fille gâtée que tu voudrais oublier plus que tout au monde?» J'étais certaine que cette jeune fille avait eu une vie parfaite, sans aucune embûche. Montana D. Jones était trop fade et sans saveur pour avoir une vie atroce où douleur se confrontait à un semblant de joie. Elle devait avoir été élevée dans un cocon de soie et de tous ces tissus et matériaux doux où rien ne pouvait l'atteindre, sinon le fait qu'elle n’a pas eu la dernière petite poupée ballerine pour Noël. J'attendis la réponse avec une sorte d'impatience. Je n'allais pas répondre à la sienne, j'essayais de l'éviter, de l'écarter de la conversation.
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Message par Montana D. Jones Sam 24 Avr - 22:09


Je posais sur Quinn un regard impénétrable et qui, pour une fois dans mon visage où les émotions se devinaient comme un livre ouvert, n'exprimait rien. J'étais calme mais désorientée, profitant simplement de cette faille dans le mur, cette espèce de distorsion temporelle au cœur de la nuit qui me faisait entrevoir une autre Quinn que celle que j'avais toujours envisagée comme un monstre dépourvu de sentiments humains. Je l'avais bien sentie se raidir contre moi et ne lui en tenais pas rigueur : aux yeux de tous et jusqu'à il y avait de cela quelques minutes seulement, nous étions des ennemies qui se détestaient cordialement. Mon geste avait tout d'incongru en pareille situation, et je n'avais à l'évidence pas affaire à une jeune femme habituée à ce genre de démonstrations de compassion. Je doutais même que voir quelqu'un d'étranger à son petit cercle lui témoigner de la compréhension lui soit jamais arrivé : s'était-elle jamais demandée si, par hasard, il n'y avait pas un peu de bon dans ces étudiants qu'elle dénigrait tant ? Certes elle ne me devait rien, mais j'étais blessée au fond qu'elle m'ait ainsi repoussée une nouvelle fois : j'étais pourtant en train de tenter un pas vers elle, de toute évidence. Mais voulait-elle réellement de ... de mon quoi, d'ailleurs ? Qu'étais-je en train d'espérer pouvoir lui apporter ? Mon amitié ? Elle n'en avait visiblement nul besoin. Mes conseils ? Haha ! Elle était bien bonne, celle-là. Les amis de Clyde n'apprenaient pas et ne voyaient pas. Comment apprendre à quelqu'un à voir le bon en chaque être humain ? Je ne pensais pas en mon pouvoir d'enseigner cela à Quinn.

« Malgré ce que tu peux croire, moi non plus je n'en suis pas un. » Je posais sur elle un regard surpris : certes, je n'avais pas caché la répulsion et le dédain qu'elle m'inspirait, mais qu'elle se fût rendue compte que je l'avais jusqu'ici perçue comme un monstre sans cœur me surprenait. Certes, ce n'était que la deuxième fois qu'elle me faisait comprendre qu'elle me connaissait bien plus intimement que je ne l'aurais cru. « L'ennemi commence d'être dangereux, quand il commence à avoir raison », d'après l'adage. Si tel était le cas, il faudrait donc que je surveille mes arrières avec attention. « Tu sais très bien faire semblant, en tous cas. » répliquais-je sèchement, plus durement que je ne l'aurais voulu. Me détournant à demi pour masquer ma culpabilité, j'entendis néanmoins son profond soupir et la vis se mordre les lèvres à ma dernière question.

« N'y a-t-il rien dans ta si jolie vie de petite fille gâtée que tu voudrais oublier plus que tout au monde ? » PETITE FILLE GÂTEE ? Merlin, mais qui était-elle pour me traiter ainsi ? Que savait-elle - ou en l'occurrence, que prétendait-elle savoir - de mon existence pour affirmer cela ? Cédant à mon impulsion, je me tournais et la plaquais brusquement contre le muret de pierre, sans brutalité mais sans douceur non plus. Elle heurta rudement la pierre et je la dévisageais, une main plaquée contre son épaule pour la tenir loin de moi. Physiquement éloignée d'elle, mon visage n'était pourtant qu'à quelques millimètres du sien - je pouvais sentir son souffle froid buter contre mes lèvres. Posant sur elle un regard dur et glacé, mes traits fermés transformés par une expression rageuse, je l'interrogeais : « Qui penses-tu être pour me juger ? Tu crois que parce que je tente un pas vers toi, tu peux te permettre de m'apprendre à vivre ? De même que j'ignorais tout de toi il y a encore quelques minutes, tu ne sais même pas par quoi je suis passée ! » Je la lâchais alors avec dégoût, me détournant pour fixer la Lune après quelques pas pour m'éloigner d'elle.« Si tu veux tout savoir, il y a bien quelque chose - mon don. Mais puisque tu prétends ne pas y croire, j'imagine que tu ne prendras pas cela comme argent comptant. » soupirais-je en riant nerveusement. Je fouillais un moment dans la poche de ma robe et en sortis une cigarette, que j'allumais d'un coup de baguette magique : j'avais vraiment besoin de me détendre les nerfs. Soufflant doucement la fumée nocive dans l'air froid de la nuit, veillant toutefois à ne pas l'envoyer dans le visage de Quinn, je me tournais pour la fixer directement, une moue plus douce et avenante habitant cette fois mes pupilles. « Mais tu as beau prétendre, au fond de toi tu sais que si je lui ressemble, je ne mens pas. »

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Message par Quinn Harper Dim 2 Mai - 20:58

«Tu sais très bien faire semblant, en tous cas. » J'arquai un sourcil, un peu agacée par ses paroles. D'une certaine façon, je voulais que l'on me prenne pour ce monstre sans cœur, c'était tellement plus facile ainsi. Comme ça, aucun de ces petits élèves sans aucune ambition, ces larves populaires mais stupides, ne m'approchaient, comme s'ils avaient peur de moi. C'était plaisant en un sens. D'un autre côté, les paroles de mon ainé m'agaça un peu. J'avais beau paraître froide et distante, ce n'était pas une raison pour me qualifier de monstre, qu'importait mes élans de sadismes. Je vis néanmoins sa culpabilité, même si elle détourna la tête, comme pour la cacher. Si c'était le cas, elle devrait faire un effort la prochaine fois. Je ne fis aucune remarque sur cette culpabilité pourtant, je n'étais pas si méchante que cela, et je préférais l'oublier. « On ne t'as jamais dis de ne pas te fier aux apparences?»Certes, ce n'était pas qu'une question d'apparences dans mon cas, j'en étais consciente, mais ne m'en formalisa pas. Après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien me faire à moi? L'important n'était-il pas que j'étais en paix avec moi-même. Bien que ce n'était pas le cas depuis un certain temps, mais ça finirait bien par passer non?

Je fus sortie de mes pensées par le choc de mon dos contre le mur froid. Le geste me coupa le souffle quelques secondes, bien que le geste n’ait pas été violent. Je lui lançai un regard assassin alors qu'elle me tenait par le bras, loin de moi, malgré le fait que son visage fut à quelques centimètres du mien, de sorte que je pu sentir son souffle sur ma joue. La petite Montana sortait ses griffes? De toute évidence, elle n’avait pas prit le faire que je l'ai qualifié d'enfant gâtée. Bien qu'à mes yeux, c'était ce qu'elle était, rien de moins, rien de plus. Qu'elle réagisse de la sorte ne faisait que confirmer que j'avais touché un point sensible et un sourire sadique étira mes lèvres. «Qui penses-tu être pour me juger ? Tu crois que parce que je tente un pas vers toi, tu peux te permettre de m'apprendre à vivre ? De même que j'ignorais tout de toi il y a encore quelques minutes, tu ne sais même pas par quoi je suis passée !» Elle fini par me lâcher. Son visage ne reflétait qu'un certain dégoût qui me faisait sourire de plus belle. J'aimais ce genre de réaction excessive chez les autres et j'étais devenu maître dans l'art de les provoquer. C'était si facile, jouer avec les cordes sensibles jusqu'à ce que l'autre sorte de ses gongs et fait un faux pas, une erreur fatidique qui avait un enchaînement dramatique, ou pas. « Range tes griffes mon chaton. Inutile de miauler ainsi, je ne suis pas sourde.» Je fis quelques pas, m'éloignant du mur, d'un pas toujours aussi dansant et assuré. Au final, quand la discussion ne tournait pas autour d'amie décédé, elle était plutôt intéressante.

«Si tu veux tout savoir, il y a bien quelque chose - mon don. Mais puisque tu prétends ne pas y croire, j'imagine que tu ne prendras pas cela comme argent comptant.» Croisant les bras sur ma poitrine, je l'observait avec intérêt et amusement. Je la vie allumé une cigarette avec une grimace de profond dégoût. C'était l'une des choses que je détestais le plus en ce monde. C'était également l'une des rares choses qui m'attirait des représaille de la part de Clyde, lorsque je m'énervais contre lui parce qu'il fumait. Je ne comprenais pas quel était l'intérêt d'être accro à un truc aussi nocif et qui sentait réellement mauvais. Je lui fut tout de même reconnaissance de prendre garde à ne pas m'envoyer cette fumée nauséabonde en plein visage. «Mais tu as beau prétendre, au fond de toi tu sais que si je lui ressemble, je ne mens pas.» Je l'observai un moment, interdite. Comment pouvait-elle en être si certaine? Elle ne connaissait pas Liv, alors qu'est-ce qui lui disait que mon amie n'avait pas été une menteuse de premier rang? Impassible, comme si toute trace de tristesse m'avait quitter, j'haussai les épaules d'un air désinvolte. « Qui te dis que Liv n'était pas une petite menteuse qui ne fait que raconter des idioties, hum?»
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Message par Montana D. Jones Jeu 13 Mai - 17:12



Mon regard chocolat profondément plongé dans celui de ma camarade, je la scrutais d'un coup d'œil pénétrant, observant les moindres réactions et changements d'expression traversant fugitivement son visage. Le sourcil agacé qu’elle arqua me soutira un mince sourire satisfait : même si la tournure inattendue de notre conversation avait effacé partiellement ma haine à son égard, il n’en demeurait pas moins extrêmement plaisant pour moi de la contrarier quelque peu. Eh quoi, elle n’allait tout de même pas s’attendre à des fleurs et des mots doux, non plus ? Est-ce qu’il y a avait marqué « sœur McCormick » sur mon front ? De toute façon, réaliser à quel point son attitude aigrie et fermée pouvait lui faire rater des gens intéressants ne lui serait que bénéfique. Les gens n’avaient pas peur d’elle : la plupart n’était juste absolument pas intéressés par une fille aussi froide, dure et majoritairement désagréable que cette Quinn. Et lorsque, comme moi, ils étaient confrontés à une faille, peu d’entre eux avaient l’intelligence ou la volonté de chercher à voir plus loin. « On ne t’a jamais dit de ne pas te fier aux apparences ? » J’haussais vivement les sourcils et écarquillais mes yeux dans sa direction comme une chouette un peu toquée, perplexe. Et c’était elle qui me disait ça ? Je me rapprochais d’elle et, posant le bout de mes doigts sur la pointe de son menton, l’incitait à relever le visage pour mieux la contempler. « Te rends-tu seulement compte de la bêtise de ce que tu viens de dire ? » Un sourire amusé étira mes lèvres, tandis que je secouais doucement la tête de droite à gauche. « Lorsqu’on se ferme à ce point aux autres comme tu le fais, on s’abstient d’énoncer des banalités affligeantes que l’on n’applique même pas soi-même, et on réfléchit à ses propres contradictions. » Posant un regard sévère sur elle, je lâchais son menton : nom de Merlin, elle était la première à juger et à mettre les élèves populaires dans le même panier : tous des starlettes capricieuses dénuées du moindre gramme d’intellect et dédaignant les plus effacés. Ils n’étaient pourtant pas tous comme ça : l’image d’Emerson traversa fugitivement mon esprit. « Tu méprises les plus populaires que toi, mais tu les juges avec un empressement effrayant – sans même envisager que tu puisses te tromper sur certains d’entre eux. »

Elle s’éloigna un instant après que je l’eus lâchée, une moue satisfaite défigurant ses traits en un grossier masque de fourberie. Que je haïssais cette expression emprunte de suffisance qu’elle arborait perpétuellement ! Un rire moqueur étira mes lèvres : rien d’étonnant à ce qu’elle afficha cet air en toutes circonstances : si j’y réfléchissais plus amplement, il fallait avouer que je l’avais rarement vue montrer autre chose que cela - en définitive, les traits d’Harper avaient beau être emprunts d’une certaine élégance, ils n’en restaient pas moins dramatiquement inexpressifs et peu changeants. « Ranges tes griffes mon chaton. Inutile de miauler ainsi, je ne suis pas sourde. » Je levais les yeux au ciel en soupirant : décidément, cette fille était incurable ! Je la vis grimacer lorsque j’allumais ma cigarette et ne pus m’empêcher de lui adresser un sourire radieux, soufflant nonchalamment un nouveau nuage de fumée par pur défi. Naturellement que je savais que le tabac était mauvais pour la santé, mais je ne fumais qu’en de rares occasions – lorsque je perdais réellement le contrôle de mes nerfs, mais ça, Harper n’avait absolument aucun besoin de le savoir. Ses bras croisés et sa moue amusée m’avaient informée jusqu’ici d’à quel point elle ne me prenait pas au sérieux : pourtant mon dernier argument sembla faire mouche puisqu’elle décroisa les bras, stupéfaite sans doute par l’aplomb avec lequel j’avais asséné cette vérité. Elle haussa finalement les épaules, reprenant un air impassible : trop tard, ça ne prenait plus. « Qui te dit que Liv n’était pas une petite menteuse qui ne fait que raconter des idioties, hum ? »

Je lui adressais mon sourire le plus sournois tout en faisant machinalement tourner ma cigarette entre mes doigts, réfléchissant brièvement. Je plantais finalement mon regard dans le sien pour annoncer simplement : « Si ç’avait été le cas, elle n’aurait pas été ton amie. Simplement. » Je me détournais alors pour contempler la Lune puis coulais un regard vers la sortie, envisageant de quitter l’endroit. J’étais plus sereine à présent : l’heure était maintenant avancée dans la nuit, l’air glacé faisait courir des frissons de plus en plus forts sur mes bras et jambes. La conversation m’avait donnée ample matière à réfléchir, et je me languissais à présent de la chaleur de mon lit, de la solitude du dortoir où Tabatah et Elhemina seraient certainement déjà endormies. De plus, j’avais le pressentiment que malgré l’arrogance apparente de Quinn, je ne serais pas la seule à avoir matières à réflexions durant le reste de la nuit. Dissipant en cendres ma cigarette d’un coup de baguette, j’en jetais les restes dans le vent froid et me retournais. « Il commence à geler, je retourne à la salle commune. Fais comme bon te semble. » conclus-je en soupirant. Décollant mon dos de la pierre froide du balcon à moitié détruit par mes soins, je me dirigeais sans regarder Quinn vers les escaliers. Tenant la porte ouverte, je m’arrêtais finalement, hésitante, et me retournais brièvement. « Et, Quinn … bonne nuit » soufflais-je doucement. N’attendant aucune réponse, je fermais la porte derrière moi et dévalais les degrés pour rejoindre mon dortoir, une main nerveuse ébouriffant mon épaisse chevelure brune. J’étais épuisée.

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Message par Quinn Harper Jeu 20 Mai - 14:43

«Te rends-tu seulement compte de la bêtise de ce que tu viens de dire ?» Ça tête de chouette toquée comme ses paroles me tordirent les lèvres dans un sourire à la fois amusée et froid. Oui, oui, je sais ce qu'elle allait dire. Elle allait sans doute me dire que je ne devrais pas parler, moi qui mets tous ces petits gamins capricieux et populaires dans le même panier sans les connaître. Elle n'avait ni tord, ni raison. Je n'en avais rien à faire d'eux et de leur petite personne. Qu'importait si certains d'entres eux n'étaient pas ainsi. Il n'en restait pas moins qu'un univers entier semblait nous séparer, eux et moi. « Lorsqu’on se ferme à ce point aux autres comme tu le fais, on s’abstient d’énoncer des banalités affligeantes que l’on n’applique même pas soi-même, et on réfléchit à ses propres contradictions» Je levai les yeux au ciel, dans une attitude peu encline à discuter. Qui était-elle pour me faire la morale celle-là? Personne de bien important et je n'en avais que faire des ses petits discours qui ne me touchaient aucunement. Je n’allais certainement pas me laisser intimider par Miss Jones et ses belles paroles. «Tu méprises les plus populaires que toi, mais tu les juges avec un empressement effrayant – sans même envisager que tu puisses te tromper sur certains d’entre eux.» J’émis un claquement de langue agacé. Ne pouvait-elle pas arrêter de jouer les gentilles petites filles parfaites quelques secondes? Elle aussi devait parfois juger les autres sans réellement les connaître, bien entendu, j’étais certaine que si je lui posais la question, elle me répondrait non, sans étonnement. « Garde ta morale pour les autres, veux-tu? Tu me saoule! » Je lui servie un sourire charmeur, bien que grinçant.

J’observai avec attention Montana fumée sa cigarette, avec une moue dégoûtée. Une partie de moi se demandait ce que pourrait bien avoir l’air Liv si elle avait vécue. Ressemblerait-elle à Montana? Gracile et jolie dans sa banalité? J’essayais de me souvenir des traits de mon amie avec désespoir. Ils étaient devenus si flou avec les années… Je m’en voulais un peu de l’avoir remiser dans le fond de ma mémoire, comme pour être certaine que jamais elle ne me blesserait de nouveau, même dans la mort. Je dois avouer que me souvenir d’elle avait toujours été douloureux, mais d’une douleur au goût douçâtre qui me plaisait bien, au finale. Fixant Montana sans même la voir, alors qu’elle soufflait un nuage de fumée nocive, j’essayais de vieillir le souvenir de cette gamine morte, sans grand succès. Peut-être n’aurais-je pas été si dure et si froide si elle avait survécu. Il y avait des chances pour que Clyde ne soit jamais entré dans ma vie pour y prendre une si grande place dans un tel cas. Mais il étai trop tard. C’était inutile de faire de telles suppositions. Elle état morte et enterrée, ne nous laissant que de vagues souvenirs à la fois joyeux et douloureux. «Si ç’avait été le cas, elle n’aurait pas été ton amie. Simplement.» Je levai les yeux vers mon aînée, le visage fermé. Comment pouvait-elle en être si certaine? Elle ne me connaissait pourtant pas autant que cela. Je soufflai doucement, ne trouvant rien à y redire. Je l’observai couler un regard vers la sortie sans broncher. «Il commence à geler, je retourne à la salle commune. Fais comme bon te semble.» Je l’observai se diriger vers la porte sans bouger le moindre muscle. Me retrouver seule ne serait pas si atroce que cela, au contraire. Elle ouvrit la porte alors que je fis quelques pas vers le balcon à demi détruit. Le vent froid venait lécher ma peau, lui donnant une couleur rosée. «Et, Quinn … bonne nuit » Je ne me retournai pas. La porte se referma.

Je me laissai glisser sur le sol, posant mon menton sur mes genoux. Il faisait froid, réellement froid, mais je n’avais aucune envie de retrouver mon dortoir où Emalee devait dormir à point fermé. Il était également inutile d’espérer retrouver Clyde dans notre Salle Commune, lui aussi, devait dormir. Je laissai mon esprit vagabonder, autant sur les événements récents que sur la discussion de ce soir. Allais-je voir Montana d’un autre œil, maintenant? Je n’en étais pas certaine. Elle restait pour moi qu’une pâle copie douloureuse d’une amie disparut, et si j’appréciais Tabatah, je n’étais pas certaine de vouloir me lier d’amitié ou de toute autre chose avec Montana. Je me mordis la lèvre, un peu perdue. Cette conversation nous avait sans doute donné matière à réfléchir à toute les deux et je ne pouvais être certaine de vouloir m’y arrêter. La Quinn qui avait passé ses deux premières années dans cette école comme une ombre, pourtant sûre d’elle et avec un aplomb déstabilisant me manquait cruellement. Jamais cette Quinn-là ne se serait prise à ce poser tant de question, à ce remettre en question elle-même. Elle était passée où, cette partie de moi? Cette fervente sbire de Clyde était passée où? Oh je l’étais toujours autant, mais un peu plus abîmée…surtout après cette soirée.
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