Zachary ; to be or not to be.

____J ’ai le pire vice au monde. Je veux posséder ce qui ne m’appartient pas. Je veux regarder ce que je n’ai pas le droit de voir. Je veux toucher ce qui est fragile et intouchable. Je veux être celui que l’on admire sans pour autant faire quoi que ce soit pour y parvenir. Je suis un paresseux et un incorrigible imbécile. J’ai tendance à penser que je peux tout acquérir sans me fouler. Que de toute façon, en un tour de passe-passe, je fais de n’importe qui mon objet. Je sais qui je dois être et quand je dois l’être. Je suis l’inconnu aux yeux bleus. Dans leurs rêves, elles soupirent mon nom. Dans leur quotidien, elles me cherchent du regard. Ignorant que je suis là. Juste là. Ouvrez les yeux, ladies, je ne suis que ce petit Serdaigle sérieux et travailleur. Mais je suis sans doute le meilleur de vos amants. Vous frémissez sous mes caresses en rêvant de susurrer mon nom. Mais quel est-il ? Vous l’ignorez. Je suis le seul détenteur de mon secret et j’en suis fier. Je suis cet être beau et intelligent que vous songez à nommer Prince Charmant. Mais au fond, je ne suis que l’insignifiant de service. Cette petite tâche d’encre sur votre parchemin. En fait, je vous gêne… Ma présence vous est intolérable. Je le sais, je le sens. C’était tellement hilarant. Être moi à des avantages innombrables. Le premier étant d’être ce lui que je suis sans que l’on me soupçonne de quoi que ce soit. La seconde étant de n’être désiré que lorsque ça me chante. Cessez de soupirer mesdemoiselles, je suis votre bourreau et il ne vous faudra pas longtemps pour me haïr. Susurrer l’inconnu et j’accourrai. Je suis le silence de la forêt mais aussi le bruissement des feuilles. J’annonce que la chasse est ouverte !

____f ascination. Je suis fasciné, c’est indéniable. Je regarde ces lettres défilées sous mes yeux sans en comprendre le sens. Que de merveilleux mots forment-elle. Que ces mots sont divins exploités dans de si belles phrases. Je me perds peu à peu dans les méandres de mon esprit. Mes pensées s’égarent allant d’une chose à une autre. Je ne comprends pas où tout cela va me mener, mais je me laisse guider par ces douces images qu’elles m’offrent. C’est étrangement beau. Tellement anodin… Tellement différent… Quel pouvoir extraordinaire les livres ont sur moi. Ils ont le don de me transporter. De me faire oublier qui je suis et de m’ouvrir les portes d’un monde nouveau. Puis soudain, je bascule. Mon pied s’emmêle dans celui d’un autre. Il ricane… Soudain, mes jambes tremblent, ne parvenant plus à supporter mon poids. Mes genoux atteignent le sol avec rudesse, ensuite mes paumes et ma joue pour finir. Une douleur lancinante s’éprend de mon corps. Tout me semble endoloris et pourtant… Je souris. Au contact frais du sol, je me rends à l’évidence. Je m’en moque. Complètement. Tout autours de moi et dérisoire. Je n’ai aucune attache, aucun lien de tissé. Je suis libre de mes mouvements. Libre de mes agissements. Je trouve cela merveilleux. Tant que j’enferme les yeux. Le sol est froid et mon corps endoloris. Je suis tombé sous leurs regards, ils rigolent… mais leurs rires sont insignifiants en comparaison de la mélodie qui me berce. Je souris. J’ai mal. Donc je vis. Cette évidence me frappe. Après quinze ans d’existence, je comprends le sens de ma vie. Je dois sortir de mon mutisme, sortir de ma prison dorée. Alors, je me relève. Mes yeux parcours la pièce. Elle est vide. Elle l’a toujours été. Mon inconscient de bien trop de tour. Quelques secondes auparavant, je pensais me trouver sur du carrelage froid au beau milieu de la salle commune. Mais au lieu de ça, je suis dans mon lit et la fraicheur de la nuit caresse mon visage. Ai-je manqué un épisode ? Ai-je rêvé ? Je n’en sais rien, mais je suis heureux. Étrangement libéré d’un poids dont je ne connaissais rien. La vie est douloureuse lorsqu’on ne parvient pas à la dompter, je l’ai compris. Maintenant, je vais pouvoir vivre. Sourire même. Je vais avancer et ne pas me retourner. Le passé est derrière moi et mon infinie gentillesse aussi. J’en ai marre de n’être qu’un petit grain de sable sur cette plage d’insouciance. Je prends ma vie en main et change ma vision des choses. Cette fois, j’me laisse glisser sous les vagues assaillantes d’une existence bâclée. L’eau glisse sur ma peau autant que les rumeurs sur mes oreilles. Je m’en fiche. Je ne veux rien savoir. Je veux oublier. Profiter et changer de vie. Est-ce de la paresse qui s’éprend de moi ? Je ne sais pas. Mais une chose est sûre, c’est la dernière fois que je me laisserai faire… Les croche-pieds, aussi inexistant soit-il, seront payés. Et ma maladresse habituelle va peu à peu s’éteindre pour étreindre d’autre bras.

« Zach ? Tu dors ? »
« Je dormais, oui ! »
« Désolé. Rendors-toi. »
« Comme si j’allais attendre ta permission ! »

____Pauvre ignorant. Tristen. Il croit vraiment que j’en ai quelque chose à foutre de lui ? Pauvre être minable. Il est encore bien plus inintéressant que moi. C’est triste à dire, mais c’est pourtant l’un de mes seuls amis. Il faudrait que j’apprenne à me montrer clément avec lui. Il faudrait que je lui rende cette amitié que je trouve étouffante. Mais… En me rendormant, je me dis qu’au fond, je vais en avoir besoin. Que même si je reprends le cours de ma vie, je ne peux pas tout laisser tomber sans avoir de raison valable.

« Tu veux quoi ? »
« Non rien… Oublie. »
« Bon, d’accord. »

____J’aurais essayé…