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Foudres Blanches

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Message par Invité Sam 13 Nov - 0:02

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F o u d r e s . B l a n c h e s

    " Je parle de ces foudres blanches qui nous dévoilent une seconde le visage qui est le nôtre, celui qui monte de la plus noire solitude jusqu’au feu dévorant d’une rencontre. Il n’est pour ces états aucune terre, aucune heure privilégiée."

    J’errais longuement sur les berges. Immensité d’eau, immensité insondable d’un diamant noir. Solitaire, et effroyablement dérisoire, j ‘avais pourtant l’audace d’une existence en ces lieux immobiles, j’osais avancer pas à pas sur la grève sans fin le long des vagues inexistantes, sur les rives de ce lac faussement impassible que l’on imaginait facilement soulever des montagnes d’eau, se jeter sur la terre, avec rage, avec force, écumant, pour tout réduire en grains de sable, en grains minuscules, sans nombre. J’osais les pas de mon mouvement transverse quand les assauts gris de nuages se précipitaient dans un même sens, vers les terres lointaines des insouciants, vers les continents toujours à s’égrener sous leur puissance et sous le vent, violent à tout faire voler en grains et poussières. J’osais les traces sur la grève, en dépit des efforts imperceptibles de cette masse liquide à venir lécher le sable, de sa bave consistante, à venir effacer toute trace d’humanité, avaler tout signe de présence autre que fluide et minérale dans son ventre d’insignifiance, où tout est digéré, puis régurgité en nausées liquides et sablonneuses de l’indifférencié et de l’oubli. J’avançais, à contretemps, à contre-jour, exhumant mes pores à l’astre lunaire. J’apercevais par delà les buissons, le chateau aux murs comme les voiles d’un grand navire de cette époque des siècles passés, quand les hommes s’élançaient à la découverte des mondes nouveaux. Un voilier de pierre échoué sur les rives pour toujours. Un vaisseau las des flots parti naviguer hardiment sur les terres.

    Entre les graviers remués par la plante de mes pieds offerts aux quatre vents, y’avait le temps qui rampe, se tortille, languit, s’écrase. Prendre l’air. Se sortir lorsque plus personne ne semble vivre. Pénétrer les parenthèses du peuple. Sortir enfin le coeur trop souvent clos, plein de trous, de fissures et de bosses, le coeur où s’indurent les cris que nous n’avons pas osé pousser, les chutes que nous avons haïes, les nuits plus dures que l’acier. Sortir en plaine inertie collective pour se prouver peut-être qu’on existe. Malgré soi des images montent, malgré soi les torches toujours vives s’allument. Je veux d’avantage de ces journées mauves lorsque l’inspiration s’estompe, des couleurs et des souffles qu’on calcine telle une cicatrice figée. Le feu d’un corps qui s’étouffe, cette âme déchirée qui se mout dans le noir, des cris, des cris.

    Les yeux ouverts sur la nuit, gargouillesquement figé, j’attend et écoute.
    J’attend que cessent les frémissements d'un corps qui sombre dans la sereine immobilité lac. J’écoute la respiration de la femme qui s'amourache de la surface indélébile du lac. Sens aux aguets lorsque la vue fait défaut. Tableau infiniment suave que ce bain de minuit d’une muse qui inéluctablement passait dans cet environnement, sur un mode sanctifié. Je ne posais pas de problème particulier à l’ordinaire pour qui ne provoquait pas mon intérêt. Rustaud, sanguin, et dans un sens prévisible, il était aisé de se rendre compte quand le sanglier va charger. Quand cette funeste échéance advient, il est de toutes façons trop tard : enflammé, rien ne l'arrête avant qu'il n'ait défoncé le sol de ses boutoirs, saccagé la terre, arraché les fleurs, qu'il piétine, encore, de la rage. Aussi est-il infiniment plus habile de ne le jamais heurter de front : seuls les béliers s'amusent au choc frontal, qui laisse un des deux pattes en l'air, et souvent mort. Mais quand la parole est à Monseigneur désir, je ne pouvais assurer que sous mon apanage ordinaire d’une magnanime sainteté ne se terrait pas ce sanglier prêt à s’imposer sans subtilité aucune.

    Pour le moment je récupérais la serviette de la jeune femme et attendait en mode corde à linge qu’elle sorte de ce miroir que l’on devinait vil et hostile. J’avais délaissé mon uniforme au profit d’un ensemble de lin on ne peut plus léger. Image surréaliste d’un Slythern volant dans ses fringues. On ne pouvait soupçonner mon appartenance à une maison plus qu’à une autre. Sauf qu’à bien y regarder, mes airs virginaux n’étaient pas faits pour leurrer grand monde. Mon regard carnassier et indubitablement pervers, s’osant sur le galbe de cette sirène d’un soir apportait ses conclusion. Iris. Le temps avait passé, mais toujours j'adorai ce nez offusqué, faussement ingénu. Iris. Padawan des premières années...

    J’ignorais que le lac noir hébergea quelque nymphe silencieuse.

    Ton innocent. Et pourtant y pointe un échos cynique et détestable.

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Message par Invité Mar 16 Nov - 16:21

Spoiler:

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« Tout a ses merveilles. L'obscurité et le silence aussi. »

    La nuit. Douce mélancolie faisant renaître les fantômes du passé. À mes yeux elle représentait plus une liberté que mon corps réclamait. Un besoin faisant battre irrégulièrement l'essence même de tout être vivant. Rendant la frénésie à son comble. Ce spectacle était beau alors, pourquoi m'en serais-je éloignée ? Aveux ou non, l'égoïsme était un plaisir dont peu de personnes profitait. C'est pourquoi, je laissais mes pas me guider vers le rivage. Appréciant le sable fin s'écraser sous l'épiderme, laissant des traces grossières ou restant accroché, faute à l'humidité accumulée sur le chemin menant au lac. Appréciant le vent qui jouait avec mes cheveux, les faisant voler et virevolter dans une danse interminable. Délectant la fraîcheur de cette immensité me caresser la peau, sous une serviette d'une texture rude et agressive, arrachant ainsi des plaintes sourdes de ma peau. J'encerclais ma taille de mes bras, comme si ce simple geste pouvait me protéger d'un mal inexistant. J'observais le rivage. Ma vision se portait au-delà de ce qu'elle pouvait apercevoir. L'obscurité semblait avoir avalé la moitié du paysage pour le noyer dans le néant. L'ombre était maître. Seule, la lune veillait et renvoyait sa luminosité sur le lac qui la reflétait vulgairement. Je passais une main dans mes cheveux, enlevant ainsi la plupart des mèches qui obstruaient ma vision. Puis je laissais s'attarder sur ma nuque avant de laisser un sourire en coin s'échapper. Une fois encore, l'insouciante et « rebelle » Ravenclaw s'aventurait hors de l'école sans aucune permissions. N'ayant que pour seul vêtement une fine lingerie et une serviette autour de la taille. Pas même une baguette magique me permettant de me sentir en sécurité. Où que le vent décidait de me porter, jamais je ne m'étais sentie en sécurité. Encore moins ici qu'à Poudlard. Coincé entre quatre murs durant sept longues années. À suffoquer, manquer d'air tant l'oxygène semblait être une rareté. Obéir encore et toujours à des règles plus stupides les une que les autres. Ma mâchoire se serra inévitablement. Je me donnais la nette impression de n'être qu'une bête en cage que les dompteurs nourrissaient à la chaîne.

    Je m'étais stoppée, certainement, depuis un petit laps de temps. La brise continuait de me titiller moi et les extrémités de mes doigts de pieds. Je m'étirais de haut en bas, ramenant les bras au-dessus de ma tête, gonflant légèrement la poitrine pour laisser entrer le maximum d'air que mes poumons savouraient. Lentement, la serviette se détacha et glissa le long de mes courbes féminines. Fort apprécié par la gent masculine, haït par sa propre maîtresse. Lentement, je rentrais dans l'eau. Ma peau frissonna dès le premier instant. Je continuais d'avancer, laissant la berge me frapper le long des jambes. Tentant désespérément de me faire tomber pour m'engloutir dans la torpeur des abysses. Nul doute que bien vite mon âme ou ma bonne conscience y tomberait. Rapidement, mon bassin atteignit le dessus de l'eau. Toujours d'une marche démesurée mais sûre, j'y pénétrais lentement. Lorsque mon ventre fut atteint par la froideur du lac, un soupir glissa le long de ma gorge et s'extirpa de ma bouche. Une expiration de bien-être, de se sentir vivante. De pouvoir toujours ressentir. Quelques secondes plus tard, je baignais dans l'eau. Mes cheveux flottaient à la surface de l'eau. Mon corps s'était figé et désormais je faisais partie du tableau. Une tâche d'encre noire qu'on aurait laissé là pour illustrer mes cheveux. Fils d'ébènes dans une obscurité parfaite. Minuscule trait blanc me trahissant à la lueur de la lune qui se reflétait sur ma peau blanchâtre, à la limite de translucide. Sous cette effervescence, elle était magnifique à regarder. Je renversais légèrement ma tête en arrière en créant des mouvements avec mes bras sous l'eau. Les vibrations s'amusaient à courtiser mon ventre. Que n'aurai-je pas donné pour rester ici éternellement ?

    Je n'oubliais pas que le lac était habité par de nombreuses créatures dont je ne connaissais pas l'existence, n'ayant pas eu la chance d'en voir encore. Toutefois, je me demandais si de là où je me trouvais, quelqu'un m'observait ? Si une créature vivait là où je m'étais accordé le droit d'aller, pourquoi se serait-elle empêchée de m'épier aussi longtemps que j'aurai décidé de rester ? Le froid finit par engourdir certains membres que je remuais légèrement, envahit par un picotement fort désagréable que mon corps recueillit tout de même. La nuit s'imposait face à moi, me dominant de ma petite taille svelte. Elle m'embrassait et je m'abandonnais dans ses bras puissants. J'étais loin de Poudlard et de ces murmures empoisonnés.

    J’ignorais que le lac noir hébergea quelque nymphe silencieuse.
    Le temps sembla s'arrêter l'espace d'un instant. Le silence se brisa soudainement, soucieux d'être interrompu. J'ouvrais les yeux à nouveau, seule, face aux réclamations incessantes de tout mon être. Sourde, mais néanmoins surprenante. Trahie par mon propre corps, les battements s'accélèrent innocemment. Comment ne pas reconnaître cette voix suave, pourtant si incongru. Je me serai volontiers donné une gifle pour le coup. Je tournais vaguement la tête en sa direction. Bien que ma « quasi » nudité ne me gênait guère, il m'était impossible de ne pas répondre. Même si j'aurai aimé l'ignorer totalement.

    Ciaràn. Voix sèche, mais peu surprenant de ma part à son égard, suivi d'un silence. Ne crois pas que je suis ravie de te voir, mais je peux savoir ce que tu fiches ici ?

    Répondre à Ciaràn, c'était automatiquement rentrer dans son jeu. Je ne le souhaitais pas. Seulement, je ne pouvais m'empêcher de répondre aux piques qu'il me lançait hostilement. Le sang bouillonnait sous ma peau et le calme, qu'il m'était difficile d'exposer, avait disparu. Pour céder la place à une tension palpable et amère à la fois. En lui faisant face, il n'était pas dur de deviner que cette situation l'amusait. Lui tenir tête ne relevait pas d'un miracle mais d'un véritable casse-tête. Je peinais à le comprendre et à savoir comment tourner les situations en mon avantage. Son caractère ne lui faisait jamais défaut. Il savait parfaitement maitriser les situations. J'avais choisi le mauvais dominateur, toutefois je lui redevais purement mon caractère. Acquisition d'une expérience, aussi sournoise fut-elle.

    Puisque tu as l'indécence de m'épier vicieusement depuis avant, j'ai le droit, moi aussi, à une petite compensation.

    Pas de question. Une simple perche que je regrettais déjà de lui avoir tendu. J'en avais un goût amer qui se répandait dans la bouche. Nouvelle baffe invisible ! Pourtant, si à l'intérieur j'étais tendue tel une lionne prête à se jeter sur sa proie pour n'en faire qu'une bouchée, de l'extérieur j'affichais un visage de marbre. Sans émotions aucune. Je haussais vaguement un sourcil en sa direction. Finalement, je lui tournais à nouveau le dos pour continuer de m'enfoncer dans l'eau.

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Message par Invité Sam 20 Nov - 10:56

    Sur ce tableau de jais, mes fantasmes s'enroulaient en tourbillons, trombes silencieuses du désir. Il régnait cette insécurité onirique, ce jaillissement du monde qui m'entourait, d'autant plus énorme et turbulent du fait que j'étais seul avec moi même, poussière, tout comme le sable n’était que le résultat des affres du temps sur des roches que l’on eut cru inaltérables et indestructibles. Moi et ce que la présence d’une jeune femme pouvait éveiller en ma personne. Moi et mes scories humaines si délectables à ma conscience. Le corps d’une femme était un grand crû, que je ne me lassais pas de savourer avant de les abandonner à l’état de charpies psychiques. J’étais loin de la nuée puérile constituée de la majorité de mes collègues, piétinant toute valeur véritable de leurs sabots virginaux et décents, m’écrasant de leurs joies innocentes que je trouvais mornes sans jouissance aucune . Cette assemblée, si semblable à moi mais qui me paraissait si différente, qui allait de pair avec le parfum de linoléum humide propre aux écoles primaires.

    Ciaràn. Ne crois pas que je suis ravie de te voir, mais je peux savoir ce que tu fiches ici ?

    J’adorais Iris, quand elle tendait dans le noir son museau odieux de candide contrariée, innocente inquiétée, et pourtant j’avais soûlé tous mes organes avec des femmes, leurs habits d’été, ces nus, ces odeurs humides, ces pores si facilement blessés, aisément à vif; j’avais abusé de leur compassion, de leur romantisme à ces doux machins à la fois tendres et vulgaires. J’avais épuisé leurs fantasmes, leur avais injecté ce doux parasite ; la désillusion. Oh oui, je jouissais de son attitude mièvrement maligne à me croire tributaire de sa parole et de ses actes. Pour sûr que je l’étais, peut être plus que tout ce que je voulais bien m’avouer. Pour autant ne pas la croire aussi dépendante, voir d’avantage, de moi que je pouvais l’être d’elle aurais mérité un apprentissage intensif et rigoureux. Iris, ses entrailles, que je devinais mues par l’embryon indésirable des affres les plus détestables dont on puisse faire l’expérience, embryon que j’avais moi même pris soin de déposer en terrain fertile. Tumeur incurable dont ma seule présence semblait catalyser la multiplicité des cellules insoupçonnables. Je constatais non sans éprouver la suave satisfaction du mâle pervers que la jeune femme n’avait pas pour expectative de s’effacer et d’ignorer ma présence, ce qui entre nous aurait été la solution salvatrice. Au contraire, Iris affichait ce regard de défiance que j’avais longtemps corrompu.

    Nombreux serait ceux qui délaisseraient Morphée pour ces berges pourtant d’apparence inhospitalières s’ils savaient qu’elle créature les peuple. Nous serions une flopée à risquer notre sang sur l’autel d’Artemis pour ne serait ce qu’entrapercevoir ses nymphes.

    Il n’y’avait rien à attendre de Cia. Imprévisible puisque lui même n’avait pas pour habitude de projeter ses actes autrement que dans la sphère de l’instantané. Il était bien peu aisé de percer les intentions de notre jeune ami, surtout lorsque le voile de nuit obstruant ses pores aidait au jeu de l’étouffe ; catalepsie des membres sur le qui vive comme qui aurait peu de jour encore à vivre et qui par conséquent redouble d’ardeur en appréhendant d’avantage le voisinage des choses. Cia, âme frémissante qui n’avait jamais besoin de grand chose pour se retrouver menaçante. Evasif, avait il répondu à la question première ? La verve dont il usait ne s'embarrassait guère d'une quelconque justification pour élever, toujours aussi cynique.

    Puisque tu as l'indécence de m'épier vicieusement depuis avant, j'ai le droit, moi aussi, à une petite compensation.

    Pas une gerbe opaque lorsque la silhouette blanche disparue allègrement sous cette surface, pareille à une étoile que les effluves vaseuses d’un vortex diapreraient sombrement. A nouveau le lac n’était que reflets impassibles virevoltant dans leur mouvance immobile. L’astre lunaire braqua un instant son projecteur opalescent sur le regard translucide du Slytherin. Des ténèbres s’élevèrent vivement deux perles des plus inquiétantes. Carnassières ou émues face à cette donzelle qui tentait d’échapper à ses propres affres d’inconstance qu’elle se refusait à accepter pleinement, ayant toute conscience de leurs origines ? Nul n’aurait su dire. Mais il n’était point difficile de lire ce qu’il mettait à jour ; une hésitation sans véritablement d’investissement entre en finir avec cette présence qui promettait de le préoccuper inutilement pour une issue qui demeurerait inchangée, ou s’amuser a prêter de la considération à ses propos. Aussi fugacement qu’elle était apparue, cette lueur machiavélique sombra dans la pénombre alors que la lune se repliait derrière son tamis nocturne, tel un insecte glissant à l’abri du prédateur. Finalement, Ciaràn s’approcha d’un pas bancal, tel le gosse qui s’amuse de manière irrespectueuse, impertinent comme qui ne fait acte de présence que parce qu’il peut nourrir ses propres intérêts. Son attitude aurait prêté aux sifflements tout aussi désobligeant si son ombre putride n’était pas irrémédiablement liée à chacun de ses pas. Ainsi prenait il une dangereuse allure de créature gargouillesque. D’une voix déformée par une joie incongrue, il ne se pressa pas pour répondre à son interlocutrice.

    Mais il n’y’a jamais eu aucune ambiguïté dans mes motivations. Quant à l'indécence que tu suggères, il me semble que l'état dans lequel tu te trouves devrait annihiler toute notion de morale et de bienséance non ? Le vice auquel tu me cantonnes est tout à fait légitime en pareille situation.

    Mes pieds éternellement nus avalèrent d’eux même les quelques centimètres me séparant de sa silhouette nacrée. J'ôtai la chemise que je portais à nu et me glissai, murène silencieuse. Je pouvais tenir des années à ne respirer que de l'eau. Déjà j’étais contre sa nuque ; souffle humide et envoûtant. Résonnait en moi les airs de tango inoubliables de mes maîtres. Pupilles acérées et pourtant tellement doucereuses…Patiente. Savourant le battement régulier percevable à la surface de cet amas de chairs désirable. Chuchotement que l’on aurait pu croire porté par le vent. Sourire cynique…

    Prend garde à toi, prend garde à toi…

    Cela en demi-mots, en foudroiements, en émissions alternatives, soudainement accompagné de râles, épouvantables et longs, comme séparés de tout autre bruit — chairs frontières et l’absence d’un écho. Les rives et ces eaux n'étaient pas peuplée de nos seules présences. L'orgueil en ellipse, j'avais le sourire béat de l'adrénaline qui fuse et paralyse lors de toute situation incertaine.

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Message par Invité Jeu 25 Nov - 0:29

    Maintenant encore, je me demandais ce qu'il m'avait pris de lui répondre, ou de tout simplement lui avoir adressé la parole. J'étais entrée inexorablement dans ses filets alors que mon but premier était de l'éviter un grand maximum. On ne chassait pas le serpent, même si tout prouvait que nous étions sur le point de l'attraper. Et pendant ce temps, tandis qu'il nous laissait croire que nous étions maître de la situation, celui-ci s'enroulait de façon vicieuse autour de notre gorge. Étouffant petit à petit sa proie. Était-ce réellement similaire ? A vrai dire, Ciàran était le chasseur et le serpent à la fois. Je tentai vainement de me concentrer sur l'air frais m'attaquant de plein fouet. Mais rien n'y faisais. Étais-je déjà prise au piège, de façon si lamentable ?

    Nombreux serait ceux qui délaisseraient Morphée pour ces berges pourtant d’apparence inhospitalières s’ils savaient qu’elle créature les peuple. Nous serions une flopée à risquer notre sang sur l’autel d’Artemis pour ne serait ce qu’entrapercevoir ses nymphes.

    J'étais toujours aussi surprise de voir avec quelle facilité il détournait les questions. Pourtant, je me satisfaisais de cette réponse. J'avalais ses mots, qui se frayaient un chemin jusqu'au tréfonds de ma tête. Je tentais de repousser la curiosité aussi loin que possible. Devais-je réellement lui répondre pour qu'il sache ce que je pensais ? Je me mordais la lèvre inférieure pour tenter de repousser le diable. Je n'avais pas encore vendu mon âme. Ciaràn était peut-être doué à ce jeu-là, sauf que si jadis il avait été une sorte d'éducateur spirituel, broyant la moindre de mes pensées, aujourd'hui j'avais appris à lui tenir tête. Je n'étais plus la même petite fille innocente. Aussi, je décidai de ne pas lui répondre directement. La patience est une vertu. Je fermais les yeux à nouveau pour oublier. Pour l'oublier lui. L'air frais s'engouffra dans mes poumons, ma poitrine se souleva légèrement. Un simple souffle s'évapora de mes lèvres légèrement entre-ouverte. Le silence se réinstalla calmement, créant une atmosphère lourde, à la limite d'insupportable. Si je vouais une antipathie envers lui, pour ce qu'il m'avait fait et qu'il continuait de faire comme si tout cela n'était qu'un jeu, infructueusement je risquais de repousser les pulsions attirées par son aimant. Mon corps entier semblait vouloir se glisser vers lui alors que je dressais un mur tout autour de moi. Ce sentiment d'infériorité s'avérait insultant. Se faire poignarder dans le dos n'aurait pas été pire. Je m'observai l'espace d'un instant dans le reflet de l'eau, qui reflétait, grâce à la lueur de la pleine lune, une silhouette aux rêves et à l'esprit désabusé. Vidé de toute conscience et empli de morosité. Battu mentalement par de nombreuses mains qui autrefois se voulaient douces. Laissant ainsi d'innombrables cicatrices plus immondes les une que les autres. La plus farouche était également la seule que l'on pouvait apercevoir quand ce corps se dénudait devant la férocité d'un œil sauvage. Longtemps des doigts s'y étaient attardés. Blessure d'un soldat tombant au combat.

    Mais il n’y’a jamais eu aucune ambiguïté dans mes motivations. Quant à l'indécence que tu suggères, il me semble que l'état dans lequel tu te trouves devrait annihiler toute notion de morale et de bienséance non ? Le vice auquel tu me cantonnes est tout à fait légitime en pareille situation.

    Je réanimais abruptement mon esprit qui s'était égaré parmi les songes. Le vent caressa ma peau, m'arrachant un frisson. Ciaràn continua de parler et sa voix se porta jusqu'à moi pour dévorer mes entrailles. Ô qu'il était dur de reconnaître ses tords. Jusqu'où la dépravation pouvait-elle aller ? Un sourire apparut sur mes lèvres. Résister n'était pas la meilleure des défenses, du moins jusqu'ici. Il était difficile de s'avouer coupable d'un crime aussi perverti fut-il. Le piège se refermait sur moi. Doucement, d'une lenteur exagérée qui frôlait l'exaspération. J'ignorai quoi répondre. Cette ombre ne faisait que s'amuser au final. Mais si son cynisme ne s'était pas avéré pas aussi palpable, force était de m'avouer que j'aurai déjà mordu à l'hameçon. Peut-être que c'était déjà le cas. Bientôt je remontrais à la surface pour manquer cruellement d'oxygène. Et une fois encore, il aurait eu le dessus. Mon regard se porta sur l'horizon, défiant quiconque de mes yeux aux couleurs cuivrés en cette nuit de pleine lune.

    Toujours aussi perspicace. Toutefois, rien ne m'oblige à te donner raison pour le moment. Si tu souhaites te soumettre aux pêchés capitaux grand bien te fasse. Garde juste tes mains dans tes poches.

    Il me sembla bien que la dernière phrase n'avait été qu'un marmonnement purement impulsif. Ciaràn me donnait l'impression d'être une bête traquée. Ni plus, ni moins. Juste une espèce qui se plierait à ses volontés, à son bon vouloir faire. J'avais déjà été une fois l'objet. Une fois, mais pas deux. L'expression jamais deux sans trois pourrait bien m'affronter, jamais plus il ne serait question de domination. Surtout s'il s'agissait de moi. Et rien que de moi. Mes pieds avancèrent d'eux-même pour plonger ce corps fébrile dans l'eau. Suivant la situation, l'improvisation serait le meilleur des remèdes qui s'imposeraient. Aucun diagnostic ne pourrait me sortir de cette situation. Situation dans laquelle je m'étais empêtrée toute seule. Je me stoppais quand la nappe atteignit mes clavicules. Je souhaitais garder pied et c'était peu dire. Cette condition aurait bien pu me mettre mal à l'aise et me sentir ridicule, mais il m'en fallait plus pour me donner l'impression d'être désarmée. J'étais sans doute naïve de temps à autre, pas abrutie.

    Je gardais toujours les mains sous l'eau, bras le long du corps ou avec des mouvements aussi futiles qu'inutiles. Membres, soit-dit en passant, superflus en cette situation, sauf si je décidais qu'ils me seraient utiles. Je n'avais pas l'intention de visiter le lac et ses abysses. Connaître ce qui vivait dedans m'intriguait or j'apprenais à taire ma curiosité bien trop poussée à vif ces derniers temps. Le temps m'échappa une seconde fois. La soirée qui s'annonçait tranquille devint hostile. Avec des « si », nous referions le monde néanmoins ce terme revenait souvent dans de telle situation. Si je n'étais pas allée au lac, si j'avais eu la tête sous l'eau en ce bref instant... « Si j'avais été nue », je ne souhaitais même pas imaginer en quelle position je serais. Mes pensées me poussèrent à y songer toutefois. Défavorable ne serait pas assez fort comme mot.

    Prend garde à toi, prend garde à toi…

    Connait-on pire blasphème quand notre corps ou nos émotions nous font défaut ? Je tressaillis légèrement, assez pour que cela s'aperçoive que ce n'était pas un rejet du froid. Au contraire. Des sensations, qui ne m'étaient guère inconnues, embrasèrent mon corps. Je serrais la mâchoire, pour rester dans la réalité des choses. Sachant qu'un souffle chaud enlaçait ma nuque. En cet instant, un seau d'eau glacé ne serait pas plus utile qu'une claque ou qu'un sort de baguette magique. Défaite de la raison ? Devais-je attendre tranquillement ? Attendre était pire qu'agir en ce moment. Simplement, la vérité m'échappait. J'allais sombrer avant même d'avoir remarqué quoi que ce soit. Je me retournais vers lui, pas trop vite pour tenter de laisser croire à un doux mensonge. Ciaràn me dominait de par sa taille. En conséquence, cela était vexant de devoir relever le menton pour donner l'impression que c'était moi qui tenait les brides.

    J'affichais toujours un visage de marbre, même si c'était inutile. Il en connaissait plus sur moi que je ne voulais l'avouer. Cela ne me plaisait pas. Rien de me plaisait en cet instant. La petite Iris était plus faible qu'elle ne le pensait. Mes prunelles ne pouvaient que s'attarder sur son torse, ce qui était une haute trahison à la façade que j'affichais. Je relevais rapidement les yeux vers les siens. Me plongeant dans un mutisme que je connaissais bien. Évaluant l'état de la situation.

    Tu es si sûr de toi que s'en est déconcertant. On ne t'as jamais appris à ne pas jouer avec le feu ?

    Je posais une main sur son torse, pour le repousser. Main qui s'attarda. J'essayais de contrôler au mieux ma respiration. Je lui aurai volontiers enlevé ce sourire sournois des lèvres. Je reculais pour lui échapper.


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Message par Invité Jeu 2 Déc - 14:23

    La faiblesse de nos organes, le défaut de réflexion, les maudits préjugés dans lesquels on nous a élevés, les vaines terreurs de la religion ou des lois, voila ce qui arrête les sots dans la carrière du crime, voila ce qui les empêche d'accéder à l'ultime seconde; mais tout individu rempli de force et de vigueur, doué d'une âme énergiquement organisée, qui se préférant, comme il le doit, aux autres, saura peser leurs intérêts dans la balance des siens, se moquer de Dieu et des hommes, braver la mort et mépriser les lois. Débarrassé de toute condescendance il sentira que la multitude la plus étendue des lésions sur autrui, dont il ne doit physiquement rien ressentir, ne connait de jouissance plus suprême. La jouissance le flatte, elle est en lui, l'effet du crime ne l'affecte pas, il est hors de lui; or, je demande quel est l'homme raisonnable qui ne préférera pas ce qui le délecte à ce qui lui est étranger, et qui ne consentira pas à commettre cette chose étrangère dont il ne ressent rien de fâcheux, pour se procurer celle dont il est agréablement ému ; un corps à sa merci ?

    Le pouvoir de détruire n'était certes pas accordé à l'homme, il avait tout au plus le bénéfice de varier les formes ; en aucun cas était il capable de les anéantir. Nos destructions raniment le pouvoir de la nature ; elles entretiennent son énergie, mais aucune ne l'atténue ; aucune nela contrarie. Tout se transforme. Depuis l'aube Cia s'enhardissait à être l'acteur de ces métamorphoses ; un semblant de crime pour apprécier la naissance qui s'ensuivait. Plus précisément, il était cette voix désagréable qui s'insinue et chuchote dans l'intimité des plus précieux égos, jusqu'à en déformer l'orgueil et la considération. C'était infime, imperceptible, mais les jours passant, les victimes sur qui notre jeune ami jetait son dévolu, d'avantage par divertissement qu'autre chose (et ne répondant à aucune logique il était en cela d'avantage chaotique), dévoilaient leur second visage. Et abandonnant par la suite ses multiples corneilles, qu'elles gravitent dans leur solitude afin de considérer toute l'ampleur de leurs nouvelles vicissitudes, Cia s'entichait parfois, tel le choucas mélancolique de sa horde, de ses plus prometteuses entreprises. Ou tout simplement prenait il un plaisir malsain à fréquenter les âmes qu'il avait lui même façonné ; on s'échoue toujours sur ses propres rivages.

    Toujours aussi perspicace. Toutefois, rien ne m'oblige à te donner raison pour le moment. Si tu souhaites te soumettre aux pêchés capitaux grand bien te fasse. Garde juste tes mains dans tes poches.

    L'humidité suintait de partout. Nappe brumeuse qui léchait en frasque immobile la surface du lac. J'en avais presque l'impression de pourrir lentement comme une feuille de sous-bois à l'automne. Il faut avouer que j’y mettais une certaine complaisance, je glissais quasi délicieusement vers le non-être, acceptant que mon identité se résume désormais à n’être qu'une créature parmi d'autres. Face à face, je me soumettais, immobile comme sans intention aucune, au regard sans concession d'Iris. Il émanait d'elle ces trésors d'amour propre recouverts d'un désintérêt de pacotille. Sa voix, trésor frappé de certitudes. Mais la raison était inutile quand les repères se déplacent. J'étais la rencontre redoutée, repoussée....et tous ces faux semblants pour parler d'autre chose...Elle avait traversé le miroir pour fuir son image, je n'avais pas à la retenir, elle ferait chemin inverse. Je rejetais avec délectation un nuage de buée. L'affreux brouillard poisseux s'invitait aux coté de notre étrange couple issu du hasard de cette nuit, accompagné des rumeurs d'un orage venant du sud, tel un démon traquant sa proie sur ses pattes de foudre. Se risquerait il à venir nous tenir compagnie ? Je surplombais la jeune femme. C'est là que son reflet a sombré, dans les cieux d'eau. S’immerger dans la horde en décomposition ; cette masse sombre qui charrie les corps, pas tout à fait vivants, pas encore morts. J'accompagnais sa réapparition.

    Mais ton indécision m'enchante, d'avantage si ton subconscient s'arroge le droit de s'adresser directement à moi par ces mêmes paroles ; quand à un quelconque péché capital ; qu'elle grandiloquence! Qui à l'audace d'en faire mention ? Considères tu le désir comme un affre qui mérite toutes les foudres ? Je t'imagine terriblement frustrée pour énoncer de tels amalgames...

    J'avais le sourire perverti, visage démoniaque ? Oui peut être, mais à m'imaginer Iris chez les nones, le rire qui émanait désormais de ma personne était lui pleinement légitime. Personne ne provoquerait sa chute ; il n'y'avait aucune hostilité de ma part à son égard, il n’y avait rien de mal intentionné nulle part, juste un flux fascinant. Le regard observe un simple mouvement d'hésitation qui se propage avec vélocité. Puissance de ce mouvement ! Son attraction nous saisit et laisse entrevoir la facilité avec laquelle on peut devenir matière mouvante. Ils sont tous si absorbés, et si vides, le cerbère ne les contraint en rien, ils suivent…La joie animale est-elle d’une fluidité inexorable ? Non, elle est étincelles d’instants, elle est pétillante et se laisse contempler dans l’acte d’être au cœur même de la chair. Elle est allégresse verticale, unité indissociable à la nature humaine, une force volante comme l’est l’oiseau par sa propre nature. Dans l’intimité de la chair, la totalité de l’être humain et la joie ressentie viscéralement produisent un embrasement suave.

    Tu es si sûr de toi que s'en est déconcertant.
    On ne t'as jamais appris à ne pas jouer avec le feu ?


    Elle était là, à essayer de garder contenance sans être hypnotisé par mon impérieuse immobilité défiante, à essayer d'avance sans paniquer, en gardant l’équilibre pour ne pas sombrer et se laisser happer par cette nature mouvante. Mais il aurait été fort bête d’oublier les ratures glissées entre nos deux peaux. Disons qu’au soleil, et au poison de l’ombre de l’arbre de son corps, je me crée de la langueur, mais jamais ne m’étonnais du crayon de ses doigts. Disons que la beauté, clinique aux lèvres ridées, amères, ne venait baiser mes yeux qu’en de rares cas ; du reste, les saisons étaient convenues, sonnaient comme de gris glas. Nous n'étions que des êtres de tissus ; nos peaux se souvenaient l'une de l'autre.

    Il n’y eu même pas eu de coup de tonnerre, juste une petite pluie fine et glaçante qui ne s’arrêtait plus de tomber. Tes cheveux qui se terminent en pointe sur la nuque et ta main irrépressible. Tes yeux qui se remplissent des rivières de l'irrémédiable atteint, enfin.

    L’angoisse dans laquelle nous plonge le brouillard ne vient pas de l’aveuglement seulement, mais de ce qu’il traîne, par strates, sur les bras, les épaules, cuisses, ventre et dos. Il rampe. L’ombre éveille les membres, ils courent, à la rescousse des yeux, intensément présents lorsque la vue se voile. La brume endort le corps, l’imbibe, l’anesthésie, la peau s’occupe lieu par lieu à résister à ses compresses, l’impression défaille sous la compression. La peau perd la liberté de secourir le regard hésitant. Le brouillard nous arrache nos yeux de secours. Tandis que les halos lointains de l'altercation sans merci des masses nuageuses se répercutaient en lueurs stroboscopiques dans ce biotope hors de l'espace, je me faisais à mon tour apprenti. De ce brouillard. A sa suite j'explorais tes membres ; j'emprisonnais la main dont je fut l'hôte de mes propres doigts, caresse glaciale, à peine un frisson, et m'aventurais en ces landes précédemment explorées. Je connaissais le sentier. Invisible j'étais à nouveau dans ton dos ; insaisissable, masqué par la multitude de gouttelettes en suspension. Demeurant au seuil de ton être j'appréciais à nouveau ton parfum.
    Iris...Tu étais de ces mouton que je dessine puis que j'égorge...

    Et ne t'as t-on pas appris les méfaits de l'écœurant carcan des puériles, inutiles, stériles considérations bien-pensantes ?

    Rumeur susurrée, babil bourdonné. Entêtant.
    « Ils s’enchaînent les uns aux autres et s’articulent fébrilement en ondulations flasques. Chaque être est un maillon que talonne le maillon suivant et ils avancent dans une morne agitation. »


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Message par Invité Lun 6 Déc - 15:58

    Par la clarté de la lune, j'entrevoyais Ô combien tu savourais cette situation. Étais-tu seulement le seul à en profiter ? N'étais-je point ta proie après tout ? Croyais-tu réellement que pendant la chasse, alors que la lionne mutilait sa proie, elle s'abandonnait entre ses griffes acérées ayant vidées plus d'un corps ? Peut-être n'étais-je pas aussi fébrile que chaque pore de ma peau te le laissait entendre. Ciaràn était d'une arrogance, telle celle qui vous titille charnellement l'extrémité de chaque partie. Susceptible à tout ce masochisme. Orgueil que l'on ne peut ignorer. Le sang bouillonnait sous ma peau, m'intimant d'aller toujours plus loin. Devrais-je écouter ma conscience ou mon mental ? Devrais-je réellement agir inutilement puisque la logique voulut que je finisse dans la gueule du lion ? Je me sentais désarmé. Un soldat s'en allant au combat sans aucune munition, se rendant sur ces terres hostiles et infertiles, ou la guerre s'annonçait d'or et déjà perdu d'avance. Un homme dont la juvénilité disparaissait devant les corps tombés au combat. Non. Ma raison m'interdisait de jouer le jeu de la tentation pervertie, mais aussi celle d'abandonner et de partir en courant, la queue entre les jambes. Je ne serai pas le roi que l'on couchait sur une table d'échiquier, geste fort symbolique néanmoins fort outrageant. Seulement... Si toute cette mise en scène n'était pas un jeu ?

    Mais ton indécision m'enchante, d'avantage si ton subconscient s'arroge le droit de s'adresser directement à moi par ces mêmes paroles ; quand à un quelconque péché capital ; qu'elle grandiloquence! Qui à l'audace d'en faire mention ? Considères tu le désir comme un affre qui mérite toutes les foudres ? Je t'imagine terriblement frustrée pour énoncer de tels amalgames...

    Froncement de sourcil, pincement de lèvre devant se sourire. Regard qui se voulait défiant. L'outrance dont faisait preuve mon hôte me faisait sortir de mes gonds. Je serrais la mâchoire. Face à face avec un individu tant côtoyé autrefois. Lèvres tant de fois embrassées, enchaînant les pressions. Corps tant de fois effeuillé. Esprit dénudé. Me raccrochant à lui pour ne pas tomber dans l'abysse. Un corps qui fut de nombreuses fois enlacés, m'abandonnant contre lui. Lui offrant ma vie et ma mort. À la recherche d'une chaleur commune, ayant soif d'une multitude de sensations. Dégustation de mains baladeuses et de deux corps qui s'emboîtaient dans la pertinence de leurs spasmes. Tes lèvres charnues que tu te mordillais sensuellement... Mais tout ça n'avait été que chapitre. Chapitre que je croyais terminée. Poupée de cire fissurée de l'intérieur qui ne vivait plus que par des actes confus, sans arrêt hanté par des fantômes qu'elle croyait disparut depuis fort longtemps.

    Je ne pouvais décemment pas rester, une seconde fois silencieuse. Cela lui ferait bien trop plaisir. Le mutisme, dans lequel je m'étais plongée précédemment, était bien trop grand pour passer à côté. Tel une plaie géante sur laquelle on jetterait du sel afin de faire souffrir son partenaire. Cruel, n'est-ce pas ? Mutisme ou non, je ne pouvais pas lui accorder ce droit. Combien même pouvait-il réussir à avoir le dessus sur moi, je serai cette murène silencieuse et agile qui glisserai entre ses doigts. Pour le moment, seule cette distance entre nous me rassurait. Je souhaitais me protéger d'un mal aussi bien mental que physique. Je croisais les bras sur ma poitrine.

    Ne te crois indispensable pas pour autant Cia. Tu es loin d'avoir été le seul, si tel avait été le cas alors oui, ça aurait été frustrant. Sourire espiègle. Et si coupable il doit y avoir, je m'autorise le droit de le mentionner. Je suis, également, toute ouïe pour savoir de quel désir tu parles. Fait moi part de tes impressions, je pourrai peut-être être sous l'emprise de cette tentation.

    Le sourire bestial de Ciaràn me laissa perplexe, mais son rire me renversa. Malheureusement pour moi, je le connaissais par cœur. Une sorte de mélodie qui résonnait en moi. Qui vibrait au rythme de mes pulsations. Bien que tourmenté, une fois encore je m'empêchais d'agir. Malgré que lui mettre une main sur la bouche pour taire ce son m'aurait plu. Je m'évitais tout contact avec lui. J'esquivais les caprices de ma chair. Le baromètre pouvait bien indiquer zéro, je crevais de chaud. J'osais croire que cela provenait de l'eau du lac dans laquelle je m'étais volontairement trempée. Que cette immensité flottante parvenait à me réchauffer. Rien n'aurait pu empirer la situation.

    Puis soudainement, un petit bruit à peine perceptible. Qui devint irrégulier jusqu'à finalement devenir un lourd murmure. À l'évidence si. La situation pouvait bien être pire. La pluie se déversa à une vitesse fulgurante. Les gouttelettes tombaient pour venir s'éclater sur ma peau en un petit flop sourd. L'air devint rapidement plus frais qu'il ne l'était déjà. Ma bouche s'entrouvrit légèrement, petit nuage d'air s'échappant irrégulièrement de mes poumons et dans un mouvement de tête j'observais légèrement la pluie venir frapper le lac. La photo ne semblait plus aussi belle, désormais gâchée par un élément fâché de s'être fait exclure. Aussi douloureux était-il de m'avouer, mes yeux savouraient la présence de Cia – comme j'avais aimé l'appeler ainsi autrefois -. Statue parfaite dans cette pénombre. Pourtant, un simple mouvement de sa part me mit, intérieurement, dans tous mes états. Sa poigne de fer autour de mon poignet grêle, moi observant ce geste. L'observant du bout des cils se glisser dans mon dos en un mouvement gracieux et spontané. Je le suivis longtemps du regard, plantant le mien dans le sien. Ma respiration devint haletante. Le décor sembla changer. Étais-je encore maître de moi-même ?

    Je ne souhaitais pas qu'il reste dans mon dos. L'avoir en face de moi semblait avoir un effet néfaste sur ma réalité des choses, mais l'avoir derrière moi était encore pire. Le souffle chaud et enchanteur sur ma nuque m'obligea à redoubler de vigilance. Je serrais davantage la mâchoire afin d'étouffer tout soupir de bien-être... Le masque ne devait pas tomber. Il ne pouvait pas tomber. Pas aussi facilement.

    Et ne t'as t-on pas appris les méfaits de l'écœurant carcan des puériles, inutiles, stériles considérations bien-pensantes ?

    J'expirai de façon bruyante pour tenter de lui montrer mon exaspération soudaine. J'observais un instant cette brume sortir de ma bouche pour se fondre dans le cadre. Opaque puis, brutalement, translucide. Je réfléchissais, mais mon esprit semblait vide. Ou alors tentais-je de gagner du temps ? À quoi bon ? Tout ce que je dirai, sera retenu contre moi. Je serai jugée avant même d'avoir reconnu mes torts. Ciaràn connaissait déjà la fin de cette histoire. Je naviguais dans l'inconnu et cela s'avérait effrayant, pour le peu que j'en voyais. Qu'en était-il de ces navigateurs qui naviguaient sur des mers et océans méconnus de tous ?

    J'ai dû sauter ce chapitre et je m'en passerai volontiers. Maintenant, si tu veux bien m'excuser.

    Que de politesse inutile sous un ton cynique et tranchant. Je claquais la langue puis marchais vers la berge, balayant le sable sous mes pieds, écartant l'eau qui s'écrasait contre mon ventre. Je fuyais. Mais la surprise fut totale quand une légère pression m'obligea à faire un pas en arrière. Mes yeux trouvèrent facilement le coupable. Poigne de fer me retenant toujours. Cillement des yeux avant de se porter vers le-dit responsable.

    Dit moi, tu comptes me lâcher ou il va falloir que je t'y oblige ?

    J'étais sur ces montagnes russes qui montaient d'une lenteur accablante, rendant les jambes tremblotantes, crispant les muscles, accélérant le rythme cardiaque. Qui, une fois en haut vous laissez le temps d'apprécier le vide sous vos pieds, de sentir votre estomac se retourner, votre gorge se nouer, votre rythme cardiaque s'emballer. Puis vous étiez déjà dans la pente. À hurler à pleins poumons pour certains, crie de joie ou de panique totale. À fermer les yeux, pour d'autre. Et finalement, on se retrouvait tous à monter et descendre. Quel était l'ingénieur qui avait eu l'idée d'inventer une telle folie ? Ou quelle folie nous avait poussé à monter dedans ? Quelle importance après tout ? Puisque nous étions là. J'étais là. À contrôler tous les symptômes pouvant me trahir au premier tournant. Sous cette condition, personne ne serait capable d'avouer pourquoi il agissait ainsi et non pas d'une autre manière qui lui aurait épargné bien des peines. Pouvoir d'un self-contrôle quasi-impénétrable, je réussis à ne pas me ridiculiser. Si chose n'était pas déjà faite. Il savait que je réagirais. Où s'il n'y pensait pas, il s'y attendrait.

    Idiote, idiote, idiote....

    J'te botterai volontiers le derrière si je n'étais pas aussi courtoise.

    J'attendais un instant. Sans doute pour lui laisser un temps de parole... Ensuite, je revenais vers lui. Ma respiration s'était accélérée de manière inévitable. Je croyais qu'après tout ce temps j'aurais été assez forte pour lui tenir tête. Que l'élève dépasserait le maître. De manière brutale je plaquais mes mains contre son torse et je m'appuyais contre lui pour le faire reculer. L'impulsivité était l'un des rares défauts que je ne parvenais pas à contrôler en sa présence. Comme s'il était l'élément déclencheur. La goupille de la bombe. Je le pressai pour l'enfoncer dans ses eaux tumultueuse. Ciaràn commençait à avoir une emprise sur moi. Je ne pouvais pas le lui permettre. À situation désespérée, mesure désespérée. Aussi inexplicable fut-elle.

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Message par Invité Lun 13 Déc - 17:25


    Ne te crois pas indispensable pour autant Cia. Tu es loin d'avoir été le seul, si tel avait été le cas alors oui, ça aurait été frustrant.Et si coupable il doit y avoir, je m'autorise le droit de le mentionner. Je suis, également, toute ouïe pour savoir de quel désir tu parles. Fait moi part de tes impressions, je pourrai peut-être être sous l'emprise de cette tentation.


    Ses cheveux recouvrent son dos nu, l’enveloppent comme un bouclier de suie.
    Dos voûté, elle semble lointaine.
    Distante et frémissante, pourtant sereine, comme dans l’attente désirable. Je ne peux pas lui faire de mal, je ne peux pas me permettre de l’abîmer. Son mutisme m’attire, comme le fait qu’elle le brise m’insupporte. Et Merlin sait que sa contrariété était le met suave de mon auge. Ma propre exaspération m’avait toujours été délectable et j’en étais perpétuellement en quête. Iris en avait longtemps ressenti les émanations, la haine qui grondait en moi. Sourde. Latente. Violente. Irraisonnée. Iraisonnable. Je ne peux m’empêcher de la regarder. D’admirer son dos magnifique, la courbure de ses reins. Avec de la chance, le début de la rondeur d’un sein… Son ombre qui vacille, ses formes qui s’affirment, s’affinent déjà vues, jambes longues et cuivrées. Je l’avais vu barioler la vie de teintes noires, de gouffres pourris où elle élançait des saveurs inconnues, cherchant les déroutes et leurs revers ambrés. Et moi je m’étais étiré, disque d’or menaçant, veillant ses ténèbres adorées. Je m’étais caché dans ses bons jours, rares et fragiles et si précieux, et je grattais le peu de poudre de bonheur qui restait parfois sur ses voiles désabusées. J’avais la vie facile et les conquêtes nombreuses, des chemins blanc safran et d’un rose d’aurore cannelés en forme de rêve à force de générer d’imputrescibles arcanes chez mes prochains. En fin de compte, le fait qu’Iris se soit si facilement accommodée ne serait ce qu’en apparence de cette période, de ce temps où je la voyais perdue, asphyxiée par les peintures d’une curiosité malsaine vis à vis d’affres aux masques tentateurs, en ces landes où ne souffle plus que le néant, peut être qu’en fin de compte oui, c’était la force qu’elle avait trouvé pour rebondir et tendre à nouveau vers les sentiers qui m’étaient si détestables, de la morale où l’on s’étouffe, cette force donc, qui agissait sur moi assurément comme l’aimant et ses deux pôles. Mouche qui se refuse à abandonner un cadavre encore en chair jusqu’à ce que ce dernier ne soit totalement décomposé. Sans le savoir, j’étais dans une allée parallèle lorsqu’elle même acheminait ses pertes, une allée où dansaient désirs et désirs.

    Il y’avait les effluves de son corps dans la moiteur d’une brise humide, sous la lumière d’une lune si hachée par les trombes d’eau qu’elle en devenait sourde aux choses, spectatrice non concernée, témoin trop craintif pour s’inviter en ce désastre. Les corps se meuvent mollement, ondulent, les pores se tendent – désirent-ils une étreinte plus étroite ? La carne vibre, les duvets se penchent, semblent opiner. Le vent forcit, la nuit parle à voix basse déjà, et les arbres se trémoussent. Leurs feuilles retroussées lancent des reflets d'argent, comme autant de boucliers dans un vaste champs de bataille.

    Mais si j’étais le seul je n’aurais aucun plaisir à te savoir en compagnie de ma seule personne en ces lieux. M’approprier ta présence n’a de profitable que la conscience d’en priver d’autres. Quant à d’éventuels désirs, je ne nie pas leur existence, néanmoins il y’a d’avantage d’irrépressibles instincts. Tout ce qui nous ronge et que l’on réfrène au nom de notre humanité, faudrait pas nous confondre avec des bêtes uhm ?

    Ses propos comportaient bien un aspect réaliste, mais de savoir qu’il y’avait possiblement, quelque part à Poudlard un éventuel prétendant ou autre qui pâtirait de l’absence de la belle alors même que celle ci était aux serres de notre jeune ami, ne représentait qu’une prime ajoutée à l’instant. Ciaràn n’avait pas pour habitude de calquer ses satisfactions vis à vis d’autrui, même s’il était indéniable que cela y participait. Combiner les deux se résumait à une extrême jouissance. Il avait toujours vécu pour lui même sans considération alentours. Ce qui le rendait si inconstant. Et ses derniers mots n’avaient pour autre ambition que de conforter Iris dans la perspective qu’il ne s’arrêterait pas à ses beaux yeux si l’envie lui prenait. Concernant la véracité de ses phrases, il évoquait clairement la suprématie du corps et de ses pulsions sur l’hégémonie habituelle de l’esprit. Inquiétant ?

    Ciaràn percevait la jeune femme dépouillée de tout ce qui fait habituellement la personnalité humaine. Ces traits que l’on adopte sans savoir si il s’agit vraiment de ce que l’on est, de ce que l’on vaut. Le masque de la bonne figure, de la sympathie. Ou dans certain cas d’une assurance certaine, une attitude hautaine qui au final ne tenait pas bien longtemps dans des situations critiques. C’était même à lui qu’incombait en cette nuit le privilège suprême de faire tomber l’une de ces façades courageuses et audacieuse. Sa proie était de choix, mais il demeurait cet être sans scrupules et sans foi. Et il n’était en aucun cas question que celle ci lui fausse compagnie. C’est donc une étrave intimidante et inconcessionelle qui fusa, vive et glaciale, douce mais ferme, pour saisir par le bras la silhouette de la jeune femme qui s’apprêtait à migrer vers d’autres horizons, des zincs de seconde zones, sous l’épais voile anthracite.

    Jusqu’ou s’étendrait le désastre ?
    Notre jeune ami se laissait effleurer par son regard de sainte crucifiée aux nuances corrompue, arguant tout ce que la communication non-verbale pouvait suggérer. Ses pas la livraient au bourreau, ou bras armé, ou exécuteur des basses œuvres, comme on voudra, monseigneur, qui, sans état d'âme particulier, semblait tendre a accomplir une quelconque office. Raffinement supplémentaire, voilà que la régente le contrevenant à confesser lui-même les circonstances de son forfait. Agitation fictive et cette atmosphère cotonneuse…Un esprit sain aurait prit toute cette mascarade pour un mauvais rêve. Et après tout cette rencontre n’était elle pas qu’une improbable illusion ? Le lac noir n’était plus qu’ossuaire, suintant de résonances, d’appels et de plaintes, mirage au carrefour des vivants et des morts, du réel et du rêve. Cauchemar aurait été plus juste. Présences invisibles spectatrices de ce dantesque spectacle guignolesque. Ectoplasmes indésirables désireux de se faire les témoins de l’issue incertaine de ces deux silhouettes opposées en tout points.

    Dit moi, tu comptes me lâcher ou il va falloir que je t'y oblige ?

    Les corps qui se consument sont les enfants d’un prêtre fou. J’ai mis, dans mes mains ton indécision frémissante, mon désir absorbé. Et je devine les fossettes au creux de tes yeux ; l’inavouée satisfaction d’une hébétude pantelante. Je croque ton regard qui accumule tout les semblant de maîtrise de soi, la fièvre pulsionnelle. Les gouttes caressent tes cils tandis que je larve mon envie. Il y’a ce regard au carcan des vieilles habitudes retrouvées ; celui qui murmure un je te devine. Et enfin tu la cueille cette nuit, avant qu’elle ne se laisse plus aborder. Je me laisse submerger par ton corps, dernière inspiration ; les parfums du rivage cachent nos folies. Me voilà recalé dans l’alcôve la plus profonde et la plus obscure, la plus vaste, où palpite ma victoire. Je n’entends plus que mon pouls, bruits secs et fréquents comme les ultimes œuvres qui s’achèvent. Tes paumes irradiantes d’une chaleur impétueuse qui s’imposent à leur tour véhémente, sans perspective de mettre fin à ce contact. Il est indéniable qu’il me serait aisé de me soustraire à cette soudaine connexion attendue ou de l’inverser, je demeure pourtant de ce coté de la surface, fixant tes Iris qui gerbent toute innocence.

    Il n’y’a pas de drame dans la nature. Tu es la mouche qui s’épuise dans d’ultimes et inutiles efforts. Et je t’observe, sourire acéré. J’en aurait rit à gorge ouverte si de belliqueuses pensées n’avaient entamé leur chemin depuis les profondeurs marécageuses de mon âme d’animal acculé et biensûr si je n’étais à l’heure actuelle pas maintenu sous l’eau par tes soins. Les secondes s’étendent en une contemplation infinie. Mes muscles se tendent, les cellules asphyxiée s’accumulent. Et toujours je demeure immobile sous ton regard, sourire effronté qui illumine mon visage en apesanteur dont ma tignasse semble essayer de s’affranchir. Délice vaporeux que de sentir les limites du corps.
    Finalement je clos les paupières. Perceptions multipliées, il me semble que la pression que tu as instaurée s’amenuise tandis que le temps s’étire. Avant que ma volonté défaille, j’écarte tes bras tendus. Geste imprévisible, c’est ton organisme qui me rejoint à son tour sous la surface, n’ayant probablement pas pu appréhender ce soubresaut.

    Soudain, tes lèvres prises sur le fait ; le souvenir de nos natures mortes.

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Message par Invité Jeu 16 Déc - 17:25

    Des flots de doutes m'assaillaient dès le moment où Ciaràn s'exprimait. J'étais déjà sous son emprise et ce depuis le début. À partir du moment où il avait posé son regard sur moi, petit amas de chair, sa mauvaise conscience avait brisé ma barrière mentale. Le piège s'était refermé sur moi, soulevant les barrières de chaque côté pour éviter que je ne fuis. Un rire sadique aurait bien pu s'élever dans les airs. Nul doute quand au fait que je tiendrai très peu de temps avant de céder et abandonner toute idée de raisonnement logique ou susceptible de l'être. Mais que souhaitais-je ? Fuir ? Partir ? Si tel était le cas, alors pourquoi n'opposais-je aucune résistance ? La seule petite clarté de fierté qui me restait, me glissait des doigts. Elle tremblait de peur, coulait comme une goutte de sueur le long de mon dos et se laissait emporter par le vent vers un destin moins tragique. Lâche...

    Mais si j’étais le seul je n’aurais aucun plaisir à te savoir en compagnie de ma seule personne en ces lieux. M’approprier ta présence n’a de profitable que la conscience d’en priver d’autres. Quant à d’éventuels désirs, je ne nie pas leur existence, néanmoins il y’a d’avantage d’irrépressibles instincts. Tout ce qui nous ronge et que l’on réfrène au nom de notre humanité, faudrait pas nous confondre avec des bêtes uhm ?

    Était-ce là une question ou une réponse à tout ce qui précédait ou pourrait se suivre ? Je me mordais la lèvre inférieure, terrifiée. Qu'attendait-il de moi avant de m'achever et de m'abandonner le long de la berge, tel l'assassin ayant profité de sa victime à son grand maximum, réduit à l'état d'esclave. Une vague idée planait. Frisson d'horreur pour revenir à la réalité. Le froid lui-même n'y parvenait plus, malgré son manteau glacé qui se déposait, comme une caresse, sur mes épaules. Et le vent, lui, se contentait d'écouter et de porter au loin des rumeurs. La nature jouissait d'un sentiment inconnu que de voir ses deux êtres plongés dans ce lac. Elle-même semblait croire que tout les séparait dans leur quotidien, mais qu'en cet instant un rien les unissait : Le plaisir. La frustration et l'envie de lui grimper dessus bouillonnait. N'en résultant qu'une vague brume d'incompréhension. Être l'appât ? Ou l'appât de l'appât ? De plus, ce silence qui régnait m'oppressait. J'étouffais de l'intérieur et plus le temps passait, plus mes chances d'en réchapper diminuaient. Combien de temps s'était-il déjà écoulé depuis son arrivée ? Cinq ? Dix ? Peut-être trente minutes... ? En sa présence, le temps semblait s'être stoppé. Les aiguilles se seraient fixées toutes deux sur un chiffre, n'osant plus bouger. Ayant peur de continuer à tourner en rond. Seul le mouvement climatique paraissait bouger et faire vivre le décor, plongé dans une étrange discrétion implacable, continuant de faire leur travail. Comme balayer nos incertitudes et briser ce mur épais qui finirait bien par tomber d'un instant à l'autre. Les failles étaient flexibles, palpables. Peut-être une phrase, ou un mot, suffirait à l'abattre. Et, si tel n'était pas déjà le cas, je finirai par être le lapin s'échappant de derrière un buisson, courant comme si le diable était à ses trousses, n'ayant pas conscience qu'un chasseur se trouverait pile à l'endroit où il l'attendait. Que ce soit en suppliant, en murmurant des mots doux ou par des milliers de revendications, le calme et l'indifférence était loin derrière. À rire de me voir si faible, face à face avec le seul homme au monde capable de tirer bon profit des situations. Capable de me dompter et de faire de moi, sa marionnette.

    Tous nos actes, qu'ils soient prémédités, organisés, inventés à la dernière minute... aucun ne seraient justifiables. Nous serions bien égoïste de prétendre le contraire, ou alors de vils menteurs sans aucun remord. Il était plus dur, une fois derrière la barre, d'être aussi courageux. Alors, pourquoi avais-je fait cela ? Tout ce que je savais, était que je retrouvais un calme certain à partir du moment où sa présence disparut de ma vision, bien que très réduite. Faute au brouillard qui s'était levé petit à petit. Mélangé à la pluie, tout deux se jaugeaient et se défiaient. Entrant dans une danse interminable. Ce schéma me paraissait familier. Les battements de mon cœur se calmèrent pour permettre à mon esprit de retrouver une certaine lucidité. Mesquine et omniprésente, mais bien là. Permettant à ma langue de ce délier pour retrouver l'usage de la parole.

    Et dire que j'ai quitté cet inconnu au beau milieu de la nuit pour me retrouver avec toi. Faudrait pas qu'on nous prennes pour des bêtes comme t'as dit, mais en ta présence j'me demande si ça sera réalisable.

    Tout cela n'avait été que marmonnement, que Cia n'aurait pu entendre à moins d'avoir l'ouïe d'un poisson ou bien de l'un des nombreux animaux aptes à détecter toute présence sur un rayon plutôt impressionnant. J'eus, malgré moi, un petit rire nerveux. Je me demandais bien ce qu'il aurait répondu en m'entendant. Autant l'ignorer pour ne pas vivre avec le reste de la soirée. Certains souvenirs avaient la fâcheuse tendance de s'immiscer dans nos affaires. Ou de débarquer au mauvais mauvais et au mauvais endroit. Toutefois, certains vieux dossiers étaient déjà de sortie. Impossible de l'oublier. Aussi loin que possible, mon ouïe se porta. Laissant la brise raconter ses histoires. Que ce soit le vent dévastateur, qui ce soir se tenait à carreaux ; se contentant de fouetter les arbres entre eux, d'effleurer l'herbe, de jouer avec cette nappe géante en la rejetant sur la berge. Ou bien la pluie battante qui continuait de s'écouler à un rythme régulier. Un musicien passionné, jouant sa musique en oubliant l'auditorium. Tout comme moi, je commençais à oublier que j'allais noyer Cia si je ne m'écartais pas. Même si, il ne lui aurait suffit d'un rien pour se relever. Je commençais à croire qu'il serait capable de se laisser noyer rien que pour un bouche-à-bouche.

    Mes sens s'éveillèrent dès l'instant où ses mains se refermaient autour de mes poignets pour m'attirer sous l'eau, avec lui. Je n'opposais aucune résistance car l'effet de surprise ne m'en laissa pas le temps. Mais la surprise qui m'attendit en dessous brisa le mur en mille morceaux. À partir de l'instant où son corps chaud, se colla contre le mien et ses lèvres rencontrèrent les miennes, la raison m'abandonna en dressant un drapeau blanc. J'écarquillais les yeux, restant immobile. N'osant plus bouger ou résister. Une fois encore, combien de temps était en train de s'écouler ? Au fond, je m'en fichais et c'était bien cela le pire. Une chaleur s'installa confortablement au creux de mon ventre et ma tension s'affola. Très vite, les yeux me piquèrent, mes poumons hurlèrent pour réclamer leur dose d'air, souhaitant se gonfler pour apporter l'oxygène qu'il fallait au reste du personnel. Alors, je me détachais de lui, remontant à la surface. J'inspirais bruyamment et profondément, rabattant les cheveux en arrière. Essayant d'estomper les quintes de toux. Décidément, je n'étais pas fait pour vivre sous l'eau... Cela aurait pu me remettre les idées en place, mais un intrus s'était déjà logé et prenait ses aises. Il balayait toutes les idées fixes qu'il trouvait, pour en remettre d'autres en place. Ce n'était qu'un parasite qui prenait en mains le contrôle de la situation. Qui redémarrait tout le système.

    Le sable du sablier recommença à s'écouler doucement. Après m'être un tant soit peu calmé, je redressais mon regard vers Cia. De manière inexorable, je m'étais rapprochée du bord. Loin de lui. Me voilà, totalement déboussolé et grelottante. De froid ou d'envie, je ne saurai le dire. D'un ton faussement énervé, j'aurai aimé lui crier dessus. Mais rien ne franchit le bord de mes lèvres. Tout d'un coup, je semblais être devenue muette et totalement docile. Détournant le regard, j'observais le lac qui s'étendait sous mes pieds avant de porter le bout de mes doigts contre mes lèvres. Les touchant, comme si l'instant passé n'avait été qu'une simple illusion. Et à la fois si réel. Le goût des lèvres sucrés, la chaleur d'un corps...

    J'espère que tu as eu ce que tu voulais, sifflais-je.

    Maintenant, je savais ce que j'avais à faire ce soir. Je me rapprochais vers Ciaràn. D'une démarche lente et calculée. L'écart s'amenuisait, ne me laissant plus réellement le choix de la fuite vers la forêt, puis vers le château pour se cacher sous les draps. Surtout en sous-vêtements... L'eau se séparait en deux sous mes pieds, tout en créant de petites ondes. Nous étions tous à la recherche de masochisme, même les plus sages. Ce plaisir ne se retrouvait nulle part ailleurs. Alors, pourquoi lui tourner le dos puisque l'occasion ne se présentait jamais plus de deux fois ? Certaines pulsions corporelle ne pouvait être assouvie qu'avec certaines personnes. Je repensais à ce début de soirée qui aurait pu prendre de nombreux chemins. Mais il fallait bien choisir. Une fois en route, impossible de revenir en arrière. Je ne croyais pas au destin, il ne pouvait pas être aussi cruel. Toutefois, le hasard pouvait bien faire les choses. Même si nous n'étions pas forcément maître de la situation. En cet instant, face à lui je n'avais plus vraiment peur. Sauf qu'un doute planait au-dessus de ma tête. Que j'ignorais volontairement.

    Vu que tu as agis le premier, force est d'admettre que je ne suis pas la seule coupable en ce moment. Si coupable il y a ! Alors, je vais devoir faire en sorte que ce soit le cas.

    J'affichais un air énigmatique. J'attendais un petit instant, calculant bien les chances que j'avais de ne pas tomber au combat. Après une recherche rapide, aucun résultat ne s'afficha. Quoi qu'il arrive, je serai perdante. Ce soir, j'avais sans doute brisé un cœur qui devait attendre que sa « dulcinée » revienne le rejoindre dans les draps. Au lieu de ça, la voilà qui relevait la tignasse d'un autre prétendant bien plus téméraire et dont l'odeur et l'ardeur la rendait folle. Un amant à qui elle s'était ouverte pour ses lèvres, vendue à ses mains. À qui elle aurait bien pu souffler au creux de l'oreille : Fait de moi ce dont tu as envie.

    Du bout de l'index, je commençais par poser le doigt sur tes lèvres d'homme patient, calme. Mes yeux, d'un brun profond et ayant viré au noir dû à toute cette fébrilité, regard du diable, t'observais de près. Cherchant le moindre indice pouvant retourner la situation. Puis, lentement, je glissais le doigt vers ton menton, le long de ton cou où je pouvais sentir toutes tes pulsations. Je le dirigeais sur ton ventre pour le stopper au-dessus du nombril. Mes mains finirent par se poser sur ta poitrine pour redescendre sur le bout des ongles. Te griffant de manière subtile, mais non pas agressif. Mon corps te réclamait. Pour une fois, je l'écoutais en me collant à toi. J'étais en train de me perdre dans le moelleux de ta chair. En cet instant, seul ta respiration me parvenait. Je l'écoutais comme si elle berçait mes oreilles. Je m'agrippais tant bien que mal à toi, passant de part et d'autres mes mains sur ton dos. Mon souffle rauque se déversant le long de tes membres. Ma bouche et ma langue s'invitant sensuellement contre ton cou dont la fougue et l'effluve suffisait à éveiller nos instincts primaires. Je m'offrais à toi, te laissant le libre arbitre de m'arrêter ou d'entrer dans la danse. La pluie, mouillant nos deux corps, l'un contre l'autre, essuyant la sueur de nos désirs communs. Et mes lèvres contre les tiennes, une envie féroce. Te mordre la lèvre et t'inviter à me suivre. En passant mes mains dans tes cheveux. Devenir sauvage ? Quelle importance !

    Quelle est cette emprise que tu as sur moi ? Lui susurrais-je à l'oreille avant de lui mordiller le lobe.

    Ce soir, parmi toute cette effervescence, je m'abandonnais dans ses bras. J'oubliais le reste. Demain était un autre jour. Les regrets de s'être montré si faible seraient pour plus tard.


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