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Midnight demons

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Message par Jaylen Killam Mar 3 Avr - 4:28

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KERR&JAY, 12 SEPT 2009.

Tic, tac. Tic, tac. Les secondes défilent et elle me fixe. J’ai les yeux baissés sur ma guitare mais je sens son regard posé sur moi comme une brûlure déplaisante. Le son d’une note s’élève, discordant, je fronce les sourcils pour me concentrer, fais bouger les molettes; nouveau test. Mieux. Je lève un œil : elle est encore là. Inspiration. Expiration. Je me reconcentre ― ou j’essaye, du moins. Un essai encore. Parfait. Je passe une main caressante le long du corps tout en courbes de ma guitare sèche, compagne de ma vie, et la repositionne contre mon torse maintenant qu’elle est revêtue de l’ensemble de ses cordes. Mes phalanges glissent à la verticale et comme toujours, l’enchainement fluide et simple à la fois me tire un frisson de satisfaction. Mais… elle est encore là. Et ça m’énerve. Je relève brusquement la tête pour plonger dans des prunelles claires, trop semblables aux miennes. Les même que ma conne de mère. Mauvais point pour elle. « T’as fini d’me dévisager oui? », je finis par m’énerver, un brin trop fort sans doute puisqu’elle sursaute et bondit de son canapé pour se cacher derrière. Tanya me volerait dans les plumes, si elle était là. Mais ce soir elle bosse au bordel du coin, que je sois contre et exige qu’elle quitte ce job merdique ne lui fait ni chaud ni froid il faut croire. Bon, je fais quoi? Je profite de ma liberté pour néantiser la môme ou je tente une approche? Après une petite minute de réflexion, un soupir en fendre l’âme, je pose à mes côtés ma maîtresse de bois et contourne le canapé pour découvrir la petite pliée sur elle-même comme un lapin apeuré, ses mains entourant ses genoux. « Tu fous quoi là? Tu ramasses la poussière? Remarque ce serait bien, elle servirait à quelque chose au moins. Pour une fois. Ok Jay, plus doux. Tu peux le faire. Tu vas le faire. Sors de là ― son prénom? Deli..sia. C’est la première fois que j’accepte de le prononcer. Mais elle n’apprécie même pas l’effort et secoue la tête de droite à gauche en signe de refus catégorique. Et puis merde, reste dans ton trou alors! »

Je me détourne en lâchant un pour c’que ça peut me foutre que j’aurais peut-être dû retenir, et l’idée qu’elle ait peut-être entendu fait naître ne moi un soupçon de remords. « Écoute, je m’arrête, cherche les mots.. On est peut-être partis d’un mauvais pied toi et moi mais… euh.. ouais. Et après? Je tends une main vers elle pour la retourner, histoire qu’elle me regarde au moins quand j’fais l’effort de lui parler, mais ma main l’a à peine approchée qu’elle tourne la tête pour claquer des dents à quelques centimètres de mes doigts, que j’ai juste le temps de tirer de là. Mais c’est qu’elle mord la grognasse! Ça a déjà des dents à cet âge? Sale mioche », je sers exagérément ma main contre moi, bêtement heureux d’avoir échappé à l’amputation.

Elle se relève brusquement et file comme une flèche dans le coin cuisine, sans aucun intérêt pour moi qui lui crie de rester en place, et je me retrouve à lui courir après pour la trouver occupée à sautiller sur place. Elle pointe un placard du bout du bout des doigts, la mine pressante, en poussant de petits gémissements plaintifs. « Quoi, t’as faim? T’aurais pu le dire plus tôt au lieu d’essayer de me bouffer. J’ouvre le placard pour le découvrir presque vide. Un paquet de flapjacks rescapés, vestiges des dernières courses. Je le lui présente, elle croise les bras sur son torse et… boude. Tu m’fais quoi là? T’as faim ou pas? » Pas de réaction, j’pourrais aussi bien parler à un mur. Eh bein t'attendras que Tanya rentre, puisque tu sais pas c'que tu veux. » Chieuse. Alors que je tourne les talons elle se remet à geindre. J’y reste sourd. Le temps que je reprenne ma guitare, elle crie déjà plus fort. Je me lance dans un drifting bruyant, alliant percu et gratte pour couvrir ses pleurs qui vont crescendo. C’est la guerre. Intérieurement, je bous : j’ai l’impression d’être de retour des années plus tôt, dans l’appart’ miteux de ma mère, pris dans l’une de nos incessantes disputes. Et tout dérape. Tout à coup, dans ma tête, ce sont ses protestations qui résonnent plutôt que ceux de la fillette de mes cauchemars. Les bruitages désagréables forment des mots qui me fendent l’âme. Abruti, bon à rien! Elle s’énerve. Qu’est-ce que j’ai fait de si mal pour avoir un fils pareil? Mes doigts dérapent, emportent dans leur sillage la corde neuve, qui me scie l’index. Une goutte d’un rouge vif perle mais je ne sens pas la blessure, pas celle-ci du moins. Tu n’es qu’un crétin Jay! « LA FERME!, je hurle à mon souvenir pour la faire taire. Ferme-la pauvre conne! » Et sa voix se dissipe. Mais pas les hurlements perçants. Dans un sursaut, je reprends conscience de l’instant. Ce n’est pas le même appartement. Ce n’est pas… elle. C’est ma fille qui pleure, complètement effrayée, et je me sens soudain bouleversé, impuissant, bêtement ému par l'état de panique dans lequel elle est. Mais qu’est-ce que je fous, putain? Elle ne me laisse pas l’approcher d’un pas; en désespoir de cause je me rabats sur le miroir à double-sens abandonné plus tôt sur la table basse du salon et prononce le prénom de Leslie, à peine assez fort pour couvrir la voix de la gamine. Le visage de mon amie finit par s’y dessiner, amenant avec elle une vague de soulagement. « Jay? Qu’est-ce qui se passe? » « C’est la p’tite, elle crie comme une possédée depuis tout à l’heure et je sais pas quoi faire pour la calmer, je… je me passe une main sur le front, essaye de me calmer, en vain. Je vais péter un câble Les’! » « Mais qu’est-ce qui s’est passé? Elle est peut-être ― » « Hey! » Delisia m’a rejoint sans que je ne m’en rende compte et me frappe de ses petits poings en criant… quelque chose. « Qu’est-ce qu’elle dit? » « J’en sais rien moi, elle est sensée savoir parler? » Et elle insiste, alors que j’essaye de la bloquer d’une main. Je finis par grimper sur le canapé à reculons, à dresser un coussin entre elle et moi en essayant de comprendre ce qu’elle beugle. « Elle dit… je sais pas, Kerr? Le prénom a passé mes lèvres par mimétisme avant que je ne me rende compte de ce que j’ai dit. Mais c’est vraiment… Kerr? Mais elle déconne! » je bondis de mon canapé et l’attrape par l’épaule pour la secouer comme un prunier. « Hey, vas-y mollo Jay ou je te fais enfermer pour maltraitance! T’es dingue ou quoi, c’est juste une gosse! » « Une gosse tu parles, tu m’as refilé le diable sous une gueule d’ange! Pourquoi tu parles de Kerr toi!? Les’, pourquoi elle parle de Kerr? » « Attends calme-toi, j’ai le dossier sous la main. Je jette un œil ok? Kerr, Kerr… je l’ai, il est juste mentionné comme ayant fait partie de l’entourage de Delisia ― » « De quoi? – je m’étrangle, sous le choc. C’est une blague? » Mais ça n’en est pas une. « Tu devrais le contacter pour ― » « Et puis quoi encore! » « Jaylen Killam! », elle me coupe de ce ton autoritaire digne de ces années de préfète, qui m’horripile, avant de se lancer dans un sermon qui me file un mal de tête direct. Je finis par l’interrompre avec humeur. « Ça va, j’ai compris! J’vais le faire ok? Mais c’est un putain de mauvais plan cette histoire, tout le monde s’est ligué pour me faire chier c’est pas croyable! » « Ouais ouais. Maintenant fais-moi plaisir, appelle ce type, demande-lui gentiment de t'aider et fais en sorte de garder ta fille en un seul morceau jusqu’à son arrivée! » Et elle disparaît. Lâcheuse. Je peux pas y croire! « Tu veux vraiment me rendre dingue toi! », je crache à mon enfer personnel, mais une nouvelle vague de coups m’oblige à opérer une retraite stratégique jusqu’à l’unique chambre de l’appartement. J’ai juste le temps de claquer la porte derrière moi, la cloison fine ne m’épargne pas les cris persistants pourtant. Ok Jay, on se calme. C’est une question de nécessité et rien de plus, inutile d’en faire un plat. C’est juste un ex, chiant à l’époque mais recasé depuis. Avec le pire trou-du-cul que la porte ait porté. Tendu à l’extrême, je me retiens d’envoyer valser le miroir sur le mur et mes obligations avec, compte jusqu’à trois et prononce avec réticence « Kerr Travis » en retenant mon souffle. Je passe quelques secondes en apnée; il ne semble pas être là. Mais juste alors que je m’apprête à abandonner, soulagé... l'écran se floute pour le faire apparaître progressivement.
Jaylen Killam
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Message par Kerr J. Travis Mar 3 Avr - 21:53


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Le sommeil me fuit. Chaque fois que j ferme les yeux, je suis obligé de subir le visage de Jaylen comme s’il était imprimé sous mes paupières. Je soupire et vire les couvertures dans un geste brusque. Les choses ont changé. Je ne suis plus ce gamin naïf trop accro à son mec pour ne voir rien d’autre que lui, ne respirer que pour lui. J’ai évolué, j’ai un bon métier, un bon salaire, un appartement trop grand pour une seule personne. Je suis devenu une toute autre personne sous les lumières et les flashs des appareils photos. Le gringalet timide a disparu pour faire place à un homme indépendant et confiant. Je m’en suis persuadé jusque là, sauf que de revoir Jaylen à l’entrée du club de Curtis alors qu’il avait disparu depuis des années, alors que je n’imaginais pas une seule seconde le croiser a ébranlé cette personnalité que je me suis forgé. Par pur réflexe ou désirant inconsciemment lui montrer que j’existe sans lui, j’ai attrapé la main de Curtis qui marchait juste à côté de moi et je l’ai ignoré comme s’il n’était qu’un inconnu parmi tant d’autre. Cette rencontre m’a profondément déstabilisé. Je n’ai pas songé qu’après la disparition de Tristen et Julia, il referait surface. Je pensais que Gemma allait prendre ses responsabilités lorsque j’avais demandé ce qui allait arriver à Delisia et qu’on m’avait répondu qu’un de ses parents allait la prendre en charge. Jamais je n’aurai cru que Jaylen se montrerait présent. Pour moi il préférait jouer les fantômes mais je me suis visiblement trompé.

Je passe une mais devant mes yeux. J’aimerai bien enlever son image de ma tête mais j’ai l’impression que c’est impossible. Il n’a pas changé, il est comme dans mon souvenir et le voir a fait ressurgir de vieilles blessures en moi. Quatre ans… depuis le temps je devrais avoir oublié, tourner la page et être passé à autre chose, ne plus penser à lui ou même à ce qu’on a pu être dans le passé. Je croyais vraiment que c’était le cas, mais il a suffit que mes yeux se posent l’espace d’une fraction de seconde sur lui pour que tout s’écroule. Je n’ai presque pas lâché Curtis depuis. Me perdre entre ses bras est une bonne façon d’oublier, même un instant, tout comme il essaie d’oublier son propre amour douloureux avec moi. Il ne faut pas croire, on se ressemble plus qu’on ne le croit. Mais ce soir je suis retourner chez moi, j’ai senti que ma présence trop abusive commençait à le faire chier, alors je suis parti mais sans lui il m’est impossible de trouver le sommeil. En même temps il est si peu tard… mais rester éveillé ne me fait que davantage penser à Jaylen. Ce que je peux me détester ! J’ai juré en avoir fini avec lui et tout ce qui se rapportait à lui ! et ça m’énerve de constater qu’il a encore une emprise sur moi alors même qu’il ne fait rien pour. J’ai l’impression d’être revenu des années en arrière.

C’est le miroir à double sens qui me tire de mes réflexions qui semblent tourner en rond. Qui cela peut-il bien être ? Curtis ? Non, il est probablement à son club et il est trop tôt pour l’un des ses appels ‘d’amoureux’ en manque. Sky alors ? Possible, il veut certainement que l’on se voit et pourquoi pas ? Ca me changera les idées de boire un coup avec lui. Sauf que la personne qui tente de me contacter n’est autre que celle qui occupe mes pensées et même avec toute la volonté du monde, je n’arrive pas à masquer ma surprise.

« Jay ? » C’est sorti tout seul et il arbore un sourire que je ne saurai décrire. Depuis le temps, il a eu de quoi augmenter sa palette de mimiques qui me sont devenues inconnues. J’aimerai bien le questionner sur les raisons de son appel mais il me devance, me saluant d’abord de façon totalement nonchalante avant de me dire qu’il a un léger souci avec Delisia. Pas besoin d’en dire plus, je peux entendre la gamine pleurer derrière ce qui doit être une porte et crier mon nom. Je ne cherche pas la satisfaction de lui soutirer la moindre souhait. « Files-moi ton adresse, j’arrive. » Je coupe la discussion une fois l’information noté et je me précipite à la porte avant de remarquer que je suis torse nu. Là, ça ne va pas le faire. J’enfile une chemise rapidement et cette fois je quitte mon appartement. Je me demandais quel genre de père pourrait bien faire Jay. Plus pour Delisia que pour lui, je ne m’inquiète pas pour lui, non… C’est du moins ce que je prétends avec force afin de me convaincre et ce que j’affirmerai à quiconque me le demanderait.

Toute à ma précipitation je n’ai pas pensé à transplaner et je me maudis intérieurement avant de le faire. Je n’ai jamais entendu Delisia pleurer de cette façon et je veux arriver au plus vite afin de m’assurer que tout va pour le mieux. Sauf que quand j’arrive devant la porte de chez Jaylen, le poing levé prêt à frapper, je m’immobilise. Je me sens soudain nerveux à l’idée de me retrouver face à lui et bêtement, je réajuste mes vêtements, passe une main dans mes cheveux et souffle un grand coup avant de tambouriner à la porte. Il ne met guère de temps à ouvrir et le malaise que je ressens se dissipe en quelques secondes. Delisia débarque comme tornade et me saute littéralement dessus. « Kerr ! » Je souris, embrasse ses cheveux et je la repose par terre. Elle se saisit aussitôt de ma main et elle m’oblige à la suivre. Je lance un regard légèrement désolé en direction de Jaylen pour mon intrusion forcée. Elle s’arrête devant une porte qu’elle ouvre et pointe l’intérieur de son indexe. « Gade ! » « On dit regarde. » Je la corrige avant de m’exécuter et mes yeux se plissent d’eux même. C’est… glauque. Des murs presque brutes, des rideaux jaunis qui ont visiblement fait leur temps et un lit qui donne une touche très ‘orphelinat’ à ce que je comprends être sa chambre. « C’est pour ça que tu voulais que je vienne, pour me montrer ta chambre ? Si tu veux et si ton père est d’accord, je t’emmènerais demain faire les magasins et tu pourra choisir tout ce que tu voudra pour décorer ta chambre, ok ? » elle secoue la tête, visiblement ce n’est pas ce à quoi elle s’attendait. Elle tire sur mon bras pour que me penche et me dit quelques mots qui – je suis sûr – n’échapperont pas à Jaylen. « Il est méchant, l’aime pas. Je veux papa et maman. » Je pince les lèvres, comment expliquer ce genre de chose à une fillette de son âge ? « On t’a dit que ce n’était pas possible, tu dois rester avec Jaylen, c’est ton papa aussi tu le sais, c’est juste provisoire. » Je l’espère tout du moins je n’ai pas envie de ne plus jamais revoir mes amis. « dis, tu as la guitare que je t’ai offert ? » Elle secoue vivement la tête pour me dire que oui et je souris. « tu veux bien t’entraîner un peu dessus ? Je dois parler avec Jaylen. » Elle accepte et s’installe sur son lit avec la petite guitare rose. Je lui fait un petit signe de la main en lui promettant de revenir rapidement et je ferme la porte, elle n’a pas a nous écouter.

Je soupire brièvement puis je me tourne vers Jaylen, lui faisant un signe de la tête pour lui faire comprendre que nous devrions aller dans le séjour. Une fois rendu, je me racle la gorge un peu gêné, je n’ai pas à me mêler de ses affaires mais là, il s’agit de l’éducation d’une gosse et pas n’importe laquelle. « Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’elle me réclame ? Je sais, je sais, tu vas dire que ça ne me regarde pas mais si tu veux que je comprenne pourquoi elle est en colère et que je la calme pour de bon je dois savoir. Un gamin c’est pas comme un instrument, on peut pas la débrancher tu sais. » J’attends à en recevoir plein la tronche mais qu’il s’y mette ! Je ne manquerai pas de le remettre à sa place, c’est bien lui qui m’a appelé à l’aide après tout.
Kerr J. Travis
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Message par Jaylen Killam Jeu 5 Avr - 2:31

« Jay ? » Sourire caustique. Il emploie mon prénom comme si de rien n’était et j’ai presque envie de l’envoyer chier pour ça, mais ce serait définitivement gamin. Sans parler de la mise en garde de Leslie, que je garde en mémoire, et de l’insistance de la mioche qui n’a de cesse de gueuler le prénom de Kerr… pas comme si j’avais le choix hein? Je ne crois pas que le voir m’aurait tant mis en rogne si je ne l’avais pas croisé plus tôt, main dans la main avec ce crétin de Cullen qui me passe de plus en plus par les yeux. D’abord Tanya et maintenant Kerr? Quoique, je ne sais pas vraiment lequel des deux il a eu en premier. Content de voir que mes restes servent encore à quelqu’un, bien que les voir récoltés par la seule et même enflure ait quelque chose de terriblement agaçant. Ouais.. ça doit être ce qui me dérange. Quoi d’autre sinon? Alors si ce n’est que ça, rien ne m’empêche de passer par-dessus et de me comporter en adulte. Entre nous soi dit, être un adulte est vraiment merdique. « J’te dérange pas j’espère?, je me lance en m’efforçant de me montrer parfaitement détaché. J’ai un souci avec la mioche qu’on m’a refourguée, vas savoir pourquoi, ça fait quelques minutes qu’elle hurle ton prénom. Comme si c’était la seule tare de cette gosse, ou le seul ‘souci’ qu’elle me cause. C’est plutôt une catastrophe ambulante depuis qu’elle a débarquée, mais je ne vais pas lui dire ça à lui. J’ai Leslie pour parler de ça, Tanya pour me filer un coup de main, pourquoi je dois en plus l’inclure lui dans l’histoire? Je me rétracte. Hm laisse tomber, j’dois avoir mal compris ce qu’elle disait. Et puis t’as mieux à faire à cette heure que ― » ― te pointer chez moi non? Mais il me coupe en pleine phrase. « Files-moi ton adresse, j’arrive. » Je reste une seconde tétanisé par son annonce avant de me reprendre et lui filer l’adresse avec réticence, et il coupe immédiatement la conversation, sans doute pour se préparer et venir. Merde, merde, merde! J’espérais plus ou moins qu’il me donne la formule pour la rendre muette et basta mais non, monsieur compte se pointer en personne. Le pied!

J’ouvre brusquement la porte de ma chambre et trouve Delisia bouche grande ouverte sur des cris larmoyants, j’ai envie de lui faire bouffer la table. « Il arrive ton Kerr, tu m’fiches la paix maintenant? Mais non voyons, elle ne me ferait pas ce plaisir. Trop vite, il se matérialise derrière ma porte et la gosse se précipite pour lui ouvrir. Mais vas-y, ouvre la porte te gêne pas. », j’ironise en me détournant, puisqu’elle m’a devancé de toute façon. Aussi novice que je sois en matière de partenariat domestique avec ce genre de lilliputiens, je sais que la laisser ouvrir la porte n’est pas la chose la plus responsable que je puisse trouver à faire. Si ça s’trouve elle le fera un jour et se retrouvera nez à nez avec un serial killer ou pire, Cullen. Ou pire que pire, Raven? Je suis certain que mon ex-pote aura des envies de meurtres ― et je suis bêtement soulagé de le penser, parce que c’est quand même mieux que de me dire qu’il est mort et ne saura jamais que j’ai foutu sa gonzesse en cloque.

Le silence se fait enfin (plus ou moins) lorsqu’ils se retrouvent enfin face à face; quant à moi je me réfugie devant la porte de mon frigo pour m’épargner pendant quelques secondes de plus la vue de mon ex. Je finis par me prendre une bière, un remontant me fera du bien. Lorsque je les rejoins, les observant à distance, c’est pour voir c’t’espèce d’ingrate pointer les murs de sa chambre, que son cher Kerr s’empresse de proposer de redécorer dès le lendemain. Mais visiblement, la piaule n’est pas vraiment le sujet de plainte de la petite et leurs regards convergent d’un coup vers moi et ma bière. Quoi encore? Elle le tire par la manche pour l’obliger à se pencher vers elle, comme si elle avait un secret d’état à lui transmettre, et je lasse un tss moqueur en prenant la direction de la sortie pour les laisser à leur petit jeu. S’il veut se laisser crachoter des sons sans queue ni tête dans l’oreille c’est son problème, vu qu’elle ne ― « Il est méchant, l’aime pas. Je veux papa et maman. » ― parle même pas. Je m’étrangle avec ma gorgée et me retourne brusquement pour la regarder avec des yeux ronds, tandis que Kerr ne cille même pas. « On t’a dit que ce n’était pas possible, tu dois rester avec Jaylen, c’est ton papa aussi tu le sais, c’est juste provisoire. » Je suis le seul à me rendre compte qu’elle vient de parler ? Mouais. C’est soit ça, soit je suis plutôt le seul devant qui elle ait toujours refusé de le faire. Je suis un putain de chanceux en fait! J’essaye de cacher mon sourire satisfait et me promet de ne pas être plus sympa à l’avenir, si ça peut m’épargner d’avoir à l’entendre, mais au lieu de s’enfermer avec elle dans sa chambre pour l’occuper jusqu’à ce qu’elle s’endorme Kerr opte pour une autre solution : la discussion père-fouineur. Oh. Joie. Je ricane silencieusement en les entendant parler guitare; qu’est-ce qu’elle peut bien foutre avec un truc pareil, si ce n’est un massacre?

Il l’enferme pour se tourner vers moi, et je regrette tout à coup qu’elle ne soit pas là pour accaparer son attention et m’en débarrasser en même temps. On quitte le couloir exigu, sur l’exigence de mon invité, pour nous retrouver face à face dans le salon non moins sommaire. « Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’elle me réclame ? Je sais, je sais, tu vas dire que ça ne me regarde pas mais si tu veux que je comprenne pourquoi elle est en colère et que je la calme pour de bon je dois savoir. Un gamin c’est pas comme un instrument, on peut pas la débrancher tu sais. » « Ouais ça je sais, y’a pas que les gosses qui soient comme ça d’ailleurs. C’est bien la raison pour laquelle j’ai toujours préféré ma guitare à certaines personnes, je réplique avec un sourire en coin, désagréable, en croisant les bras sur mon torse. C’qui s’est passé? Rien de spécial. Je l’aime pas, elle m’aime pas, c’est bien tout ce qu’on a en commun. On cohabite de force en attendant que je lui trouve un autre coin où crécher, point barre. Sur ce… Merci Kerr. Au r’voir Kerr. » Faites qu’il dégaaage! J’en foutrais à Les’, des « sois gentil » et des « demande de l’aide » !
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Message par Kerr J. Travis Jeu 5 Avr - 22:36


Je sais que Jaylen n’a jamais aimé qu’on se mêle de ses affaires, parler, étaler des choses concernant sa vie privée lui a toujours fait horreur. Je suis certain qu’il attend juste de moi que je m’occupe de Delisia, que je la couche et que je tire sans demander la moindre explication, sauf que c’est impossible. Un enfant est complexe à comprendre, il ne s’exprime pas comme il le voudrait, il pense que des larmes, des sourcils froncés ou un simple sourire suffisent à faire comprendre aux adultes leurs moindres pensées sauf que c’est évidemment faux et qu’un enfant et encore plus difficile à décrypter qu’un adulte car en plus de ses émotions, il faut répondre à toutes les questions et les angoisses qui les envahissent et qu’ils ne savent pas forcément faire passer. En clair, c’est loin d’être simple et c’est limite irréalisable pour quelqu’un comme Jaylen, à moins que les années où il a disparu l’aient changé, l’ont fait mûrir ? mais j’en doute sérieusement et il ne met guère de temps à me le prouver ; « Ouais ça je sais, y’a pas que les gosses qui soient comme ça d’ailleurs. C’est bien la raison pour laquelle j’ai toujours préféré ma guitare à certaines personnes. » Pauvre con. Ce n’est pas ‘une certaine personne’ mais une gamine, sa gamine, et balancer de telles choses qu’elle pourrait entendre ne lui feront pas comprendre qu’elle le font chier ou qu’il veut qu’elle soit moins un poids comme avec un adulte, cela la blessera seulement si elle arrive seulement à comprendre l’amour qu’il porte à sa foutue Annabëlle. Mais je ne suis pas là pour le juger, j’essaie juste de comprendre ce qu’il c’est passer afin de lui donner quelques conseilles pour leur facilité la vie à tous les deux.

« C’qui s’est passé? Rien de spécial. Je l’aime pas, elle m’aime pas, c’est bien tout ce qu’on a en commun. On cohabite de force en attendant que je lui trouve un autre coin où crécher, point barre. Sur ce… Merci Kerr. Au r’voir Kerr. » Je vois rouge, mon sang ne fait qu’un tour, et mon corps s’anime que grâce à la colère qui l’habite. Je saisis ce fumier par le col de son tee-shirt en le poussant brutalement contre un mur proche. Lui faire mal ? Je m’en fous. C’est un pauvre con qui a besoin d’une leçon de vie et si pour que ça rentre, ça doit être fait de façon violente, très bien ! Les dents serrées, je le vrille d’un regard noir qu’il n’a jamais dû voir, encore moins à son encontre. « La seule raison pour laquelle je te fous pas mon poing dans la gueule, c’est parce que Del’ est à côté, mais j’te jure que ça me démange sévère de te faire sauter une dent ou deux. » Je le fixe intensément mais je fini par le relâcher et m’éloigner de quelques pas. Je dois me calmer, je ne peux pas lui cracher tout ce que je pense de lui à cet instant alors que la petite est tout près et qu’elle pourrait nous entendre. Fait chier ! Je passe une main des mes cheveux et je soupire. Il a le don de me mettre dans ces états… cinq minutes avec lui et j’entre dans une colère noire. Enfoiré ! Pourquoi t’es revenu ? Tu ne pouvais rester loin de ma vie ?

« Ecoutes moi bien Jaylen : cette gamine n’a rien demandé à personne et encore moins de venir au monde. Elle est la conséquence de tes conneries, alors assumes un peu ! Estimes toi heureux d’ailleurs vu tout c’que t’as sauté de te retrouver avec seulement un enfant. » Ma voix est nettement plus calme mais le ton que j’emploie reste dure. J’espère seulement qu’il m’écoute et qu’il n’est pas encore perché, quelque part dans ses délires de camé. Mais je veux qu’il comprenne, si je dois faire entendre raison à Jaylen sur quelque chose c’est bien sur ça. « Elle a mal démarré dans la vie. Sa mère l’a abandonné et son père s’est simplement tiré comme le lâche qu’il est. Heureusement elle a trouvé des parents en or qui l’aimaient… et alors que les choses auraient pu être parfaites pour elle, on les lui a arraché. Tu crois que c’est facile pour elle ? Qu’elle sait seulement ce qui se passe ? Elle n’a que trois ans, elle ne comprend pas pourquoi ses parents ne sont pas là, pourquoi un homme qu’elle n’a jamais vu et qu’on lui être son père l’a pris avec elle. Elle est déboussolée, elle n’a aucun repère ici. Dis-toi bien que c’est plus dur pour elle que pour toi, même si je doute que l’égoïste que tu es ait envie de se rentrer ça dans le crâne. C’est pas toi la victime qu’on va plaindre dans cette histoire. » Je suis certain qu’il n’a fait que penser que tout ça, c’était pour le faire chier, que le monde se liguait contre lui juste pour l’emmerder… oui, tout tourne autour de lui dans sa petite tête.

Je soupire une nouvelle fois et je me laisse tomber sur le canapé. Je sors mon paquet de cigarettes et mon briquet mais avant de l’allumer, je lance à Jaylen ; « Ouvres la fenêtre. » Que la fumée ne reste pas emprisonnée dans cette pièce, je pense à Delisia moi, ce qui ne semble pas être le cas de tout le monde.
Je tire plusieurs fois sur ma clope mais je n’en ai pas fini, pour son déplaisir, assurément. « Pourquoi t’es revenu si c’est pour la lâcher à la première occasion ? » Aucun colère dans ma fois, c’est une simple question. « Si tu t’en fous de son sort, t’aurai pu laisser le Ministère la placer n’importe où, même chez une famille qui a déjà six gosses en accueille et qui se frotterait les mains de toucher un peu plus de tunes pour la faire dormir dans une chambre déjà bondée. » Je me tais quelques secondes, puis finalement j’avoue ; « T’sais, j’voulais la prendre avec moi mais je n’ai aucun lien de parenté et surtout, un gay en couple avec le patron d’une boite de strip-tease ne faisait pas l’affaire parait-il. » Un léger rire sans joie m’échappe. « Je pensais pas que tu reviendrais, que c’était toi le fameux parent qui allait s’occupait de Del’. J’me suis dit que t’avais changé, mûri, et j’étais content pour elle, mais je me suis jamais autant planté faut croire. De toutes les fois où t’as fait le con, c’est certainement celle-là qui me déçois le plus. »
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Message par Jaylen Killam Dim 8 Avr - 0:35


Il me connait ce mec. Du moins je crois. Il est supposé avoir vu une part de moi. Mais il déblatère de ces conneries que je me dis : putain, comment on a pu être ensemble tout ce temps et être des étrangers l’un pour l’autre? C’est peut-être le temps. Le temps qui est passé sur nous, depuis la rupture, qui nous a changés, qui nous a éloignés. Ou alors je me suis bien barricadé derrière mes murs, tellement bien que je ne lui ai parlé de rien, même lorsque nos couple était encore à son « apogée ». Tellement bien que je ne lui ai jamais montré quoi que ce soit de moi, de mon passé, de ce qui m’a construit ou plutôt démoli. C’est possible. C’est très « moi ». Quant à lui, il a changé. Il a gagné en assurance, il n’est plus aussi niais ni aussi maigrichon qu’avant, plus aussi soumis que quand je l’ai connu. Ça m’a déboussolé, saoulé plus que de mesure. Parce qu’à mon retour dans le monde sorcier, cet univers ou je n’avais jamais trouvé ma place, j’avais perdu tout repère. Les murs, les gens, les tendances, l’ambiance, tout est différent aujourd’hui d’il y a trois, quatre ans. Dingue comme les choses bougent en l’espace de quelques mois.

Mais Kerr est venu me faire chier avec sa morale merdique et moi… d’un coup, je sens la pression retomber. J’ai été une boule de nerf ces jours-ci face à tous les changements, face au tournant radical qui m’était imposé. Je me sentais vieilli, d’un coup. Vieux et con. Râleur, troublé, et puis... effrayé, je peux bien me le dire à moi. Mais il débarque avec en tête de prêcher la bonne parole, et cette image me rappelle que, même s’il a évolué, ce type reste toujours le même au fond. Grand cœur. Tellement, tellement chiant. Toujours quelques principes aux lèvres, toujours une leçon à me donner à moi en particulier, moi qui fait tout de travers lorsqu’il s’agit de penser aux autres. Et il m’envoie à la gueule que je suis égal à moi-même. Que je suis toujours cet ado égoïste, égocentrique, désaxé, et je lui réponds que de toute façon la gosse supposée changer ma vie n’est pas pour longtemps, et je me rends compte que mes entraves sont utopiques. Que je suis libre. Coincé pour un temps, mais pas pour toujours. « Ouvres la fenêtre », il me lance d’un ton autoritaire et, toujours perdu dans mes pensées, je réplique d’un ton plus léger que je ne l’aurais pensé : « Lève ton cul pour le faire, si t’estimes que c’est si nécessaire. Ou mieux t’éteins ta clope. C’est la règle à l’intérieur de l’appart’, exigence de Tan’. » Et par rapport à ça j’ai eu beau geindre qu’elle faisait de moi un mâle castré, avec ses ordres et ses blabla concernant le bien-être de la demi-portion, elle a fait la sourde oreille et est restée intransigeante. Soit.

Je suis un peu beaucou sourd à l’espèce de prise de conscience qu’il attend de moi. Je crois que l’effet de sa diatribe est l’inverse de celui qu’il espérait produire, ou que la bière que je siffle ― qui est loin d’être la première de la soirée ― y est pour quelque chose, qu’importe. Kerr est désabusé, comme il l’est toujours quand on est ensemble, et moi j’oscille entre quelque chose comme l’euphorie et l’envie persistante de le foute à la porte. Il se remet à parler, avoue avoir songé un instant la garder avec lui, et puis manifeste plus clairement sa déception. Et je… j’éclate de rire. Un vrai rire, franc, qui me fait rejeter la tête en arrière, contre le mur contre lequel il m’a plaqué tout à l’heure dans un élan de colère. Un rire qui fait briller de minuscules larmes au coin de mes yeux, et qui me crampe l’estomac. Oh bon sang. Je ne suis qu’un jeune père loin d’être prêt à l’assumer mais obligé de le faire. J’suis pas un type fini. Je suis un ado dans l’âme, c’est ça, c’est tout. Je suis infiniment vivant et je serai bientôt libérer de mes chaînes. Très bientôt, si je m’y prends bien ― ce que je compte faire pour une fois. Mais Kerr attend une réponse. Saint Kerr s’impatiente et se frustre sûrement tout seul de ma réaction.

« En gros, je lâche avec un hoquet étranglé, étouffant de mon mieux mon fou rire. En gros tu t’es pointé ici en t’attendant à trouver un Jaylen taillé comme un père modèle, une couche dans une main et un livre d’histoire dans l’autre, à chanter des berceuses à une mioche en bas-âge, c’est ça? Oh putain. Putain, c’est trop bon! Je me reperds dans les limbes de ma joie inexpliquée, sans pouvoir m’en empêcher, et finis par lâcher, le souffle un peu coupé : T’es encore plus à j’ter que quand on était plus jeunes. Je peux pas le croire… y’a pas à dire, tu t’es trompé de décor. Je m’oblige à me calmer et tâte mes poches à la recherche de mon engin de mort ― baguette magique ―, ce truc tellement plus chiant et moins pratique que la bonne vieille technologie moldue à laquelle je suis habitué. À une époque, l’utiliser était tout simplement improbable dans le monde sorcier. Mais les temps évoluent, et certains se plaisent à trafiquer ce qui leur tombe sous la main pour les rendre compatibles avec la magie. C’est comme ça que j’ai réussi à obtenir ce vieux lecteur raboté je ne sais comment. Je finis par mettre la main sur ma baguette et l’agite vaguement pour animer cette baraque pourrie d’autre chose que de nos cris. Ou notre discussion inutile. Et c’est toute ma compilation de vieilleries, d’incontournable qui se lance. Qui tourne dans l’appartement moisi. Qui lui donne un sens, soudainement. Voodoo Child, de Hendrix.

« Tu parles toujours trop, je commence en m’asseyant dans le canapé défoncé, aux côtés de mon visiteur indésirable. Ou invité, qu’importe. J’vais essayer d’répondre à tout mais j’ai les idées un peu en vrac, m’en veux pas si je zappe des trucs. J’ferai peut-être exprès parfois, sans vouloir t’offusquer. Bref. Je me tais, pensif, pour savoir par où débuter, et décide tout à coup de dire les choses comme elles me viennent. Le simple fait de les dire est déjà suffisamment prise de tête pour que je me tue encore à essayer d’y donner un sens. 'Cause I'm a voodoo child, je murmure inconsciemment en même temps que le chanteur, les yeux mi-clos. Lord knows I'm a voodoo child baby. I want to say one more last thing : I didn't mean to take up all your sweet time, I'll give it right back to ya one of these days. Et j’ai la tête qui tourne un peu des riffs de la guitare, de son cri strident, tohu-bohu diabolique qui m’enivre, me fait vivre. Quand t’as débarqué, j’me lance enfin d’une voix ni haute ni basse, l’obligeant peut-être à tendre l’oreille pour m’entendre par-dessus le bordel; j’vais te dire, j’avais 50 ans bien pesés. J’étais aigri, j’me sentais vieilli avant l’âge. Mais… tu sais quoi? J’viens de comprendre un truc excessivement bon : j’ai encore 19 piges. Je tourne vers lui un regard un peu flou, les lèvres bêtement étirées, dont je martyrise l’inférieure du bout des dents. Tu comprends? Toi t’es là, à t’faire chier avec les trucs les plus horripilants de la vie, les responsabilités et tout le tintouin, à me faire la leçon comme si t’en avais un, de gosse. Et moi bein… je m’en branle. J’m’en branle à mort. J’ai soudain envie d’un bon joint, et les interdictions de Tanya me passent par-dessus la tête. J’vais ouvrir la fenêtre. Pourquoi je l’ai pas fait plus tôt? Au lieu de me cantonner à l’interdiction comme un enfant sage dont on coupe joyeusement les lèvres. Comme dit comme fait : volets ouverts, je sors mon attirail et m’attèle à ma tâche, concentré, sur la table du salon où la gamine jouait tout à l’heure. Avant d’être envoûtée par une lubie incompréhensible qui l’a poussée à me fixer sans ciller pendant de trop longues minutes. Avant que tout dégénère, en somme. Et bientôt, bientôt, tout mon être s’apaise sous l’effet de la drogue. Je me décide à essayer d’être sérieux quand les notes métalliques de Lithium s’élèvent, et que j’agonise de la voix de Kurt. Les réponses que tu me demandes, elles sont toutes liées. Pourquoi je suis revenu? Parce que je sais. Parce que cette fillette est tombée au mauvais moment, sur le dos des mauvais parents. Parce qu’elle et moi on a finalement bien un autre truc en commun : on est des rejetons de cons. Parce que son père s’est tiré ― je me suis tiré, comme mon père l’a fait avant moi. Parce que sa mère a été plus lâche et plus sensée à la fois que la mienne, de mère, et qu’elle aussi a choisi de se laver les mains de toute cette histoire. Parce que Delisia, elle est trimballée comme le jouet cassé qu’elle n’est pas. Parce qu’on se l’échange, on s’en débarrasse, on la perd, et qu’elle en souffre. Parce qu’on m’a dit que c’était la guerre, que y’avait pas de place pour une orpheline de plus, que le gouvernement n’avait pas le temps de lui chercher un foyer digne de ce nom. Je fais une pause, juste le temps de laisser me pénétrer mes propres paroles, mais pas pour me décider à changer. Non. Alors ouais, sa mère c’est pt’être une garce, mais elle l’a mise entre les mains de personnes de confiance. Son père est pt’être un gros salop, mais il sait qu’il n’a pas les couilles pour la prendre en charge, alors il ne s’y essaye pas. Parce qu’il sait qu’avec un gosse c’est tout ou rien, qu’on n’a pas vraiment de seconde chance avec ce genre de bestioles. Que quand elles sont loupées, y’a plus grand-chose à faire pour les récupérer. Et qu’il se loupera à coup sûr. Tu vois, j’aurais préféré que ma mère pense comme moi à l’époque et me refourgue à n’importe qui d’autre au lieu de me dire « je vais faire de mon mieux ». Son mieux n’a pas été suffisant et tu vois où on en est maintenant : je la déteste, elle déteste la vie, et elle m’a foiré en beauté. Alors viens pas me dire que je sais pas de quoi je parle, j’ai été comme elle. J’veux juste pas qu’elle devienne comme moi. Mes doigts tapent le rythme sur mes genoux, je chantonne encore, sans paroles cette fois. J’essaye de me remémorer sa diatribe. Je ne le regarde toujours pas, l’arrière de la tête appuyé contre le dossier du fauteuil, les yeux à peine ouverts pour profiter des notes qui s’enchaînent et résonnent contre les murs mal insonorisés. Fous-moi ton poing dans la gueule si tu veux, traite-moi de lâche ça changera rien, j’compte pas être un père. J’ai pas l’étoffe pour ça. Tu m’imagines… genre… lui apprendre que le sexe c’est important, qu’on le fait pas avec n’importe qui, qu’elle doit se respecter et forcer les autres à faire pareil? Que l’alcool et la débauche sont un univers dans lequel elle ne doit jamais mettre les pieds, que la drogue la rongera jusqu’à la tuer, tu m’imagines lui dire tout ça, cravate et veston sur le dos comme un bel hypocrite? Les valeurs qu’elle a besoin d’apprendre, j’les ai jamais faites miennes. J’peux pas lui enseigner tous ces trucs-là. Quand elle aura grandi, je serai toujours le même pauvre type paumé qui fornique sur du rock et qui emmerde les faiseurs de morale. Je s’rai toujours le même guitariste à la manque, je s’rai toujours intensément vivant. Je m’interromps pour réfléchir, tente de me projeter vraiment dans l’avenir, sans succès. Je hausse les épaules avec détachement. Ou alors je serai mort. Pas un mort-vivant comme toi, non, mais un vrai macchabée. Pourrissant sous terre, de ses excès bien consommés, avec un sourire insolent aux lèvres. And I'm not scared… Light my candles in a daze, ‘cause I've found God…, je fredonne dans un état second, plus étourdi par les sons que par les substances qui me ruinent. J’suis revenu parce que tu l’aimes peut-être, mais pas assez pour envoyer chier ta vie juste pour elle. J’suis revenu parce qu’elle n’avait personne d’autre. Mais me demande pas de lui donner de l’amour ou quoi que ce soit d’autre. Je suis juste là pour lui fournir un toit temporaire, aussi difficile que soit cette passade pour elle et pour moi, et mine de rien elle a eu droit à une grande sœur attentionnée en rab’… elle est pas si mal lotie que tu le crois. Je f’rai seulement en sorte qu’elle n’ait pas à me regretter, quand je l’aurai placée entre de meilleure mains et que je m’en irai sans me retourner. C’est ce qui se passera, à coup sûr. Tu m'emmerdes bordel, les confidences c'est pas mon trip tu sais? Je finis par tourner vers lui mon regard embrouillé, qui se durcit soudain. Non, tu sais pas. Ou tu t'en as juste rien à faire. Parce que je joue les victimes sans jamais avoir eu des raisons de le faire hein? Dans ta tête je suis quoi, un crétin chanceux qui a juste mal tourné comme ça, sans putain de raison, juste pour le fun, et qui se fout de la gueule du monde? Je trouve ça drôle... » Je ris encore, mais avec un fond d'amertume audible. Une sorte de douleur aussi, sans doute, parce que... Je trouve ça drôle que le seul gars qui m'ait soit-disant aimé me connaisse si mal. Ou s'en foute tellement. Mais ça, j'le lui dirai pas. Jamais.
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Message par Kerr J. Travis Dim 8 Avr - 21:02

Spoiler:


J’attends qu’il m’envoie chier pour ce que je viens de lui dire. Il m’a prouvé ne pas avoir changé d’un poil, alors la morale doit toujours être quelque chose qui ne passe pas chez lui, mais ce con, au lieu de m’insulter comme il sait si bien le faire, ce con éclate de rire ! et pas d’un rire juste là pour me faire chier, mais d’un qui vient réellement du cœur. Quoi ? je n’ai rien dit de drôle à ce que je sache ! et ça me met encore plus en boule de le voir se marrer alors que j’essaie de lui parler de quelque chose d’important, d’une véritable responsabilité et non de mes problèmes de cœur et des blessures qu’il m’inflige comme à l’époque de Poudlard.

« En gros tu t’es pointé ici en t’attendant à trouver un Jaylen taillé comme un père modèle, une couche dans une main et un livre d’histoire dans l’autre, à chanter des berceuses à une mioche en bas âge, c’est ça? Oh putain. Putain, c’est trop bon! » « Elle ne porte plus de couche. Je lâche, comme ça, à titre d’information, parce que je suis sûr qu’il s’en tape et surtout, parce qu’il semble trop occupé à rire pour entendre quoi que se soit. « T’es encore plus à j’ter que quand on était plus jeunes. Je peux pas le croire… y’a pas à dire, tu t’es trompé de décor. » C’est lui qui dit ça… mais c’est lui qui reste piégé dans son adolescence adorée ! Pour preuve, il ne trouve rien d’autre à faire qu’à mettre du Hendrix en fond sonore. Bon je dois avouer tout de même que ça ne déplait pas. J’aime toujours autant Hendrix, et ça fait un sacré bail que je ne l’ai pas écouté en y repensant.

« Tu parles toujours trop » Dit-il en s’asseyant à mes côtés. « J’vais essayer d’répondre à tout mais j’ai les idées un peu en vrac, m’en veux pas si je zappe des trucs. J’ferai peut-être exprès parfois, sans vouloir t’offusquer. Bref. » Jaylen ? répondre à mes questions ? aurait-il ne serait-ce qu’un peu changer pour se montrer tout d’un coup loquace ? Je n’y crois que quelque secondes puisque lorsque sa voix s’élève de nouveau, c’est pour l’entendre chanter comme il lui arriver de le faire lorsqu’on – que je – essayait d’avoir une véritable discussion. Mais tout d’un coup, il se décide. Je ne sais pas comment son cerveau fonctionne, mais c’est certainement pas à l’endroit. « Quand t’as débarqué, j’vais te dire, j’avais 50 ans bien pesés. J’étais aigri, j’me sentais vieilli avant l’âge. Mais… tu sais quoi? J’viens de comprendre un truc excessivement bon : j’ai encore 19 piges. » Pauvre Troll ! t’as peut-être encore dix-neuf ans dans ta tête mais la réalité va bien finir par te rattraper, comme la gosse dans la pièce d’à côté par exemple ! « Tu comprends? Toi t’es là, à t’faire chier avec les trucs les plus horripilants de la vie, les responsabilités et tout le tintouin, à me faire la leçon comme si t’en avais un, de gosse. Et moi bein… je m’en branle. J’m’en branle à mort. » toujours le même. Pas une once d’évolution chez lui, c’est presque pathétique. « J’vais ouvrir la fenêtre. Pourquoi je l’ai pas fait plus tôt? » On se le demande. Je préfère garder la bouche fermée, il a le don de me foutre hors de moi ce con. Et voilà qu’il sort tout son matériel pour se rouler un joins… il fait ce qu’il veux, mais je ne suis pas venu jusqu’ici pour écouter les délires d’un mec décalqué.

« Les réponses que tu me demandes, elles sont toutes liées. Pourquoi je suis revenu? Parce que je sais. Parce que cette fillette est tombée au mauvais moment, sur le dos des mauvais parents. Parce qu’elle et moi on a finalement bien un autre truc en commun : on est des rejetons de cons. Parce que son père s’est tiré ― je me suis tiré, comme mon père l’a fait avant moi. Parce que sa mère a été plus lâche et plus sensée à la fois que la mienne, de mère, et qu’elle aussi a choisi de se laver les mains de toute cette histoire. Parce que Delisia, elle est trimballée comme le jouet cassé qu’elle n’est pas. Parce qu’on se l’échange, on s’en débarrasse, on la perd, et qu’elle en souffre. Parce qu’on m’a dit que c’était la guerre, que y’avait pas de place pour une orpheline de plus, que le gouvernement n’avait pas le temps de lui chercher un foyer digne de ce nom. Alors ouais, sa mère c’est p’t’être une garce, mais elle l’a mise entre les mains de personnes de confiance. Son père est p’t’être un gros salop, mais il sait qu’il n’a pas les couilles pour la prendre en charge, alors il ne s’y essaye pas. Parce qu’il sait qu’avec un gosse c’est tout ou rien, qu’on n’a pas vraiment de seconde chance avec ce genre de bestioles. Que quand elles sont loupées, y’a plus grand-chose à faire pour les récupérer. Et qu’il se loupera à coup sûr. Tu vois, j’aurais préféré que ma mère pense comme moi à l’époque et me refourgue à n’importe qui d’autre au lieu de me dire « je vais faire de mon mieux ». Son mieux n’a pas été suffisant et tu vois où on en est maintenant : je la déteste, elle déteste la vie, et elle m’a foiré en beauté. Alors viens pas me dire que je sais pas de quoi je parle, j’ai été comme elle. J’veux juste pas qu’elle devienne comme moi. Fous-moi ton poing dans la gueule si tu veux, traite-moi de lâche ça changera rien, j’compte pas être un père. J’ai pas l’étoffe pour ça. Tu m’imagines… genre… lui apprendre que le sexe c’est important, qu’on le fait pas avec n’importe qui, qu’elle doit se respecter et forcer les autres à faire pareil? Que l’alcool et la débauche sont un univers dans lequel elle ne doit jamais mettre les pieds, que la drogue la rongera jusqu’à la tuer, tu m’imagines lui dire tout ça, cravate et veston sur le dos comme un bel hypocrite? Les valeurs qu’elle a besoin d’apprendre, j’les ai jamais faites miennes. J’peux pas lui enseigner tous ces trucs-là. Quand elle aura grandi, je serai toujours le même pauvre type paumé qui fornique sur du rock et qui emmerde les faiseurs de morale. Je s’rai toujours le même guitariste à la manque, je s’rai toujours intensément vivant. Ou alors je serai mort. Pas un mort-vivant comme toi, non, mais un vrai macchabée. Pourrissant sous terre, de ses excès bien consommés, avec un sourire insolent aux lèvres. J’suis revenu parce que tu l’aimes peut-être, mais pas assez pour envoyer chier ta vie juste pour elle. J’suis revenu parce qu’elle n’avait personne d’autre. Mais me demande pas de lui donner de l’amour ou quoi que ce soit d’autre. Je suis juste là pour lui fournir un toit temporaire, aussi difficile que soit cette passade pour elle et pour moi, et mine de rien elle a eu droit à une grande sœur attentionnée en rab’… elle est pas si mal lotie que tu le crois. Je f’rai seulement en sorte qu’elle n’ait pas à me regretter, quand je l’aurai placée entre de meilleure mains et que je m’en irai sans me retourner. C’est ce qui se passera, à coup sûr. Tu m'emmerdes bordel, les confidences c'est pas mon trip tu sais? »

Son regard se tourne vers moi, plus dur qu’il n’aurait dû être. « Non, tu sais pas. Ou tu t'en as juste rien à faire. Parce que je joue les victimes sans jamais avoir eu des raisons de le faire hein? Dans ta tête je suis quoi, un crétin chanceux qui a juste mal tourné comme ça, sans putain de raison, juste pour le fun, et qui se fout de la gueule du monde? Je trouve ça drôle... » Il ris, sans joie, aucune et je le regarde en arquant un sourcil. Je crois qu’avec le temps, j’ai plus de mal à le comprendre qu’avant. C’est normal, je ne parle plus le Jaylennien depuis quelques années déjà et c’est que ça se perd vite comme habitude !

« T’es quand même vachement plus loquace qu’avant. » Un sourire moqueur aux lèvres, je sais qu’il ne va pas apprécier cette banalité lancée comme ça, mais je m’en fous à dire vrai. « T’sais, même si j’avais quitté Curtis, je serais resté catalogué comme gay. Parait que ça pas de toi un bon parent adoptif, soit disant que ça pourrait influencer l’enfant. A croire que tous les bis et gays n’ont pas eu de parents hétéros… c’qu’ils peuvent être cons. » Je tenais quand même à préciser ce point. Qu’il n’ose pas prétendre que je ne suis pas prêt à tout pour Delisia alors que j’ai réfléchis à la question avant même qu’il ne songe à revenir dans le coin. Je me penche vers lui et je lui prends son joins des mains sans même lui demander, je suis persuadé que ça ne va pas lui plaire mais il a le droit de faire tourné cet égoïste. « Quoi ? Tu penses peut-être que dans mon métier on passe son temps à se faire les ongles et à boire du jus de citrouille ? » Je ricane à cette idée. Comme si tout était rose et glamour. Remarque, certains carburent avec des trucs plus dur que ça, moi je suis resté simple. Un p’tit joins de temps à autre, ça ne fait pas de mal. Je tire dessus et je me détends sous la substance qui imprègne mes poumons, comme si cela pouvait me faire quelque chose avec si peu.

« N’empêche, c’que tu dis est plutôt sensé. Même si tu as ta copine pour t’aider… si tu te sens pas de le faire, personne ne pourra te faire changer d’avis, vaut mieux que Del’ soit placée autre part. Essaie seulement de ne pas faire de son séjour chez toi un enfer, c’est tout. » Je tire trois fois de plus sur l’objet interdit avant de lui repasser et je me lève du canapé. Je m’étire comme si j’avais somnolé et je me tourne vers lui ; « J’vais y aller, j’suis pas venu pour papoter. J’m’occupe de Del’ et j’me tire. » Je n’ai pas franchement envie de rester. Etre avec lui est plus difficile que je le croyais, l’époque où on était ensemble est pourtant révolue, mais il y a des choses que l’on n’efface pas comme ça. Et puis il y a Tanya. Parce que c’est bien d’elle qu’il s’agir. Ils vivent ensemble. Ils sont en couple. Et ça me fait prodigieusement chier de le savoir. Avant d’entrée dans le couloir je me tourne vers lui et je lui lance sur le ton de la confession ; « Tout à fait entre nous, t’aurai pu me proposer une bière, t’es du genre exécrable comme hôte. »

Je frappe un coup à la porte de la chambre de la gamine puis j’entre sans attendre la permission, pas besoin c’est une gosse de trois ans. « Allez hop ! Au lit ! » Elle chouine, forcément, elle ne veut pas dormir, elle veut rester avec moi, elle veut même rentrer avec moi. Je lui explique que les choses sont ainsi, qu’on ne peut pas faire tout ce qu’on veut dans la vie et je lui promets une fois de plus que je passerai la prendre demain pour aller faire les magasins. Ca semble lui convenir. Elle se glisse sous ses couvertures et je me penche pour la border ainsi que pour déposer un baiser sur son front. Mais la petite ne veut pas me laisser partir comme ça, elle veut que je reste jusqu’à ce qu’elle s’endorme. J’hésite une fraction de seconde, je me tourne vers Jay qui se trouve dans l’encadrement de la porte, le visage fermé, et j’accepte finalement. Je sors de sa chambre, retourne dans le séjour et je soupire lourdement. « T’as des feuilles ? » Je sors mon propres bordel pour me rouler un joins. Je crois que ça sera plus facile comme ça, moins prise de tête en tout cas. « au fait pour c'que ça vaut : je m'en foutais pas t'sais... de toi, de c'que tu ressentais à l'époque, et j'ai jamais cru que tu jouais les victimes. C'est même ton côté écorché vif qui m'avait plu entre autre quand on était plus jeune. » Je n'avais pas besoin de lui dire ça, sauf que j'ai l'impression que si je ne l'avais pas fait, il aurait vraiment pensé que je m'en foutais et je ne veux pas que ça le cas. Et ça m'énerve !
Kerr J. Travis
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L'amour n'a jamais été aussi aveugle.

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