hopeless, princess. pv violet.

« Hé, Dawn, ce soir y a une f… »
« NON ! »
« Pardon ? »
« Non, je ne sors pas, désolée. »

La jeune fille repartit en soupirant, soupir que reprit en écho la jeune Serdaigle. Elle en avait sa claque de cette bande d’ignorants qui passaient leur temps à faire la fête, et à l’y emmener aussi. Et puis, depuis la semaine dernière, le mot fête était exclu de son vocabulaire. La rencontre avec cet écervelé de Serpentard lui avait servit de leçons, plus jamais elle ne se laisserait embobiner, plus jamais elle irait à leurs pauvres soirées. Et les bleus qu’elle possédait un peu partout sur le corps l’en dissuadaient de toute façon. Elle s’était fait la promesse de se méfier, d’être moins naïve. Il fallait qu’elle respecte sa propre promesse. Cette semaine fut un enfer. Elle du supporter son regard se balader sur elle innocemment, sa désinvolture. Comme si… Comme si, au final, tout cela n’avait aucune importante, comme s’il avait l’habitude de faire subir ce genre de traitement aux filles. Dès qu’elle le croisait, c’était un regard noir qui naissait dans l’océan bleu de ses yeux. Elle le détestait. Elle aurait tant aimé qu’il souffre, qu’il comprenne. Mais non. C’était impossible.

La jeune rousse soupira à nouveau. C’était donc ça la naïveté dont lui parlait sans cesse Hester. Celle-ci le lui rabâchait pourtant à longueur de journée « tu es trop naïve, Dawn ». Voilà, désormais elle le savait, elle était au courant. Levant les yeux vers le plafond magique, la bleu et argent secoua son verre de jus de citrouille machinalement. Elle était perdue. Il fallait qu’elle se reprenne, elle avait l’habitude d’être ignorée, considérée comme une petite Serdaigle innocente et naïve, du genre à passer son temps à la bibliothèque sous les regards amusés de ses petits camarades de classe. Pourtant, là ce n’était pas la même chose. Cette fois-ci, elle avait non pas été victime de quolibets, mais de gestes douloureux. Une larme naquit au coin de son œil et la jeune fille se reprit. Elle se leva alors de la table des Serdaigle et quitta la Grande Salle avec hâte, sans un regard pour la table des Serpentard. Elle traversa le hall d’entrée rapidement et franchit bientôt la porte principale, donnant sur l’extérieur. Au moment où elle sentit la brise soulever ses boucles, elle reprit son souffle. Ses vieilles peurs. Elles étaient si ancrées en elle-même, omniprésentes. Elle se calma un peu et finit par reprendre sa marche, bien plus doucement. L’air apaisant et légèrement froid lui fit un bien fou. Resserrant l’étreinte de sa cape autour d’elle, la jeune fille laissa son regard se poser sur le paysage autour d’elle. Il n’y avait pas grand monde, à vrai dire. Au loin, elle percevait quelques balais volant dans le ciel, au niveau du stade de Quidditch. Sur des bancs, les amoureux s’enlaçaient tendrement et près du lac, un groupe de première année s’amusait joyeusement. Un brusque sentiment de solitude envahit la jeune fille qui ne pouvait s’empêcher d’envier toutes ces personnes. Quand trouverait-elle enfin chaussure à son pied, elle ? Quand serait-elle débarrassée de ses peurs et pourrait enfin vivre normalement ? Quand est-ce qu’elle l’oublierait… La morsure du vent sur ses joues vint caresser les larmes qui y roulaient déjà. Poursuivant son chemin sans y accorder la moindre attention, la jeune fille finit par s’arrêter devant un grand chêne élégant et imposant qui lui plut. Elle s’assit en dessous, ses longues branches la cachant un peu. De là, elle pouvait voir tout le Monde. Les sourires étalés sur les visages des garçons près du lac, les joues rosies de la jeune fille, dans les bras de son ami, les voltiges des sportifs. Ses larmes n’en finissait plus de courir sur sa peau, rendant ses yeux légèrement rouges, mais surtout voilés de tristesse. Elle finit par les fermer, lasse du paysage qui s’offrait à elle, désirant un décor sombre. Elle voulait le calme, elle voulait être tranquille. Oui, c’est ça. Qu’on la laisse tranquille, c’était là son seul désir. Ses mains plongeant dans ses poches pour se protéger du froid, Dawn se surprit à rêver du confort de sa maison, à Londres. Son esprit peignit les traits de son petit frère Georges, puis ceux de ses parents, souriant. Loin du Château, de la violence dont elle avait été victime la semaine dernière. Loin de la rivalité entre les maisons, les supercheries. Loin de tout, sauf de sa famille. Soupirant de plus belle, ses larmes cessèrent de rouler et un sourire béat se dessina sur ses lèvres. Sa respiration se fit plus calme et son cœur cessa de faire des bonds dans sa poitrine.

Si seulement elle avait pu rester comme ça, ses pensées loin, très loin, dans le calme, la sécurité. Si seulement… C’était pourtant sans compter ses petits camarades de classe, toujours là pour rompre sa sérénité, son bonheur personnel. Paupières closes, elle ne la vit pas arriver. Violet MacAlistair, Serdaigle un peu plus âgée. Ses longs cheveux blonds encadraient son visage à la perfection et ses grands yeux dévisageaient sa cadette, la timide et peureuse Dawn. Elle se tenait, là, devant la jolie rousse qui ne s’en apercevait même pas, bien trop concentrée dans son Monde utopique et irréel. Mais bientôt, ce Monde disparaitrait et la vérité s’imposerait à elle, de façon plus ou moins brutale.

… Au son de la voix de la jolie blonde, Dawn sursauta et ses yeux s’ouvrirent.
Pauvre Dawn, victime de l’imagination débordante de ses camarades.
Pauvre Dawn, victime malgré elle, et jouet favoris de son entourage.