Intrigue n°2 - L'échec des Préfets

2027. Dans le bureau du directeur de Serpentard, trois garçons et trois filles tremblaient, mais restaient dignes. Ils avaient entre 15 et 19 ans et étaient de diverses maisons. Tous avaient pourtant un point commun : celui de vouloir se révolter contre le système en place. Ils avaient donc monté un clan secret au sein duquel ils faisaient régulièrement des réunions afin de réfléchir au meilleur moyen de délivrer Poudlard de son sort. Le problème, c’est qu’ils n’étaient que six, et qu’ils étaient bien trop jeunes et impuissants pour faire quoi que ce soit. Mais qu’importe, ils voulaient essayer. La plupart de ces jeunes gens avaient eu des parents tués ou torturés par Clyde et ses hommes, ce qui n’avait fait qu’augmenter leur rage de vaincre. Seulement voilà, aujourd’hui, tout semblait tomber à l’eau. Tout ça à cause de cette sale fouine de Leary Becker qui les avait balancés. Lyan Meyer serra les poings. Il haïssait ce type de tout son cœur, et ce depuis la première minute où il l’avait vu. Quant à sa mère… elle ne méritait pas de vivre. Il se demanda ensuite pourquoi leur petit groupe avait été envoyé ici alors que seulement une d’entre eux était à Serpentard. Il s’attendait à se retrouver chez Harper, mais il en avait vraisemblablement été autrement. Cachée derrière les autres, Mitsina Matthews était sans doute la plus effrayée par ce qui risquait de leur arriver.

Installé à son bureau, Paris Montgomery arborait un sourire amusé. Cala faisait un moment qu’il suivait les faits et gestes de Lyan. Après tout, il était en quelque sorte son petit fils. D’ailleurs, il lui ressemblait énormément. Bien sûr, ça avait éveillé les soupçons. Mais officiellement, Adam et lui étaient cousins. Des cousins éloignés, des cousins ennemis. De toute façon, il allait sans dire que Lyan tenait suffisamment d’Adam pour ne pas douter de sa paternité. En l’observant ainsi, Paris savait donc que ce gosse se livrait à des activités interdites avec ses amis. Mais il ne l’avait pas dénoncé, attendant de voir ce qu’il allait se passer. Et voilà que quelqu’un d’autre s’en était chargé, et pas n’importe qui. Le préfet de Serpentard, un garçon autant admiré que détesté, qui ne cherchait qu’à s’attirer les faveurs de l’autorité. S’il savait… En tout cas, il avait failli tout gâcher. Heureusement, Paris avait pu obtenir la faveur de punir lui-même le petit groupe de rebelles.

- Alors comme ça, on veut détruire le pouvoir en place ? C’est très audacieux de la part d’une poignée d’adolescents.

Aucun ne répondit. Certains avaient le regard provocateurs, d’autres grave, d’autres encore craintif. Mais ils savaient tous que le moindre mot pouvait aggraver leur cas.

- Je comprends, vous n’avez aucun argument pour votre défense. Figurez-vous que j’ai trouvé la punition parfaite pour votre cas.

Soudain inquiets voire anxieux, les six élèves regardèrent Montgomery plonger la main dans son bureau, le regard énigmatique. Il en ressortit un étrange médaillon accroché à une chaînette. Il représentait un sablier entouré de deux cercles. Lyan écarquilla les yeux. Il était le seul à savoir ce qu’était cet objet.

- C’est un retourneur de temps. Je crois que nous allons pouvoir faire un deal. Moi, j’ai simplement quelqu’un à sauver. Vous, vous avez le monde magique. Si vous retournez 25 ans en arrière, à l’heure ou moi-même j’étais élève à Poudlard comme vous, vous allez certainement pouvoir enrayer les choses. Ai-je besoin d’entrer dans les détails ? Je vais vous emmener dans une pièce secrète, où vous aurez tout le temps de réfléchir à un plan une fois arrivés dans le passé.

Ces élèves réussiraient peut-être là où Adam et les autres avaient échoué. C’était ce qu’espérait Paris. Depuis la mort de son frère, il n’aspirait qu’à une chose : se venger de celle dont il partageait le lit tous les soirs. Celle qui croyait être la femme de sa vie et qui ne savait rien de ses desseins : Raquel Torres. Elle avait cru s’être attirée ses faveurs, elle s’était trompée. En tuant Zane par vengeance, c’était sa haine qu’elle avait provoqué. Cependant, entre un mal vengé et un mal non commis, le choix était vite fait. Paris préférait sauver son frère. Jusqu’à présent, il n’avait pas osé utiliser le retourneur de temps que son ami – et fils – Adam lui avait confié. Il avait peur de revoir tous ceux qu’il avait fréquenté à Poudlard, mais également du futur qu’il retrouverait à son retour. Alors, il ne devait pas manquer cette opportunité de confier cette mission à d’autres. Ils savaient que certains avaient perdu des parents et souhaiteraient les sauver.

De leur côté, les élèves étaient interloqués. Devaient-ils croire à cette histoire rocambolesque ? Ce fut Del Sommers qui prit les devants, comme à son habitude. Il savait que de toute façon, ils n’avaient pas le choix. Alors, comme toujours, il prit la décision pour tout le groupe, et accepta le marché. Voilà comment ils se retrouvèrent dans cette fameuse pièce secrète. Par réflexe, Lyan en nota intérieurement le mécanisme d’accès. Tout comme Adam s’était vu confier ce même retourneur de temps, il le reçut de la main de Paris. Lyan était le seul préfet du groupe, ce qui expliquait aussi la concurrence qui existait entre Leary et lui. Jusqu’alors, personne n’aurait pu le suspecter de monter une rébellion. Il respectait toujours les règles et était l’un des meilleurs élèves de Poudlard. Mais il voulait protéger ceux qu’il aimait.

- Nous y voilà. Vous connaissez les personnes que vous allez devoir prévenir. En revanche, vous ne devrez surtout pas laisser Clyde Andrews et sa bande apprendre qu’ils sont au pouvoir en 2027. Excepté une personne, Garden Fear. Il y a 25 ans, elle était dans le bon camp. Mais elle s’est tournée vers Clyde, par amour pour lui. J’ai aussi deux messages à vous faire passer : le premier est pour Tabatah Jenning. Dîtes-lui de prendre son soin de son enfant à naître, il deviendra quelqu’un d’important. Le second est pour Violet MacAlistair. Il faudra lui dire que je regrette mon comportement vis-à-vis d’elle, et qu’elle mérite bien mieux que mon alter ego du passé. Maintenant que vous savez tout, vous pouvez y aller. Une fois que vous aurez accompli votre mission, actionnez le mécanisme en sens inverse. Je vous souhaite bon courage et bonne chance.

Les six amis remercièrent Paris et s’exécutèrent. Lyan serra fort la main de Mitsina et tourna la petite clé qui servait à remonter les années. Vingt-cinq fois, vingt-cinq tours qui lui parurent durer une éternité. Tous les regards étaient tournés vers lui. Puis, le trou noir. Tous ouvrirent les yeux. Ils étaient dans la même pièce, mais Montgomery avait disparu. Del pris la parole.

- Séparons-nous en deux groupes. Cat et Sheard, avec moi. Shay et Mits iront avec Ly.

Des six, Catsy Ridley était certainement la plus enthousiaste. Elle allait sûrement rencontrer des idoles ! Elle était la seule du groupe à n’avoir perdu personne parmi ses proches, mais elle était très amie avec Del et aimait jouer les espionnes. Sheard Bradford ne disait rien, se contentant d’écouter les directives de Del. Il avait encore du mal à réaliser ce qui arrivait. Mitsina Matthews serrait toujours la main de Lyan, anxieuse. Quant à Shay Grint, elle appréhendait fortement le fait de revoir ses parents, mais gardait son calme.

- On a beaucoup de monde à retrouver, il va falloir se partager la tâche. Les plus importants, ce sont Davin Power, Paris Montgomery, Garden Fear, Montana Jones, ma mère, mon oncle et le père de Lyan. Mais aussi Connor Whitley et Emerson Camden, rappelez-vous cette prédiction qu’avait fait Jones quand elle était encore à Poudlard…

- Et nos parents à nous autres ? Je veux dire, ceux qui sont morts ?

C’était Shay qui l’avait interrompu. Elle était toujours très pragmatique.

- On les préviendra aussi, si on a le temps, de même que tous ceux qui doivent être tués dans le futur. Mais en priorité, on doit prévenir ceux qui auront un rôle à jouer dans la résistance ou qui tourneront mal. Si on croise les autres en route, on les préviendra. Je sais que vous avez certainement envie de revoir vos proches, mais on n’aura pas beaucoup de temps, on sera vite repérés par le personnel. Il faudra qu’on aille droit au but.

Catsy fit la moue. Ses idoles ne faisaient pas partie de la liste. Pourtant, certains d’entre eux seraient morts en 2027. Qu’à cela ne tienne, elle s’arrangerait pour les voir, coûte que coûte. Lyan prit alors la parole à son tour.

- N’oubliez pas qu’on doit éviter Clyde Andrews et ses hommes. Ça inclut Bonnie Becker, bien sûr. On est tous d’accord à son sujet n’est-ce pas ?

Les autres acquiescèrent. Finalement, ils se mirent d’accord sur leur mission respective. Del, Sheard et Catsy descendraient en direction des sous-sols pour espérer croiser les Serpentard et les Poufsouffle à la sortie de leur salle commune. Les trois autres monteraient faire de même pour les Gryffondor et les Serdaigle. Rabattant leur capuche sur la tête pour éviter de se faire repérer, ils sortirent discrètement de la pièce secrète. C’était parti.

La mission était simple : Trouver les principaux protagonistes de l’histoire qui avaient amené à leur futur, à l’ascension de Clyde Andrews au pouvoir et ce légalement qui plus est, et les prévenir pour qu’ils empêchent tout ceci d’arriver. Il y avait des vies en jeu, tellement que Del Sommers n’aurait pu en dire le nombre exact. Lyan aurait sûrement su lui, il savait toujours tout… mais ce n’était pas le moment de se perdre en calcul. Del et ses amis étaient investis d’une mission et ils se devaient de la mener à bien.

Del : « En passant par là on une chance de tomber sur Lyle, Paris, Garden, ma mère ou Davin. » Commenta Del plus pour lui-même que pour les deux autres. Del : « C’est lui le plus important dans le sens où il conduira la résistance. »

Sheard ne répondit rien à cela. C’était quelque chose dont il avait déjà conscience, mais ce qu’il savait aussi, c’était qu’ils auraient du mal à s’expliquer et surtout, à faire croire à un type qui suit son jumeau partout, qu’il lui tournerait le dos dans quelques années pour former un groupe solide de résistants, opposants au régime instauré par Clyde.
Alors qu’ils continuaient de marcher vers leurs buts, Del repris :

Del : « Garden aussi est importante. Elle est un point faible d’Andrews. Si elle l’a suivi par amour et qu’elle a abandonné tout ce en quoi elle croyait, Clyde devrait être en mesure de faire la même chose. Elle n’a pas été suffisamment forte pour… »
Sheard : « J’avais oublié à quel point tu aimais parler pour ne rien dire. »
Del : « La ferme Bradford ! » Gronda Del. Personne n’a demandé le point de vue du dégénéré de service ! »

Dégénéré de service, voilà un surnom dont il avait vite hérité de certains de ses camarades. Sheard était un extravagant, toujours en train de faire le pitre mais à l’excès, certains le pensaient complètement cinglé. On chuchotait que c’était parce que sa mère et son père avaient un lien de parenté, ce qui était vrai, il ne l’avait jamais nié. Mais les gens, la plupart du moins, ignoraient quel était exactement ce lien. Le père du jeune homme était le frère de sa mère mais le détail qui changeait tout, celui qui pesait lourd dans la balance, c’était que ce n’était que par adoption. Aucun lien de sang ne les avait jamais unis, mais Sheard ne se défendait pas là-dessus, jouant d’autant plus l’extraverti alors qu’au fond, son sérieux et sa maturité étaient à toute épreuve. Il était pourtant difficile de l’imaginer lorsqu’on le voyait, et à cet instant il le prouvait encore. Prenant un air dramatique et affichant une moue à la fois peinée et scandalisée tout-à-fait sur-jouée il couina,

Sheard : « Catsyyyy ! Del recommence à être méchant avec moi ! »

Il se tourna pour pouvoir se plaindre face à la jeune fille mais ne rencontra que le vide. Ce silence anormal alerta Del qui fit volte-face à son tour.

Del : « Bordel, elle est où ?! »

Sheard se contenta de hausser les épaules, et il se remit en marche, les mains dans les poches comme si cela n’avait aucune importance.

Sheard : « Bah ! Elle réapparaîtra bien. Au pire, on la retrouvera plus tard. »

A l’entendre on aurait pu croire que cette soudaine disparition – cette fugue plutôt ! Connaissant la demoiselle – n’avait aucune conséquence. Sauf qu’ils étaient 25 ans en arrière et qu’ils étaient donc en territoire inconnu ! Del se massa douloureusement les tempes et marmonna,

Del : « Pourquoi je suis parti avec vous deux ? »

Légèrement exaspéré – et désespéré – Del se remit en route également suivant Sheard jusqu’à arriver à sa hauteur et calquer ses pas aux siens. Chacun parti dans ses réflexions, le silence fut leur allié pendant leur trajet. Mais ce silence fut de courte durée car alors qu’ils empruntaient un nouveau couloir, des voix retentirent.

Nathanaël : « Alors la lopette, toujours puceau ? »
Tristan : « Je t’emmerde ! »
Nathanaël : « Mais c’est qu’il serait presque hargneux l’asticot ! »
Elhemina : « Et sinon t’as d’autres occupations que de faire les chier les gens dans la vie, Warrens ? »

Elhemina s’était interposée entre les deux garçons. Certes elle avait un peu mal à comprendre Tristan et ses choix, mais cela n’autorisait pas cette brute de Warrens de le martyriser !

Nathanaël : « Oh toi la ramène pas. »
Tristan : « Laisse-le Mina. C’est évident que cet abruti à besoin de s’en prendre aux autres pour rendre un peu plus palpitante sa vie de merde. »

Le sang de Nathanaël ne fit qu’un tour. Etre insulté par ce verre de terre ? Jamais ! Il l’agrippa par le col de son uniforme et le souleva, lui faisant presque quitter le sol.

Delilah : « Warrens ! Arrête ça tout de suite ! »

De leur côté, les deux adolescents venus du futur et témoins de la scène pensèrent qu’il était peut-être temps d’intervenir. Ils n’allaient pas laisser le Serpentard refaire le portrait du pauvre Poufsouffle, et ce fut Sheard qui se manifesta en premier.

Sheard : « Hey ho ! Nate ! » Appela-t-il tout en agitant le bras.

Le dénommé Nate tourna la tête vers eux – imité par les trois autres – et arqua un sourcil tandis que Del se penchait vers le garçon et lui murmurait :

Del : « Mais qu’est-ce que tu fous ? »
Sheard : « T’inquiète pas, mon père et lui s’entendent super bien et il m’adore ! Il m’a souvent dit que j’étais un peu le fils qu’il n’avait jamais eu. » Répondit-il avec un petit sourire fier.
Del : « A notre époque abruti ! »

Sheard fit un geste de la main comme s’il cherchait à chasser de l’air et répondit un simple : « Détail. » avant de faire les pas le séparant encore du groupe d’étudiants. Del le suivit, non sans crainte de s’en prendre une de la part du fameux ‘Nate’. D’ailleurs ce dernier délaissa Tristan pour accorder toute son attention aux deux adolescents venant vers lui et il ne fut pas le seul à les jauger de bas en haut. Sheard retira sa capuche, imité par Del qui sentait que cela les poussait plus à se méfier d’eux qu’autre chose.

Delilah : « D’où vous sortez les morveux ? Je ne vous ai jamais vu. »
Sheard : « Wow ! Quelle mégère ! T’es bien plus sympa à mon époque ! »

Les adolescents le regardèrent avec des yeux ronds mais Nathanaël ne put s’empêcher de ricaner. Mégère. Ca lui allait tellement bien ! Cela ne plut pas à la Gryffondor qui colla un coup de coude dans les côtes de Warrens, faisant surenchérir Sheard.

Sheard : « T’es bien moins violente aussi ! Surtout avec lui, t’es plutôt du genre à le bécoter sans arrêt. »
Delilah : « Le quoi ? » Demanda-t-elle effarée.
Sheard : « Le bé-co-ter » Répéta Sheard comme s’il s’adressait à une attardée. « Tu sais, c’que font tous les couples. Roulage de pelle, pelotage et compagnie. »
Nathanaël : « Attends, t’as dit quoi là ? Couple ? »
Sheard : « Non mais c’est pas possible, je m’adresse à une bande d’autistes ou quoi ? »

Voyant très clairement les yeux de Nathanël briller dangereusement, Del crut bon d’intervenir et d’expliquer ce que Sheard pensait évident.

Del : « Ok, attendez. Shea et moi on n’est pas de votre époque, on vient du futur. On a fait un voyage dans le temps de 25 ans exactement pour prévenir certaines personnes de ce qu’il va advenir et croyez moi, c’est pas joli. »

Les quatre étudiants échangèrent quelques regards entendus laissant clairement sous-entendre de ce qu’ils pensaient de la santé mentale de ces deux-là.

Delilah : « Et vous prétendez que moi, je serais mariée à cette bouse? »
Tristan et Elhemina éclatèrent de rire face au ridicule de la situation, et ce fut toujours hilare que Tristan lâcha,

Tristan : « Attendez, attendez. Laissez moi deviner… Elhemina et moi on est devenus… »
Del : « Vous êtes morts. » Coupa Del comme s’il annonçait une banalité du quotidien.
Les quatre élèves blanchirent tandis que Sheard se tournait vers son camarade.

Sheard : « Mais t’es pas bien ! Dis pas ça comme ça ! »
Del : « Bah quoi c’est vrai. Triste, mais vrai. C’est Shay… votre fille » – ajout-il en se tournant vers les deux concernés – qui me l’a dit. Torturés jusqu’à la mort. »

Sheard dévisagea Del quelques secondes. Il ne semblait pas comprendre que le problème ne venait pas du fait que cela soit vrai ou non, mais qu’on annonçait pas au gens qu’ils allaient mourir d’une façon aussi atroce qui plus est ! Sheard connaissait leur histoire également. Résistants tous deux, ils s’étaient fait coincés par un groupe de Clyde et la suite n’avait pas été jolie à voir, ni à raconter parait-il.

Delilah : « Bon allez, ça suffit ! Je vais chercher le directeur ! »

Bradford sentit l’urgence la situation, tout comme Del. Ils ne pouvaient pas se faire prendre, pas maintenant. Ils n’avaient pas encore vu, ni parlé à ceux qu’il fallait ! Ils ne pouvaient pas faire capoter la mission de cette façon, aussi essayèrent-ils de se défaire de cette situation.

Sheard : « Non mais, c’était pour rire. Il est pas drôle, je sais. Moi non plus d’ailleurs mais c’est pas un scoop. On vous laisse tranquille hein ! Tchao ! » Lança-t-il tout en poussant Del à marcher plus vite.

Il s’éloignèrent à grands pas, laissant derrière eux une Elhemina sous le choc d’une révélation qu’elle ne savait pas si elle devait croire ou non, ce qui inquiéta Delilah qui se pencha vers elle alors qu’elle semblait complètement sonnée.

Delilah : « Elhemina ? »
Tristan : « Je reste avec elle, allez prévenir le Directeur. On ne peut laisser des étrangers traîner dans l’école encore moins des tarés dans leur genre. »

Nathanaël et la Gryffondor acquiescèrent et partirent ensemble. D’abord silencieux, l’air grave tous deux sur le visage, le Serpentard ne mit guère de temps avant de pouffer quelque peu. Delilah lui jeta un regard de travers et demanda,

Delilah : « Qu’est-ce qui te prends ? »
Nathanaël : « Je savais que je te laissais pas indifférente chérie »

La jeune fille se renfrogna et répondit simplement : « Et moi je savais que tu serais assez con pour gober toutes leurs conneries. »

Tandis que Del, Catsy et Sheard descendaient au premier, les trois autres se dirigèrent vers l’escalier menant au troisième. Lyan tenait toujours la main de Mitsina dans la sienne. Leurs doigts entrelacés témoignaient de la relation qui les liait. Au départ, Lyan s’était imposé comme un protecteur dans la vie de la jeune Serdaigle. Outre leur maison et le fait d’avoir tout deux perdu leur mère, ils partageaient d’autres points communs, comme celui d’être studieux et d’aspirer à la tranquillité à Poudlard. L’amour de la lecture les rapprochait également. De fil en aiguille, leur relation avait pris une autre tournure. Lyan ne supportait pas qu’on touche à un cheveu de sa petite amie, il devenait particulièrement détestable lorsque ça arrivait. Quant à Shay Grint, elle était la meilleure amie du jeune homme. Depuis tout petits, ils partageaient les mêmes jeux. Mais Lyan n’avait jamais rien vu d’autre chez elle qu’un « pote » et la traitait rarement comme une véritable fille. Shay ressentait de la jalousie pour Mitsina, mais elle préférait tout garder pour elle, pour ne pas gâcher son amitié avec Lyan. Et la pauvre Mits ayant déjà bien assez souffert dans sa vie, elle avait le droit de connaître le bonheur.

Alors qu’ils passaient devant l’infirmerie, les trois amis entendirent des éclats de voix. Curieux, ils entrouvrirent la porte. Après tout, l’une des personnes qu’ils cherchaient pouvaient bien se trouver là-dedans. Ils tombèrent alors sur une Poufsouffle en train de hurler : « Eloigne-toi de moi ! Je veux pas choper tes microbes ! Je suis déjà malade, alors si tu me refiles ce que tu as, je vais crever ! »

Le Gryffondor qui venait de se faire ainsi crier dessus restait stupéfait. Finalement, il secoua la tête, haussa les épaules et obéit, préférant se diriger vers un autre lit. Il était à l’infirmerie depuis quelques heures parce qu’il avait fait un malaise en plein cours. Hypoglycémie. Suite au passage de l’infirmière, il était plutôt en forme, mais avait préféré rester couché quelques temps. C’était sans compter sur l’arrivée d’une Jacquelyn catastrophée qui ne voulait pas partager la même pièce que lui pour cause de microbes intempestifs. Tandis que l’asiatique s’éloignait, il réalisa soudain qu’il était observé, son regard se portant directement sur Shay qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Un sourire timide s’étira sur les lèvres du jeune homme : « Salut… On se connaît ? »

Shay resta bouche-bée d’admiration devant ce bel adonis qui lui adressait la parole. Puis elle reprit ses esprits et sourit à son tour, de façon charmeuse.

Shay : « Non mais ça peut s’arranger. Je m’appelle Shay Grint. » Et de s’avancer vers lui pour lui tendre la main sous le regard interloqué des deux autres. Lyan sentit une pointe de jalousie en voyant son amie s’extasier sur ce bellâtre.

Lyan : « Mais qu’est-ce qu’elle fout ? On a pas le temps de draguer ! »
Mitsina : « Je connais ces deux personnes. »
Lyan : « Quoi ? »

Mais la jeune fille s’était déjà avancée vers la Poufsouffle.

Mitsina : « Jacquelyn Lloyd-Berry ? »
Jacquelyn : « Qui tu es toi ? Eloigne-toi, on est dans une infirmerie ici ! »
Mitsina : « Je voulais vous dire que j’admire votre travail dans le futur. Vous n’avez pas réussi à sauver mon beau-père mais vous avez sauvé beaucoup d’autres personnes en travaillant pour la résistance. Cadeyrn Llyr par exemple. »

En entendant son nom, le Gryffondor se retourna, et Shay suivit son exemple.

Jacquelyn : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Tu te fiches de moi ? »
Mitsina : « Pas du tout. Nous venons du futur, de 2027. Nous avons utilisé un retourneur de temps pour ça. Je sais que c’est difficilement crédible, mais c’est la vérité. Plus tard, vous serez médicomage et vous soignerez beaucoup de gens. Mon beau-père, Johnny Salinger, est un malade du cœur. Mais il était condamné, vous n’avez pas réussi à le sauver. »

La Poufsouffle resta interdite. Johnny, son beau-père ? 2027 ? Cette fille se moquait-elle d’elle ?

Cadeyrn : « Attends, tu dis que moi, elle m’a sauvée ? »
Mitsina : « Oui, en fait, vous aviez une… MST. »

La jeune fille rougit tandis que Shay reculait d’un pas. Jacquelyn ricana et un rictus apparut sur le visage du Gryffondor. Etait-elle obligée de dire ça à haute voix ? Etrangement, il la croyait. Personne ne savait qu’il se prostituait, et il n’y aurait rien d’étonnant à ce que ce soit toujours le cas dans le futur. Il ne serait donc pas à l’abri de ce genre de problème. Mais surtout, il n’avait jamais vu cette fille de sa vie, qu’elle sache ce genre de détail était donc assez convainquant.

Cadeyrn : « Admettons que ce soit vrai. Dis m’en plus. »
Mitsina : « Vous étiez dans la chambre voisine de celle de mon beau-père, c’est comme ça que je vous ai connu. Vous m’avez tout raconté, vos… activités. Mais je me suis attachée à vous. Quelqu’un d’autre venait vous voir, une femme du nom de Tanya Power, née Ryan. Vous étiez très amis. Vous deviez être condamné, mais Jacquelyn a trouvé le moyen de vous soigner. Elle s’est vraiment battue pour vous vous savez… Malheureusement, elle est… décédée. En attrapant une infection. »
Jacquelyn : « Foutaises. J’ai la phobie des microbes, tu crois vraiment que je vais travailler dans un hôpital, et prendre le risque de mourir de cette façon ? »
Mitsina : « Pourtant, c’est le cas… Vous êtes morte en héroïne, sans vous nombre de personnes n’aurait pas survécu. »
Lyan : « Bon, ça suffit, on s’en va. On a des choses plus urgentes à régler. »

Il saisit Mitsina par la main et Shay par le bras et les entraîna hors de la pièce, laissant Jacquelyn et Cadeyrn perplexe. Ce dernier avait retenu un nom, « Grint ». La fille de Tristan ? Tout ça paraissait tellement énorme…

Cadeyrn : « Tu n’y crois pas ? » demanda-t-il à Jacquelyn.
Jacquelyn : « Certainement pas. Comme si j’allais me battre pour te sauver la vie… Au fait, c’est quoi ces « activités » dont elle parlait ? »
Cadeyrn : « Rien qui t’intéresse. »
Jacquelyn, le regard méfiant : « C’est ça… Tu devais pas partir au fait ? »

Cadeyrn répondit par un sourire et voulut s’exécuter. Mais alors qu’il arrivait à la porte, celle-ci s’ouvrit à nouveau pour faire apparaître une Tanya Ryan inconsciente, soutenue par un autre Poufsouffle. La Gryffondor l’aida à épauler la jeune fille pour l’allonger sur un lit. Jacquelyn poussa un soupir de dépit et s’éloigna le plus loin possible du groupe.

Cadeyrn : « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Caleb : « Elle se sentait pas bien alors je l’accompagnais à l’infirmerie, mais on a croisé un groupe d’élèves inconnus au bataillon qui parlait de la Tanya du futur. Elle a dû les croire, parce qu’elle a pas supporté. »
Cadeyrn : « En fait… Elle a peut-être eu raison de les croire. Je vous raconterai quand elle sera réveillée. »

Longeant les couloirs de l’école Catsy Ridley se trouvait à l’exacte opposée de ses deux camarades. Oui, le plan était de trouver untel et untel et de les prévenir, mais faire un bon de 25 ans en arrière, époque à laquelle presque toutes ses idoles étudiaient au château et ne pas en profiter pour les voir ? Non mais sérieusement, est-ce que les cinq autres se rendaient compte de ce qu’ils lui demandaient ? Alors oui sauver le futur, les gens de son époque, c’était bien évidemment important. C’était pour cela qu’elle était entrée dans ce clan secret – et aussi un peu parce qu’elle en pinçait pour Lyan, mais ça personne n’était obligé de le savoir – mais un ne pouvait pas se retrouver en 2002 et ne pas saisir l’opportunité de voir, parler, toucher, toutes ses idoles sur lesquelles sa mère avaient écrit dans son magazine – son torchon à scandale d’après certaines mauvaises langues – cela relèverait du sacrilège ! Voilà pourquoi elle avait profité d’un moment d’inattention des deux autres pour les abandonner discrètement. Objectif : Trouver et parler à un maximum de ces personnes en un temps limité. Difficile mais pas impossible ! Lorsqu’il s’agissait de célébrités – plus ou moins célèbre en réalité – Catsy pouvait se montrer pleine de ressources. Elle était en mesure de se souvenirs du moindre détail lui ayant été raconté par sa mère – ou qu’elle avait lu autre part, elle se renseignait de toutes les façons qu’elle pouvait. Aussi sachant qu’ils étaient un mercredi et que dix-sept heures approchait, le lieu où elle devait se trouver était tout indiqué !

Gravissant les étages à grandes enjambées, elle se heurta de plein fouet en tournant à un couloir, faisant que très peu attention à ce qui pouvait l’entourer tant elle était focalisée sur son but. Elle allait rapidement s’excuser sans même prêter attention à la personne qu’elle venait de bousculer lorsqu’elle vit quelque chose de lourd – et de dangereux – lui arriver en pleine face. Catsy eut à peine le temps de se baisser pour éviter l’objet de bien des craintes dans ce château : la batte à clous. Et ce qui fut étonnant – sauf pour ceux la connaissant – c’est qu’au lieu de s’offusquer, de hurler à la tentative d’assassinat ou de traiter la propriétaire de la batte de folle furieuse, les yeux de Catsy s’illuminèrent lorsqu’ils se posèrent sur celle qu’elle avait failli ignorer et dont elle se serait certainement mordu les doigts en s’en rendant compte par la suite.

Catsy : « Jilly Lauren Buchanan ! » Hurla-t-elle d’une voix si stridente que l’intéressée venait sûrement de perdre quelques points d’audition. Mais Jilly n’eut guère le temps de questionner cette fille qui semblait avoir quelques problèmes à première vue puisque cette dernière enchaîna. « Je suis TROP fan de ce que vous faîtes ! Vos livres sont des merveilles ! ‘Moi et ma batte à clous, tome 2’ reste mon préféré ! Je l’emmène absolument partout avec moi. Bon pas là, j’ai pas eu le temps de le prendre c’est vrai, c’est trop dommage, j’aurais tellement adoré que vous me le dédicaciez ! »

Les yeux ronds, Jilly arriva à en placer une le temps que l’autre reprenne sa respiration.

Jilly : « Mais de quoi est-ce que tu parles ? » Demanda la Serpentard complètement perdue.
Catsy : « De vos Best-sellers bien sûr ! Vous êtes mon écrivain préféré ! Je… »
Jilly : « Ok gamine ! Déjà tu la boucles parce que tu me files un mal de crâne pas possible là. Ensuite, ta blague est très drôle, regarde j’me marre : haha. Maintenant dégage de ma vue ou je te jure que je te loupe pas avec ma batte ce coup-ci. »

Pour avoir lu et relu et rere[…]lu les livres de la belle blonde, Catsy savait qu’énerver la demoiselle n’était pas quelque chose de bon pour sa santé. Aussi l’adolescente ne chercha pas plus loin, déjà heureuse de cette rencontre fortuite et se fit obéissante en s’en allant sous le regard à la fois noir mais intrigué de Jilly. Catsy lui lança une dernière œillade pleine d’admiration et se remis en route. Un sourire ravi flottant sur son visage, elle avait hâte de raconter à sa mère qu’elle avait rencontré Jilly Lauren Buchanan et qu’elle avait même eu le droit à une de ses légendaires menaces. Le rêve pour toute fan qui se respecte ! – ou simplement pour l’esprit de Catsy.

Les trois Serdaigle sortaient de l’infirmerie et se dirigeaient vers l’escalier menant au troisième étage.

Shay : « « Tanya Power née Ryan », c’est pas la femme de Davin Power ? »
Mitsina : « Si, j’ai donné son nom de jeune fille pour qu’il sache qui c’est. Mes parents adoptifs et elle sont de très bons amis. Il paraît que le jumeau de Davin, Lyle, était amoureux d’elle et qu’il n’a pas supporté qu’elle épouse son frère. C’est en partie pour ça qu’ils sont ennemis en 2027. Je ne pense pas que ce soit le cas 25 ans avant. »

Alors qu’ils atteignaient le palier du deuxième, ils eurent la surprise de tomber sur deux Poufsouffle, un garçon et une fille. L’un tenait l’autre dans ses bras, visiblement évanouie, et il les apostropha d’un air furieux : « Qu’est-ce qui vous prend ? Ça va pas de raconter des idioties pareilles ? Elle l’a pas supporté ! »
Mitsina : « Cal ? »
Shay : « Attendez, c’est elle, Tanya Ryan ? »
Caleb : « Bien sûr que c’est elle ! Bon, poussez-vous, je dois l’emmener à l’infirmerie d’urgence. »
Mitsina : « Attends, Cal ! »

Mais Caleb était déjà arrivé devant la porte de l’infirmerie.

Lyan : « Désolé Mits, on a pas le temps. »

Mitsina acquiesça, résignée. C’est alors qu’ils entendirent une porte s’ouvrir derrière eux. En sortit, à leur grand étonnement, Paris Montgomery, en personne. Suivi de près par une Poufsouffle que Mitsina reconnut immédiatement : « Ma ! »

Elle voulut se précipiter vers elle mais Lyan la stoppa : « Attends, Mits. Elle ne sait pas qui tu es. Et on doit surtout parler avec Paris. »
Shay : « Qu’est-ce qu’ils faisaient tous les deux dans le placard à balais ? »

Mitsina fit la grimace tandis que Lyan s’avançait vers Paris. Le Serpentard et la Poufsouffle étaient abasourdis.

Paris : « Qui t'es, toi ? Pourquoi tu me ressembles ? »
Lyan : « Disons que je suis le fils d’un cousin à toi. Mais c’est pas le plus important. Je dois te parler de quelque chose de capital. Tu sais ce que c’est ça ? »

Il agita le retourneur de temps devant les yeux du Serpentard. Mais tandis que ce dernier tendait sa main pour l’attraper, il le remit rapidement dans son col. Paris leva sur lui des yeux à la fois intrigués et agacés : « Ou t’as eu ça ? C’est très rare et très cher. Tu l’as volé ? »
Lyan : « C’est toi qui me l’as donné. En 2027. »
Paris : « Quoi ? »
Lyan : « Mes amis et moi venons de l’utiliser. Nous avons remonté 25 ans de temps pour te parler, entre autre. »
Paris : « Tu te fous de moi ? J’ai autre chose à faire. »
Lyan : « Comme t’envoyer en l’air dans un placard à balai ? Ecoute, tu es libre de me croire ou non, mais écoute-moi quand même. En 2027, tu es directeur de Serpentard. Tu nous as envoyé ici parce que tu voulais qu’on sauve ton frère. »

Mitsina et Shay haussèrent les sourcils. Comment savait-il ça ? Paris quant à lui se mit à ricaner : « Mon frère ? Comment veux-tu être crédible en disant ça ? Je hais mon frère. »
Lyan : « Je sais. Mais malgré ça, tu n’as pas supporté que Raquel Torres le tue. »

Cette fois, Paris était vraiment intéressé. Ce gamin qui avait sensiblement la même tête que lui prétendait connaître Zane et Raquel. Il tentait vraisemblablement de l’amadouer en lui annonçant qu’il serait directeur de Serpentard, mais il ne mentait peut-être pas en disant qu’il venait du futur. Il avait un retourneur de temps. C’était peut-être un faux, mais cela méritait quand même qu’on s’y attarde. A côté de lui, Maaira Van Tassel ne comprenait pas du tout ce qu’il se passait. Son seul souci était d’avoir été surprise en compagnie de son tortionnaire. Et il y avait ces élèves qu’elle ne connaissait pas. Cette fille surtout, qui la fixait avec émotion depuis qu’elle l’avait vue. Que lui voulait-elle ? Paris essaya de bluffer pour voir comment s’en sortirait ce gamin : « Tu dis que c’est Raquel qui l’a tué ? Et pourquoi aurait-elle fait ça ? Ils sont ensemble. »

Lyan : « Ensemble ? Non, c’est toi qui sors avec elle… Elle est directrice de Gryffondor. »

Paris arqua un sourcil. Raquel et lui ? Il trouvait ça cocasse. C’était quand même l’ex-petite amie de son frère…

Paris : « D’accord, ça me plaît bien, mais ça explique encore moins pourquoi j’aurais envie de sauver Zane. Tu te contredis. »
Lyan : « Pas du tout. Tu n’es avec elle que pour donner le change. En réalité, tu n’attends qu’une chose : pouvoir te venger. »
Paris : « Je vois pas comment je pourrais me venger en envoyant des gosses dans le passé. Ecoute, j’ai plus le temps pour tes conneries, c’était bien mignon, mais j’ai à faire. »
Lyan : « Très bien, comme tu veux. Tu pourras toujours réfléchir à ça plus tard. Venez les filles, on s’en va. »

Encore une fois, Mitsina eu la déception de ne pas pouvoir parler à un proche. Mais leur mission était plus importante, elle le savait. Soudain, une voix retentit derrière eux : « Montgomery ! Qu’est-ce que tu fous avec elle ? Je t’ai déjà dit de la laisser tranquille ! »

Le Poufsouffle se retenait pour ne pas frapper Paris. Puis son regard se porta sur les trois Serdaigle du futur : « Et vous, vous êtes encore là ? Vous avez des conneries à raconter à tout le monde ? »

Paris se gratta la tête et fit un rictus amusé : « On dirait bien… »

Mitsina profita de la confusion pour attraper les mains de Maaira et de Caleb et les mettre l’une dans l’autre. Elle sourit : « En 2027, vous êtes mes parents adoptifs et de grands résistants. Si vous saviez comme je vous aime ! Mais vous êtes menacés par Sadie Williams. C’est elle qui a tué ma mère. Maintenant que j’ai pu vous dire ça, je dois partir. »

Sous le regard incrédule des deux Poufsouffle et l’œil goguenard du Serpentard, les trois amis firent demi-tour. Mais avant qu’ils n’aient eu le temps de faire trois pas, ils se retrouvèrent nez-à-nez avec une jeune fille au regard craintif, portant les couleurs de Serdaigle. Elle poussa une exclamation en voyant le visage de Lyan. Elle avait entendu les rumeurs de personnes venant du futur et crut immédiatement, en voyant la ressemblance de Lyan avec Paris, qu’il s’agissait de son propre fils. Elle avança une main vers lui. Etonné, ce dernier lui lança un regard suspicieux.

Lyan : « Qui êtes-vous ? »
Tabatah : « Je suis Tabatah Jenning. Est-ce que tu es… mon fils ?

Lyan haussa les sourcils, et se fut au tour de Mitsina de pousser un cri.

Mitsina : « Mais oui ! Montgomery nous a transmis un message pour elle ! »

Paris se figea, tout ouïe. Un message pour cette fille insignifiante ? Mitsina prit les mains de Tabatah et reprit : « Lyan n’est pas votre fils, mais le Paris Montgomery du futur nous a dit que vous deviez veiller sur l’enfant que vous portiez, qu’il allait devenir quelqu’un de très important plus tard. »

Paris sentit le rouge lui monter au visage. Cette garce était-elle enceinte de lui ? Apeurée et consciente que son lourd secret venait d’être trahi, Tabatah s’enfuit en courant. Shay lança un regard gêné à Mitsina : « On dirait que tu as fait une belle boulette… »
Lyan : « Je crois qu’on ferait mieux de partir avant d’aggraver les choses. »

Sheard : « On a eu chaud… » Laissa échapper le jeune homme à bout de souffle alors que tous deux venaient d’arrêter leur course. Ils avaient craint que Nathanaël ou Tristan ne cherche à les rattraper mais il n’en fut rien, heureusement d’ailleurs.
Del : « A qui la faute ? ‘Hey ho Nate !’ T’aurais pu trouver autre chose non ? Sans compter que les insultes, c’était moyen. »
Sheard : « Ah bah oui ! C’était plus sympa de dire aux deux autres qu’ils allaient crever suite à de longues et douloureuses tortures ! J’te signale que c’est suite à ça qu’ils ont voulu prévenir le Dirlo ! »
Del : « Non mais attends… »
Sheard : « Chut ! »
Del : « Oh ! Tu m’dis pas ‘chut’ déjà. »
Sheard : « La ferme ! Y’a du monde qui arrive. »

Il n’en fallut pas plus à Del pour obtempérer, bien que de se faire intimer le silence de cette façon par l’autre abruti ne lui plaisait pas plus que ça. Cependant, il sembla que son camarade avait eu raison de vouloir prêter attention à ce qui aller se passer, car Garden Fear et Montana Jones passèrent sous leurs yeux.

Del : « Si c’est pas un coup de chance ça… » Murmura le garçon d’un ton quelque peu absent.
Deux des plus importantes protagonistes de l’histoire venaient de passer sous leur nez, en même temps et sans qu’ils n’aient à les chercher, ni à leur courir après. Si ce n’était pas de la chance, c’était le Destin.
Sheard : « La vache, Jones est carrément canon à 19 ans ! »
Del : « Ne parle pas d’elle de cette façon ! Et puis… elle est toujours canon. »

Sheard arqua un sourcil et coula un regard intrigué vers Del. La façon dont ce dernier la dévorait des yeux le laissa perplexe. Quoi ? Il avait le béguin pour elle ? Il ne croyait pas si bien dire ! Del était tombé amoureux de Montana Jones à la minute où il avait croisé son regard le soir de la répartition à Poudlard. D’ailleurs, il ne s’était inscrit en Divination que pour pouvoir la voir, la matière lui étant complètement égale. Elle aurait pu enseigner les Runes anciennes qu’il y serait allé également. Néanmoins, cela ne l’empêchait pas d’être l’un de ses meilleurs élèves. Il aurait été prêt à tout pour attirer son attention et ce fut le cas. Il posait tellement, semblait si fasciné alors qu’en réalité, c’était simplement par elle qu’il l’était. Fantasme d’adolescent ? Pas si sûr. Ils avaient entretenus une liaison peu de temps avant… Del secoua imperceptiblement la tête. Ce n’était pas le moment de penser à ça. Ils devaient prévenir les deux jeunes filles de ce qui les attendaient et si possible, s’y prendre mieux qu’avec les quatre autres.

D’un signe de Tête, Del intima à Sheard de le suivre afin de se rapprocher discrètement des deux adolescentes qui semblaient en train de se chamailler.

Garden : « Je t’ai dit que Tradd n’est pas dans notre Salle Commune. »
Montana : « Il est où dans ce cas ? »
Garden : « J’en sais rien ! Et pourquoi tu veux le voir de toute façon ? Il se moque pas mal de toi. »
Montana : « Ca ne te regarde pas et si tu arrêtais de faire jalouse… »
Garden : « Moi jalouse ? De toi ? Non mais laisse-moi rire ! » Cracha la Poufsouffle avec dédain. Elle était certes quelqu’un de gentil et de plutôt sociale mais se faire comparer à cette fille qui mettait son nez partout était loin de lui plaire. Jalouse… elle aurait tout entendu ! Mais oui elle l’était dans le fond. Elle ne savait pas combien de temps elle pourrait encore profiter de Tradd et elle n’avait pas envie que cette fouineuse pouvant leur attirer des ennuis aux trois autres et à elle, vienne lui voler de ce temps surtout qu’elle ne savait pas si elle avait pas un quelconque moyen, réussi à empêcher le meurtre de son demi-frère.

Sheard : « Garden, Montana ? »

Les deux interpellées se tournèrent vers ces garçons qu’elles n’avaient encore jamais vu auparavant.
Constatant que Del gardait les yeux fixés sur Montana – ce qui ne devait pas la mettre très à l’aise – Sheard décida de prendre les choses en mains, espérant tout même éviter une nouvelle catastrophe.

Sheard : « Bon, ce que je vais vous dire va vous sembler dingue et vous n’avez pas vraiment l'obligation de me croire puisque vous ne me connaissez même pas, mais je vous assure que ceci est l’entière vérité et que c’est de la plus haute importance. »

Il n’en fallut pas plus pour intriguer les deux jeunes filles. En même temps, qui ne l’aurait pas été après une telle introduction ? Voyant qu’il avait toute leur attention, Sheard se racla la gorge avant de se lancer.

Sheard : « Voilà, mon ami et moi, nous venons du futur. Je sais que ça paraît dingue mais on a utilisé un retourneur de temps. Nous avons fait un bon de 25 ans en arrière pour venir vous prévenir de ce qu’il va advenir. »
Garden : « Qui vous a donné ce retourneur ? » Demanda-t-elle le plus sérieusement du monde.

Montana tourna un regard surpris et étonné vers la Poufsouffle. Elle ne croyait tout de même pas à leur histoire ? A moins que cette question ne soit un piège justement ! Bien que la Serdaigle avait du mal à voir comment. Ce qu’elle ignorait c’était que Garden avait toutes les raisons de croire ces deux-là. Elle-même venant du futur grâce à un retourneur, elle ne trouvait pas si invraisemblable que cela que des adolescents que personne ne connaissait disent venir du futur et surtout, avoir utilisé un retourneur de temps.

Sheard : « Le Directeur de Serpentard, il voulait qu’on vous prévienne et d’autres aussi. »
Garden : « Nous prévenir de quoi ? » S’inquiéta la jeune fille. Qu’elle et les trois autres soient concernés, d’accord mais pourquoi Montana ? Que se passait-il dans le futur qui nécessitait de renvoyer des adolescents dans le passé ? Avaient-ils échoué dans leur mission ? Cela semblait être le cas et Garden sentit un poids tomber dans son estomac.

Montana : « Euh… Pourquoi il me regarde comme ça ? » Intervint la Serdaigle en désignant Del. Ce dernier reprit contenance à cet instant et se rendit compte qu’il avait dû passer pour un sacré demeuré ! Quant à Garden, elle se retint de ne pas aboyer sur Montana en lui disant qu’ils n’en avaient que faire et qu’il y avait plus urgent que sa petite personne.

Del : « Pardon, c’est que… vous êtes mon professeur préféré… »
Montana : « Professeur ? Tu es en train de me dire que dans ton soi-disant futur… »
Del : « Vous être professeur, oui. De Divination et vos cours sont pleins à craquer. Vous vous êtes fait un nom dans le monde de la magie avec vos visions et vos prédictions. Vous ferez même une prophétie. Une prophétie crucial pour nous, pour notre clan. »

Garden ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Montana avait des visions ? Enfin, des vraies visions ? Elle comprenait alors l’importance que la jeune fille pouvait prendre dans ce futur qu’elle ne connaissait visiblement pas.

Del : « Mais vous devrez apprendre à mieux contrôler votre don. Vous l’avez déjà fait mais à notre époque, ça n’a pas été suffisant et il a fini par vous engloutir. Vos visions sont devenues plus fréquentes, plus intenses, presque réelles. Vous n’avez pas supporté et… »
Montana : « Et ? »
Del : « Vous finirez au service psychiatrique de Ste Mangouste. » Avoua-t-il à voix basse et incapable de soutenir son regard.

Garden coula un regard vers Sheard qui acquiesça de le tête ce que venait de dire son camarade. Elle se mordit la lèvre mais n’ajouta rien à ce sujet. C’était bien malheureux mais elle était prévenue et à présent, son avenir reposait entre ses mains. Aussi la Poufsouffle ne chercha pas à s’étendre sur ce sujet préférant revenir sur un autre.

Garden : « Tu as mentionné un clan tout à l’heure en parlant de la prophétie. Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Un clan ? Il n’y avait pas dans son époque et Garden ne savait plus à quoi s’attendre, et encore moins à quoi se fier.
Montana ayant retrouvé ses esprits suite au propos du jeune homme s’exclama : « Non mais attends, tu ne vas tout de même pas me dire que tu les crois ? »
Garden : « Oh que si ! Et tu ferais bien d’en faire autant, crois-moi. Je ne peux pas te dire pourquoi mais tu peux vraiment les croire. » Elle se tourna à nouveau vers les garçons et continua : « Alors ? »
Sheard : « Il est au pouvoir. » Lâcha-t-il la mine sombre et un regard entendu vers Garden comme si elle pouvait savoir de qui il s’agissait, et c’était le cas. Son visage se décomposa sous les yeux emplis d’incompréhension de Montana. Clyde Andrews était au pouvoir. Ils étaient venus pour l’empêcher de devenir un mage noir ayant été jusqu’à attaquer Poudlard et tout ce qu’ils avaient réussi à faire, c’était empirer les choses.

Garden : « C’est impossible… Comment ? »
Sheard : « Elu par les sorciers. »

C’était tout simplement inimaginable ! Comment les sorciers avaient pu voir en lui un Ministre ? Voyant pourtant le choc qu’avait déclenché cette nouvelle chez Garden, Sheard ne lui laissa pourtant pas le temps d’encaisser avant de reprendre car lui-même ne savait pas de combien il disposait avant de se voir forcé de retourner à son époque.

Sheard : « Mais si nous sommes là c’est pour vous avertir d’une chose… Vous l’accompagnerez. »
Garden : « Quoi ? Mais c’est absurde ! Je suis là pour l’empêcher de devenir un monstre ! Je déteste ses principes et tout ce qu’ils représentent ! Jamais je ne pourrais être son alliée. »
Del : « Pas son alliée… sa compagne. C’est par amour que vous le suivrez et que vous tournerez le dos à tout ce en quoi vous croyez. »
Garden : « Vous devez faire erreur, forcément. Je ne suis même pas amoureuse de lui ! »
Sheard : « Pas encore… »

Clyde et elle ? Garden se sentit tout d’un coup nauséeuse. Elle qui n’était jamais tombée amoureuse de toute sa vie, cela finirait donc par arriver mais… de lui ? Et elle serait aveuglée au point de tout plaquer, au point de fermer les yeux sur les atrocités qu’il commettrait ?

Del : « Bon écoutez, je sais que les sentiments ne se contrôle pas. »
Garden : « Mais je ne suis pas amoureuse de lui ! » Hurla-t-elle.
Del : « Peu importe. L’important c’est de savoir que si vous avez été prête à tout plaquer pour lui, peut-être sera-t-il capable de le faire pour vous. Quoi qu’il arrive, ne le laissez pas vous entraîner là dedans, essayez même de l’en déloger lui. Et si un jour vous vous sentez flancher, parce que je ne doute pas que la première fois, vous avez tout même été déchirée entre vos deux mondes, rappelez-vous ceci : Tradd et sa famille courront un terrible danger avec vous à ses côtés, car il laissera personne vous arracher à lui et Tradd le tentera à plus d’une reprise. »

Montana : « Mais de qui est-ce que vous parlez ? Et pourquoi Tradd… »
Sheard : « Ecoutez. » L’interrompit le jeune homme. « On vous a prévenu sur ce qui était le plus important, on ne peut pas s’attarder en détail ! Nous devons avertir d’autres personnes et le temps joue sûrement contre nous. Maintenant tout ce que je peux vous dire c’est qu’on compte sur vous. »

Ils n’ajoutèrent pas un mot de plus avant de s’éloigner à grands pas. Il leur restait des gens à trouver et si les autres avaient prévenu le Directeur, le temps leur était compté. Avant de disparaître au détour d’un couloir, Del lança tout de même un dernier regard en arrière en direction de Montana. Cette dernière essayait d’interroger une Garden pétrifiée par la réalité qu’elle venait de se prendre en pleine figure et qu’elle n’était sûrement pas prête à entendre.

Shay : « Au fait, comment tu sais pour le frère de Montgomery ? »
Lyan : « Mon père m’en a parlé. Je crois que c’est pour ça que Montgomery nous a envoyé dans le passé. Rappelle-toi ce qu’il a dit : « je dois sauver quelqu’un »… »
Shay : « Ca alors… Tu notes vraiment tout… Heureusement que tu es là. »

En arrivant au troisième étage, ce fut la grande surprise pour Mitsina. La jeune fille qu’ils y rencontrèrent n’était autre que… sa mère. Melinda Matthews, à l’âge de sa fille. Celle-ci stoppa net sa course, les yeux ronds comme des soucoupes. Puis, elle se mit à pleurer et se jeta dans les bras de la Serdaigle, surprise.

Mitsina : « Maman ! »

Lyan fit une moue de mécontentement. Sa petite amie ne devait pas se laisser aller à ce genre de choses, même s’il la savait sensible. C’était se faire du mal plus qu’autre chose, d’une part parce qu’elle ne représentait rien pour la Melinda du passé, d’autre part parce que dans quelques heures à peine, elle ne la verrait plus. Il alla donc vers elle pour la saisir délicatement par les épaules. Mais elle s’indigna.

Mitsina : « Non ! Laisse-moi lui parler ! Del a dit qu’on pourrait prévenir nos parents ! »
Lyan : « Seulement si on a le temps Mits. Et pour le moment, notre mission est loin d’être accomplie. »

Le regard de Melinda allait de l’un à l’autre des jeunes gens, sans comprendre. Qui étaient-ils, et pourquoi cette fille l’avait appelée « Maman » ? Tandis que Lyan essayait de lui faire entendre raison, Mitsina n’en démordit pas : « Je sais que ça va te paraître incroyable, mais tu dois me croire… Je m’appelle Mitsina Matthews, et je suis ta fille ! Nous sommes revenus dans le passé pour empêcher un désastre à venir, et dont tu feras partie des victimes… Tu sais, tu seras une grande championne de patinage chez les moldus, mais ça ne plaira pas à tout le monde. Tu te feras tuer par Sadie Williams ! Retiens-le, tu dois éviter ça ! S’il te plaît, ne te mets pas en couple avec Johnny Salinger, d’accord ? Je l’aimais beaucoup, mais je crois qu’il était amoureux de cette fille, tu sais ? C’est aussi pour ça qu’elle t’a tuée… »

Ses paroles n’avaient pas vraiment de sens. Demander à quelqu’un de ne pas tomber amoureux d’une personne, c’était impossible. Pourtant, c’était là tout l’espoir de Mitsina. Elle ne voulait pas que sa mère s’attire des ennuis. La pauvre Melinda n’avait certainement jamais eu de chance en amour, mais en restant vivante, elle aurait toujours l’espoir que la roue tourne. En restant vivante. Soudain, une voix retentit derrière eux : « Une fille avec Melinda ? Super ! »

Le petit groupe se retourna pour apercevoir l’un des intéressés aux côtés de Shay, qui arborait un air désespéré. Tout ça n’était vraiment pas prévu au programme…

Johnny : « Quand est-ce qu’on l’aura ? Bientôt j’espère ! »

Il fallait toujours qu’il parle avec légèreté même des sujets les plus graves. Mais Mitsina n’était pas vraiment d’humeur à plaisanter là-dessus : « En fait, non… Tu ne seras que mon beau-père. Mon père n’a pas voulu me reconnaître. J’étais une bâtarde pour lui. »
Johnny : « Et c’est qui ce sale type ? »

Mitsina baissa les yeux. Elle n’était pas fière de ça. Son père et sa famille étaient de grands supporters de la politique d’Andrews. Elle ne comprenait pas comment sa mère avait pu se faire avoir par ce monstre, mais l’amour rend aveugle… Elle répondit d’une petite voix : « C’est… Samaël Wilson. »
Lyan : « Mits ! »

Le Serdaigle n’appréciait pas du tout qu’elle dévoile ce genre de chose, surtout devant Johnny, qui serait sensiblement l’un des sympathisants du Mal plus tard. Il la saisit par la main pour la traîner plus loin, sous l’œil inquiet de Melinda. Elle ne savait pas trop quoi penser de tout ça, c’était effrayant d’entendre des choses pareilles, qu’elles soient vraies ou non ! Un enfant avec Samaël ? A bien y réfléchir, ça faisait deux fois qu’il lui sauvait la vie… Etait-il amoureux d’elle ? La Serdaigle se posait des questions à présent. Elle jeta un regard gêné à Johnny. L’inconnue qui se prétendait sa fille leur avait prêté une liaison dans le futur. Mais il la tromperait avec Sadie… Elle avait dit que c’était à cause de ça qu’elle se ferait tuer. Sadie deviendrait-elle à ce point mauvaise ?

Elle n’en revenait tout simplement pas ! Elle venait de croiser et de parler à la grande Jilly ! Catsy était sûrement sa plus grande fan. En même temps, lorsque l’on écoutait la jeune fille, elle était la plus grande fan de chaque personne un tant soit peu célèbre. Rien de plus normal avec une mère rédactrice en chef d’un des magazines people – et à scandale surtout – les plus réputé et lu de son époque, Catsy était rodée et connaissait tout sur le bout des doigts. Elle avait même accès à des informations que sa mère ne publiait pas pour des raisons d’éthique et vu qu’elle n'en avait que très peu, c’était des choses tout à fait croustillantes ! Bien entendu, ce n’était pas parce qu’elle ne pouvait pas les publier qu’elle ne pouvait pas les raconter à sa fille ! Anissa Ridley avait toujours été une commère et rien ne restait jamais bien longtemps secret avec elle. Catsy avait tant entendu, parlé et lu sur les personnes qui se trouvaient être presque tous étudiants à Poudlard dans cette époque qu’une seule chose comptait pour elle, en rencontrer un maximum. Cependant, c’était vers une cible bien précise qu’elle se rendait. Car si elle connaissait à peu près les habitudes de chacun, ce n’était pas vraiment le cas lors de leurs études, sauf pour une poignée, qui avait lors d’une interview expliqué qu’ils se rendaient toujours au même endroit, à la même heure pour se retrouver et répéter. Catsy ne savait pas qu’elle serait sa réaction en les voyant. Peut-être tomberait-elle dans les pommes ? C’était fort probable ! Elle les avait vu plusieurs fois en concert et à chaque fois elle avait cru défaillir, alors là qu’elle les verrait d’aussi près…

Elle accéléra le pas et se trouva bientôt au sixième étage. Elle courut presque et déboula telle une furie dans le couloir où justement, les Blackbirds quittaient la salle sur demande où ils avaient une fois de plus répété. Ce fut un cri d’hystérique – d’une puissance qui laissait à penser qu’elles étaient plusieurs – que Catsy poussa en voyant ses idoles. Mais il n’y avait pas que ça. Si elle avait la chance de voir les Blackbirds en chair et en os et d’aussi près, elle avait aussi la joie de découvrir Leslie Jeffers et Shaelyn Stern avec eux. Une autre était également présente, Gemma Langley et si elle était également célèbre à sa façon, Catsy ne lui accorda qu’un regard hautain et plein de mépris sous les yeux étonnés de Gemma qui ne savait pas pourquoi elle avait le droit à un tel traitement de la part d’une fille qu’elle ne semblait pas connaître. A moins qu’il ne s’agisse d’une fan de Raven et qu’elle ne soit jalouse de sa relation avec ce dernier bien qu’elle soit toujours quelque peu tendue depuis qu’il avait appris qu’elle avait couché avec Curtis Cullen.

Se rapprochant à grands pas – sautillant presque, ce qui laissa penser tout de suite à Jaylen qu’ils avaient affaire à une attardée – Catsy arriva à leur hauteur et ne se préoccupa pas du monde pouvant aller et venir dans ce couloir, ou même ceux s’étant arrêtés pour voir cette fille étrange et semblant inconnue de l’enceinte de l’école.

Ce fut des yeux emplis d’admiration qu’elle posa sur Leslie et Shaelyn. On aurait cru qu’elle regardait à cet instant deux des plus belles merveilles de ce monde.

Catsy : « Vous êtes toujours aussi belles ! J’ai toujours rêvé de vous ressembler et d’embrasser la carrière de mannequin comme vous ! Mais j’ai pas le physique malheureusement. »

Skyler et Jaylen se mirent à pouffer face à cette remarque. Il était vrai que Catsy n’avait pas les critères requis pour défiler sur un podium. Ses yeux de cocker et ses dents proéminentes lui donnaient plus de chance dans un concours canin que dans un défilé. Mais Catsy n’y fit guère attention, tellement concentrée et captivée par les deux jeunes filles.

Catsy : « Ma chambre est remplie de photos de vous ! Quel dommage que vous ayez arrêté si vite ! »

Shaelyn : « Mais de quoi tu parles ? » Demanda finalement la Serpentard qui avait du mal à suivre cette discussion surréaliste. Elle n’était pas la seule d’ailleurs, quasiment tous ceux étant dans le couloir prêtaient l’oreille pour entendre les propos étranges de cette fille.

Catsy : « Ah mais oui, j’suis bête ! » Commenta-t-elle en se frappant le front. « Je vais vous expliquer ! Je m'appelle Catsy Ridley et je viens du futur, dans 25 ans pour être exact et je connais absolument tout de vous ! Je suis votre plus grande fan à tous ! D’ailleurs je peux vous le prouver ! »
Raven : « C’est ridicule… » Lâcha le chanteur peu enclin à écouter les délires d’une folle visiblement.
Skyler : « Attends, laisse-là parler, ça peut être drôle. » Lui chuchota-t-il étant persuadé de bien rire de ses propos. « Vas-y on t’écoute ! J’ai hâte de savoir ce qui nous arrive dans le futur ! » Lança-t-il pour entrer dans son jeu et se moquer un peu plus d’elle à l’occasion.

Ravie de cette opportunité, Catsy – dont l'amour pour Skyler n’avait fait que s’accroître suite à cela – se lança dans un de ses monologues dont elle avait le secret.

Catsy : « Leslie tu vas devenir anorexique, je sais que tu flirtes déjà avec elle en ce moment mais ça va empirer et je pense, je suis sûre même, que c’est ton divorce avec Skyler qui te fera plonger pour de bon. Qu’est-ce que j’ai été triste de l’apprendre d’ailleurs ! Vos enfants sont si beau et votre couple était trop glam’ »

Raven émit un son de bouche méprisant. Quand il disait que tout ça n’était que des conneries ! Leslie et Skyler ? C’était le truc le plus absurde qu’il n’ait jamais entendu. Leslie était dingue et lui et Skyler la trouvait bien trop coincé pour ne serait-ce que poser sur elle.
De leur côté, les deux principaux intéressés échangèrent un regard décontenancé. De tout ce qu’elle aurait pu inventer, pourquoi aller dire qu’ils étaient, eux, ensemble ? Mais ça ne pouvait qu’être une coïncidence, pas vrai ?

Voyant ses deux amis mal à l’aise, Shaelyn crut bon d’intervenir.

Shaelyn : « Et moi alors ? Pourquoi j’ai arrêté ? » Autant détourner la discussion et l’attention qu’on pouvait porter aux deux autres, surtout qu’il n’était pas difficile de voir qu’ils étaient quelque peu gênés, Leslie surtout. Cependant, Shaelyn ne savait pas où elle venait de mettre les pieds.

Catsy : « Oh toi ma pauvre Shaelyn… » Commença-t-elle en secouant la tête de désolation. « Tu vas plonger dans la drogue et pas qu’un peu. »
Shaelyn : « Le lot de tous les mannequins. » Répondit-elle avec indifférence. Elle n’avait trouvé que ça la petite ? Et bien, elle n’était pas si imaginative que ça.

Catsy : « Non, ça ne sera pas à cause de ton métier ! T’as arrêté ta carrière une fois que tu es tombée enceinte, et la drogue est venue après, quand ton enfant s’est fait assassiner parce que ton mari, Tradd, aura voulu sauver Garden Fear. Enfin ça c’est du détail… ils pensaient qu’en tuant votre enfant, il ne mettrait plus son nez dans leurs affaires. »

La bouche de Sha s’ouvrit sous la stupeur. Avait-elle bien compris ce qu’insinuait cette fille ? Tradd et elle auraient un enfant plus tard ? Un enfant qui serait assassiné ? Mais c’était impossible ! Le Poufsouffle et elle se détestaient ! Ils ne pouvaient pas se voir. Elle acceptait que les choses et les gens puissent changer, mais pas à ce point !
Les murmures s’élevèrent dans le couloirs, chuchotis des élèves présents et ayant tout entendu. Shaelyn se tourna vers eux, la mine défaite et son regard heurta de plein fouet celui de Tradd Cooper, présent lui aussi et ayant été tout autant témoin que les autres. L’expression de son visage faisait écho à celui de la Serpentard et ils se dévisagèrent longuement ainsi. Mais de son côté, Tradd se demandait également ce que ce ‘détail’ dont elle avait fait allusion signifiait. En réalité, conscient que Garden était sa demi-sœur et voulant la faire revenir du bon côté, Tradd tentera plus d’une fois d’approcher sa sœur et de lui faire entendre raison, sachant que durant toutes ses années, il serait toujours possible de la convaincre. Sauf que Clyde ne le laissera pas interférer plus dans la vie de sa compagne et qu’il décidera de tuer le frère de la jeune fille, dernière attache de son passé. Cependant, il se rendra compte que d’apprendre la mort de Tradd serait peut-être ce qui éloignerait Garden de lui finalement, aussi les directives furent de briser l’homme au lieu de le tuer, en lui arrachant le cœur de la plus cruelle des façons.

Voyant qu’elle avait quelque peu sonné ses deux premières idoles qui ne lui prêtaient plus attention, Catsy se tourna vers les Blackbirds, les yeux plein d’amour. Elle attrapa les mains de Raven dans les siennes et plongea son regard brillant de l’étincelle de la fan dans le sien.

Catsy : « Je vous adoooooooore ! J’ai toute votre discographie et chacune de vos chansons me font vibrer. Tout ce que vous faîtes devient un carton, le monde magique vous adore ! »

Raven dont la mine avait été presque mauvaise tout du long, arbora soudainement un sourire ravi. Finalement, elle était très bien cette petite ! Oh et puis, pourquoi ne pas la croire lorsqu’elle disait venir du futur ? N’étaient-ce pas des sorciers ?
Raven avait la capacité de croire ce qui l’arrangeait, là en était encore la preuve. Il rêvait tellement de réussite qu’il était prêt à accorder du crédit à ce que disait cette fille tant qu’elle allait dans son sens. Ce qu’elle avait dit avant ? Sans importance ! Elle pouvait raconter des salades ! Mais pour lui et son groupe, elle ne pouvait dire que la vérité.

Leslie & Gemma : « Lâche tout de suite Raven ! » s’écrièrent les deux femmes de sa vie en même temps.

Catsy lança un regard si noir à Gemma qui, sous la surprise, recula d’un pas.

Catsy : « Toi la blondasse, la ramène pas ! »
Gemma : « Attends, comment tu m’as appelé là ?! » Gronda la Gryffondor en faisant un pas menaçant en avant, mais vite retenu par Kerr pour éviter qu’elle ne s’élance sauvagement sur la jeune fille.
Catsy : « T’as très bien entendu ! Tu es une opportuniste, une profiteuse ! Tu étais avec Raven seulement pour la gloire et quand sa carrière a carrément fait un bon quand il s’est lancé en solo, tu lui as fait des scènes pas croyables pour qu’il dévoile au grand jour votre liaison et comme il a refusé, tu l’as quitté. »

Ca faisait beaucoup d’un coup là ! Raven et Gemma serait donc ensemble dans le futur ? Et Raven tenterait de cacher leur relation ? Mais pourquoi ? Pour le chanteur, la raison était simple et toute trouvée. Son lui futur n’aurait pas voulu mettre en péril sa carrière en dévoilant avoir une petite amie. Ca aurait été décevoir ses fans féminines, et si Gemma ne l’a pas supporté ? C’était qu’elle ne l’aimait pas tant que ça finalement !

Gemma : « Et comment tu sais tout ça hein ? Admettons que tu viennes du futur, tu te planques dans l’armoire des gens pour connaître le moindre détail sur leur vie ?! »
Catsy : « Pas besoin, c’est Raven lui-même qui l’a dit lors d’une interview dans laquelle il expliquait entre autre pourquoi il avait quitté le groupe. »

Jaylen : « Et pourquoi Raven aurait quitté son propre groupe ? Kerr lui aurait prit la tête comme il en a le secret ? » Demanda le guitariste, les bras croisés, un sourire méprisant aux lèvres et jetant un regard du même genre au fameux Kerr. Il fallait dire qu’entre le guitariste et le bassiste du groupe, rien n’allait plus, même s’ils tentaient de ne pas le montrer aux deux autres pour ne pas susciter des questions sur les raisons de leur problème. Kerr voulait s’expliquer, mais Jaylen restait borné et faisait demi tour dès que le Poufsouffle tentait de venir vers lui.

Catsy : « Pas du tout ! Il en a juste eu marre des tensions dans le groupe. Surtout à cause de toi Jaylen. Tu es incontrôlable, tout le temps camé, tu saccages les chambres d’hôtel, toujours en train de faire de caprices. Mais je ne te juge pas, j’t’adore comme ça moi. »

Alors là, ce n’était pas du tout invraisemblable ce qu’elle racontait, et tous pouvaient le croire aisément connaissant, même de réputation seulement, Jaylen.

Skyler : « Ouais, donc Raven se tire – sympa vieux ! lança-t-il en direction du concerné. Et après, il arrive quoi au groupe ? »

Catsy : « Oh t’inquiète pas ! Les BB survivront à son départ. Vous trouverez un autre chanteur mais vous marcherez moins bien qu’avant, surtout que Jaylen sera toujours aussi insupportable avec Kerr et toi, mais l’amour qui vous lie vous permettra de tenir. »

Kerr & Skyler : « QUOI ?! »
Catsy : « Bah oui. » Affirma-t-elle en haussant les épaules. « Si Sky à quitté Leslie, c’est pour Kerr, bien qu’il ne soit pas réellement fidèle pour autant. Il passe son temps à le tromper, mais Kerr semble trop accro pour mettre le holà. J’trouve ça trop romantique d’ailleurs ! »
Kerr : « Mais c’est n’importe quoi ! Sky et moi… » Il coula un regard vers Jaylen qui semblait fulminer mais Kerr ne pouvait rien faire, ni dire devant tout ce monde. Pourtant c’était évident que c’était des idioties ! Déjà Sky était on ne peut plus hétéro, et ensuite il n’y avait que Jaylen, lui et personne d’autres. Cette fille était en train d’envenimer les choses avec son petit ami !

Catsy : « Non c’est la vérité ! » Se défendit-elle. « D’ailleurs je vais te dire quelque chose qui va sûrement te sauver la vie. Il va y avoir une sorte de guerre, une campagne anti-moldus et comme tu es né de moldu et célèbre, tu seras pris pour cible ! Tu te feras assassiner par ton meilleur ami que tu auras perdu de vue depuis pas mal d’années même ! »
Kerr : « Phoenix ? Mais tu délires ma pauvre fille ! Il ne ferait pas de mal à une mouche. »
Catsy : « Aujourd’hui peut-être ! Ca sera une sorte de test pour être sûr qu’il est de leur côté. Même la sœur de Jaylen avec qui il sera mariée ne pourra pas l’en dissuader ! »

Jaylen fronça les sourcils tandis que pas mal de personnes se tournaient vers lui. Une sœur ?

Jaylen : « Qu’est ce que tu racontes, j’ai pas de sœur, j’suis fils unique et tout le monde le sait. »
Catsy : « A mon époque, ce que tout le monde sait c’est que Karolyn Mighton est ta demi-sœur. »

Jaylen perdit toutes ses couleurs à cet instant. Comment ? Comment pouvait-elle être au courant ?! Etait-ce Karolyn qui le lui avait dit ?

Un nouveau cri hystérique, digne du premier fut poussé par Catsy qui les abandonna comme ça, avec tout ce qu’elle venait de leur balancer à la figure et sans se rendre compte apparemment de l’effet qu’elle venait de faire. Tous plus ou moins livides, le silence dans le petit groupe était simplement entrecoupé des murmures des spectateurs. Qu’il s’agisse de mensonges ou non, d’un esprit délirant ou non, les rumeurs étaient lancées. Tous en avaient également conscience. Ce fut au bout de quelques minutes que Kerr pris la parole, essayant de remonter le moral des autres.

Kerr : « Non mais franchement, elle est juste folle ! Tout ce qu’elle a raconté est impossible, vous le savez bien ! Ne serait-ce que cette histoire sur Phoenix. Je le connais, il serait incapable de faire une chose pareille ! »
Phoenix : « Qu’est-ce que je serais incapable de faire ? »

Kerr sursauta et fit volte face pour découvrir son ami, tout sourire et venant visiblement d’arriver.

Kerr : « Rien. Y’a juste une folle qui se promène dans les couloirs et qui raconte des trucs devant soi-disant arriver, et d’après elle, tu vas soi-disant me tuer après avoir épousé ma meilleure amie en passant. »

La dérision sonnait dans la voix de Kerr qui ne pouvait se résoudre à croire à toutes ces choses complètement folles. Pourtant, Jaylen était toujours aussi blême après cette histoire de sœur…

Les trois intrus montèrent rapidement les escaliers, tentant le plus possible d’éviter les gens qu’ils croisaient. Ils voulaient réellement se dépêcher. Après tout, n’importe qui avait pu prévenir le directeur, et ils ne savaient pas non plus ce qu’il advenait des autres. Tandis qu’ils montaient au cinquième étage, Lyan fit quelques reproches à sa petite amie : « Tu n’aurais pas dû dire tout ça devant Johnny. Je te rappelle que plus tard, il va plus ou moins collaborer avec Andrews et les autres. On ne sait pas ce qu’il en est à présent. »
Mitsina : « John a toujours été quelqu’un de bien ! »
Lyan : « Entretenir une liaison avec quelqu’un qui a tué ta mère ? C’est ça être quelqu’un de bien ? »
Mitsina : « C’est comme Garden Fear. C’est une question d’amour. »

Ils atteignirent alors le palier du cinquième étage et s’interrompirent de peur de croiser quelqu’un. Mais le couloir semblait vide.

Lyan : « Ecoute, si on est revenu 25 ans en arrière, c’est pas pour annoncer à Melinda Matthews qu’elle aura un enfant avec ce Samaël Wilson. Je sais que tu n’as pas honte d’être sa fille, mais c’est quand même un affreux type qui œuvre pour Andrews ! Tu imagines le nombre de personnes qu’il a pu tuer ? Sa famille est complètement barge… »

Mitsina avait les larmes aux yeux. Elle ne supportait pas que Lyan la réprimande ainsi, surtout pour parler de son père comme d’un moins que rien. Elle était quand même sa fille, elle tenait forcément quelque chose de lui… Même si elle n’avait pas encore trouvé quoi.

Mitsina : « Il s’est quand même levé contre sa famille, justement, pour vivre son amour avec Curtis Cullen. »
Lyan : « Oui, oui, c’est comme Sadie Williams. Elle tue toujours des gens par amour. »

C’était peut-être bien ça dont elle avait hérité, finalement. L’amour inconsidéré. Lyan renifla avec mépris, et ils montèrent au sixième, en direction de la salle commune de Gryffondor. Mais ce dont les trois jeunes gens ne s’étaient pas rendu compte, c’était que quelqu’un avait entendu leurs trois dernières tirades. Derrière la porte de la salle de bain des préfets, Nicholas Berlioz n’en revenait pas. Pourtant, il était bien sûr de ce qu’il avait entendu : ces élèves, qu’il n’avait d’ailleurs jamais vu auparavant – et il était quand même en sixième année – avaient évoqué un retour dans le passé, mais surtout, avaient fait des révélations plus que surprenantes sur Samaël… Un enfant avec Melinda Matthews, c’était déjà beaucoup, mais une liaison avec Curtis… Samaël était pourtant un rien macho, et très attaché à certaines valeurs. Qu’il ait une aventure de quelque nature que ce soit avec la Serdaigle était déjà bien improbable, alors avec un garçon… Et puis, ils avaient parlé d’Andrews. Clyde Andrews ? Pourquoi œuvrer pour lui ? Tout ça était louche. Pourtant, ils avaient dit ça de la façon la plus sérieuse qui soit, et ils étaient seuls. Quelque chose disait à Nicholas qu’il devait vraiment s’attarder là-dessus, et en parler à Jezebel. Il aimerait pouvoir voir la tête qu’elle ferait quand elle apprendrait ça… Le Serpentard décida donc de suivre ce petit groupe pour voir jusqu’où il le mènerait, et il le mena jusqu’à l’entrée de la salle commune de Gryffondor.

Au milieu des élèves qui allaient et venaient de la salle, les trois amis se sentaient bien mal à l’aise. Difficile de passer inaperçu quand personne ne connaît votre visage ! Beaucoup s’attardaient particulièrement sur Lyan, pour sa ressemblance frappante avec Paris Montgomery, ce qui agaçait profondément le jeune homme, qui avait envie de leur lancer un cinglant mais classique « vous voulez ma photo ? ». Puis, le regard de Shay capta quelque chose d’intéressant. Leur professeur de métamorphose se tenait à quelques pas de distance. Seule Serpentard au milieu des Gryffondor. Elle attendait quelqu’un, et la Serdaigle crut deviner de qui il s’agissait. Elle donna un coup de coude à Lyan : « Là-bas ! C’est Edelweiss ! Waw, elle était vraiment belle quand elle était jeune. Si ça se trouve, elle attend Emerson Camden ! »

En effet, la jolie Gryffondor fit son apparition et se dirigea vers Zahyra.

Shay : « Bingo ! Je suis trop forte. »
Lyan : « Allons vite lui parler. Tu te lanceras des fleurs plus tard. »

Ils s’exécutèrent. Lyan tenta une approche assez directe : « Excuse-moi. Est-ce qu’on peut te parler ? Euh… En privé ? » ajouta-t-il en lançant un regard méfiant à Zahyra. Après tout, Nicholas Berlioz l’accuserait plus tard d’être une taupe au service d’Andrews, et non l’inverse. Mais Emerson ne l’entendait pas de cette oreille : « Pas question. Non seulement je ne vous connais pas, mais je n’ai rien à cacher à mon amie. Alors ça sera avec elle ou sans moi. »

Lyan grimaça, mais ils ne pouvaient pas perdre de temps en négociations. Il les mena à part, toujours suivi de Mitsina et Shay.

Lyan : « Tout d’abord, il faut que vous sachiez que ce que je vais vous dire va vous paraître très bizarre, mais c’est pourtant vrai. » Il prit une grande inspiration avant de se lancer. « Voilà, je sais que c’est dingue, mais mes amies et moi, nous venons du futur, de 2027 plus précisément. »

Les deux jeunes filles firent mine de partir, mais Lyan les retint : « Attendez ! Je ne plaisante pas. J’en veux pour preuve ce retourneur de temps. » Il le sortit discrètement de son col pour le leur montrer. « Comment croyez-vous que nous serions entrés aussi facilement à Poudlard sinon ? Vous savez bien que nous ne sommes pas élèves ici. »

Ça se tenait. Emerson et Zahyra échangèrent un regard médusé, puis reportèrent leur attention sur le jeune homme, curieuses de savoir la suite.

Lyan : « Emerson, surtout, écoutez-moi sans m’interrompre, même si ce que je dis vous semble saugrenu. Plus tard, vous allez épouser Connor Whitley. Mais il va s’enfuir, sans donner d’explication. C’est là que les ennuis vont commencer. Whitley se battait contre les idées d’un homme. Quand il est parti comme un voleur, la grande majorité de ses partisans ont jeté l’éponge, pensant qu’ils avaient été pris pour des idiots. Quand les élections pour le Ministère de la Magie ont eu lieu, Clyde Andrews a gagné. S’en est suivi une odieuse dictature ponctuée de nombreux morts. Je sais, quand bien même vous me croiriez, vous allez me demander ce que vous pouvez y faire. En fait, avant les élections, notre professeur de Divination, Montana Jones, a eu comme un genre de transe, tout à coup. Elle a fait une prédiction. Un genre de prophétie. Ça disait à peu de choses près que Connor Whitley et Emerson Camden devraient être toujours réunis, sans quoi le Mal s’abattrait sur le monde magique. Étant donnée la suite des événements, on ne pouvait que la croire. Voilà pourquoi nous sommes ici, entre autres. Ça repose en grande partie sur vous. »

Emerson resta un moment silencieuse, le temps de digérer tout ce qu’elle venait d’entendre. A en croire l’air grave du jeune homme, ça semblait réel. Pourtant, ça lui paraissait totalement incongru ! Ne serait-ce que parce qu’elle détestait Whitley… Et puis, cette histoire de fuite, de prophétie, d’élections… C’était beaucoup trop de choses à avaler d’un coup, ça ne tenait pas debout.

Emerson : « Ecoutez, tout ça est grotesque. Je… »
Mitsina : « Non ! » La jeune fille s’était presque jetée aux pieds d’Emerson. Pour elle, c’était primordial que la Gryffondor les croie. « Je vous en prie, vous devez nous croire… Vous serez une grande résistante ! Et vous, Miss Edelweiss, vous serez notre professeur de métamorphose, et… »

Nicholas : « Tais-toi ! »

Avec stupéfaction, le petit groupe se retourna en direction du jeune homme. Ce dernier avait tout entendu, et commençait de plus en plus à se dire qu’il avait vraiment affaire à des personnes venues du futur. Pourquoi prendre la peine de raconter tout ça sinon ? Il avait bien remarqué le regard que Lyan avait lancé à Zahyra et avait fait le rapprochement avec un détail dont il se souvenait. Le garçon avait dit que Sadie Williams tuait des gens. Or, Zahyra Edelweiss et elle étaient très amies. Plus tard, elle serait certainement une partisante d’Andrews – si Nicholas s’était attendu à ce qu’un type aussi peu charismatique que Clyde Andrews deviendrait Ministre de la Magie… – et c’était peut-être ce que la gamine allait lui révéler. Or, si c’était le cas, mieux valait qu’elle se taise.

Tandis que Zahyra lançait un regard noir au Serpentard, frustrée de ne pas avoir entendu la suite, Lyan se précipita vers lui : « Vous êtes Nicholas Berlioz ! On se connaît, vous me donnez des conseils d’écriture ! Vous travaillez avec Jezebel Fitzgerald pour un journal clandestin, interdit par le Ministère. Vous y dénoncez des gens et tentez d’en disculper d’autres. Je suis vraiment fan de vous ! Dommage que vous essayiez de disculper Bonnie Becker… »
Shay : « Est-ce que Jezebel et vous êtes ensemble ou pas alors ? »
Lyan : « On s’en fiche Shay ! Nick, j’adore particulièrement vos écrits sur les voyages d’Ismaël Chaucery. On dit qu’à chacun d’eux et à chacun de ses retours, il fait un enfant à une femme différente. C’est vrai ? »
Shay : « Parce que ça, c’est intéressant peut-être ? »
Ismaël : « On parle de moi ? »

Surpris, Lyan se tourna dans la direction de cette voix. Le fameux Ismaël Chaucery avait fait son apparition. Il avait visiblement entendu tout ce que le Serdaigle avait dit sur lui. Mais il n’était pas seul. A côté de lui se tenait Clyde Andrews. Shay avala sa salive. Mitsina, apeurée, se cacha derrière elle. Lyan resta bouche-bée tandis qu’Emerson et Zahyra observaient les nouveaux arrivants avec curiosité. Quant à Nicholas, il se demandait comment les nouveaux venus, et eux-mêmes par extension, allaient bien pouvoir se sortir de cette situation. Soudain, Lyan eut une révélation. Andrews et Chaucery étaient ensemble… Andrews et Chaucery semblaient être amis…

Lyan : « Nick, Emerson, j’ai compris ! Connor n’est pas parti volontairement ! C’est lui qui l’a enlevé ! J’ai lu tous les essais de Chaucery. Il parle de Connor, et en effet des témoins les ont vus ensemble. Il dit qu’il a voulu le suivre. Quelle preuve a-t-on ? Qui sait s’il ne l’a pas tué ? »
Shay le tira en arrière et chuchota à son oreille : « Ly, tu t’emportes, je crois… Même si tu as raison, dois-je te rappeler qui tu as en face de toi ? Tu veux vendre la mèche ? Tu veux te faire trucider au passage ? »

Tout le groupe avait les yeux fixés sur Andrews. Ce dernier ne mit pas longtemps à réagir à ces regards pesants : « On peut savoir ce qu’il se passe ici ? »
Zahyra : « Il paraît que tu seras Ministre de la Magie en 2027. »

Lyan dévisagea la jeune fille d’un air horrifié. Comment savait-elle ça ? Il lui semblait avoir pris soin de ne pas prononcer son nom… Mais dans l’emportement, peut-être l’avait-il lâché… Il se maudit d’avoir été aussi peu consciencieux. Clyde ricana : « Vraiment ? C’est intéressant. Moi qui croyais que personne ne faisait attention à moi… »

Malgré le sarcasme, on sentait une pointe d’amertume dans ses paroles. En effet, Clyde n’avait jamais eu la place qu’il pensait mériter à Poudlard, alors accéder ainsi au poste de Ministre, c’était assez énorme. Lyan quant à lui tenait rancune à Zahyra pour ses propos : « Evidemment, il fallait que tu la ramènes ! » lui cracha-t-il à la figure. « Ca ne m’étonne pas ! Nick avait raison, tu n’étais pas une taupe au service d’Emerson, tu en étais une au service d’Andrews ! Voilà pourquoi tu as conservé ton poste à Poudlard ! »

Zahyra ne comprenait pas grand-chose à ce qu’il racontait, ce qui ne l’empêchait pas d’être insultée. L’accuser de traîtrise envers Emerson ! Mais elle n’eut pas le temps de répliquer. Le concierge de Poudlard s’était approché du groupe sans crier gare : « Ne traînez pas dans les couloirs ! »

Avec réflexe, Lyan profita de cette diversion pour entraîner ses deux amies en direction du septième étage. Ils se cachèrent de justesse derrière une statue, le cœur battant, tandis que Clyde passait devant eux. Ils étaient désemparés, Lyan le premier. A cause de lui, leur mission allait droit à sa perte.

De son côté, Clyde pestait de les avoir perdus. Mais une chose était sûre, il devait absolument avertir les autres. Que ces gosses soient crédibles ou non, ça avait au moins le mérite d’être amusant. Il se dirigea directement vers sa salle commune et y trouva Quinn installée dans un fauteuil. Elle leva les yeux de son livre et sourit à son ami en le voyant.

Clyde : « Où sont Ema et Kea ? J’ai quelque chose d’intéressant à vous raconter. »

Se séparer. Voilà ce qui avait finalement été décidé. S’ils avaient eu beaucoup de chance en croisant deux des personnes qu’ils cherchaient ensemble, il n’était pas dit que le reste serait plus aisé. Sans compter que peut-être, les autres n’avaient pas eu autant de chance qu’eux et qu’ils n’avaient vu personne jusque là. Alors, se séparer semblait être la meilleure solution. Ils couvriraient chacun plus d’espace ainsi, et puis l’un pourrait peut-être retrouver Catsy en même temps. Mais aussi focalisé sur son objectif qu’il pouvait l’être, Sheard en fut détourné malgré lui. Alors qu’il traversait un couloir à la cherche des personnes concernées, il l’avait vue. Elle était là, en chair et en os, juste devant lui. Lydie Bradford, sa défunte mère. Il n’avait pu s’empêcher de la suivre à son insu, épiant le moindre de ses faits et gestes, fasciné par cette jeune fille que l’on ne lui avait pas laissé vraiment le temps de connaître. Tout ce qu’il savait d’elle, c’était son père qui le lui avait appris. Bien qu’elle soit morte depuis de nombreuses années, jamais son amour pour elle n’avait chancelé, jamais il n’avait cherché à reconstruire quelque chose après elle alors qu’il avait leur fils et il parlait toujours avec tout l’amour qu’il lui portait.

Bien entendu il avait eu un doute quant à sa véritable identité durant quelques instants, mais il s’était souvenu par rapport aux dates qu’il s’agissait bien de sa mère et non de ce Gryffondor avec qui elle avait échangé accidentellement de corps. Les choses devaient être rentrées dans l’ordre depuis peu et c’était donc bien elle qu’il pouvait voir évoluer sous ses yeux. Mais alors qu’il avait le regard braqué sur la jeune fille, il se sentit agrippé par le col de son uniforme et tiré brusquement en arrière. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire Quidditch, Sheard se retrouva presque jeté dans une pièce semblant déserte. Face à lui, un Damon Bradford au regard si sombre qu’il en aurait glacé le sang à n’importe qui. A n’importe oui, oui, mais à Sheard…

Damon : « Je peux savoir pourquoi tu tournes autour de Lydie ? »

Si le Poufsouffle avait bien quelque chose en horreur, c’est qu’un garçon quel qu’il soit, s’approche à moins de dix mètres de sa sœur, peu importe ses raisons ou ses intentions.
Sheard était prêt à s’expliquer sans plus se faire prier mais Damon se pencha en avant, ne l’inspectant qu’à quelques centimètres de ses yeux transperçant.

Damon : « Je t’ai jamais vu ici… Tu dois faire partie des étrangers qui crient partout venir du futur. »

Un sourire moqueur étira les lèvres fines du Poufsouffle. Les rumeurs allaient vites, très vite dans cette école et personne ne savait réellement garder sa langue dans sa poche.

Sheard : « Et tu sais que c’est vrai, n’est-ce pas ? »

Un air surpris passa sur le visage de Damon. Phénomène assez rare chez le jeune homme, on ne pouvait pas se vanter d’être capable de surprendre Damon Bradford aisément, c’était plutôt l’inverse en réalité.

Sheard : « Regarde-moi bien. Insista-t-il. Tu l’as remarqué pas vrai. Dès que tu m’as vu même. »

Oui, il avait raison. Dès qu’il avait détaillé l’adolescent, Damon avait vu cette ressemblance particulière entre eux, de ce genre de ressemblance dont seules deux personnes apparentées puissent jouir. Et il y avait ses yeux, ses yeux à la couleur irréelle qui ressemblaient à un mélange parfait entre les siens et ceux de sa Lydie. Sans parler de cette perspicacité digne de Damon lui-même.

Sheard : « Tu sais qui je suis non ? »

Le Poufsouffle hocha lentement la tête. Cela aurait du lui paraître fou, mais ne l’était assez pour une personnage comme Damon.

Damon : « Mon fils. » Souffla-t-il finalement, tandis que Sheard acquiesçait de son côté. « Mais pourquoi tu suivais Lydie ? Ne me dis pas que je t’ai refilé mon passion pour elle ? » L’idée était assez malsaine, même pour Damon qui était un adepte de ce genre de chose.
Sheard : « Non.. Le rassura-t-il. C’est ma mère. »
Damon : « C’est vrai ? Lilou et moi ? » Répéta-t-il plus heureux que jamais. Etait-ce possible ? Lilou. Sa Lilou finirait par l’aimer comme il l’aimait. Elle serait à lui, toute à lui et il vivrait heureux. Plus rien ne les séparerait, il s’en faisait la promesse. Et il se faisait celle également d’arranger les choses entre eux, d’aller vers elle car il savait que finalement tout n’était pas vain ! Que son amour serait partagé un jour. Mais tout à son bonheur, Damon n’oublia pas une chose capitale.

Damon : « Est-ce qu’elle… est-ce qu’elle va retrouver la mémoire ? »
Sheard : « Oui. Affirma-t-il. Et elle mourra peu de temps après ça. » Laissa-t-il échapper d’un ton absent.

Il s’en maudit en s’en rendant compte. Il ne voulait pas en dévoiler autant à ses parents car Sheard avait une vision bien à lui du monde et de son avenir. S’il était là pour changer le futur, c’était en ce qui concernait Clyde et ses sombres projets, or ce qui concernait sa mère n’en faisait pas partie, et pour lui, cela ne devait pas être modifié.

Damon de son côté avait perdu cet éclat lumineux dans son regard et sa mine s’était défaite.

Damon : « Quand ? Comment ? » Fut tout ce qu’il parvint à dire, mais aussi ce qu’il jugeait le plus important à savoir.
Sheard : « Un simple accident, mais tu n’en sauras pas plus. »
Damon : « Tu ne veux pas que je la sauve ?! » Demanda-t-il abasourdi.
Sheard : « C’est pas ça. J’aime ma mère, je l’aime à travers tout ce que tu m’as raconté d’elle, à travers l’amour que lui voue encore et toujours, à travers ses photos sur nos étagères. Mais sa mort ne remet en aucun cas le monde magique en péril, et je crois que si cela doit arriver, ça arrivera. Maintenant peut-être que les choses ont déjà changé avec ce que je t’ai dit. »

Qui aurait pu comprendre cette logique ? Personne. Sauf Damon, car même s’il rageait de ne pas en savoir d’avantage, il comprenait sa façon de penser pour posséder la même. Et puis maintenant qu’il savait, il pourrait toujours veiller d’autant plus sur elle pour s’assurer à ce qu’il ne lui arrive rien.

Sheard : « Je ne peux pas rester plus longtemps. Je me suis déjà trop attardé. Je dois retrouver mes camarades et peut-être même voir d’autres personnes pour lesquelles nous sommes là. »

Damon se contenta d’acquiescer d’un signe de tête. Il savait pertinemment qu’il n’arracherait pas plus de précision ou même d’information à son fils. Le retenir plus longtemps ne lui servait donc à rien.
Après un dernier regard Sheard s’en alla, laissant un Damon avec ses interrogations.

Pendant que Clyde discutait avec ses acolytes, Zahyra fonçait vers sa salle commune. Elle aussi avait quelqu’un à prévenir. Son amie Sadie. Il fallait absolument qu’elle lui parle de cette histoire de prophétie concernant Connor. Après tout, c’était l’un de ses meilleurs amis. Le jeune homme risquait de se moquer éperdument de tout ça, mais ce ne serait certainement pas le cas de Sadie. Zahyra en avait trop entendu pour tout garder pour elle. Elle trouva Sadie en compagnie de Connor, justement. Elle leur raconta tout ce que Lyan avait dit à Emerson. Connor bailla. Il se moquait pas mal de ces inepties. Sadie en revanche se montra très intéressée.

Au même moment, Lyan, Shay et Mitsina étaient dissimulés non loin de l’entrée de la salle commune de Serdaigle. Ils avaient vu Clyde y entrer et ne pouvaient donc pas rester à découvert, mais devaient quand même accomplir leur mission. Ils espéraient donc voir Adam Meyer ou Montana Jones. Mais à la place, ils aperçurent quelqu’un d’encore plus important, qu’ils ne s’attendaient pas à voir ici. Davin Power. Hélas, celui-ci était flanqué de son frère jumeau, et les trois amies étaient dans l’incapacité de lui dévoiler quoi que ce soit. Ils attendirent donc, impuissants. Les jumeaux venaient-ils attendre Andrews et ses acolytes ? C’était possible.

Shay geignit à voix basse : « Oh non, il est avec le psychopathe… Apparemment ils s’entendent bien à cette époque. Comment on va faire pour lui parler ? Est-ce que ça sera pas dangereux d’ailleurs qu’il sache tout s’il est encore ami avec son frère ? »
Lyan : « Si, mais on a pas le choix. S’il y a de l’humanité chez ce type, il y réfléchira à deux fois avant de dire quelque chose de… »
Mitsina : « Chut ! Ils se parlent. »

Davin : « Ecoute, je vais envoyer cette lettre aux parents pendant que tu attends les autres. »
Lyle : « Attends, je viens avec toi. »
Davin : « Non laisse ! J’en ai vraiment pas pour long, c’est à côté ! Si on y va ensemble ils vont descendre sans nous. N’oublie pas qu’on a des choses importantes à leur dire. »

Et pour cause, les deux frères avaient entendu les rumeurs qui circulaient au château, cette histoire d’élèves venus du futur. Lyle ne semblait pas y croire, mais Davin s’inquiétait. Il était possible qu’à cause de ça, on découvre leurs activités. Peut-être même que la culpabilité de Lyle soit dévoilée… Soucieux, il monta à la volière, son parchemin en main. Il s’agissait d’une simple lettre adressée à leurs parents pour leur donner les nouvelles habituelles. De leur côté, les Serdaigle du futur saisirent cette chance pour suivre le Poufsouffle. Shay était plutôt soulagée de ne pas rester devant la salle commune. Elle avait eu peur de tomber sur sa mère, Elhemina. Contrairement à Mitsina, elle n’avait pas du tout envie de la rencontrer, sentant que ce serait trop difficile pour elle de la revoir et de s’en séparer aussitôt, à nouveau. Quand ils furent certains d’être seul avec Davin, Lyan, toujours lui, s’avança.

Lyan : « Bonjour Davin… On doit vous dire quelque chose d’important. »

Davin leva les yeux sur eux sans surprise, l’air plutôt résigné, ce qui étonna le petit groupe.

Davin : « Vous êtes les arrivants du futur, c’est ça ? »
Lyan, haussant les sourcils : « Oui mais… Comment le savez-vous ? »
Davin : « Les rumeurs vont vite. Alors, quelle catastrophe allez-vous m’annoncer ? »

Son ton n’était pas sarcastique, mais plutôt grave. Lyan répondit du tac-au-tac : « Eh bien en fait… Beaucoup de choses reposent sur vous. Je ne sais pas ce qu’on vous a dit, mais en 2027, Clyde Andrews sera Ministre de la Magie, et règnera sur le monde magique en véritable dictateur. »

La mine de Davin s’assombrit. Il n’était pas tellement étonné, plutôt fataliste. Mais il n’aimait pas entendre que Lyle et lui seraient l’un contre l’autre. Le Serdaigle poursuivit : « En fait, vous étiez du côté d’Andrews au début, mais vous avez voulu stopper la folie meurtrière de votre frère. Lyle a voulu vous rejoindre, mais rien ne l’empêchait de continuer à tuer. Vous avez donc refusé et vous êtes réellement levé contre lui, tentant même de l’envoyer à Azkaban. »
Davin : « Comment savez-vous tout ça ? »
Lyan : « C’est vous-même qui l’avez dit au journal de la résistance, tenu par Jezebel Fitzgerald. Mais il n’y a pas que votre frère que vous tentiez de combattre. L’emprise d’Andrews prenait une ampleur considérable. Même Poudlard était sous sa coupe. Quinn Harper en était la directrice. Nous trois ainsi que ceux qui ont déjà fait parler d’eux étions un groupe d’élèves résistants à Poudlard, voilà pourquoi nous sommes ici. »

Cachées dans le couloir, deux paires d’oreilles écoutaient attentivement la conversation, celles d’Emalee Gilliam et de Lyle Power. Ce dernier s’était demandé pourquoi son frère mettait du temps à revenir, et tandis que les autres descendaient, Emalee s’était proposée de rester avec lui pour rejoindre Davin, s’inquiétant pour lui. Mais ils l’avaient surpris en pleine conversation et s’étaient arrêtés pour écouter. Lyle n’aimait pas du tout ce qu’il entendait. Qu’il continue à tuer dans le futur ne le gênait pas, mais que son frère conteste ses actes et se révolte, ça ne lui plaisait pas. C’était trop dangereux.

Davin : « Et Keaton ? Emalee ? »

L’intéressée tendit l’oreille.

Lyan : « Keaton Evered est directeur de Serdaigle. Quant à Emalee Gilliam, c’est devenu une folle furieuse. »

Lyle ne put s’empêcher de ricaner en sourdine en entendant ça, tandis qu’Emalee le regardait avec des yeux horrifiés. Davin n’en revenait pas. La douce Emalee, folle furieuse ?

Lyan : « Elle prend un plaisir sadique à tuer des gens gratuitement. C’est l’une des alliées d’Andrews les plus redoutées. Peut-être est-ce en partie l’influence de votre frère, car on leur prête une liaison. »

Emalee étouffa un cri tandis que Lyle coulait vers elle un regard railleur. Finalement, cette vision du futur avait des bons côtés. Mais il déchanta vite en entendant la suite.

Mitsina : « Vous devez aussi savoir que la rivalité entre votre frère est vous est en partie due à une histoire d’amour. Lyle était amoureux de la femme que vous avez épousé. »

Lyle fut quelque peu paniqué à l’idée que son secret soit dévoilé : « On en a assez entendu Ema. Allons prévenir les autres. »
Emalee : « Attends ! Je veux entendre la fin. »
Lyle : « Mais on va se faire repérer ! »

Pendant qu’ils parlaient, Davin avait évoqué le ridicule de la situation. Ce n’était pas le genre de Lyle de s’opposer à son frère pour des histoires de cœur. Il demanda également qui était cette fille.

Mitsina : « Tanya Ryan. »
Lyan : « Elle est déjà au courant, par accident. Elle a eu du mal à supporter ces révélations, alors mieux éviter de lui en parler. »

Emalee : « C’est vrai Lyle ? Tu es amoureux d’elle ? »
Lyle, profondément énervé : « Certainement pas ! Ils parlent du futur je te rappelle ! De toute façon, je suis sûr que c’est un ramassis de conneries ! Allez viens, on se tire. »

Emalee approuva. Elle en folle furieuse ? Et puis quoi encore ? Elle n’était dans ce groupe que par amitié pour certains, et Lyle n’en faisait d’ailleurs pas partie. Il lui faisait bien trop peur, et jamais elle ne pourrait devenir comme lui, jamais ! Tout deux s’éloignèrent discrètement avant que Lyan et les autres ne fassent demi-tour. Quand Davin retrouva son frère, celui-ci lui reprocha d’avoir mis beaucoup de temps à envoyer la lettre.

Davin : « Excuse-moi, j’ai eu un contretemps. »
Lyle : « Quel genre de contretemps ? T’as l’air bien sombre… Un problème ? »
Davin : « Non, non, rien d’important ! »

Il se força à sourire pour donner le change. Lyle n’ajouta rien, il ne voulait pas lui forcer la main. Le Poufsouffle était pris entre deux feux. Devait-il tout avouer à son frère et aux autres ou bien, comme le Serdaigle le lui avait dit – pendant que Lyle s’énervait dans son coin –, garder tout pour lui et tenter de lui-même d’arranger les choses ? Il avait beaucoup trop de poids sur les épaules.

Pendant ce temps, les trois amis repassaient prudemment non loin de l’entrée de ce qui était leur salle commune en 2027. C’est là qu’ils entendirent une fille en appeler une autre « Violet ». Trop soucieuse des histoires d’amour, Mitsina ne put s’empêcher de se diriger vers cette dernière, au grand dam de Lyan qui craignait de voir ressurgir Andrews.

Mitsina : « Excusez-moi, vous êtes Violet MacAlistair ? »

L’intéressée ouvrit de grands yeux et répondit par l’affirmative. Qui était cette élève de sa maison qu’elle n’avait jamais vue ?

Mitsina : « Je voulais vous dire que Paris regrette tout ce qu’il a fait et que vous méritez bien mieux que lui. »

Sur ces mots, elle rejoignit les autres. Violet resta pantoise, se demandant ce que tout ça signifiait. Etait-ce une rupture indirecte de la part de Paris ? L’avait-il trompée avec cette fille ? Elle ne put malheureusement avoir aucune explication.

Si Catsy avait abandonné tout ce groupe d’idoles, c’était pour la simple et bonne raison qu’un duo qu’elle connaissait bien également venait d’apparaître dans ce fameux couloir. Oh ils n’étaient pas vraiment célèbres, sauf peut-être Demetri pour avoir inventé quelques potions révolutionnaires et être connu pour sa maîtrise dans cette matière. Mais Zane Montgomery et lui n’étaient pas célèbres dans le monde magique, pourtant leur histoire avait toujours fasciné Catsy. Une belle histoire d’amour. Tragique bien sûr ! Mais tellement romantique selon l’adolescente ! Aussi lorsqu’elle les vit, elle ne put s’empêcher de pousser un nouveau cri et d’aller à leur rencontre. Elle connaissait pourtant Demetri dans le futur. Enfin, il faisait parti de la résistance, tout comme sa mère, mais il était tellement froid et distant, toujours grognon. Elle espérait pouvoir plus lui parler maintenant, bien sa mère lui ait toujours dit que le Serpentard n’avait jamais été réellement sociale. Il n’y avait que très peu de personne ayant réussi à se faire une place près de lui, et Zane en faisait partie. D’ailleurs, jamais Catsy ne l’avait vu auparavant, mais en les voyant tous deux dans le couloir (et en sachant que Demetri avait très peu d’amis) elle en avait tout de suite déduit qu’il s’agissait du Gryffondor ! et son flair ne la trahissait jamais ! Elle avait ça dans le sang, tout comme sa mère.

Zane et Demetri de leur côté étaient simplement en route pour la Salle sur Demande, seul lieu où ils pouvaient être réellement ensemble sans risquer d’être découvert – sûrement une des pires hantises du Gryffondor. Le Serpentard arborait comme toujours son air indifférent mais fermé et Zane tentait la désinvolture bien qu’il ne soit pas à l’aise de se promener aux côtés du jeune homme devant tant de monde. Sa paranoïa excessive le poussait à croire qu’on avait les yeux braqués sur eux en permanence et qu’on soupçonnait, voire qu’on savait qu’ils étaient ensemble, chose que Demetri avait maintes fois essayé de démentir. Aussi lorsqu’une fille qu’ils ne connaissaient ni d’Eve, ni d’Adam se planta devant eux avec cet air émerveillé sur le visage, deux réactions distinctes furent visibles. Demetri afficha clairement une contrariété d’être bloqué par une gamine quelconque à quelques pas de la Salle sur Demande et Zane afficha la surprise et une sorte d’inquiétude également. Qui était-elle ? Etait-ce une ex de son Serpentard ou une avec qui il l’avait finalement encore trompé, ou encore une prétendante ? Aucune de ces suppositions ne plaisaient au Gryffondor. C’était son Demetri ! il l’avait suffisamment partagé comme ça, et il ne le laisserait plus lui échapper ! Mais il lui était impossible de revendiquer sa propriété sur le jeune homme en ce lieu bondé. D’autant plus que – paranoïa mise à part – les regards tout autour étaient bien braqués sur eux. Que se passait-il ? Qui était donc cette fille ?

Catsy : « Ma mère avait raison, vous formez un couple trop craquant ! »

Demetri fronça les sourcils, quant à Zane, il perdit ses couleurs pour n’en arborer plus qu’une : le blanc.
La jeune fille détailla le Gryffondor de plus près et lâcha finalement,

Catsy : « Elle avait aussi raison de dire que c’était du gâchis que tu sois gay. T’es vraiment trop mignon ! »

Zane resta pétrifié. Elle savait… pire elle parlait à voix haute ! Et tout le monde pouvait l’entendre ! Il se crispa alors lorsque des chuchotements arrivèrent à ses oreilles. Des choses déplaisantes pour lui, des choses qu’il craignait depuis toujours, comme par exemple « Montgomery ? Ça ne m’étonne pas vraiment de Raynolds… mais lui. » « Paris doit se frotter les mains. » « Je me disais aussi qu’ils étaient souvent fourrés ensemble depuis quelques temps… » « J’avais entendu dire qu’il était avec Torres… Remarque c’est peut-être elle qui l’a fait changé de bord… »

Il avait envie de hurler, de courir se cacher dans un trou et de ne plus jamais en ressortir. Il était fini ! Sa réputation était finie ! Le prendrait-on encore au sérieux ? Serait-il capable de se présenter devant ses joueurs de Quidditch ?

Demetri : « Vous avez pas autre chose à foutre ?! » Aboya le Serpentard sur les élèves présents. Mais très peu furent réceptif et voyant son petit ami de plus en plus mal, il attrapa sa main, peu soucieux de confirmer les dires de l’autre ou d’intensifier les chuchotements sur son passage, et tira Zane dernière lui pour le mettre à l’abri des regards et des autres. Il savait qu’il ferait très certainement une crise et autant être seul pour pouvoir le calmer.

Catsy : « Attendez ! » Cria-t-elle en agrippant Demetri par le bras. Ce dernier se retourna et l’air sur son visage montrait l’étendu de son agacement.

Demetri : « Qu’est-ce que tu veux encore ?! »
Catsy : « Oh ça va, tu pourrais être plus gentil. » Couina-t-elle. « J’aurai du me douter que tu serais aussi grincheux à cette époque. Mais laisse-moi deux secondes, j’ai un truc à dire à Zane et tu me remercieras, tu vas voir. »

Ce fut un regard suspicieux qu’il posa sur elle et il ne comptait pas écouter ce qu’elle avait à dire. Comme s’il pouvait accorder le moindre crédit ou la moindre importance aux propos d’une fille qu’il ne connaissait même pas. Mais contre toute attente, Zane se manifesta.

Zane : « Vas-y, je t’écoute. »

Demetri tourna des yeux étonnés vers son amant. Qu’est-ce qu’il attendait au juste de cette fille ? Sans compter qu’il y avait encore pas mal de monde présent et que leurs oreilles traînaient avides du moindre ragot. Lui, ça ne le dérangeait en rien, mais il savait que Zane faisait une fixation sur ce qu’on pouvait penser de lui.

Heureuse que Zane s’intéresse à elle, Catsy lui offrit un sourire radieux avant de se lancer.

Catsy : « Je sais que t’es hyper jaloux et super parano en ce qui concerne Demetri et que t’as tendance à remettre toujours en cause ses sentiments. Ma mère me l’a dit. Mais t’as aucune raison de t’inquiéter ! Y’a que toi qui compte, d’ailleurs même quand tu te feras empoisonner, il ne t’oubliera pas ! Il se mariera avec Bonnie Becker bien sûr – elle grimaça en prononçant son nom - Mais il passera les années suivantes à chercher un moyen de te venger. C’est tellement romantique ! Il ne cessera jamais de t’aimer et même l’autre le sait. Elle sait qu’elle ne t’arrivera jamais à la cheville. J’adore tellement votre histoire si tu savais ! Tellement tragique, tellement… »
Demetri : « Ok, ferme là maintenant ! Je sais pas c’que t’as pris, mais ça devait être costaud. Maintenant va emmerder quelqu’un d’autre avant que je t’en colle une. »

Il s’agissait là plus d’une menace pour l’effrayer qu’autre chose. Jamais Demetri ne lèverait la main sur une fille. Il n’était pas violent à la base… mais il ne voulait pas en entendre plus sur les délires de cette gamine. Zane assassiné, Bonnie était sa femme, lui cherchant justice… C’était digne d’un roman à l’eau de rose ou de l’imagination d’une gamine complètement perturbée ! Et elle allait dire quoi au final pour expliquer savoir tout ça ? Qu’elle venait du futur ? La bonne blague ! Demetri n’en croyait pas un mot. Pourtant en tournant le regard, il croisa celui flamboyant d’une brune qu’il n’aimait pas croiser : Raquel, et il y eu une sorte de connexion entre elle et l’histoire d’empoisonnement de l’autre.

La Gryffondor qui avait vu les deux garçons ensemble, n’avait pu s’empêcher de les suivre dans les couloirs. Elle voulait tellement se venger de cet abruti de Zane et faire à nouveau souffrir Demetri. Lorsqu’elle les voyait, la colère faisait vibrer tout son corps. Et là, elle était à son paroxysme. L’homosexualité de Zane dévoilée l’obligeait elle aussi à essuyer une humiliation de plus. La preuve avec les chuchotements qu’elle avait pu entendre sur elle. Tout ça à cause de ses deux bouses ! Ils allaient lui payer, lui payer très cher !

Le regard de Demetri lâcha celui de la Gryffondor mais il fut une fois de plus stoppé par la jeune fille qui ne semblait pas avoir pris sa menace réellement au sérieux.

Catsy : « Mais attends ! Tu sais où je pourrais trouver Samaël aussi ? Je sais que vous êtes amis ! Son histoire est tellement…. Y’a pas de mot pour la décrire ! Personne n’aurait jamais soupçonné qu’il en arriverait là, je veux dire… »

Et elle continua. Inlassable, imperturbable, sous les yeux effarés de Demetri dont la bouche s’ouvrait un peu plus à chacune de ses révélations…

Se séparer était-il réellement une bonne idée ? Oui, bien sûr ! C’était la sienne qui plus est. Il n’allait tout de même remettre ses propres décisions en doute. Ils devaient voir encore pas mal de monde – en admettant que les trois autres n’aient croisé personne – et après leur première rencontre, Del craignait à tout instant que le corps professoral ne surgisse et ne les empêchent d’aller plus loin. Seraient-ils d’ailleurs favorables à leur mission ? Voudraient-ils savoir ce qu’il allait advenir pour qu’on les ait renvoyé et ainsi, essayer de changer les choses eux aussi, ou verraient-ils d’un très mauvais œil leur intervention ? Il faut dire que Del n’était plus très sûr du bien fondé de leur mission. Enfin si, mais la façon dont ils s’y prenaient n’était peut-être pas la bonne. Balancer aux gens qu’ils vont mourir, devenir fous ou se marier avec le mal incarné de but en blanc changerait-il les choses ? N’étaient-ils pas en train d’envenimer les choses ? Surtout avec Catsy qui s’était fait la malle ! Celle là… il pouvait parier – et craignait – qu’elle avait cherché chaque personne apparue dans le torchon de sa génitrice – et Merlin, il y en avait des tas ! – et étudiant à cette époque à Poudlard pour leur raconter tout et n’importe quoi. Elle avait difficilement le sens des priorités. Si au moins elle les prévenait pour des choses importantes, il ne dirait pas vraiment quelque chose mais elle devait être en train d’expliquer qui coucherait avec qui au fil des années.

Fatigué, Del passa à nouveau ses doigts sur ses tempes douloureuses. C’était un geste devenu bien trop habituel depuis qu’il faisait partie de ce petit groupe. Il faut dire qu’ils avaient tous un caractère bien à eux et qu’il était difficilement supportable pour lui de tous les voir évoluer autour de lui dans des espaces réduits lors de leurs réunions. Mais ces quelques soucis quittèrent Del lorsqu’il vit passer sous son nez, une chevelure blonde bien connue. Son attention se focalisa alors entièrement sur elle et, ne la voyant que de dos pour le moment, Del s’empressa de la suivre. C’était bien elle, il ne se trompait pas ? Difficile à dire avec une simple vision de ses cheveux bien qu’il pensait pouvoir les reconnaître entre mille. De toute façon il n’avait qu’une façon de s’en assurer rapidement.

Del : « Coralie ! »
Coralie : « Quoi ? » Demanda la jeune fille ayant fait volte face et avec toute l’amabilité qu’elle possédait – c’est à dire aucune. Mais une fois arrivé à sa hauteur, Del hésita.
Del : « Je… »

Devait-il lui parler ? Lui dire ce qu’il allait arriver ? Pourquoi pas ? Mais cela n’envenimerait pas les choses ? En même temps, n’avaient-ils pas déjà mis un foutoir monstre à eux six ? et puis les autres ne devaient pas s’être gênés pour s’assurer de leurs avenirs.

Del : « Je dois te parler. »

Peu engageante, la Serpentard soupira lourdement pour manifester son ennui. Del s’en retrouva quelque peu déstabilisé, car s’il avait l’habitude de la voir agir ainsi avec les autres, avec lui elle était bien plus chaleureuse.
Le voyant ne pas ouvrir la bouche, Coralie le pressa d’un geste de la main. Elle se trouva d’ailleurs bien sympathique d’agir de la sorte et non de l’envoyer promener tout simplement.

Del : « D’accord… Ecoute, je sais que ça va te paraître dingue et que tu vas sûrement me dire que je divague ou même simplement de me mêler de ce qui me regarde mais, ça me regarde un peu en quelque sorte justement et… »
Coralie : « Abrège ! » Aboya le jeune fille en se demandant pourquoi elle ne continuait tout simplement pas son chemin en le laissant se faire la discussion à lui-même.

Del : « Oui c’est bon… tu te demandes sûrement pourquoi tu ne m’as jamais vu ici ? »
Coralie : « Parce que tu crois que je passe mon temps à regarder autour de moi et à mémoriser vos tronches ? »

Nouveau massage de ses tempes. Décidément, ses nerfs étaient mis à rude épreuve ces derniers temps. Heureusement qu’il avait hérité du calme de son père.

Del : « Bon soit ! Alors si jamais tu prends le temps de demander à n’importe qui, tu sauras que je ne suis pas d’ici, et même que d’autres étrangers se baladent dans l’école. »
Coralie : « Et alors ? Qu’est-ce que ça peut bien me faire ? »
Del : « Mais laisse-moi parler à la fin ! » Hurla-t-il tout en se disant qu’il avait intérêt de garder ça pour lui. Ne jamais, ô grand jamais, avouer à la Coralie du futur qu’il lui avait crié dessus. On tient à la vie ou on n’y tient pas ! Dans son cas personnel, il y tenait assez.

Del : « Bon écoute et ne coupe plus, compris ! Que tu y crois ou non, je viens du futur et à mon époque t’es pas mal célèbre pour avoir créé de la glaise magique. Tu peux faire des répliques exactes des gens et tout ça, bref mais tu l’as jamais commercialisé, t’as toujours gardé ça pour toi et t’es la seule à savoir comment ça marche. Le truc c’est que tu l’utilisais pour faire des choses pas vraiment glorieuses pour un sale type qui veut arriver au pouvoir. Sauf que quand tu m’as eu, t’as voulu t’éloigner de tout ça. Tu voulais une autre vie. Le problème c’est qu’on ne quitte pas ce type et son groupe comme ça et surtout pas quand on a des talents comme les tiens. Alors t’es en perpétuel danger à cause de ça. Tout le temps menacée… soit tu y retournes, soit ils font je ne sais quoi. T’as encore jamais cédé mais c’est difficile parfois. Alors, pour éviter tout ça, le mieux ça serait que tu t’éloignes dès maintenant de ces gens. »

Il y eu quelques secondes de silence pendant lesquelles Coralie sembla assimiler ce que venait de lui raconter le jeune homme, puis, enfin, une réaction.

Coralie : « Attends t’as dit quoi ? Quand je t’ai eu ? »

Mince ! Del grimaça sans pouvoir se retenir. Il ne comptait pas lui dévoiler ça mais c’était sorti tout seul. Qu'y avait-il de mal à ça ? Rien vu tout ce qu’il avait pu lui dire d’autre. Mais en était-il si sûr ?

Del : « Oui bon, t’es pas stupide, loin de là. T’as compris non ? »

Ce fut au tour de Coralie de grimacer. Un môme ! Eurk ! Et au vu de son blason, il était de Gryffondor ! Que la honte s’abatte sur les Dennell ! Il ne lui restait plus qu’une chose à espérer…

Coralie : « Le nom de père, vite ! » Ordonna-t-elle.
Del : « Je ne sais pas si c’est une bonne idée… » Tenta le jeune homme.

La Serpentard attrapa le garçon par le col de sa chemise et planta son regard flamboyant dans le sien. Si ce qu’il disait était vrai, s’il était bien son fils, il devait savoir qu’il n’avait pas à lui tenir tête.

Del : « Dayton ! Dayton Sommers ! »

Coralie le lâche tout en grimaçant de dégoût une nouvelle fois. Sommers, un Gryffondor ! Mais quitte à enfanter pourquoi ne pas l’avoir fait avec un Dennell comme le veut la tradition ? Et puis changer autant, quitter les rangs de Clyde – car Coralie était persuadé qu’il s’agissait de lui – tout ça à cause d’un gosse ! Coralie en aurait bien rendu son déjeuner.

Del : « Je dois partir. J’espère que tu réfléchiras bien à tout ça. »

Elle ne tenta pas de le retenir et le regarda s’éloigner rapidement. Oh ça oui elle allait y réfléchir ! Mais pas forcément ce à quoi il pensait. Elle allait déjà essayer d’éviter de se faire engrosser par l’indésirable Gryffondor, après elle aviserait.

Demetri avait encore énormément de mal à croire ce qu’il venait de se passer. Qui était donc cette fille, sortie de nulle part et racontant toutes ces histoires, pour la plupart complètement farfelues, mais ayant un goût de vérité trop prononcé pour n’être que des contes sortis tout droit d’un esprit délirant. Elle savait des choses… bien trop de choses. Pour Zane et lui déjà. Bien que Paris aurait pu s’amuser à jouer les commères à ce sujet, mais où aurait-il trouvé cette gamine ? Et puis il y avait ce qu’elle lui avait dit sur Samaël. Il était impossible que qui que ce soit soit au courant de ça. Seul Sam, Curtis – les deux principaux intéressés – et lui, étaient au courant. Autant dire que l’information n’aurait pu filtrer de nulle part ! Sauf si Cullen s’était amusé à conter leur aventure. Pourtant Demetri en doutait fortement. Pour le peu qu’il connaissait Curtis, il savait qu’il ne se perdait pas en racontars sur ses aventures. Alors quoi ? Elle avait un don de Divination ? Ou alors elle venait bien du futur comme elle le prétendait ? Le Serpentard avait bien envie de pencher plus pour la seconde option bien qu’elle lui paraisse assez farfelue, mais tout, absolument tout ce qu’elle avait raconté sur Sam pouvait arriver, à un détail près. Elle avait parlé de Price dans son histoire. Or – bien qu’il ne s’intéresse que très peu à toutes personnes en dehors de lui-même – Demetri savait que le Serdaigle était né de moldus, et Samaël ne fréquenterait jamais, ô grand jamais, des descendants de moldus. Enfin, c’était comme lui. Il voulait bien croire – admettons – qu’il puisse ne jamais oublier Zane s’il venait à mourir, voir même chercher à le venger – surtout si son assassin n’était autre que Torres ! – mais qu’il se marie à Bonnie ? Quelle idée saugrenue ! Il n’avait rien en commun avec cette fille et en plus, si Zane comptait encore à ce point pour lui-même mort, pourquoi se marier avec elle ?

Demetri était partagé sur ce qu’il devait croire ou non. D’un côté tout autant plausible et de l’autre, trop de points restaient étranges. Mais s’il arpentait les couloir d’un pas vif à cet instant, ce n’était en aucun cas pour chercher à prouver ou non les dires de cette fille. Il devait trouver Samaël et vite ! Il devait le prévenir de ce qu’il venait de se passer. Autant que ça par lui qu’il l’apprenne et qu’il ait au moins le temps de se monter une histoire et de se préparer, le laisser seul face à ça, cette chose qui lui éclaterait en pleine figure certainement dans peu de temps, n’était pas dans les intentions de Demetri. Même s’il s’en défendrait certainement après coup, il tenait à préserver un minimum son meilleur ami. Aussi le chercha-t-il en arpentant les couloirs d’un pas pressé lorsque enfin il tomba sur lui.

Demetri : « Samaël il faut que je te… parle. »

Le Serpentard venait enfin d’aviser que son ami n’était pas seul dans ce couloir un peu plus reculé que les autres. Cependant, il n’avait pas réellement fait attention à l’identité de cette personne, et ne l’aurait pas plus considéré si elle avait été tout autre…
Demetri plissa les yeux en reconnaissant Eden Price et pinça les lèvres. Depuis quand Sam fréquentait-il Price ? C’était un né de moldus bon sang ! Et si lui s’en fichait pas mal, ça ne devait pas être le cas de Sam ! Mais en réalité ce qui dérangeait le plus le Serpentard, c’était que ce qu’avait raconté Catsy se vérifiait un peu plus. Jusque là il était surtout venu pour le prévenir qu’il était dans une situation délicate, mais se rendre compte que Samaël et Eden se voyaient bien malgré les ascendances moldues de ce dernier… Cela le forçait à penser un peu plus que cette fille ne déraillait peut-être pas tant que ça. Mais alors, étaient-ils chacun destinés à la tragédie ?

Samaël : « Bah vas-y, parle. » Lança-t-il face au mutisme soudain de son ami.
Demetri : « Pas ici. C’est… privé. Dit-il en lança un regard du côté de Eden. Pourtant, ce qu’il venait d’apprendre – si cela était bien vrai – le concernait également. Mais Demetri n’était pas un bon samaritain venu prévenir n’importe qui sur les éventuels dangers de leur soi-disant futur. Il n’avait que faire de ce Price et n’était là que pour Samaël. Ce dernier, intrigué par les propos de son ami d’enfance – bien qu’il le sache pas vraiment éloquent devant les autres – le suivit alors lorsqu’il lui fit signe de le faire. Ils laissèrent Eden derrière eux et ce fut dans la Salle des Trophées que Demetri et Samaël entrèrent. L’aîné des deux pensa à bien fermer la porte derrière eux, au cas où quelques oreilles indiscrètes – et par là il pensait à Price – ne cherchent à s’égarer par ici.

Demetri : « On a un sérieux problème. » Commença Demetri avant de froncer les sourcils. Sam avait beau être son ami, c’était son problème et non le leur, il n’avait donc pas à parler de ‘on’. Il chassa cette petite contrariété de son esprit, se focalisant sur son ami dont le sourcil arqué lui montrait très clairement qu’il venait de le troubler.

Demetri : « Y’a une fille qui se trimbale dans tout le château en racontant à qui veut l’entendre qu’elle vient du futur. » Wilson ne put s’empêcher de ricaner, visiblement méprisant comme à son habitude, mais Demetri n’allait pas le laisser s’amuser de la situation bien longtemps.

Demetri : « Ouais c’est ça, marre toi. N’empêche que cette gamine sait pour Cullen et toi et qu’elle en a parlé dans un couloir bondé. Alors même si y’a de quoi mettre sa parole sérieusement en doute, les rumeurs sont déjà lancées. »

Samaël avait failli s’étouffer en entendant le discours de son ami. Comment quelqu’un pouvait être au courant pour Curtis et lui ? Et comment, pourquoi, et il ne savait quoi encore, elle en avait parlé devant TOUT le monde ! L’univers du jeune Wilson s’écroulait face à lui. Si on savait, ou même si on ne faisait que supposer pour son aventure avec Curtis, il était fini ! Et que dirait-il à ses parents, à son père, lorsque cette histoire lui arriverait aux oreilles, parce qu’elle lui parviendrait à ne pas en douter ! Qu’allait-il faire ? Jouer l’intouchable, le petit prince capricieux, les arrogants méprisants comme il en avait l’habitude ne le protégerait pas des chuchotements et des regards sur son passage. Changer d’école lui traversa immédiatement l’esprit. Mais quelle excuse trouverait-il pour que son père accepte une telle chose ?

Livide, il leva le regard vers ce qui lui semblait être à cet instant son seul ami.

Samaël : « Elle a dit quoi d’autre ? »
Demetri : « Ca ne va pas te plaire… » Lâcha-t-il tout en secouant la tête.
Samaël : « Bordel, parle Raynolds ! »

Il devait savoir. Savoir ce que cette fille avait raconté sur lui et Curtis devant tout ce monde. Savoir à quoi il était exposé, ce qu’on lui ‘reprocherait’. Etre au courant lui permettrait de mieux se préparer à la confrontation avec les autres, à préparer son plan de contre attaque. Sauf que Samaël était un lâche et qu’il avait plus envie d’aller se terrer dans un coin et de ne jamais en ressortir que de devoir affronter qui que ce soit.

Demetri : « Elle a dit que Cullen et toi vivriez une relation assez tumultueuse. Que tu ne voudrais pas parler de lui, de vous, à ta famille et qu’il en aurait vite ras le bol. »

Samaël se tordait nerveusement les doigts. C’était plausible, plus que plausible. Jamais il n’oserait parler de ça à son père. Que se soit maintenant ou dans plusieurs années. C’était… trop pour lui. Mais ce que lui racontait Demetri lui laissait entrevoir un avenir avec Curtis et le jeune Wilson ne savait pas vraiment comment il devait le prendre.

Samaël : « C’est tout ? »

Il l’espérait de tout cœur car il allait déjà avoir grand mal à se justifier et à démentir tout ça, mais en entendant Demetri soupirer, le Serpentard su que son cauchemar était loin d’être terminé.

Demetri : « Elle a parlé d’un truc concernant le bien et le mal, j’ai pas vraiment compris et j’ai pas non plus cherché je t’avouerais. Apparemment, tu vas suivre ta famille du mauvais côté, ce qui va déplaire à Cullen et tu vas… tu vas le tuer. » Les yeux effarés de Samaël et sa bouche ouverte sur une exclamation qui ne vint pas traduisit l’ampleur de la chose. « Me regarde pas comme ça ! Je ne fais que te répéter ce qu’elle a dit ! Apparemment ça a fait les choux gras de la presse puisque tu seras arrêté près du corps avec la baguette t’incriminant en main. Après j’en sais rien si c’est vrai, elle a dit que plusieurs versions existaient et que d’ailleurs, y’avait quelqu’un qui se battait pour ta libération en criant à l’erreur judiciaire, voire au complot. »

C’était une histoire de fou ! Tout ça ne pouvait pas être vrai. Et pourtant, Samaël ne put s’empêcher de demander,

Samaël : « Qui ça ? »
Demetri : « Justement, c’est ça qui me paraît le plus louche. Enfin ça me paraissait louche jusqu’à tout à l’heure. Price, depuis quand tu traînes avec lui ? »
Samaël : « Quoi c’est lui ? » S’étonna Wilson qui l’était encore plus d’apprendre que leur amitié – si on peut appeler ça comme ça – pouvait durer autant d’années.

Demetri : « Si on écoute ce qu’elle dit, ouais. Il paraît qu’il fera des pieds et des mains pour te sortir de là, il aurait même écrit un livre prouvant ton innocence. Interview, campagne et tout ça. »

Demetri se garda bien de dire à Samaël que la jeune fille avait précisé qu’Eden se battrait par amour pour Samaël. Il venait déjà de s’en prendre plein la tête, pas la peine d’en rajouter une couche. Samaël lui, était complètement sonné par tout ça. Trop de choses, trop de mauvaises choses même ! Comment allait-il se sortir de tout ça ? Et Curtis ? Qu’allait en penser Curtis ?! Car en connaissant les commères de cette école, le Serpentard était déjà probablement au courant. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les oreilles indiscrètes – comme l’avait pensé Demetri – d'Eden étaient venues se coller au bois de la porte et n’avait pas raté une miette de cette histoire.

Alors que Lyan, Shay et Mitsina se trouvaient dans la volière, Adam Meyer sortait de la salle commune de Serdaigle pour aller chercher Mason Sommers. Il avait des choses importantes à lui dire. Chez les Serdaigle, des rumeurs de personnes venues du futur circulaient. Au départ, il avait eu peur que l’un d’entre eux, voire plusieurs, n’aient été découverts. Mais il ne s’agissait d’aucun de ses compatriotes. Il avait également vu Clyde Andrews discuter avec Quinn Harper, Keaton Evered et Emalee Gilliam en arborant un air satisfait, ce qui n’officiait rien de bon. Adam descendit donc d’un étage pour attendre Mason à la sortie de la salle commune de Gryffondor, en espérant qu’il y soit. Il avait vu juste, fort heureusement, car le jeune homme sortit quelques instants plus tard. Le Serdaigle l’alpagua avec un air grave : « Faut que je te parle. On a un gros problème. »

Mason pinça ses lèvres en un rictus de contrariété. Il savait déjà ce qu'Adam voulait évoquer. Chez les Gryffondor, les mêmes rumeurs circulaient.

Mason : « Je suis au courant. Je voulais justement trouver les autres aussi. »
Adam : « Je ne les ai pas vues. Je suis venu directement vers toi puisque ta salle commune est un étage en-dessous. Et après tout, c’est toi qui prends les décisions en général. Viens, descendons d’un étage pour être tranquilles. Il y a trop de monde ici. »

Ils s’exécutèrent. Hormis le passage de certains élèves, le cinquième étage était plutôt désert. Ils pourraient discuter plus tranquillement.

Mason : « Là, c’est un peu loupé pour les décisions. Tu l’auras compris comme moi, si l’on en croit certains dires, ça signifie que le futur a déjà changé. Autrement dit, soit on rentre pour tomber sur un futur complètement différent, soit on est bloqués ici. »
Adam : « Cela dit, c’était quand même ce qui était prévu à la base. Changer le futur. Mais je crois qu’on n’a pas vraiment réalisé les conséquences. Maintenant, peut-être que ce futur-là est meilleur que le nôtre. »
Mason : « Pas si sûr… Apparemment, les personnes ayant saisi des détails ne s’en sont pas remises. Il y en a même qui ont fini à l’infirmerie. »
Adam : « Dans ce cas, ça veut dire que… »

Il s’interrompit brusquement. Devant lui, venaient de surgir trois Serdaigle qu’il ne connaissait pas. Bien sûr, ça ne faisait que quelques mois qu’il était là, et il ne pouvait pas connaître tout le monde, mais il était certain de n’avoir même jamais aperçu ces trois-là. Et, chose plus que curieuse, l’un d’entre eux ressemblait étrangement à Paris et le dévisageait d’un air hébété. Ça ne faisait aucun doute, il s’agissait des arrivants du futur. Celui-là devait certainement être le fils de Paris. Mais pourquoi le regardait-il ainsi ?

Lyan : « Papa… »

Lyan ne s’était pas attendu à ça. En fait, les filles et lui étaient partis pour retrouver les autres avant d’être attrapés par un membre du personnel, voire le directeur lui-même. Ils considéraient donc leur mission comme terminée, même s’ils n’avaient pas croisé tout le monde. Les autres avaient peut-être eu plus de chance. Cependant, ils avaient parlé à des personnages importants, ce qui était déjà bien. Lyan avait donc fait une croix sur l’idée de voir son père, jusqu’à cet instant précis. Quant au Gryffondor qui se tenait à côté, il savait également qui il était. Mason Sommers, l’oncle de Del, celui qui entretient une polémique sur les circonstances de sa mort. Lui-même ne savait qu’en penser.

Adam : « Attends, tu m’as appelé… Papa ? »
Lyan : « C’est bien ça. Je suis ton propre fils. Lyan Meyer. Et voici Mitsina Matthews et Shay Grint. »

Adam oublia alors que l’adolescent ressemblait à Paris. Il avait face à lui l’enfant qu’il aurait sans doute dans quelques années. Voilà qui était particulièrement déstabilisant, et ne pouvait signifier qu’une chose : il n’était jamais revenu dans le futur. Il eut soudain une désagréable sensation d’étouffement. Il était véritablement coincé ici. Certes, il suffisait de faire marcher le mécanisme du retourneur de temps en sens inverse. Mais en serait-il mentalement capable ? Il ne pouvait pas rentrer en sachant qu’il avait échoué. Le silence s’était instauré durant quelques secondes. Le préfet de 2020 le brisa.

Adam : « Ta mère… Est-ce que c’est… Garden Fear ? »

Oui, il y avait des questions beaucoup plus importantes à poser sur le futur. Mais il n’avait pu s’empêcher de poser celle qui lui brûlait les lèvres. Contre toute attente, Lyan répondit avec mépris.

Lyan : « Garden Fear ? Certainement pas ! C’est la compagne de Clyde Andrews. Ma mère était une moldue du nom de Dayna et elle est morte en me mettant au monde. »

Devant lui, il n’avait pas peur de prononcer de nom d’Andrews. Tandis qu’Adam encaissait le choc, son fils lui envoya un regard condescendant. Il le tenait pour responsable de tout ça. Mais Mitsina vint apaiser sa rancune : « Lyan… Tu ne peux pas te permettre de juger. »

Lyan soupira : « Tu as raison. » Il reporta son regard sur Adam. « Ecoute, papa. » Comme il était étrange d’appeler ainsi quelqu’un de son âge… « Tu as mal agi avec elle du temps où vous étiez à Poudlard. A cause de ton comportement, elle s’est rapprochée de Clyde et elle a fini par en tomber amoureuse. Tu ne t’en es jamais remis. C’est pour ça que je suis né. Tu as voulu l’oublier avec n’importe quelle fille, sans succès. Tu as fini par en mettre une enceinte, ma mère. A mon époque, tu es le bras droit et conseiller du meneur de la résistance, Davin Power, mais tu t’opposes à toutes les actions qui concernent Garden Fear, alors que tu sais que c’est le point faible d’Andrews. Tu as même fait capoter le projet de son enlèvement. »

Adam n’en croyait pas ses oreilles. Était-ce vraiment lui qui avait poussé Garden dans les bras de Clyde ? Elle avait tout de même la mission de le séduire. Il lança un regard lourd de reproches à Mason. C’était tout de même lui l’instigateur de tout ça. Cependant, Mason ne pouvait pas vraiment être tenu pour responsable. Après tout, il ne savait pas qu’Adam était amoureux de Garden. Personne ne le savait. Peut-être aurait-il dû le lui dire et le lui prouver avant qu’il ne soit trop tard.

Adam : « Mais, attends… Tu es en train de prendre le risque de disparaître uniquement pour empêcher Garden de se retrouver aux côtés d’Andrews ? »
Lyan : « Je préfèrerais ne pas être né plutôt que de te voir souffrir comme ça. De toute façon, à quoi bon vivre dans cet enfer constant ? Il n’y a plus aucune liberté et l’on compte des dizaines de morts chaque jour… »
Mason : « Si j’ai bien compris, Andrews a pris le contrôle du monde magique ? »
Lyan : « Et pas qu’un peu. Il est Ministre de la Magie, et il fait descendre de nombreux nés-moldus. Il a aussi le contrôle sur Poudlard, où les nés-moldus sont d’ailleurs interdits. Quinn Harper en est la directrice. Paris Montgomery, Raquel Torres, Keaton Evered et… Garden Fear sont les quatre directeurs de maison. Mais Montgomery semble de notre côté. C’est lui qui nous a envoyé ici. »

Adam sentit son estomac se retourner. Comment Garden avait pu se retrouver enrôlée là-dedans, elle qui se montrait toujours écœurée par les actes d’Andrews ? Comment pouvait-elle cautionner tous ces meurtres ?

Mason ne put s’empêcher de faire une remarque : « Mais… Et Connor Whitley ? »
Lyan : « Whitley ? Comment savez-vous qu’il aura un rôle à jouer ? Enfin, peu importe. Il a disparu. C’est en grande partie à cause de ça qu’Andrews a pu accéder au pouvoir. »

Et de raconter les circonstances de cette disparition, la prophétie de Montana Jones concernant Emerson ainsi que la possible culpabilité de Chaucery.

Les deux préfets du futur étaient complètement chamboulés par toutes ces révélations. Oui, le futur avait bel et bien changé, et pas qu’un peu. Mason voulut poser une question sur lui-même, mais également sur Bonnie, quand Shay s’avança vers Adam, le regard presque implorant : « Ecoutez, je sais qu’après tout ce que vous avez entendu, ce que je vais vous dire va vous sembler secondaire, mais ma mère s’appelle Elhemina Grint, née Hidelsheim, et c’est une amie à vous. A mon époque, vous serez même d’excellents amis. Mais elle sera torturée jusqu’à la mort, de même que mon père, Tristan Grint. Je vous en prie, prenez soin d’eux, ne les laissez pas se faire capturer… »
Lyan : « Shay, je suis sûr que mon père a fait son possible… »
Shay : « Mais il y a encore moyen de changer de changer les choses ! »

Lyan la regarda d’un air triste. Triste pour elle, mais triste pour lui également. Il risquait de disparaître, il le savait. Son regard fut alors attiré vers un nouvel arrivant.

Sid : « Ah, Mason, je te cherchais. Je… Eh mais, qui c’est tout ceux-là ? »

Shay se précipita alors vers lui, changeant subitement d’attitude : « Professeur Van Eyke ! Mon professeur préféré ! J’ai toujours été bonne en sortilèges grâce à vous ! Comme je suis heureuse de vous revoir ! »

Sid la dévisagea avec surprise, avant de comprendre qu’il devait avoir affaire à cette hystérique prétendant venir du futur dont tout le monde parlait. C’était justement ce qu’il voulait raconter à Mason.

Sid : « C’est toi la fille qui s’est jetée sur les Blackbirds pour leur raconter leur soi-disant futur ? »

Shay le regarda avec étonnement tandis que Lyan se plaquait la main sur front. Catsy avait visiblement fait des siennes. Voilà qui les avait certainement mis dans un embarras irréversible.

Shay : « Non, bien sûr que non ! Je viens aussi du futur, c’est vrai, mais… »
Sid : « Ecoute, j’ai pas vraiment de temps à perdre avec ces salades. »
Mason : « Tu devrais les croire, Sid… »
Shay : « Oui, il faut nous croire. Plus tard, vous serez notre professeur de sortilèges. Mais lors de la prise de Poudlard, vous serez tué en tentant de défendre des amis à moi, des nés-moldus, tout comme vous… »
Sid : « La prise de Poudlard ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? »
Mason : « Je t’expliquerai… »
Shay : « Vous êtes amis, tous les deux, pas vrai ? Plus tard, vous le serez aussi, et vous aurez le même destin. Mr Sommers sera notre professeur de DCFM. Et il mourra lui aussi pour sauver quelqu’un. »

Lyan fit la grimace.

Sid : « Qui ça ? »
Shay : « Bonnie Becker. »
Mason : « Quoi ? »
Bonnie : « QUOI ?! »

L’intéressée venait de faire son apparition, main dans la main avec Carter Danes. Ils sortaient du grenier de divination, et s’étaient arrêtés nets en entendant la conversation. Bonnie avait immédiatement compris. Quant à Carter, il trouvait ça particulièrement louche.

Mitsina donna un léger coup de coude à son petit ami : « Tu as vu ? Ils sont ensemble ! »
Lyan eut un rictus de dégoût : « Je le savais. Ca confirme ce que je pense. »

Le couple formé par Bonnie et Carter s’avança vers eux, et le Serdaigle recula d’un pas.

Bonnie : « Ils viennent vraiment du futur ? » demanda-t-elle à Adam.
Adam : « On dirait bien. » répondit-il, encore sous le choc des différentes révélations.
Lyan lança à Bonnie avec le mépris le plus total : « Tout ça ne te regarde pas. Va-t-en. »
Bonnie : « Pardon ? De quel droit tu oses m’ordonner de partir ? Ça me regarde autant que vous ! Surtout si Mason est mort pour moi… »
Lyan cria presque : « Sommers est mort pour toi parce que tu auras certainement essayé de le séduire, comme une garce que tu es ! Il avait une femme qu’il aimait, Cleo, et elle était enceinte ! C’est de ta faute si elle s’est retrouvée seule ! »

Bonnie n’en croyait pas ses oreilles. Et hormis les trois nouveaux arrivants du futur, tout le monde était abasourdi par ces propos. Mason venait de comprendre qu’il serait ni plus ni moins marié avec celle qui aurait dû être la femme de son demi-frère, mais également qu’il s’était sacrifié pour Bonnie en sachant qu’il laisserait sa femme, enceinte qui plus était, sur le carreau. Etait-il un héros ou juste un mari infidèle ? Bonnie quant à elle était outrée par autant de haine de la part de quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas. N’ayant entendu que la fin de la conversation, elle ne connaissait pas encore son identité.

Bonnie : « Vu ta ressemblance avec lui, tu dois certainement être le fils de Paris Montgomery. Pas étonnant que tu sois aussi insolent. »
Lyan ricana : « Détrompe-toi. Je suis le fils d’Adam. »

Le fils d'Adam ? Alors pourquoi ressemblait-il autant à Paris ?

Lyan : « Et puisqu’on parle de ça, il y a, parmi toutes les choses que je te reproche – et elles sont nombreuses – un détail qui me poursuit depuis ma naissance, et qui me relie malheureusement à ton sale petit serpent de fils. »

Il brandit l’intérieur de son poignet, sous l’œil horrifié de Bonnie et d’Adam. Un étrange tatouage y figurait, le même que les deux jeunes gens arboraient au même endroit.

Bonnie : « Alors, ça veut dire que… la malédiction… »
Lyan : « Oui, vous n’avez jamais réussi à vous en débarrasser. Et Leary et moi en avons hérité. »
Bonnie : « Leary ? C’est… Mon fils ? »
Lyan : « Un petit scorpion, lâche et sournois. Tout le monde le déteste. Oh, bien sûr, on lui doit quand même quelque chose. C’est grâce à lui que nous sommes là, vu qu’il nous a balancé et qu’on a été envoyés dans le bureau de Montgomery. Mais pour le reste, s’il pouvait aller en enfer… Tiens, j’imagine que c’est lui, le père. »

Il désignait Carter, qui arqua un sourcil. Un fils comme ça ? Ça ne lui ressemblait pas. Ça ne ressemblait pas à Bonnie non plus, d’ailleurs. Ils avaient beau être à Serpentard, ils n’avaient rien de lâche et n’étaient pas du genre à balancer leurs camarades. Peut-être changeraient-ils, cela dit… Ou alors, le père était quelqu’un d’autre. Carter grimaça à cette pensée. Pendant ce temps, Lyan continuait, imperturbable, avec tout autant d’amertume dans la voix : « Quel beau couple vous faîtes. Deux traîtres ensemble. Je savais que mes convictions étaient les bonnes. Certes, Sadie Williams forme un duo légendaire avec Danes, à la tête du Département de la Justice Magique, mais il se dit que vous vous voyez toujours. »

Carter : « A la tête du Département de la Justice Magique ? »
Lyan : « Oui, elle en est la directrice, et tu diriges le Magenmagot. Vous, enfin, elle en particulier, êtes connus pour vos nombreux assassinats en tout genre. C’est vous qui prenez toutes les décisions concernant les moldus et les nés-moldus. Bonnie Becker est censée être dans la résistance, et comme des témoins prétendent vous avoir vu ensemble, deux camps s’affrontent. Ceux qui pensent que tu lui donnes des informations en faveur de la résistance, et ceux, comme moi, qui croient dur comme faire que c’est elle qui est une taupe du Ministère. »

Bonnie : « Et pourquoi ne serait-ce pas l’autre possibilité ? Si Mason s’est sacrifié pour moi, c’est que je devais être digne de confiance. »
Lyan monta sur ses grands chevaux : « Ne le mêle pas à ça ! Il a été aveugle, c’est tout ! »

Mitsina lui plaça une main sur l’épaule pour le calmer tandis qu’Adam intervint : « Je pense que tu devrais éviter de juger sans savoir, Lyan. Peut-être as-tu raison, mais tu devrais lui accorder le bénéfice du doute. »
Lyan rétorqua avec dédain : « Je ne fais pas confiance aux femmes infidèles. Pauvre Demetri Raynolds. »
Bonnie : « Hein ? »

Carter lança un regard méfiant à Bonnie. Ce Raynolds lui cherchait déjà des embrouilles à cause d’Eustacia, et voilà que, pour une raison inconnue, il se retrouvait marié à Bonnie dans le futur ? Mais il n’eut pas le temps de demander des précisions, ni lui ni elle d’ailleurs, car d’autres personnes venaient de faire leur apparition. Del, Sheard et Catsy, accompagnés par le directeur de Poudlard.

Le Directeur : « Etes-vous inconscients ? »

Sheard ouvrit la bouche mais Lyan lui lança un regard tout en secouant la tête pour lui faire comprendre que ce n’était pas le moment de sortir une idiotie aussi grosse que lui. Sheard se sentit vexé et se contenta donc d’afficher une moue quelque peu déçue. Il était le seul à se comporter de la sorte. A côté de lui, ses cinq amis étaient soit droits comme des ‘i’, soit pantois. Se retrouver dans le bureaux du Directeur de Poudlard, quel qu’il soit, était quelque chose d’impressionnant. C’était sûrement du au fait que chacun des sorciers ayant occupé ce poste était un grand homme.

Le Directeur : « Vous rendez-vous compte du chaos que vous venez de semer ? De ces vies que vous avez chamboulées ? De ces destins que vous avez irrémédiablement bouleversés ? »

Dit de cette manière, on aurait dit qu’ils étaient en tort. Mais n’étaient-ils pas là pour la bonne cause ? Leur but n’était-il pas noble ? Ils cherchaient à sauver le monde magique voilà tout, et si au passage, ils pouvaient sauver ou arranger les choses concernant leur entourage, pourquoi s’en priver ?

Le Directeur : « Vous ne comprenez pas pourquoi je vous réprimande, n’est-ce pas ? »
Del : « Effectivement. Nous sommes venus pour la bonne cause, pour… »

Le vieil homme leva dans la direction du Gryffondor pour lui intimer poliment le silence sans avoir à lui couper la parole.

Le Directeur : « Je ne doute pas de vos raisons, c’est votre manière de faire que je remets en cause. »
Mitsina : «Mais c’est le Professeur… Enfin, Paris Montgomery qui nous a dit de prévenir les personnes concernées. »
Le Directeur : « Oui mais voyez-vous jeune fille, le Mr Montgomery de cette époque n’a pas la science infuse, et je me permets de croire que celui de votre futur n’en dispose pas plus. »

Il était vrai qu’ils auraient pu penser à une autre façon de faire, mais ils s’étaient contentés d’écouter Montgomery. Après tout, il était plus âgé, savait des choses qu’ils ignoraient et surtout, les six adolescents savaient que le temps leur étant donné serait court avant de se faire prendre.

Le Directeur : « De plus, je ne pense pas que vous vous soyez contentés de ne parler qu’aux personnes réellement concernées. » Supposa-t-il justement en coulant un regard vers Catsy.

Lyan : « Bon et bien, qu’allez-vous faire ? »
Le Directeur : « Vous renvoyer simplement à votre époque grâce à votre Retourneur de Temps. Le problème, c’est que je ne peux pas vous garantir que vous retrouverez votre monde comme vous l’avez laissé. »
Shay : « Mais c’est très bien ! C’est pour ça qu’on est venu ! Pour changer les choses ! »
Le Directeur : « Changer les choses, oui… » Murmura-t-il semblait-il plus en guise de réflexion à lui-même que pour les adolescents présents dans son bureau, avant de finalement s’adresser de nouveau à eux.

Le Directeur : « Mr Meyer, veuillez actionner le Retourneur je vous prie. Rester plus longtemps ici ne fera qu’envenimer les choses. »

Lyan acquiesça d’un simple signe de tête et fit 25 tours dans le sens inverse de la première fois. Sous les yeux du Directeur les six amis se tenant tous disparurent de son bureau…

Le Directeur : « Comme par magie… » Chuchota-t-il. Le problème, c’était qu’il ne savait pas où ces enfants avaient atterri. Dans le futur, oui, mais lequel ? qu’avaient-ils chamboulé ? Après tout, il avait déjà quatre adolescents dans ses murs, venus pour changer le cours des choses, et bien qu’ils s’y prennent avec beaucoup plus de discrétion, ils n’avaient visiblement fait qu’empirer les choses. Alors si un petit événement, un simple geste ou une phrase anodine pouvait bouleverser le futur, que se passerait-il après une intervention de ce type ?