Game we're playing is Life - Nell (&PNJKarolyn)
The Time-Turner :: Tome VII : Les reliques de la Mort :: Armoire à Disparaître :: RP abandonnés :: Intérieur du château
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Game we're playing is Life - Nell (&PNJKarolyn)
&
(c)Alex
& PNJ Karolyn - avec autorisation de Zane x]
(c)Alex
& PNJ Karolyn - avec autorisation de Zane x]
La journée avait été épouvantable. Il m’était chaque fois trop difficile de contenir cette colère sauvage qui ne demandait qu’à sortir. Je n’avais pas vu Nell depuis bientôt plus de quatorze heures. C’était quelque chose que nous faisions que trop rarement. Je l’avais aperçu aujourd’hui, en quittant l’immense pièce de Poudlard qui réunissait les quatre maisons, accompagnée de Zane. Je sais que s’il lui arrivait quelque chose par ma faute, elle souffrirait en silence la perte de son ami. Quoiqu’il en soit, cet élève serait notre prochain sujet de conversation et l’idée même qu’elle m’assure qu’il n’est qu’un ami m’irritait quelque peu. Karolyn m’avait rejoint ce soir. Elle avait senti ma présence, ce changement d’atmosphère soudainement plus froid dans la salle commune des Sepentards. Elle venait de remettre à plus tard ses exercices de métamorphose et rattrapa mes pas déchainés et maladroits. Je m’arrêtai brusquement et lui fis face. Sans appréhension, cachant maladroitement ses craintes, elle se rapprocha doucement et ses lèvres effleurèrent mon ouïe émettant des vibrations sereines et lestes. Je me calmais déjà. Je ne répondis pas à ce qu’elle pouvait me demander. Je ne l’écoutai plus. Le timbre de sa voix était un remède parfois très efficace, mais le contenu ne m’importait que trop peu. Elle était là pour me satisfaire. Elle le savait puisqu’elle l’avait elle-même décidé. Elle m’avait rejoint. Et son attitude traduisait là tout le manque de mon attention que je ne lui avais pas offert aujourd’hui. Ses reproches excitèrent ma colère autant que mes désirs. Elle le faisait volontairement. Elle était joueuse et taquine. Et, encore une fois, je ne pouvais pas résister à de pareilles avances. Mes mains s’emparèrent des avants bras de mon interlocutrice. Et je l’obligeai ainsi à reculer contre un mur glacé et sombre. Lorsque mon corps écrasait le sien, mes lèvres s’emparèrent des siennes jusqu’à lui voler, un gémissement sourd. Je l’entrainai jusqu’à la salle commune de notre maison dans une frénésie partagée et sous les regards habitués de quelques élèves de la même année que Nell. Très vite, nous rejoignîmes la sortie pour plus d’intimité et un silence profond à cette heure-ci. Il était près de vingt-trois heures et je ne me doutais pas encore que ma sœur se trouvait non loin de nous depuis maintenant quelques minutes ; qu’elle nous observait malgré elle, et qu’elle avait besoin de moi.
« - Attends ! Chuchota-t-elle brusquement. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qui est-ce qui t’a mis dans cet état, Zoran ?
- Personne. Laisse toi faire.
- C’est encore elle ?
- Ferme-la! »
Ma main s’emparait brusquement de son cou, et le poids de mon corps plaqua le sien sauvagement contre un mur noircie par des siècles d’existence. Karolyn savait parfaitement l’impact qu’auraient ces propos à mon égard. C’était comme si elle voulait que je réagisse de cette façon-là. Mes lèvres, de nouveau, se rapprochèrent dangereusement des siennes. Mon souffle déstabilisait ce silence mortel et mon interlocutrice adopta un sourire fin et vainqueur.
« - Continue et je me chargerai de ton inaptitude à suivre les cours demain. »
Elle me sourit et son regard adopta un désir charnel marqué à la suite de mes propos. Je compris très vite que j’avais besoin de Nell. Mes doigts se resserrèrent quelque peu à mesure que je la revoyais avec cet homme. Elle devait probablement dormir à cette heure-ci, noyée dans ses cauchemars habituels et pourtant moins fréquents, ou du moins telle était l’hypothèse que j’avais émis à défaut de moins la voir m’attendre devant cette porte pour une n-ième consolation. Ils me manquaient toutes autant. Peu importait le cauchemar qu’elle me relatait, j’aimais la savoir contre moi, la serrer doucement et sentir son odeur submerger toute ma haine.
Lorsque mes lèvres accompagnèrent ma main dans ce cou nu, Karolyn eut pour seul panorama, la silhouette familière d’une rivale de taille. Elle ne fit aucun mouvement pourtant adoptant un sourire de défi que je ne déchiffrai pas. Je ne remarquai pas la présence de ma sœur derrière moi. Elles gardèrent toutes deux le silence, dans un regard de défi, dangereux et froid.
« - Attends ! Chuchota-t-elle brusquement. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qui est-ce qui t’a mis dans cet état, Zoran ?
- Personne. Laisse toi faire.
- C’est encore elle ?
- Ferme-la! »
Ma main s’emparait brusquement de son cou, et le poids de mon corps plaqua le sien sauvagement contre un mur noircie par des siècles d’existence. Karolyn savait parfaitement l’impact qu’auraient ces propos à mon égard. C’était comme si elle voulait que je réagisse de cette façon-là. Mes lèvres, de nouveau, se rapprochèrent dangereusement des siennes. Mon souffle déstabilisait ce silence mortel et mon interlocutrice adopta un sourire fin et vainqueur.
« - Continue et je me chargerai de ton inaptitude à suivre les cours demain. »
Elle me sourit et son regard adopta un désir charnel marqué à la suite de mes propos. Je compris très vite que j’avais besoin de Nell. Mes doigts se resserrèrent quelque peu à mesure que je la revoyais avec cet homme. Elle devait probablement dormir à cette heure-ci, noyée dans ses cauchemars habituels et pourtant moins fréquents, ou du moins telle était l’hypothèse que j’avais émis à défaut de moins la voir m’attendre devant cette porte pour une n-ième consolation. Ils me manquaient toutes autant. Peu importait le cauchemar qu’elle me relatait, j’aimais la savoir contre moi, la serrer doucement et sentir son odeur submerger toute ma haine.
Lorsque mes lèvres accompagnèrent ma main dans ce cou nu, Karolyn eut pour seul panorama, la silhouette familière d’une rivale de taille. Elle ne fit aucun mouvement pourtant adoptant un sourire de défi que je ne déchiffrai pas. Je ne remarquai pas la présence de ma sœur derrière moi. Elles gardèrent toutes deux le silence, dans un regard de défi, dangereux et froid.
Invité- Invité
Re: Game we're playing is Life - Nell (&PNJKarolyn)
Courant à en perdre haleine, les branches aiguisées griffant mes avant-bras, le vent fouettant mes joues et glaçant mes membres. Toujours la nuit. Toujours cette nuit sans lune et ces nuages blancs dans le ciel, qui n'ont rien à faire là, mais qui y sont, menaçants. La pluie qui tombe de façon irrégulière, bruyamment sur les feuilles des arbres. Des cris qui me disent de fuir. Une voix qui me prévient d'un trou. Une forme blanche, fantomatique. Kerry. Kerry qui me sourit. Kerry qui me montre le chemin. Le vent me soulève de nouveau de terre et m'envoie dans le vide, mais une main me rattrape cette main. Dans le vide, pendue à cinquante-six mètres de l'eau en furie, retenue par une main puissante et ferme. Un visage qui se montre. Zoran. Il va me tirer de là, je ne vais pas tomber, hein ? Et puis son regard qui change. Ses mains glissent, il me lâche, je sombre de nouv—
NON !
Le cœur battant à cent à l'heure, comme des hippogriffes lancés dans une course effrénée, j'étais assise dans mon lit, la respiration haletante, l'air hagard, la chair de poule venant refroidir la sueur dans mon cou. Passant mes mains tremblantes sur mon visage brûlant, j'en écartai des mèches qui venaient obstruer ma vue. Je restai quelques instants assise sous mes draps, la tête enfouie dans mes mains, essayant de chasser les dernières images qui me restaient de cet abominable cauchemar. La bougie à mon chevet s'était allumée dès le moment où je m'étais réveillée et éclairait le réveil. Il était dix-heures, quarante-trois minutes et vingt-six (vingt-sept) secondes. Je m'étais endormie il y avait à peine quarante minutes si j'en croyais la dernière heure que j'avais pu voir avant de fermer les yeux et de sombrer dans un sommeil que j'avais espéré réparateur. Mais rien de tout cela n'était arrivé. Au contraire, j'avais beau me coucher tôt, il semblait que mon esprit ne voulait pas me laisser en paix, que ma conscience avait décidé de me torturer coûte que coûte à n'importe quelle heure. J'étais seule dans le dortoir des cinquièmes années ce qui était normal parce qu'il y avait une petite soirée organisée dans la Salle Commune et que j'avais prétexté une fatigue écrasante pour m'éclipser plus tôt. Celles du dortoir savaient que je dormais mal, elles n'en prendraient pas ombrage. Inspirant lentement, j'essayais de me calmer et d'apaiser ce cœur tambourinant qu'était le mien tandis que les images continuaient d'apparaître devant mes yeux ouverts. Pourquoi ? Merlin, pourquoi ne pouvais-je plus dormir tranquillement ? Pourquoi devais-je toujours me réveiller en sursaut d'un de ces interminables et infernaux songes ? Qu'avais-je fait aux Mages pour que ma conscience ne me laisse pas dormir sans rêver ? Je devais voir Zoran. Oui, ce passage du coq à l'âne pourrait étonner des gens s'ils inspectaient l'intérieur de ma caboche, mais il fallait que je le voie. Lui seul savait me calmer, même moi je peinais à apaiser mon propre esprit. Me crispant à nouveau alors que les yeux gris et terrifiants me revenaient en mémoire, je secouai finalement la tête. Je devais le voir si je ne voulais pas un jour sombrer dans la folie la plus totale et la plus dévastatrice. Et je voulais le voir. L'image de la silhouette fantomatique de Kerry s'afficha soudainement devant mes yeux et j'en poussais un cri de stupeur horrifié. Ça n'était qu'une hallucination, pourtant. La porte du dortoir s'ouvrit bientôt, une des filles du dortoir étant accourue au cri.
Je n'avais pas été extrêmement aimable ni extrêmement polie à l'égard de ma camarade, mais je n'étais vraiment pas d'humeur. J'étais toujours d'une humeur massacrante lorsque je me réveillais d'un cauchemar. Habituellement, ça ne gênait personne parce qu'elles dormaient toutes quand je me réveillais en sursaut à 4h du matin. Mais là, forcément, j'allais devoir traverser la Salle Commune sans parler à personne sinon j'allais tuer quelqu'un. Ou m'effondrer en larmes, au choix. Le deuxième était plus plausible, bien sûr. J'étais toujours fragilisée au sortir d'un cauchemar, comme si ça avait épuisé toutes mes réserves. Ayant réfléchi une dizaine de secondes entre aller retrouver Zoran dans cette tenue ou me vêtir un peu plus sérieusement, je finis par ouvrir la malle au bout de mon lit et par en sortir un pantalon que je mettais en hiver parce que je refusais de me geler les mollets à cause des jupes qu'on aurait dû porter. Et pour couvrir le haut de ma nuisette, j'avisais un gros pull en laine noir et le passais sur mes bras à présent glacés. Cependant, je mis mes chaussons, parce que je n'avais pas le courage de nouer mes lacets. Et puis je n'étais pas assez réveillée pour faire quoi que ce soit demandant un minimum de réflexion. Sinon, j'aurais sans doute eu la présence d'esprit d'essuyer mes joues humides ou de me passer un coup de brosse. Ou même d'emporter ma baguette. Merlin sait que ma baguette m'aurait été utile par la suite. Descendant les marches en faisant attention à ne pas en rater une, je finis par arriver dans la Salle Commune où les conversations allaient bon train sans que j'en comprenne une seule. Des bribes de paroles entraient par une oreille et sortaient par l'autre sans que j'y prête attention. Mon nom fut appelé et je me retournai un instant vers l'interlocuteur qui me demandait si ça allait. Je haussai les épaules et je quittai la salle commune, chaussons aux pieds. Tout en serrant mes bras autour de moi une fois que le portrait se fut écarté, je me retrouvai alors dans le couloir. Mes pas se firent plus rapides bien que silencieux, étouffés par les chaussons : je descendis bientôt les escaliers en me tenant à la rampe. Le rire de Peeves me força à faire un détour pour l'éviter -il semblait attendre dans un couloir du quatrième étage, sans doute pour provoquer le Baron Sanglant- un des escaliers voulut faire le malin et me remonter jusqu'au sixième étage… Ainsi, alors que je n'étais déjà pas dans mon assiette, les escaliers me firent perdre une parcelle du peu de patience que j'avais encore. J'arrivai enfin au Rez-de-Chaussée et dévalai les escaliers qui menaient vers les sous-sol et la Salle Commune de Serpentard. Ce que je ferais une fois devant ? Je tenterais d'amadouer le portrait d'entrée… Ou peut-être qu'un Serpentard sortirait à ce moment-là. Je me pressai lorsqu'un bruit de raclement de pierres m'annonça que le passage pour la Salle Commune des Serpentards venait de s'ouvrir. Peut-être n'aurais-je pas le temps mais au moins je pourrais soit croiser celui qui en sortait, soit héler celui qui y rentrait.
Sauf que ma quête s'arrêta là. En effet, arrivant au détour du couloir, en haut de quelques marches, je vis deux silhouettes sortir de la Salle Commune. Et de deux silhouettes, il en était une que je connaissais par cœur. Le problème, c'est que Zoran —car c'était lui— n'était pas seul. Des sons déformés que je n'arrivais pas à interpréter se répercutaient sur les murs. J'hésitais. Le voyant la plaquer contre le mur en la tenant par le cou, j'eus pendant une seconde à peine l'envie de repartir d'où je venais. Le voir avec celle que je venais de reconnaître comme cette immonde garce de Mighton me meurtrissait déjà assez pour que je reste plus longtemps. Et pourtant, cette envie fut balayée la seconde d'après. Je ne parviendrais pas à me rendormir avec ces images-là dans la tête, pas plus qu'avec celles du cauchemar. Détournant mon regard des deux Serpentards, j'hésitais encore, ne voulant pas que Zoran croie que je l'espionnais ou quoi que ce soit. Parce que ça n'était pas ça ! C'était juste un sale hasard qui avait voulu que j'arrive au moment où… Merlin, pourquoi ça me faisait aussi mal de le voir ainsi avec cette pourriture de Mighton ? Pourquoi ne pouvais-je pas simplement voir ça rationnellement et peut-être considérer que— Mon regard croisa celui de Mighton. Et cette garce souriait. Cette garce me défiait. Me narguait. Et je… J'aurais voulu pouvoir soutenir son regard, comme Leah soutenait le regard de quiconque ! J'aurais voulu, et je n'en étais pas capable. Pas pendant que Zoran l'embrassait, pas après que je me sois réveillée d'un énième cauchemar, pas maintenant quoi ! J'étais fragile, j'étais faible, ces cauchemars ne cessaient de m'affaiblir et je m'insupportai moi-même. Et ne pouvant supporter plus longtemps cette torture de voir mon frère avec celle que je haïssais viscéralement, je ne retenai plus ma voix hésitante et interrogative :
NON !
Le cœur battant à cent à l'heure, comme des hippogriffes lancés dans une course effrénée, j'étais assise dans mon lit, la respiration haletante, l'air hagard, la chair de poule venant refroidir la sueur dans mon cou. Passant mes mains tremblantes sur mon visage brûlant, j'en écartai des mèches qui venaient obstruer ma vue. Je restai quelques instants assise sous mes draps, la tête enfouie dans mes mains, essayant de chasser les dernières images qui me restaient de cet abominable cauchemar. La bougie à mon chevet s'était allumée dès le moment où je m'étais réveillée et éclairait le réveil. Il était dix-heures, quarante-trois minutes et vingt-six (vingt-sept) secondes. Je m'étais endormie il y avait à peine quarante minutes si j'en croyais la dernière heure que j'avais pu voir avant de fermer les yeux et de sombrer dans un sommeil que j'avais espéré réparateur. Mais rien de tout cela n'était arrivé. Au contraire, j'avais beau me coucher tôt, il semblait que mon esprit ne voulait pas me laisser en paix, que ma conscience avait décidé de me torturer coûte que coûte à n'importe quelle heure. J'étais seule dans le dortoir des cinquièmes années ce qui était normal parce qu'il y avait une petite soirée organisée dans la Salle Commune et que j'avais prétexté une fatigue écrasante pour m'éclipser plus tôt. Celles du dortoir savaient que je dormais mal, elles n'en prendraient pas ombrage. Inspirant lentement, j'essayais de me calmer et d'apaiser ce cœur tambourinant qu'était le mien tandis que les images continuaient d'apparaître devant mes yeux ouverts. Pourquoi ? Merlin, pourquoi ne pouvais-je plus dormir tranquillement ? Pourquoi devais-je toujours me réveiller en sursaut d'un de ces interminables et infernaux songes ? Qu'avais-je fait aux Mages pour que ma conscience ne me laisse pas dormir sans rêver ? Je devais voir Zoran. Oui, ce passage du coq à l'âne pourrait étonner des gens s'ils inspectaient l'intérieur de ma caboche, mais il fallait que je le voie. Lui seul savait me calmer, même moi je peinais à apaiser mon propre esprit. Me crispant à nouveau alors que les yeux gris et terrifiants me revenaient en mémoire, je secouai finalement la tête. Je devais le voir si je ne voulais pas un jour sombrer dans la folie la plus totale et la plus dévastatrice. Et je voulais le voir. L'image de la silhouette fantomatique de Kerry s'afficha soudainement devant mes yeux et j'en poussais un cri de stupeur horrifié. Ça n'était qu'une hallucination, pourtant. La porte du dortoir s'ouvrit bientôt, une des filles du dortoir étant accourue au cri.
- « Nell, ça ne va pas ?
- Si… Non. Juste un— Ça va aller, ça va aller, t'en fais pas. Vas-y.
- T'es sûre que—
- Je te jure. Vas-y. »
Je n'avais pas été extrêmement aimable ni extrêmement polie à l'égard de ma camarade, mais je n'étais vraiment pas d'humeur. J'étais toujours d'une humeur massacrante lorsque je me réveillais d'un cauchemar. Habituellement, ça ne gênait personne parce qu'elles dormaient toutes quand je me réveillais en sursaut à 4h du matin. Mais là, forcément, j'allais devoir traverser la Salle Commune sans parler à personne sinon j'allais tuer quelqu'un. Ou m'effondrer en larmes, au choix. Le deuxième était plus plausible, bien sûr. J'étais toujours fragilisée au sortir d'un cauchemar, comme si ça avait épuisé toutes mes réserves. Ayant réfléchi une dizaine de secondes entre aller retrouver Zoran dans cette tenue ou me vêtir un peu plus sérieusement, je finis par ouvrir la malle au bout de mon lit et par en sortir un pantalon que je mettais en hiver parce que je refusais de me geler les mollets à cause des jupes qu'on aurait dû porter. Et pour couvrir le haut de ma nuisette, j'avisais un gros pull en laine noir et le passais sur mes bras à présent glacés. Cependant, je mis mes chaussons, parce que je n'avais pas le courage de nouer mes lacets. Et puis je n'étais pas assez réveillée pour faire quoi que ce soit demandant un minimum de réflexion. Sinon, j'aurais sans doute eu la présence d'esprit d'essuyer mes joues humides ou de me passer un coup de brosse. Ou même d'emporter ma baguette. Merlin sait que ma baguette m'aurait été utile par la suite. Descendant les marches en faisant attention à ne pas en rater une, je finis par arriver dans la Salle Commune où les conversations allaient bon train sans que j'en comprenne une seule. Des bribes de paroles entraient par une oreille et sortaient par l'autre sans que j'y prête attention. Mon nom fut appelé et je me retournai un instant vers l'interlocuteur qui me demandait si ça allait. Je haussai les épaules et je quittai la salle commune, chaussons aux pieds. Tout en serrant mes bras autour de moi une fois que le portrait se fut écarté, je me retrouvai alors dans le couloir. Mes pas se firent plus rapides bien que silencieux, étouffés par les chaussons : je descendis bientôt les escaliers en me tenant à la rampe. Le rire de Peeves me força à faire un détour pour l'éviter -il semblait attendre dans un couloir du quatrième étage, sans doute pour provoquer le Baron Sanglant- un des escaliers voulut faire le malin et me remonter jusqu'au sixième étage… Ainsi, alors que je n'étais déjà pas dans mon assiette, les escaliers me firent perdre une parcelle du peu de patience que j'avais encore. J'arrivai enfin au Rez-de-Chaussée et dévalai les escaliers qui menaient vers les sous-sol et la Salle Commune de Serpentard. Ce que je ferais une fois devant ? Je tenterais d'amadouer le portrait d'entrée… Ou peut-être qu'un Serpentard sortirait à ce moment-là. Je me pressai lorsqu'un bruit de raclement de pierres m'annonça que le passage pour la Salle Commune des Serpentards venait de s'ouvrir. Peut-être n'aurais-je pas le temps mais au moins je pourrais soit croiser celui qui en sortait, soit héler celui qui y rentrait.
Sauf que ma quête s'arrêta là. En effet, arrivant au détour du couloir, en haut de quelques marches, je vis deux silhouettes sortir de la Salle Commune. Et de deux silhouettes, il en était une que je connaissais par cœur. Le problème, c'est que Zoran —car c'était lui— n'était pas seul. Des sons déformés que je n'arrivais pas à interpréter se répercutaient sur les murs. J'hésitais. Le voyant la plaquer contre le mur en la tenant par le cou, j'eus pendant une seconde à peine l'envie de repartir d'où je venais. Le voir avec celle que je venais de reconnaître comme cette immonde garce de Mighton me meurtrissait déjà assez pour que je reste plus longtemps. Et pourtant, cette envie fut balayée la seconde d'après. Je ne parviendrais pas à me rendormir avec ces images-là dans la tête, pas plus qu'avec celles du cauchemar. Détournant mon regard des deux Serpentards, j'hésitais encore, ne voulant pas que Zoran croie que je l'espionnais ou quoi que ce soit. Parce que ça n'était pas ça ! C'était juste un sale hasard qui avait voulu que j'arrive au moment où… Merlin, pourquoi ça me faisait aussi mal de le voir ainsi avec cette pourriture de Mighton ? Pourquoi ne pouvais-je pas simplement voir ça rationnellement et peut-être considérer que— Mon regard croisa celui de Mighton. Et cette garce souriait. Cette garce me défiait. Me narguait. Et je… J'aurais voulu pouvoir soutenir son regard, comme Leah soutenait le regard de quiconque ! J'aurais voulu, et je n'en étais pas capable. Pas pendant que Zoran l'embrassait, pas après que je me sois réveillée d'un énième cauchemar, pas maintenant quoi ! J'étais fragile, j'étais faible, ces cauchemars ne cessaient de m'affaiblir et je m'insupportai moi-même. Et ne pouvant supporter plus longtemps cette torture de voir mon frère avec celle que je haïssais viscéralement, je ne retenai plus ma voix hésitante et interrogative :
- « Zoran… ? »
Invité- Invité
Re: Game we're playing is Life - Nell (&PNJKarolyn)
- Le souvenir de ma sœur et de sa douceur me manquait. Nell et moi avions, une fois encore, passé la nuit ensemble la nuit dernière. Ses cauchemars l’avaient poussé vers moi, et ce fut les yeux brillants, au bord des larmes, que je l’avais attendu devant le portrait d’entrée. C’était instinctif. Nous savions lorsque l’un avait besoin de l’autre. Son corps se glissa doucement sous manteau noir et ce souvenir m’entrainait bien assez loin de ce monde dans lequel je m’étais intégré malgré moi. J’aimais cette sensation. La consoler. La bercer et lui dire que tout va bien. Que je suis là. Et elle trouverait le sommeil, je m’assurerai qu’elle aille mieux, puis la raccompagnerai quelques minutes avant le levé des élèves de Gryffondor. Je ne me lassais pas de ce schéma répétitif. Bien au contraire. Qu’en était-il ce soir ? Karolyn serait ma partenaire pour quelques heures, puis j’attendrai patiemment la venue de Nell. Il ne sera jamais question de ma camarade, ni même de toutes les autres. Il n’y aura qu’elle. Je ne suis que trop peu bavard lorsqu’il s’agit de moi. Mes mains lâchèrent prise lorsque mon interlocutrice émis un rire amusé et sensuel. Elles s’aventurèrent alors sous une jupe sombre qui cachait de longues jambes soigneusement relevées par des bas noirs et fins. Puis très vite, elle accéléra le pas. Comme si elle s’impatientait. J’aurai du le voir. Elle prenait le risque d’une vengeance à laquelle elle goutera tôt ou tard. Tout était calculé pour blesser cet être que je chérissais. J’étais finement manipulé, et je n’y vis que du feu. Mes mains se bloquèrent sous ses cuisses et je relevais son corps soutenu par ce même mur de sorte à ce que ses jambes se resserrent autour de ma taille. L’excitation suivait la frénésie de ma partenaire. Ses mains plongèrent dans mes cheveux jusqu’à les tirer farouchement. Je laissai faire sans réticence, les yeux à demi clos. Lorsque mes lèvres s’apprêtaient à rejoindre cette bouche affamée une voix hésitante et timide retentit. Je cessai alors brusquement ma course, sourd aux gémissements de Karolyn qui manifestait désormais tout son mécontentement.
« - Zoran… »
Sa voix raisonna en moi. Je relâchai alors doucement ma partenaire que je ne regardai plus désormais. Nell était là. Plus personne ne comptait. Je me retournai sans plus attendre. Et lorsque mon regard gris croisa ses prunelles bleutées, mon souffle se coupa. Je fis alors un pas en avant mais une main timide et pourtant sûre d’elle retint mon bras. Je ne prêtais plus attention aux plaintes de Karolyn, ni même ses tentatives pour me retenir. Ce qui m’arrêta ne fut pas l’insistance de mon interlocutrice, non. Ce qui broyait ce cœur de pierre était le visage défait de Nell. Ses traits tirés. Ses yeux fatigués. Un cauchemar persistant. Mais pas que. La scène à laquelle elle venait d’assister y était pour quelque chose. Je ne pouvais plus lui mentir ou tenter de la rassurer pour effacer ces lèvres tremblantes ou encore ce regard douloureux. Au lieu de ça je retirai la main de ma camarade et rejoignit lentement ma sœur.
Elle se laissa faire. Elle ne bougea pas. Elle avait besoin que je la rassure de ce qu’elle venait de voir mais je n’étais pas en mesure d’effacer ce qui venait de se passer. Cela faisait partie de ce que j’étais. Il me fallait les traiter ainsi pour l’épargner elle. Mais il m’était également impossible de lui révéler ma lutte incessante pour so propre bien. Mes mains sûres et douces surprirent alors Karolyn. J’étais soudainement différent pour elle. Mes bras entourèrent délicatement ce petit être tandis que je posais lentement ma tête dans ses cheveux sans manquer de déposer un doux baiser sur sa peau claire.
« - Laisse toi aller, mon cœur. Ça va aller… »
Je voulais lui demander pardon. Mais je n’y parvenais pas. Elle me connaissait mieux que personne, cependant. Peut-être verrait-elle le sens premier de ce timbre de voix soudainement moins froid et plus aimant.
Lorsque je m’écartai quelque peu d’elle, j’eu cette impression, espérée, qu’elle me retint. Comme si elle ne voulait pas que je l’abandonne de nouveau pour rejoindre les bras d’une autre. Mes doigts se posèrent sur son menton, et je relevai ainsi son visage. Mes lèvres se posèrent lentement sur les siennes, tandis que mes mains lestes et suaves glissèrent dans son cou, comme si je cherchais instinctivement à alimenter cette voix, de nouveau.
Invité- Invité
Re: Game we're playing is Life - Nell (&PNJKarolyn)
Comme si mes yeux n'avaient pu se détacher d'eux-mêmes de ce spectacle atroce, j'observais impuissante et incapable de détourner le regard ce qui me marquait le cœur au fer rouge. Je savais pourtant qu'il en côtoyait d'autres que moi. Certaines étaient plus discrètes que d'autres, quelques unes me le montraient par leurs regards méprisants. Le pire était de lire dans leurs prunelles leur supériorité assurée. Après tout, j'avais beau être en couple avec Zoran, je ne devais pas le combler entièrement puisqu'il allait voir ailleurs, hm ? Cette logique était évidente, mais elle me blessait plus qu'elle ne me faisait raisonner. En fait, je n'étais pas assez bien pour lui, peut-être… Je ne savais pas quoi en penser. Je ne pouvais pas penser, pas maintenant. Les images du cauchemar me revinrent, j'en fermais les yeux brusquement, avant de les rouvrir. Ma voix l'avait arrêté, semblait-il. Il me fixait à présent, nos regards ancrés l'un dans l'autre. Mes bras toujours croisés contre ma poitrine, j'enfonçais mes doigts à travers les grossières mailles du pull noir. Je les serrais encore plus contre moi, pour prévenir d'un tremblement, pour éviter un sanglot que je ne voulais ni ne pouvais laisser retentir en présence de Mighton. Je ne voulais pas lui montrer à quel point j'étais vulnérable sur ce sujet, à quel point voir Zoran avec elle me faisait mal. Aussi je m'efforçai de garder le contrôle de mon corps, de mon apparence, pour ne pas me trahir. Sinon elle ne se gênerait pas. Mes lèvres et mon menton se mirent à trembler doucement, je mordais l'intérieur de ma lèvre inférieure pour contenir ce tremblement. Les yeux toujours dans ceux de Zoran, je commençai à avoir la vue qui se brouillait. Oh oui, j'étais défaite, n'importe qui me connaissant un tant soit peu pouvait le voir et le comprendre. C'est sans doute pour cette raison que Zoran ne s'attarda pas trop longtemps près de cette garce de Mighton. Alors qu'il se rapprochait, je sentais cette boule s'intensifier dans ma gorge, me nouant la trachée, la voix, le souffle. Ses mains glissèrent le long de mon corps jusqu'à ce que ses bras m'enlacent et me serrent contre lui, que sa tête se pose contre la mienne après m'avoir embrassé doucement. Puis sa voix se fit entendre, douce, hésitante, aimante.
Ça allait aller ? Ça allait aller ?! Comment pouvait-il en être aussi sûr ? Est-ce qu'il l'avait vu dans une boule de cristal, ou dans du marc de café, ou dans des feuilles de thé ? Ou quoi ? Serrée contre lui, je fermai les yeux et essayai d'oublier ce que j'avais vu. Ça n'était pas possible, les images de mon cauchemar s'alternaient avec les images de Zoran et Mighton. Un tremblement parcourut tout mon corps, j'étouffai un sanglot qui ne paraîtrait pas, je ne le permettais pas. Pas maintenant. Je finissais par décroiser quelque peu les bras mais sans que je sache si c'était mon mouvement qui avait déclenché le sien, ou le mien qui ne se faisait que maintenant qu'il s'était légèrement écarté. Une peur soudaine de le voir finalement s'écarter pour retourner voir cette Mighton dont je ne savais si elle était encore là où si elle s'était éclipsée me donna envie de le retenir, mais déjà il ne s'éloignait plus. Un nouveau tremblement me faisait frissonner. Ses doigts sous mon menton me firent deviner la suite, ma tête bascula légèrement en arrière alors que j'ouvrais les yeux de nouveau. Ses lèvres sur les miennes, ses mains dans mon cou, un baiser auquel je ne répondais pas. La situation ne pouvait s'y prêter. Je n'avais jamais dit que je savais pour les autres -enfin, au moins pour une autre. L'occasion ne s'était jamais présentée, en fait. Et puis, le lui dire m'aurait fait passer pour quoi ? Une idiote qui avait peut-être sottement cru qu'il se contenterait d'elle… Je déglutis, mon regard d'un bleu terne brillant dans le sien. Je ne le comprenais pas, et en même temps que je le comprenais. Et d'un autre côté, il s'était arrêté, ça voulait bien dire que je signifiais quelque chose à ses yeux, hein ? Non ? Était-ce encore une de mes idées stupides ? J'étais blessée, j'étais fatiguée, j'étais chagrinée, je ne pouvais donc pas me rendre à son affirmation. Je retenais ces larmes depuis que j'étais sortie de mon dortoir, je les retenais encore maintenant, je ne soufflais mot. Parce que le mot m'aurait fait pleurer. Parce qu'un mot, n'importe lequel, aurait montré que j'avais la gorge serrée, ma voix m'aurait trahie, mes yeux le faisaient déjà. Je ne pouvais pas en parler, je ne voulais pas en parler. Parce qu'avoir ses explications pourrait soit me sauver, soit me faire sombrer. Des images de mon rêve me revinrent brutalement, j'en frissonnais de nouveau. Les dernières images, celles qui m'avaient fait me réveiller en sursaut. Et sans vraiment comprendre pourquoi ou comment, j'articulais d'une voix faible, hésitante, qui trahissait toute l'étendue de mon incompréhension :
Ça n'avait rien à voir avec Mighton et lui. C'était ce maudit rêve qui me hantait et empirait nuit après nuit. S'il ne m'avait pas lâchée la main, en rêve, je n'aurais pas sombré dans les airs puis dans les flots. Je ne me serais pas réveillée en sursaut. Je n'aurais pas cherché à le voir pour oublier ce songe. Je ne l'aurais ainsi pas surpris en compagnie de Mighton. En fait, si, ça avait quelque chose à voir avec lui et cette garce, mais c'était secondaire, indirect.
Peut-être que je n'aurais pas dû me coucher aussi tôt, hein ? Les bras ballants le long du corps, je me mettais de nouveau à trembler, autant de froid que de fatigue et que de sanglots. Dérobant mon visage à ses yeux, j'appuyais ma tête contre son torse, nouant mes bras autour de son cou tout en me mettant finalement à sangloter. J'étais beaucoup trop faible pour lui, je ne pourrais jamais le rendre fier, je ne le méritais pas et— Cette dernière pensée fut responsable d'une nouvelle salve de larmes alors que je prononçais des mots incompréhensibles, sorte de gémissement continu et sans queue ni tête. Perdue, je l'étais. Anéantie, aussi. J'avais besoin de lui à un point jamais atteint jusque là, je crois. Si j'avais pu m'en détacher quelque peu, peut-être que ça n'aurait pas fait aussi mal. Mais peut-être que je ne pourrais jamais m'en détacher. Il hantait mes rêves, mais il était le seul à pouvoir apaiser mes craintes. Il était celui qui me connaissait le mieux de tous ceux encore vivants et pourtant, parfois, j'avais tellement peur de ne pas le connaître assez bien. Comme si je ne pouvais pas le comprendre entièrement. Comme si j'étais vouée à souffrir sans en connaître la raison véritable. Parce que j'avais faux, sans le savoir bien sûr. Ce n'était pas que je ne le méritais pas, c'était juste qu'il voulait m'épargner, qu'il voulait me préserver de la violence qui faisait partie de lui et qui l'avait mené à me meurtrir la toute première fois… Aurais-je compris si je l'avais su ? Ça aussi, en étant fatiguée comme je l'étais, je n'aurais su vous le dire.
Je me tus de nouveau. Ce regain de clarté dans mes paroles n'avaient été dû qu'à une vague de colère et de désespoir mêlés après de nouveau l'image de sa main lâchant la mienne. Ce cauchemar me détruisait à petit feu, je voulais ne plus jamais en avoir, mais je n'allais quand même pas cesser de dormir pour y échapper, hein ?
- « Laisse toi aller, mon cœur. Ça va aller… »
Ça allait aller ? Ça allait aller ?! Comment pouvait-il en être aussi sûr ? Est-ce qu'il l'avait vu dans une boule de cristal, ou dans du marc de café, ou dans des feuilles de thé ? Ou quoi ? Serrée contre lui, je fermai les yeux et essayai d'oublier ce que j'avais vu. Ça n'était pas possible, les images de mon cauchemar s'alternaient avec les images de Zoran et Mighton. Un tremblement parcourut tout mon corps, j'étouffai un sanglot qui ne paraîtrait pas, je ne le permettais pas. Pas maintenant. Je finissais par décroiser quelque peu les bras mais sans que je sache si c'était mon mouvement qui avait déclenché le sien, ou le mien qui ne se faisait que maintenant qu'il s'était légèrement écarté. Une peur soudaine de le voir finalement s'écarter pour retourner voir cette Mighton dont je ne savais si elle était encore là où si elle s'était éclipsée me donna envie de le retenir, mais déjà il ne s'éloignait plus. Un nouveau tremblement me faisait frissonner. Ses doigts sous mon menton me firent deviner la suite, ma tête bascula légèrement en arrière alors que j'ouvrais les yeux de nouveau. Ses lèvres sur les miennes, ses mains dans mon cou, un baiser auquel je ne répondais pas. La situation ne pouvait s'y prêter. Je n'avais jamais dit que je savais pour les autres -enfin, au moins pour une autre. L'occasion ne s'était jamais présentée, en fait. Et puis, le lui dire m'aurait fait passer pour quoi ? Une idiote qui avait peut-être sottement cru qu'il se contenterait d'elle… Je déglutis, mon regard d'un bleu terne brillant dans le sien. Je ne le comprenais pas, et en même temps que je le comprenais. Et d'un autre côté, il s'était arrêté, ça voulait bien dire que je signifiais quelque chose à ses yeux, hein ? Non ? Était-ce encore une de mes idées stupides ? J'étais blessée, j'étais fatiguée, j'étais chagrinée, je ne pouvais donc pas me rendre à son affirmation. Je retenais ces larmes depuis que j'étais sortie de mon dortoir, je les retenais encore maintenant, je ne soufflais mot. Parce que le mot m'aurait fait pleurer. Parce qu'un mot, n'importe lequel, aurait montré que j'avais la gorge serrée, ma voix m'aurait trahie, mes yeux le faisaient déjà. Je ne pouvais pas en parler, je ne voulais pas en parler. Parce qu'avoir ses explications pourrait soit me sauver, soit me faire sombrer. Des images de mon rêve me revinrent brutalement, j'en frissonnais de nouveau. Les dernières images, celles qui m'avaient fait me réveiller en sursaut. Et sans vraiment comprendre pourquoi ou comment, j'articulais d'une voix faible, hésitante, qui trahissait toute l'étendue de mon incompréhension :
- « Pourquoi tu m'as laissée tomber ? Pourquoi tu m'as lâchée ? »
Ça n'avait rien à voir avec Mighton et lui. C'était ce maudit rêve qui me hantait et empirait nuit après nuit. S'il ne m'avait pas lâchée la main, en rêve, je n'aurais pas sombré dans les airs puis dans les flots. Je ne me serais pas réveillée en sursaut. Je n'aurais pas cherché à le voir pour oublier ce songe. Je ne l'aurais ainsi pas surpris en compagnie de Mighton. En fait, si, ça avait quelque chose à voir avec lui et cette garce, mais c'était secondaire, indirect.
Peut-être que je n'aurais pas dû me coucher aussi tôt, hein ? Les bras ballants le long du corps, je me mettais de nouveau à trembler, autant de froid que de fatigue et que de sanglots. Dérobant mon visage à ses yeux, j'appuyais ma tête contre son torse, nouant mes bras autour de son cou tout en me mettant finalement à sangloter. J'étais beaucoup trop faible pour lui, je ne pourrais jamais le rendre fier, je ne le méritais pas et— Cette dernière pensée fut responsable d'une nouvelle salve de larmes alors que je prononçais des mots incompréhensibles, sorte de gémissement continu et sans queue ni tête. Perdue, je l'étais. Anéantie, aussi. J'avais besoin de lui à un point jamais atteint jusque là, je crois. Si j'avais pu m'en détacher quelque peu, peut-être que ça n'aurait pas fait aussi mal. Mais peut-être que je ne pourrais jamais m'en détacher. Il hantait mes rêves, mais il était le seul à pouvoir apaiser mes craintes. Il était celui qui me connaissait le mieux de tous ceux encore vivants et pourtant, parfois, j'avais tellement peur de ne pas le connaître assez bien. Comme si je ne pouvais pas le comprendre entièrement. Comme si j'étais vouée à souffrir sans en connaître la raison véritable. Parce que j'avais faux, sans le savoir bien sûr. Ce n'était pas que je ne le méritais pas, c'était juste qu'il voulait m'épargner, qu'il voulait me préserver de la violence qui faisait partie de lui et qui l'avait mené à me meurtrir la toute première fois… Aurais-je compris si je l'avais su ? Ça aussi, en étant fatiguée comme je l'étais, je n'aurais su vous le dire.
- « T'avais pas le droit, Zoran ! T'avais ju—uré que tu me protègerais ! Tu… »
Je me tus de nouveau. Ce regain de clarté dans mes paroles n'avaient été dû qu'à une vague de colère et de désespoir mêlés après de nouveau l'image de sa main lâchant la mienne. Ce cauchemar me détruisait à petit feu, je voulais ne plus jamais en avoir, mais je n'allais quand même pas cesser de dormir pour y échapper, hein ?
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