Because we can not avoid each other forever { fratrie McCormick

J'observai mon parchemin avec l'envie irrésistible de me mettre à pleurer, ce que je n'allais sans doute pas faire pour si peu. Je relis pour la énième fois les quelques lignes écrites de ma main avant de soupirer, jetant un coup d'œil à mon livre de potion avec désespoir. J'avais planché une partie de la nuit sur ce devoir sans réussir quoi que ce soit de potable. J'en avais les yeux qui brûlaient désagréablement. J'étais généralement une bonne élève, bien que dispersée et lunatique, alors pourquoi n'arrivais-je pas à faire ce devoir maudit? Laissant tomber ma plume, je me frotte les yeux, essayant d'en chasser leur picotement déplaisant, sans grand succès. Je finis par capituler, rangeant mes effets dans mon sac, j'entrepris de rejoindre la Grande salle, m’éloignant ainsi du silence étouffant de la bibliothèque. Ça ne servait à rien de m’acharner sur ce fichu devoir. J’y arriverais pas de toute façon. Mon esprit tournait en boucle sur certaines choses qui n’aurais jamais dû se produire et pourtant…Ça m’empêchait de dormir sur mes deux oreilles, mes rêves étaient peuplés de ces moments étrange, où plutôt de CE moment. Un moment qui m’avait plu, que je revivrais sans aucun problème en boucle, mais qui me faisait réellement peur d’une certaine façon. Je m’arrêtai à la porte de la Grande Salle, coulant un regard vers la table des Jaunes. Caleb n’était pas là, mais je repérai Chelsea parmi les quelques élèves présents. Je me mordis la lèvre en identifiant la silhouette de Tanner non loin d’elle. Inspirant profondément, rassemblant mon courage, je m’avançai vers la Table de ma maison. M’installant devant mon amie, je soufflai un léger : « Bonjour.» Je pinçai légèrement les lèvres alors que mes yeux se posèrent sur Tanner. Je levai la main, lui fit un petit signe de salutation, le rouge aux joues.

Depuis le soir où il m’avait trouvé, pleurant, près du lac noir, je ne l’avais pas recroisé, c’était comme si nous nous évitions mutuellement. Je ne savais pourquoi, je redoutais le moment où nous serions face à face. Sans doute avais-je un peu peur de la façon dont les choses tourneraient à ce moment-là. La tournure imprévue de notre dernière rencontre me laissait encore une drôle de sensation, semblable au rêve. Dès que je fermais les yeux, j’avais l’impression de revivre ce moment, en boucle. C’était plutôt bizarre. Depuis, j’étais constamment dans un mélange de songe et de réflexion, comme dans un dilemme moral quelconque entre le bien et le mal. Mais il ne s’agissait pas de cela, je le savais. C’était un peu plus doux, mais il n’en restait pas moins que j’étais franchement perdue. Je tendis la main, pigeant au hasard, d’un air rêveur, une pomme dans l’un des nombreux saladiers. Je ne le portai pas à ma bouche cependant, préférant la faire rouler entre mes doigts, jouant avec de façon inconsciente. Je n’avais pas vraiment faim, en réalité, c’était plus histoire de m’occuper les mains qu’autre chose. Je me demandais si Tanner avait raconté notre échange à sa sœur, néanmoins, si ce fut le cas, elle le cachait bien. Je ne savais d’ailleurs pas comment mon amie réagirait si elle savait que son frère m’avait embrassée, si elle savait le plaisir que j’avais pris à être dans ses bras et tout ce que son contacte avait éveillé en moi. Sentant ma peau brûlée, je levai les yeux vers Tanner qui semblait m’observer, à moins que je ne fus paranoïaque? Qu’importait, mes joues s’empourprèrent subitement.

Je baissai les yeux vers le fruit que je faisais toujours tourner entre mes doigts fins, réellement décidée à ne pas la manger. Pourquoi mon estomac était-il si noué soudainement? Sans doute courais-je quelque chose, un virus ou un truc du genre. Oui, j’étais d’une naïveté désolante et exaspérante. J’étais sans doute trop « gamine » dans mes propos, mais je ne comprenais pas et je ne voyais rien d’autre. J’observai un moment Tanner, l’air absent, essayant de mettre le doigt sur ce qui clochait chez moi, sans grand succès. J’étais sans doute ce genre de personne à qui l’on devait présenter une évidence pour qu’elle la remarqua, qu’on lui ouvre les yeux sur ce qui lui pend au bout du nez, parce qu’elle ne le verra jamais. Je mordis dans ma pomme, résignée. Le goût sucré du fruit me fit doucement grimacé alors que je m’efforçais d’avaler ma bouchée. Posant l’aliment sur la table, réellement décidée à ne plus y toucher cette fois, je me tournai vers McCormick frère avec un sourire pâle, réellement intimidée et gênée. «Je suis contente de te voir.» Je me mordis la lèvre, mon visage rougissant. Pourquoi avais-je sortie cela? Le plus innocemment du monde certes, mais tout de même. J’aurais sans doute mieux faire de me taire. J’avais un talent inné pour me mettre les pieds dans les plats et dire ce qu’il ne fallait pas. Je préférais ne pas voir sa réaction, j’en avais un peu peur, je l’avoue. C’était tout moi ça, innocente au-delà du possible, naïve et trouillarde par-dessus le marché! Je devais vraiment devenir exaspérante au bout du compte. Je posai mes yeux sur ma meilleure amie, la tête doucement inclinée. «Tu as prévue quelque chose aujourd’hui, Chels’?» Demandais-je doucement. Nous étions Samedi, elle devait bien avoir prévu un truc non? J’espérais simplement que ça n’incluait pas Adam Meyer ou encore Clyde Andrews. Si le premier m’intimidait réellement, l’autre me faisait vraiment froid dans le dos…en plus de m’intimider. Je n’aimais pas la voir traîner avec eux..