« On va perdre mais l'essentiel, c'est qu'on rigole bien. » [Skye]

Il allait certainement arriver en avance. D’un pas calme, Ewan O’Griffin arpentait tranquillement un couloir du première étage, les mains fourrées dans les poches de la tenue réglementaire de l’école. Peu de monde déambulait dans les corridors de Poudlard, aujourd’hui. Il devait être aux alentours de 18h. Les rayons du soleil baignaient le parc verdoyant. L’air était doux, agréable ; presque chaud. Une si belle occasion ne se refusait pas : presque tous les élèves avaient migré dehors, des vêtements plus légers sur le dos. Certaines demoiselles semblaient presque avoir l’intention de bronzer. Allongées dans l’herbe, les yeux clos, elle attendait que leurs peaux dorent sous l’éclat du soleil. On pouvait se vanter d’avoir bronzé dans les Caraïbes, dans le sud de la France ou au Maroc. Mais il n’y avait rien de plus pompeux que se targuer d’un bronzage issu du soleil du Royaume-Uni. Autant dire que ce genre de vantardise était plus que rare – pour ne pas dire inexistante.

Ewan, lui, ne supportait pas le soleil. Il était fier de sa blancheur de peau, et ne pâlissait pas devant un bronzage parfait. La chaleur, les vacances cuisantes d’été… non, il n’aimait pas. Il préférait lire un bon livre à l’ombre, sous les doux relents des climatisations moldues. Mais il ne se rendait pas dehors. Dire qu’il avait un rendez-vous entre les murs du château aurait été prétentieux. Disons alors qu’il se rendait dans le même lieu qu’une de ses amies à une heure précise. Vous ne voyez pas la nuance ? Tant pis. Il tourna à l’angle du couloir et vit, de loin, le lieu d’entrevue. Il ne savait pas vraiment ce qu’ils allaient faire. Mais cela promettait d’être divertissant. Quoi de mieux que les toilettes désaffectées du château pour être tranquille ? Ils allaient se changer les idées, c’était plus que certain. Et ils en avaient bien besoin. Pour le Serdaigle, ce bon temps passé en compagnie de Skye était salvateur ; il était une pause dans son emploi du temps de ministre de la magie. Il avait choisi trop d’options, encore une fois. Et, quelles que soient les conséquences de leurs actes, le principe était qu’ils avaient bien ri. Comme disait Skutella : « On va perdre mais l'essentiel, c'est qu'on rigole bien. ». Il atteignit enfin la porte.

Il tourna délicatement la poignée, et pénétra à l’intérieur de la pièce. Un Capharnaüm. Pour décrire ces toilettes désaffectées, on ne savait pas par où commencer. Les portes en bois des toilettes étaient défoncées, elles gisaient sans dessus dessous. Certaines tenaient encore sur leurs gonds, et menaçaient de s’effondrer d’une minute à l’autre. D’autres n’étaient plus distinguables, tant elles étaient émiettées. Les lavabos ne méritaient plus de porter ce nom. Il n’y en avait qu’il qui était encore accroché au mur. Sale, craquelé. Les autres étaient fendus et s’étalaient par terre. On pouvait trouver des robinets en étain sous les monceaux de bois et de verre, mais aussi sous les ruines des portes. Au mur, on devait y trouver des miroirs. A présent, il restait quelques morceaux de verre pointus accroché. Il n’y en avait qu’un qui était entier. Mais il était rayé, extrêmement amoché. Ewan s’en approcha, et il put lire un « Serpentard au pouvoir ! » gravé à l’aide d’un des bouts de verres qui jonchaient le sol. Sans doute.

Il devait être 18h passé, à présent. Sa cadette n’allait pas tarder à arriver. En attendant, il alla se planter devant les fenêtres qui, par on ne sait quel miracle, étaient en parfait état. Le parc commençait à prendre la teinte rosée du soleil couchant.