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Can you keep a secret? Ft Montana | TERMINÉ

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Can you keep a secret? Ft Montana  | TERMINÉ Empty Can you keep a secret? Ft Montana | TERMINÉ

Message par Quinn Harper Dim 29 Aoû - 3:38

Ce n'avait été que douleur. Une douleur terrible dont j'ignorais la provenance tant elle était rependue dans tout mon corps. Était-ce ma tête qui me faisait mal? Mon dos ou alors simplement ma cage thoracique qui protestait à chaque fois que je respirais? C'était impossible à dire. Et j'aurais opté pour chacune des parcelles de mon anatomie. Qu'avais-je fais pour mériter cela? Oui, peut-être. Je dis bien, peut-être, était-ce que justice pour avoir tuer un pauvre et innocent élève. Mais tout cela était très loin. Tout ce que je savais, ce dont j'avais conscience, c'était la pierre froide sous mon corps dénudé, la chaleur écœurante de celui de Teel, la douleur envahissant en mon bas ventre. J'ignore le temps que cela dura. Tout ce que je savais, c'était qu'il avait réussit à me brisée, et que maintenant, il s'amusait avec moi, comme un chat avec sa souris. Je sentais les larmes glissées silencieusement sur mes joues, ne souhaitant qu'une chose, que son cerveau se débranche totalement. Ce qui arriva. Heureusement. Cela rendait la chose tellement plus facile. Du moins, plus endurable que si j’avais été éveillé pendant que ce type s’amusait avec moi. Oui. Heureusement que le cerveau humain avant une capacité à se protéger contre la douleur lorsqu’elle devenait trop intense.

Ce fut le noir, simplement le noir. Il eu un bruissement, un chuchotis, néanmoins, lorsque j'ouvris les yeux, je ne vis que du brouillard avant de sombrer de nouveau. J'ignore combien de temps se déroula avant que j'ouvris les yeux. Mais le soleil était coucher, il faisait noir dans la salle de classe. Il me fallu un moment pour comprendre que je n'étais plus dans la salle de classe, mais dans un lit moelleux, recouverte de couverture. Ce n'était pas mon lit, l'absence des rideaux bleus me l'indiqua. Je compris, après quelques secondes, que j'étais allongée sur l'un des lits de l'infirmerie. Je voulu me redresser, mais une douleur lancinante envahit mon abdomen. Je gémis légèrement avant de me laisser retomber. Des bruits de pas se firent entendre et je tournai la tête vers le bruit. L'infirmière s'approcha de moi avec un léger sourire compatissant. « Vous vous sentez bien, Miss Harper?» Je ne répondis que par une légère grimace. Elle hocha doucement la tête avant de pointé le coter gauche de mon lit du menton. « C'est un sacré coup que vous avez eu à la tête, heureusement que Miss Jones vous à trouver. Reposez-vous maintenant.»Ce n'est que lorsque le nom de Montana me fit tourner la tête vers ma gauche alors que l'infirmière s'éloigna.

J'ignorais ce qu'avais vu mon aînée. Non en fait, je me doutais de ce qu'elle avait vu. Mon corps dépouillé de vêtements allongé sur les dalles froides d'une salle de classe. Un corps ressemblant plus a une carcasse qu'à un corps. Elle avait sans doute vu les multiples contusions, les bleus, les plaies. Mais je ne réalisais pas vraiment ce qui s'était passé. C'était comme une vie parallèle. Comme si ce n'était qu'un cauchemar qui me hantait encore comme un vague souvenir d'une vie révolue. J'étais engourdie. Je décollai mon regard de la silhouette endormie de Montana pour regarder le plafond. Ma tête me faisait mal, mais j'endurais. Il y avait pire. Je fermai les yeux, espérant qu'à mon tour, j'allais sombre dans les bras de Morphée. C'était sans compter sur les images terribles qui m'assaillaient sans cesse. Je portais mes mains à mes yeux, comme dans un espoir naïf de chasses les images du corps d'Aden Teel contre le mien. Quand bien même avais-je l’impression que cela c’était passer dans une autre vie, que ce n’était qu’un cauchemar, mon corps se souvenait des coups, de sa peau contre la mienne, de sa chaleur contrastant avec le froid de la pierre. C’était une blessure tenace. Si celles qui parcouraient mon corps allaient disparaître tranquillement, celle de mon âme elle, allait être plus tenace.

Mon regard retomba sur Montana et je soulevai la main, incertaine si je devais la réveiller ou non. Je n’aimais pas Montana, je la détestais même, mais elle m’avait tout de même secouru, alors que visiblement, elle non plus, ne m’aimait pas. Je soulevai doucement la main vers son épaule, hésitante. Peut-être ferais-je mieux que la laisser dormir. Cependant, rester seule avec mes monstres de mon esprit... Je mordis ma lèvre enflée par les coups de Teel, me demandant ce qui était le mieux. Cette scène éveilla des souvenirs enfouit en moi, que j’aurais préféré oublier. Une fillette dans un lit d’hôpital moldu, les appareilles sonnants autour d’elle, sa peau aussi pâle que les draps, son sourire faiblard sous la lumière des néons, tenant ma petite main dans la sienne et me rassurant. Alors qu’au fond, ça aurait dû être le contraire. C’est moi qui aurais dû la rassurer, c’était elle, la malade. La réalité était que Liv a toujours été plus forte que moi. Je me demandais ce qu’elle me dirait, à cet instant précis. J’imaginais la scène, et dans ma tête, Liv était toujours cette gamine maigrichonne et chauve. Elle me regardait en souriant, compatissante, me disant que tout irait bien, que ça ne se reproduirait plus, que tout finirait bien. Et moi, égale à moi-même, qui lui demanderait comment cela pourrait bien aller alors que je venais de me faire violer.

Le mot me frappa en plein fouet, arrêtant l'air dans mes voies respiratoires. Un sanglot pointa le bout de son nez, et j'essayai de le retenir tant bien que mal. C'était réellement ça. Il m'avait prise de force, il m'avait détruit à petit feu, me faisant céder petit à petit pour finalement briser entièrement ma volonté. Alors, pourquoi l’infirmière ne m’avait-elle pas posé de questions? Poudlard n’acceptait pas les violeurs dans son enceinte. Montana avait sans doute trouvé une excuse quelconque. Laquelle? Essayant de reprendre mon calme, je posai ma main sur l'épaule de mon aînée. « Montana?» ma voix n'était qu'un murmure brisé, enraillé. Elle me sembla étrangère, mais je fis de mon mieux pour ne pas y prêter attention. Sa simple tonalité cassée aurait suffit pour me faire pleurer. Cette voix qui était mienne était aussi brisée que moi à cet instant. Combien de temps cela prendrait-il avant que je réussisse à me reconstruire? M’efforçant de ne pas y songer, je secouai doucement mon vis-à-vis. Je redoutais ses questions, mais je voulais qu’elle ouvre les yeux, que sa voix envahisse la pièce de son chuchotis, meublant le silence. Je répétai son prénom, souhaitant qu’elle se réveille. Je voulu me redresser, mais le mouvement me tira une grimace de douleur, doubler d’un vertige. J’avais du me cogner la tête plus durement que je ne l’aurais cru au départ. « Montana? S’il te plaît, réveille-toi…» Ma voix s’était faite presque suppliante cette fois-ci.


Dernière édition par Quinn Harper le Mar 18 Jan - 1:34, édité 2 fois
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Message par Montana D. Jones Sam 11 Sep - 11:17

Je remuais péniblement la tête, tâchant de me tirer des cauchemars étourdissants qui troublaient mon sommeil et m’assaillaient. Rassurée de savoir Quinn entre de bonnes mains, je m’étais petit à petit laissée aller au repos après avoir ensorcelé l’infirmière : la journée avait été épuisante et je n’étais sans doute guère au bout de mes émotions, nul besoin d’être une médium pour le pressentir. Je rêvais de vengeance sanglante et de réparation pour le mal qui avait été fait à ma condisciple, frustrée cependant de me savoir impuissante à agir seule. Je n’avais jamais vraiment beaucoup aimé Quinn – c’était le cas de le dire – mais mon récent entretien avec elle et mes dernières réflexions m’avaient fait voir les choses sous un jour tout différent, et je ne pouvais envisager de ne pas exiger un juste châtiment. Quel qu’était le monstre qui l’avait sauvagement violée, il méritait un aller simple pour Azkaban – je n’excluais pas non plus totalement un baiser de Détraqueur, tentant cependant de ne pas faire justice moi-même. Mais Merlin qu’il le méritait ! Rien ne m’assurait malgré tout que la Serdaigle me révèlerait l’identité de son violeur ; je n’escomptais d’ailleurs pas le lui demander directement : il était encore trop tôt, les plaies trop à vif, pour l’obliger à revivre ce souvenir abominable. La tête inclinée de côté, le menton posé sur mes bras étendus dans la posture d’un chat au repos, j’espérais sans vraiment y croire que tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve, que jamais je n’avais trouvé Quinn meurtrie dans une salle sombre. J’allais me réveiller bientôt face au visage de Tradd ou l’expression rassurante et inquiète de Curtis, et oublier tous ces mauvais songes. Je ne pouvais imaginer le calvaire de Quinn : ce monde de mort et de violence, cette brutalité sauvage m’étaient inconnus, moi qui dans mon univers rude et pas toujours facile était pourtant l’objet de bien plus de soins et d’affection que je ne l’avais jusqu’alors réalisé.

Le silence le plus absolu m’entourait, impénétrable et angoissant : aucune lumière ne venait titiller mes paupières, aucun mouvement ni bruissement d’étoffe ne rompait les ténèbres muettes. J’étais comme aveugle et sourde, avec pour seule sensation ce tissu rêche et aseptisé sous mes doigts fins, la présence macabre et obsédante de ce fait monstrueux : une élève avait été violée. L’on pouvait mourir, souffrir, connaître un acte sexuel forcé dans Poudlard et ce dans le plus grand anonymat. Seigneur, je n’osais même imaginer ce qu’il serait advenu de Quinn si je ne l’avais pas trouvée : serait-elle restée là, plaie vivante au poisseux manteau de honte, jusqu’au lendemain matin ? Un gémissement, soudain, faible et diffus ; non, ne me dites pas que j’étais revenue à cet instant affreux. J’allais rouvrir cette maudite porte, manquer à nouveau de vomir à la vue du corps brisé de Quinn, réaliser maladroitement ces soins pour lesquels je n’avais pas de compétence réelle. Je ne voulais pas croiser son regard éteint, morne et sans vie, me refusant pleinement à contempler cette coquille vide à la flamme de vie dérobée, à la virginité souillée. Car j’avais toujours supposé comme une espèce d’évidence que Quinn était vierge : oh, elle n’avait jamais manqué de prétendants, mais aucun n’avait semblé retenir son attention durant les trois années qu’elle avait passé ici à Poudlard. Si comme je le croyais elle possédait encore sa fleur, elle était sans le moindre doute réservée à Clyde ; mais jamais encore il n’était venu la cueillir.

Un bruit, soudain. Je ne bougeais pas, tentant désespérément de me raccrocher de toutes mes forces à l’illusion de plus en plus mince que tout ceci n’était que le fruit de mon imagination quelque peu détraquée ces temps derniers. Mais je savais la vérité : jamais mon esprit ne m’aurait fourni semblable vision : j’avais beau ne pas être parmi les fans d’Harper, je ne lui aurais jamais souhaité de tels maux. J’ignorais même quelle serait ma réaction si elle s’éveillait sous peu : devais-je m’en aller sobrement, la laisser seule ? C’était à tous points de vue la pire chose qu’il m’était possible de faire ; elle allait avoir besoin de moi, ou même pas : d’une simple présence. Le fait que j’étais une femme constituerait peut-être pour elle une certaine forme de réconfort : ma douceur féminine jouerait, croyais-je, en ma faveur. Il me fallait en tous les cas l’assurer au minimum de mon silence sur ce qui s’était produit.

La sensation d’une main sur ma peau, légère, douce et presque hésitante : un léger choc. Impossible à présent de feindre le sommeil, j’étais bel et bien éveillée, remuant les yeux derrière le rideau impénétrable de mes paupières closes. « Montana ? » La voix me surprit par sa tonalité basse et voilée, bien différente du ton impérieux, autoritaire et assuré qui était ordinairement celui de la Queen. Un murmure diminué à peine audible. La voix d’une autre, définitivement pas celle de la Quinn que je connaissais. Elle répétait mon prénom, plus pressante cette fois comme animée d’un sentiment d’urgence : une voix où, j’avais vu juste, le besoin perçait, avec une cruelle et poignante nécessité. « Montana ? S’il te plaît, réveilles-toi … » S’il te plait. Je n’en croyais pas mes oreilles, refusant presque d’assimiler que Quinn Harper ait fait usage de ce terme à mon égard. Cela ne pouvait pas être, simplement. J’ouvris aussitôt les yeux sur le visage ravagé de Quinn et pinçais discrètement mon bras de ma main gauche : rien à faire, l’hallucination persistait. Je fixais ensuite le mur juste à côté de son oreille, refusant catégoriquement de croiser ses yeux vides, délavés et son pâle visage de fantôme anémié. « Ah … tu es consciente. » Je m’en voulus aussitôt de sortir pareille banalité, mais que dire à une ennemie de longue tradition qui venait de se faire dérober contre son gré son propre corps ? « Je … l’infirmière ne sait rien … le coup contre le mur et la chute dans l’escalier, c’est un bobard. J’ai pensé que tu ne voudrais pas … enfin, que ça se sache. Tu vois. » J’étais maladroite, hésitante et gênée sans savoir quel comportement adopter. Je n’étais pas psychomage, et certainement pas la mieux indiquée pour la réconforter mais hélas, elle allait devoir se satisfaire de qui elle avait sous la main …
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Message par Quinn Harper Lun 27 Sep - 3:07

Le silence qui m'avait tenu compagnie depuis que je m'étais extirpée de se sommeil sans rêve avait été assourdissant. Il avait semblé me reprocher mes actes, me dire que je n'étais que l'ultime coupable de tout cela. Que si j'avais agit différemment à base, jamais ça ne se serait produit. Peut-être était-ce vrai. Si je n'avais jamais approché Clyde, si j'avais fais des choix différents depuis le départ, je n'aurais jamais torturé ce Poufsouffle, jamais Aden Teel m'aurait obligé à le tuer, jamais il ne m'aurait fait chanter et jamais il ne m'aurait par la suite violé sauvagement comme il venait de le faire. Plus j'y pensais, moins je me voyais comme la victime, mais comme la coupable. Tout cela ne provenait pas d'une suite d'événement tragique et je n'avais pas été de celles qui étaient là au mauvais moment. Non. Tout ceci résultait de mes mauvais choix, de ce que j'avais voulu, de moi. C'était principalement pour faire taire ce raisonnement qui allait et revenait dans ma tête que j'essayais de réveiller Montana. Savoir qu'elle était réveillée, les yeux posés sur moi, quand bien même se foutait-elle de mon état, quand bien même cela attirerait une dispute quelconque, elle serait réveillée, détournerait mon attention de mes idées noires.

J'avais vu ce léger choc qui parcourut le corps de mon aînée lorsque je lui frôlai l'épaule de mouvement hésitant, lorsque j'avais prononcé son nom d'une voix éteinte et dépourvue de ses accents hautains qui la caractérisait en générale. Je savais qu'elle était éveillée, mais j'ignorais si je devais en ressentir du soulagement ou de la peur. Je me demandais comment elle allait réagir. Simplement partir sans un regard? Dans ce cas, pourquoi était-elle restée près de moi pendant toutes ces heures où j'avais été inconsciente? Ça n'avait que très peu de sens. Et puis, bien que je n’aime pas particulièrement Montana, je l'avais assez bien observé pour savoir qu'elle ne faisait pas partie de ces adolescentes dont le sort des autres était insignifiant. Elle passait son temps à aider les autres, à venir en aide au plus faible, à faire de son mieux pour rendre la vie des pauvres martyrs de l'école moins pénible. Je me doutais bien qu'elle ne partirait pas simplement, ou encore qu'elle n'était pas là pour s'amuser du drame qui venait de se produire dans l'enceinte de son école adorée. Néanmoins, une partie de moi refusait de croire que c'était elle qui m'avait trouvé dans la salle d'étude vide. Pourquoi aurait-il fallut que ce soit elle et non une personne qui m'était proche? J'ignorais du mieux possible cette petite voix grêle dans ma tête qui me disait que c'était mieux ainsi. Quel drame aurait-il eu lieu si c'était Clyde ou Emalee qui m'avait trouvé? Je préférais ne pas y penser.

Ce ne fut que lorsque je répétai le nom de Montana, la suppliant presque, qu'elle bougea. Je ne croisais pas son regard, comme si elle évitait soigneusement le mien. Je comprenais d'une certaine façon, mais ce comportement me fit mal. Était-ce parce qu'elle ne voulait pas voir les yeux d'une fille qui avait choisit de souffrir? Qu'elle ne pouvait pas croiser mon regard de peur d’éprouver de la pitié? Parce que ça lui faisait mal? Je me mordis la lèvre puis baissa les yeux, ramenant mes mains vers moi, les croisant sur mon ventre, mes ongles s’enfonçant dans ma peau pâle sans même que je ne m’en rendis compte. «Ah … tu es consciente.» J’hochai vaguement la tête, ne relevant même pas la banalité affligeante de ses paroles. Il était évident qu’elle ne savait pas comment réagir, et maintenant qu’elle était éveillée, je ne savais pas non plus ce que je devais dire ou faire. «Je … l’infirmière ne sait rien … le coup contre le mur et la chute dans l’escalier, c’est un bobard. J’ai pensé que tu ne voudrais pas … enfin, que ça se sache. Tu vois.» Que devais-je dire, exactement? La remercier? Lui dire qu’elle aurait du tout dévoilé?

Je gardai le silence un moment, le laissant se prolonger. Moi qui avais voulu l’anéantir en tirant mon aînée du sommeil, je le laissais maintenant planer sans savoir quoi dire ou faire pour le briser. Je soupirais discrètement. J’aurais voulu me redresser, lui demander de me regarder, de me dire ce qui clochait avec tout ça, mais je ne pouvais pas. Mon corps n’était rien d’autre qu’une plaie béante qui me faisait souffrir le martyr. J’osais à peine respirer. « Je…euh…merci. » Je ne trouvais pas quoi dire de plus. Je pinçai les lèvres, anxieuse, mal à l’aise. Mais ces sentiments étaient faibles contrairement à la douleur poignante qui me ravageait. Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais le sourire carnassier de Teel qui prenait son pied, s’amusant avec moi comme avec une vulgaire poupée mise à sa disposition pour satisfaire ses envies les plus sadiques. Je reportais mon attention sur Montana, alors qu’elle regardait toujours au-delà de mon épaule. « Désolée que tu ai dû…voir ça » Cela pouvait paraître étonnant, mais je l’étais vraiment. Je ne l’aimais pas, mais je me disais qu’elle ne méritait pas de trouver un corps mutilé dans une salle de classe. J’enfonçai plus profondément mes ongles dans ma peau, avant de jeter un coup d’œil à la peau rougit de mes avant-bras. « Qu’est-ce que j’ai fais, Montana? » Ma voix était encore un murmure pâle et grinçant à mes oreilles, comme si ce n’était pas moi qui avait prononcé ces paroles.
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Message par Montana D. Jones Ven 15 Oct - 21:12

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers ...
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.
- Charles Baudelaire.


Réconforter Quinn ... était-ce d'ailleurs en mon seul pouvoir ? N'aurais-je pas mieux fait de m'en aller quérir Clyde ou Emalee qui, eux, étaient chers à son cœur et sauraient très certainement lui apporter un réconfort dont je n'usais que maladroitement ? Oui, j'aurais du - mais je ne le faisais pas. Je craignais l'emportement de ma cadette et une précipitation vers la salle commune du coupable pour une vengeance trop hâtive, redoutais à l'inverse la froideur de Clyde ; en ces circonstances, seule restait comme option la simple sollicitude, avant de la remettre en des mains plus expertes. Mais je peinais à soutenir son regard vide et sans consistance, ne cherchant même plus à me défendre de la culpabilité qui me griffait l'estomac : moi qui dans maintes visions avais vu périr plusieurs de mes proches, le spectacle de ce corps brisé, ravagé me donnait purement et simplement la nausée. Comment dans ces conditions trouver la force de lever les yeux vers elle, plonger mon regard dans cette rivière émeraude béante que j'avais connue débordant d'orgueil et de suffisance ? J'étais folle de colère après Clyde pour avoir laissé cela survenir, une colère épouvantable que je ne m'expliquais pas puisqu'à mes propres yeux, Quinn n'avait jamais eue que l'importance d'une ennemie - du moins tâchais-je de m'en convaincre.

Une ennemie que - il m'en coûtait de le reconnaître, après l'ardeur que mettaient nombre de mes amies à me défendre d'elle - je ne désirais pas perdre. Parce qu'en dépit des sentiments qui nous unissaient j'y tenais, à cette vieille haine familière dont toutes deux nous nourrissions comme d'un prétexte pour demeurer proches à notre façon. Nul ne me priverait jamais du plaisir de la haïr ; parce qu'aussi incroyable que cela puisse paraître, je me souciais d'elle. Depuis que j'avais appris, par le truchement hasardeux d'une vision qui je lui rappelais, il m'était devenu tout à fait impossible de l'abandonner à son sort. Elle n'était d'ailleurs pas sans points communs avec Adam, songeais-je distraitement ; et cette comparaison suffit à m'attendrir partiellement. S'il s'était agi d'Adam, j'aurais éventré le coupable de mes propres mains et l'aurais pendu encore vivace par ses propres entrailles aux poutres de la Grande Salle. Quinn avait elle aussi des gens qui l'aimaient, qui ne rêveraient que de faire souffrir le responsable à mort en apprenant la nouvelle : je n'étais pas en droit, moi qui avais assisté à l'entier produit de sa déchéance, de la repousser sans remords.

Je songeais alors à cette amie d'enfance dont elle m'avait parlée, arguant que je lui ressemblais dans sa gentillesse, sa douceur, sa bienveillance : je ne me sentais guère de similitudes avec cette image présentement, tout mon esprit n'étant que douleur, souffrance et châtiment. Mais était-ce à moi d'exercer le bras sanguinaire de Némésis ? J'en doutais, ne me considérant moi-même pas suffisamment proche de Quinn pour me permettre une telle vendetta. Le silence suite à mes dernières paroles d'une banalité à pleurer s'étendait, installant lentement et confortablement son emprise au milieu de nos deux embarras ; l'état dans lequel elle devait se trouver intérieurement, je refusais de seulement le concevoir. Elle aurait pu être trouvée par sa meilleure amie, l'homme auquel elle s'était vouée corps et âme ou même encore l'un de leurs complices, mais non : il avait fallu que ce soit moi, la jeune femme qu'elle haïssait le plus dans toute l'école. Quoi que, me détestait-elle réellement à ce point ? Je n'en avais pas la certitude, encore moins après ce qu'elle venait de subir - doutant toutefois qu'elle ait ne serait-ce que la force d'honnir son violeur. L'effort qu'elle accomplissait pour de simples choses comme se redresser, bouger et parler me semblait titanesque : si c'était à moi que c'était arrivé, je me serais probablement roulée en boule dans mon coin, muette et immobile, trop choquée pour prononcer le moindre mot.

Dans un sens, ces signes de vie de la part de Quinn me paraissaient donc quelque peu encourageants. Je redoutais cependant la force nouvelle que cet évènement ajoutait à ce qui nous unissait : je l'avais pour ainsi dire sauvée au lieu de la laisser à l'abandon dans cette sinistre classe vide comme j'aurais sans nul doute pu le faire. J'avais soigné ses blessures, l'avais portée à l'infirmerie, veillée même tandis qu'elle sommeillait dans ses draps blancs. Étais-je prête à accepter non sa gratitude bruyante et épanchée, mais au moins sa reconnaissance discrète ? Mais qui parlait de reconnaissance ? Si au contraire, elle m'en voulait plus terriblement encore de l'avoir vue ainsi, unique témoin avec son tourmenteur de son état déplorable ? De sa faiblesse ?

Je commençais à connaître Quinn, et cette hypothèse ne me semblait pas du tout improbable. Moi-même, j'aurais détesté être surprise dans un tel état de vulnérabilité profonde. Poussant plus loin ma réflexion, je pouvais même établir sans trop de risque de me tromper que Quinn devait s'en vouloir : pas assez forte, entièrement de sa faute, de sa très grande faute et tout le tralala. Merlin, je ne supportais pas l'auto-flagellation - bien que cela fut une réaction commune chez les victimes de viol, je n'étais pas sans le savoir. Il me fallait impérativement me décontracter et me détendre, sinon je ne ferais qu'augmenter la tension d'après-drame déjà présente dans la pièce. Quinn devait déjà suffisamment se mordre les doigts de ce que ce fut moi et non quelqu'un d'autre qui l'ait dénichée. Cette situation était hautement déroutante pour moi également, mais je me devais de ne pas fuir devant l'horreur quand elle se manifestait à moi. C'était cela, le vrai courage que j'aspirais à posséder : Quinn et moi nous connaissions à peine au fond malgré notre récente conversation, et trouver moyen de la réconforter d'une façon ou d'une autre était un véritable challenge.

Et cela commençait par cesser d'éviter son regard, de la traiter comme si elle était contagieuse ou tout bêtement en train de pourrir sur pied. Prise de force ou non, elle était toujours Quinn : aussi horrible fut-il, je ne laisserai pas le salopard qui n'avait eu que la force à sa disposition pour profiter du corps de la Serdaigle, me dérober la fière et arrogante Queen que je connaissais. J'envisageais un instant l'emploi d'un puissant sort d'Amnésie, mais renonçais presque aussitôt à cette option : ce type de sortilèges était aléatoire, je n'avais aucun moyen d'être certaine de n'avoir point effacé trop loin ses souvenirs. Et rien ne garantissait le fonctionnement d'une telle méthode : le corps lui, se souviendrait de tout, les marques et bleus parsemant son corps attireraient son attention, suscitant questions et peut-être réminiscences. « Je ... euh ... merci. » J'écarquillais grand les yeux, stupéfaite qu'elle éprouva le besoin de me remercier pour cela - je n'avais fait que preuve d'humanité. « Il n'y a pas de quoi, vraiment. » soufflais-je péniblement, gênée comme jamais.

« Désolée que tu aies dû ... voir ça. »

Je secouais violemment la tête de droite à gauche. J'avais l'air idiote, mais c'était bien la dernière chose dont je me souciais présentement. Elle n'avait pas à s'excuser ou chercher à se faire pardonner de l'effroyable spectacle que j'avais vu, je n'étais pas ce que l'on pouvait appeler une petite nature et je me vantais secrètement d'avoir vu pire, à tout le moins dans mes visions. Le regard qu'elle baissa sur sa peau en train de rougir déclencha en moi une sorte de sonnette d'alarme et instinctivement, je pris ses mains dans les miennes pour l'empêcher de se blesser davantage. Sa peau était déjà bien suffisamment martyrisée, nul besoin d'en rajouter avec de l'automutilation.

« Qu'est-ce que j'ai fait, Montana ? »

Je posais sur elle un coup d'œil consterné tout en mordillant ma lèvre inférieure, ne sachant trop que dire. J'avais gardé silence sur tout ce que j'avais vu et menti allègrement à l'infirmière, mais j'ignorais tout ou presque de ce qu'il s'était réellement passé, hormis ce que j'avais par moi-même déduit de preuves évidentes. Fixant mon regard dans le sien, je murmurais d'une voix douce mais tout aussi égarée :

« Je suis désolée, je ne sais pas ... je ne sais pas qui t'a fait ça. Mais qui qu'il soit, il faut être taré pour faire ce qu'il a fait. Il paiera pour ça, crois-moi. »

concluais-je, mon ton bas et rageur se faisant plus proche d'un grognement.
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Message par Quinn Harper Lun 8 Nov - 3:34

J'aurais voulu repousser Montana, j'aurais voulu la haïr pour la pitié qu'elle devrait ressentir envers moi, j'aurais voulu me défouler sur elle, mais je n'arrivais à rien. Je n'arrivais même pas ressentir autre chose que de l'engourdissement, comme si on m'avait enlevé la capacité de ressentir quoi que ce soit. Chaque fois que mes yeux se posaient sur sa personne, ce n'était pas vraiment elle que je voyais. Ça avait commencé par l'image fragile et floue de cette amie décédée qui m'avait été tellement cher qu'aujourd'hui encore, sa perte me faisait mal, comme une brûlure qui ne veut pas cicatriser avec les années qui passent, qui s'infecte, encore et toujours jusqu'à entraîner l'amputation d'un membre. Puis le visage de Montana muta en celui beaucoup plus juvénile d'Emalee, me rendant encore la tâche plus difficile. Comme la haïr alors qu'elle prenait la forme de ceux que j'aimais le plus? Je finis par simplement fermer les yeux, laissant mes paupières closes alors que les secondes filaient sur les notes sourdes du silence qui planait. J'aurais souhaité m'enfoncé dans le sommeil lourd qui m'avait prise quelques minutes plutôt, mais je doutais que ce ne serait plus le cas avant longtemps. Je savais que je serais attaquée par des multitudes de cauchemars, sans pouvoir m'en défaire avant un moment.

J'ouvris les yeux, alors que l'engourdissement disparaisse petit à petit pour être remplacé par une vague de sentiment qui me rendait nauséeuse. Je soupirais, comme dans l'espoir de faire disparaître les sentiments, comme dans l'espoir de tout effacer, y comprit les larmes qui commençaient doucement à naître dans mes prunelles. J'essayais d'orienter mes pensées vers un sujet plaisant, un sujet joyeux, ou du moins, un sujet qui me sentir légère un moment. Clyde. Mais réfléchir à lui me faisait simplement plus mal encore. J'avais l'impression de la trahir, comme lui, il m'avait trahit en me laissant me débattre entre les griffes de Teel sans même me venir en aide. Je devais être forte, je devais être intouchable et il s'était reposer là-dessus, ce qu'il n'aurait jamais fait pour Emalee. Il se serait battu pour la défendre. Ce qui n'était pas le cas pour moi, visiblement. Je secouais la tête pour me défaire de ces pensées douloureuses. J'avais cru que penser à lui aurait eu un effet positif, pas un effet aussi néfaste sur ma personne. Pourtant, je n'avais qu'une envie; celle de me jeter contre lui et de simplement sombrer dans ses bras. Mais ça n'arrivera pas. Parce que lorsqu'il l'apprendra, il m'en voudra.

Je chassais ces pensées dans un coin de mon cerveau, essayant de me concentrer sur le visage de Montana. Le silence entre nous persistait comme s'il s'imposait et plus il s'imposait, plus je me sentais oppressée et étouffée. Et lorsque je le brisai, ce n'était pour avoir que quelques mots prononcés avec incertitudes. « Il n'y a pas de quoi, vraiment. » Je m'excusai alors, disant rien de plus, rien de moins, préférant de rien ajouter, ne rien dire de plus, juste m'excuser pour ce qu'elle avait pu voir dans la pièce ou elle m'avait trouvé. Elle secoua la tête, mais je ne la vit même pas entamer le geste, comme je ne compris pas avant que ma peau se rougisse que je me faisais du mal à moi-même. De toute façon, une blessure de plus ou de moi, au point ou j’en étais, ça ne changerait rien. Je redoutais d’ailleurs le moment ou je me retrouverais face à mon reflet, ou je devrais affronter mon regard vide, mon visage balafrés…mon corps dévasté. Je n’avais aucune envie de voir ce spectacle que j’allais devoir voir. À moins que je ne fasse mon possible pour éviter toutes surfaces réfléchissantes. Ce qui n’allait pas être une mince affaire.

Les mains de Montana capturèrent les miennes et je sursautais à son contacte. Levant les yeux vers elle, je rencontrais son regard pour la première fois depuis la soirée, comme si elle avait cessé de croire que j’étais contagieuse ou folle à lié. J’essayais de m’arrêter sur ses mimiques, mais je n’y arrivais pas. Il y avait seulement trop de choses. De choses que je voulais effacer, que je voulais voir mourir, que je voulais détruire. Je serrais ses mains mollement, comme pour me rassurer, comme pour me dire que malgré toutes ces choses à détruire, j’étais encore vivante, mais la mollesse de ce geste vain ne me fit rien d’autre qu’une gifle en plein visage. Je haïssais Montana à la base. Je la détestais comme on ne peu détester quelqu’un et maintenant, j’étais incapable de ne faire aucun geste brusque, aucun geste agressif, ni aucun geste faisant preuve d’une quelconque force envers elle. J’étais molle comme un poupon aux joues rouges qui se faisait manipuler. Il m’avait brisé plus que je n’aurais voulu le croire.

« Je suis désolée, je ne sais pas ... je ne sais pas qui t'a fait ça. Mais qui qu'il soit, il faut être taré pour faire ce qu'il a fait. Il paiera pour ça, crois-moi. » Je secouai la tête, refusant d'écouter ces mots. Je n'étais pas une simple victime dans cette histoire, je n'étais pas seulement la proie. Je l'avais chercher d'une façon ou d'une autre. J'avais été à la rencontre de mon malheur à la place de le fuir. J'avais tuer un élève par sa faute, j'avais fragmenter quelque chose en moi pour lui, puis il m'avait prise, alors que je ne voulais pas, et il avait recommencer, encore plus violement. La prochaine fois, ce serait quoi? Il me tuera peut-être et ce sera mieux comme ça, au finale. Je secouai doucement la tête, puis fut prise de vertige et cessait de bouger. Merlin, pourquoi avait-il frapper si fort? « Il ne paiera pas...personne ne le croira...pas venant de lui, pas si c'est moi qui l'accuse.» Je plantai mon regard morne dans le sien. « Tout a été planifié, tout à été préparer avec soin...même Clyde ne pourra rien contre lui. » Je regardai le plafond un moment, mes mains toujours prisonnières des siennes, je n'eu même pas le courage de les retirer. « Ça ne se serait pas produit si j'avais été... comme toi...» Effectivement. Jamais Teel ne se serait intéresser à moi si j'avais été comme Montana. Une gentille fille, une fille avec le coeur sur la main, trop bonne, trop généreuse... il lui fallait une idiote arrogante et suffisante, méchante et aigrie par tout...c'était pitoyable. Et je l'avais visiblement chercher...
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Message par Montana D. Jones Sam 13 Nov - 1:03



Il m'aurait probablement fallu la rejeter, l'inciter à la colère, raviver sa haine à mon égard de tout mon art : mais j'en étais incapable. Il m'aurait fallu chercher à la briser plus profondément encore pour ranimer en elle un zeste de fierté, quelque chose, une étincelle de rage et d'énergie vitale. Mais je ne savais pas comment, n'étant guère familière de la provocation méchante, vicieuse et basse. Je ne donnais pas dans ce style-là, ce n'était pas dans mes façons de faire. Merlin ! Même avec Quinn, je ne parvenais pas à faire preuve de méchanceté – ma conviction qu'elle ne valait pas mieux que le sort qu'elle subissait à présent s'était-elle donc à ce point émoussée ? Ma découverte de l'humanité avérée de Quinn Harper avait-elle à ce point détruit mes certitudes et changé sa nature profonde ? Aurait-elle hésité après cette expérience à prendre la vie de ces étudiants pendant le bal de Noël ? Je n'en savais rien et ne m'aventurerais pas à parier sur Harper, mon ennemie de toujours désormais bien davantage. Ses yeux clos cherchant à éviter mon visage – alors même qu'elle avait paru désirer si ardemment que je parvienne enfin à lever sur elle mes iris chocolat – me firent mal et blessèrent quelque chose au fond de moi ; déboussolée, je regardais ailleurs en tâchant vainement de m'intéresser aux tas de Chocogrenouilles et aux sachets de Dragées-surprises de Bertie Crochue jonchant les tables de chevet des autres patients. Elle, n'avait rien ; hospitalisée depuis trop peu de temps ou point adepte de ce genre de cochonneries pour gamins ? J'aimais les friandises des sorciers, n'imaginant que trop bien pourtant à quel point l'amère Ravenclaw devait détester ce genre douceurs sucrées.

« Tu veux que j'en vole pour toi ? » demandais-je du ton le plus enjoué toléré par les circonstances, manquant toutefois un peu de conviction tout en désignant du menton les bonbons entassés à côté de nous. J'observais discrètement l'occupante du lit suivant : une de ces pimbêches excessivement préoccupées par leur apparence et ultrapopulaires, du genre à recevoir au moindre petit bobo ou peine de cœur des quantités de chocolats délicieux qu'elle ne mangerait de toute façon jamais au nom du dernier régime à la mode. « Elle n'en aura pas l'utilité de toute façon. » ajoutais-je d'un ton dédaigneux. Profitant du profond sommeil de la dormeuse, je raflais d'un mouvement léger les différents paquets aux couleurs brillantes, avisant d'un œil intéressé une tablette de chocolat qu'une bonne attention en cours de DCFM m'avait appris être utile contre la dépression sous ses formes les plus malignes. Mâchonnant moi-même un Ballongomme du Bullard qui forma aussitôt une boule de gomme dans ma bouche, je poussais une petite partie des confiseries vers ma condisciple. « Mange. »

Son sursaut à mon contact renforça la peine que j'éprouvais à son égard, bien qu'elle ne voulût certainement pas de ma pitié : mais elle et moi étions différentes, la compassion n'avait jamais été pour moi une marque de faiblesse. C'était dans tous les cas tout ce que j'étais capable de lui fournir à cet instant en matière de secours. L'absence de conviction qu'elle mit à presser mes mains était si affligeante que je jugeais plus utile de les retirer pour ne point lui faire sentir la mollesse de son étreinte, le manque de force flagrant traduit par ce geste. « Il ne paiera pas … personne ne le croira … pas venant de lui, pas si c'est moi qui l'accuse. » S'agissait-il donc de quelqu'un d'influent ? C'était presque pire. Peu de personnes aimaient réellement Quinn ; si véritablement il s'agissait de quelqu'un d'aimé à Hogwarts, il était en effet peu probable que quiconque la croie. Je n'osais pourtant pas acquiescer à cet état de faits, préférant lui faire voir l'espoir qui subsistait que les adultes qui nous gouvernaient eussent connaissance des méthodes d'identification moldues. « Tout a été planifié, tout à été préparé avec soin … même Clyde ne pourra rien contre lui. » « Clyde ne craint personne et tu le sais bien, pas plus qu'il n'a de respect pour la vie d'autrui. » Ma voix s'était assombrie en parlant de Clyde, mais prit un tout autre ton en entendant la suite des paroles de Quinn :

« Ça ne se serait pas produit si j'avais été ... comme toi ... »

Poussant un profond soupir, j'écartais machinalement quelques mèches du visage de Quinn avant de répondre d'un air las :

« Et il ne t'aurait pas aimée si tu avais été comme moi. Voilà pourquoi malgré ce que tu peux dire tu ne veux pas l'être, au fond de toi. Considères si cela peut t'aider que ce qui t'a attiré ce traitement te vaut aussi l'estime de Clyde – aussi cher que ça me coûte de l'admettre. » concluais-je amèrement.

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Message par Quinn Harper Jeu 18 Nov - 5:27

Comment allais-je m'en sortir? La réponse me faisait peur. Depuis longtemps, j'avais appris à me relevé de mes chutes, toujours plus forte, toujours plus amère, toujours plus cruelle et dure. Cette fois-ci, j'étais tombé de très haut, et je savais qu'il me faudrait du temps, que je devrais me bâtir une armure inébranlable pour mon propre bien. J'allais finir comment bon sang? Comme une meurtrière psychotique? Je ne préférais pas. Ne sachant trop quoi faire, essayant du mieux que je pouvais d'étouffer les pensées sinistres qui revenaient en boucle dans mon esprit, je fixais mon regard sur le visage de ma voisine de lit. Je ne le connaissais pas, son visage me disait vaguement quelque chose. Étrangement, elle ne semblait pas malade ou blessée. Pourtant, elle avait reçu une pile de cadeau monstrueuse. Ça me fit sourire, amèrement, durement. Et ce sourire me fit mal. Terriblement mal. Merlin! Mes lèvres semblaient être braise et flammes, valait sans doute mieux ne pas sourire pendant un moment. Il était clair que moi, je n'aurais pas droit à autant de cadeau, je n'aurais pas droit à tant d'attention. Je n'étais pas aimer dans ce château, on se fichait pas mal de ma personne. J'étais pourtant une élève irréprochable, une sorcière talentueuse... et malgré cela, personne ne semblait vouloir me voir. Et ce, même avant que je devienne si près de Clyde. Je me demandais même pourquoi Montana restait à mon chevet. Techniquement, elle me détestait autant que je la haïssais.

Je n'eu pas le temps de poser la question qui me brûlait les lèvres, la voix de ma sauveuse s'éleva dans le silence de l'infirmerie, me faisait tourner la tête vers elle. « Tu veux que j'en vole pour toi ? » Je ne répondis rien. Ne fit aucune mimique. Que pouvais-je répondre à cela? Je n'avais pas mangé de friandise depuis longtemps, non que je ne les aime pas, mais je me les refusais. Pourtant, petite, mon père venait me rejoindre dans ma chambre tard le soir avec une tasse fumante de chocolat et des bonbons. Il les mangeait avec moi en me parlant de tout et de rien. Encore maintenant, malgré que je ne sois plus une enfant, il me faisait encore, bien que depuis la mort de Liv, je n'avais pas voulu manger les sucreries, me contentant de la réconfortante tasse chaude entre mes mains glacées. Le fait que Montana me proposa d'en voler à la petite princesse qui occupait le lit d'à côté ne fit que me faire remarquer avec plus de dureté à quel point elle pouvait ressembler à mon amie décédée. Elle aurait sans doute fait le même geste qu’elle. Elle aussi, aurait voulu me réconforter sans savoir comment s’y prendre.

Sans doute, juste pour ça, j'aurais dû la détestée encore plus, mais je n'y arrivais simplement pas ce soir. Je détestais Montana que pour ça. Pas pour ce qu’elle était, pas pour qui elle était, pas par principe, mais seulement parce qu’elle ressemblait au fantôme de mon enfance. À cette fillette que j’avais voulu effacé de ma mémoire, l’enfermé à double tour dans mon esprit pour que plus jamais elle ne vienne me blesser. Mais avec Montana dans les parages, c’était impossible. « Elle n'en aura pas l'utilité de toute façon. » J'arquai douloureusement un sourcil devant son ton dédaigneux. J'ignorais qu'elle méprisait autant ces gamines gâtés qui ne se souciaient de rien d'autre que de leur apparence et de leur petite personne, se fichant même de leur cercle d'ami, au nom de la popularité et de la beauté. Et puis, après ça, elle me trouvait acerbe? Cette fille devait être populaire, apprécier, et si elle la méprisait, elle n’était pas si différente de moi, au finale. Elle poussa une partie des sucreries aux emballages scintillants et colorés vers moi d'un mouvement fluide. « Mange. » Je ne protestai pas, tendant simplement la main pour attrapé un morceau de chocolat emballé de jaune et violet. Le goût doux-amer du chocolat noir m'écoeura quelque peu, mais je ne bronchai pas, me contentant d'avaler le morceau. «Depuis quand voles-tu les friandises des gamines superficielles, Jones?» Il n'y avait rien de dure ou de méchant dans mes propos ou dans ma voix. Ce n'avait été qu'un chuchotis où perçait une infime touche d'amusement.

Elle lâcha mes mains qui tombèrent à plat sur le drap blanc. Je ne fis aucun mouvement pour l'empêcher de couper le contact avec moi. Je laissais mes paroles flottées dans la pièce remplis de dormeur emmitouflé dans leur lit. Elle ne répliqua rien, comme si elle ne voulait pas confirmer le fait que j'avais raison, que personne ne prendrait ma défense devant une personne aussi appréciée que Teel. Sa voix ne s'éleva que lorsque le nom de Clyde fut prononcé, une voix au timbre sombre. « Clyde ne craint personne et tu le sais bien, pas plus qu'il n'a de respect pour la vie d'autrui. » Elle se trompait. Enfin plus ou moins. Malgré ce qu'elle pouvait pensée, Clyde n'était pas un monstre, pourtant, en l'apprenant, il sera furieux. Me blessée, c'était l'attaqué personnellement, il ne fallait pas être très futé pour le comprendre. Cependant, il avait un certain respect pour la vie, sinon, jamais il ne nous aurait demandé pendant l'attaque lors du bal de ne pas tuer, non? Malgré mes convictions, je ne répliquais rien. Parce qu'avec mes convictions, avec tout l'amour que j'avais pour Clyde, je ne serais pas objective. Elle aurait pourrait me dire que j'étais aveuglée par ce que je ressentais pour lui et tout, et tout. Bien qu'elle, comme tant d'autre, ignorait ce qui pouvait se passer exactement entre nous deux.« Et il ne t'aurait pas aimée si tu avais été comme moi. Voilà pourquoi malgré ce que tu peux dire tu ne veux pas l'être, au fond de toi. Considères si cela peut t'aider que ce qui t'a attiré ce traitement te vaut aussi l'estime de Clyde – aussi cher que ça me coûte de l'admettre. » Je secouai doucement la tête, un soupire résignée passant la barrière de mes lèvres. Je n'avais pas envie, ni la force, de m'engagé dans cette batail. Je me tue donc, me contentant de l'observer en silence. Pour moi, la conversation était close. Je ne voulais pas m'engagé sur le pente glissante avec elle. Depuis le départ, je savais qu'être aussi près de Clyde était une mauvaise idée, mais jamais je n'aurais cru que j'en arriverais là.

«Dans d'autre circonstance, j'aurais pu t'apprécier, tu sais...» Avais-je lancé d'une voix basse pour détourner son attention de Clyde. Ce n'était pas faux pourtant. Je détestais Montana que parce qu'elle me rendait faible. C'était l'ennemie à abattre, parce que c'était la plus forte, celle qui avait le plus de pouvoir sur moi. Qu'importait les autres au final. Je pouvais les avalées, les malmener autant que je voulais, mais pas elle. Malgré tous les mots que je pourrais lui dire, toutes ces choses blessantes que je pourrais dire à son égars, jamais je ne pourrais être plus forte qu'elle. Devais-je alors céder à cet envie de la serrer contre moi, comme une vieille copine? Me blottir contre elle pour qu'elle chasse mes cauchemars, comme il m'arrivait de le faire avec Emalee? Non. Elle me détestait. «Qu'est-ce que je dois faire maintenant? » demandais-je soudaienemtn, passant du coq à l'âne sans préambule.
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Message par Montana D. Jones Lun 22 Nov - 13:23

Mon comportement de voyou n'était pas un évènement très habituel chez moi, je devais le reconnaître : j'étais une gentille fille, n'avais jamais volé personne de ma vie et ... jamais non plus commis de meurtre - Merlin m'en préserve. En comparaison avec les méfaits de l'adolescente brisée qui se tenait assise dans le lit devant moi, j'étais aussi pure et vierge de tout péché que la Madone moldue elle-même. Je n'éprouvais pourtant aucun remords en subtilisant sans faillir les sucreries amassées sur la table de chevet de la garce superficielle endormie à nos côtés, songeant même avec un certain délice guère avouable à sa moue dépitée à son réveil, lorsqu'elle constaterait que personne n'avait même pensé à elle. Au regard de Quinn qui ne m'avait jamais considérée que comme une parfaite petite fille modèle à la vie bien tranquille, cela devait effectivement constituer une surprise - qu'elle était loin du compte ! C'était Emerson l'adolescente idéale modèle de toutes les jeunes filles bien sous tous rapports du Château ; et malgré la candeur reflétée par mes traits, je n'étais qu'une jeune femme brimée trop étrange pour être aimée par la multitude, et qui allait bientôt quitter l'école. Mais je n'éprouvais aucune réelle rancœur - c'était d'ailleurs ce qui constituait ma force, j'en avais l'intime conviction. Du moins n'en ressentais-je pas pour moi, mais le sort effroyable survenu à Quinn me projetait hors de mes gonds : je savais d'instinct qu'il me faudrait du temps afin d'apaiser cette colère qui brûlait en moi … ou d'élaborer un plan suffisamment machiavélique pour l'assouvir. Je devrais choisir avec soins mes alliés provisoires, car mon intention n'était pas de lyncher seule le coupable ; vous m'avez bien regardée ? Avec ma carrure de crevette, je n'aurais pas fait long feu avant d'être croquée à mon tour par le grand méchant loup – à moins que … Ma condisciple l'avait bien précisé : ce lâche n'aimait pas les proies faciles, et c'était exactement ce qui lui avait apporté cette situation : elle était trop forte, trop invulnérable pour ne pas tenter un tel croqueur de femmes.

Et maintenant, qu'allions-nous faire ? La profondeur du vide qui s'étendait devant cette question me faisait peur : je n'avais pas de formation en psychomagie, moi ! J'avais déjà établi qu'user d'un sortilège d'oubli n'était pas la bonne solution mais je ne savais quoi faire d'autre, à qui la remettre pour qu'elle se sente mieux : Clyde était peut-être en définitive la solution la moins pire - de deux maux autant choisir le moindre - mais je redoutais ce qu'il lui ferait subir en punition de cette faille. Qu'il la punisse n'était absolument pas à exclure connaissant le personnage, et la dernière chose dont ma condisciple avait besoin était d'être blâmée par un imbécile de mâle trop orgueilleux pour la protéger ou prendre soin d'elle, qui avait permis à tout cela de se passer uniquement parce qu'il s'était cru invulnérable, comme devaient nécessairement l'être en conséquence les personnes qu'il tenait sous sa coupe. Mais il ne tarderait guère à réaliser que les choses ne fonctionnaient pas de cette façon, selon ses petits désirs égoïstes. Rowenna soit louée, en quoi l'égocentrisme et l'amour-propre démesurés de cet homme avaient-ils changé Quinn ? J'aurais parié à cet instant où je la voyais mise à nu, si sensible et fragile qu'elle n'avait pas toujours été comme ça : il y avait eu une petite fille avec des rêves et des espoirs à l'endroit où ne se tenait plus que l'enveloppe d'une fierté brisée en mille morceaux.

Le sourire amer posé par Quinn sur sa voisine de chambrée m'indiqua mieux que n'importe quelle parole que ses pensées avaient suivi le même cheminement que les miennes : cette enfant idiote et capricieuse, cette gamine nombriliste et faite pour personne était en réalité plus heureuse qu'elle, la froide et insaisissable Quinn Harper. Je me fis la promesse à cette minute d'offrir plus tard à ma camarade une petite montagne de friandises de chez Honeydukes ; elle aurait droit à tout ce qui pouvait se faire de plus délicieux : un assortiment de tous les chocolats faits maison d'Ambrosius Flume et sa femme, quelques caramels et nougats bien moelleux, des cubes de glace roses à la noix de coco, les confiseries fourrées au miel, un énorme sachet de dragées surprise de Bertie Crochue, des Chocoballes et des Chocogrenouilles. Elle profiterait aussi de Bulles baveuses, de Fizwizbiz, de souris en sucre et de Patacitrouilles, sans oublier les célèbres Fondants du Chaudron - qu'importait si j'y mettais toutes mes économies gagnées grâce à mon service pour Ezékielle ou si elle ne les mangeait pas, elle pourrait toujours bien les donner à qui bon lui semblait : l'essentiel était qu'elle reçoive ces cadeaux, elle que j'imaginais ne pas recevoir très souvent de présents. Je me voyais mal me remplir le ventre et dévorer joyeusement avec elle tous ces bonbons en une grotesque parodie d'amitié normale et tout à fait ordinaire, mais j'espérais à tout le moins que le geste la toucherait.

Si les choses avaient été plus simples entre nous, cette vision-là n'aurait pas été totalement irréaliste. Mais elle me vouait une antipathie futile basée sur une bête ressemblance entre moi et une personne disparue - bon Merlin, je n'étais pas cette petite fille ! Et je ne l'avais jamais détestée que parce qu'elle prétendait vouloir me faire du mal sans la moindre raison valable, qu'elle me pourrissait sans même un mobile qui tienne la route. Cette haine était partie en fumée depuis quelques semaines maintenant, je m'en apercevais à présent qu'un fil ténu mais toujours solide d'appréhension persistait à nous séparer. Je me satisfis de la voir grignoter lentement le chocolat que j'avais tendu vers elle à cette fin, et arquais un sourcil à sa question.

« Depuis quand voles-tu les friandises des gamines superficielles, Jones ? »

Jones, cette fois et non plus Montana. On se rapprochait de sa façon ordinaire de m'adresser la parole, il y avait donc une certaine forme de mieux. Une discrète lueur d'amusement imprégnait la voix de ma camarade, qui m'incita à lui répondre honnêtement et sans animosité.

« Lors de notre dernière conversation j'ai dit que Clyde et toi généralisiez, pas que vous aviez complètement tort. Et malgré ce que tu peux croire, il y a tellement de choses que tu ignores à mon sujet. » concluais-je simplement. Bien évidemment puisqu'elle ne m'avait jamais perçue que comme une espèce de Candy au pays des Bisounours ! Elle ne réagit pas à ma remarque sur Clyde et je mabstins de l'obliger à me répondre, consciente de l'inutilité de ce débat entre elle et moi : elle était en admiration devant lui et il avait tout pouvoir sur elle, Quinn lui était soumise comme un petit chien à son maître. Ce rustre primaire avait cru la détruire en lui infligeant un viol abominable - mais le véritable moyen de détruire Quinn Harper, c'était de s'en prendre à Clyde. Qu'on le fasse chuter de son piédestal, qu'on prive Quinn de sa présence et elle ne serait plus rien, je le pressentais avec une acuité étrange venant d'une personne extérieure à leur petit cercle.

« Dans d'autre circonstance, j'aurais pu t'apprécier, tu sais ... » Je ne fus pas si secouée par ces propos que ce à quoi je me serais attendue : est-ce que, dans un sens, j'avais toujours su que l'agressivité de Quinn n'avait aucun fondement ? Bien sûr.

« Il n'est pas trop tard, tu sais ... je ne te déteste pas. Ta haine ne m'affecte pas non plus parce que je la sais fausse, alors ça ne sert à rien. » soufflais-je doucement. « Qu'est-ce que je dois faire, maintenant ? » Cédant au désespoir béant imprégnant son regard qui m'appelait, je m'approchais d'elle et m'assis au bord de son lit tout en étalant mes jambes à côté des siennes, avant de passer délicatement un bras autour de ses épaules, prenant garde à ne pas la blesser. « J'imagine qu'il va te falloir en parler à Clyde ... même si je n'ai pas envie de te laisser entre ses pattes après un tel coup à son orgueil. » affirmais-je d'un ton revêche.

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Message par Quinn Harper Lun 29 Nov - 22:21

J'avais toujours vu Montana D. Jones comme cette petite fille au visage angélique et aux yeux pétillants, cependant, je savais qu’elle ne l’était pas. Qu'elle n'était pas la petite fille de mon enfance que la vie m'avait arrachée cruellement. C'était une personne que je ne connaissais que très peu, qui me faisait naître en moi des échos des sentiments que j'avais éprouvés pour elle et la douleur que j'avais vécu avec elle. Était-ce que Montana ressentait présentement à mon chevet? Une espèce de culpabilité venimeuse qui parcourait ses veines alors qu'elle observait mes yeux vides et mon corps massacré par les coups? J'en doutais fortement. Parce que ce qui nous liais, elle et moi, c'était une haine réciproque, rien d'autre. Je tenais à elle parce que j'avais besoin de la détester et elle me détestait parce que j'étais une meurtrière, bien que ça, elle ne pouvait pas en être certaine, mais du moins, elle avait raison de me détester... Moi-même par moment, je détestais celle que j'étais devenue avec le temps. J'aurais peut-être mieux faire de rester loin de Clyde dès le départ, mais il était trop tard maintenant. Attachée à lui comme je l'étais, m'éloignée serait pour moi comme un ultime coup de poignard en pleine poitrine. J'observais, d'un oeil absent, le joli minois de mon aînée. Elle me rappelait Emalee, parfois. Tout aussi douce avec certains élèves, mais si têtue et bornée qu'elle en était exaspérante par moment. Pendant un certain temps, je comparais ma meilleure amie avec cette fille que je m'efforçais à détester.

Je finis par détourner le regard, me callant douloureusement contre les oreillers, ignorant du mieux que je pu la douleur qui irradiait de la nuque à mon épaule. Je me demandais ce qui allait se passer lorsque j'allais croiser le regard d'Aden Teel dans les couloirs du château. Un goût de bile amer envahit ma bouche à cette idée. Je m'efforçai d'avalée ma salive avant d'inspirer profondément. Je fixai mon regard sur la silhouette de cette gamine capricieuse et gâtée jusqu'aux os, comme dans le vague espoir de cacher mon trouble à Montana. Idée ridicule. Elle venait de voir l'étendu de mes blessures, elle avait aperçu chaque contusion qui parcourait mon corps, elle venait de voir le gouffre immense dans mes yeux vides, alors qu'était-ce, si elle les voyait maintenant bordés de larmes à l’idée d’une confrontation avec mon bourreau? Je déposais mon carré de chocolat avec les autres confiseries, alors que mes doigts – ceux de la main gauche- se crispèrent sur le drap blanc. Penser à mon bourreau était comme revivre les souvenirs flous de cette nuit. Souvenirs qui allaient surgir en cauchemars sanglants pendant mon sommeil. Si maintenant ils étaient flous, je savais que ce n'était que dû au choc et que, sous peu, je me souviendrai de tout. Encore une fois, je me dis que c'est lui que j'aurais dû tuer au bal de Noël. C'est vers lui qu'aurait dû se tourner ma baguette...pourquoi avais-je tué ce Poufsouffle, par Merlin? J'inspirais de nouveau, mais l'air ne parvint pas à se rendre à mes poumons cette fois, se bloquant dans ma poitrine.

« Lors de notre dernière conversation j'ai dit que Clyde et toi généralisiez, pas que vous aviez complètement tort. Et malgré ce que tu peux croire, il y a tellement de choses que tu ignores à mon sujet. » Sursautant légèrement au son de sa voix, je pris le temps de reprendre mon souffle avant de me tourner de nouveau vers la Serdaigle. Je laissai le silence planer un moment entre nous, ne sachant quoi ajouter. Il était clair que je n'allais pas plancher sur le sujet "Clyde et ses idéologies" ce soir. Je n'avais aucunement la force de me défendre sur le sujet. À la base, je n'en avais que faire du sang et de tout ce qui va avec. J'avais passé mon enfance avec des gens dont le sang n'était pas aussi pur que le mien, et ça n'avait jamais fait de différence. C'était, à mes yeux comme la couleur de la peau, superficiel. « Tu as raison... je ne te connais pas. J'ai tout fait pour que tu ne sois que celle que j'ai voulu que tu sois, pas celle que tu es...» Je passai une main fébrile dans mes cheveux emmêlés. «Je te demande pardon.» Ce n'avait été prononcé qu'à mi-mots comme si j'avais peur que des excuses prononcés à voix haute brise l'équilibre cosmique ou je ne sais quoi d'autre. Ce n'était pas dans mes habitudes de m'excuser. J'étais beaucoup trop fière et orgueilleuse pour le faire. Ce soir, ça ne comptait plus. Rien ne comptait. Cette fille intouchable et froide comme la glace était maintenant anéantie, et cette carapace fissurée devra être réparée par mes soins, mais comment? Je n'avais pas envie de devenir encore plus méchante, encore plus dure, ça ne m'attirerait que d'autres ennuies...mais en même temps...

« Il n'est pas trop tard, tu sais ... je ne te déteste pas. Ta haine ne m'affecte pas non plus parce que je la sais fausse, alors ça ne sert à rien. » La voix de Montana me sortie de mes pensées pour la deuxième fois en peu de temps. Je tiquai légèrement, fronçant les sourcils. Elle n'avait pourtant pas semblé m'adorer l'autre soir dans la tour d'astronomie, elle avait même passé à deux doigts de m'éclater la tête, et elle disait qu'elle ne me détestait pas? Je n’aurais pas parié là-dessus. « C'est faux. Ça sert à quelque chose.» Je n'avais pas spécifié à quoi exactement, c'était inutile de le faire, j'en étais certaine. La détester avait été un moyen comme un autre de ne pas souffrir, encore une fois, mais elle avait raison. Cette haine n'était pas fondée, elle était sans doute aussi fausse que les mèches blondes de la gamine qui ronflait calmement dans le lit près du mien.

D'ailleurs, mon aînée s'installa sur ce dernier, callant son bras autour de mes épaules, diffusant une douce chaleur là où sa peau était en contact avec la mienne. Je ne bronchais pas. Au contraire, mon propre comportement m'étonna moi-même. Roulant à demi sur mon flanc, ignorant magnifiquement la douleur vive qui s'enflamma sous ma peau, je m'approchai un peu plus de Montana, allant jusqu'a poser ma joue contre le creux de son épaule. Généralement, en dehors de Clyde, Emalee et mes parents, je ne recevais pas beaucoup de chaleur humaine, je l'évitais même. Alors pourquoi est-ce que je la cherchais auprès de Montana? Simplement parce que j'allais mal? Ou alors c'était autre chose? Je ne cherchai pas plus loin, fermant les yeux, me laissant bercer par sa respiration. « J'imagine qu'il va te falloir en parler à Clyde ... même si je n'ai pas envie de te laisser entre ses pattes après un tel coup à son orgueil. » Les yeux toujours clos, je grimaçais à demi. Je n’avais aucune envie d’en parler à Clyde. Je redoutais sa réaction. Sans doute allais-je passer un mauvais quart d’heure. Alors que j’essayais de voir les divers scénarios possibles, ses paroles lors de cette rencontre dans la salle de torture me frappèrent.

Il m’avait mise en garde. Il m’avait clairement fait savoir que si ça se reproduisait, il devrait sévir. Ce n’était plus seulement du chantage cependant. C’était un viol, un acte de force et de violence sur la personne à qui il tenait le plus – ou presque- dans cette école. Nous étions proche l’un de l’autre, j’étais son double, sa partenaire, sa plus proche complice, celle qui le comprenait et qui le soutenait qu’importait la situation, et on venait de lui dérober cette fille qu’il «adore» tellement. Je me raidis soudainement, m’agrippant à Montana comme à une bouée de sauvetage alors qu’une idée des plus hideuses me frappa de plein fouet. « Il ne doit pas le savoir! Il va faire une bêtise…. Il va le tuer.» Il y avait une véritable détresse dans ma voix. Comme si j’avais peur pour mon bourreau. Qu’il aille en enfer celui-là. En fait, ce n’était pas ce que je craignais le plus. En fait, c’était les répercutions que cela pourrait avoir sur mon ami. Je m’accrochai un peu plus à Montana, mes doigts crispés sur le tissu qui recouvrait son ventre qui se soulevait au rythme de sa respiration beaucoup plus régulière que la mienne. « Il ne doit pas le savoir…» répétais-je plus faiblement cette fois-ci. Mais comment? Je ne pouvais pas faire comme il ne s’était rien passé et même avec des sortilèges pour caché les blessures, il me connaissait trop bien pour ne pas voir que quelque chose clochait. Chassant du mieux que je le pouvais les scénarios d’horreur que je me faisais – sans vraiment y arriver- je me concentrai sur la respiration de Montana, essayant de la calquer, sans vraiment y parvenir.
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Message par Montana D. Jones Lun 13 Déc - 15:28

Je commençais à éprouver pour Quinn une tendresse qui, aussi invraisemblable cela puisse-t-il paraître n'était pas uniquement liée à son douloureux état mais plutôt aux révélations que ledit état de grande vulnérabilité dans lequel elle se trouvait facilitaient soudain entre nous. Jamais je n'avais cru jusqu'à il y a quelques semaines pouvoir représenter autant à ses yeux : depuis notre première rencontre lors de ma troisième année - j'avais moi-même seize ans à cette époque, et elle n'était qu'une fillette à peine en train de devenir femme - j'étais restée persuadée qu'elle me vouait une haine solide et ineffaçable basée sur un banal écart de personnalités entre elle et moi ... or je découvrais que le mur soit-disant infranchissable qui me séparait d'elle s'effritait petit à petit sous ma poussée, me laissant entrevoir la véritable Quinn - celle que je n'avais jamais fait qu'entrapercevoir à travers son comportement envers Emalee et Clyde. Ce que ma cadette ne semblait pas vouloir comprendre, c'est que je n'éprouvais envers elle aucune culpabilité : je le savais à présent, mes gestes attentionnés à son égard quand je l'avais retrouvée battue à mort dans cette sinistre et glacée salle de classe au mobilier portant les traces des coups qu'elle avait pris n'étaient pas le fait d'une lointaine mauvaise conscience qui aurait torturée mon âme, mais bien d'une réelle affection pour elle - j'avais été dévastée de la découvrir dans cet état. Ce n'était pas une anonyme ou une fille que je détestais - même si je n'aurais pas souhaité pareil sort à ma pire ennemie - c'était Quinn, tout simplement.

Allais-je réussir à la convaincre de me donner le nom de son agresseur ? Savait-elle seulement de qui il s'agissait ? Non, je pouvais voir à ses yeux qui débordaient de larmes qu'elle n'avait pas même eu cette chance : son violeur n'avait pas voulu détruire seulement son corps, mais également son esprit. Il n'avait certainement pas même cherché autre chose qu'à la briser de part en part : le plaisir physique qu'il avait pu y prendre était secondaire, insignifiant comparé à la satisfaction d'avoir maté et réduit à moins que rien la rétive Quinn Harper. Je sentis la poitrine de ma condisciple se soulever et haleter péniblement et me tournais vers elle, anxieuse, pour lui tendre aussitôt un verre d'eau rempli que je venais de faire apparaître d'un coup de baguette : que la magie pouvait être pratique parfois, mais j'eus préféré qu'elle ne me soit pas nécessaire dans pareilles circonstances. J'avisais seulement alors sa main crispée sur les draps immaculés, contraste saisissant du rouge de sa peau sur le blanc. Je ne la blâmais plus pour des actes que je savais dans mon for intérieur qu'elle avait commis, et dont je n'aurais de toute façon très certainement jamais la confirmation de sa bouche : les regrettait-elle ? Me dirait-elle un jour ce qui l'avait conduite à de telles extrémités ?

« Tu as raison ... je ne te connais pas. J'ai tout fait pour que tu ne sois que celle que j'ai voulu que tu sois, pas celle que tu es ... » Je me raidis un peu devant l'air d'aveu que prenaient ces quelques phrases : ce n'était pas le moment de faire son mea culpa mais je la laissais cependant continuer, consciente de l'importance de ce qui allait suivre. « Je te demande pardon. »

Je bloquais sur ces dernières paroles, mon esprit refusant totalement d'intégrer leur signification : je n'étais sans doute pas encore totalement éveillée, ma tête continuait dans un coin de me transmettre des rêves. Quinn Harper venait de ... s'excuser ? Non, mieux que cela : de me demander pardon ? Je devais avoir l'air singulièrement bête la bouche ainsi béante et mes yeux emplis d'incompréhension et d'hésitation posés sur elle, aussi répliquais-je par la seule réaction dont j'étais capable : un léger rire gêné. Loin de moi l'idée de tourner en ridicule ses aveux, mais je peinais à y croire.

« Merlin, tu es vraiment au plus mal. répondis-je simplement, secouant doucement la tête de droite à gauche avec une expression navrée. C'est à moi de m'excuser. Jusqu'à il y a peu, jamais je n'avais cherché à comprendre pourquoi tu me détestais. » Attrapant une brosse à cheveux parmi le nécessaire de toilette apporté par l'infirmière à sa disposition, j'entrepris de brosser et démêler délicatement les longs et beaux cheveux bruns de Quinn, si lisses - tels qu'en vérité j'aurais aimé les miens plutôt rétifs et constamment bouclés. L'odeur de la sueur et des ongues contre les plaies utilisés par l'infirmière étant plutôt forte et désagréable, j'en profitais pour enduire légèrement les mèches de ma condisciple de soin parfumé. « C'est faux. Ça sert à quelque chose. » Et à quoi donc je vous prie ? Hum, sans doute à maintenir intacte la carapace sombre et froide qu'elle s'efforçait de bâtir autour de son cœur et le visage hostile qu'elle s'évertuait à montrer aux autres pour ne pas risquer d'être blessée. Je pouvais comprendre cela : j'avais beau ne pas exactement choisir la même façon de faire, la finalité était la même : empêcher autrui de me faire du mal en atteignant mon cœur. Sauf que cela ne m'avait jamais rien apporté. Avec un peu d'effort, j'aurais deviné que son plissement de sourcils n'était dû qu'au souvenir assez mémorable de notre dernière altercation où j'avais manqué de peu de faire exploser sa jolie tête en déviant mon maléfice informulé sur les pierres du balcon derrière elle - ah mais elle m'avait poussée à bout aussi ! Aussi liées que nous puissions être à présent, je devais reconnaître malgré tout qu'elle était définitivement très douée pour ça. Avait été du moins.

Rien n'aurait pu mieux traduire cependant à quel point ce duel était dépassé que le geste accompli par Quinn par la suite : elle se blottit contre moi, sa joue rejoignant le creux au-dessus de mon épaule. Elle grimaça lorsque j'évoquais Clyde, et je ne pouvais lui en vouloir : nous devinions toutes deux dans quel état de fureur il pourrait être après elle en apprenant la nouvelle - j'espérais seulement qu'il ait le bon sens de s'inquiéter de son sort et de faire payer le responsable, mais ne pouvais en jurer. Les mains de ma cadette s'agrippèrent à moi avec force et désespoir presque à m'en faire mal et je posais sur elle un coup d'œil vaguement affolé, serrant ses mains dans les miennes. Avait-elle encore une crise d'angoisse ? ... « Il ne doit pas le savoir ! Il va faire une bêtise ... Il va le tuer. Et c'est tout ce que ce sale fils de Détraqueur mériterait. » marmonnais-je sombrement. Ma réflexion devait une nouvelle fois surprendre Quinn, émanant de moi que l'on disait toujours si paisible et gentille, mais ... Sérieusement, qu'importait que Clyde assassine le salaud responsable du viol de Quinn ? Je serais la première à l'en féliciter, songeais-je férocement. Mais je reposais mon regard sur Harper et je me souvins alors : un autre meurtre surtout par la faute de Clyde était tout ce que je tenais précisément à éviter - pousser le Ravenclaw dans cette voie un peu trop facile ne ferait qu'aggraver les choses. Mais si je voulais le convaincre si d'aventure il l'apprenait de choisir une autre option, il me fallait commencer à élaborer un plan infiniment plus vicieux et cruel. Voilà qui allait requérir des trésors d'imagination de ma part !

« Il ne doit pas le savoir ... »

La détresse intense perçant dans la voix de ma camarade me ramena sur terre loin de mes sanglants fantasmes emplis des cris de souffrance d'un violeur sans visage, et je la serrais un peu plus contre moi tout en caressant doucement ses cheveux de ma main libre. « Alors nous ne lui dirons rien. Là, calme-toi. Même s'il l'apprend, il préfèrera prendre le temps d'agir et s'assurer qu'il paie à sa juste mesure plutôt que de s'élancer inconsidérément. »

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Message par Quinn Harper Ven 7 Jan - 4:01

J'avais envie de dormir, de sombrer dans un sommeil sans rêve. J'aurais voulu sombrer dans l'inconscience, très loin de la douleur de ce corps qui avait été mien. Oui. Avait été. Puisqu'elle n'en était plus si certaine maintenant. Elle se demandait si elle serait capable de se regarder dans un miroir après cela. Mais qu'importait pour le moment. Tout ce qui importait, c'était ma tête lourde et la douleur diffuse. Et étrangement, la présence de Montana à mes côtés. Jamais je n'aurais songé que ce serait elle qui me réconforterait après un tel coup dur. Tant pis. J'allais faire avec. J'allais simplement traverser ce brouillard pour de bon, avec le temps. J'en étais certaine. Enfin non. Je doutais, mais qu'importait. En réalité, j'avais l'impression que rien ne pouvait vraiment être important maintenant. Montana me tendit un verre d'eau que je pris avant de le porter à mes lèvres. Ces petites attentions étaient charmantes, adorables même, semblable à celles qu'auraient porté Emalee à mon égards dans la même situation. À moins qu'elle se serait enfouit pour ne pas voir l'état des dégâts, personne ne pourrait le dire en réalité. Je déposai le verre sur la table de chevet avant d’attraper une friandise entre mes doigts, sans la manger. Le cœur ne m’en disait rien.

Suite à mes paroles, soit les excuses que je venais de prononcer, je captai son expression dans le noir. Elle semblait estomaquée. La bouche entre-ouverte, les yeux écarquillés…j’aurais voulu hausser un sourcil d’un air moqueur, mais la douleur à la tempe me fit si mal que je m’en abstenu. Elle fini par en rire. Cette fois-ci, ce fut une moue d’incompréhension. Je ne comprenais vraiment pas ce qui lui prenait. Était-ce si ridicule? Se moquait-elle de moi? En temps normal, j’aurais sans doute coupé cela court avec une répliquer cinglante voué à la blessé, mais là, je séchais. «Merlin, tu es vraiment au plus mal. C'est à moi de m'excuser. Jusqu'à il y a peu, jamais je n'avais cherché à comprendre pourquoi tu me détestais. »C’était sans doute qu’il n’y avait rien à y comprendre au final. Ça n’avait aucune logique et les liens fait par mon stupide cerveau sans doute trop masochiste pour son bien n’avait pas à être connus de tous et chacun. Me protéger de Montana avait été une bêtise, je le réalisais maintenant.

Je la laissais brosser et parfumer mes cheveux mêlés par la soirée de cauchemar que je venais de passer. Je somnolais à demi, les paupières lourdes, le corps engourdit. Moins je bougeais, moins ma tête me faisait mal. Dans la pièce, on pouvait entendre rien d’autre que les dents de la brosse butant sur les nœuds de mes cheveux bruns et les respirations régulières des dormeurs. Le temps semblait être suspendu. Un monde semblait séparer ce moment de quiétude de celui où je me mis à paniquer franchement. M’agrippant à elle, la suppliant presque. Elle ne sembla pas comprendre cette panique, puisqu’elle me lança un regard affolée, serrant mes mains dans les siennes. «Et c'est tout ce que ce sale fils de Détraqueur mériterait.» Non. Elle ne comprenait pas. Il ne fallait pas qu’il le sache! Que moi, j’ai tué quelqu’un pour lui, sous ses ordres, c’était quelque chose, que lui commette le meurtre s’en était une autre. D’une certaine façon, je voulais lui épargné les remords que je ressentais, je voulais lui épargner ces cauchemars, tout ce que je m’efforçais de taire. Quand bien même Clyde était plus fort que moi. Je voulais le protéger, pas le lancer dans les bras du mal.

Je jetai donc un regard désespérée à Jones, espérant profondément qu’elle puisse comprendre qu’il ne fallait pas qu’il le sache, qu’il ne DEVAIT pas le savoir. Ce qu’elle sembla faire. Elle me serra un peu plus contre elle, tentant de son mieux de m’apaiser. « Alors nous ne lui dirons rien. Là, calme-toi. Même s'il l'apprend, il préfèrera prendre le temps d'agir et s'assurer qu'il paie à sa juste mesure plutôt que de s'élancer inconsidérément. » C’était encore drôle. Mais j’hochai la tête murmurant un faible : « Tu crois vraiment? » Moi, je n’y croyais pas du tout. C’était comme si on me disait que le Père-Noël existait, ça n’avait aucun sens. Ce geste, qu’importe si Teel l’avais prévu ou pas, ne me touchait pas seulement. C’était une attaque que Clyde prendrait personnelle, je le savais. C’était sans doute cela le pire dans l’histoire. Du moins, j’aurais voulu que ce le soit.

Inspirant un bon coup, je fermai les yeux. Ma tête était de plus en plus lourde. Je savais que j’avais besoin de dormir, mais j’avais peur de le faire. Une vague question me passa par la tête ; quelle heure était-il? Sûrement tard, puisque tout le monde dormait et que les activités dans le couloir s’était limité au quelques fantômes. « Tu veux bien rester avec moi cette nuit? » Je ne me rendis compte de ma demande seulement lorsqu’elle fut formulée. J’en remarquai rapidement le ridicule. Seigneur! J’avais seize ans! J’étais bien capable de dormir toute seule non? «Tu n’es pas obliger, bien sûr. Tu dois avoir des cours demain, tu dois te reposer. » Oui, bon, comme moyen pour se rattraper, c’était nulle, mais mieux que rien. « Je n’aurais pas dû te demander ça…» conclu-je dans un murmure à peine audible




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Message par Montana D. Jones Ven 7 Jan - 12:12


Je n'étais pas certaine le moins du monde de ce que j'affirmais : Clyde était un homme et à l'inverse des femmes au cœur desquelles des siècles et des siècles de mauvais traitements et de soumission avilissante avaient gravé la patience et le froid de la vengeance, il était tout autant capable de foncer tout droit jusqu'au dortoir du violeur de Quinn. C'était une relation complexe qui unissait mes deux camarades de chez les bleus, constant duel de deux egos qui s'aimaient et s'affrontaient à la fois : il y avait tellement d'égoïsme et de fierté dans leur relation, tant de sentiments tus et de souffrance intériorisée que cela m'en donnait froid dans le dos - jamais je n'aurais voulu un tel contact dans ma vie ; je ne m'étonnais donc pas que Quinn en souffre, mais il n'était pas en mon pouvoir de la détourner de Clyde. Rowenna soit louée, qu'était-ce donc que cette dévotion aveugle que semblaient lui porter ses disciples ? C'était probablement le problème le plus mystérieux et insoluble que me posait ce petit groupe d'insoumis. Pour l'heure, je souhaitais simplement que ma condisciple s'endorme et se repose, que la douleur imprégnant chacun de ses membres s'atténue au moins provisoirement. Elle avait terriblement besoin de cet oubli bienfaiteur bien que provisoire qui baignait la plupart des gens dans leur sommeil et nul à cet instant ne le méritait plus qu'elle. C'était tout ce que je pouvais désormais faire pour elle, veiller sur sa personne et m'assurer qu'aucun danger ne vienne la hanter en ma présence.

Mon étonnement visible face à ses excuses n'était certes pas flatteur pour elle, mais elle aurait dû s'attendre pourtant à cette réaction après tant de mois de haine entre nous. Le fait qu'elle ne se donna même plus la peine d'interrompre mon bref rire d'une réplique cinglante m'indiqua assez à quel point elle était en train de changer, transformée déjà par l'expérience qu'elle venait de vivre. Je dévorais machinalement un carré de chocolat dans l'espoir bien futile de me redonner un peu de force - cet entretien m'épuisait moi aussi au fur et à mesure que l'heure avançait au beau milieu de la nuit - constatant avec tristesse mais sans surprise sa cruelle absence d'appétit. Qu'importe, je n'allais pas la gaver comme une oie et la forcer à manger, elle qui avait besoin de calme et de tendresse à cette minute. J'espérais simplement que la sensation que j'imaginais apaisante de la brosse dévalant délicatement ses longues mèches, dénouant les nœuds rencontrés en chemin lui ferait un peu de bien : tout ce qui pouvait la réconforter était le bienvenu. Elle n'était plus mon ennemie à présent, ne pouvait plus l'être : nul doute qu'elle aurait tout donné à cet instant pour revenir en arrière à l'époque où me haïr était tellement plus simple, tellement sans conséquences, mais les choses étaient allées ainsi. Et c'était cette arrogance, cette fierté claironnante qui l'avait autrefois imprégnée qui lui avait attiré le sort abominable qu'elle affrontait à présent.

Je ne pouvais pas comprendre le terrible désir de protection qui conduisait Quinn à refuser le soutien de son meilleur ami, de simplement le mettre au courant. Elle aurait dû pouvoir lui faire confiance, recevoir son appui et son amitié bienfaisante, et non craindre de le mettre en colère - Merlin ! Clyde était sensé être son ami, pas un quelconque supérieur auquel elle aurait des comptes à rendre. Était-ce ainsi qu'ils concevaient l'amitié entre eux, un constant rapport de force ? Je frissonnais devant l'horreur de ce que Quinn considérait pourtant comme un référentiel normal, alors que c'était des plus tordus et affreux. Personne n'aurait du vivre ainsi ... J'avais certes une conception très aléatoire des rapports homme/femme et spécialement de la galanterie masculine envers le sexe prétendument faible - usant ou niant cette fameuse galanterie à mon avantage quand cela me chantait - mais j'avais toujours plus ou moins considéré que dans une amitié il appartenait à l'homme de veiller sur la fille, spécialement dans le cadre d'une amitié aussi forte et exclusive que celle que Clyde et Quinn partageaient. Et le résultat d'une défaillance à ce principe, je l'avais devant moi : une catastrophe dramatique pour tous, le regard implorant de Quinn sur ma personne alors que quelques heures encore auparavant je n'étais pratiquement rien pour elle, sa voix faible presque suppliante.

« Tu crois vraiment ? » « Mais oui, » soufflais-je doucement. « En tous cas, c'est ce que je ferais plutôt que d'utiliser bêtement mes poings sur un homme peut-être plus fort que moi. Je méditerais un moyen percutant et efficace de le faire payer. »

Peut-être l'attacher sur une chaise et broyer ses parties génitales à la râpe à fromage, c'était une idée ça tiens. Il faudrait que j'y songe un peu plus sérieusement mais sans l'identité précise du violeur, je ne pouvais strictement rien faire. L'orgueil ... il perdrait Clyde un jour, c'était une certitude acquise. Sentant Quinn s'alanguir et s'alourdir peu à peu contre moi, je me renfonçais légèrement dans les oreillers tout en contemplant la Lune et la sublime vue sur les collines entourant le Lac noir par la fenêtre à barreaux, songeant que là-dehors à l'extérieur de l'infirmerie erraient des monstres tout aussi horribles sinon plus que ceux rôdant dans la Forêt interdite.

« Tu veux bien rester avec moi cette nuit ? »

La demande me surprit, non pas tant parce que j'aurais pu la trouver absurde ou déplacée mais parce que je m'apercevais au contraire qu'elle s'était faite une évidence pour moi au long de ma bancale conversation avec Quinn. Non, je ne regagnerais pas sottement mon dortoir au milieu de la nuit et mes draps bien chauds tandis que ma condisciple passerait la pire nuit de sa vie dans ces locaux sordides au milieu d'étudiants inconnus qui par-dessus le marché ronflaient peut-être, non je n'irais pas courir absurdement les couloirs au risque de me faire prendre et demander d'où je revenais ainsi si tard dans la nuit et susciter des questions gênantes. J'allais rester là jusqu'au matin, tout simplement, quitte peut-être à rater mon premier cours de la journée car je n'avais pas de réveil autre que la course du soleil à disposition.

« Tu n’es pas obligée, bien sûr. Tu dois avoir des cours demain, tu dois te reposer. Je n’aurais pas dû te demander ça … » « Ne sois pas sotte, coupais-je fermement, évidemment que je vais rester, on s'en fiche de rater un ou deux cours. D'ailleurs, c'est toi qui a besoin de te reposer. Essaie de dormir maintenant, je demanderai à l'infirmière de m'installer un lit de camp si besoin. »
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Message par Quinn Harper Mar 18 Jan - 1:33

« Mais oui. En tous cas, c'est ce que je ferais plutôt que d'utiliser bêtement mes poings sur un homme peut-être plus fort que moi. Je méditerais un moyen percutant et efficace de le faire payer. » Je laissais les secondes s'écoulées lentement sans rien dire. Je doutais qu'en réalité, Clyde ne prenne pas la peine de réfléchir à ce qu'il ferait subir à Teel. Dans une tel situation, il y avait de grande chance qu'il se contente de l'attacher par les pieds dans les cachots et le torturer jusqu'à ce que mort s'en suit, en prenant bien le temps de le faire souffrir comme il le voulait, le laisse à l'agonie même. Du moins, c'est ce que moi j'aurais fais s'il s'en était prit à Emalee. Bien entendu, j'avais toujours été plus impulsive que Clyde. Avec un peu de chance, il garderait son sang froid, il réfléchirait, il prendrait le temps de voir les possibilités qui s'offrait à lui, mais ça relevait sans doute du rêve ou de la folie de simplement vouloir le croire. Dans le pire des cas, je pourrais toujours rêver, non? C'était ironique, puisque la dernière chose que je souhaitais à ce moment précis était bien de rêver, puisque j'avais peur de ce qui m'attaquerait dans ces mêmes rêves. Mais tout cela n'avait plus vraiment son important au moment où mon corps commença à s'alourdir contre Montana. Respirer me faisait toujours aussi mal, ma tête était toujours aussi désespérément lourde, au point ou j'étais certaine qu'elle était immense. Mes yeux brûlaient de façon désagréable, sans doute à cause des nombreuses larmes que j'avais tant bien que mal essayé de retenir. Le sommeil me gagnait peu à peu après une trop courte période éveillée, comme si j'avais demandé à mon corps un effort surhumain pour simplement s'animer.

Ne sois pas sotte, évidemment que je vais rester, on s'en fiche de rater un ou deux cours. D'ailleurs, c'est toi qui a besoin de te reposer. Essaie de dormir maintenant, je demanderai à l'infirmière de m'installer un lit de camp si besoin. » Je ne répondis que par un faible sourire alors que je m'installais plus confortablement contre le matelas qui était loin d’être aussi douillet que mon propre lit là-haut dans la tour des bleus. Ma main attrapa celle de Montana, comme si je craignais qu'elle ne s'envole pendant mon sommeil, alors que ma tête reposait toujours contre son épaule. Je voulu la remercier, mais prononcé une simple parole me semblait trop difficile et je préférais laisser tomber au profit d'une bonne nuit de sommeil, ou une mauvaise nuit. Dans le pire des cas, je pourrais toujours demander une potion pour supprimer mes cauchemars à l'infirmière. Je calquais ma respiration à celle apaisante de Jones, comme si cela pouvait m’épargner cauchemars et monstres sanguinaires. Une pensée absurde me traversa l’esprit. Est-ce que là-haut, dans son dortoir, emmitouflé dans ses draps rouges et chauds, Aden Teel éprouvait de la satisfaction? Avait-il l’ombre d’un remords? Revivait-il l’événement encore et encore en fantasmant à la prochaine fois qu’il croiserait ma route? Toutes ces questions étaient malsaines, je le savais parfaitement. Je ne faisais que me torturer un peu plus.

« Il ne faut pas que Teel approche Emalee…il ne faut pas qu’il l’a touche… » marmonnais-je faiblement les yeux clos.

Ce fut les dernières paroles que je prononçais avant de m’enfoncer dans les bras de Morphée. Je ne pu savoir si Montana avant entendu le nom de mon tortionnaire ou si elle avait réagit à ce nom si populaire au sein des élèves de notre école, puisque je sombrais dans les ténèbres…
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