Le temps d'un péché [Ez.]

Étendu sur son lit, Adam fixait le plafond sans pour autant le regarder vraiment. Il soupira lorsqu’une pensée rebutante lui traversa le crâne. Ce n’était certainement pas dans son dortoir qu’il aurait dû être à cette heure ci. Les possibilités étaient grandes, à l’image des responsabilités dont il était chargé. Il aurait pu être quelque part dans l’ombre de Clyde, à épier ses moindres faits et gestes pour mieux savoir comment l’approcher et marquer des points dans son estime. Ou même occupé à surveiller Garden, dont les initiatives étaient toutes plus dangereuses et risquées les unes que les autres. Il pouvait même, éventuellement, être à la recherche de Mason, avec lequel il devait encore discuter de plusieurs sujets brûlants. Et la liste s’allongeait encore.

Pourtant il était bien là, occupé par ses pensées dans son dortoir à l’ambiance oppressante, et nulle part ailleurs. La porte grinça en s’ouvrant, et Adam entendit les pas fatigués de l’un de ses camarades de dortoir. Bizarrement, sans même redresser la tête, il savait que ce n’était pas Clyde. Car si ça avait été lui, il l’aurait senti, cela ne faisait pas le moindre doute dans son esprit. Le serdaigle se planta près du lit voisin, poussant Adam à tourner les yeux vers lui. Keaton Evered. Adam en savait peu sur le garçon, comparé à certains membres de la clique de Clyde. Mais il en savait suffisamment pour se méfier de lui comme des autres. Le jeune homme ne croisa pas son regard, mais Adam était convaincu qu’il s’était aperçu de sa présence. Il fouilla dans le tiroir de la table de chevet voisine mais n’en sortit rien. Avec orgueil, Adam songea que sa seule présence l’empêchait de prendre ce qu’il était venu chercher. A moins qu’il soit seulement en train de s’assurer qu’un certain objet était toujours là. Quoiqu’il en soit, il ne resta pas plus longtemps. Tournant les talons, il repartir d’où il était venu sans le moindre mot à l’intention de son camarade de dortoir. A peine eut-il refermé la porte derrière lui, qu’Adam se releva brusquement et sauta de son lit sans autre forme de procès. Il ouvrit le tiroir dans lequel Keaton avait cherché quelque chose un instant plus tôt et commença à le fouiller avec circonspection. Malheureusement pour lui, il fit chou blanc et ne réussit même pas à savoir que diable le serdaigle était venu faire là!

Légèrement déçu, Adam passa sa frustration en magie. En un instant, il abandonna son apparence originelle pour revêtir les traits d’un chat au pelage couleur d’ébène. Satisfait, il trottina en direction de la porte que Keaton avait eu la bienveillance de mal refermer. Il passa par l’ouverture, parfaite pour lui, et descendit dans la salle commune. Elle était quasiment vide, et les quelques élèves présents ne lui prêtèrent pas vraiment attention. Ce n’était qu’un chat, et noir en plus, ce qui était très commun pour la plupart des sorciers. Il n’eut aucun mal à quitter la salle commune, se retrouvant bientôt dans les plus hauts étages du château. Il n’avait aucun moyen de jeter un coup d’œil par l’une des hautes fenêtres, mais il n’avait pas besoin de ça pour se remémorer la dernière catastrophe en date. C’était quelque chose d’horrible en apparence, qui pouvait bien changer considérablement les traits de Poudlard pour un certain temps. Mais il n’y avait aucun moyen de savoir s’il s’agissait réellement d’un méfait à imputer à Clyde ou ses sbires. Sans davantage de précisions, il n’était pas question de tirer la moindre conclusion hâtive. Mais Adam comptait bien y remédier en allant lui-même à la recherche d’indices.

Passer inaperçu lorsqu’on arrivait seulement à hauteur de pieds des élèves n’était pas bien difficile. La plupart ne faisait strictement pas attention à lui ou, s’ils le voyaient, ils n’écourtaient pas nécessairement leurs discussions de peur d’être entendus. Cela avait vraiment ses avantages d’avoir l’apparence d’un animal familier. Tout en serpentant entre les élèves occupés à converser ça et là, le petit chat noir se félicita de son apparence. Il s’arrêta quelque fois en surprenant une conversation plus secrète que d’autres, mais il tombait le plus souvent sur des ragots ou des révélations personnelles qui n’avaient pas le moindre intérêt à ses yeux.
Après une bonne après midi d’espionnage infructueux, ce fut lassé que le frêle animal alla se réfugier dans une pièce qu’il ne perdit pas son temps à identifier, désireux d’échapper aux regards. A l’abris, il put reprendre apparence humaine. A nouveau lui-même, Adam s’étira mollement afin de détendre certains de ses muscles mis à rude épreuve. Ce n’était pas de tout repos de se promener sous cet apparence trop longtemps. Adam n’était pas encore habitué à cette transformation, et encore moins à ce qu’elle soit prolongée. Il savait qu’il devait se montrer prudent, mais c’était parfois plus facile à dire qu’à faire. Avisant d’une table installée un peu plus loin dans la pièce et de la présence de chaises tout autour, il alla s’y installer avec délice. Quel bonheur de goûter à un moment de repos bien mérité!

Mais alors qu’il pensait pouvoir profiter d’un brin de tranquillité, la porte s’ouvrit sous ses yeux. Un soupir s’échappa de ses lèvres sans qu’il ne cherche vraiment à le retenir. Assis nonchalamment sur sa chaise, l’avant bras sur le haut du dossier, Adam analysa lentement l’intrus… qui se révélait être une intruse. Un sourire en coin étira ses lèvres tandis que la porte se refermait derrière la jeune fille.

« Que me vaut ce plaisir? »

Adam n’était pas très doué pour les traits d’esprit, mais il faisait vraiment un effort pour s’améliorer. La nouvelle arrivante le trouverait sûrement étrange, mais n’était-ce pas précisément l’effet qu’il voulait produire? Après une éprouvante après-midi de recherches inutiles, il méritait bien de charrier la première personne venue. La fixant d’ailleurs d’un regard inflexible, il trouva bon d’ajouter:

« Qui es-tu et qu’est-ce qui t’amène ici? »

Il y avait, dans cette école, toutes les choses que la petite Duchesse ne pouvait supporter. De la saleté écœurante des couloirs aux murs usés du château aux objets pointus des classes de potions. En réalité, Ezékielle serait bien mieux dans son palais de marbre, dans ses draps de soie, dans son monde désinfecté à l'odeur rassurante de désinfectant. Elle se souvenait comme d'hier de la conversation qu'elle avait eue avec Rebecca. Alors qu'elle avait affirmé qu'elle songeait à laisser ses études en plan pour retourner dans son palais, pour ravoir cette vie qu'elle avait laissé derrière elle. Son amie avait été contre l'idée et une part d'elle-même lui donnait raison. En réalité, jamais la jeune fille n'était entré dans le moule de la parfaite petite Duchesse qui se plie aux règles sans geindre. Quand serait-il maintenant que tous savait qu'elle était une sorcière? Resterait-il la petite fille rebelle qui ne faisait qu'à sa tête ou alors deviendrait-elle la bête de foire, le monstre de la famille? Elle était déjà le vilain petit canard, elle n'osait pas imaginer ce que ça donnerait si elle retournait vivre à la maison familiale. Peut-être d’une certaine façon, Rebecca avait raison. Elle n’avait pas non plus sa place dans la noblesse. Mais alors, ou était-elle, sa place, si ce n’était ni dans la noblesse reluisante, ni dans le monde magique?

C'est à ce qu'elle pensait alors qu'elle traversait les couloirs de Poudlard, en faisait bien attention à ne pas frôler les gens qui parcouraient les couloirs. Elle pouvait entendre des brides de conversation qui lui parvenaient. Avec elle, personne ne prenait la peine de baisser la voix en la voyant venir, comprenant qu'elle était déconnectée du monde qui l'entourait. En réalité, Ezékielle était souvent le sujet de plaisanterie ou de moquerie de la part des élèves. C'était simple, elle n'était pas comme eux, elle n'avait pas nécessairement sa place dans ce monde magique, et elle était toujours à côté de la plaque. Personne ne baissa donc la voix en voyant la jeune duchesse passer près d'eux, personne ne la salua. Rien. Et elle, elle était tellement concentrer à ne toucher à personne, qu'elle ne remarqua rien. C’était aussi idiot que ça. Ensuite, on ne s'étonnait pas du fait qu'elle n’a pas réellement d'amis dans l'enceinte du château. C'est ainsi plongé dans ses pensées que la jeune fille remarqua le chat au pelage noir qui marchait parmi les élèves. Un chat noir comme on en voyait des tas, mais Ezékielle décida de le suivre tout de même. Contrairement beaucoup, la jeune fille ne s'inquiétait pas du nouveau drame qui avait ébranlé Poudlard. Elle avait vécu ce drame comme si on lui avait apprit que son poisson rouge était rouge. Elle n’avait pas cherché plus loin, comme elle le faisait présentement avec ce chat. Elle le suivait simplement, sans se poser de questions sur l’animal. Et d’ailleurs, pourquoi le suivait-elle? Elle n’en avait pas la réponse et ne pu se questionner davantage qu’on l’interpela

« Ezékielle?» La jeune fille se retourna vers son binôme en potion, avec un air agacé sur le visage. D’un air princier, elle observa son interlocuteur. Ce dernier se dandina un moment sur ses pieds, comme mal à l’aise puis reprit la parole. Après quelques mots, la jeune duchesse n’écoutait déjà plus, elle avait comprit le nécessaire; le jeune garçon venait de lui dire qu’il avait fait les travaux et les potions seuls et qu’il était mal à l’aise de tout avouer à l’enseignant. Après un moment, la jeune fille le fit taire d’un geste de main impérieux avec un sourire en coin qui troublait plus qu’autre chose. « Ne t’en fait pas avec ça.» Sur ces mots, elle avait tournée les talons, essayant de retrouver le chat noir qui avait attiré son attention quelques minutes plutôt. Sentant le regard troublé de l’élève dans son dos, la jeune fille entra dans la première salle à sa gauche. Poussant la porte, qu’elle referma derrière elle, elle se figea devant la silhouette inconnue qui se tenait devant elle.

Pendant un moment, la jeune duchesse songea à s'excuser et à tourner les talons, mais le jeune homme prit la parole bien avant. « Que me vaut ce plaisir? » Elle ne répondit pas, muette, comme si on venait de lui couper la langue. C'était comme si son corps ne pouvait plus répondre à son pauvre cerveau. Elle était paralysée devant lui. Elle baissa les yeux, ses joues virant au rouge soutenue. Elle connaissait Adam Meyer, plus par non qu'autre chose. Elle ne lui avait jamais adresser les paroles, parce qu'il la glaçait sur place. Par contre, lui, il ne connaissait visiblement pas sa personne. « Qui es-tu et qu’est-ce qui t’amène ici? » Ça validait ce qu'elle croyait. Ezékielle n'osa pas lever les yeux vers lui, préférant fixer un point imaginaire au-delà de son épaule, l'allure toujours aussi princier, même si ses joues étaient rosis. « Je...je heu...En fait je ...hum...» Elle pointa la porte du pouce, comme si elle voulait signifier qu'elle allait partir, mais fut incapable de faire me moindre geste pour tourner les talons.

Effrayée la nouvelle venue n’était absolument pas dans ses intentions. Il tentait simplement de relâcher la pression après une journée de cours guère agréable. Il en faisait surement trop, mais il n’en avait pas conscience. Il n’était déjà pas dans ses habitudes d’adresser la parole à la première personne venue, sous prétexte qu’ils soient seuls dans une même salle. D’ailleurs, à la réflexion, Adam se retrouvait souvent en compagnie d’une seule autre personne dans une salle ces derniers temps. Le suivait-on discrètement sans qu’il ne s’en aperçoive? Andrews faisait-il suivre les quatre récents arrivants parce qu’il les trouvait suspect? Non, Adam ne devait céder à la paranoïa. C’était un chemin trop facile qu’il n’avait pas envie de suivre. Se rassérénant, il retrouva toute confiance alors que la jeune fille qu’il fixait d’un œil impassible commença à s’exprimer.

« Je...je heu...En fait je ...hum...»

Elle s’empourprait légèrement, mais Adam décida de ne pas s’en amuser. Il n’était pas ce genre de garçon. Elle fixa la porte du pouce, ce qui étonna le serdaigle. Voulait-elle déjà lui fausser compagnie? Son visage se voila légèrement devant cette interrogation. Il pensait pouvoir passer un moment agréable en compagnie d’une parfaite inconnue et au lieu de partager son point de vue, elle semblait vouloir fuir. Et pourtant, malgré ce que son geste avait semblé signifier, elle ne bougea pas d’un poil. Adam haussa un sourcil. Avait-il mal compris? Il se leva d’un bond et se dirigea vers elle. Il s’arrêta à hauteur de la jeune fille, dont le port princier lui intimait néanmoins de garder ses distances, et la regarda l’air sceptique.

« Tu veux partir? Ou alors, il se passe quelque chose avec la porte? »

Il n’attendit pas que la jeune fille arborant les couleurs de Gryffondor daigne le répondre ni qu’elle lui fasse un signe. Il s’approcha de la porte et au moment où il tourna sur la poignée, il comprit que sortir n’allait pas être une mince affaire. C’était étrange, puisque qu’ils étaient rentrés tous les deux. Il aurait soudain mis sa main à couper que c’était l’œuvre d’un plaisantin ou mieux, du château lui-même. Ceux qui l’avaient conçu avaient vraisemblablement le sens du jeu, ou alors un sens de l’humour très particulier. Que ce soit à travers l’ensorcellement des Grands Escaliers ou de certaines salles, ils avaient mis sur le chemin de chaque élève un certain nombre de défis à relever. Dans ces cas là, il valait mieux garder son sang froid. Adam ne s’énervait pas si rapidement que ça, mais il était venu ici, d’abord pour retrouver sa forme originelle, mais surtout pour se relaxer. Savoir qu’il lui faudrait faire des pieds et des mains pour sortir de là n’arrivait vraiment pas à le mettre en joie. A vrai dire, il commençait à sentir ses tempes vibrer et ses muscles se contracter.

« Dans quelle salle sont nous donc tombés? »

Il se posait davantage la question à lui-même qu’à sa camarade. Et pour cause, il lui tournait quasiment le dos. Sortant sa baguette magique, il testa deux ou trois sortilèges imprononcés de sa connaissance, qui ne connurent cependant pas un franc succès. Sa baguette toujours en main, il prit une pause très théâtrale, une main sur le menton et entreprit de réfléchir à la meilleure solution pour se sentir de là. C’était précisément le genre de situation où il valait mieux mettre à contribution ses neurones plutôt que ses muscles. Mais à ce moment là, la présence de la jeune fille se révélait plus dérangeante qu’autre chose. Il grogna plusieurs fois sans grande distinction avant de lancer de nouveaux sorts sur la porte et sa poignée particulièrement tenace. Mais rien n’y fit. Excédé par ses échecs, Adam pesta en rangeant sa baguette d’un air revêche.

« Saleté de salle magique! »

Se rappelant tout d’un coup qu’il n’était pas seule, il se tourna vers la jeune lionne et la considéra d’un œil solennel. Il se passa plusieurs secondes avant qu’il ne reprenne la parole, à son unique et entière intention cette fois ci.

« Il semblerait que l’on ait tous les deux choisis la mauvaise porte. Ça va être toi et moi contre celle salle on dirait bien. »

Il leva les yeux alentour, sans fixer de point déterminé, mais il visait clairement la pièce dans sa totalité. Il essayait de lui envoyer des pensées négatives pour lui prouver à quel point son petit jeu l’indifférait et lui faisait même plutôt perdre son temps. Encore, il aurait compris que Poudlard puisse décider de l’enfermer avec une personne à qui il devait des explications, mais c’était loin d’être le cas en l’occurrence. A moins que cette salle-ci ne frappe au hasard, attendant simplement que deux ou plusieurs personnes soient réunies? Si tel était le cas, ils n’étaient vraiment pas sortis de l’auberge, car trouver le signal capable de les délivrer revenait à chercher une aiguille dans une meule de fois -comme aimait à le dire les moldus. Et il n’était pas question de s’assoir et d’attendre que le temps passe, car si la salle attendait d’eux quelque chose, ils n’étaient pas prêts d’en sortir en adoptant cette attitude passive. Il convenait donc pour Adam d’éclaircir les choses dès maintenant.

« A mon avis, la salle attendra que nous fassions une certaine chose avant de nous laisser tranquille. L’ennui c’est qu’il faut trouver quoi. Le mieux serait déjà de savoir de quelle salle il s’agit exactement, ça pourra peut-être nous aider. » Comme s’il parlait à une attardée, il ajouta: « Tu comprends? »

Elle connaissait Adam Meyer, non personnellement, mais elle l'avait croiser plusieurs fois, elle avait entendu parler de lui, elle l'avait observer dans le silence, bien qu'il sembla ignorer tout d'elle, jusqu'à son existance. Chaque fois qu'elle l'avait croiser dans les couloirs de Poudlard, elle semblait perdre tout ses moyens face à lui, quand bien même elle ne croisait pas son regard. Alors maintenant qu'elle était si près de lui, Ezékielle était partagée entre s'éloigner et retrouver ses moyens ou rester planté là comme une idiote. Elle finit par abaissé la main, laissant retomber son bras le long de son flanc. « Tu veux partir? Ou alors, il se passe quelque chose avec la porte? » Ezékielle secoua la tête, mais ce fut inutile, parce qu'il la dépassait déjà pour s'approcher de la porte. Ne demandant pas son reste, la jeune Duchesse fit quelques pas dans le pièce, sans toucher à aucun meuble ou fauteuil - les microbes, vous savez- avant de se retourner vers Adam. Il semblait avoir un problème avec la porte, mais d'où elle était, Ez' ne voyait pas trop de quoi il s'agissait. Elle se détourna donc ,comme si rien ne pouvait vraiment être grave. Ce n'était pas vraiment le cas, mais elle avait apprit avec le temps que tout allait mieux si on gardait son sang froid et puis, elle, elle ne faisait pas dans la panique quand il ne s'agissait pas d'aiguille ou de microbes en tout genre.

« Saleté de salle magique! » Ezékielle sursauta. La voix d'Adam l'avait sortie de sa contemplation des lieux. Elle n'avait pas entendu la phrase qui avait précédé celle-là. Elle s'était installé au milieu de la salle, débout et droite comme un I, ne touchant à rien. Elle croisa son regard et sentit de nouveau ses joues prendre une joli teinte rosâtre. Elle avait vaguement plissé le nez de façon presque dégouter devant les propos d'Adam. Elle avait cru, à le voir, qu'il n'avait rien a voir avec tout ceux qui se baladait dans les couloirs, elle semblait s'être tromper, vu son langage. « Il semblerait que l’on ait tous les deux choisis la mauvaise porte. Ça va être toi et moi contre celle salle on dirait bien. » Muette, la jeune fille n'ajouta rien, se contenta d'hocher la tête, d'un air solonnel. Et puis quoi encore? Elle n'allait quand même pas rester ici pendant des heures. Elle fit une légère moue avant d'arpenter la pièce, silencieusement, sans se départir de son port princier. Trouver un moyen de sortir, d'accord, mais comment? Sans porte et sans fenêtre, ce serait difficile. Elle s'arrêta de s'agiter quelques instants pour observer les murs, comme dans l'espoir de trouver quelque chose.

Ouais bon, non, il y avait rien. « A mon avis, la salle attendra que nous fassions une certaine chose avant de nous laisser tranquille. L’ennui c’est qu’il faut trouver quoi. Le mieux serait déjà de savoir de quelle salle il s’agit exactement, ça pourra peut-être nous aider. Tu comprends? » Elle fronça les sourcils, avant de lui faire face. Elle n'était pas une attardée, ni une gamine qui ne comprend rien à ce qu'on lui dit. « Pardonnez-moi, mais je ne suis pas une personne avec une déficience mentale quelconque ni une abrutie, alors si vous vouliez m'adressez la parole en prenant cela en compte.» Avec un mouvement de main vague mais sèche, elle montra un écritaux dans une langue morte écrite au dessus de la porte, gravé dans la pierre. On ne voyait que la moitié des lettres, sans doute le temps avait-il fait son oeuvre sur le pierre froide et sale. « Vous savez décripter cela, dites-moi?»