Oh, look what you've done. { ft. Raven }

Faut-il nécessairement une raison pour aller mal ?
Et si je n'avais pas envie de mettre de mots sur ma douleur ?

Leslie Jeffers n'allait pas bien. Presque tout le monde dans le château s'accordait à le dire et cette constatation n'étonnait personne. Déjà d'ordinaire, elle souriait très peu, riait autant, et était joviale encore moins souvent, si bien que beaucoup la pensait dépressive ou insensible depuis longtemps. Mais ces temps-ci, son état avait empiré. Son calme froid était devenu perturbant et son sérieux alarmant. Même si elle n'était pas de ceux partageant leurs moindres émotions avec le monde et gardait tout en elle, par discrétion et pudeur, ce qui était dans son caractère, à présent, son attitude n'était plus excusable. Elle était trop glaciale, trop effacée, trop blême. Déjà peu bavarde et communicative, son visage était presque devenu inexpressif. Déjà qu'elle mangeait peu, son assiette était de plus en plus vide. De quoi se demander comment elle avait fait pour ne pas avoir implosé jusque là. Comment même elle faisait pour tenir encore debout, alors qu'elle maigrissait à vue d'œil. Mais là où les avis différaient, c'était le pourquoi, d'où venaient donc ses maux ? Était-ce réellement dû à une quelconque pathologie? Là dessus, les hypothèses allaient bon train. Certains, comme la Langley et sa clique, la taxait sans mal de plusieurs tares, maladies mentales la déshumanisant et difformités physiques; d'autres la pensaient légèrement autiste sur les bords, ce qui expliquait ses soucis relationnels, son intelligence au dessus de la moyenne, et son manque d'empathie, ou encore, dans autre genre, certains la disaient non sans sarcasme atteinte du syndrome du manche à balais coincé dans le derrière. Mais tous, sauf l'infirmière qui avait cerné une part du problème, se trompaient.
Oui, Leslie était bien malade. Elle était effectivement considérée par les médecins comme anorexique - ce qu'elle qualifiait plutôt de maigre, enfin, question de point de vue. Mais tout ceci était bien secondaire. La vraie pathologie de Leslie, qui la rongeait de l'intérieur et lui bouffait les entrailles, était sentimentale. Ce qu'on appelle communément : malade d'amour. Et c'était précisément pour cette raison qu'elle était à l'infirmerie là, tout de suite. Pas pour s'entendre dire qu'elle devait s'alimenter davantage et avaler une potion revigorante qu'elle irait rendre dans quelques heures dans les toilettes, non, mais pour que Raven vienne à son chevet. Car c'était lui le seul remède qui marchait un tant soit peu sur elle...

Il y a de ça une heure, Leslie avait fait un malaise dans les couloirs entre deux cours et avait été conduite à l'infirmerie par une de ses collègues préfètes se trouvant dans les parages lorsqu'elle avait perdu connaissance. La même préfète l'avait ensuite excusé auprès du professeur dont elle ratait la séance, la laissant aux bons soins de l'infirmière. Comme à chacune de ses visites inopinées, car ce n'était pas la première fois que Leslie avait une faiblesse momentanée, elle lui avait pris sa tension, remarquant avec consternation que celle-ci était toujours aussi basse que d'habitude. Et le fond du problème, lui aussi, était toujours le même : sa sous-alimentation. Mais à chaque fois c'était la même chose, Leslie assurait qu'elle allait faire plus attention, reprendre des forces... Mais elle finissait toujours par atterrir de nouveau à l'infirmerie avec les mêmes symptômes, l'infirmière se retrouvant démunie devant ce cas tristement connu. Et toujours, la même question revenait. « Pourquoi ne manges-tu pas, Leslie ? Tu es surmenée ou déprimée ces temps-ci ? » Et toujours la même réponse tombait. « Non, je n'ai pas faim, c'est tout. » Cette visite n'avait pas défrayé la chronique. Et, suivant encore et toujours le même rituel, elle s'était contentée de cette réponse inchangée et avait laissé la préfète en chef s'installer dans un lit après lui avoir fait avaler de quoi la requinquer, prévenant la personne de son choix pour venir la chercher quand elle se serait reposée et que les cours seraient terminés. Et aujourd'hui, cette personne, c'était Raven. Leslie avait besoin de le voir au point de s'en être rongée tous les ongles et de ne plus pouvoir arrêter ses mains de trembler d'impatience.

Les yeux perdus dans la contemplation du plafond, ses bras posés sur sa poitrine et le regard fixe, elle n'avait même pas essayé de dormir. Faire une sieste dans l'après midi ne l'aiderait sûrement pas à s'endormir le soir et elle avait déjà suffisamment de mal comme ça à fermer l'oeil en ce moment. Elle avait passé l'heure à ressasser toujours les mêmes pensées troubles et les mêmes dilemmes, triturant le haut du draps entre ses toutes petites mains. Elle en avait le cerveau retourné à force de contenir les mêmes pensées s'entrechoquant dans son crâne. A certains moment de profond désarroi, elle en venait à avoir envie de se jeter un Oubliettes pour ne plus entendre les paroles perturbantes de Gemma résonner dans sa tête. Mais vivre dans l'ignorance, en se fourvoyant, n'était pas non plus une solution. Du moins, pas une solution digne de Leslie Jeffers. Et même si elle devait passer sa vie sans ongles, elle aurait préféré savoir. Sauf que Gemma l'avait laissé complètement dans le trouble lors de leur dernière entrevue, lui en dévoilant juste suffisamment pour qu'elle se sente mal, mais pas assez pour qu'elle sache pour quelles raisons et à quel point elle devait se sentir blessée. Évidemment, ses paroles avaient essentiellement concerné Raven ; rien d'étonnant venant de cette groupie hystérique... Mais alors que d'habitude, cette garce se contentait de balancer des élucubrations relevant purement du fantasme, cette fois-ci, quelque chose au fond d'elle lui disait que tout ce qu'elle avait laissé entendre n'était pas que mensonges et délires de son esprit fanatique. Il y avait du vrai. Un peu, beaucoup, ou même infimement, cela n'avait aucune importance. Quelque chose s'était produit, bien qu'elle ne sache pas quoi, et rien que ce petit détail changeait toute la donne. Entendant une voix masculine dans le bureau de l'infirmière, Leslie s'efforça de lisser le draps de ses paumes un peu moites et se recomposa un visage le plus détendu possible. Raven allait passer la porte d'une seconde à l'autre et il ne devait pas sentir le malaise. Lui devait continuer à croire que tout allait bien et elle essayer de s'en persuader le temps de découvrir ce qui se tramait réellement, pour le bien de leur couple. Quand il entrerait, elle s'efforcerait même de sourire avec tendresse. Mais il y avait un détail, une petit chose, encore, contre laquelle elle ne pouvait rien. Dans ses yeux, on pouvait lire toute la détresse qu'elle essayait de cacher sous des artifices bien trop sommaires pour que la vérité sur son état ne soit réellement voilée.

Depuis quelques temps, Raven était songeur. Bien que concentré comme toujours sur la musique et le Black Birds, lorsqu’il n’était plus question de l’un ou de l’autre, le Serdaigle n’était plus tout à fait lui-même, parfois absent, dans la lune… la raison ? Sa rencontre fortuite une nuit avec Gemma, la Gryffondor qui mettait a rude épreuve chacun de ses sens mais qui n’avait malheureusement que quinze ans. Que diable pouvait-il faire avec une fille aussi jeune ? Rien, absolument rien ! Même si elle était pétillante, rafraîchissante et drôle, ce n’était qu’une gamine. Que dirait-on de lui s’il venait à la fréquenter dans une relation autre que celle amicale ? On le trouverait dégoûtant, monstrueux, un profiteur de première, limite pédophile. Il voyait déjà la scène et le scandale que cela pourrait faire. Parce qu’il n’était pas n’importe quel mec de vingt ans craquant pour une fille de quinze. Il avait une réputation à maintenir, il devait préserver son groupe de tout scandale. Il craignait tant qu’un faux pas de ce genre ne mette fin à la carrière des BB avant même quelle n’est réellement commencé. Ils devenaient peu à peu connu et leur notoriété commençait à croître au sein du château, alors s’il voulait que leur célébrité dépasse les murs de cette école, il ne pouvait pas se permettre ce genre de caprice. Sans compter qu’il y avait Leslie. Il devait penser à elle aussi ! Déjà son père était le principal – le seul – financier de leur groupe, si Raven blessait sa tendre fille, il leur retirerait tout son soutient à n’en pas douter. Mais au-delà de ça, il ne voulait pas lui faire de mal. Leslie et lui étaient vus comme le couple tendance du moment, on les enviait sans savoir ce que cachait réellement leur relation car elle n’était pas si idyllique que ça. Ce n’était pas non plus un cauchemar mais quelque chose… en faite, il n’aurait pas su dire quoi.

Il aimait Leslie, à sa manière, et elle, elle l’aimait, on ne pouvait pas le nier. Elle était toujours aux petits soins pour lui, il pouvait voir ses yeux briller quand elle les posait sur lui et il l’avait choisi elle parmi toutes les autres parce qu’elle avait quelque chose en plus. Quelque chose qu’elle avait perdu au fil du temps, mais Raven avait fait comme si de rien n’était. Il avait fait l’aveugle comme toujours pour ne pas à avoir à se préoccuper d’autre chose que de son groupe. Egoïste ? Certainement. Pourtant, ces derniers temps, il n’avait que pu remarquer que Leslie était… étrange. Encore plus accrochée à lui, plus aux petits soins, comme si elle devait se prouver quelque chose ou à quelqu’un d’autre. Il avait fait par de ce sentiment à Skylar qui l’avait bien vite rassuré : ce n’était que son imagination ! Leslie était juste folle de lui et le manifestait de cette manière. La réponse avait contentait Raven qui ne cherchait pas plus loin que le bout de son nez. On lui fournissait une excuse plausible, pourquoi aller plus loin ? Cela ne serait que des tracas inutiles en plus. Alors, il n’avait pas réellement fait attention à elle, même lorsqu’il apprenait qu’elle avait fait un malaise et qu’elle s’était retrouvée à l’infirmerie, il lui demandait simplement si elle allait bien après coup, et comme elle répondait toujours oui, il ne cherchait pas non plus à gratter en profondeur et se contenter d’embrasser son front en lui disant de faire attention à elle. Malgré tout, Leslie semblait dépérir un peu plus au fil du temps et maintenant, lui-même n’était plus réellement présent, trop occupé à laisser ses souvenirs prendre le dessus sur un interdit qu’il avait à peine goûté et se torturer avec.

C’était encore le cas tandis qu’il assistait à l’un de ses cours, pas le moins du monde concerné par ce dernière, il avait le menton posait dans la paume de sa main tandis qu’il jouait avec sa plume de l’autre. Mais la tranquillité du cours fut interrompue par quelques coups donnés à la porte. L’infirmière entra, un petit morceau de parchemin en main et après s’être excusée de son intrusion, elle alla jusqu’à la table qu’occupait Raven pour lui donner le mot, puis s’en alla. Certains se mirent à chuchoter en se posant déjà des questions sur le contenu du billet mais le professeur les rappela bien vite à l’ordre – bien que cela ne servit pas vraiment à grand-chose. Le Serdaigle déplia le parchemin et pu y voir qu’on lui demandait d’aller chercher Leslie à l’infirmerie après ses cours. Ses sourcils se froncèrent. Bizarre. Leslie avait déjà fait quelques séjours là bas mais jamais elle n’avait demandé à ce que se soit lui qui vienne la chercher. Le sentiment qu’il étouffait depuis bien longtemps lui disant que quelque chose n’allait pas ne pu que le pousser à réfléchir et ce, durant tout le reste de la journée, jusqu’à ce que les cours ne se terminent enfin et qu’il puisse se rendre auprès de sa petite amie.

Il fut directement accueilli par l’infirmière lorsqu’il arriva. Il demanda comment allait Leslie et elle lui donna pour réponse un simple : « mieux ». Le Serdaigle fronça de nouveau les sourcils. C’était bien trop évasif comme réponse ! On aurait dit qu’elle ne voulait pas rentrer dans les détails pour éviter de lui parler de la santé de la jeune fille. En y réfléchissant un peu, il savait bien que l’infirmière ne pouvait dévoiler des choses sur l’état des élèves sans leurs consentements et peut-être que Leslie cachait quelque chose, ce qui expliquait ses déjà trop nombreux malaises dont il s’était à peine préoccupé jusque là. Il se dirigea alors jusqu’au lit que lui avait indiqué la femme et ouvrit le rideaux pour y trouver une Leslie pâle, plus pâle que d’habitude même, et peut-être plus amaigri aussi… depuis quand avait-elle perdu autant de poids ? Pas qu’elle en ait eu en excès depuis qu’il la connaissait, mais il avait l’impression de la voir réellement pour la première fois et pourtant, les draps dissimulaient une bonne partie de son corps. Raven referma le rideau et tira une chaise jusqu’auprès du lit. Il laissa tomber son sac par terre et pris place sur la chaise. Doucement, il se saisi d’une des mains de la Serdaigle et essaya de plonger de son regard au fond du sien comme pour la sonder.

« Que t’arrive-t-il Les’ ? »

C’était la première fois qu’il lui posait la question.

Leslie intimait à ses pensées baladées dans son crane comme dans une machine à laver de se calmer, lorsque cette main qu'elle connaissait par cœur passa entre les deux battants et repoussa les rideaux, dévoilant la silhouette parfaite de son beau ténébreux. Le regard doux et le teint pâle, elle tenta donc de donner le change comme elle l'avait planifié en lui souriant tendrement, ses lèvres s'étirant à peine, coupée en plein élan. Son semblant de sourire venait de se heurter à celui, inexistant, de Raven, l'expression de son visage oscillant entre surprise, incompréhension et inquiétude. C'était nouveau. Jamais il ne l'avait regardé ainsi auparavant. Perturbée, elle ne put s'empêcher de pincer sa lèvre entre ses incisives, la boule au ventre et son rythme cardiaque s'affolant. Aucun doute, les questions allaient pleuvoir. L'air sur son visage était suffisamment clair. Et il ne faudrait pas se laisser déstabiliser, ni par le ton soucieux, ni par le regard perçant, ni même par les gestes rassurants de son homme. Elle devait s'en tenir à ses résolutions et les préserver, lui et leur couple. Et ce même s'il lui en coutait effroyablement de lui mentir et de jouer la comédie encore une fois...

Ses pupilles avaient légèrement vacillé lorsqu'elle avait soutenu son regard, et elle respira profondément lorsqu'il se retourna pour tirer de nouveau le rideau, leur rendant l'intimité la plus totale. Dans la foulée, il déposa une chaise du bord du lit, se défit de ses affaires de cours et vint s'asseoir tout près d'elle. Si près que ce parfum singulier qu'il dégageait et la rendait dingue emplit ses narines, lui offrant un petit moment de répit appréciable. Lorsqu'il saisit sa main, avec une infinie délicatesse, son cœur repartit au galop de plus belle, et lorsqu'il plongea son regard dans le sien, elle se sentit mise nue sous l'assaut de ses iris bleus transcendants. Partagée entre peur et adoration, elle pria si fort pour que ses prunelles ne soient pas trop bavardes qu'elle faillit rater le coche lorsqu'il lui posa sa première question qu'elle mit plus de temps que d'ordinaire à assimiler. « Que t’arrive-t-il Les’ ? » Un silence suivit alors qu'elle ouvrit la bouche une première fois sans qu'aucun mot ne s'en échappent. Gé-nial. Ah bah c'est qu'elle avait l'air fine en mode carpe... Deuxième essai ? Bon, c'était pas encore tout à fait ça, mais il fut tout de même nettement plus concluant. Lorsqu'elle rouvrit la bouche, et que cette fois des mots en sortirent, elle essaya de prendre un ton léger pour dédramatiser mais le tout avait l'air légèrement surjoué, ceci sans doute dû au pic de stress qu'elle tentait de couvrir. « Rien. Un petit vertige et tout le monde s'alarme... » Son ton qui se voulait rassurant avait légèrement raté son effet, et elle n'avait put retenir un léger soupir de soulagement, qui pouvait aussi passer pour de l'exaspération, à la fin de cette phrase qui avait eu temps de mal à sortir. « Comme si j'étais en sucre ! » Et elle leva les yeux au ciel pour rendre le tout un peu plus crédible, heureuse de détacher ses yeux des siens. Bah oui, si elle était si fébrile, y'avait bien une raison, être gourde était loin d'être l'adjectif qui lui convenait - il allait bien mieux à une certaine gamine de chez les rouge et or. Tout ça, c'était la faute à ces deux magnifiques yeux presque translucides qui la couvaient. Traîtres ! Et puis, empêcher sa main de devenir moite et de trembler dans celle de son amoureux n'était pas non plus de tout repos. Doucement, elle passa son pouce sur le dos de la main posée sur la sienne et dessina des petits cercles concentriques sur celle-ci pour se détendre, le regardant du coin de l'oeil. De sa main libre, elle replaça une mèche de ses longs cheveux blonds derrière son oreille, achevant le geste en allant ensuite effleurer du bout de ses doigts la joue de Raven, traçant de l'index la ligne de sa mâchoire. Le voir s'inquiéter pour elle de la sorte lui fit presque monter les larmes aux yeux. Elle lui devait des réponses... Et elle s'en voulait terriblement de ne pas pouvoir les lui donner. C'est le cœur pincé qu'elle ne put contenir ce mot lourd de sens qui vient briser le court silence qui s'était installé : « Désolée... » Et dans la foulée, ses yeux s'étaient baissés et sa main avait glissé de sa joue pour venir se poser sur la sienne qui ne l'avait pas lâché. Il devait ressentir à quel point elle était sincère, mais était certainement très loin de se douter à quel point elle l'était réellement. « Je ne t'ai pas fait venir parce qu'il y a un problème. » - Non, ce n'était pas un mensonge cette fois. Bien que problème il y avait en réalité, ce n'était pas la raison pour laquelle elle l'avait fait venir ! - « J'avais juste envie de te voir... » Sa voix avait manqué de peu de se briser sur la fin, alors que ses mains avaient resserrées leur prise inconsciemment. « Et puis Sha' aurait flippé, 'Tana a l'aide aux devoirs... Non pas que j'aurais préféré elles que toi, hein. Mais je sais combien toi aussi tu avais mieux à faire que d'être là alors que je t'accapare par pur caprice... Mais je suis contente que tu sois venue. Vraiment. Et je n'ai jamais pensé que tu ne viendrais pas, ce n'est pas ce que je voulais dire, je... » Elle était tellement déboussolée qu'elle peinait gravement à s'exprimer, se reprenant sans cesse, son regard se confondant en excuses... « ... Je t'aime, Raven. » C'était sorti presque comme un cri, oui, un cri du cœur qui bouchonnait dans sa gorge et qu'il fallait à tout prix qu'elle libère avant d'étouffer. Elle-même ne s'était pas attendue à ce que ce qu'elle pensait si fort, qui se lisait dans ses yeux et filtrait par toutes ses pores, ne dépasse ses lèvres à cet instant précis. Elle s'était laissée dépassée par une vague de sentiments contraires, d'angoisse, de peine, et d'une passion dévorante telle qu'elle avait perdu le contrôle. Et Raven devait être aussi surpris qu'elle. Un tel empressement, un tel élan passionné, venant de Leslie, était quasiment une première. Elle lui avait déjà dit maintes fois qu'elle l'aimait, bien sûr, mais pas de cette manière là, comme animée par le désespoir, comme si c'était peut être la dernière fois qu'elle aurait l'occasion de lui dire...

Raven pu voir le trouble que sa question avait amené chez Leslie. Sa bouche ne cessait de s’ouvrir et de se refermer, comme s’il venait de lui demander quelque chose dont la réponse lui échappait totalement. Pourtant il n’y avait rien de compliquer à ce qu’il lui avait demandé. Que lui était-il arrivée pour qu’elle soit là, allongée dans ce lit ? C’était fort simple comme question. La seule barrière qui pouvait empêcher Leslie de répondre était un refus simple de sa part. Peut-être ne voulait-elle pas partager ça avec lui. Peut-être avait-elle peur de discuter de ça avec lui. Il faut dire que le Serdaigle ne se montrait pas vraiment intéressé parfois. Si Leslie ne lui parlait pas, il ne cherchait pas la discussion. Tout comme s’il ne la voyait pas, il n’allait pas la chercher pour avoir sa présence auprès de lui. C’était égoïste mais il pensait en toute honnêteté que si elle avait eu besoin de parler ou de le voir, elle aurait pu le faire. Il ne pensait pas qu’elle puisse dissimuler quoi que se soit. Pas qu’il la pense vide et sans intérêt mais pour lui, la préfète en chef lui disait ce qu’elle avait sur le cœur lorsqu’elle en avait envie. Comme quoi, Raven était si aveugle aux autres qu’il ne voyait même pas ce genre de petits détails. Oh, bien évidemment, il avait remarqué que Leslie était de plus en plus aux petits soins avec lui ces derniers temps, mais il avait à peine abordé le sujet avec Skylar qui l’avait simplement et rapidement rassuré en lui disant que c’était l’amour inconditionnel que lui portait Leslie qui parlait. Une réponse simple mais surtout suffisante pour le Serdaigle alors que d’autres ne se seraient pas contentés de si peu et auraient cherché des réponses à leurs doutes avec leurs copines elles-mêmes, Raven, lui, s’était accommodé de ça, préférant se recentrer sur le groupe dont ils étaient justement entrain de parler avant qu’il n’aborde ce sujet. Etait-ce ça le véritable fond du problème ? Etait-il trop absorbé par le groupe ? trop centré sur lui ? Etait-ce la raison du mal être de Leslie ? Non. Il ne pouvait – et ne voulait – se résoudre à le croire. Les Black Birds était toute sa vie quasiment, il espérait et attendait tellement de ce groupe, il avait bon espoir en leur avenir et ne pouvait se résoudre à penser ne serait-ce qu’une seconde qu’il puisse mettre sa vie en parenthèse à cause de ça. Et même si c’était le cas, cela restait un choix. Il fallait travailler dur pour arriver à ses fins.

Enfin Leslie sembla réellement s’animer, offrant un semblant de réponse au Serdaigle qui n’avait pas cessé de la fixer en espérant pouvoir trouver ce qui se passait rien qu’en la scrutant, ce qui était loin d’être le cas dans cet instant. Tout ce qu’il voyait à ce moment, c’était une comme une panique, une angoisse mais il ne pouvait pas deviner laquelle. Etait-ce la peur qu’il découvre un quelconque secret ?

« Rien. Un petit vertige et tout le monde s'alarme... »

Il y avait quelque chose de faux dans sa voix et il ne su identifier son soupire ce qui l’agaça. Raven n’aimait pas que les choses lui échappent. Pas celles qu’il tenait à comprendre en tout cas. C’était normal que les gens s’inquiètent ! surtout lorsque ces ‘petits vertiges’ étaient répétés !

« Comme si j'étais en sucre ! »

Elle leva les yeux au ciel, comme si tout cela n’avait pas réellement d’importance ou que c’était ridicule, ce qui ne fut pas du goût du jeune homme qui fronça les sourcils de désapprobation.

« Tu n’es pas faite de marbre non plus. »

Il ne pouvait décemment pas la laisser prendre ça à la légère. Et si elle avait un malaise alors qu’elle se trouvait dans les escaliers ? elle aurait pu se fracasser le crâne ! ou se briser autre chose. Et si cela s’était passé près du lac, elle aurait pu tomber dedans et s’y noyer ! Il ne fallait pas qu’elle dédramatise tout ça au point de le tourner en ridicule.

Il ne su pas si ce fut sa remarque qui fit trembler très légèrement sa main dans la sienne, puis il pensa que ce n’était dû qu’au simple fait qu’elle l’avait bougé pour que son pouce puisse caresser le dos de sa main. Il la laissa faire, silencieux comme souvent, et ses lèvres s’étirèrent doucement tandis que ses doigts s’égaraient le long de sa mâchoire. C’était doux et tendre mais il fut rapidement surpris de voir les yeux de la Serdaigle pétillant comme si les larmes étaient prêtes à venir s’y installer.

« Désolée... »

Il ne pouvait nier la sincérité poignante de ce mot prononcé mais il ignorait de quoi elle s’excusait exactement. Etait-ce de ses paroles légères ou bien de l’avoir inquiété ou alors de tout autre chose ?

« Je ne t'ai pas fait venir parce qu'il y a un problème. J'avais juste envie de te voir... » Il ressentit sa détresse et resserra son étreinte de sa main prisonnière des siennes tandis qu’il en était de même de son côté. « Et puis Sha' aurait flippé, 'Tana a l'aide aux devoirs... Non pas que j'aurais préféré elles que toi, hein. Mais je sais combien toi aussi tu avais mieux à faire que d'être là alors que je t'accapare par pur caprice... Mais je suis contente que tu sois venue. Vraiment. Et je n'ai jamais pensé que tu ne viendrais pas, ce n'est pas ce que je voulais dire, je... »

Merlin qu’elle paraissait déboussolée par tout cela sans qu’il n’en comprenne vraiment les raisons. Enfin, si. Elle avait eu envie de le voir et il fallait avouer qu’ils avaient passé peu de temps ensemble ces derniers temps. Il pouvait comprendre son besoin de le voir, et il connaissait assez Leslie pour savoir qu’elle n’aimait pas s’imposer auprès de lui. Pourtant, elle en avait le droit, tant qu’elle ne devenait pas une de ces filles envahissantes… Enfin, Raven avait du mal à voir Leslie dans ce rôle, et tout à ses pensées, il fut d’autant plus surpris par ces mots qui sortirent de sa bouche.

« ... Je t'aime, Raven. »

Ce n’était pas les mots en eux-mêmes qui avaient surpris le Serdaigle. Leslie lui avait déjà confié son amour plusieurs fois, mais là c’était presque… désespéré. Comme un cri du cœur… un cœur brisé. Brisé par lui ? Cette idée lui poigna le cœur. Il n’aimait pas être salop, il ne voulait pas en être un, mais il fallait avouer qu’il avait fait quelques erreurs de parcours et son simple rapprochement avec Gemma que Leslie voyait comme une rivale n’était pas digne d’un homme honnête. Il savait que Leslie ne le supportait pas et pourtant il faisait fit de ses sentiments là dessus. En même il appréciait réellement la Gryffondor, et il aurait souhaité ne serait-ce que garder son amitié. Mais pour l’heure, c’était Leslie qui comptait et importait le plus.

Un sourire tendre se dessina sur les lèvres du chanteur, il se pencha et déposa un baiser sur le front de la jeune fille avant de répondre,

« Je sais Les’. Moi aussi. »

Il la couva du regard quelques instants et se demanda soudainement depuis quand ne lui avait-il pas répondu à ses ‘je t’aime’ par autre chose que ‘moi aussi’. Ne cherchait-il pas par là à éviter ces mots si forts ? Il se dérobait en quelque sorte ou cherchait à éviter le mensonge. Car les sentiments n’étaient plus les mêmes, pourtant il éprouvait encore un profond sentiment d’attachement envers elle. Sa détresse le percutait de plein fouet d’autant plus qu’il s’en savait en partie – n’osant pas pensait, totalement – responsable.

Doucement, il posa sa tête contre la poitrine de la jeune fille et abandonna ses mains pour caresser ses cheveux à leurs naissances au niveau de son front.

« Je suis désolé aussi. Je n’ai pas vraiment été disponible ces derniers temps. Mais tu sais, si tu veux me parler, me voir, ou même juste passer un peu de temps avec moi, tu n’as qu’à le dire. Tu peux me parler de ce qui te tracasse aussi, je sais que je peux paraître trop préoccupé par les BB mais je sais écouter aussi et pas forcément juger pour autant. »

Puisqu’il était trop aveugle pour se rendre compte des besoins de sa petite amie, autant qu’elle lui en fasse directement part, si cela pouvait la soulager.

Se détendre, ne pas lui communiquer son état de tension et apaiser ses inquiétudes, telle était l'attitude qu'elle s'efforçait d'adopter. Bien qu'elle s'y prenne comme une actrice de série b, au ton tartiné de faux semblants et aux touches d'humour, soulignées d'un sourire se voulant assuré, complètement factices. « Tu n’es pas faite de marbre non plus. » Le froncement de sourcil désapprobateur accompagnant ses paroles avait manqué de peu de la déstabiliser, si bien que ses mains en avaient légèrement tremblé. Faiblesse qu'elle avait caché en faisant bouger sa main, lovée dans la sienne, avec une tendresse qui elle était non feinte. Et si d'ordinaire elle était plutôt pudique dans l'expression de ses sentiments, elle ne pouvait empêcher cet élan qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui de s'extérioriser depuis qu'elle craignait tant de le perdre. Elle était allée dessiner les courbes de son visage du bout du doigt, comme pour les mémoriser encore une fois, alors qu'elle les connaissait déjà par cœur, submergée par cet élan d'amour. Et les mots s'étaient mis à couler, à défaut des larmes qui lui étaient montées aux yeux et qu'elles avaient réussi à contenir avec adresse, alors que d'un même mouvement ils resserraient leurs mains l'une dans l'autre. Ses sentiments avaient déferlé sur lui sans qu'elle n'essaie même de les retenir, et après coup, elle s'en voulut de s'être laissée submerger, par peur d'avoir trop parlé et de l'avoir ébranlé. Ce qui était à l'antipode de ce qu'elle souhaitait. Mais au de là de la surprise et des interrogations qu'avaient soulevé son monologue, un sourire tendre vint illuminer le visage de Raven tandis qu'il se penchait pour poser ses lèvres sur son front. Fermant les yeux au contact, Leslie aurait aimé que plus jamais ses lèvres ne se détachent de sa peau... « Je sais Les’. Moi aussi. » Et alors qu'il la regardait, ses yeux profondément ancrés dans les siens, elle se mordit l'intérieur de la lèvre, touchée. L'entendre dire qu'il partageait ses sentiments lui faisait un bien fou, même s'il n'y avait pas mis les formes les plus romantiques au monde. Il était comme ça, son bad boy, voilà tout. Ses larmes s'étaient déjà évaporées lorsqu'il laissa retomber sa tête sur sa poitrine, et sa détresse s'annihila complètement sous ses caresses qui lui donnaient des frissons jusque dans le bas de sa colonne. Elle ne s'était plus sentie si désirée depuis longtemps. « Je suis désolé aussi. Je n’ai pas vraiment été disponible ces derniers temps. Mais tu sais, si tu veux me parler, me voir, ou même juste passer un peu de temps avec moi, tu n’as qu’à le dire. Tu peux me parler de ce qui te tracasse aussi, je sais que je peux paraître trop préoccupé par les BB mais je sais écouter aussi et pas forcément juger pour autant. » Puisqu'il était précisément allongée sur sa poitrine, elle ne pouvait s'autoriser le moindre déglutissement qui aurait pu trahir le malaise dans lequel la plongea sa dernière phrase. Lui parler de ce qui la tracassait ? Ah non, ça, elle ne pouvait pas. Absolument pas ! Cela aurait davantage signé sa perte que cela aurait pu l'aider de se confier à lui... D'accord, elle aurait été libérée d'un poids. Mais les conséquences qu'entraîneraient ses révélations, par de là le soulagement de sa conscience, ne risquaient pas de rendre sa vie plus facile. Parce qu'elle était intimement persuadée qu'il la quitterait s'il apprenait le fin mot de l'histoire, même si de son côté non plus, il n'était pas blanc comme neige. - Mais elle ne connaissait pas vraiment l'ampleur de ce qu'il pouvait avoir à se reprocher opposée au crime qu'elle-même avait commis. - « Ne te fais plus de soucis, tout va bien depuis que tu es là. C'était juste... Une petite baisse de moral. » Ouais, pas très crédible, c'est vrai... Mais elle n'avait pas envie de lui mentir ! Pas davantage, vous comprenez ? Elle s'en voulait déjà assez sans en rajouter en s'inventant des fausses excuses... La sincérité est le ciment du couple, n'est ce pas ? Le leur était déjà assez en danger comme ça... Pour l'empêcher de demander la cause de ses inquiétudes, ou au moins en retarder le moment, elle s'empressa de changer de sujet en revenant sur ses précédents mots. « Et tu sais bien que je ne t'en veux pas. Je sais à quel point les BB comptent à tes yeux.... Ce qui fait ton bonheur fait le mien. » Si elle essayait de noyer le poisson ? Ben, non, ce n'était pas vraiment ça... Ni de le prendre par les sentiments, hein. Juste de lui faire oublier ses questions. De le rassurer pour qu'il ne cherche pas à en savoir davantage. Même si, effectivement, les mots doux n'étaient peut être pas le moyen le plus efficace, c'est vrai. Mais Leslie restait Leslie, et elle n'en était pas encore à utiliser son corps comme moyen de pression - ou plutôt de décompression ? - pour arriver à ses fins. Ce genre de choses n'était pas dans ses cordes. Et non, cette leçon, Sha' ne la lui avait pas encore inculquée ! Elle avait déjà eu assez de mal à lui faire porter des talons et des vêtements un peu osés... Mais si son look avait gagné en féminité, côté séduction, elle restait très plan-plan. Même si depuis qu'elle était avec Raven elle avait énormément progressé, ah ça... Et avec Skyler aussi, sans aucun doute. Même si à choisir elle aurait préféré perdre en expérience et ne pas avoir à mentir à son amoureux... « Ce qui fait ton bonheur fera toujours le mien. » "Et ce qui fait mon malheur... On s'en fiche", se retint-elle d'ajouter. Tant qu'il était heureux, tout irait bien. Tant qu'il savait à quel point elle l'aimait, rien ne pouvait leur arriver. Et à ce prix, elle pouvait encaisser n'importe quoi.

Il se montrait attentionné. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait manifesté tant d’intérêt pour sa petite amie. Il ne s’en rendait compte que maintenant, n’était-ce pas exagéré ? Etait-il si centré sur sa personne qu’il en oublié tout ceux qui l’entouraient, même les personnes les plus proches de lui et l’aimant le plus ? Non, ce n’était sur lui qu’il se focalisait, mais sur le groupe. Quoi que son envie de réussite en les Black Birds était avant tout pour la célébrité et la notoriété, inutile de se voiler la face là-dessus. Donc indirectement, il ne pensait qu’à lui au point d’en délaisser les autres. Il se rendait compte de la patience de Leslie et de la force de son amour pour lui pour qu’elle ait pu supporter son comportement. Pourtant, il n’était pas exactement pareil avec Gemma, mais la Gryffondor avait le don de réveiller ses sens et de le détourner de son chemin. Pourtant lorsqu’il jouait, elle était relayée au même titre que les autres. Peut-être que cela était simplement dû au comportement de Leslie. Peut-être était-elle trop effacée, trop dans l’ombre et ne se mettait pas en avant comme Gemma. Les deux jeunes filles étaient à l’opposée l’une de l’autre.

Tout à ses pensées, il caressait encore les cheveux blonds de la Serdaigle, la tête posée sur sa poitrine qui se soulevait à un rythme régulier et son regard à lui se perdant dans le vide, lorsqu’elle se décida à briser le silence qui les enveloppait.

« Ne te fais plus de soucis, tout va bien depuis que tu es là. C'était juste... Une petite baisse de moral. » Il eu une moue qu’elle ne put voir. Une baisse de morale n’entraîne généralement pas de malaise. Il pouvait comprendre son envie de le voir, mais cela n’expliquait pas ses vertiges à répétition et c’était de ça surtout dont Raven s’inquiétait. Il y avait bien une raison, une cause à ses maux, mais il n’arrivait pas à savoir lesquelles et bizarrement, il se doutait qu’il ne serait pas prêt de le savoir. « Et tu sais bien que je ne t'en veux pas. Je sais à quel point les BB comptent à tes yeux.... Ce qui fait ton bonheur fait le mien… Ce qui fait ton bonheur fera toujours le mien. »

Raven se redressa, quitta le corps chaud et frêle de Leslie et sa main déserta par la même occasion ses cheveux. Ce fut un regard quelque peu dur et strict qu’il posa sur la jeune fille.

« Ne dis pas de bêtises. »

Sa voix claqua plus sèchement qu’il ne l’avait voulu mais peut-être était-ce un mal pour un bien. S’il avait pu se contenter de ce genre de déclaration auparavant – c’était même ses préférées – il n’en était plus question. Leslie avait des problèmes, c’était tellement évident maintenant qu’il se demandait comment il n’avait pas pu les voir. Il était de son devoir de prendre soin d’elle, elle était sa petite amie après tout ! et même si elle avait des amies pour se confier, lui aussi devait répondre présent pour elle, sinon à quoi bon ? Il pensait qu’il ne la quittait pas simplement à cause de l’argent que son père apportait au groupe, mais à présent il savait qu’il y avait autre chose. Leslie faisait partie de sa vie, même si Gemma lui faisait tourner la tête, il devait se rentrer une bonne fois pour toute que ce n’était qu’une enfant de quinze ans avec qui il n’avait aucun avenir. Son avenir, pour le moment, c’était avec Leslie qu’il le voyait. Le sentiment qui la rattachait à lui n’était peut-être plus aussi vivace qu’autrefois, mais il n’avait rien fait pour changer la donne non plus. Il avait laissé les choses se faire en s’intéressant finalement plus à ce qu’il ne pourrait jamais avoir, le fruit défendu, Gemma, qu’à celle qu’il avait déjà auprès de lui et qui l’aimait d’un amour qu’il savait réel. Il aurait du se battre pour eux, ou tout simplement s’impliquer un peu plus dans leur relation au lieu de laisser Leslie de côté et ne la voir que lorsqu’elle venait d’elle-même.

« Ecoutes Les’… Commença-t-il d’une voix bien plus douce. J’ai été un véritable égoïste, et je le serai encore probablement à l’avenir. Il serait temps que tu le sois aussi, ne serait-ce qu’un peu, pour ton bien. Tu ne peux pas te contenter du bonheur des autres, tu dois avoir le tien, rien qu’à toi et si pour cela tu dois te montrer égoïste et bien fais-le ! N’attends pas qu’on te donne ce que tu souhaite en restant muette et en priant pour que ça vienne tout seul. Exige-le ! Je sais que es bien trop gentille pour penser de cette manière, mais personne ne t’en voudra de réclamer un peu de ce qui fera plaisir. On est tous comme ça quelque part. »

Il se pencha doucement et captura ses lèvres avec une infime tendresse pour ne pas la bousculer, comme souvent, puis il s’éloigna que de très peu et entrecroisa ses doigts à ceux de la Serdaigle.

« Si tu as envie de me voir, peu importe ce que je fais, viens et c’est tout. Si je suis en train de répéter et que tu veux absolument me parler, fais-le. »

Il se doutait qu’il allait très vite regretter ses paroles si elle venait à le faire. Débarquer pendant une répétition et demander à le voir, il dirait non, qu’il est occupé, puis elle insistera en lui rappelant que c’est lui qui a dit d’agir de cette manière et il devra céder. Pourtant il n’avait pas pu dire autre chose. Leslie avait besoin de lui et il ne pouvait pas laisser les choses comme elles étaient et si il arrivait quelque chose à la jeune fille, il ne pourrait que s’en prendre à lui de ne pas avoir su être là et de s’être entêté dans son groupe et ses ambitions. En même temps, une part de lui souhaitait que si Leslie décidait effectivement de se comporter de la sorte, qu’elle ne le fasse pas trop souvent et pas dans des moments trop importants non plus – et ils l’étaient tous lorsqu’il s’agissait du groupe.

Ragaillardie par les gestes tendres de son ténébreux, qu'elle n'avait plus senti si présent, là, tout contre elle, depuis ce qui lui semblait une éternité, Leslie ne comprit absolument pas ce qui lui arrivait lorsque soudain, on lui vola le semblant de réconfort qu'elle venait de trouver. Plus de chaleur, plus de câlin, plus de caresses. Sans crier gare, Raven s'était détaché d'elle et écarté, comme pris d'un électrochoc. Sous la surprise, Leslie sentit son cœur se recroqueviller dans sa poitrine et son visage pâlir alors qu'il la fixait d'un air grave, sérieux, et... Agacé ? Mais... Pourquoi ? Qu'avait-elle donc dit pour qu'il réagisse si... Violemment ? « Ne dis pas de bêtises. » Leslie ne put s'empêcher de sursauter, le regardant avec toujours autant d'incompréhension. Elle se sentait bête. Bête de ne pas comprendre. Qu'avait-elle bien pu dire pour qu'il lui parle si... Sèchement ? Ses mots repassèrent à la vitesse de l'éclair dans son crâne alors que complètement incrédule, ses yeux faisaient le trajet entre ses lèvres serrées et son regard dur, interdite. Elle ne se l'expliquait pas. Des bêtises ? Non, elle n'en avait dit aucune. Dire qu'elle voulait le rendre heureux, qu'elle le pardonnait, et que tout irait bien tant qu'il serait à ses côtés n'en était pas ! C'était complètement illogique, d'ailleurs, qu'il pense que cela puisse en être. Quelles autres attentes pouvait-il avoir d'elle ? C'était bien la première fois que l'intelligence innée de la préfète lui faisait défaut, et elle était complètement désemparée par ce retournement de situation intempestif. Sans qu'elle ne le veuille, ses mains s'étaient remises à tordre le drap alors qu'elle se posait mille questions, chacune faisant grimper un peu plus son stress. Bon sang, que voulait-il qu'elle lui dise d'autre ? Avait-il des doutes sur sa sincérité ? ... Se pouvait-il qu'il... Qu'il sache quelque chose ? Au moment où cette idée lui traversa l'esprit, elle se sentit complètement désemparée. Comme un oiseau fragile à qui on menacerait de couper les ailes. Si son visage n'avait pas déjà été maladivement pâle, sûrement aurait-elle encore gravi un échelon sur l'échelle de la pâleur.

« Ecoutes Les’… » Plus aucun air ne passait dans ses poumons. Elle avait arrêté de respirer, trop effrayée par ce qu'il allait bien pouvoir dire, et tétanisée de peur qu'il ce cette phrase, aux allures d'un "Il faut qu'on parle", n'introduise leur... rupture. « J’ai été un véritable égoïste, et je le serai encore probablement à l’avenir. » Et alors ? Elle aimait cette facette de sa personnalité, jamais elle ne lui reprocherait cela ! Il n'allait pas lui faire le coup du "je te quitte pour ton propre bien", hein ? Ce genre de trucs n'était bon que pour les téléfilms moldus de série b à gerber ! La main de Leslie alla s'appuyer contre son sternum. Les battements de son coeur, précipités par l'angoisse, cognait contre sa paume moite. Elle ne respirait toujours pas, et sentait déjà la présence de l'abime prêt à s'ouvrir sous ses pieds lorsqu'il prononcerait la phrase fatidique. « Il serait temps que tu le sois aussi, ne serait-ce qu’un peu, pour ton bien. Tu ne peux pas te contenter du bonheur des autres, tu dois avoir le tien, rien qu’à toi et si pour cela tu dois te montrer égoïste et bien fais-le ! N’attends pas qu’on te donne ce que tu souhaite en restant muette et en priant pour que ça vienne tout seul. Exige-le ! » Elle s'autorisa enfin à recommencer à respirer en assimilant mot à mot que ses craintes étaient infondées. Sa main s'agrippa pour donner le change à son collier qu'elle ne quittait jamais, ses doigts s'enroulant autour du pendentif que sa mère lui avait offert pour ses treize ans. Silencieusement, elle se surprit à remercier le petit angelot qu'elle avait toujours considéré comme un porte-bonheur de l'avoir épargnée. Et un demi sourire, de profond soulagement, s'accrocha à ses lèvres. « Je sais que tu es bien trop gentille pour penser de cette manière, mais personne ne t’en voudra de réclamer un peu de ce qui fera plaisir. On est tous comme ça quelque part. » Le sourire de Leslie s'élargit alors que le ton de Raven redevint doux et rassurant. Elle avait presque envie de pleurer, encore sous le choc de ces émotions contradictoires qui avaient malmené son palpitant. Lorsqu'il revint vers elle, se penchant pour l'embrasser avec toujours cette profonde délicatesse comme s'il avait peur de la briser en libérant davantage de passion, elle dut retenir l'élan presque désespéré d'entourer ses bras autour de son cou et de le serrer tout contre elle à lui en briser les os. Plus jamais elle ne voulait craindre de le perdre. Rien que vaguement y songer était déjà trop pénible. Elle répondit avec une douceur presque fébrile à son baiser, prenant le temps de fermer les yeux pour savourer pleinement ce contact salvateur, et lorsqu'elle les ouvrit, elle constata qu'il n'avait plus l'intention de s'éloigner d'elle puisqu'il captura instantanément ses mains entre les siennes. Tant mieux. Le savoir loin l'angoissait à tel point que parfois, elle en venait à souhaiter qu'ils soient siamois - bien que cela aurait évidemment quelques inconvénients de taille...

Elle contemplait les tréfonds de ses chavirants iris bleutés plantés dans les siens en essayant de deviner ce qu'ils essayaient de lui dire lorsqu'il mit des mots sur ses pensées. « Si tu as envie de me voir, peu importe ce que je fais, viens et c’est tout. Si je suis en train de répéter et que tu veux absolument me parler, fais-le. » Il avait pris un ton plus insistant et impératif, bien qu'en gardant toujours cette même tonalité affectueuse loin de toute brusquerie. S'il la secouait ainsi, s'il essayait de la changer, c'était bien qu'il avait senti que leur couple battait de l'aile et qu'il fallait agir pour empêcher le pire de se produire. N'est-ce pas ? Ce ne pouvait pas être autre chose... Comme le fait qu'il aurait aimé qu'elle soit un peu plus... Comme Gemma ? Tout d'abord apaisée et rassurée, Leslie n'y pensa pas tout de suite. Mais l'idée n'allait pas tarder à germer dans son esprit tourmenté. « D'accord. Je vais faire des efforts pour cesser d'avoir peur de t'ennuyer. Mais c'est que... Je n'ai pas envie de te monopoliser. » Ses yeux faisaient le yoyo entre son torse et ses prunelles. Elle avait peur qu'il essaie de l'interrompre en disant à nouveau qu'elle racontait des bêtises. « Si je m'écoutais, j'aurais envie de te voir tout le temps, bien sûr, mais un tel comportement t'étoufferait et je ne prendrais pas autant de plaisir à te retrouver à chaque fois après une absence... Même si parfois, ça me pèse un peu d'être loin de toi, parce qu'il y a des moments que je regrette de ne pas partager avec toi, c'est vrai. » Et elle déposa sa tête contre son torse, marquant une pause dans son discours en laissant échapper un soupir. « Mais si j'agissais ainsi, on se marcherait sur les pieds. Et je me sentirais comme ces nana collantes, souvent de trop, qui imposent leur présence et se donnent trop d'importance... Je passerais pour une groupie ! Dans le genre de... Gemma... » Un petit déclic s'était fait dans son esprit mais elle essaya de ne rien laisser paraître en reprenant de suite le fil de sa phrase. « ... et sa clique d'hystériques qui suivent tes moindres faits et gestes et traînent en permanence dans ton sillage... Et ce n'est pas ça que tu veux, hein ? Que je sois un peu plus comme elles... » Elle s'était reculée pour scruter son regard alors qu'elle avait comme qui dirait jeté une pierre dans le lac sans toutefois réellement exprimer le fond de sa pensée. Un drôle de nœud était remonté dans sa gorge. « Parce que, ça, je ne peux pas. » Elle avait terminé sa phrase dans un espèce de rire jaune à moitié étouffé et en baissant de suite les yeux, n'osant plus le regarder. Elle déglutit, en vain, pour essayer de se débarrasser de ce nœud désagréable qui encombrait sa gorge.

« D'accord. Je vais faire des efforts pour cesser d'avoir peur de t'ennuyer. Mais c'est que... Je n'ai pas envie de te monopoliser. »

Ses yeux le fuyaient partiellement et Raven ne pu s’empêcher de remarquer à quel point elle pouvait être craquante sans même s’en rendre compte – ce qui la rendait d’autant plus mignonne. Cette manie qu’elle avait de penser qu’elle allait l’ennuyer à chaque fois qu’elle voulait le voir ou lui parler était stupide, bien qu’il s’en soit largement accommodé jusque là. Ils étaient en couple et ils devaient agir comme tel. Comment pouvait-elle avoir peur de le monopoliser alors que ses interventions se concentrer sur sa simple présence lors de certaines répétitions et des concerts ? S’il y avait des problèmes dans leur couple, le fait que Leslie puisse l’étouffer était totalement à exclure ! Elle était si discrète, si… effacée. Peut-être que son mal-être venait de là ? Peut-être ne s’extériorisait pas assez pour être heureuse et qu’à tout garder en elle pour ne pas ‘déranger’ les autres la rongeait. Il devait y faire quelque chose, bien que Leslie ne soit en réalité la seule personne qui puisse y remédier et cela en faisant un travail sur elle-même tout en étant, tout de même, entourée de ses proches. Cependant, Raven ne voulait pas la brusquer et encore moins lui faire croire qu’elle devait impérativement changer pour lui, alors qu’il pensait à son propre bien à elle, mais comme souvent il était maladroit pour parler de ce genre de chose, il craignait de se faire mal comprendre et d’empirer les chose, ce qu’il ne souhaitait pas le moins du monde.

« Si je m'écoutais, j'aurais envie de te voir tout le temps, bien sûr, mais un tel comportement t'étoufferait et je ne prendrais pas autant de plaisir à te retrouver à chaque fois après une absence... Même si parfois, ça me pèse un peu d'être loin de toi, parce qu'il y a des moments que je regrette de ne pas partager avec toi, c'est vrai. »

Elle déposa sa tête contre son torse et il en profita pour déposer un baiser dans ses cheveux, comme pour la rassurer. C’était fou toutes les craintes et les barrières qu’elle pouvait s’imposer. Raven était avec elle depuis un moment déjà et il ne s’était aperçu de l’ampleur de la chose, bien qu’il l’ait toujours su qu’elle était prude et fragile à certains niveaux.

« Mais si j'agissais ainsi, on se marcherait sur les pieds. Et je me sentirais comme ces nanas collantes, souvent de trop, qui imposent leur présence et se donnent trop d'importance... Je passerais pour une groupie ! Dans le genre de... Gemma... »

Par pur réflexe, Raven fronça les sourcils. Pourquoi fallait-il qu’elle parle de Gemma ? elle avait d’autres exemples mais il fallait qu’elle se focalise sur la Gryffondor comme si aucune autre de ses groupies ne pouvaient compter, mais d’un certain côté elle avait raison, pour preuve ce qu’il s’était passé dans la réserve aux potions. Mais il retrouva un visage lisse rapidement à ce souvenir et surtout au fait que Leslie se reprenait rapidement pour ne pas justement accuser seulement Gemma de tous ces défauts alors qu’elle savait les autres pareilles mais qu’elle n’aimait tout simplement pas la jeune fille – ce qu’on pouvait comprendre lorsqu’on savait la vérité, mais ce qui n’était pas son cas.

« ... et sa clique d'hystériques qui suivent tes moindres faits et gestes et traînent en permanence dans ton sillage... Et ce n'est pas ça que tu veux, hein ? Que je sois un peu plus comme elles... »

Elle se recula pour le regarder minutieusement, comme pour tenter de lire la réponse sur son visage.

« Parce que, ça, je ne peux pas. »

Il y eu un rire d’aucune joie qui résonna puis elle baissa rapidement les yeux comme pour se soustraire au regard de Raven. Cette fois, son froncement de sourcils se fit plus dur et resta imprégné un long moment sur son visage. Il s’empara du menton de la jolie blonde entre son pouce et son indexe et la força à relever le visage vers lui pour confronter leur regard.

« Je ne t’ai jamais demandé ça Les’. Je ne suis pas avec elles, mais avec toi, cela prouve bien des choses non ? Je ne veux pas que tu devienne comme elles, ou même que tu change, sauf si pour révéler une partie de toi qui existe déjà mais que tu garde en fond de toi. »

Il prit son visage en coupe et déposa ses lèvres sur sa bouche avec plus de fermeté et de passion que précédemment pour lui prouver qu’il était bel et bien là, avec elle et pour elle, puis il posa son front contre le sien et souffla,

« Si tu veux m’embrasser, fais-le. Si tu veux simplement me voir, dis-le. Si tu veux que je reste avec toi, ici, jusqu’à ce que tu puisse quitter l’infirmerie et parler de tout et de rien, même si ça prend des heures, demande-le. »

Il la serra doucement contre lui, toujours avec cette peur de la briser s’il ne se contenait pas et murmura à son oreille,

« C’est bien de vouloir le bonheur des autres, mais ce n’est pas en faisant passer leurs envies en priorités et en dépits des tiennes que tu obtiendra le tien, et tu y as le droit aussi Leslie, alors fais seulement ce qu’il faut pour l’avoir. »

C’était bête à dire – et même à penser – mais Leslie arrivait à le rendre plus… humain, moins égocentrique. Quelque chose en elle, peut-être sa fragilité, le rendait bien plus réceptif qu’il ne pouvait l’être en temps normal.

Son amour propre en avait pris un coup quand elle avait cru comprendre que ce qu'il voulait qu'elle améliore côté caractère ressemblait fort à ceux de ses potentielles rivales. Pourtant, elle savait bien, au fond, qu'elle n'était pas la petite amie rêvée. Les autres membres des Black Birds la raillait assez pour qu'elle aie assimilé l'information qu'elle n'était qu'une petite coincée prude, pas marrante, et bien trop calme et effacée à leur goût. Ils essayaient d'ailleurs tant bien que mal de la débaucher pour faire d'elle quelqu'un de plus cool. Mais, jusque là, elle résistait, mettant son incapacité à s'amuser dans le sens où ils l'entendaient et son besoin de sérieux sur le compte de ses responsabilités, de ses valeurs et de sa moralité à toute épreuve. Elle n'avait jamais vraiment réfléchi au fait que cela puisse réellement déranger Raven. Même si de temps en temps Sha' lui laissait entendre que Raven risquait de se lasser si elle ne devenait pas plus entreprenante, Leslie haussait les yeux au ciel et répondait que "s'il restait avec elle, il y avait bien une raison, et cette raison, c'était qu'il l'aimait telle qu'elle était." Parce que s'il avait voulu une dévergondée, il n'aurait certainement pas été la choisir elle, ah ça, certainement pas ! Mais le fait qu'il puisse changer d'avis et désirer autre chose... Elle n'avait pas voulu y croire. Cette crainte l'avait déjà effleurée, quand elle s'était aperçue de l'intérêt qu'il portait à Gemma, mais après tout, s'il était toujours avec elle, c'était bien qu'elle, elle avait quelque chose que ces groupies n'avaient pas. Mais s'il ne revenait pas pour sa personnalité... Était-ce seulement son âge qui l'avait sauvée ? Si Gemma avait été plus vieille... L'aurait-il envisagé, et l'aurait-il quitté ? Et était-ce pour ça qu'il essayait de la changer ? « Je ne t’ai jamais demandé ça Les’. Je ne suis pas avec elles, mais avec toi, cela prouve bien des choses non ? Je ne veux pas que tu deviennes comme elles, ou même que tu changes, sauf si pour révéler une partie de toi qui existe déjà mais que tu garde en fond de toi. » Touchée. La partie de Leslie qui s'était sentie blessée s'apaisa soudain. Elle se posait décidément bien trop de questions inutiles. Pourquoi ne se faisait-elle pas plus confiance ? Tout simplement parce que cette honte de l'avoir trompé la rongeait de l'intérieur. Et n'avait-elle pas également honte de douter de lui comme ça, alors qu'il lui disait de si belles choses, à elle, qui ne les méritait pas ? Elle eut envie de se confondre en excuses mais n'en eut pas le temps puisqu'il accapara ses lèvres dans un baiser passionné. Elle y répondit avec presque plus d'empressement que lui. Lorsque leurs lèvres se détachèrent, il laissa son front plaqué au sien et prit tout juste le temps de respirer avant de reprendre. « Si tu veux m’embrasser, fais-le. Si tu veux simplement me voir, dis-le. Si tu veux que je reste avec toi, ici, jusqu’à ce que tu puisse quitter l’infirmerie et parler de tout et de rien, même si ça prend des heures, demande-le. » Touchée, plus fort encore. S'il restait une parcelle de Leslie qui eut été vexée ou blessée, celle-ci s'éteignit avec ses paroles. La culpabilité , par contre, appesantit son estomac. Non, non, non. Elle ne méritait décidément pas son amour et toutes ces attentions. Qu'il se dévoue à elle ainsi, ça signifiait tellement. Tellement qu'elle avait le plus grand mal à l'accepter alors qu'elle, elle l'avait trompé. Toutes ses bonnes résolutions, qu'elle s'escrimait à tenir depuis le début de leur entrevue, manquèrent de peu de voler en éclat alors que, la gorge toujours aussi nouée, Leslie se repassait les mots tendres de Raven. Elle qui s'était promis de les ménager, lui et leur couple, avait de plus en plus de mal à supporter qu'il parle d'elle comme une petite amie dévouée, douce, qui ne pensait qu'à son bonheur à lui et se sacrifiait... C'était à la fois vrai, ou plutôt cela l'avait été mais était aujourd'hui entâché par... Sa trahison ! Elle n'était pas digne de lui et de sa confiance aveugle ! Il fallait qu'elle lui avoue tout, elle le lui devait. Il devait savoir entre les mains de quelle traînée il avait laissé son cœur et renouvelait ce vœu ! Comment pouvait-elle continuer à le regarder en face..? Et surtout, à se regarder en face sans se vomir sur les pieds..?

Désorientée, Leslie bafouilla un instant dans le vide sans qu'un seul mot ne réussisse à percer alors qu'il reprit, la serrant contre lui et soufflant dans son oreille avec une douceur infinie. Sûrement la sentait-il trembler entre ses bras... « C’est bien de vouloir le bonheur des autres, mais ce n’est pas en faisant passer leurs envies en priorité et en dépit des tiennes que tu obtiendras le tien, et tu y as le droit aussi Leslie, alors fais seulement ce qu’il faut pour l’avoir. » Coulée. Le peu de forces qu'elle avait réussi à rassembler pour tout lui avouer s'évanouirent aussi rapidement qu'elles étaient venues. Elle n'obtiendrait pas le bonheur en avouant, mais tout l'inverse. Car elle n'était heureuse qu'au creux de ses bras... Et si elle avouait, elle devrait les quitter... Et ce peut être pour toujours... Les sourcils courbés en arrière et quelques perles salées au bord des cils, elle était contente qu'il ne voit pas son visage à demi torturé et à demi rassuré par sa présence. C'est la voix quelque peu tremblante sur les premiers mots qu'elle opina, se pressant un peu plus contre lui alors qu'ils étaient déjà collés l'un à l'autre. « Je veux que tu restes. Qu'on parle pendant des heures... Ou même sans parler. Je veux juste être avec toi. C'est ça, mon bonheur, et je n'ai rien à demander pour l'obtenir puisque tu me tiens dans tes bras. » Une fois énoncé à voix haute, elle réalisa qu'elle avait bien fait de se taire et de ne pas risquer de le perdre au nom de l'honnêteté. Parce qu'elle n'aurait pas supporté qu'il tienne quelqu'un d'autre qu'elle dans ses bras, même si là, c'était à son tour de jouer les égoïstes finies. Elle espérait qu'il n'aie rien ressenti de la tristesse qui s'était insinué dans sa voix. « Puisque c'est moi que tu serres, et pas elle. Je n'ai besoin de rien d'autre. » "De rien d'autre que tu sois à moi. Rien qu'à moi.", ajouta-elle pour elle-même, en son for. Le fait qu'elle n'aie inclus que Gemma dans le "elle" ne s'entendait pas oralement, mais au fond, il n'y avait qu'elle qui l'inquiétait. Les autres groupies était passablement secondaire bien qu'elle ne les appréciait pas non plus. Mais à cet instant, il n'avait envie d'être qu'avec elle, que de lui faire plaisir à elle, alors elle n'allait pas gacher ce moment en ressassant ses craintes indéfiniment. Comme il le lui avait demandé, il était temps qu'à son tour, elle profite. Et il était tout à sa disposition. Alors elle n'allait pas rester les bras ballants, hein ! Relevant la tête vers lui, elle lui sourit avec tendresse et une force nouvelle. « Je ferais tout ce qu'il faut pour rester heureuse et que tu n'aies plus à t'inquiéter pour moi. Promis. » Et sur cette phrase, qui donnait un nouveau départ, en quelque sorte, à leur relation, elle décida subitement de concrétiser davantage ce nouveau tournant. Alliant le geste à la parole, Leslie posa la paume de sa main sur le torse de Raven et s'agrippa à son tee shirt. Elle n'eut qu'à tirer faiblement dessus pour l'attirer à elle et l'embrasser à nouveau, d'un baiser plus appuyé que ceux qu'elle lui donnait d'ordinaire. Puis elle se sépara de lui et posa ses deux paumes derrière elle sur le lit, se laissant glisser jusqu'à ce qu'elle sente le rebord du lit dans son dos. Elle délia ensuite sa jambe et se mit à laisser le bout de son pied se balader le long de celle de Raven, le regardant de par dessous ses cils en se mordillant l'intérieur de la lèvre. Elle ne doutait aucunement qu'il saisirait le message implicite, et ce, même si cette attitude ne lui ressemblait pas, bien que le tout reste chaste et loin des arrières pensées assez osées pour faire bondir un prêtre. Bah oui, l'infirmière était à côté, tout de même ! Mais elle était prête à lui prouver qu'elle comptait bel et bien s'améliorer et être davantage à l'écoute de ses désirs comme il le lui avait conseillé.

« Je veux que tu restes. Qu'on parle pendant des heures... Ou même sans parler. Je veux juste être avec toi. C'est ça, mon bonheur, et je n'ai rien à demander pour l'obtenir puisque tu me tiens dans tes bras. »

Raven se contenta de sourire à sa requête et comme elle ne pouvait pas le voir, il lui caressa tendrement les cheveux pour lui montrer qu’il était bien entendu d’accord avec ça. Il l’avait sentit trembler contre lui, mais aussi, il avait décelé dans sa voix une légère hésitation mais rien d’autre. Il pensait que cela était tout à fait normal, après tout, Leslie n’était pas du genre à imposer quoi que ce soit. Pas à lui en tout cas. Cependant, elle devait apprendre à le faire un peu, si elle voulait exister au moins, au lieu de rester dans son ombre de d’attendre que lui, ne daigne lui accorder une petite attention.

« Puisque c'est moi que tu serres, et pas elle. Je n'ai besoin de rien d'autre. »
« Tu n’es vraiment pas déraisonnable. » Se permit-il de constater avec une voix quelque peu rieuse. Savoir que Leslie avait besoin de si peu pour se sentir heureuse était touchant mais aussi dérangeant. Lui, de son côté il lui fallait bien plus que ça ! Il la lui fallait elle, toute entière, son groupe, sa musique, la célébrité et même lorsqu’il flanchait, les yeux doux de Gemma en prime. Il n’était pas un salop, du moins il ne voulait pas en être un, mais son comportement, ou ne serait-ce que ses pensées le faisaient passer pour tel. Leslie l’aimait tellement à côté de ça et il avait l’impression qu’il ne pourrait rien faire d’autre que de lui briser le cœur dans un futur plus ou moins lointain. Pourtant, il ne voulait pas la faire souffrir et il savait au fond de lui qu’elle était la petite amie parfaite pour lui. Gentille, dévouée, amoureuse… elle était aussi d’une grande intelligence et d’une beauté que peu pouvait égaler, voilà pourquoi leur couple faisait tant d’envieux. Pas seulement parce que l’un des deux n’était autre que lui – même si son ego aurait aimé le croire – mais parce qu’elle était l’autre moitié de ce tout et qu’elle les rendait uniques aux yeux de tous.

Il quitta ses réflexions lorsqu’elle leva ses yeux bleus vers lui avec un sourire qu’il ne lui avait pas vu depuis bien longtemps.

« Je ferais tout ce qu'il faut pour rester heureuse et que tu n'aies plus à t'inquiéter pour moi. Promis. »

Encore une fois c’était adorable de sa part mais cela n’empêcherait cependant pas Raven de se faire du souci pour elle. C’était ainsi et pas autrement. Mais ce fut tout autre chose que cela qui attira et garda l’attention de Raven. La Serdaigle s’agrippa à son haut et elle l’attira à elle d’une simple pression à laquelle il n’opposa aucune résistance, afin de l’embrasser une nouvelle fois, mais pas comme il en avait l’habitude. C’était plus… plus ! voilà tout. Elle le quitta – à regret pour lui qui aurait bien prolongé ce baiser – et s’allongea sur le lit qui accueillait les malades. Cependant, Leslie ressemblait à tout sauf à une malade à cet instant. En tout cas elle était loin de la jeune fille un peu trop pâle qu’il avait découvert en ouvrant ce rideau. Elle se mit à caresser sa jambe avec le bout de son pied et la manière qu’elle avait de le regarder couplée à celle qu’elle avait de se mordiller la lèvre inférieure ne voulait dire qu’une chose. Raven haussa les sourcils perplexe mais le message ne pouvait être on ne peut plus clair ! Oui mais non !

« Attends, t’es sérieuse ? » Lui demanda-t-il.

Elle semblait assez déterminée et lui ne savait pas trop comment gérer la situation. Une situation qui ne s’était jamais présentée à lui ! pas avec Leslie en tout cas !

« Tu te rends compte que l’infirmière est peut-être à côté ? »

Depuis quand Leslie pouvait faire abstraction de ce détail ? C’était pourtant un facteur important – le seul même – qui devait dicter sa conduite normalement ! Elle ne prenait jamais de risques inutiles….

« Imagine qu’elle nous surprenne ? Moi ce n’est pas grave, mais toi… tu es préfète en chef, tu as des responsabilités et si on trouve dans une telle position tu risque d’avoir de gros ennuis, plus que moi en tout cas ! et ta réputation ? Enfin imagine ce qui pourrait être dit. Même si tu es avec moi, j’avoue. Je ne penses pas que ce soit une bonne idée Les’. »

Il lui avait peut-être embrouillé l’esprit avec tout ce qu’il avait pu lui dire et elle ne savait plus trop ce qu’elle faisait. Pourtant… il se pencha vers elle et captura ses voluptueusement ses lèvres.

« Pourtant ce n’est pas l’envie qui ne manque… »

Cepuis quand n’avait-il pas passé un moment seul et privilégié avec elle ? Cela remontait à tellement loin pour lui qu’il n’était même plus sûr de pouvoir le dire avec certitude.

« Tu n’es vraiment pas déraisonnable. » En effet, c'était en tous cas ce que tout le monde disait d'elle. Même si parfois elle aurait souhaité être un peu moins raisonnable et agir sans réfléchir. Mais là, tout de suite, elle n'avait rien à faire. Il était là, et elle ne désirait rien de plus déraisonnable qu'être tout contre lui. Plus ? Pourquoi aurait-elle eu besoin de plus ? Raven représentait la stabilité, l'avenir, le maillon de la chaîne qui permettait à son monde de continuer de tourner. Même si elle n'avait pas été préfète en chef, bien qu'elle adorait ce poste, cela n'aurait rien gâché de son bonheur tant qu'elle restait sienne. Cela pouvait sembler excessif et effrayant, mais en effet, elle avait autant besoin de lui que d'eau, de nourriture et d'oxygène pour vivre. Il était ce tout, à lui tout seul. Et c'était amplement suffisant pour Leslie. Et même si beaucoup avait du mal à concevoir que l'Amour puisse être aussi exclusif; elle en était dépendante au point de considérer le jour de leur rupture égal à celui qui figurerait sur son arrêt de mort. Dans son cas, on pouvait même considérer que l'Amour était nocif, puisque Raven ne partageait pas la même vision des choses et n'était pas aussi sûr qu'elle de vouloir passer sa vie à ses côtés. Les bases de leur couple restaient donc traîtrement bancales, et le jour où celui-ci s'écroulerait, sortir Leslie des décombres allait s'avérer sacrément plus difficile que de l'extirper des gravas de la Tour Nord sous lesquels elle se retrouverait dans un futur proche...

Et oui, à force d'y passer sa vie, on pourrait bientôt considérer que la préfète faisait partie du folklore de l'infirmerie ! Cet endroit était, au fil du temps devenue une sorte de deuxième maison pour elle. Entre les accidents et les malaises, elle était une patiente plus que récurrente, si bien qu'elle connaissait l'endroit par coeur, ses bruits, ses odeurs, les petites habitudes de l'infirmière... Tout. Et aussi loin qu'elle souvienne, elle n'avait jamais entendu parler de l'utilisation de ce lieu comme repère pour deux amoureux "fêtant" leurs retrouvailles. Ce serait donc une première, à moins que... STOP. Rembobinons la scène. D'accord, Leslie, tu as dit que tu allais écouter tes désirs. Raven te rend toute chose, comme d'habitude. Mais... Heu, mademoiselle Jeffers, respectable préfète, qu'êtes vous en train de faire, là..? « Attends, t’es sérieuse ? » Ah, voilà, y'a pas que la narratrice qui se pose des questions. Esprit débrideur, sors de ce corps pur et chaaaste ! ...Oui, mais non. Parce que Leslie n'avait tout de même pas agi de manière complètement irréfléchie. ...Juste un peu. « Tu te rends compte que l’infirmière est peut-être à côté ? » Justement, oui, elle avait vaguement évalué les risques. Etant la dernière patiente encore présente dans l'infirmerie, ceux-ci semblaient relativement minimisés. Soit, l'infirmière était à son bureau, mais en fin de journée, celle-ci était occupée à vérifier son registre de visites et le faire parvenir aux autorités compétentes pour régulariser les absences, tout ça, enfin bref, je vous passe les tâches administratives inhérentes à sa fonction... Elle était relativement occupée et n'allait donc pas, en toute logique, débarquer dans l'immédiat. Sauf s'il lui prenait l'envie subite de leur faire une surprise, savait-on jamais. Mais elle avait beau être d'une nature plutôt agréable et d'une bonhommie indéniable, vu l'état dans lequel elle avait vu Leslie et l'air inquiet de Raven qui n'avait pas dû lui échapper, elle devait être à mille lieux d'avoir envie de les déranger. ... Non ? Bon, d'accord, le dire à voix haute aurait peut être également était bénéfique et aidait Raven à détresser. Intelligente comme elle était, elle aurait dû y penser. D'ailleurs, il faudrait peut être qu'elle pense à ouvrir la bouche pour ce faire... Sauf que, rouge comme une tomate, ne s'étant pas attendu à cette réaction, elle avait plutôt l'air d'un poisson hors de l'eau, se débattant avec sa gêne, ses pensées rationnelles et un flot d'insultes à son intelligence dirigées contre elle-même. Mais quelle idiote, quelle idiot, QUELLE IDIOTE ! « Imagine qu’elle nous surprenne ? Moi ce n’est pas grave, mais toi… tu es préfète en chef, tu as des responsabilités et si on trouve dans une telle position tu risque d’avoir de gros ennuis, plus que moi en tout cas ! et ta réputation ? Enfin imagine ce qui pourrait être dit. Même si tu es avec moi, j’avoue. Je ne penses pas que ce soit une bonne idée Les’. » Le visage de Leslie passa du rouge au cramoisi. D'une vois étranglée, elle fuit rapidement son regard, lâchant quelques bafouilles, honteuse. « Oh non... Oh non, je suis trop nulle. Complètement rouillée. Je... Pardon ! » « Pourtant ce n’est pas l’envie qui ne manque... » Il ne lui avait pas laissé plus de temps pour se morfondre et se flageller, persuadée que sa manière d'agir ne lui avait pas plu et mortifiée par ce fait, s'étant penché sur elle qui avait commencé à se redresser, l'intimant à se rallonger, capturant ses lèvres qui avaient cessé net de s'agiter. Une fois la surprise passée, Leslie passa ses bras autour du cou de Raven. Sa main gauche remonta le long de sa nuque et traversa ses cheveux bruns à la longueur inégale, si typique des rockers. Son autre main descendit sous son tee shirt, par le col, glissant le long de sa colonne... Ils étaient plongés en plein dans un baiser passionné, lorsqu'elle détacha un peu brusquement ses lèvres de celle de Raven, se reculant du même temps - ce qui devait être assez frustrant. Mais elle n'avait pas pu faire autrement. Elle venait de se rendre compte qu'elle était en train de comparer mentalement son dos à celui de Skyler et n'avait pu empêcher le coup de stress qui avait suivi. Et m*rde... Pourquoi maintenant ?!

Ses pupilles vacillaient alors qu'elle fixait Raven dans le fond des yeux. Lorsqu'elle se ressaisit, elle jeta la première phrase qui passa dans son cerveau qui lui jouait des tours. « Tu m'as tellement manqué... » Et d'un coup, d'un seul, elle décida de déconnecter complètement son cerveau et se jeta de nouveau à son cou pour ne pas lui laisser le temps de penser, priant très fort pour ne pas l'avoir trop refroidi en faisant subir ces passages du chaud au froid dignes de montagnes russes à sa libido.

Il lui avait embrouillé la tête avec toutes ses paroles, il ne voyait que cela comme explication. Jamais Leslie ne s’était montrée entreprenante… enfin si c’était arrivé quelque fois mais ils étaient totalement seul dans un endroit où ils étaient sûrs et certains de ne pas être surpris. Raven aurait trouvé ça plutôt excitant, mais Leslie était bien trop timide pour ça et puis elle avait des responsabilités. Si elle avait été nommée préfet en chef, c’était pour son sérieux et non pour autre chose. Il comprenait qu’elle ne veuille pas entacher sa réputation mais lorsqu’ils étaient vraiment seuls, comme dans la Salle sur Demande, il aurait aimé qu’elle soit plus… moins timide. Ils étaient ensemble depuis un moment et pourtant elle semblait toujours être intimidée par lui lorsqu’ils passaient un moment ensemble. Certes, cela était assez mignon à voir. Les rougeurs sur ses joues, les bredouillements à ses compliments… mais parfois il lui arrivait de trouver ça lassant. Mais c’était Leslie, il ne pouvait pas la changer et n’en avait pas réellement envie non plus, voilà pourquoi il était plus qu’étonné de la voir agir de cette manière et le lui dit sans détour. Bien entendu, elle commença à se confondre en excuse. Déjà qu’elle était du genre timide, alors repousser une de ses initiatives ne devait pas être facile pour elle, aussi Raven se permis de rajouter que même s’il ne trouvait pas ça raisonnable dans son cas, l’envie ne lui manquait pas pour autant !

Il lui offrit alors un baiser qui du la prendre par surprise dans un premier temps – ou bien ce furent ses propos – mais rapidement il la sentit se laisser aller et elle passa ses bras autour de son cou. L’un de ses mains s’égara dans ses cheveux et l’autre passa sous sa chemise pour venir lui caresser le dos. Il ne pu empêcher un frisson de le secouer quelque peu à ce contact. Depuis quand Leslie ne l’avait-elle pas toucher, même de façon si simple et pourtant délicieuse ? Mais alors que Raven se délecter de ce baiser passionné, Leslie mit fin d’une manière un peu trop brusque en se dérobant à lui. Un de ses sourcils s’arqua en guise d’interrogation silencieuse. Qui avait-il ? Qu’avait-il fait pour qu’elle agisse ainsi ? Avait-elle finalement mesuré les ampleurs des possibles conséquences si on venait à les trouver à qu’elle avait décidé de ce rétracter ? C’était fort possible. Compréhensible et excusable aussi, mais la frustration que Raven commençait à ressentir ne l’aidait pas à être aussi conciliant qu’il l’aurait aimé. Il voulait qu’elle s’explique et vite, car il ne savait pas s’il pourrait contenir la colère que faisait naître peu à peu la frustration en lui. Il ne voulait vraiment pas être désagréable avec elle, mais elle ne pouvait pas souffler le chaud puis le froid sans que cela l’affecte lui, elle devait le savoir.

Elle le fixait dans les yeux et pourtant elle semblait absente… peut-être que ce ne faut que l’imagination de Raven car bien vite, elle paraissait tout ce qu’il y avait de plus normal. Il devait s’être trompé, s’être fait un petit film. Leslie devait très certainement s’être égarée dans ses pensées, rien de bien méchant bien que cela l’énerve quelque peu lorsqu’on savait dans quelle position ils étaient ! Ce n’était pas le moment pour rêvasser !

« Tu m'as tellement manqué... »

Il esquissa à peine un sourire, essayant de retenir une phrase du genre « bah prouve le moi au lieu de ma faire mariner. » Mais il serra les dents pour que ces mots peu agréables, même s’il était tout à fait possible de les dire de manière à ce qu’ils ne soient pas blessants, ne franchissent la barrière de ses lèvres. De tout façon, même s’il n’avait pas pu s’en empêcher, elle, elle s’en serait chargée car d’un coup trop sec et trop brusque pour que cela ne lui paraisse pas étrange, elle se jeta sur à son cou. Ce n’était pas que Leslie n’était pas démonstrative, mais elle avait une manière discrète de l’être, même lorsqu’ils étaient seuls, alors cette soudaine effusion le troubla plus qu’il ne l’aurait cru. Il la serra à son tour et lâcha dans un souffle ce qui se révéler être aussi une demi vérité.

« Tu m’as manqué aussi. »

Il ne mentait pas… pas vraiment. Elle lui avait manqué, c’était un fait, mais bien moins – voir pas du tout – lorsqu’il était avec Gemma. Surtout la fois dans la réserve aux potions où les choses auraient pu aller bien trop loin s’il n’avait pas fini par reprendre le dessus sur ses foutus hormones qui le travaillaient.
Il décida de laisser ses pensées pour Gemma dans un coin de sa tête, bien enfermé à double tours pour qu’elles ne viennent plus le déranger et qu’il soit sûr de pouvoir se concentrer uniquement sur sa petite amie qui se montrait pour une fois entreprenante et dont il n’avait espéré un tel comportement depuis le temps qu’il la connaissait. Il n’allait pas se permettre d’être ailleurs alors qu’elle faisait des efforts et se lâchait – enfin – quelque peu. Cela aurait été vraiment déplacé comme attitude, même si elle ne s’en rendait pas compte.

D’un geste il souleva la couverture et passa dessous pour être plus proche de la jolie blonde avec laquelle il s’allongea sur le lit et il l’embrassa à son tour avec volupté. L’une de ses mains alla jusqu’à sa jambe et en partant du niveau de son genou, elle remonta jusqu’au haut de sa cuisse, relevant sa jupe au passage. Ses lèvres abandonnèrent sa bouche pour s’égarer dans son cou et sa main jusque là occupée à la caresser, remonta jusqu’à son chemisier qu’il entreprit de déboutonner et toujours le visage enfoui dans le creux de son cou, il pensa tout de même à la rassurer.

« T’inquiète pas, si on nous surprend, je ferais en sorte que ça me retombe exclusivement dessus. Ca préservera ta réputation et embellira un peu plus la mienne. »

Il quitta sa nuque pour lui offrir un sourire amusé avant de déposer un baiser à la commissure de ses lèvres.

On avait pas idée de penser au meilleur ami de son petit ami en pleine action avec celui-ci ! C'était définitif, Leslie était en train de virer folle. Ses neurones se liguaient contre elle, et ne plus pouvoir compter sur son esprit infaillible la déstabilisait au plus haut point. Heureusement, elle n'avait pas trop besoin de son cerveau dans l'instant présent, voire même pas du tout, ce qui était infiniment préférable, croyez en la narratrice... Qu'elle réfléchisse dans ce genre de moments aurait été le meilleur moyen pour qu'elle se mette à paniquer et que l'on voit la Jeffers coincée refaire surface, ce qui était la dernière chose qu'elle souhaitait - et que devait certainement souhaité Raven ! Il fallait qu'elle se laisse uniquement guider par ses sens et qu'elle oublie ses neurones de première de la classe. Débrancher son cerveau était sans doute la plus brillante idée qu'elle avait eu jusque là ! Vous en convenez, c'était ce qu'elle aurait dû faire depuis le début; avant de manquer de briser son couple en avouant, de parler de Gemma... Et surtout, avant de penser à Skyler. Parce que niveau tue l'amour, on ne pouvait nier qu'en un laps de temps plutôt court, elle avait franchement mis le paquet. Malgré tout, elle s'en tirait plutôt bien. Ils avaient frôlé l'engueulade, frôlé les larmes, mais le tout sans dégât, et à présent... Ils frôlaient le sexe et y'en avait un qui commençait légèrement à s'impatienter ! « Tu m’as manqué aussi. » L'empressement avec lequel il avait répondu au sien était palpable, et bien que les raisons qui les poussent soient différentes, ils étaient tous les deux pressés d'en découdre. Raven avait soulevé la couverture et s'était engouffré en dessous. Le contact de son corps contre le sien était merveilleux, mais moins que celui de sa bouche qui enveloppait la sienne, ou encore de sa main qui caressait sa jambe. Il lui arrachait des frissons. Leslie se laissa aller à fermer les yeux, se laissant choyer et répondant à ses baisers qui dévoraient son cou par des soupirs d'aise. Elle libéra une de ses jambes et l'enroula autour de celle de Raven alors qu'il faisait sauter un à un les boutons de son chemisier d'une main experte, sans même avoir besoin de regarder. Prise dans une torpeur plus qu'agréable, elle sursauta presque lorsqu'elle l'entendit parler. Son coeur battait à mille à l'heure. « T’inquiète pas, si on nous surprend, je ferais en sorte que ça me retombe exclusivement dessus. Ça préservera ta réputation et embellira un peu plus la mienne. » Il déserta sa nuque pour revenir plonger ses yeux dans les siens, sourire en coin au bord de ses lèvres qu'il déposa dans la foulée tout contre les siennes. Elle eut un petit rire, se détachant de sa bouche pour laisser glisser sa joue contre la sienne jusqu'à ce que ses lèvres soient à hauteur de son oreille. Dans un murmure teinté de raillerie, elle se mit à susurrer. « C'est gentil, monsieur le bad boy, mais en fait, je crois que je ne serais pas tout à fait contre briser ma réputation de frigidaire... » Puis elle revint chercher le contact de ses yeux, mais son sourire amusé s'était envolé. Bah quoi ? Qu'est-ce qu'elle avait dit comme bêtises encore ? Leslie fut bien obligé de remettre son cerveau en marche pour analyser le discours qu'elle venait de tenir et lorsqu'elle tilta ce qu'elle avait insinué, elle s'empressa de se reprendre. « Enfin, ça veut pas dire que j'ai envie qu'on se fasse prendre, hein, jamais je ne souhaiterais une chose pareille, je ne suis pas folle, je sais qu'on dirait mais non, je suis vraiment pas folle, et... » Débranche Leslie, par pitié, re-débrancheee !! « Empêche moi de parler ! » Oui, voilà, excellente idée ! J'avais oublié de vous prévenir qu'elle a tendance à parler sans pouvoir s'arrêter quand elle est stressée ? La plaie, hein ? Enfin, ne nous moquons pas, ce ne serait pas très gentil. Revenons plutôt à nos moutons... Ou plutôt, à nos deux amoureux enlacés. Leslie avait repris ses lèvres en otage pour empêcher toute autre chose que des soupirs de s'en échapper et s'était agrippée à son tee shirt, les deux mains fichées dans son dos. Tee shirt qui ne mit guère longtemps à dévoiler le torse nu de son amoureux. Elle le lui retira avec bien moins de patience que celui-ci lorsqu'il avait déboutonné son chemisier, qu'elle avait d'ailleurs fait glisser le long de ses bras et qui était tombé à côté du lit. Haletante, elle se détacha de ses lèvres en gardant quelques secondes l'inférieure coincée entre ses incisives, espiègle. Elle retourna de suite à la charge en couvrant de baisers l'arrête de sa mâchoire, pour finir par en déposer un dernier sur son épaule nue. Elle était en dessous, comme toujours ou presque, et même si elle aurait voulu lui montrer qu'elle était capable de mener davantage la danse en le renversant sous elle, elle n'eut pas le cran nécessaire et oublia vite cette idée. Qu'il la surplombe était rassurant et elle n'était pas prête pour le moment à quitter ce confort. En revanche, ses mains se baladant jusque là dans le dos juste assez musclé de Raven disparurent tout d'un coup sous le drap vers une destination bien précise. Le bouton de son jean ne lui opposa pas grande résistance et le zipp de sa braguette ne résista pas non plus à la manœuvre... Tout allait vite, très vite, sans toutefois dire trop vite. Mais de toute façon, vue la situation, il n'était pas vraiment question de traîner. Quelqu'un pouvait surgir à tout moment, et si c'était exaltant, c'était aussi pressant car stressant. Leslie essayait de ne pas y penser pour ne pas être tentée de tendre sans arrêt l'oreille. Sa tactique ? S'imaginer dans une bulle rien que pour eux deux, quelque part dans le néant. Et cela fonctionnait à merveille ! C'était l'essentiel après tout, non ? Ou aurait-elle dû être un peu plus... Terre à terre ?

Il lui assurait que tout irait bien, qu’il prendrait tout sur lui-même, si on venait à les surprendre. Sa ne ferait aucun mal à sa réputation. Le chanteur de Black Birds pris en flagrant délit à l’infirmerie avec sa petite amie, sa rajouté un côté provocateur qu’il aimait bien, mais pour Leslie se serait différent. On rediscuterait plus facilement ses ordres et il n’avait pas de mal à entendre d’ici les noms peu flatteurs que certains s’amuseraient à l’affubler, et elle ne méritait pas ça, pas du tout. Leslie s’était construite seule, elle s’était battue et elle était devenue préfète en chef pour toutes les qualités qu’elle possédait. Or, j’envoyer en l’air à l’infirmerie, même avec son petit ami ne faisait pas partis de ces derniers. D’ailleurs s’envoyer en l’air tout court n’était pas vraiment autorisé dans cette école même si les professeurs et le directeur devaient bien se douter que des jeunes gens de 17 à 20 ans ne pouvaient pas rester enfermer ensembles sans qu’il n’y ait ce genre de pratique. Ils n’étaient pas dans un couvant ! Mais le problème n’était là. Il résidait plutôt dans le rire – certes adorable – qu’il eu comme réponse de la part de Leslie. Quoi ? Pensait-elle qu’il ne pourrait pas la protéger ? Leurs joues se frôlèrent et lorsqu’elle eut atteint son oreille de sa bouche, Leslie y déposa quelques mots.

« C'est gentil, monsieur le bad boy, mais en fait, je crois que je ne serais pas tout à fait contre briser ma réputation de frigidaire... »

Cela ne plu pas vraiment à Raven. Cette façon qu’elle avait de se voir… c’était simplement celle que les autres, les jaloux, lui renvoyaient. Elle n’avait pas besoin d’entacher sa réputation pour quoi que se soit ni même qui que se soit ! Elle du d’ailleurs se rendre compte que Raven n’appréciait que très peu son discours mais peut-être pas pour les bonnes raisons, puisqu’elle enchaîna, comme pressée de s’expliquer.

« Enfin, ça veut pas dire que j'ai envie qu'on se fasse prendre, hein, jamais je ne souhaiterais une chose pareille, je ne suis pas folle, je sais qu'on dirait mais non, je suis vraiment pas folle, et... »… Elle semblait complètement perdue et incapable d’exprimer réellement ce qu’elle voulait.

« Empêche moi de parler ! »

Voilà qui avait le mérite d’être clair. Cela lui arrivait parfois, lorsqu’elle se sentait gênée ou confuse, de se perdre en paroles sans savoir s’arrêter d’elle-même, elle avait eu là une bonne idée de lui demander directement de la faire taire si ça pouvait aussi apaiser ses angoisses. Cependant, Raven se demanda pourquoi elle lui avait demandé cela alors que ce fut elle qui se jeta sur ses lèvres. Son tee-shirt qu’elle agrippait fermement pendant un instant ne manqua pas de lui échapper sous les mains de Leslie qui semblait plus pressée qu’il ne pouvait l’être.

Elle se détacha des lèvres du Serdaigle et son petit côté adorable avec sa lèvre inférieure qu’elle gardait prisonnière entre ses dents lui arracha quelques mots qu’il ne pouvait taire.

« Tu n’as pas idée d’à quel point tu es belle Les’. »

Il aurait bien voulu lui donner une marque de tendresse et d’affection suite à cela, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Déjà, elle était retourner le couvrir de baisers qui le brûlaient à chaque passage. Leslie… il avait beau l’avoir négligé ces derniers temps au profit de Gemma, elle n’en restait pas moins sa petite amie, celle qu’il avait choisi, et si c’était elle qu’il avait décider de prendre pour dulcinée à la place d’une autre, ce n’était pas pour l’argent de son père car à l’époque il ne les finançait pas encore. S’il l’avait choisi, c’était pour son intelligence, sa beauté et ce petit côté inaccessible qu’elle dégageait. Elle lui faisait de l’effet à l’époque et cela aurait été mentir de dire qu’il en était autrement aujourd’hui. Oui, il ne la traitait pas comme elle le méritait, mais il la désirait toujours même si parfois ses sentiments pour Gemma prenaient le dessus. Cependant, dans des moments comme celui-là, Gemma n’entrait plus en ligne de compte. Lorsque Leslie le caressaient de ses blanches mains, rien d’autre qu’elle ne comptait, encore plus lorsqu’elle se montrait plus entreprenante encore et qu’elle défit toutes ce qui pouvait faire que son pantalon lui tienne aux hanches. Il étouffa un soupire dans le creux du cou de la Serdaigle, mais n’attendit pas pour autant qu’elle aille plus loin d’elle-même. Il s’empressa de se débarrer de son pantalon. Son empressement n’avait rien à voir avec le fait qu’ils puissent être surpris, au contraire, cela avait tendance à l’exciter d’autant plus. Mais s’il ne faisait pas preuve de lenteur dans tout ceci, c’était parce qu’il avait bien trop attendu ce moment. Y’ayant peu vu Leslie, il n’avait plus eu le droit à des étreintes passionnées ou non, et si Raven aurait pu la tromper plus d’une fois, il pouvait au moins se vanter de sa fidélité – qui avait faillit être réduite à néant par Gemma – alors il se sentait pressé par l’instant et il voulait dévorer Leslie le plus rapidement possible de peur qu’elle ne lui échappe, qu’elle fasse machine arrière ou bien que finalement ils se fassent surprendre avant même d’avoir réellement commencé, et ça il ne le permettrait pas !

Il remonta l’un de ses genoux entre les jambes de sa belle et s’attaqua à son cou qu’il embrassa, mordilla et lécha au rythme de ses envies. Descendant, toujours un peu plus, il fut vite stoppé dans sa progression par le soutien gorge de la Serdaigle. Ce genre de dessous n’avait aucun secret pour Raven qui n’avait aucun mal à les enlever mais celui-ci était d’autant plus satisfaisant qu’il s’ouvrait par devant. La personne qui avait inventé ce genre de procédé était forcément un homme, c’était obligé !
Les petites agrafes ayant rapidement sauté, Raven ne se gêna pas pour faire subir à la poitrine de sa douce le même traitement qu’à son cou et il se demandait qui d’elle ou de lui y prenait finalement le plus de plaisir. Ses seins étaient doux mais fermes et ils avaient une saveur que Raven ne pensait pas pouvoir retrouver autre part. Tout le corps de Leslie n’échappait pas à cette règle d’ailleurs. Il remonta finalement vers son cou, embrassa ses lèvres en les dévorant presque, déposa quelques baisers sur sa joue jusqu’à ce qu’il ne recule légèrement le visage pour pouvoir voir celui de la Serdaigle. Il attrapa ses joues entres ses mains, un sourire rassurant aux lèvres.

« Tu n’as rien d’un réfrigérateur Leslie. » Répondit-il finalement à ce qu’elle avait dit plus tôt. « Tu es juste réservée et timide, il n’y a rien de mal à ça. D’ailleurs j’ai toujours adoré voir tes joues rougirent. »

C’est vrai que parfois il reprochait son côté trop ‘timide’ lorsqu’il était avec le reste du groupe, mais ils étaient entre garçons et parfois il avait tendance à exagérer histoire de se faire voir. On n’a jamais dit que les garçons étaient intelligents !

«Tu n’as pas idée d’à quel point tu es belle Les’. » Elle ne répondit pas mais un sourire attendri s'empara de ses lèvres. Il répondait à sa place. Car elle ne devait plus parler. Ne plus parler et ne laisser que des soupirs sortir de sa bouche. Telle était la ligne de conduite qu'elle s'imposait pour ne plus perdre les pédales. Mais malgré elle, elle basculait. Elle perdait le contrôle. Elle fermait les yeux et se laissait happer par un tourbillon de sensations exquises. Chaque geste de Raven frôlant sa peau, chaque baiser, était une langue de feu supplémentaire consumant son être. Être qui se tendait et se détendait sous les assauts de sa bouche. Tout comme le pantalon de Raven, son soutien gorge n'était plus qu'un vague souvenir perdu quelque part dans les draps. Le fait qu'ils se trouvent dans l'infirmerie à deux pas de l'infirmière aussi était un détail qui s'était égaré dans les pans de sa mémoire éléphantesque. Ne comptaient plus que ces soupirs brûlants qu'elle sentait dans son cou, ses épaules, ses seins aux pointes érigées. Elle dut se mordre presque violemment la lèvre pour empêcher son plaisir de s'exprimer trop vivement - elle n'avait jamais été excessivement expressive dans ce genre de situations, infirmière de l'autre côté du mur ou non - et ses doigts jusque là accrochés aux draps s'empoignèrent aux cheveux de Raven par réflexe. Ils s'en détachèrent aussi soudainement lorsque Raven remonta dans son cou, ses paumes glissant le long de sa colonne vertébrale. Le baiser langoureux qui suivit l'étourdit presque. Tant que lorsqu'il se recula et déposa des baisers d'une douceur presque irréelle après une étreinte charnelle de cet acabit, elle eut l'impression de s'enfoncer dans un nuage de coton en laissant son corps retomber contre le matelas. « Tu n’as rien d’un réfrigérateur Leslie. » Ces mots qu'il lui glissa manquèrent de peu de lui échapper, encore sous le coup de l'émotion. Elle devait bien avouer qu'à l'instant précis, il était totalement dans le vrai. Sa peau n'avait plus rien de glacé. Elle se sentait presque fiévreuse. Cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas touché, tellement longtemps qu'elle n'avait plus ressenti cette plénitude... L'avait-elle ressenti avec Skyler ? Non, c'était différent. Avec Raven, son amour incommensurable se fondait avec la passion charnelle. Et elle n'aimait pas Skyler. Nier qu'elle avait ressenti quelque chose aurait été stupide. Mais les deux n'étaient même pas comparables. « Tu es juste réservée et timide, il n’y a rien de mal à ça. D’ailleurs j’ai toujours adoré voir tes joues rougir. » Il fut justement exaucé car, touchée, ses joues se fardèrent de rouge. Un soupçon de honte, aussi, s'y mêlait. Il était si tendre. Si attentionné... Elle avait l'impression d'être un imposteur et de ne pas mériter ces mots. Mais ils faisaient tellement bon les entendre... Ses mains avaient glissé pour se placer autour du visage de Raven. Son pouce caressait machinalement sa joue. Elle se redressa à peine, déposant comme une caresse ses lèvres tout contre les siennes comme si elle avait eu du rouge à lèvres et qu'en frottant un peu trop leurs deux bouches elle eut risqué de lui en transférer. Puis, dans un souffle, murmuré, des mots se mirent à nouveau à couler de sa bouche alors qu'elle s'était pourtant interdite de reprendre la parole. « Merci. » "De me faire me sentir belle, de me chérir, de donner à mon cœur une raison de battre, d'être toi, d'être là, de me regarder comme tu le fais, de m'avoir choisi..." Si elle avait dû lui exposer les raisons de sa gratitude, elle aurait eu de quoi remplir une pile de parchemins. Mais elle savait qu'elle n'en avait pas besoin. Son regard presque translucide parlait plus que n'importe quel discours. Elle avait envie de le remercier encore et encore... Mais il n'aurait pas compris. C'est pourquoi les merci qui auraient dû suivre si elle s'était écoutée furent tus, et elle se reprit, ses yeux fixant tour à tour les prunelles de son homme et ses lèvres charnues qui la magnétisaient. « Merci de me faire me sentir vivante. » Et elle mit fin à la distance qui séparait leurs lèvres, enserrant son cou entre ses bras frêles. Sa poitrine alla se coller contre le torse de son amoureux et elle sentit son cœur battre contre elle. Les battements du sien n'avait donc pas dû lui échapper puisqu'elle même les entendait battre jusque dans ses tempes. Une de ses mains fila dans son dos défaire sa jupe et en quelques mouvements celle-ci avait glissé le long de ses fines jambes, suivie de près par sa culotte. Elle les poussa du bout du pied, puis, elle fit glisser ses deux jambes de manière à ce qu'elles s'accrochent autour du bassin du ténébreux sans quitter ses lèvres. La chaleur de leur deux corps l'un contre l'autre en tous points était délicieuse. Enivrante. La même main qui avait ôté sa jupe partit en arrière pour chercher sa baguette sous son oreiller. Elle quitta les lèvres de Raven quelques courtes secondes pour jeter un sort ordonna à la lumière de baisser d'intensité et tamisa la pièce. Elle la lâcha aussi sec sans en prendre soin comme elle le faisait d'ordinaire. Ses manies d'intello et ses règles de conduite de préfète n'avaient plus cours. Celle-ci roula au sol et disparut sous le lit... Du bout du pied, elle fit comprendre à Raven qu'elle était prête et qu'il pouvait se débarrasser du dernier bout de tissu qui les maintenait en haleine, passant ses orteils sous l'élastique de son caleçon. Comme à chaque fois, elle sentait son corps, emballé, sur le point d'exploser. Et ce n'était que le début.