Ciaràn J. Blow | Je n'aime pas l'homme, j'aime ce qui le dévore
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Ciaràn J. Blow | Je n'aime pas l'homme, j'aime ce qui le dévore
Feat Ash Stymest Copyright © She | « Je n'aime pas l'homme, NOM - Blowj'aime ce qui le dévore. » PRÉNOM(S) – Ciaràn Joyce ÂGE ET ANNÉE - 18 ans 5e année Né le 31 Octobre 1986 PURETÉ DU SANG - Mêlé Maman moldue, mais le cousin de cette dernière (le père de Ciaràn), est sorcier. PATRONUS - Singe Capucin C'est mignon un singe capucin... Certes, mais sous ses airs virginaux, cette créature se révèle un véritable stratège, ne laissant que peu de chance à ses proies. BAGUETTE - Ecorce de Noisetier et dent de Doxy. « Sanguin Charmeur Passioné Torturé Détestable Cynique Intelligent Alerte Joueur Erudit Déterminé Acteur » |
PHYSIQUE
- Il serait ardu d’éviter Ciaràn du regard. Suintant d’un quelque chose d’hypnotique, il fait acte d’une prestance certaine qui ne s’ignore pas et ne laisse personne indifférent. Pourtant à première vue, le spectateur serait bien en mal de déterminer l’origine de ce magnétisme. Fallacieuses allures de gamin candide et virginal… Mais à l’attention des plus téméraires, cette partition apparemment sans heurts s’enraye bien vite. Une Silhouette bien sculptée, loin d’être imposante, grêle mais pas maigrichonne. Une musculature décelable lors de mouvements souples et agiles communs aux individus instinctifs. Une démarche naturellement élégante, pour un corps gracile qui à la réflexion, semble léviter plutôt que marcher, démontrant le semblant d’estime qu’il a de lui même et le contraste avec la considération moindre qu’il nourrit à l’égard d’autrui. Un personnage au masque maîtrisé mais que l’on devine sanguin de part les milles facettes qui se succèdent au sein de ses pupilles abyssales. Un abîme azur, glacial, recelant quelques démons intrinsèques indésirables. Un regard que l’on ne se lasserait pas de contempler s’il n’était pas si hostile. Ce qui terrifie à la réflexion, ce n’est pas l’absence d’émotions mais au contraire le trop plein. Ciaràn est en réalité un véritable livre ouvert, mais les passions qui le déchaînent sont trop nombreuses et s’associent régulièrement, créant des nœuds complexes rendant toute lecture impossible. Et ses pupilles animales, parfois cannibales, ne sont qu'une anecdote, il faut savoir que l’intégralité de son visage cumule les oxymores. Notre jeune ami est pâle, vraiment très pâle, ce qui contraste parfaitement avec sa chevelure d’ébène, qu’il a depuis longtemps renoncé à dompter. Des traits fins latents pour des lèvres discrètes mais bien présentes. Une beauté ténébreuse en somme, qui arbore un air bonnement espiègle, dangereusement charmeur, indécemment pervers, irrévérencieusement cynique.
Les nombreux tatouages apportent un aspect énigmatique à sa posture fièrement défiante. Des marques faites pour chaques souvenirs d'avantage que sur un coup de tête. Ciaràn n'a pas pour habitude de les masquer aussi porte t'il dès qu'il en a l'occasion quelques longs marcels offrant sa peau aux quatre vents. Loin de craindre le froid, cette carne dont bien des femmes ont déjà pu humer le parfum entêtant, de manière temporaire, semble s'en repaître. Quotidiennement, notre tête de mule porte bien évidemment l'uniforme de sa maison. Qui lui va comme un gant. Taillé sur mesure, on en jurerais. Il pourrait alors être présenté à quiconque comme le fils d'un membre affluent qu'il ferait parfaitement illusion.
CARACTERE
- " T'es plutôt charmante si tu veux mon avis.
Laisse ces vieilles bigotes parler de bonne conscience,
elle se rendront compte que ce qu'elle prête d'universel à cette notion ne l'est en rien .
C'est ce qu'il m'a dit la première fois qu'on s'est rencontré à la bibliothèque.
Une voix douce et posée, un sourire mutin pour un regard limpide, autant d'invitations à l'abandon que franchement, j'y croyais pas. Ciaràn. Il n'a rien de l'homme fréquentable. Il est même tout le contraire, à ce que j'avais entendu. Malheur à ceux qui voulaient encore lui résister. Homme, Femme… C'était tout ce qu'il attendait de nous, sur tous les plans, qu'on lui résiste pour qu'il puisse s'amuser un peu. Je le savais, je le savais et pourtant, j'esquissais un sourire. Ciaràn avait la réputation d'être LE gamin cynique quoique rêveur, dragueur invétéré avec une forte propension pour le jeu. Il avait toujours été ainsi. Celui que l’on respecte car ses airs de je m’en foutisme suintent d’une culture générale conséquente. C'est le genre de mec surprenant, finalement, qui sait encaisser et s'adapter à toutes sortes de situations. Certes, il était orphelin, et si cela aurait pu en détruire plus d'un, il semble y puiser de la force et s'en satisfaire. Enfin, c'est ce qu'il m'a toujours dit. De toute façon, il n'a pas besoin de n'avoir personne sur le dos pour faire ce qu'il veut. Il est de ce type de personnes qui réussissent presque tout ce qu'elles entreprennent, qui apprennent seules et n'ont besoin des autres que pour leur essuyer le front une fois le travail accompli. Au début, j'ai cru qu'il prendrait ça comme un cadeau, qu'il trouverait ça cool. Mais finalement, il se lasse vite de tout. Même de ce qui pourrait le passionner, il ne cesse d'aller et venir entre diverses domaines artistiques. La seule chose qui attire de manière durable son attention sont les filles, les vieux bouquins…L’alcool parfois. Il se réfugie dans ce qu'il réussi le mieux pour éviter ses insomnies à la recherche de la perfection je crois. Ciaràn est un hédoniste, il ne dispose d'aucune limite ou bien il semble encore les chercher."
[Jenna Li 17 ans. A propos de sa rencontre avec Ciaràn.]
" Ciaràn ? C'était mon meilleur pote à la maternelle. Mais j'ai toujours su que c'était un enfoiré. Vous voyez, ce mec, son existence est une longue une succession de réussites inconditionnelles et le meilleur c'est qu'il s'en fiche. Pire ! Il se lasse super vite, comme si réussir l'ennuyait. Et quand il n'obtient pas ce qu'il désire, il en rajoute une belle couche. Il lui suffit d'un échec pour qu'il se relève et reparte plus haut. Si bien que du coup, on sait plus vraiment si c'était vraiment un échec à la base. S'il se casse la gueule dans les escaliers, je serais presque prêt à parier qu'il réussirait à tomber sur une jolie fille à grosse poitrine.... Il semble adorer qu'on lui résiste. Draguer les filles inaccessibles, c'est son passe-temps favoris. Sa vie se résumerait même à quatre simples mots. Drague. Femme. Lire. Dormir. Est-ce qu'il est déjà tombé amoureux ? Bah j'en sais trop rien, on a toujours préféré attirer les filles pour les jeter plutôt que tomber amoureux, trop compliqué, vous voyez ? C'est ça qui est cool avec lui. Il marche à l'instinct. Donc il n'aurait presque peur que de lui même. Il craint pas d'échouer. Même quand il sort une blague sexiste à une militante pour les droits de la femme. Ce type est déjanté."
[Irving N. 18 ans. Enfoiré notoire.]
" Il adore les paris, prendre des risque... c'est un joueur et il a ça dans le sang. Il n'hésitera que rarement face à un défi. Il suffira de lui dire qu'il n'est pas cap' de se balader à poil lors d’une rencontre de quidditch pour qu'il essaie de le faire. La plupart du temps, Ciaràn n'a pas besoin de nous pour repousser ses propres limites. Il va toujours plus loin et ne se pose jamais. C'est un hyperactif, parfois velléitaire. Tout entreprendre et ne rien terminer, comme une boulimie précoce de tout voir. C’est comme ça qu’il voit sa vie en général d'ailleurs. "
[Elton V. 19 ans. Rencontre d'un soir.]
" Quand j'ai connu Ciaràn, il était loin d'être celui que tout le monde me dépeignait. L'enfoiré de première classe, le dragueur sans envergure. En dépression, enfermé dans sa chambre, à somnoler devant des piles de bouquins, il n'a même pas cherché à me faire du charme. Je crois qu'il n'est pas si assuré qu'il prétend l'être. Je crois qu'il n'a pas la grande capacité d'adaptation qu'on lui prête. Il sait juste encaisser les coups comme personne. Son grand problème, c'est de ne pas savoir s'arrêter, se poser. Il ne fait que bouger, qu'avancer et ça le perdra. Quand il craque, il tombe au fond du puits, s'enfonce plus loin que tous et est capable de tout et n'importe quoi. Il n'a aucune limite et ne s'en ait jamais posé, c'est bien là que ça cloche. Et c'est ce qui perdra ce grand mélancolique. "
[Enoa H. 17 ans. Voisine.]
I LIKE IT- Ciaràn aime vivre dans l'excès. Ultime façon qu'il a trouvé de côtoyer un semblant de cette liberté que chacun désire souvent ardemment sans jamais se donner les moyens de l’obtenir. Il apprécie d'autre part de se retrouver seul dans de vastes espaces, naturels ou bâtis de la main de l'homme, et se sentir alors oh combien inconsistant. C'est un mélomane invétéré et il n'est pas rare de le voir le casque sur les oreilles, volume à l’extrême afin de distancer la réalité qui l’oppresse. Quel genre de musique ? Absolument de tout! De même il ne peut se passer d'ouvrir régulièrement un livre, traité, roman, recueil... Tout pour rassasier son esprit. |
Des peurs ? Videmment, on reste tous, au damne de certains, des êtres humains. Dans un premier temps, c'est l'ombre de son oncle qui plane sur ses épaules. A le rendre parfois fou. Boire pour supporter les autres certes, mais surtout oublier cette présence issue seulement de son imagination et de son esprit qui ne s'est encore jamais départit de sa culpabilité injustifiée. L'alcool est pervers, bien souvent il lui est arrivé dans sa torpeur itillique d'entendre jusqu'à la voix de cet être craint le harceler. De ces hallucinations qui terrifient et vous laisse le palpitant au bord des lèvres. Dans un deuxième temps, Ciaràn craint les affres humains. Si l'homme s'adapte à tout, il se complaît entre autre à une inertie pourtant indésirée. Et si notre jeune ami nourri pour le moment simplement des fantasmes et des rêves qui n'ont rien d'utopiques, il craint sa condition humaine qui pourrait à tout moment l'éloigner de ses propres aspirations. Autrement dit, il s'appréhende lui même. Drôle d'animal vous avez dit ? |
THIS IS MY STORY
- PRELUDE
- Spoiler:
- M. Jacar était gros. Non pas vraiment gros, enfin ce n’était pas qu’une question d’embonpoint. J’aurais plutôt dit qu’il était flasque. Ça débordait de partout : des oreilles, son cou coulait le long du col de sa chemise, la peau de son visage semblait s’étirer et former des sortes de bas-joues de hamster. Bref, il semblait plus soumis à la gravité que nous autres terriens. Il avait les mains moites, qu’il frottait régulièrement contre son pantalon de velours gris, laissant des traces humides et blanches certainement à cause de ses craies. Le crâne dégarni comme un terrain de golf, la barbe mal rasée : courte parsemée de petites touffes me faisant penser à des moutons broutant tranquillement dans un pré. Son nez, parlons-en de son nez. Pâteux, comme le reste de son corps, sauf que lui semblait plus habité que sa boite crânienne. J’avais souvent cru au début que les grondements que nous entendions régulièrement étaient dus à des problèmes de plomberie internes au bâtiment. Ah l’innocence. Il était certes une chaudière à part entière. À sa main droite, le bougre avait une alliance. Je me demandais encore qui avait la chance d’être sa femme, et, curiosité étrange, mais humaine, comment ils pouvaient avoir une vie sexuelle. Il peut être très difficile pour l’homme de comprendre la femme, là, j’avouais être vraiment perdu.
Peut-être aurait-on pu voir à travers sa laideur physique une quelconque beauté cachée. Pour ma part, je n'en voyais aucune. D'une grande arrogance, son ego immense semblait cacher à ses propres yeux l'horreur de sa personne. Il m'avait toujours semblé que sa vocation était de devenir Dieu, puisque le peu de pouvoir que lui conférait sa fonction de psychologue le faisait jouir et dans son avidité, il ne pouvait s'en contenter.
Ah, mais le temps s’emmerdait et traînait mollement des pieds. Je le suivais du regard sans trop comprendre la raison de ma présence en ce lieu. Ça ne manqua pas à M. Jacar qui s'approcha de moi, un affreux rictus faussement complaisant déformant son visage bouffi. Je fermais les yeux, et la seconde d’après, son ventre était devant moi. Je ne l’avais pas senti revenir. Etrange.
- Mais si, concentre-toi, il y a bien des séquelles encore vivantes et qui s’ébrouent, encastrées…
- Oui, peut-être, mais ça réveille des bruits que je n’aime pas, ça réveille des odeurs, de petites choses furtives qui me donnent la nausée…
- Oui, la nausée, c’est cela ! Tu vois, malgré tout, malgré toi, ça resurgit peu à peu, vieille cicatrice de ton angoisse. Continue !
- Je me rappelle des embryons de colère qui gesticulaient fort dans l’air, étreignaient l’atmosphère orange et drue. Tous les yeux étaient comme on peut imaginer les yeux d’un pareil soir, étincelants, un peu jaunes, un peu éloignés. Nous savions les blessures : les heures de terrible effort, angoissées, tenues là dans nos corps et dans nos cœurs comme tant d’heures crispées, épuisantes, se répondaient en sortes d’échos tacites, en non-dits coincés là dans le vent, dans nos bouches. Petits nœuds de folie, de fatigue. La lune était carrée, ce soir-là, et je ne comprenais pas bien ce qu’elle éclairait puisque la maison flambait et n’avait pas besoin d’un apport de lumière extérieure. Ma sœur, bien sûr, Silloë, repliée sur elle-même comme une coquille d’anxiété, hoquetant doucement, et qui se balance, litanie sans bruit, supplication, tourmentes sous le ciel ardent, sang, de la nuit Irlandaise. Mon oncle, le père de Sillo, est debout, je ne vois pas son visage, il est de dos, l’ombre de sa silhouette prolonge sa rage au pourtour des flammes, seules lumières à des kilomètres à la ronde, lumières doucereuses, chantantes, presque religieuses… il surplombe ma mère qui l’implore après ses révélations… il tremble, comme s’il essayait de résister à quelque chose montant en lui, une chose mauvaise, que je sentais déjà à l’époque se glisser dans le cœur des hommes comme de petites sangsues… (Silence mutin)
- Veux-tu que je le fasse à ta place ? Tu me disais te rappeler avec précision ce requiem, ce silence brûlé à la lanterne. Te rappeler cet instant où toute l’âme connaît une espèce de remous, ahane, se réfugie là où il n’y a rien, ni honte, ni sanglots. Rappelle-toi… le sang de ta mère. Toi qui commençais à vomir par la bouche, par le nez, le ressac du lointain et la roche un peu noire, ténébreuse. C’était l’apnée, entre tes paupières gonflées et rouges, ta culpabilité injustifiée face aux regards affolés de ta soeur, agitation substantielle, eczéma au creux des bras, et bientôt le regard sans vie de ta mère, consumée de tristesse, erratique, sauterelle abîmée. Cette nuit vous enveloppant de ses secrets, le froid faisant crépiter vos membres lourds…
- Arrêtez !
- Arrêter ? Tu peux le faire toi-même, alors ?
- Oui, c’est bon, je vais le faire… la vérité était que j’étais terrifié par mon oncle. Je l’avais vu dégurgiter sur le torse de maman tout ce qu’il avait de rancœur et d’épuisement, tombeaux jaunes et pâles s’agitant fièvrement comme des pustules, nuages pestilentiels et fumants qui roucoulent un doux murmure de jalousie. Suite à sa morale, j’écoutais les pleurs de maman comme on écoute les pleurs d’un monstre. Les coups de mon oncle sur ma mère était salvateurs autant pour lui que pour moi. Le châtiment de l’inceste dont j’étais le fruit défendu, rejeté par tous et d’avantage moi même. L’incendie et la douleur de ma mère ont duré des heures et des heures une lente agonie, et encore aujourd’hui ces images me font vomir tout ce que j’ai en moi, souillure du monde passionné quand mes souvenirs surgissent telle de la bile, peaux de fromage coincées entre les plis et les replis comme des lèvres dorées, et les croûtes noires ventousées en décomposition… encore aujourd’hui je revis ce moment comme un condensé de la fureur de mon oncle envers mon existence, comme un hurlement, un rejet du cadre familial, et je ne puis m’identifier autrement qu’aux flancs de la colère de cet oncle, aux marques de son sang et de son mépris coagulant ensemble… aussi loin que je remonte, sa figure a toujours été recouverte du cachemire de la douleur…
- Tu es sûr de ne pas exagérer, de ne pas exacerber la souffrance ?
- Non, et c’est bien vous qui m’avez dit de plonger et de ramasser à la faux ces moments douloureux. Alors voilà, cette nuit, je la sens ressortir à chaque moment radieux : les visages se décomposent et les sourires pourrissent, le café en coulées immondes et délétères dans ma tasse matinale… Je pense à moi et ma sœur ce soir-là, à nos corps d’enfants enroulés dans le noir… A la mémoire de ma mère battue jusqu’au souffle extrême, et enfin à mon oncle toujours quelque part.
Sans concevoir qu’il serait le garant de ma vie morbide, mon père conditionna lui même son exil, effrayé par ce qu’il s’était permis ; une nuit en compagnie de sa cousine. Il était conscient de cela et aveugle devant ce qu'il s'autorisait à lui-même, et dont il n'avait jamais su s'échapper : une rechute dans son enfance. Qu’il aurait voulu durable et sans conséquence. Il n'y a rien que je retiens qui me retiendra vraiment. J'ai perdu mon pari de ne pas être concerné par les choses qui ne me regardent en rien car elles sont l’œuvre d'un passé, vis à vis duquel je n'ai aucune responsabilité.
SONATE
Réminiscence 1
Je me suis muré volontairement dans ce qu’ils appellent mon mutisme, pourtant mes hurlements n’ont jamais cessé de me parcourir en tout sens . Avec le temps, je les ai canalisés . J’ai tissé un réseau bien organisé de veines insonorisées et puis patiemment, j’ai créé des dérivations pour les soupirs, les sanglots, et les murmures. Il y a tant à charrier…. l’indicible de cette vie, l’inaudible, l’irracontable, la blanche terreur, la noire désespérance, les tendres supplications des silhouettes mortes et enterrées…Parfois un vaisseau éclate cédant sous la pression de douleurs croupies, de cris coagulés et ça sanguinole noir sur les parois désabusées, décrépies de ma solitude. J’ai du installer et souder quelques tuyaux de diamètre plus important, de façon rudimentaire, certes (parfois les joints ne résistent pas) pour évacuer le plus sordide, le plus dégueulasse vers les égouts à dégoûts : les rêves inachevés, les devenirs à peine ébauchés, les paroles tues, les lambeaux de ma jeunesse crédule et encore vibrante. Tant d’amour et de beauté dont se délecte la vie, que digère le temps, et que chie mon quotidien. Mais c’est le cours de ma vie qui s’écoule là et mon lit est celui de cette rivière souterraine, où j’aime venir chaque jour mourir un peu dans une érection de sens. Mon corps est un taudis, mes chairs sont un cloaque .Et je suis une forteresse. Ils croient que j’erre dans ma vie minée, laminée, comme un fantôme en larmes, mais je suis en béton armé.
Silloë. Je me souviens de nos matins insouciants qui se collaient à nos sourires comme la crème des tartelettes. Silloë. Ton sourire léger comme une blague. La soudaine, évidente, foudroyante fatalité, le manque d'être, le défaut de ce qui avait été promis. « Suivez moi, les services sociaux vous trouveront une famille prête à vous prendre tous deux en charge. » Silloë. Le cruel défaut infligé, l'inflexion victimaire, mon être infecté de preuves que rien ne pourrait désormais suivre le cours naturel de cette rivière qui asséchée me dévoile. Moi paria, tare qui gagnerait à être muette. Le renoncement et la fatalité gangrène les grumeaux de conscience qui perdurent pour un temps encore à la surface d’une décrépitude qui gagne l’extérieur. Chambre trop soignée pour retenir la mémoire de ses occupants. Condamné au néant, mon passé s’oublie chaque jour sur les murs impersonalisables de l’orphelinat.
Réminiscence 2
Le temps libre était rare. Bien vite je pris l’habitude de passer outre le règlement et de profiter de la pause de midi pour m’approprier Dublin. L’orphelinat qui m’avait accueillit parmi d’autres cas potentiellement chaotiques se trouvait excentré, tout pour que la fugue soit moins aisée. Je n’avais jamais été inquiété outre mesure de sévères remontrances, ayant bien vite analysé que plus je me montrerais docile et paisible, plus la sphère éducative montrerait de la déférence à mon égard. On m’avait ainsi après des débuts difficiles, classé dans la catégorie de gosse responsable. Et si je prenais moi même l’initiative de sorties non encadrées, j’avais l’avantage de savoir peindre un air contrit des plus convaincant face à la directrice.
Dans les rues, je pris mon air halluciné. J'aimais savoir que mes yeux recelaient quelques nuances grisâtres, dégénérées, et regarder les autres, leurs façons de détourner la tête, par pudeur, par crainte. C'est drôle la foule quand on prend un visage étrange, ça se tait devant l'invraisemblance, ça baisse les paupières comme pour ne pas qu'on la contamine, et quelque chose gigote dans les gorges comme des gamins gigotent dans des ventres. Ça pue la haine ravalée, inconsciente, et je sais que beaucoup de marginaux veulent les bouffer ces joues roses, ces gorges satinées, tout cet éclat qui n'est pas le leur. La journée avait été orageuse, et le soleil s’était retiré derrière un linceul nuageux, comme un cafard fuyant le brouillard hostile et sans concession de l’aérosol. . Le ciel flamboie, l’horizon avale une lampée de feu, d’un trait, jusqu’à la lie. Puis, s’insinuant quelques minutes, l’ombre s’impose, intime le renoncement à l’orgueil suprême de l’heure. L’astre résiste autant qu’il le peut, implore, puis finalement crache de dépit sa ferveur, épuisé. A l’orée de la nuit quelque chose d’indéfinissable fuit. L’âme du jour s’incline, tend ses amarres. Un à un les globes des lampadaires éclairent, déversent une clarté diffuse sur les embarcadères ; attirée par la lumière une autre vie grésille, brûle ses ailes. Une nouvelle fois, l’horizon expire, clôt ses paupières et sombre dans sa nuit. Et j’étais là, paisible. J’aurais sûrement pu ne jamais sortir de cette exquise torpeur. M’y enliser plus profondément encore et, qui sait, peut-être effleurer voire embrasser mon idéal de bonheur. Au milieux des relents, les dernières coulées d'acide entre un cadavre de bouteille et un banc immobile. J’étais une drosophyle sur l’instant, déposée au cœur d’une toile imperceptible qui vibre de toute part et attise les sens. Attise le foetus de pouvoirs insoupçonnés.
Soudain il était là. Hessian, l'oncle craint. Son regard était ténébreux, pénétrant, magnétique. L’atmosphère semblait se matérialiser, affirmant les contours de cet être qui me faisait face, comme pour me prouver que l’imagination était de loin dépassée par cette apparition. Les particules d’oxygène se raréfiaient, le biotope investit devint une enclume, oppressant. Lui paraissait se gargariser de cette consistance étouffante, qui tapissait mes muqueuses nasales et se satisfaisait des gorges comprimées qui déglutissaient en quête d’une réalité intangible. Il séduit, il envoûte, il terrifie. Tout alentour avait fui à sa vue. Sans concevoir que cette apparition émanait directement de mon esprits aux capacités indomptées, je fuyais L'astre lunaire, imperturbable se riait de moi. "Que cherches tu par ici ? Tu erres dans un monde qui n'est pas le tien. Puisse chacun de tes pas t'enfoncer un peu plus dans les profondeurs, que tu rejoignes ton royaume." Je n’avais encore jamais eu peur de la nuit.
Réminiscence 3
Trop agé pour être adopté, je devins l'hôte de cette bâtisse où se succédaient les visages. Je décachetais la lettre au sceau d'antan dans le bureau de Sylviana, directrice qui avait finit par force de circonstance, par devenir, à défaut d'une mère, une tutrice ayant gagné mon respect et ma considération. Moldue dans les veines du temps et de l'âge, elle fit en ma compagnie la magique étude d'un monde jusqu'alors soustrait à notre conscience.
Je quittais donc cet aspect du monde pour la sorcellerie et son apesanteur extraordinaire, mes pieds se détachaient enfin de cet aimant qui vous cloue au sol et que j'appelle confort du cadre. On dit des ruines le plus beau des sacres, celles qui brillent aux mouvements, aux fines foulées de jambes qui claquent l’usure de la vie par envolées de cendres pour plaider l’évasion. C'était trop peu pour décrire Poudlard. Lorsque le jour se lève, les berges s’inondent de barques échouées, ces frêles esquifs en fer chavirant d’un regard sous la brume du matin. Les murs crachent le jour comme un appel à l’aide puis se repaissent au clair de lune. Les jeunes s’étendent sur leurs balais, valsant aux mélodies du vent et d’autres s’arment de sorts pour faire tomber le ciel. Alors les couloirs en faux culs-de-sac se parent de mystères, plongés dans l’infini, dans les recoins d’un monde. Ici craque l’ennui, c'est l’inattendu et la découverte qui dévorent vos rêves, s’épongent de vos récits puis s’emparent de vos trêves comme une vaine course après la vie.
Temps présent
J’ignore mes origines, ignore le sang familial, et pourtant ne regrette rien. C’est entre ces murs que je devins adulte. Sans autre amis que des connaissances domptées par ma rage latente. Il est juste de dire que jusqu’alors, niant ma nature, je pensais le monde imperméable et statique. Bien vite, avec la magique étude des sens que j’acquérais chaque jour un peu plus, j’eus pitié de ceux qui attendaient la mort ou bien l’appréhendaient. Je ne pourrais jamais rien changer à ce qui m’enceint, je ne peux que transfigurer le regard que j’y porte. Tardive résolution, entravée jusqu’alors par l’écœurant carcan de mes puériles, inutiles, stériles considérations bien-pensantes. Les fers de ce que je croyais être l’empreinte divine de la conscience du Bien cèdent à mes chevilles écorchées d’avoir trop tirées. Je ferai miens péchés et malversations et ainsi ne craindrai plus ni les cruels ni les bons. Que soit castré l’amant trop léger, immolé le presque beau bafoué, transcendés les paradoxes de l’intelligence scrupuleuse, altruiste, cadenassante. Je divorce de ma culpabilité chérie et de mes angoisses parricides.
Ma tristesse se fera colère, mes doutes convictions commodes et mon pardon vengeance. Ainsi affranchi et résistant, l’échine redressée, j’évoluerai dans cet univers divulgué, facile, mauvais, foulant de mon talon effilé les décombres de mes antiques chimères avortées.
18 ANS APRES
YOU, MUDBLOOD
PSEUDO - Zec
ÂGE - 18 ans
TAUX DE PRÉSENCE - 7 / 10
CÉLÉBRITÉ DU PERSONNAGE - Ash Stymest
COMMENTAIRE ? Uhm un point négatif un point négatif....Ah si! Trop de blanc tue le blanc
Dernière édition par Ciaràn J. Blow le Jeu 4 Nov - 11:47, édité 2 fois
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