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LITHIUM ϟ “ Sweet dreams are made of this „

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Message par Lilith L. Dickenson Mar 24 Avr - 21:52

Lilith Lulabee Dickenson
poste vacant; personnage inventé


Qui êtes-vous?
NOM
Dickenson.

PRÉNOMS
Lilith, Lulabee.

NAISSANCE
1991.

AGE
18 ans.

ANNÉE
5ème année.

ORIGINES
sang-mêlée; demi-vélane.
Éléments de sorcellerie
BAGUETTE - taillée dans 24 cm de saule, elle renferme une plume d'Abraxan, l'un de ces immenses chevaux ailés immaculés, originaires de France, au corps plus robuste que la normale. Elle est souple et précise, idéale pour les enchantements.

PATRONUS - un Occamy nain : serpent ailé remarquable, doté de plumes et marchant sur deux pattes, il est notamment connu pour la préciosité de ses œufs, dont la coquille est faite d'argent fin et pur. Ainsi, cet étrange amalgame d'oiseau et de serpent s'avère particulièrement féroce lorsqu'il est question pour lui de les protéger. De même, Lilith recèle deux facettes du fait de son ascendance : radieuse au quotidien, elle change littéralement de visage en cas de contrariété et devient tout bonnement effroyable si elle est poussée à bout.

BIEN ou MAL ? Votre texte.

FAITES-VOUS PARTIE DE LA RÉSISTANCE ? - Oui [] Non []
(Si vous êtes à Poudlard, autant vous faire discret, mais vous pouvez chercher à faire des actions dans l'ombre, voir d'espionner le corps professoral afin de donner des informations à la Résistance. Si vous avez été recalé lors de votre test d'entrée, vous serez pris en charge par la Résistance qui vous donnera votre éducation. Dans un cas comme dans l'autre, merci de le préciser.)

FAITES-VOUS PARTIE DES PRO-CLYDE ? Oui [] Non []
(Partagez-vous ses idées ? Êtes-vous seulement un enfant qui suit l'éducation de ses parents ? ...)

ÊTES-VOUS NEUTRE ? - Oui [] Non []
(Il est possible que votre personnage se laisse porter par les événements, n'ayant pas forcément envie de prendre parti pour l'un ou l'autre.)


Le moldu
... derrière l'écran

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PSEUDO - Votre texte.
AGE - Nous rappelons que le forum est déconseillé aux moins de quinze ans.
AVATAR - Votre texte. (une fois validé, rendez-vous ici afin de notifier votre avatar.)
COMMENT AVEZ-VOUS CONNU CE FORUM ? - Votre texte.
PRESENCE - Votre texte.
PARRAINAGE - (envie d'être aidé(e) pour ton intégration? Plus de précisions ici) Oui [] Non []
COMMENTAIRES ? Votre texte.


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Dernière édition par Lilith L. Dickenson le Mar 24 Avr - 22:09, édité 1 fois
Lilith L. Dickenson
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Message par Lilith L. Dickenson Mar 24 Avr - 21:57



when she was just a girl, she expected the world

« (…) Lilith dormait comme une bien heureuse lorsque notre tente à soudainement pris feu. En inspectant les décombres un peu plus tard, j’ai découvert des restes de coquilles encore brûlants : un serpencendre avait eu la bonne idée de se réfugier sous notre abri pour pondre. Si seulement je m'en étais aperçu plus tôt! Ces œufs sont d’excellents ingrédients pour les potions, à condition d’être collectés et gelés suffisamment tôt… Enfin, j’imagine que vous me direz que cela n’a pas d’importance, que ce qui compte est que nous nous en soyons tirés vivants et entiers. Ce n’est pas faux. Mais tout de même, quel gâchis! »
« (…) suite à un imprévu, nous nous sommes arrêtés à Lucknow, en Uttar Pradesh. Le paysage ne me plait guère, je lorgne mes cartes et tourne comme un lion en cage en attendant de pouvoir reprendre la route. Lilith semble ne pas bien supporter la température, sa peau s'irrite en un rien de temps et elle passe ses nuits à pleurer. Je me demande si voyager à la moldu est une si bonne idée... mais je ne peux me résoudre à simplement transplaner d'un lieu à l'autre : où serait le plaisir de la découverte si je ne me laissais même pas le loisir de me perdre en route et me contentais d'apparaître en un claquement de doigt à un lieu donné pour disparaître aussi vite? (...) et ma fille fait encore des ravages sur ceux que l'on croise. Une femme s'est prise d'affection pour elle et a insisté pour nous suivre. Quelle étrange idée! Comme j'étais incapable de prononcer son prénom sans l'écorcher, elle m'a fait l'appeler "Narsa" ― nourrice, si je ne me trompe. Je suis partagée entre la crainte qu'elle nous encombre et nous ralentisse, et le fait que cela me faciliterait terriblement la tâche : décoder les cris d'une gamine de deux ans est plus épuisant que déchiffrer une série de rune. Mais j'y pense! Comment va ta petite dernière? Arella n'est-ce pas? J'ai déniché il y a quelques jours une pierre incrustée d'éclats de gemmes bleus. Je ne crois pas qu'elles aient une valeur particulière, mais leur couleur m'a rappelé celle de ses yeux et j'ai pensé à les monter sur une chaînette en or. Ce ne sera pas grand-chose, seulement un petit souvenir de voyage de la part d'un oncle et parrain trop souvent absent (...) ».
« (...) dois reconnaître que tu me connais trop bien. Oui, j’ai bel et bien évité de parler des circonstances de ma rencontre avec Narsa, je te vois d’avance lever les yeux au ciel et je sais ce que tu en penseras. Mais tu t’en doutes déjà, j’avais légèrement égaré Lilith dans la foule qui se pressait sur le marché. Un instant je la posais au sol pour me pencher vers un étalage, l’instant d’après je me tournais vers elle et elle n’était plus là. Heureusement, elle portait ce petit anneau sur lequel j’avais lancé un sort de localisation, et je l’ai retrouvée dans la bras d’une inconnue, riant aux éclats alors que je n’avais pour ma part eu droit qu’à des cris, des larmes et des caprices depuis plusieurs semaines. Soit. Tu sais quoi? Pari (fou) tenu : j'ai parlé à Narsa du monde sorcier. À sa réaction pour le moins... vive, j'ai cru qu'elle tentait d'exorciser un quelconque démon en moi ― la scène était hilarante. Je ne sais pas si elle se remettra de sitôt de cette révélation : quand je l'approche, elle semble inquiète et serre Lilith contre son cœur comme si je risquais de leur faire du mal à toutes les deux. Enfin il le faudra bien, nous ferons demain notre premier passage dans le monde sorcier d’Uttar Pradesh : j’ai réussi à trouver un contact qui, malgré sa réticence, a accepté de me servir de guide pour quelques jours en échange d’une bourse pleine de gallions. Au moins Narsa tient la petite occupée, et j'ai pu grâce à elle me consacrer pleinement au Divālī, une fête très populaire en Inde à laquelle je n'avais pas espéré avoir l'occasion d'assister. C'est la fête des lumières, faite d'échanges de cadeaux et de feux d'artifices. Elle a duré cinq jours, mais nous devions partir et je n'ai pu assister qu'aux premières journées, dont la troisième, fort heureusement, qui était justement la plus importante. C’était le jour de la « nuit sans lune » d'Amavasya, à l’occasion duquel les hindous fêtaient les déesses de la richesse, du savoir, et trois autres dont je ne connais que les noms ― non le rôle. C’était époustoufflant; non seulement les préparatifs mais aussi et surtout la gravité des rituels. Je ne sais si j’en tirerai réellement richesse et prospérité, mais j’ai réussi à force d’insistance à négocier une petite place au sein de la famille de Narsa, et j’ai donc pu participer à la décoration de la maison et à la mise en place des rangoli, avant de regarder mes hôtes préparer les thali, des espèces de… plateaux qui servaient à placer les ustensiles nécessaires à une pūjā réussie. Je ne saurais tout décrire par lettre, je m’attarderai en détails lors de mon prochain passage. Embrasse Arya de ma part ― je suis confus d’avoir osé me tromper sur son prénom dans ma précédente missive. »
« (…) savais que je n’aurais pas dû l’emmener se baigner. Elle s’est pris les pieds dans un filet de pêcheurs déchiré, échoué au bord de l’eau, auquel s’était déjà agglutiné un banc de Sharaks, et ils ont commencé à l’entraîner avant que je n’entende ses cris. Elle en est ressortie les jambes lancinées par leurs épines, jusqu’aux hanches. J’ai cru qu’elle ne cesserait jamais de pleurer, c’était exaspérant. J’ai tout de même pu récolter des larmes en quantité : un marchand m’en avait demandé, dans le but de faire quelques tests pour vérifier leurs propriétés magiques et, ainsi, comparer les propriétés de celles d’une demi-vélane à celles des vélanes.

Lilith hurle dès que je l’approche d’une grande étendue liquide. Je la laisse tranquille pour l’instant, mais j’espère pouvoir la réconcilier avec, d’ici peu. Je l’emmènerai voir des eaux plus clémentes, peut-être en Italie, qui sait? Mais j’ai tant de lieux à voir et d’espèces à découvrir que je ne sais quand ce projet se réalisera.

Nous arriverons demain au Rajasthan, le
pays des rois. Nous irons vers le sud-ouest pour entamer la traversée de la vallée de la Chambal jusqu'à la chaîne des Ârâvalli. Je crains que la sécheresse ne rende le trajet encore plus inconfortable et n'irrite Lilith... mais il me tarde déjà d'y être. »
« (…) et après réflexion je me dis que tu n’as pas tort. Je suis un peu dépassé depuis le départ de Narsa, mais lui demander de rester aurait été égoïste : elle a quitté les siens sur un coup de tête il y a deux ans et nous a fidèlement suivis depuis, mais elle n’a je crois jamais réellement pris goût à cette vie de nomade. Lilith est inconsolable. Nous sommes tombés sur un nid de fées hier, et les voir virevolter autour d’elle l’a un peu calmée, mais je sais que cette distraction ne fera pas effet bien longtemps. Si tu te sens le courage de prendre soin d’elle pour quelques temps, je ne refuserai pas plus longtemps cette offre inespérée… peut-être pourrais-je te l’amener d’ici la fin de la semaine? Je continuerai ensuite mon périple vers la Grèce : la demande en peau de Manticore est de plus en plus importante, et l’envie de m’atteler à ce nouveau défi me taraude depuis des mois. Mener cette quête durant l’absence de Lilith sera plus raisonnable, bien que je regrette un peu qu’elle ne puisse voir de ses yeux une si extraordinaire créature. (…) »
« (…) rendrai visite à chaque vacances d’été. Hm… pour ce qui est de rester en Angleterre durant ces laps de temps, je ne sais pas encore si j’en serai capable bien longtemps. Je préférerais la prendre avec moi et lui faire voir le monde… mais soit. Je me poserai chez vous entre les mois de juillet et août, ne serait-ce que les premières années, le temps qu’elle grandisse un peu et soit moins encombrante. Enfin… vulnérable, je veux dire.

Bien à vous, Jackson »
― extraits de correspondance entre Jackson Dickenson et son frère Dorian.


underco




15 juillet 2000; 10 ans.


Lilith papillonna des paupières un instant, et tenta de les ouvrir… un quart de dixième de seconde seulement : la lumière éclatante de la pièce lui tira un gémissement et elle s’empressa de poser un front sur ses yeux. Le mouvement fut inconfortable : ses membres étaient étrangement gourds et le sang pulsait douloureusement à ses tempes. Le silence régnant dans la chambre finit par l’interpeler : où était-elle? Sa deuxième tentative fut plus fructueuse; elle se retrouva face à un pan de mur blanc. Elle tourna lentement la tête : encore du blanc. Les meubles, le fer et le drap du lit à côté du sien, le sol, la table… une boîte de chocolat venait trancher ce décor monotone ― elle réfléchit un instant et décida qu’il était sans doute là pour elle. Sans se questionner plus longtemps, elle tendit une main pour s’en saisir et plongea avec gourmandise ses doigts dans la boîte ouverte, découvrant un délice en forme d’escargot dont elle se délecta lentement en recommençant à inspecter ce qui l’entourait. Les souvenirs lui revenaient rapidement : les vacances scolaires, l’arrivée de son père, l’annonce du lieu de leur nouveau voyage ― l’Égypte; son cri de joie soudainement coupé par la tristesse d’être séparée d’Arya et… Arya! À l’instant même où elle le pensa, le prénom de sa cousine déborda de ses lèvres et elle lâcha les friandises, qui s’étalèrent sur les draps immaculés. Sans un regard pour eux, Lilith se redressa sur ses oreillers et réitéra ses appels en vain. Ce n’était pas normal. Elle se trouvait à l’hôpital, donc elle était malade, donc Arya était là, quelque part, à veiller sur elle. C’était dans l’ordre des choses, c’était ce qui se serait passé si leurs situations avaient été inversées! Elle se redressa un peu trop vite, et la tête lui tourna tandis qu’elle se retenait à la table de chevet. La porte de la chambre s’ouvrit au même instant. « Tu es…! Là… » L’exclamation ravie s’était faite un peu dépitée lorsqu’elle avait relevé les yeux pour s’apercevoir que celui qui venait d’entrer n’était autre que son père. Face à sa moue dépitée, Jackson lui tira la langue. « Cache ta joie surtout! » Elle se frotta les yeux du dos de la main, essayant tant bien que mal de cacher la déception. « Pourquoi je suis là? » L’hôpital, elle n’y était pas habituée. Aux blessures, oui : les expéditions de son père n’étaient pas toujours sans risque, et il ne se limitait pas parce qu’elle se trouvait au contraire. Il était habitué à la soigner lui-même. Je m’en-foutiste comme pas d’eux, il n’avait pas vraiment la notion du danger et la nourrice qui l’avait aidé à s’occuper de la fillette pendant deux ans, avant qu’il ne la confie à son frère, n’avait eu de cesse de le lui reprocher. Malgré son jeune âge de l’époque, Lilith pouvait presque entendre les cris indignés de la Narsa indienne percer les méandres de sa mémoire. « Tu as croisé un Androctonus australis, petite veinarde. » « Endroki-quoi? » ― répondit-elle en grimaçant, alors que son père récupérait les chocolats et les reposait dans leur boîte avant de l’inviter à se rasseoir. Elle ne se fit pas prier : il savait capter son attention en quelques mots seulement, et lui avait transmis sa passion des découvertes depuis bien longtemps maintenant. « Androctonus australis, répéta-t-il obligeamment. C’est une petite bestiole de 10 à 12 cm, particulièrement nerveuse et sournoise. Généralement, elle se glisse dans le sable, où il lui arrive quelques fois, mais rarement, de creuser son terrier. Mais elle préfère se cacher sous de grosses pierres. » « La pyramide.. » ― se souvint la fillette en rassemblant les bribes de réminiscences. Il acquiesça gravement. « Tu te souviens de l’avoir vue? Non…? Je vais te donner des pistes. Elle était… couleur paille. Un jaune translucide assez peu ragoutant. Avec de petites pinces sombres qu’il brandit devant lui en permanence ― il mima le mouvement en levant ses bras devant lui, les index et les majeurs sortis de ses mains fermées en poing, l’air un brin menaçant ― un large abdomen ― il gonfla le torse ― et une queue en anneaux recourbés ― délaissant sa première position, il leva un index courbé juste sous le nez de sa fille ― plus foncée que le reste de son corps, qui se termine par une pointe venimeuse… » « Un scorpion! » Elle avait écarquillé les yeux, effrayée, et il lui adressa un sourire rassurant pour relativiser. « Ça te revient? Vif hochement de tête. Et très toxique en plus. Un adulte peut y résister, mais les petites choses fragiles comme toi y succombent la plupart du temps.. » Moqueur, il lui avait tapoté le bout du nez et elle le fronça. Après un instant de réflexion, elle demanda, hésitante : « Alors j’ai eu mon.. » Elle chercha les mots sans les retrouver; il compléta fièrement sa phrase, sachant très exactement ce à quoi elle faisait référence : « Ton baptême de venin, oui. J’étais beaucoup plus vieux que toi lors du mien! Ma petite princesse est une héroïne. Il lui sourit fièrement, mais elle ne le lui rendit pas, préoccupée. Tu arriverais à raconter ce que tu as ressenti? » « Hm… ça faisait très très mal. Elle s’interrompit en fronçant les sourcils, mécontente. Après j’ai eu mal à la tête, j’étais fatiguée. Et tout s’est mis à tourner… mes bras étaient engourdis, et ensuite je ne pouvais plus du tout respirer. » « Typique, ce sont bien les symptômes habituels. Les douleurs, puis l’hypertension : tes vertiges, ton mal de tête, ta fatigue. Et ensuite les troubles respiratoires. L’étape suivante aurait été… peu importe. » « Mais… mais c’était Arya, non? Je me souviens maintenant! Arya criait et elle a fait quelque chose, après je me suis sentie mieux, mais je me suis évanouie. » Le visage de Jackson s’assombrit. « Oui, elle a accompli un véritable miracle. C’est grâce à elle que tu vas bien maintenant. » Lilith ne sembla même pas surprise. « Bein, normal, c’est ‘Ria, déclara-t-elle comme si cela suffisait à tout expliquer; elle gloussa au haussement de sourcil de son père, décrétant qu’il était bête de ne pas comprendre. C’était évident, voyons. Pourquoi elle n’a pas attendu mon réveil? J’ai dormi si longtemps? » « Non, pas tant que ça, mais elle a dû rentrer avec ses parents. Et j’ai une surprise pour toi… Il se pencha vers elle pour que leurs visages soient face à face, un immense sourire lui dévorant le visage. Que dirait ma Lili Jolie si je lui offrais l’Italie sur un plateau d’argent? » La réponse ne se fit pas attendre : la dite Lili explosa en cris de joie, clamant qu’il était « le meilleur papa du monde » et que « son Arya allait adorer » et qu’il « fallait à tout prix aller le lui dire tout de suite » pour qu’elles préparent leurs affaires ― alors qu’elle s’était mise à sauter sur le lit d’hôpital, son père la rattrapa par les hanches et elle plia les jambes pour s’accrocher étroitement à lui, les bras fermement croisés autour de son cou. Elle posa un énorme bisou sur son front, comme il le lui faisait lorsqu’il était fier d’elle. « Et si on y allait plutôt tous les deux? Rien que toi et moi? Comme avant! » Elle fit semblant de réfléchir, un index posé sous le menton, puis secoua la tête vivement avec un grand sourire. « Toi tu es vieux! C’est pas aussi drôle, qu’avec toi, je préfère avec Arya. En plus tu m’oublies toujours! » « Je ne suis pas vieux! Mais je promets de faire plus attention cette fois. » « Vieux et gâteux, ricanna-t-elle sans pitié. Tu as déjà promis ça, mais t’y arrives jamais. Voyant son air soucieux, elle posa ses mains en coupe sur ses joues, le front plissé par l’inquiétude. Mais c’est pas grave papa, je t’aime pareil moi! » « Moi aussi je t’aime mon trésor, tu le sais n’est-ce pas? Et… quand je parcours le monde sans toi ce n’est pas aussi passionnant. J’aimerais t’avoir tout le temps avec moi. » Elle se mordit la lèvre inférieure, le cœur partagé. « Oncle Dorian ne voudra jamais qu’Arya manque l’école… », souffla-t-elle tout bas, tel un secret : elle craignait de lui faire de la peine. « Arya ne viendra pas avec nous. Ce sera juste toi et moi, ma Lilith. » Plus un sourire. À la place, un air choqué et, alors que l’information s’immisçait dans les idées de la plus jeunes, sa respiration se fit courte. « Non. » « Écoute, je― » « NON! » « La décision est déjà prise, j’ai prévenu ta tante et ton oncle, on ― » « Non, non, non! Laisse-moi, je ne veux pas! » Elle s’était mise à se débattre pour l’obliger à la lâcher et il tenta vainement de l’immobiliser, finissant par capituler. Il la posa sur le lit et elle bondit aussitôt pour tirer sur sa chemise, tout en continuer de criant une litanie de « NON » qui eurent tôt fait d’alerter les infirmières et les médicomages. Jackson les chassa d’un geste agacé. « Ça suffit, calme-toi! » « Non, je ne veux pas! T’as pas le droit » Et alors qu’il souhaitait la raisonner, ses arguments ne faisaient qu’aggraver les choses. « Je te déteste, je te déteste! » « Tu ne le penses pas », répliqua-t-il, blasé. « Si! Toi tu m’as abandonné, Arya elle m’aime, elle est toujours là! Je te déteste! » Et cette fois elle ne faisait pas référence à l’épisode du scorpion, ou à ceux qui l’avaient précédé. Jackson le sentit et se figea, les entrailles nouées par un sentiment désagréable. « Qu’est-ce que tu dis? Je ne t’ai jamais abandonnée, tu es ce que j’ai de plus précieux… Je t’ai oubliée quelques fois c’est vrai, j’ai été négligeant, mais… » « On n’oublie pas un enfant! Elle répétait ce qu’elle avait entendu dire par les médisant qui critiquaient son père, ce héros qui devenait subitement son pire ennemi. Je suis pas un jouet ou scotoscrope ― » « Scrutoscope, corrigea-t-il machinalement. « Tu m’as laissée et tu es parti! » Elle hoqueta, et il s’empressa de la serrer dans une étreinte malgré ses réticences. « Est-ce que tu parles du jour où je t’ai laissée chez ton oncle? » Les larmes trempaient ses joues pâles et échouaient sur la chemise de son père, et il regretta amèrement sa nonchalance. « Tu avais dit que tu reviendrais vite… » D’une main tendre, il caressa ses cheveux blonds en espérant la rassurer. « J’aurais dû revenir plus tôt. Mais ce n’était pas un abandon ma Lili, tôt ou tard, où que j’aille, je reviendrai toujours vers toi. Pourquoi tu ne m’as pas dit plus tôt que c’était ce que tu pensais? » « Parce qu’oncle Dorian disait que tu m’avais laissée pour mon bien. Et parce que je voulais pas que tu sois triste, et que j’aime être avec Arya, et Max, et Alex, et Charles et Killian, et ― » « D’accord, d’accord. J’ai compris. » Il se tut un instant, la laissant s’apaiser entre ses bras, mais elle restait tendue, sur le qui-vive. « Papa, lâche-moi, se remit-elle finalement à pleurnicher. Je veux voir Arya… » « Non. C’était une erreur de te laisser là-bas, je ne la réitérerai pas, tu peux en être sûre. Je t’ai donné l’impression que tu étais un poids pour moi alors que c’est loin d’être le cas, je n’aurais jamais dû écouter Dorian! » « Mais c’est trop tard! Je ne veux plus être avec toi tout le temps, je veux rentrer à la maison! » « Lilith, notre maison c’est le monde. Notre vie ce sont les voyages, les découvertes, les ― » « Non! » Nullement diplomate, il insista, haussa la voix, et de nouveau, plus il parlait plus elle s’énervait. La colère enflait pas vague, intense, impossible à contenir, et Lilith la sentait déborder en elle, effrayante. Elle secouait brutalement la tête de droite à gauche en espérant faire taire son père, ses mèches blondes ondulant autour d’elle de façon presque surnaturelle, et alors sa beauté lumineuse ne fut plus qu’un souvenir : ses doigts s’étaient crispés ― comme des queues de scorpions, songea-t-elle ― comme des serres en réalité, et son visage s’allongea, se parant d’un air furieux proprement repoussant. De ses traits harmonieux, il ne restait plus qu’une mine semblable à une tête d’oiseau, de harpie; ses lèvres s’étaient muées en un bec cruel duquel sortit un hurlement. Lorsque le personnel revint cette fois, Jackson ne les repoussa pas. Il avait fait un bond en arrière et fixait Lilith avec effroi, assistant pour la première fois aux effets les plus déplaisants de la véritable nature de sa fille. Les infirmières l’immobilisèrent et la clouèrent au lit d’un sort, et elle lutta de toutes ses forces pendant plusieurs minutes contre ses chaines invisibles avant de retomber mollement sur le matelas. Aussi soudainement que la transformation était survenue, elle se résorba. Hébétée, Lilith cligna un instant des yeux, le regard fixé vers son père, avant d’éclater en des sanglots silencieux. Jackson ordonna aussitôt aux infirmières de la libérer de l’emprise des sortilèges. La fillette se recroquevilla sur elle-même, terrifiée, et se laissa faire comme une poupée de chiffon, dénuée de force, lorsqu’il s’empressa de la serrer contre lui. « Je vais mourir, supputa-t-elle d’une voix brisée. Je vais mourir sans elle… » Son père posa sur son front un baiser qu’elle n’eut pas la force d’effacer. « Tu exagères. Tout iras bien, tu verras. » Elle avait peut-être tort. Elle exagérait peut-être, oui. Mais dans son cœur d’enfant, c’était réellement tout son monde qui s’écroulait en cet instant.


underco




8 janvier 2001; 10 ans.


« J’ai reçu une lettre, il y a quelques jours… » Lilith ne leva pas la tête, les yeux baissés sur son plat dont elle se contentait de repousser les aliments depuis plusieurs minutes. C’était une torture. Elle mourait de faim ― son estomac en témoigna d’ailleurs à cet instant en grondant bruyamment, provoquant l’éclat de rire de son père. Elle le vrilla d’un œil assassin et écrasa sa fourchette dans le plat. La sauce gicla en une multitude de petite gouttes d’un rouge soutenu qui vint tâcher les bords de l’assiette tandis qu’un petit pois bondissait sur la nape, et Lilith déglutit difficilement, au supplice. Les jumeaux lui avaient assuré que rien ne valait une grève de la faim, question efficacité. Et Alex avait ajouté qu’Arya ne mangeait presque plus depuis plusieurs mois, attisant en Lil’ une certaine culpabilité à chaque bouchée, si bien qu’elle avait décidé de s’y mettre quelques jours plus tôt. Mais… son index rampa sur la table et flotta un instant en l’air, avant de venir essuyer la goutte de sauce qu’elle porta rapidement à ses lèvres. Après des heures sans rien avaler, elle eut l’impression que le goût éclatait sur sa langue en distillant des frissons de plaisir à travers tout son corps. Mais une main la tira de sa transe d’affamée en s’abattant brusquement autour de son poignet. Jackson s’était redressé au-dessus de la table pour la chiper alors qu’elle avait encore le doigt dans la bouche. « Je t’ai vue! Prise la main dans le sac, c’est le cas de le dire… » Vexée, elle sauta à bas de son siège et s’apprêta à rejoindre sa chambre au pas de course quand il l’interpela sévèrement. « Retourne à ta place jeune fille. Ce n’est pas une suggestion. » Elle se figea sur place, interdite : il ne lui avait jamais parlé de cette façon. Elle se contenta de pivoter sur ses talons pour l’assassiner du regard ― il cédait toujours à ce jeu-là ― mais il le soutint cette fois sans ciller et elle fut forcée de capituler. La mine maussade, les épaules basses, elle repoussa sa chaise en la faisant racler bruyamment le sol pour manifester son mécontentement, s’assit et croisa les bras, défiante. Son père s’était déjà détourné d’elle, reprenant son repas avec un parfait détachement. « Ce sera une fête en grandes pompes, déclara-t-il soudain. Il se mit aussitôt à décrire le décor avec force gestes, puis désigna la porte du fond : Quelqu’un passera la porte, précédant les employés de maison, et annoncera le nom de l’entrée. On pourrait confier ce rôle à… Johnny, qu’en dis-tu? Je l’imagine déjà déclamer ― ‘il risotto al mascarpone con il funghi porcini’. Il fit une pause théâtrale et retourna son attention vers sa fille qui le regardait, ébahie. Qu’en penses-tu? » « Pourquoi une fête? » C’étaient les premiers mots qu’elle lui décrochait depuis le début de sa grève de la faim. « Pour notre départ, quelle question! Sceptique, elle plissa sa lèvre supérieure avec quelque chose de terriblement méprisant, encore accentué par la beauté étrange de ses traits, et il se sentit misérable le temps que dura l’effet des pouvoirs de la fillette. Le temps de se secouer pour se remettre les idées en place, il fronça les sourcils pour la sommer d’arrêter et elle relâcha son emprise invisible sur les émotions de son père, obliquant vers la droite avec agacement pour ne plus le voir. Ton oncle et ta tante ont reconnu leurs torts et demandé à ce que je leur pardonne… l’erreur qui a motivé notre départ. » Les mots mirent quelques secondes avant de faire leur effet. Figée sur place, Lilith resta à scruter la tapisserie des murs et, en comprenant à qui il faisait référence, elle retourna si vite la tête vers lui que sa nuque craqua audiblement. « Alors c’est un départ… pour l’Angleterre? » ― chuchota-t-elle avec hésitation. Elle avait peur que les mots ne s’envolent, s’ils étaient prononcés trop fort, ou que l’illusion ne se brise : ce n’était pas la première fois qu’elle rêvait de l’entendre dire cette phrase. Il hocha la tête et sourit tristement, conscient de combien la distance qu’il lui avait imposée d’avec son foyer l’avait blessée. Lilith quitta son siège, qui bascula en arrière, et se précipita jusqu’à lui pour s’écraser contre son torse. « Merci, s’exclama-t-elle, le ton vibrant d’une reconnaissance profonde. Merci merci merci merci… » Il la fit grimper à califourchon sur ses genoux et ils se regardèrent silencieusement, front contre front, plus unis qu’ils ne l’avaient jamais été depuis six mois. « Tu m’as manqué. » Froncement de sourcil. « Mais j’étais tout le temps là… » Il secoua la tête de droite à gauche, niant ses dires. « Mon ange m’a manqué. Ces six derniers mois, je ne les ai pas passés avec ma Lilith mais avec une petite crapule tout bonnement insupportable. » Des pétales de honte éclorent sur ses joues blafardes, les parant d’un éclat rosé, et elle gigota, gênée. « Apprend-moi à dire le nom de l’entrée », demanda-t-elle pour détourner le sujet de conversation, et il s’exécuta. C’étaient les premiers mots d’italien qu’elle daignait prononcer, depuis tout ce temps, après avoir résolument refusé de faire le moindre effort, et décrété qu’elle détestait ce pays. « Tu as un accent effroyable! s’exclama son père après qu’elle eut tenté de prononcer après lui les syllabes qui semblaient si mélodieuses tant qu’elles étaient dites par un autre qu’elle… On s’en tient au plan d’origine : il vaudrait vraiment mieux que ce soit Johnny qui se charge de l’annoncer. J’ai cru comprendre que tu fondais littéralement en l’entendant parler… » Elle se réfugia dans son cou alors qu’il la taquinait, mais alors qu’elle pensait au jeune italien, une douleur éclata dans sa poitrine : quelque chose qui ressemblait à une peine effroyable. Les larmes lui montèrent aux yeux tandis qu’elle s’écartait du torse rassurant, la mine basse, et jouait avec les boutons de la chemise de son père. « Il ne voudra pas... il me déteste. » « Où es-tu allée pêcher ça? Vous êtes tout le temps fourrés ensemble… » Elle ne pouvait se résoudre à parler de leur dispute, parce que l’exprimer à voix haute rendrait les choses plus tangibles et plus douloureuses. « Je ne veux plus de fête. Ramène-moi à la maison », supplia-t-elle en serrant le tissu du vêtement entre ses doigts, qui perdaient leur peu de couleur sous la tension qui les crispait. « Mais… ― » « S’il te plait papa… » Elle mit toute sa force de persuasion dans ces mots, et une telle détresse émanait de ses traits que Jackson resta sans voix. « D’accord, abandonna-t-il en la berçant doucement. On part demain de toute façon, on n’aurait jamais eu le temps… Je ne voulais pas te le dire plus tôt pour que l’attente ne te semble pas trop pénible, mais tes affaires sont déjà prêtes… » « Alors on part maintenant. » Toute trace de tristesse avait déserté son visage, devenu sévère et plein d’assurance. Elle se laissa glisser au sol et lui échappa, filant comme une flèche pour récupérer ses bagages.


22 mai 2009; 17 ans.


« L'astrologie des Centaures est dite politique. Cette pratique est un concept géographie et ne touche que très peu, voire aucunement les individus : elle cible plutôt les pays, les régions, le monde dans son ensemble, et s’attarde parfois sur les quelques êtres dont l’influence sur l’Ensemble qu’est le Monde est considérable. Très similaire aux usages des Grecs et des Romains de l'Antiquité et peut-être comparable à ceux des Chaldéens, qui furent les premiers astrologues, cette forme d’astrologie leur confère une clairvoyance inégalable concernant des thèmes sur lesquels ils n’ont que peu d’emprise, et moins encore le désir de se mêler… » Lilith suspendit sa lecture de la thèse inspirée d’Estelle Daniels, et prit quelques notes sur le parchemin qui reposait à côté d’elle en guise de brouillon, recueillant ses sources en vrac en vue d’une mise au propre qui ne tarderait plus. Elle le fit tourner un instant, cherchant un angle grâce auquel utiliser au mieux les rares parcelles d’espace vide qui lui restaient, mais l’arrivée d’Arya dans leur dortoir l’interrompit. Elle releva brièvement la tête, juste le temps de lui adresser un sourire avant de retourner à sa tâche. « Pas trop amochée, cette fois? Elle s’amusait à chaque fois des tentatives de sa cousine pour maîtriser un balai magique ― tentatives qui s’avéraient sans cesse infructueuses, et la laissaient pleine de bleus et crottée de la tête aux pieds. Aucune réponse ne lui vint cependant, et elle se redressa, intriguée. Ria? » Ce n’était pas vraiment un surnom. Plutôt un « raccourci » dont elle affublait l’adolescente depuis leurs quatre ans. « Hm? » ― fut la seule réponse qui lui parvint, et elle plissa les yeux, suspicieuses. Lâchant plume et parchemin, elle rampa à quatre pattes jusqu’au bord du lit à baldaquins au risque de faire basculer le pot d’encore qui reposait en équilibre précaire sur le matelas. D’autorité, elle se leva sur les genoux et attrapa le visage de sa cousine, le coinçant entre ses paumes fermes pour l’observer de près. « A-ry-a? », prononça-t-elle lentement, tirant sur la peau fragile sous les yeux qu’elle écarquillait l’un après l’autre, puis sur les joues qu’elle avait attrapées ― chacune entre un pouce et un index replié. « Oui Lil’? » « Tu t’aperçois enfin de ma présence! Qu’est-ce qui… ça y’est, tu recommences! » « Recommencer quoi? » « Aussi réactive qu’un zombie. Tu recommences… ça! Le regard dans le vide, le sourire béat, les joues rouges… Oh! » Elle se dépêcha de s’extirper de son lit, batailla un peu avec son drap resté noué à sa cheville gauche, puis se leva pour mieux scruter sa vis-à-vis. Après quelques secondes d’observation scrupuleuse, elle poussa un petit cri surexcité et la saisit par les épaules pour l’obliger à s’asseoir sur le lit qu’elle venait de quitter. « Reste ici, attends-moi! Elle enfila ses chaussons et se précipita vers la porte, hésita, se retourna brusquement en brandissant un doigt menaçant : « [color:9493= crimson]Tu ne bouges surtout pas! Je reviens vite. » Sur ces mots, elle partit au pas de course, dévalant les escaliers et traversant la salle commune des Gryffondors sans s’arrêter. Le trajet jusqu’aux cuisines lui parut interminable; elle essuya d’ailleurs plus d’un regard incrédule tandis qu’elle traversait les couloirs du château seulement vêtue d’une grande chemise blanche volée à son père et de chaussons d’intérieur relativement épais.

À un détour, elle heurta de plein fouet un autre étudiant et sentit son souffle se bloquer en reconnaissant Johnny Morricone. Ses sourcils se froncèrent, ses lèvres se plissèrent en une moue mécontente et elle redressa le menton, soudain hautaine. « J’aimerais passer. » Il leva simplement les yeux au ciel face à son ton sec et se déplaça d’un pas sur le côté en effectuant une révérence moqueuse, en laquelle elle parvint à trouver un « elle-ne-savait-quoi » d’humiliant. Peut-être le fait qu’il s’amuse de sa soudaine mauvaise humeur, ou ne lui ait pas adressé la parole, ou ne la retienne pas maintenant alors qu’elle s’éloignait d’une démarche maîtrisée qu’elle espérait digne, ou… « Lithium! » Elle se retourna d’un bloc; son cœur venait de faire un drôle de looping au creux de sa poitrine. « Ou..i? » Son entrain s’était effondré tout à coup, lorsqu’elle s’était rendue compte que celui qui lui parlait n’était pas Johnny, mais l’un de ses amis. Elle aurait pourtant dû s’en douter : Morricone était bien l’un des rares à ne pas l’appeler par ce surnom étrange que les autres lui avaient attribué ― du nom d’un métal solide et léger à la fois, hyper réactif, d’un blanc argenté qui n’était sans rappeler le teinte uniforme de Lilith. « Je voulais te demander quelque chose… » Il ne fixait pas son visage cependant, mais les longues jambes que découvrait son absence de bas, et elle croisa les bras sur sa poitrine avec agacement. « Faut-il que je vous laisse en tête à tête? » Son timbre était réellement polaire cette fois, alors qu’elle lui proposait un rendez-vous avec ses jambes plutôt qu’avec « l’ensemble » d’elle-même, et il sembla un peu gêné lorsqu’il croisa son regard mécontent. « Est-ce que... tu… nous… on… » Oh, elle le sentait venir à mille à l’heure. « Continue comme ça, tu finiras bien par retenir tout tes pronoms un jour », l’arrêta-t-elle avant de lui donner le dos pour reprendre son avancée. Son bras s’éleva, comme mû d’une impulsion propre, et elle fit couler ― sans le vouloir, vraiment! ― le dos de sa main sous la cascade de ses cheveux blonds, qui s’étala délicatement sur ses épaules et son dos. Le résultat ne se fit pas attendre : « Quel putain de canon… », entendit-elle au bout de quelques pas. « Quel putain de prétentieuse ouais! J’vois pas du tout c’que tu lui trouves. » Fallait-il vraiment qu’il ne sorte de son mutisme que pour ça? Lilith serra les poings, se mordit durement la lèvre pour s’obliger à ignorer la vexation, et accéléra jusqu’à se remettre à courir.

Quelques instants plus tard, elle réapparaissait essoufflée à l’entrée des dortoirs, les bras chargés d’un pot de crème glacée, de deux cuillères et d’autant de confiseries qu’elle avait pu en attraper. Arya soupirait toujours au bord de son lit, rêveuse.

L’adolescente se précipita à ses côtés et étira la couette pour y étaler son trésor. « Je suis prête. Raconte! » ― exigea-t-elle en plongeant une cuillère dans la crème, qu’elle tendit à Arya avant d’en faire de même avec la seconde, cette fois pour elle-même. La rouquine cligna des yeux, complètement perdue. « Raconter quoi? » La bonde claqua la langue contre son palais avec agacement. « Tu as rencontré un beau garçon et tu es com-plè-te-ment mordue, assena-t-elle en pointant sa cuillère sur Arya, accusatrice. Tu venais bien sûr tout me raconter, mais tu t’es perdue dans les limbes de tes rêveries éveillé et j’essaye maintenant désespérément de t’en tirer pour avoir le fin mot de l’histoire. Alleeeez! » Elle n’eut droit qu’à de beaux clignements de paupières en échange. « Comment tu sais que.. » « Les vélanes ont un don de divination, tu ne savais pas? La réponse (mensongère) pince-sans-rire fut suivie d’un soupir impatient. C’est marqué sur ton visage! Arya plaqua une main sur son front, comme si la nouvelle pouvait réellement y être gravée. Pas là. Lilith se saisit de sa main, qu’elle plia au creux de la sienne en ne laissant sortir que leurs index joints. Ici.. ― elle les arrêta au niveau des yeux pétillants de sa cousine, puis les fit glisser plus bas, jusqu’à ses lèvres délicatement ourlées ― et ici. ― elle la relâcha, s’appuyant sur ses mains désormais posées à plat sur le matelas pour embrasser le nez de son interlocutrice. Tu es radieuse, encore plus belle que d’habitude. Et avant qu’Arya n’ait pu répliquer quoi que ce soit ou affirmer le contraire, elle s’accrocha à son bras en battant des cils en une moue adorable. Aryaaaa s’il te plaiiiiit! » Une rougeur courut sur les joues parsemées de taches de rousseur discrètes ― leur seul trait commun ― et Arya se mit à bredouiller, gênée : « Ce n’est pas… c’est juste.. enfin, il… c’est rien d’important… » Lilith secoua la tête, imperturbable. « Ne crois pas que tu m’auras juste avec ça. Raconte-moi tout! Dans les moindres détails. » Les derniers mots avaient été susurrés avec avidités, et la blonde enfourna une nouvelle cuillérée de glace qu’elle lécha lentement, tandis qu’Arya inspirait profondément pour se lancer. « J’étais simplement partie voler, comme tu sais. Et alors que je me débrouillais.. à peu près bien.. » « Tu veux dire que tu ramais comme une dingue. Coup d’œil étonné d’une part, sourire carnassier de l’autre. Je t’ai un peu espionnée par la fenêtre au début de ton entraînement, d’ici on a une très bonne vue sur le parc et le terrain de Quidditch. » « Oh.. bon, j’avais donc du mal à maîtriser ce fichu bout de bois, et au bout d’une lutte acharnée j’ai glissé du manche. Comme j’étais incapable de récupérer ma prise, j’ai vraiment pensé que j’allais tomber, mais en voyant combien j’étais haut j’ai complètement flippé, ce qui ne m’a pas aidée à me retenir. J’ai fermé les yeux en attendant l’impact douloureux… mais il n’est jamais venu. Et- et je flottais. Quand je me suis rendue compte que quelque chose me retenait, j’ai finalement osé regarder vers le haut… Elle s’interrompit, la bouche ouverte sur une exclamation muette, la poitrine gonflée comme si elle retenait son souffle, revivant le moment. Face à elle, Lilith l’encourageait en hochant frénétiquement la tête, retenant tout autant son souffle en attendant qu’elle se décide à parler. Et il était là. Je n’avais même pas vu que quelqu’un d’autre se trouvait sur le terrain en même temps que moi, il est juste… apparu à mes côtés avant que je ne touche le sol, m’a attrapée tellement délicatement que je n’ai pas eu mal le moins du monde, et il est descendu très lentement pour me faire atterrir en douceur. Je suis restée à le fixer pendant toute la descente, je n’avais jamais croisé un type si ― soupir chevrotant ― Si tu le voyais.. il a les traits fins, mais pas trop : juste ce qu’il faut pour rester tout à fait masculin. La mâchoire… carrée, le regard mystérieux, les cheveux un peu défaits par les bourrasques, et il m’adressait un de ces sourires… » Lilith se perdit dans un « Ooooh » complètement attendri qui réveilla Arya d’un coup. « Enfin, notre rencontre n’était pas si spéciale, en somme. Il m’a juste aidée à ne pas me rétamer… » « Tu plaisantes! Il t’a sauvé la vie, ce qui fait de toi sa demoiselle en détresse et de lui ton héros. » Elle se turent un moment en se regardant droit dans les yeux, et éclatèrent de rire au même instant en se laissant tomber sur le matelas, sur le dos, épaule contre épaule. Un silence douillet flotta entre elles, et Lilith chercha la main d’Arya. Elle entrecroisa leurs doigts, qu’elle leva pour fixer leurs mains jointes. « Tu ne m’oublieras, n’est-ce pas? Même quand tu te perdras dans les bras de ton héros… » Arya se rassit brusquement. « D- dans ses bras? Ça n’arrivera pas! » Lilith s’appuya sur ses coudes, surprise. « Et pourquoi pas? » « Oh mon dieu, je n’oserais jamais! Tu m’imagines… moi…!? » Sa cousine leva les yeux au ciel. « Non voyons, surtout pas! Je pensais plutôt le caser avec Merlin. Bien sûr, toi! Qui d’autre? Sans attendre de réponse, elle roula sur le côté pour atteindre sa malle, qu’elle ouvrit et se mit à fouiller frénétiquement. Est-ce que tu te souviens de cette robe noire que Jackson m’a ramenée lors des dernières vacances? » « Aucune idée. Il en ramène toujours un tas… » Arya la rejoignit, visiblement sans se douter de ce qu’elle avait en tête. « Mais si, celle aux manches très courtes qui tombent sur les épaules, un peu bombées. Elle fait assez ‘enfant sage’, mais le décolleté descend juste assez bas pour être intéressant et elle se termine au-dessus des genoux. Tu pourras tenter un numéro de charme en croisant élégamment les jambes et… » « Quoi! » « Bon, j’avoue que c’est un peu tôt pour prévoir la tenue de ton premier rendez-vous, mais ― » « Mais quel.. Lilith! J’étais sérieuse tout à l’heure quand je disais qu’il ne se passerait rien! » « Et moi j’étais sérieuse quand je te demandais pour quelle raison, mais tu n’en as aucune, alors arrête avec tes réticences! Rien ne t’empêche de tenter ta chance… » « Mais s’il refuse? » « Et s’il accepte? » Arya hésita un instant, semblant évaluer la possibilité, mais l’instant d’après elle donnait l’air d’hyperventiler et finissait par nier violemment. « Non. C’est non. C’est seulement… tu sais, c’est seulement un béguin. Ça me passera, ou pas, mais ça restera… un simple béguin. » « Waouh. Voilà qui est convainquant. » « S’il te plait Lilith, s’exaspéra la rouquine. Laisse-moi gérer ça comme je l’entends. Je ne forcerai pas les choses pour essayer d’attirer son attention, un point c’est tout. » Lilith bouda un instant, mais capitula. « Je te laisse faire ce que tu veux. Mais c’est vraiment du gâchis! En remerciement, Arya entoura ses épaules de ses bras, le menton posé sur l’une d’elle, et Lilith se débattit. Hey non, tu me salis! File à la douche, tu sens aussi bon qu’un vielle harpie en nage. » Arya leva haut les sourcils. « Parce que tu as déjà croisé une harpie, toi? » « Qui sait », répliqua la blonde avec un clin d’œil amusé. Elle avait dit qu’elle la laisserait agir comme bon lui semblerait. Pas qu’elle, Lilith, se contenterait de les regarder sans rien tenter.


2 septembre 2009; 18 ans.


Cette année était spéciale. Un vent de changement soufflait sur Poudlard, comme sur tout le monde magique en réalité, et d’ancestrales traditions se voyaient bousculées pour céder la place à des idéaux refoulés pendant des siècles : un élitisme exacerbé. Lilith inspira profondément et croisa les mains sur ses genoux serrés. En apparence, elle semblait aussi calme et sûre d’elle qu’à l’accoutumée. En réalité, peut-être bien qu’elle avait un peu peur. Juste un peu. Non qu’elle n’ait pas confiance en ses capacités, mais… Alex et Max étaient passés par cette expérience. Ils étaient de bons sorciers ― terriblement dissipés, dotés d’un sens de la blague bien à eux et souvent déplaisant pour autrui et malheureusement du genre à ne pas mâcher les critiques lorsqu’elles leur venaient à l’esprit, oui ― mais ils étaient sortis de cette pièce passablement mécontents, moins insouciants que jamais, en échangeant entre eux des regards tout simplement indéchiffrables pour le commun des mortels. De cette observation, Lilith concluait qu’ils pensaient s’en être plutôt mal tirés. Ou alors c’était encore l’une de leurs mises en scène stupides pour les déstabiliser, Arya et elle? Sa cousine se trouvait justement à l’intérieur, à l’instant même, et Lilith aurait tout donné pour qu’elles puissent passer ensemble plutôt que seules. Mais peut-être le caprice des jumeaux pour ne pas être séparés avait-il contribué à jouer contre eux… La porte s’ouvrit. Lilith se redressa comme un ressort, pour voir le sourire pâle d’Arya ― elle n’eut même pas le temps de lui parler qu’un homme au visage trop dur pour son jeune âge (le nouveau directeur?) indiquait sèchement la sortie à sa rousse. Lilith se laissa retomber sur son siège, les paupières closes et le visage rejeté en arrière, découvrant sa gorge pâle. Tout se passerait bien. Tout se… « Lilith Dickenson. » La voix claqua dans l’air, la faisant légèrement sursauter, et elle s’obligea à réadopter un air assuré. Traversant le couloir de sa démarche aérienne, elle ne s’était pas attendue à être interpelée juste au moment d’ouvrir la porte. « Bon bah bonne chance hein! » Johnny. Il était debout à quelques pas d’elle, avec son sourire en coin, tranquille, et ses mains fourrées dans les poches de son pantalon d’uniforme, sa robe de sorcier négligemment posée sur son épaule. Que faisait-il là? Les passages ne se faisaient même pas par ordre alphabétique ― Merlin savait sur quels critères les profs se basaient pour les organiser ― et elle avait entendu dire qu’il avait déjà passé l’entretien. « Je ne mise pas sur la chance, cingla-t-elle en retour avant de se rétracter brusquement. Sur un coup de tête, elle l’approcha et posa un baiser léger sur sa joue. Mais merci… » Sa jupe ondula avec légèreté sur ses cuisses alors qu’elle effectuait un demi-tour parfait, et lorsque la porte claqua derrière elle, la laissant face aux professeurs qui seraient son jury, elle ne ressentait plus le moindre besoin de feindre l’assurance : toutes les parcelles de son être brûlaient déjà de confiance.
_________________________________________________

Bilan positif, décida Lilith en gratifiant les professeurs d’un sourire exquis avant de quitter la salle d’entretien. De retour dans le couloir, allégée par la satisfaction de s’en être tirée sans encombre, elle se souvint avec amertume avoir demandé à Arya de rentrer sans l’attendre : c’était une bête question de fierté, elle avait préféré que sa cousine ne soit pas là pour la voir s’effondrer s’il elle échouait. Mais elle avait réussi. Et elle était seule pour s’en réjouir. Les yeux au sol, elle poussa un soupir à fendre l’âme avant de redresser les épaules pour quitter le château, et remarqua enfin que Morricone se tenait un peu plus loin, l’interrogeant du regard. Il l’avait… attendue? Avec agacement, elle sentit ses joues chauffer doucement et devina qu’elle rougissait. Bêtement. Malgré tout, ce fut avec plaisir qu’elle leva les deux pouces dans sa direction, les bras tendus vers l’avant, pour lui signifier que tout s’était bien passé. Johnny fit un signe de victoire ridicule et la rejoignit en deux pas. « Allez viens, on va fêter ça avec une glace! » Une boule d’émotion la saisit à la gorge tandis que de vieux souvenirs poussiéreux affluaient. Cela faisait presque une décennie qu’ils s’étaient perdus, après s’être séparés sur une violente dispute, et il se permettait subitement de lui faire une telle suggestion, comme si de rien n’était? Comme ces fois où il avait voulu la consoler, comme toutes ces autres où elle avait fait semblant d’aller mal seulement pour l’avoir rien qu’à elle, le temps d’une escapade? Il venait et lui proposait… ça, comme si elle accepterait d’effacer des mois de rancœur puis d’ignorance, parce qu’elle se laisserait attendrir à l’idée d’une misérable crème glacée? S’impatientant face à son immobilisme, il lui attrapa le poignet et prit la direction du dehors sans vraiment attendre de réponse. Lilith se laissa trainer sur quelques mètres sans vraiment opposer de résistance, les iris figés sur le délicieux contraste de leurs peaux, mais finit par s’arrêter d’un coup sec en récupérant sa main. Il se retourna sans comprendre. « Je ne mange pas n’importe quelles glaces. » La phrase avait à peine passé ses lèvres qu’elle eut envie de se frapper pour avoir sorti quelque chose de si stupide, mais à la place elle mit les mains sur ses hanches en le défiant de la traiter de petite fille capricieuse. « T’en fais pas, je connais les meilleures. Et pour toi je dirais... gelato à l’italienne saupoudré de noisettes. À déguster les pieds dans le sable, à Mondello, pourquoi pas? » « Mondello…? Tu m’emmènes en Italie? »― demanda-t-elle d’une voix qui sonna comme pathétiquement chancelante à ses propres oreilles, mais c’était de sa faute à lui : il faisait ces choses étranges qui lui faisaient chavirer le cœur, comme truffer ses phrases de termes étrangers, prononcés de cette façon suave qui n’appartenait qu’à lui… alors qu’il redeviendrait sans doute dès le demain le petit crétin qu’il était, et la ferait sortir de ses gonds au moindre regard. « Notre cheminette est reliée à celle de la maison qu’on a gardée là-bas. » Il fit un geste nonchalant, comme si ce n’était rien, tandis que l’esprit de Lilith établissait un lien incongru : donc, elle irait chez lui. Inexplicablement débordante de bonne humeur, elle le suivit sans plus attendre.



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Message par Lilith L. Dickenson Mar 24 Avr - 21:57

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