Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
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Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
- Warning !
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NC -17Je me sens mal. Depuis longtemps maintenant, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Je ne vis plus vraiment, j’ai juste l’impression de survivre depuis que je l’ai perdu, ou plutôt depuis que je l’ai quitté. Quelle folie et surtout quelle connerie d’avoir fait ça ! Oui, il était infect par moment. Détestable, mensonger, infidèle et peu respectueux de mes sentiments, mais merde, je l’aimais ! je l’aime toujours ceci dit. Combien de fois ai-je voulu retourner vers lui ? Pour m’excuser, ramper et supplier de me reprendre. Au début surtout. Mais Karo m’en a dissuadé, me rappelant justement ce que je lui avais confié, c'est-à-dire qu’il n’avait pas eu l’air vraiment affecté que je le quitte. Même apprendre que je l’avais trompé ne l’a pas perturbé plus que ça… les seuls choses que j’aurai pu identifier comme de la colère ou de la jalousie à ce niveau n’étaient en faite dû qu’à son ego blessé. Et en vivant sans moi, en sortant de sa vie délibérément, il devait s’être rendu compte qu’il n’avait vraiment pas besoin de moi. Que je lui étais inutile. Il ne voudrait certainement pas me reprendre. J’ai été tellement chiant avec lui tout au long de notre relation. Niveau alcool, drogue, infidélités. Il a dû se rappeler à quel point c’est bon de pouvoir faire ce que l’on veut sans que quelqu’un soit là à vous moraliser. Je n’aurais pas dû le quitter. C’est de ma faute et uniquement de ma faute si je souffre et si Jaylen se plait dans ce célibat que je lui ai offert. Mais en même temps, je n’aurais pas pu continuer comme ça… en sachant pour Karolyn. Peut-être que si finalement, parce que je souffre là, alors quitte à souffrir autant avoir un peu de baume au cœur en me consolant de pouvoir l’avoir pour moi de temps en temps. Je pense l’exacte opposée de ce que je pensais lorsque je l’ai quitté. Mais le temps m’a donné pas mal de quoi cogiter.
Pour Karolyn, Jaylen ne s’en fout pas complètement de moi et elle est certaine qu’il serait près à me reprendre. Elle alimente mes rêves, pour autant, elle me défend de retourner vers lui. Pas comme ça, pas maintenant. Elle pense que tout ce que ça fera, c’est redevenir comme avant. Je m’en plains pas ! Tant que je retrouve mon Jaylen ! Pour elle, c’est à lui de revenir et non l’inverse. J’ai beau lui répéter que la première fois, c’est lui qui a fait le premier pas, et lui rappeler le résultat par la même occasion, elle s’en fiche. Elle veut qu’il en bave un peu, se sont ses mots. Alors, j’ai suivi ses conseils à la lettre. Les premiers jours de la rupture j’étais une véritable loque. Dès que je croisais Jaylen, toute ma peine était suffisamment lisible dans mes yeux et sur mon visage, mais Karo m’a aidé pour que ses plans aient une chance de fonctionner. Je suis souriant, drôle, prêt à la déconne et à la fête. Je me suis demandé si ce changement soudain de comportement n’allait pas paraître tellement gros aux yeux de Jaylen qu’il verrait tout de suite la comédie, mais apparemment non. En tout cas, ce ‘moi’ là éclate Sky ! Au début il m’a même demandé si j’avais enfin tiré un coup pour être décoincé comme ça du jour au lendemain. J’ai laissé planer le mystère en répondant un ‘peut-être’ puis en riant. Laisser Jaylen tirer ses propres conclusions, les mauvaises, c’est le but. Au début de cette petite mascarade, j’évitais son regard, je ne lui parlais pas. Puis j’ai réussi à devenir meilleur à ce petit jeu. Maintenant je déconne avec lui comme avec Sky et Raven. Petite tape dans le dos, blague pas drôle entre mec… même lorsqu’il est question de ses conquêtes à lui, de ses parties de jambes en l’air, je me fais rieur et aussi prompt à la déconnade que Skyler. Le grand jeu quoi ! Ca ne m’empêche pas d’aller pleurer ma peine sur l’épaule de mon amie par la suite.
Le but de la manœuvre ? le récupérer bien entendu ! Je veux qu’il voit combien je suis quelqu’un de plaisant, d’amusant et qu’il ait envie d’être avec moi.
Autre conseil de Karolyn que j’ai suivi, mais avec grand mal, me défaire de mon collier. C’était un cadeau de Jaylen. Ouais, c’est surprenant quand on le connaît, mais je lui avais demandé un truc pour me prouvait qu’il m’aimait – c’que suis pathétique, faut que je demande de telles choses alors que ça devrait être spontané – et il m’avait offert ça, me disant qu’il appartenait à son père. Je ne l’ai jamais quitté. Ou plutôt, c’est lui qui n’a jamais quitté mon cou ! Karo m’a convaincu de l’enlever, pour faire croire à Jaylen que je lui échappais pour de bon. Je l’ai fait à contre cœur quand même. Par contre, lorsqu’elle a voulu que je le lui donne pour être certaine que je ne le remettrais pas, j’ai refusé. Impossible de m’en séparer plus que ça ! Je me sens nu sans, c’est stupide, je sais, mais c’est comme ça. Alors à défaut de le porter, je le garde toujours avec moi. Il est dans ma poche, invisible aux yeux des autres et surtout à ceux de Jaylen.
Je ne sais pas encore combien de temps j’aurai pu jouer le jeu. Longtemps peut-être. Mais il y a eu ça. Cette attaque sur le château, qu’on a pas vu venir. J’ai tellement eu peur ce soir là. Qu’il arrive quelque chose à Jay par exemple. Lorsqu’on essayait de se mettre à l’abris et que j’ai vu un éclair le louper de justesse, j’ai cru frôler l’arrêt cardiaque. Alors sans réfléchir j’ai voulu ralentir nos assaillants pour que les autres – pour que Jaylen – puissent se cacher. Mais je ne suis pas resté seul, d’autres sont venus. Quand j’y repense, j’aurai dû les renvoyer mais j’avais la trouille au fond et les avoir avec moi me réconfortait un peu. Et… elle est morte, cette fille que je connaissais à peine, en voulant sauver Caleb. Je n’imagine même pas comment il le vit. Moi en tout cas, très mal. Parce que j’aurai peut-être pu faire quelque chose pour éviter ça. Je ne sais pas quoi, mais j’aurai dû. J’ai la désagréable impression d’être en partie responsable. Parce que c’était mon idée d’essayer de les arrêter. Et puis même sans ça, je l’ai vu morte merde ! On ne devrait pas, à 17 ans, subir ce genre de spectacle ! Et cette vision me hante, encore et toujours. Alors, ma petite comédie, elle est bien dérisoire et je n’ai franchement ni le courage, ni l’envie de la jouer. Tant pis si Jaylen me trouve de nouveau chiant et déprimant, c’est plus fort que moi et difficile supportable. Je m’en remettrait, sûrement, mais là, seulement quatre jours après, non. C’est trop frais, trop présent dans ma tête et ça ne cesse d’y tourner. Même lorsque je joue, j’y pense.
Quatre jours… c’est rien quand on y pense. Tout le monde est encore sous le choc. Certains pleurent leurs amis morts, d’autres veillent les blessés, tandis qu’il y en a qui cherchent les coupable, des désirs de vengeance plein la tête. Nous, on répète. On reprend nos habitudes comme si de rien n’était. A peine sorti de l’infirmerie, Raven a voulu reprendre. J’ai toujours admiré sa passion et son ambition, mais des fois c’est vraiment trop. On a beau tous aimé la musique, le cœur n’y est pas, ou les têtes à choisir. Même Raven ne semble pas vraiment concentré sur son truc malgré ce qu’il veut laisser croire. C’est bien joli tout ça, mais je le soupçonne en réalité d’avoir voulu échapper à quelque chose en se réfugiant dans le groupe et une répétition. Ca ne semble pas plus marcher que ça, aussi je ne m’étonne pas que cela ne s’éternise pas.
Skyler et Raven s’en vont les premiers et nous laissent seuls, comme souvent. Sauf que là, ce n’est pas prémédité. Je range soigneusement ma basse et coule un regard vers Jaylen qui est déjà en train de s’enchaîner la tête avec ses trucs. C’une une solution comme une autre… Peut-être que… après tout, il parait que ça fait du bien, que ça vite la tête.
J’avance vers lui d’un pas hésitant, je me sens gauche tout d’un coup.
« Dis Jay… » Ma voix est faible et mal assurée. C’est la première fois que je l’appel par son diminutif depuis que nous ne sommes plus ensemble et ça m’a surtout… échappé. « T’aurai pas un truc pour moi ? »
D’un geste du menton, je désigne toutes les merdes qui sont disposés sur la petite table alors que me tords les doigts dans tous les sens. C’est pas mon genre de toucher à ça. Je ne sais même pas si ça se fait de demander. J’ai surtout l’impression d’avoir l’air d’un con. Et je me sens un peu hypocrite quelque part, de lui demander ça alors que plusieurs fois, je lui ai fait la morale. Enfin, c’était plus pour ses excès que la consommation en elle-même. Et puis là, je vais tellement mal. Je suis prêt à tout pour m’enlever certaines images de la tête et pour oublier ma peine. Celle concernant Jaylen entre autre.
Je m’assoie à côté de lui, soupirant. Mais loin de moi l’idée de l’accabler de mes problèmes. Il n’a jamais aimé ça, que je m’épanche, il s’en fout. Maintenant encore plus qu’avant j’imagine. Alors je me tais et garde pour moi ce qui me ronge. J’ai envie de lui demander s’il va bien, s’il n’est pas trop déboussolé par tout ça, l’attaque je veux dire. Mais encore une fois je me tais. Je pense qua ça le ferait plus chier qu’autre chose que de parler de ça. Lui-même n’aime pas trop parler.
Je m’adosse contre le canapé et rejette la tête en arrière en fermant les yeux. Putain, ça me prend la tête toutes cette merde ! J’veux juste oublier. Oublier… Merde ! Je me redresse soudainement et regarde ma montre, je savais bien qu’un truc me sortait de la tête.
« Merde, j’devais retrouver Phoenix à la bibliothèque… » Un devoir sur lequel il m’aide. Sérieusement, après ce qu’on a vécu, ils auraient pu remettre certains trucs à plus tard.
Mais l’idée de retrouver mon ami ne m’inspire pas autant que celle de rester à là et de me défoncer la tête. Parce que là, j’ai une chance d’oublier ce que je veux, alors que là bas, j’vais y penser, je le sais. Et puis, être avec Jay ça me fait du bien quelque part, même si c’est douloureux puisque je sais que je ne peux pas le toucher comme avant.
Je me laisse de nouveau aller contre le canapé et lâche finalement : « Tant pis… il m’en voudra pas pour cette fois. » Parce que je lui expliquerais que ça n’allait pas et que je n’avais pas la force de me rendre là bas et de me concentrer sur un foutu devoir.
Je coule un nouveau regard vers Jaylen et lui souris brièvement. J’avais réussi je crois, à briser la glace entre nous quand je jouais mon rôle de gars bien dans sa vie, mais là c’est plus difficile.
Pour Karolyn, Jaylen ne s’en fout pas complètement de moi et elle est certaine qu’il serait près à me reprendre. Elle alimente mes rêves, pour autant, elle me défend de retourner vers lui. Pas comme ça, pas maintenant. Elle pense que tout ce que ça fera, c’est redevenir comme avant. Je m’en plains pas ! Tant que je retrouve mon Jaylen ! Pour elle, c’est à lui de revenir et non l’inverse. J’ai beau lui répéter que la première fois, c’est lui qui a fait le premier pas, et lui rappeler le résultat par la même occasion, elle s’en fiche. Elle veut qu’il en bave un peu, se sont ses mots. Alors, j’ai suivi ses conseils à la lettre. Les premiers jours de la rupture j’étais une véritable loque. Dès que je croisais Jaylen, toute ma peine était suffisamment lisible dans mes yeux et sur mon visage, mais Karo m’a aidé pour que ses plans aient une chance de fonctionner. Je suis souriant, drôle, prêt à la déconne et à la fête. Je me suis demandé si ce changement soudain de comportement n’allait pas paraître tellement gros aux yeux de Jaylen qu’il verrait tout de suite la comédie, mais apparemment non. En tout cas, ce ‘moi’ là éclate Sky ! Au début il m’a même demandé si j’avais enfin tiré un coup pour être décoincé comme ça du jour au lendemain. J’ai laissé planer le mystère en répondant un ‘peut-être’ puis en riant. Laisser Jaylen tirer ses propres conclusions, les mauvaises, c’est le but. Au début de cette petite mascarade, j’évitais son regard, je ne lui parlais pas. Puis j’ai réussi à devenir meilleur à ce petit jeu. Maintenant je déconne avec lui comme avec Sky et Raven. Petite tape dans le dos, blague pas drôle entre mec… même lorsqu’il est question de ses conquêtes à lui, de ses parties de jambes en l’air, je me fais rieur et aussi prompt à la déconnade que Skyler. Le grand jeu quoi ! Ca ne m’empêche pas d’aller pleurer ma peine sur l’épaule de mon amie par la suite.
Le but de la manœuvre ? le récupérer bien entendu ! Je veux qu’il voit combien je suis quelqu’un de plaisant, d’amusant et qu’il ait envie d’être avec moi.
Autre conseil de Karolyn que j’ai suivi, mais avec grand mal, me défaire de mon collier. C’était un cadeau de Jaylen. Ouais, c’est surprenant quand on le connaît, mais je lui avais demandé un truc pour me prouvait qu’il m’aimait – c’que suis pathétique, faut que je demande de telles choses alors que ça devrait être spontané – et il m’avait offert ça, me disant qu’il appartenait à son père. Je ne l’ai jamais quitté. Ou plutôt, c’est lui qui n’a jamais quitté mon cou ! Karo m’a convaincu de l’enlever, pour faire croire à Jaylen que je lui échappais pour de bon. Je l’ai fait à contre cœur quand même. Par contre, lorsqu’elle a voulu que je le lui donne pour être certaine que je ne le remettrais pas, j’ai refusé. Impossible de m’en séparer plus que ça ! Je me sens nu sans, c’est stupide, je sais, mais c’est comme ça. Alors à défaut de le porter, je le garde toujours avec moi. Il est dans ma poche, invisible aux yeux des autres et surtout à ceux de Jaylen.
Je ne sais pas encore combien de temps j’aurai pu jouer le jeu. Longtemps peut-être. Mais il y a eu ça. Cette attaque sur le château, qu’on a pas vu venir. J’ai tellement eu peur ce soir là. Qu’il arrive quelque chose à Jay par exemple. Lorsqu’on essayait de se mettre à l’abris et que j’ai vu un éclair le louper de justesse, j’ai cru frôler l’arrêt cardiaque. Alors sans réfléchir j’ai voulu ralentir nos assaillants pour que les autres – pour que Jaylen – puissent se cacher. Mais je ne suis pas resté seul, d’autres sont venus. Quand j’y repense, j’aurai dû les renvoyer mais j’avais la trouille au fond et les avoir avec moi me réconfortait un peu. Et… elle est morte, cette fille que je connaissais à peine, en voulant sauver Caleb. Je n’imagine même pas comment il le vit. Moi en tout cas, très mal. Parce que j’aurai peut-être pu faire quelque chose pour éviter ça. Je ne sais pas quoi, mais j’aurai dû. J’ai la désagréable impression d’être en partie responsable. Parce que c’était mon idée d’essayer de les arrêter. Et puis même sans ça, je l’ai vu morte merde ! On ne devrait pas, à 17 ans, subir ce genre de spectacle ! Et cette vision me hante, encore et toujours. Alors, ma petite comédie, elle est bien dérisoire et je n’ai franchement ni le courage, ni l’envie de la jouer. Tant pis si Jaylen me trouve de nouveau chiant et déprimant, c’est plus fort que moi et difficile supportable. Je m’en remettrait, sûrement, mais là, seulement quatre jours après, non. C’est trop frais, trop présent dans ma tête et ça ne cesse d’y tourner. Même lorsque je joue, j’y pense.
Quatre jours… c’est rien quand on y pense. Tout le monde est encore sous le choc. Certains pleurent leurs amis morts, d’autres veillent les blessés, tandis qu’il y en a qui cherchent les coupable, des désirs de vengeance plein la tête. Nous, on répète. On reprend nos habitudes comme si de rien n’était. A peine sorti de l’infirmerie, Raven a voulu reprendre. J’ai toujours admiré sa passion et son ambition, mais des fois c’est vraiment trop. On a beau tous aimé la musique, le cœur n’y est pas, ou les têtes à choisir. Même Raven ne semble pas vraiment concentré sur son truc malgré ce qu’il veut laisser croire. C’est bien joli tout ça, mais je le soupçonne en réalité d’avoir voulu échapper à quelque chose en se réfugiant dans le groupe et une répétition. Ca ne semble pas plus marcher que ça, aussi je ne m’étonne pas que cela ne s’éternise pas.
Skyler et Raven s’en vont les premiers et nous laissent seuls, comme souvent. Sauf que là, ce n’est pas prémédité. Je range soigneusement ma basse et coule un regard vers Jaylen qui est déjà en train de s’enchaîner la tête avec ses trucs. C’une une solution comme une autre… Peut-être que… après tout, il parait que ça fait du bien, que ça vite la tête.
J’avance vers lui d’un pas hésitant, je me sens gauche tout d’un coup.
« Dis Jay… » Ma voix est faible et mal assurée. C’est la première fois que je l’appel par son diminutif depuis que nous ne sommes plus ensemble et ça m’a surtout… échappé. « T’aurai pas un truc pour moi ? »
D’un geste du menton, je désigne toutes les merdes qui sont disposés sur la petite table alors que me tords les doigts dans tous les sens. C’est pas mon genre de toucher à ça. Je ne sais même pas si ça se fait de demander. J’ai surtout l’impression d’avoir l’air d’un con. Et je me sens un peu hypocrite quelque part, de lui demander ça alors que plusieurs fois, je lui ai fait la morale. Enfin, c’était plus pour ses excès que la consommation en elle-même. Et puis là, je vais tellement mal. Je suis prêt à tout pour m’enlever certaines images de la tête et pour oublier ma peine. Celle concernant Jaylen entre autre.
Je m’assoie à côté de lui, soupirant. Mais loin de moi l’idée de l’accabler de mes problèmes. Il n’a jamais aimé ça, que je m’épanche, il s’en fout. Maintenant encore plus qu’avant j’imagine. Alors je me tais et garde pour moi ce qui me ronge. J’ai envie de lui demander s’il va bien, s’il n’est pas trop déboussolé par tout ça, l’attaque je veux dire. Mais encore une fois je me tais. Je pense qua ça le ferait plus chier qu’autre chose que de parler de ça. Lui-même n’aime pas trop parler.
Je m’adosse contre le canapé et rejette la tête en arrière en fermant les yeux. Putain, ça me prend la tête toutes cette merde ! J’veux juste oublier. Oublier… Merde ! Je me redresse soudainement et regarde ma montre, je savais bien qu’un truc me sortait de la tête.
« Merde, j’devais retrouver Phoenix à la bibliothèque… » Un devoir sur lequel il m’aide. Sérieusement, après ce qu’on a vécu, ils auraient pu remettre certains trucs à plus tard.
Mais l’idée de retrouver mon ami ne m’inspire pas autant que celle de rester à là et de me défoncer la tête. Parce que là, j’ai une chance d’oublier ce que je veux, alors que là bas, j’vais y penser, je le sais. Et puis, être avec Jay ça me fait du bien quelque part, même si c’est douloureux puisque je sais que je ne peux pas le toucher comme avant.
Je me laisse de nouveau aller contre le canapé et lâche finalement : « Tant pis… il m’en voudra pas pour cette fois. » Parce que je lui expliquerais que ça n’allait pas et que je n’avais pas la force de me rendre là bas et de me concentrer sur un foutu devoir.
Je coule un nouveau regard vers Jaylen et lui souris brièvement. J’avais réussi je crois, à briser la glace entre nous quand je jouais mon rôle de gars bien dans sa vie, mais là c’est plus difficile.
Dernière édition par Kerr J. Travis le Sam 9 Jan - 3:59, édité 1 fois
Kerr J. Travis- L'amour n'a jamais été aussi aveugle.
- ♦ HIBOUX POSTÉS : 336
♦ ARRIVÉE : 08/12/2009
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
J’avais dit… deux semaines? Parfois – souvent –, je m’épate, vraiment. Ça a du lui prendre à peu près ça pour oublier qu’il y a quelques temps encore, j’étais son monde. Son univers. Mon poing heurte violemment le mur de pierre alors que j'y repense, mais le choc ne me tire même pas une grimace. Je suis trop à l'ouest pour me rendre compte que je viens de m'ouvrir la chair - qu'est-ce que c'est, de toute façon, face à la plaie qui me ronge de l'intérieur? Je n'ai même pas envie de mettre un nom là-dessus. Pas envie de comprendre. C'est affreux de ne plus se comprendre, de ne plus se reconnaître... Je déteste Kerr pour ce qu'il me fait. Je l'exècre de tout mon être lorsqu'il s'affiche avec cet air joyeux qui me prouve qu'il est bien mieux sans moi. Il le fait exprès, je pourrais le parier! Parano, moi? Si peu. Je jette un coup d'oeil autour de moi, me demandant tout à coup s'il n'est pas là, quelque part, à se délecter de me surprendre dans un tel état. Mais même si c’était le cas, comment pourrait-il savoir qu'il en est la cause. Mon regard est vitreux, rendu flou par la fatigue et l'abus de substances qui me mettent en pièce. Lentement mais sûrement, à croire que je m’étiole un peu plus chaque jour.
Je n’ai jamais connu autant d’autres corps que depuis qu’il m’a largué. Je n’ai jamais autant fait la fête, autant accumulé les excès, autant...qu’importe. C'est trop. Même pour moi. Je n’ai jamais été aussi sombre, non plus. Rarement si replié sur moi-même, si fermé au monde extérieur et concentré sur ma musique. Pourquoi ais-je l’impression tenace que cette rupture m'a mis en vrac? Kerr, il était plus heureux que jamais, lui, après. À croire que s'éloigner de moi lui a été bénéfique... et rien d'autre. Moi, face à son bonheur, je n’essaye même pas de faire mine de sourire. Il me renvoie le mal être que je nie en pleine face, m’oblige à le reconnaitre ne serait-ce qu’en moi-même. Il me traite comme un pote, comme il n’a jamais voulu le faire avant, et il me pousse à bout. Les tapes dans le dos, les blagues déplacées, tout! Pour qui il se prend, sérieux? Je me contente de hausser un sourcil dubitatif à chaque fois; de serrer les dents pour éviter de l’envoyer chier. Et même si je me prête au jeu, par habitude, je suis encore incapable de l'inclure complètement dans mes discussions. Ça me rappelle trop... avant. Quand il me suffisait de dire un mot pour le déstabiliser.
Pas que je veuille qu’il se rende compte qu’il me m… qu’il me… enfin bref. Je ne veux pas qu'il le comprenne, non! J'essaye seulement de lui faire comprendre que s'il veut que je sorte de sa vie, il n'a qu'à agir en conformité avec ses propres décisions et... me laisser le temps de le voir autrement que comme mon mec! S’il se doutait de combien je le veux... De combien je me prends la tête face à ses sourires malicieux, à ses sous-entendus par rapport à tout ceux qu'il se tape sûrement.
J’comprends pas ce qu’il veut. Je n’arrive pas à me dire que son manège est complètement innocent. Est-ce qu'il essaie de me faire payer tout ce que je lui ai fait? Pathétique... je m'accroche à l’espoir que ses faits et gestes puissent avoir pour but de m’atteindre, comme si cette seule idée pouvait être moins difficile à supporter que la vérité. Mais il serait grand temps que je me fasse une raison. Il m'a oublié, point barre.
J’inspire profondément pour me calmer, sentant la colère refluer peu à peu pour laisser place à une sorte de léthargie que je connais trop bien. Le calme des drogues, et... l'abattement. Il faut que je me reprenne, pour de bon cette fois. Que j’arrête de m’isoler dès que j’en ai l’occasion pour évacuer ma rage, que j'arrête de me sentir touché ou même concerné par tout ce qu’il fait. Dire que je refusais de m'attacher à lui d'une quelconque façon que ce soit! J'étais tellement sûr de mon coup que je me suis laissé bêtement piéger, précipitant volontairement la fin de notre relation. Plus tôt on sera séparés, mieux ça vaudra pour moi… la belle blague.
Je recule d'un pas, m'exposant enfin à la lumière du couloir et aux regards des autres. Tout va bien... je gère. Ma guitare pèse délicieusement contre mon dos, et je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire en me répétant qu'à défaut d'avoir Kerr j'ai encore l'essentiel, et que c’est tout ce qui compte. Mon regard se porte brièvement sur ma montre – je grimace en me rendant compte de l'heure. En retard, pour changer! On a une répétition ce soir, et une fois de plus je me pointerai après tout le monde. Je porte une main à mes cheveux, que j’ébouriffe soigneusement : ça me servira d’excuse… je n'aurai même pas besoin de me justifier en entrant, ils sauteront d’eux-mêmes aux conclusions et penseront que j’étais plus agréablement occupé ailleurs. Enfin, si aucun d’eux ne remarque l’état de ma main. Mais après tout ils s'en fichent, non? Kerr aurait été le seul à s'en soucier ; et maintenant qu'il s'en fiche je n'ai plus rien à craindre. Je frappe d’un léger coup sur la porte de la salle qu’on squatte en l'entrouvrant, annonçant ainsi mon arrivée. Évidemment ils sont tous là, Raven le premier bien qu’il ait été le seul de nous quatre à être frappé par un sort il y a quatre jours. L'attaque… celle que je m’efforce d’oublier, autant que possible. Mais comment ne pas repenser à ces sorciers encagoulés, détruisant tout sur leur passage avec un plaisir non feint? J'aurais facilement pu mettre ça de côté si seulement Kerr y parvenait lui aussi. Lorsque je vois ses traits désormais marqués par cet évènement, je ne peux m'empêcher de me demander ce qui lui est arrivé le soir du bal. Lorsqu'il a choisi d'arrêter ces types au lieu de chercher à se mettre à l'abri. Il m'a permis de me casser et d'éviter un affrontement direct, et pour ça je me sens quelque peu... redevable par rapport. Ça aussi, ça me gave. Je ne comprends pas son regard hanté, et ça m’oppresse. Que c’est-il passé après mon départ? Est-ce qu’il s’est pris un sort? Un truc qui le fasse encore souffrir à présent, au point de l’empêcher de trouver le sommeil? Est-ce que cette bataille imprévue et complètement désorganisée l’obsède jusqu’à aujourd’hui? Autant de questions que je garderai pour moi et ne lui poserai jamais. C’est pas mon genre de chercher les confidences des autres et, de toute façon, il a bien assez de sa Karolyn et de ce crétin de Phoenix pour parler de ce qui cloche. Peut-être même qu'il y a ce fameux Poufsouffle, l'amant à l'origine de notre rupture. Et si c'était Phoenix, cet amant en question? Je jure à mi-voix en réajustant ma prise sur le manche de ma guitare, grimaçant alors que mes doigts dérapent sur les cordes. Ma main me lance, et la douleur n'est plus aussi sourde que tout à l'heure. Au contraire même, je ne sens qu'elle. Je ferme les yeux pour retrouver ma concentration, reprend le morceau en cours de route pour ne pas interrompre l’entraînement.
Lorsque Raven nous a annoncé qu’on reprendrait les répétitions, j’ai été le premier à protester, arguant qu'on avait besoin de repos – lui surtout – et que prendre quelques jours pour ça ne nous coûterait rien. Mais maintenant, je ne peux que le remercier intérieurement d’avoir refusé de « prendre une pause ». Jouer, c'est bien la seule chose qui me permette un tant soit peu de penser à autre chose que Kerr. Même me perdre dans d'autres corps que le sien n'extirpe pas son foutu nom de mes pensées, et il n'y a qu'en me dédiant corps et âme à notre musique que je parviens à faire abstraction de lui... un peu. Même sans s'en soucier, il parvient à me casser les pieds.
Comme toujours depuis l'attaque, on ne s'éternise pas. La répétition est bien vite expédiée, pour mon malheur, et Raven et Sky s’empressent de quitter la salle. Je soupire lourdement en me rendant compte que Kerr ne se dépêche pas de partir, et hésite un instant quant à la conduire à tenir. Bof, il finira bien par se casser à son tour, non? Moi j'ai besoin de me changer les idées, de toute façon. Et qu'il soit là ou pas, je n'en ai strictement rien à faire. Il nous reste quelques bouteilles, rescapées d'un antique regroupement, à la fin duquel on s'était amusés à boire comme des trous. Et après, Kerr et moi... et merde! Je me redresse brusquement pour les récupérer, furieux contre moi-même, et en décapsule une pour la boire au goulot. Une autre en main, en prévision pour plus tard, je retourne m'affaler de tout mon long à ma place, devant la table basse, et me tortille pour faire l’inventaire de ce que j’ai en poche. Je ne me déplace que rarement sans quelques remontant, à présent plus que jamais. Tout à mon occupation, je ne me rend même pas compte qu’il ose s’approcher de moi au lieu de garder ses distances, jusqu’à ce qu’il se permet le luxe de m’adresser la parole.
« Dis Jay… »
Je me fige, pas tant parce qu'il s'adresse à moi que parce qu'il emploie le diminutif de mon prénom. Des siècles, qu'il ne l'a pas fait! Il a dû oublier à qui il parlait, s'il croit que je le laisserai reprendre ces anciennes habitudes sans rechigner.
« C'est Jaylen. Et puis tu veux quoi, me faire chier, pour changer? »
Je ne peux pas m’empêcher de l’attaquer, agacé de l’avoir juste là, à côté de moi, sans même pouvoir lui glisser un regard complice, des sous-entendus vaseux, où le frôler ‘innocemment’.
« T’aurai pas un truc pour moi ? »
Je lève les yeux vers lui sans comprendre. Un truc pour lui? D’un geste, il désigne ce qui traine sur la table. Sa demande est sans équivoque. Dire que je suis étonné serait un euphémisme. Combien de fois ais-je essayé de l’initier à ce genre de plaisirs? Ce n’était pas qu’il soit foncièrement contre, c’est juste que c’était pas son genre à l’époque, et que ça ne l'est toujours pas aujourd'hui. Sa requête cache sans doute un mal être plus profond, parce qu’il faut franchement qu’il soit à bout pour venir me demande ça, à moi. Mais je ne veux pas savoir. Ça ne m'intéresse pas, j'en ai rien à cirer de ses états d'âme.
Il s’assoit à mes côtés sans attendre de réponse, visiblement trop perdu dans ses pensées pour comprendre que je préférerais largement qu'il s'éloigne. Et moi je ne pipe pas un mot, parce que j’hésite franchement à lui refiler quoique ce soit, mais que je ne veux pas m'expliquer par rapport à ça.
Il se redresse tout à coup, semblant se souvenir de quelque chose d’important, Mais ce qu’il annonce ne fait que me faire serrer un peu plus les lèvres.
« Merde, j’devais retrouver Phoenix à la bibliothèque… »
Je suspends mes gestes à l’entente de ce prénom honni. Et même lorsqu’il déclare finalement qu'il n'ira pas le rejoindre, le « cette fois » qui ponctue la fin de sa phrase me fait sortir de perdre mon calme. Et le petit sourire qu’il me glisse.
« Mais pense en silence putain, rien à battre de ton emploi du temps! »
Phoenix. Peut-être LE Poufsouffle. Cette réflexion me frappe une fois de plus, mais je secoue la tête pour la chasser de mes penser. Et, sans laisser à Kerr le temps de répliquer ou de s’offusquer :
« Tiens », je lui lance en lui tendant la deuxième bouteille que j’ai récupéré tout à l’heure, accompagnée d’une fiole miniature. « Bois ça avec, mais évite quand même d'en mettre trop. Ça passera sans même que t'en sente le goût, et tu seras claqué dans dix minutes. »
Avec un peu de chance, je me dis, il sera tellement à l’ouest qu’il oubliera de parler, du même coup.
« Mais t’es sûr de vouloir faire ça? Ça plairait pt'être pas à ton copain, de savoir que t'as préféré te droguer au lieu de gentiment lui confier tes malheurs. »
Mon ton est ironique, mais je ne peux m’empêcher de penser que lui poser cette question est une mauvaise idée. Je sais pourquoi j'ai autant attendu avant de lui adresser la parole. Dix minutes, j’avais dit. Je sais aussi que la réponse ne va probablement pas me plaire, s’il ne nie pas être aussi proche de son Phoenix. Faut croire qu’en plus d’être con, je suis aussi un peu maso sur les bords.
Je n’ai jamais connu autant d’autres corps que depuis qu’il m’a largué. Je n’ai jamais autant fait la fête, autant accumulé les excès, autant...qu’importe. C'est trop. Même pour moi. Je n’ai jamais été aussi sombre, non plus. Rarement si replié sur moi-même, si fermé au monde extérieur et concentré sur ma musique. Pourquoi ais-je l’impression tenace que cette rupture m'a mis en vrac? Kerr, il était plus heureux que jamais, lui, après. À croire que s'éloigner de moi lui a été bénéfique... et rien d'autre. Moi, face à son bonheur, je n’essaye même pas de faire mine de sourire. Il me renvoie le mal être que je nie en pleine face, m’oblige à le reconnaitre ne serait-ce qu’en moi-même. Il me traite comme un pote, comme il n’a jamais voulu le faire avant, et il me pousse à bout. Les tapes dans le dos, les blagues déplacées, tout! Pour qui il se prend, sérieux? Je me contente de hausser un sourcil dubitatif à chaque fois; de serrer les dents pour éviter de l’envoyer chier. Et même si je me prête au jeu, par habitude, je suis encore incapable de l'inclure complètement dans mes discussions. Ça me rappelle trop... avant. Quand il me suffisait de dire un mot pour le déstabiliser.
Pas que je veuille qu’il se rende compte qu’il me m… qu’il me… enfin bref. Je ne veux pas qu'il le comprenne, non! J'essaye seulement de lui faire comprendre que s'il veut que je sorte de sa vie, il n'a qu'à agir en conformité avec ses propres décisions et... me laisser le temps de le voir autrement que comme mon mec! S’il se doutait de combien je le veux... De combien je me prends la tête face à ses sourires malicieux, à ses sous-entendus par rapport à tout ceux qu'il se tape sûrement.
J’comprends pas ce qu’il veut. Je n’arrive pas à me dire que son manège est complètement innocent. Est-ce qu'il essaie de me faire payer tout ce que je lui ai fait? Pathétique... je m'accroche à l’espoir que ses faits et gestes puissent avoir pour but de m’atteindre, comme si cette seule idée pouvait être moins difficile à supporter que la vérité. Mais il serait grand temps que je me fasse une raison. Il m'a oublié, point barre.
J’inspire profondément pour me calmer, sentant la colère refluer peu à peu pour laisser place à une sorte de léthargie que je connais trop bien. Le calme des drogues, et... l'abattement. Il faut que je me reprenne, pour de bon cette fois. Que j’arrête de m’isoler dès que j’en ai l’occasion pour évacuer ma rage, que j'arrête de me sentir touché ou même concerné par tout ce qu’il fait. Dire que je refusais de m'attacher à lui d'une quelconque façon que ce soit! J'étais tellement sûr de mon coup que je me suis laissé bêtement piéger, précipitant volontairement la fin de notre relation. Plus tôt on sera séparés, mieux ça vaudra pour moi… la belle blague.
Je recule d'un pas, m'exposant enfin à la lumière du couloir et aux regards des autres. Tout va bien... je gère. Ma guitare pèse délicieusement contre mon dos, et je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire en me répétant qu'à défaut d'avoir Kerr j'ai encore l'essentiel, et que c’est tout ce qui compte. Mon regard se porte brièvement sur ma montre – je grimace en me rendant compte de l'heure. En retard, pour changer! On a une répétition ce soir, et une fois de plus je me pointerai après tout le monde. Je porte une main à mes cheveux, que j’ébouriffe soigneusement : ça me servira d’excuse… je n'aurai même pas besoin de me justifier en entrant, ils sauteront d’eux-mêmes aux conclusions et penseront que j’étais plus agréablement occupé ailleurs. Enfin, si aucun d’eux ne remarque l’état de ma main. Mais après tout ils s'en fichent, non? Kerr aurait été le seul à s'en soucier ; et maintenant qu'il s'en fiche je n'ai plus rien à craindre. Je frappe d’un léger coup sur la porte de la salle qu’on squatte en l'entrouvrant, annonçant ainsi mon arrivée. Évidemment ils sont tous là, Raven le premier bien qu’il ait été le seul de nous quatre à être frappé par un sort il y a quatre jours. L'attaque… celle que je m’efforce d’oublier, autant que possible. Mais comment ne pas repenser à ces sorciers encagoulés, détruisant tout sur leur passage avec un plaisir non feint? J'aurais facilement pu mettre ça de côté si seulement Kerr y parvenait lui aussi. Lorsque je vois ses traits désormais marqués par cet évènement, je ne peux m'empêcher de me demander ce qui lui est arrivé le soir du bal. Lorsqu'il a choisi d'arrêter ces types au lieu de chercher à se mettre à l'abri. Il m'a permis de me casser et d'éviter un affrontement direct, et pour ça je me sens quelque peu... redevable par rapport. Ça aussi, ça me gave. Je ne comprends pas son regard hanté, et ça m’oppresse. Que c’est-il passé après mon départ? Est-ce qu’il s’est pris un sort? Un truc qui le fasse encore souffrir à présent, au point de l’empêcher de trouver le sommeil? Est-ce que cette bataille imprévue et complètement désorganisée l’obsède jusqu’à aujourd’hui? Autant de questions que je garderai pour moi et ne lui poserai jamais. C’est pas mon genre de chercher les confidences des autres et, de toute façon, il a bien assez de sa Karolyn et de ce crétin de Phoenix pour parler de ce qui cloche. Peut-être même qu'il y a ce fameux Poufsouffle, l'amant à l'origine de notre rupture. Et si c'était Phoenix, cet amant en question? Je jure à mi-voix en réajustant ma prise sur le manche de ma guitare, grimaçant alors que mes doigts dérapent sur les cordes. Ma main me lance, et la douleur n'est plus aussi sourde que tout à l'heure. Au contraire même, je ne sens qu'elle. Je ferme les yeux pour retrouver ma concentration, reprend le morceau en cours de route pour ne pas interrompre l’entraînement.
Lorsque Raven nous a annoncé qu’on reprendrait les répétitions, j’ai été le premier à protester, arguant qu'on avait besoin de repos – lui surtout – et que prendre quelques jours pour ça ne nous coûterait rien. Mais maintenant, je ne peux que le remercier intérieurement d’avoir refusé de « prendre une pause ». Jouer, c'est bien la seule chose qui me permette un tant soit peu de penser à autre chose que Kerr. Même me perdre dans d'autres corps que le sien n'extirpe pas son foutu nom de mes pensées, et il n'y a qu'en me dédiant corps et âme à notre musique que je parviens à faire abstraction de lui... un peu. Même sans s'en soucier, il parvient à me casser les pieds.
Comme toujours depuis l'attaque, on ne s'éternise pas. La répétition est bien vite expédiée, pour mon malheur, et Raven et Sky s’empressent de quitter la salle. Je soupire lourdement en me rendant compte que Kerr ne se dépêche pas de partir, et hésite un instant quant à la conduire à tenir. Bof, il finira bien par se casser à son tour, non? Moi j'ai besoin de me changer les idées, de toute façon. Et qu'il soit là ou pas, je n'en ai strictement rien à faire. Il nous reste quelques bouteilles, rescapées d'un antique regroupement, à la fin duquel on s'était amusés à boire comme des trous. Et après, Kerr et moi... et merde! Je me redresse brusquement pour les récupérer, furieux contre moi-même, et en décapsule une pour la boire au goulot. Une autre en main, en prévision pour plus tard, je retourne m'affaler de tout mon long à ma place, devant la table basse, et me tortille pour faire l’inventaire de ce que j’ai en poche. Je ne me déplace que rarement sans quelques remontant, à présent plus que jamais. Tout à mon occupation, je ne me rend même pas compte qu’il ose s’approcher de moi au lieu de garder ses distances, jusqu’à ce qu’il se permet le luxe de m’adresser la parole.
« Dis Jay… »
Je me fige, pas tant parce qu'il s'adresse à moi que parce qu'il emploie le diminutif de mon prénom. Des siècles, qu'il ne l'a pas fait! Il a dû oublier à qui il parlait, s'il croit que je le laisserai reprendre ces anciennes habitudes sans rechigner.
« C'est Jaylen. Et puis tu veux quoi, me faire chier, pour changer? »
Je ne peux pas m’empêcher de l’attaquer, agacé de l’avoir juste là, à côté de moi, sans même pouvoir lui glisser un regard complice, des sous-entendus vaseux, où le frôler ‘innocemment’.
« T’aurai pas un truc pour moi ? »
Je lève les yeux vers lui sans comprendre. Un truc pour lui? D’un geste, il désigne ce qui traine sur la table. Sa demande est sans équivoque. Dire que je suis étonné serait un euphémisme. Combien de fois ais-je essayé de l’initier à ce genre de plaisirs? Ce n’était pas qu’il soit foncièrement contre, c’est juste que c’était pas son genre à l’époque, et que ça ne l'est toujours pas aujourd'hui. Sa requête cache sans doute un mal être plus profond, parce qu’il faut franchement qu’il soit à bout pour venir me demande ça, à moi. Mais je ne veux pas savoir. Ça ne m'intéresse pas, j'en ai rien à cirer de ses états d'âme.
Il s’assoit à mes côtés sans attendre de réponse, visiblement trop perdu dans ses pensées pour comprendre que je préférerais largement qu'il s'éloigne. Et moi je ne pipe pas un mot, parce que j’hésite franchement à lui refiler quoique ce soit, mais que je ne veux pas m'expliquer par rapport à ça.
Il se redresse tout à coup, semblant se souvenir de quelque chose d’important, Mais ce qu’il annonce ne fait que me faire serrer un peu plus les lèvres.
« Merde, j’devais retrouver Phoenix à la bibliothèque… »
Je suspends mes gestes à l’entente de ce prénom honni. Et même lorsqu’il déclare finalement qu'il n'ira pas le rejoindre, le « cette fois » qui ponctue la fin de sa phrase me fait sortir de perdre mon calme. Et le petit sourire qu’il me glisse.
« Mais pense en silence putain, rien à battre de ton emploi du temps! »
Phoenix. Peut-être LE Poufsouffle. Cette réflexion me frappe une fois de plus, mais je secoue la tête pour la chasser de mes penser. Et, sans laisser à Kerr le temps de répliquer ou de s’offusquer :
« Tiens », je lui lance en lui tendant la deuxième bouteille que j’ai récupéré tout à l’heure, accompagnée d’une fiole miniature. « Bois ça avec, mais évite quand même d'en mettre trop. Ça passera sans même que t'en sente le goût, et tu seras claqué dans dix minutes. »
Avec un peu de chance, je me dis, il sera tellement à l’ouest qu’il oubliera de parler, du même coup.
« Mais t’es sûr de vouloir faire ça? Ça plairait pt'être pas à ton copain, de savoir que t'as préféré te droguer au lieu de gentiment lui confier tes malheurs. »
Mon ton est ironique, mais je ne peux m’empêcher de penser que lui poser cette question est une mauvaise idée. Je sais pourquoi j'ai autant attendu avant de lui adresser la parole. Dix minutes, j’avais dit. Je sais aussi que la réponse ne va probablement pas me plaire, s’il ne nie pas être aussi proche de son Phoenix. Faut croire qu’en plus d’être con, je suis aussi un peu maso sur les bords.
Jaylen Killam- ♦ HIBOUX POSTÉS : 331
♦ ARRIVÉE : 28/10/2009
♦ ANNÉE : 6ème
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
Ca ne lui plait pas que je l’appelle par son diminutif. Il me le fait comprendre, sèchement. Pourtant, les autres l’appellent comme ça et il ne bronche pas… je croyais que je pouvais faire pareil, après tout on est potes n’est-ce pas ? Même si on a un passé commun, il ne semblait pas perturbé par notre rupture encore moins au point de m’en vouloir. Peut-être qu’il est juste dans un mauvais jour. C’est ce que je me dis, parce qu’il m’agresse littéralement. Le faire chier ? Il dit ça comme si je ne faisais que ça. Il est dur quand même ! Depuis qu’on a rompu, je l’emmerde plus ! Pas une fois j’ai fait mon chieur. Mais je passe au dessus de ça, parce que je ne suis pas bien, parce que je veux qu’il me file un de ses trucs, une de ses pilules ou autre pour me faire oublier. S’il ne veut pas que je le nomme ainsi, tant pis, je retiens que ça ne lui plait pas et c’est tout. Mon but n’est pas de le contrarié, encore moins maintenant, alors que je lui demande de me filer de sa conso. Il est étonné, normal, je le suis moi-même. Il doit penser que je le fais exprès. Combien de fois a-t-il tenté de me refiler sa saloperie, me promettant qu’on s’éclaterait tous les deux avec. J’ai toujours refusé, pas parce que je refuse d’y toucher, mais parce que c’est pas mon trip. Je préfère l’alcool quitte à choisir. Enfin, j’espère qu’il acceptera. Ca lui fera quelqu’un pour lui tenir compagnie au moins. Si il accepte de m’avoir moi comme compagnie, c’est moins sûr. Il pense sûrement que je suis toujours aussi rabat joie. Je ne peux pas lui en vouloir, depuis l’attaque je n’ai pas vraiment montré une partie enjouée de moi.
Tout à mes pensées, je me souviens de mon rendez-vous avec Phoenix. Quelle poisse ! Fallait que ça soit maintenant… mais l’idée que j’ai en tête, celle de me défoncé pour oublier, est trop présente à présent pour que je l’abandonne. Et si je sais qu’il aura de quoi me faire la gueule pour l’avoir laisser en plan alors qu’il m’offrait généreusement son aide pour un devoir, je sais aussi que lorsqu’il aura conscience que je n’allais pas bien, il ne m’en voudra plus vraiment. Sérieusement, je me demande ce que je ferais sans lui. Il est un peu comme Karo mais au masculin.
« Mais pense en silence putain, rien à battre de ton emploi du temps ! »
Je sursaute assez violemment. Je ne m’étais pas attendu à ça, à ce genre de réaction. C’est un peu brusque. Je n’ai pourtant rien dit de mal, je ne me suis pas étaler sur ma vie, rien. Ca ne fait que me conforter dans l’idée qu’il est de mauvais poil. Et lorsqu’il est comme ça, il est exécrable ! Pas besoin de chercher une logique à ses réactions, tout et rien le gave voilà tout. C’est pas grave. Il peut me gueuler dessus s’il veut, je l’accepte, si ça peut lui faire du bien.
« Tiens » Je prends la bouteille et la fiole qu’il me tend, en déglutissant difficilement. C’est intimidant tout de même. « Bois ça avec, mais évite quand même d'en mettre trop. Ça passera sans même que t'en sente le goût, et tu seras claqué dans dix minutes. » Je hoche lentement la tête pour qu’il voit que j’ai compris. J’espère qu’il ne m’a pas filé un truc trop fort. Ni trop faible remarque. Si c’est pour que ça ne me fasse rien, où est l’intérêt ?
« Mais t’es sûr de vouloir faire ça? Ça plairait pt'être pas à ton copain, de savoir que t'as préféré te droguer au lieu de gentiment lui confier tes malheurs. »
Je fixe ce que j’ai dans les mains tout en haussant les épaules.
« On s’en tape, non ? »
Je ne cherche pas à lui mentir, et encore moins à me donner bonne conscience en le faisant par omission. Je ne veux pas forcément qu’il pense que j’ai quelqu’un, mais si je commence à lui dire que non, il ne dira rien parce que j’ai pas de petit ami à qui raconter mes problèmes mais que mes amis seraient pas pour autant content d’apprendre que je me suis défoncé pour oublier… il va m’envoyer chier. Me dire qu’il s’en fout. Je le sais. Je le connais assez et je sais comment il fonctionne, alors je vais au plus court, au plus simple.
Je soupire et je me décide, j’ouvre la bouteille, la pose sur la table et ouvre la fiole à son tour. Je la regarde un instant et la peur qu’il m’ait refilé un truc trop doux et inefficace me fait avalé une assez bonne gorgée, plus de la moitié. Je garde le liquide en bouche et je prends la bouteille, prenant de l’alcool cette fois et je laisse le tout se mélanger dans ma bouche avant de l’avaler. J’aurai peut-être mieux fait de prendre un verre. De diluer le truc dans plus d’alcool. Je ne sais pas. Je n’ai jamais fait ça avant, j’ignore comme ça fonctionne. Et je m’en fous… le principale c’est que ça marche.
Je penche la tête sur le côté et j’attends. Dix minutes il a dit… Ca me parait bizarre que ça vienne, comme ça. Je ne me sens pas différent de d’habitude. Pas du tout même ! Si ça se trouve, il m’a donné une simple potion sans effet, certain que je penserais être défoncé et que je ne gâcherais pas sa précieuse came… il en est tellement capable.
Je glisse un regard suspicieux vers lui et le détaille. Il a tout du malhonnête, du mauvais gars. Je crois que c’est ça qui m’a attiré en premier chez lui. Mon regard glisse et je vois –enfin- sa main. Je bondis, instinctivement, j’attrape son poignet et examine sa blessure. C’est pas joli, vraiment pas.
« Qu’est-ce que tu t’es fait ? »
Dans ma voix transperce l’inquiétude, autant que dans mes yeux qui se lèvent vers lui. Comment j’ai fait, pour ne pas m’en apercevoir avant ? Trop encré dans mes problème, je n’ai rien vu, c’est impardonnable ! Je tire ma baguette de ma ceinture et… ne fais rien. Je réfléchis, je connais un sortilège de guérisons pour les blessures dans ce genre, il n’est pas compliqué, mais je ne m’en rappelle plus. Merde ! Juste quand j’en ai besoin ! Je cherche quelque chose pour combler ma lacune. Je sers vraiment à rien des fois. Mais finalement je crois que j’ai une petite idée. Je sors de ma poche un mouchoir en tissu – il appartient à Karo, ce qu’il n’a pas besoin de savoir. Elle me la passé la dernière fois que j’ai chialé à cause de Jaylen – Et je l’enroule autour de sa main. A défaut de pouvoir le soigner, ça protége un peu la plaie qui n’est plus à l’air libre.
« Faut que tu prenne plus soin de toi… parce que moi… »
Je ne termine pas, j’étrangle mes paroles dans ma gorge. Je ne dois pas le dire, que ça me fait mal de le voir blessé, que ça me tue de ne plus pouvoir prendre moi-même soin de lui. Pourtant, bien que je taise cela, j’approche sa main que je n’ai pas lâché et je dépose un baiser dans sa paume, puis sur son poignet. Je ne sais pas trop ce que je fais, je suis confus et je n’essaie même pas de m’arrêter. Je redresse un peu le visage et mes lèvres rencontre cette fois sa mâchoire, à deux reprises. Je ne devrais pas faire ça ! C’est dingue. C’est surtout n’importe quoi, mais je ne réfléchis plus correctement je crois. Je veux juste le sentir près de moi, un peu… juste un peu. Et je m’étonne moi-même lorsque ma voix s’élève dans un murmure suave.
« Tu dirais quoi si je te demandais une partie de baise ? Ici, tout de suite ? un truc juste bestiale, rien de tendre. »
Ce n’est… pas moi. Et pourtant j’en crève d’envie. Le sentir contre moi, comme avant. Oui mais c’est n’importe quoi ! Je souffrirais juste un peu plus après.
Je me lève du canapé, passe un main dans mes cheveux et marmonne finalement : « Laisse tomber. »
Je fais quelques pas dans la pièce, je ne sais même pas ce que je fais exactement. C’est son truc qui fait ça ? Je me sens confus et une étrange et irrésistible envie de sourire me prend. Je ne lutte pas contre d’ailleurs, et lorsque je me tourne vers lui je lâche sans gêne, aucune :
« C’est juste que ça fait tellement longtemps que j’ai pas pratiqué. Depuis Damon en faite. » Je me rend compte que ça ne l’aiguille pas vraiment. Après tout, ça peut être il a deux jours, comme il y a deux mois. Alors je précise. « Enfin t’sais, avant que ça se termine nous deux. » Je ne pense pas à mal. Mon cerveau est trop embrouillé de toute façon pour calculer quoi que ce soit dans ce genre.
« J’commence à avoir de sérieuses crampes au poignets. Enfin, tu vois l’genre. » Je me marre tout seul comme un con, et le rire qui me parvient m’est familier, c’est le même que Jaylen quand il est défoncé, et ça m’éclate. Tellement que je continu dans ma lancé. « Ca commence à me démanger, tu comprends j’imagine ! surtout que j’ai jamais eu de plan foireux ! J’ai peut-être eu que deux mecs dans ma courte vie, n’empêche que c’étaient pas des merdes ! »
Je retourne vers le canapé, et ma démarche est loin d’être droite, c’est amusant je trouve ! Je me laisse tomber sur le canapé alors que je reprends mes confidences. « Damon… Tu dois savoir, j’imagine que tu te l’ai déjà tapé. » Ma propre remarque me blesse, mon cœur se serre. Je sais que c’est probablement vrai, pourtant je fais fi de cette douleur et enchaîne comme si de rien n’était. « Il fait de ces trucs avec sa langue ! T’sais ce truc que tu fais pas mais que j’te faisais moi. » Je pose mon indexe sur mes lèvres étirées en un sourire à la con, comme pour taire le mot mais lui donner en même temps un indice. Je ris quelques secondes et me voilà reparti. « J’ai cru que j’allais crever sérieux ! Puis il m’a proposé que je l’prenne, mais tu m’connais, trop peureux pour changer mes habitude, alors j’l’ai laissé me baiser, normal quoi ! » Merlin qu’on me fasse taire ! Je ne viens pas de lui expliquer en long et en large ma coucherie avec Damon ?! Si… et le pire ? c’est que je ne vois pas vraiment le mal là dedans. C’est une discussion comme une autre.
Je prends la bouteille en face de moi et prends plusieurs gorgées. C’est que ça donne soif de parler autant ! C’est vrai ! Oui, mais apparemment, je n’ai pas fini…
« Tu sais, quand je t’ai dit la dernière fois que je te comprenais un peu, à ce niveau là. C’était pas seulement parce que c’est plus valorisant et tout ça. C’est parce que j’ai compris aussi pourquoi tu le faisais. Pour l’inédit et tout ça. Parce que y’a des truc que je ne peux pas faire, comme c’que tu fais avec les filles. Ou des trucs que je sais pas faire… comme avec Damon. J’suis pas con, j’sais bien que j’ai pas son niveau. Alors t’sais, j’t’en veux pas. » Non, je ne lui en veux pas. Même si ça faisait mal, même si ça le fait toujours. J’avale une nouvelle gorgé pour oublié et mes yeux jusque là pétillant s’éteignent. C’est pas drôle finalement comme conversation. Parce que je me souviens de ce que je ressentais à chaque fois qu’il allait voir ailleurs. Et parce que je parle au passé… et que ça me rappelle seulement que lui et moi, c’est terminé.
Tout à mes pensées, je me souviens de mon rendez-vous avec Phoenix. Quelle poisse ! Fallait que ça soit maintenant… mais l’idée que j’ai en tête, celle de me défoncé pour oublier, est trop présente à présent pour que je l’abandonne. Et si je sais qu’il aura de quoi me faire la gueule pour l’avoir laisser en plan alors qu’il m’offrait généreusement son aide pour un devoir, je sais aussi que lorsqu’il aura conscience que je n’allais pas bien, il ne m’en voudra plus vraiment. Sérieusement, je me demande ce que je ferais sans lui. Il est un peu comme Karo mais au masculin.
« Mais pense en silence putain, rien à battre de ton emploi du temps ! »
Je sursaute assez violemment. Je ne m’étais pas attendu à ça, à ce genre de réaction. C’est un peu brusque. Je n’ai pourtant rien dit de mal, je ne me suis pas étaler sur ma vie, rien. Ca ne fait que me conforter dans l’idée qu’il est de mauvais poil. Et lorsqu’il est comme ça, il est exécrable ! Pas besoin de chercher une logique à ses réactions, tout et rien le gave voilà tout. C’est pas grave. Il peut me gueuler dessus s’il veut, je l’accepte, si ça peut lui faire du bien.
« Tiens » Je prends la bouteille et la fiole qu’il me tend, en déglutissant difficilement. C’est intimidant tout de même. « Bois ça avec, mais évite quand même d'en mettre trop. Ça passera sans même que t'en sente le goût, et tu seras claqué dans dix minutes. » Je hoche lentement la tête pour qu’il voit que j’ai compris. J’espère qu’il ne m’a pas filé un truc trop fort. Ni trop faible remarque. Si c’est pour que ça ne me fasse rien, où est l’intérêt ?
« Mais t’es sûr de vouloir faire ça? Ça plairait pt'être pas à ton copain, de savoir que t'as préféré te droguer au lieu de gentiment lui confier tes malheurs. »
Je fixe ce que j’ai dans les mains tout en haussant les épaules.
« On s’en tape, non ? »
Je ne cherche pas à lui mentir, et encore moins à me donner bonne conscience en le faisant par omission. Je ne veux pas forcément qu’il pense que j’ai quelqu’un, mais si je commence à lui dire que non, il ne dira rien parce que j’ai pas de petit ami à qui raconter mes problèmes mais que mes amis seraient pas pour autant content d’apprendre que je me suis défoncé pour oublier… il va m’envoyer chier. Me dire qu’il s’en fout. Je le sais. Je le connais assez et je sais comment il fonctionne, alors je vais au plus court, au plus simple.
Je soupire et je me décide, j’ouvre la bouteille, la pose sur la table et ouvre la fiole à son tour. Je la regarde un instant et la peur qu’il m’ait refilé un truc trop doux et inefficace me fait avalé une assez bonne gorgée, plus de la moitié. Je garde le liquide en bouche et je prends la bouteille, prenant de l’alcool cette fois et je laisse le tout se mélanger dans ma bouche avant de l’avaler. J’aurai peut-être mieux fait de prendre un verre. De diluer le truc dans plus d’alcool. Je ne sais pas. Je n’ai jamais fait ça avant, j’ignore comme ça fonctionne. Et je m’en fous… le principale c’est que ça marche.
Je penche la tête sur le côté et j’attends. Dix minutes il a dit… Ca me parait bizarre que ça vienne, comme ça. Je ne me sens pas différent de d’habitude. Pas du tout même ! Si ça se trouve, il m’a donné une simple potion sans effet, certain que je penserais être défoncé et que je ne gâcherais pas sa précieuse came… il en est tellement capable.
Je glisse un regard suspicieux vers lui et le détaille. Il a tout du malhonnête, du mauvais gars. Je crois que c’est ça qui m’a attiré en premier chez lui. Mon regard glisse et je vois –enfin- sa main. Je bondis, instinctivement, j’attrape son poignet et examine sa blessure. C’est pas joli, vraiment pas.
« Qu’est-ce que tu t’es fait ? »
Dans ma voix transperce l’inquiétude, autant que dans mes yeux qui se lèvent vers lui. Comment j’ai fait, pour ne pas m’en apercevoir avant ? Trop encré dans mes problème, je n’ai rien vu, c’est impardonnable ! Je tire ma baguette de ma ceinture et… ne fais rien. Je réfléchis, je connais un sortilège de guérisons pour les blessures dans ce genre, il n’est pas compliqué, mais je ne m’en rappelle plus. Merde ! Juste quand j’en ai besoin ! Je cherche quelque chose pour combler ma lacune. Je sers vraiment à rien des fois. Mais finalement je crois que j’ai une petite idée. Je sors de ma poche un mouchoir en tissu – il appartient à Karo, ce qu’il n’a pas besoin de savoir. Elle me la passé la dernière fois que j’ai chialé à cause de Jaylen – Et je l’enroule autour de sa main. A défaut de pouvoir le soigner, ça protége un peu la plaie qui n’est plus à l’air libre.
« Faut que tu prenne plus soin de toi… parce que moi… »
Je ne termine pas, j’étrangle mes paroles dans ma gorge. Je ne dois pas le dire, que ça me fait mal de le voir blessé, que ça me tue de ne plus pouvoir prendre moi-même soin de lui. Pourtant, bien que je taise cela, j’approche sa main que je n’ai pas lâché et je dépose un baiser dans sa paume, puis sur son poignet. Je ne sais pas trop ce que je fais, je suis confus et je n’essaie même pas de m’arrêter. Je redresse un peu le visage et mes lèvres rencontre cette fois sa mâchoire, à deux reprises. Je ne devrais pas faire ça ! C’est dingue. C’est surtout n’importe quoi, mais je ne réfléchis plus correctement je crois. Je veux juste le sentir près de moi, un peu… juste un peu. Et je m’étonne moi-même lorsque ma voix s’élève dans un murmure suave.
« Tu dirais quoi si je te demandais une partie de baise ? Ici, tout de suite ? un truc juste bestiale, rien de tendre. »
Ce n’est… pas moi. Et pourtant j’en crève d’envie. Le sentir contre moi, comme avant. Oui mais c’est n’importe quoi ! Je souffrirais juste un peu plus après.
Je me lève du canapé, passe un main dans mes cheveux et marmonne finalement : « Laisse tomber. »
Je fais quelques pas dans la pièce, je ne sais même pas ce que je fais exactement. C’est son truc qui fait ça ? Je me sens confus et une étrange et irrésistible envie de sourire me prend. Je ne lutte pas contre d’ailleurs, et lorsque je me tourne vers lui je lâche sans gêne, aucune :
« C’est juste que ça fait tellement longtemps que j’ai pas pratiqué. Depuis Damon en faite. » Je me rend compte que ça ne l’aiguille pas vraiment. Après tout, ça peut être il a deux jours, comme il y a deux mois. Alors je précise. « Enfin t’sais, avant que ça se termine nous deux. » Je ne pense pas à mal. Mon cerveau est trop embrouillé de toute façon pour calculer quoi que ce soit dans ce genre.
« J’commence à avoir de sérieuses crampes au poignets. Enfin, tu vois l’genre. » Je me marre tout seul comme un con, et le rire qui me parvient m’est familier, c’est le même que Jaylen quand il est défoncé, et ça m’éclate. Tellement que je continu dans ma lancé. « Ca commence à me démanger, tu comprends j’imagine ! surtout que j’ai jamais eu de plan foireux ! J’ai peut-être eu que deux mecs dans ma courte vie, n’empêche que c’étaient pas des merdes ! »
Je retourne vers le canapé, et ma démarche est loin d’être droite, c’est amusant je trouve ! Je me laisse tomber sur le canapé alors que je reprends mes confidences. « Damon… Tu dois savoir, j’imagine que tu te l’ai déjà tapé. » Ma propre remarque me blesse, mon cœur se serre. Je sais que c’est probablement vrai, pourtant je fais fi de cette douleur et enchaîne comme si de rien n’était. « Il fait de ces trucs avec sa langue ! T’sais ce truc que tu fais pas mais que j’te faisais moi. » Je pose mon indexe sur mes lèvres étirées en un sourire à la con, comme pour taire le mot mais lui donner en même temps un indice. Je ris quelques secondes et me voilà reparti. « J’ai cru que j’allais crever sérieux ! Puis il m’a proposé que je l’prenne, mais tu m’connais, trop peureux pour changer mes habitude, alors j’l’ai laissé me baiser, normal quoi ! » Merlin qu’on me fasse taire ! Je ne viens pas de lui expliquer en long et en large ma coucherie avec Damon ?! Si… et le pire ? c’est que je ne vois pas vraiment le mal là dedans. C’est une discussion comme une autre.
Je prends la bouteille en face de moi et prends plusieurs gorgées. C’est que ça donne soif de parler autant ! C’est vrai ! Oui, mais apparemment, je n’ai pas fini…
« Tu sais, quand je t’ai dit la dernière fois que je te comprenais un peu, à ce niveau là. C’était pas seulement parce que c’est plus valorisant et tout ça. C’est parce que j’ai compris aussi pourquoi tu le faisais. Pour l’inédit et tout ça. Parce que y’a des truc que je ne peux pas faire, comme c’que tu fais avec les filles. Ou des trucs que je sais pas faire… comme avec Damon. J’suis pas con, j’sais bien que j’ai pas son niveau. Alors t’sais, j’t’en veux pas. » Non, je ne lui en veux pas. Même si ça faisait mal, même si ça le fait toujours. J’avale une nouvelle gorgé pour oublié et mes yeux jusque là pétillant s’éteignent. C’est pas drôle finalement comme conversation. Parce que je me souviens de ce que je ressentais à chaque fois qu’il allait voir ailleurs. Et parce que je parle au passé… et que ça me rappelle seulement que lui et moi, c’est terminé.
Kerr J. Travis- L'amour n'a jamais été aussi aveugle.
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♦ ARRIVÉE : 08/12/2009
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
- Il ne comprend probablement même pas quel peut bien être mon problème. Après tout je n'ai aucune raison valable de m'en prendre ainsi à lui... aucune raison valable de lui en vouloir. Il sursaute, visiblement pris de court par mon ton excessivement virulent, et je me maudits intérieurement de le laisser exacerber ainsi mes réactions de par sa seule présence. J’ai pris la décision de passer au-dessus de tout ça et pourtant je traîne encore les pieds, patauge dans la mélasse écœurante de mes sentiments à son égard, m’embourbe dans un rôle qui me déplait affreusement. Mais l’entendre parler de ses potes à Poufsouffles, c’est plus que je ne peux accepter d'en supporter. Évidemment ce crétin n’a pas changé ses habitudes. Je gueule et il ne dit rien, ne cherche même pas à se défendre, ne s’offusque pas de m’entendre m’en prendre à lui de la sorte. Il y a quelque temps j’aurais pris ce manque de réaction comme la preuve d'une amusante soumission ; aujourd'hui je vois les choses différemment. Ce que je lui inspire n'est probablement rien de plus que de l'indifférence, au point qu’il ne prenne même pas la peine de répliquer quoique ce soit. Et quoi d'autre? Il me considère à ce point comme un cas désespéré, pour ne plus juger utile de rétorquer quoique ce soit au drogué que je suis.
… Stop. Je divague, là. Kerr est peut-être un peu trop bonne poire pour penser ainsi. Donc... c’est sûrement juste l’indifférence. Tout de même agacé par cette idée, je lui tends une fiole accompagnée d’alcool en lui expliquant quoi faire. C’est assez fort ; suffisamment, du moins, pour le rendre plus ou moins incapable de réfléchir à ses emmerdes. Mais au lieu de laisser le silence se creuser plus longtemps entre nous, je ne peux m’empêcher de le relancer par une question complètement débile. J’ai de la chance qu'il soit assez abattu pour ne pas s'interroger plus que ça sur le sujet : je suis plus du genre à encourager les autres à faire ce genre d’expériences qu’à me la jouer pseudo-moralisateur. Ça pue la curiosité à plein nez.
« On s’en tape, non ? », il réplique, les yeux scotchés à ses mains.
J'ai l'impression que mon cœur vient de louper un sacré battement. Il n’a pas démentit. Il... sort avec ce type? Il sort avec Phoenix? Putain… je m’en doutais, mais ce n'est pas plus facile à avaler pour autant. Je porte le goulot de la bouteille à mes lèvres d'un geste un peu brusque, en engloutis une rasade, m’étouffe presque et tousse en essayant de me débarrasser de la sensation de picotement désagréable qui m’obstrue l’œsophage. Je ne sais pas trop quel sentiment me pousse à répliquer d’un ton acide, sans même que je prenne le temps de m'appesantir sur son ressenti à lui.
« Toi sûrement pas, mais moi oui. T'imagine même pas à quel point. »
Ça le fait moyen, quand même. Mais trop occupé à me morfondre intérieurement je ne le vois pas vider de moitié la fiole, ne m’en rendant compte que bien trop tard. Et là c’est plus fort que moi…. Je m’inquiète. Du coup je gueule, pour changer.
« T’es con ou tu l’fais juste exprès? J’viens de te dire d'éviter d'en mettre trop et c'est limite si tu me vides pas le tout en une gorgée! »
Je lui arrache la fiole des mains, grince des dents en me retenant de le faire recracher cette merde. Mon regard scotché sur l’étiquette voit tout à coup rejaillir les nombreuses mises en garde que je prends généralement soin d’oublier. Les avertissements au sujet d’effets imprévisibles, sans parler de mes propres expériences en matière de surdose… Minute. Je l’ai déjà fait avant lui, ça ; et je n’en suis pas encore mort, n’est-ce pas? Alors pourquoi lui arriverait-il quelque chose à lui? Il risque tout au plus un passage à l’infirmerie, un sermon, quelques heures de colles peut-être. Rien de bien grave.
Je me force à me détendre, m'enfonce dans le fauteuil d'un geste un peu raide et jette un coup d'œil en coin dans sa direction. Ma jambe bat la cadence avec nervosité, mais... Kerr à l'air seulement détendu. Son teint n'est pas spécialement cireux, il respire… bien. Mais qu’est-ce que je fous? Je secoue la tête pour me remettre les idées en ordre et me détourne résolument de lui sans me rendre compte qu’il me rend mon regard à cet instant.
Jusqu'au moment où il bondit brusquement de son siège. J’ai un geste de recul instinctif alors qu’il attrape mon poignet et examine ma main blessée, que je tente de ramener à moi.
« Qu’est-ce que tu t’es fait ? »
Mes lèvres s’entrouvrent, toutes prêtes à rétorquer que ça ne le concerne pas (ou plus), mais l’inquiétude qui transparaît de tout son être me laisse... pantois. Et son regard azur qui me transperce, me couve presque comme si je lui étais… précieux. J’en frissonne. Il sort sa baguette et… et rien. Le sort semble lui rester coincé au bout de la langue sans qu'il le prononce, et je hausse un sourcil sarcastique. Mon héro. Il a l’air complètement perdu, d’un coup, mais sort tout de même un mouchoir de sa poche pour en envelopper ma blessure avec soin.
« Faut que tu prenne plus soin de toi… parce que moi… »
« T'as pas que ça à faire? Ça va, j'm’en doute. »
Il n'ose pas le dire, mais je suis certain qu'il le pense. Ce n'est pas moi qui lui avouerai que ce constat me blesse... je tente une nouvelle fois de retirer ma main de la sienne et de m’écarte de lui mais, contredisant mes mots, Kerr approche mes doigts tuméfiés de sa bouche et embrasse délicatement ma paume, remontant ensuite sur mon poignet. À quoi joue-t-il? Sa proximité me met mal à l'aise. Le souvenir de nos étreintes est encore trop profondément ancré dans ma chair pour que j'y reste insensible.
Mais il va plus loin, se redressant pour atteindre ma mâchoire et y exercer une douce pression, à deux reprises. Je suis exagérément conscient de sa présence contre moi, de son épiderme frôlant inconsciemment le mien, et durant un instant, je me prends à croire qu'il cherche à se faire pardonner son... son départ. Ou simplement à revenir en arrière? Je ne saurais le dire. C’est sa requête qui m'oblige à redescendre sur terre.
« Tu dirais quoi si je te demandais une partie de baise ? Ici, tout de suite ? un truc juste bestiale, rien de tendre. »
« [colo=teal]Hein?[/color] »
Je m’écarte brusquement de lui et le dévisage, cherchant l’erreur sur ces traits qui m’ont manqué malgré moi. Ça ne lui ressemble tellement pas que… oh! Les faits s’assemblent les uns à lui suite des autres, et je finis par comprendre. La drogue. Un sourire amer m’étire les lèvres alors que je me fais la réflexion qu’évidemment, il ne m’aurait jamais demandé une telle chose s’il avait été dans son état normal. Une pointe de fierté déplacée me pousse à faire comme si de rien n’était.
« J’vois même pas pourquoi tu poses la question. Je te dirais la même chose qu'à tous les autres. »
Autrement dit, où tu veux, quand tu veux. Ou n’importe quoi d’autre qui soit susceptible de montrer que l’idée ne me dérange en rien. Pourtant... ce n'est pas ce que je veux. Pas avec lui. Il passe une main distraite dans ces cheveux, geste que j'ai tant l'habitude de faire moi-même que je l'imite inconsciemment, quelque peu indécis. J’ai parlé pour la forme plus qu’autre chose, mais s’il revient à la charge, je fais quoi? Je joue mon rôle, évidemment. Mon rôle de salopard plus intéressé par l'idée d'une bonne baise que par l’identité de sa ou son partenaire.
« C’est juste que ça fait tellement longtemps que j’ai pas pratiqué. Depuis Damon en faite. »
Je me fige. Pratiquer? Damon? Combien de types lui passés dessus à part ce con de Phoenx? Parce que oui, je suis pratiquement sûr qu'il s’est passé – ou se passe encore – quelque chose entre eux deux.
« Enfin t’sais, avant que ça se termine nous deux. J’commence à avoir de sérieuses crampes au poignets. Enfin, tu vois l’genre.. »
Avant… je me prends la tête entre les mains, essayant de comprendre ce dont il parle, et mes neurones grillés par la drogue agencent mal la chronologie de ses propos, au départ, avant que je ne finisse par me rendre compte de ce qu’il dit. Il n’a eu personne, personne suite à notre rupture. Il se marre, sans remarquer que ce qu’il avoue innocemment me trouble un peu trop, et je cille sans chercher à l’interrompre.
« Ca commence à me démanger, tu comprends j’imagine ! Surtout que j’ai jamais eu de plan foireux ! J’ai peut-être eu que deux mecs dans ma courte vie, n’empêche que c’étaient pas des merdes ! »
« J’me passerais volontiers de t’entendre parler de l’autre, si tu vois où je veux venir. »
Je le fixe d'un air qui se veut impassible, mais ma main intacte resserre sa prise sur la bouteille d'alcool que je tiens encore, au point que mes phalanges en blanchissent. Ce n'était pas Phoenix, mais Damon. Damon! Bon sang, j'arrive pas à y croire. Ce type complètement... loufoque et... aucun terme ne suffirait à retracer l’étendue de son étrangeté. Mais sa beauté douloureuse en a fait craquer plus d’un(e)... moi le premier. C'est donc lui, l'autre. Tout à coup je vois rouge. Je n’ai jamais particulièrement été un violent, mais mon caractère varie largement en fonction de ce que je consomme. Et là, je me sens juste l’envie d’aller défoncer la jolie gueule de ce connard de Damon.
Inconscient de mes pensées, Kerr vacille jusqu'au canapé sur lequel il se laisse retomber.
« Damon… Tu dois savoir, j’imagine que tu te l’ai déjà tapé. »
Il y a quelques semaines, cette remarque lui aurait serré le coeur, et il serait resté silencieux pendant un moment, à ruminer sa peine sans un mot. Ou il m'aurait demandé pourquoi je suis incapable de me contenter de lui, et j'aurais ri en lui disant que ça ne compte pas, qu'il sait qu'aucun n'autre n'a plus d'importance que lui; mais que c'est juste moi. Que la routine me lasse, que la fidélité et moi on fait bien plus que deux.
Là il enchaîne juste, pas le moins du monde abattu par cette possibilité.
« Il fait de ces trucs avec sa langue ! T’sais ce truc que tu fais pas mais que j’te faisais moi. »
Une fois de plus, je hausse un sourcil dubitatif en observant son manège. Kerr sourit comme un bel imbécile, glisse un index malicieux sur sa bouche pour me donner un indice… comme si je risquais d’en avoir besoin pour comprendre. Ma moue se fait dédaigneuse, cette fois.
« [color=teal]Tout le monde n'a pas une gueule de suceur. Moi encore moins que les autres. Y’a des limites, merde.[color] »
Ça me va bien, tiens, de parler de limites. Mais j’ai toujours trouvé les fellations avilissantes. Pas pour celui qui en profite, non ; mais pour celui ou celle qui accepte de s'agenouille devant l'autre, et d’engloutir sa bite comme la dernière des putes. Du coup j’aime bien qu’on me le fasse. Mais le faire, moi, à un autre? Jamais de la vie. Ma remarque ne semble pas atteindre Kerr du haut de son délire, et il continue sur sa lancée.
« J’ai cru que j’allais crever sérieux ! Puis il m’a proposé que je l’prenne, mais tu m’connais, trop peureux pour changer mes habitude, alors j’l’ai laissé me baiser, normal quoi ! »
Normal. La normalité, à l’époque, c’était que je le baise. Pas qu’il se fasse prendre par Damon. J’en reviens pas qu’il remette le sujet sur le tapis pour le plaisir de me parler de ça en long et en large! Avant qu'il me quitte, pourtant, je lui avais plus ou moins demandé d'aller plus loin. De me raconter à quel point il avait pu prendre du plaisir dans les bras d'un autre. Sauf que cette fois, la drogue vient peu à peu à bout de ses inhibitions. Il avale plusieurs gorgées d’alcool, comme si ça ne suffisait pas, et reprend la parole une fois de plus. Une fois de trop?
« Tu sais, quand je t’ai dit la dernière fois que je te comprenais un peu, à ce niveau là. C’était pas seulement parce que c’est plus valorisant et tout ça. C’est parce que j’ai compris aussi pourquoi tu le faisais. Pour l’inédit et tout ça. Parce que y’a des truc que je ne peux pas faire, comme c’que tu fais avec les filles. Ou des trucs que je sais pas faire… comme avec Damon. J’suis pas con, j’sais bien que j’ai pas son niveau. Alors t’sais, j’t’en veux pas. »
Ainsi il ne peut s’empêcher de continuer de chercher la réponse à cette fichue question. Le pourquoi de mes infidélités. On n’est plus ensembles, qu’est-ce qu’il peut bien en avoir à faire? Il prend une nouvelle gorgée, soudain plus sombre, comme si ce souvenir était, tout compte fait, encore une plaie béante en lui. Le sang bat trop fort à mes tempes, presque au bord de mes lèvres, lorsque je souffle.
« J’crois pas en ces conneries. »
Je peux presque deviner son regard interrogateur, mais ne fait rien pour le regarder en face. Mes doigts passent et repassent sur le foulard noué autour de ma blessure, et je fronce les sourcils en essayant de mettre des mots sur toutes ces choses que j'ai toujours refusé de lui confier.
« J’te l’ai dit des milliers de fois, que ça venait pas de toi. Que j’étais juste incapable de me satisfaire d’une seule personne, d'être… fidèle. Je hausse les épaule d’un geste nonchalant. C’était vrai. Ça n’a rien à voir avec c’que tu sais faire ou non, ou quoique ce soit du genre. J’sais pas l’être, c’est tout. J’ai jamais vu un couple durer et pour moi, l'amour, tout ça... c'est juste des conneries. De la poudre aux yeux. Alors plutôt que de m'enfoncer là-dedans pour finalement en souffrir... »
Je préfère être celui qui blesse. Goûter à tout, sans chercher à me satisfaire d'une seule personne.
« Tu me gaves, putain. »
Mes doigts pressent durement mes paupières tandis que je baisse la tête un peu plus. Je me sens... vidé. Et amer. Tout ce que je ne veux pas être. Pour la première fois depuis des lustres, je me rends compte que ma vision de la normalité me fait tout perdre. Je m'étais toujours senti contenté par sa douleur, l'étincelle blessée que chacun de mes mots faisait naître dans son regard. Et bon sang, Merlin seul sait à quel point je hais ce genre d'éveil de conscience. Ne suis-je pas sensé manier à la perfection la carte de l'indifférence? De l'insensibilité? Pourquoi le regard hanté de Kerr me transperce-t-il encore, dans ce cas? Et ces souvenirs... ces souvenir du corps de Damon qu'il me crache au visage avec une effroyable insouciance, comme si notre nouveau statut de potes le laisse libre de rabâcher les mauvais souvenirs de notre couple bancal. Comme si le simple fait de m'avoir tourné le dos le soir là a suffi à cicatriser toutes les plaies.
« Qu'est-ce que tu veux?, je répète, d'une voix lasse cette fois. Que j'cuplabilise? Pour toutes les fois où j't'ai parlé de mes amants? »
J'émets un rire sec, sombre, et tourne les yeux vers le mur à l'opposé de Kerr.
« T'es quand même bien placé pour savoir que j'suis pas capable de faire ça. Pour ça faudrait déjà que j'aie une conscience aussi merdique et moralisatrice que tu sais l'être ».
Je l'attaque pour rien, encore une fois... question d'habitude, sans doute. C'est plus fort que moi, jusqu'à aujourd'hui ; cette envie de le plonger en enfer autant que je m'y noie. Je me gratte la nuque, cherchant un mot, une phrase à dire pour combler les vides... mais il n'y a tellement plus rien, depuis que je ne l'ai plus, lui. Je n'ai jamais été fan des longues conversations, moins encore des explications foireuses.
« C'est trop tard, de toute façon. Toi et moi c'est fini, plus la peine d'essayer de me comprendre. »
J'essaye de masquer ce qui m'assaille, sans me rendre compte que l'aigreur dont recèlent mes mots fait étrangement écho à ma difficulté à assumer notre rupture.
Le sang affluent à mes tempes avec une violence dérangeante, me faisant grimacer face au mal de crâne qu'il entraîne.
« Et puis d'ailleurs, j'pige pas. Pourquoi tu te tapes pas quelqu'un si tu te sens tellement en manque? Pourquoi te frustrer pendant si longtemps, au point d'te rabattre sur moi ensuite? »
Je croise les doigts de mes deux mains en fixant mes phalanges excessivement blême, faisant mine d'oublier le martèlement qui me torture. Mes doutes, aussi, et ma saloperie de voix tremblante de camé notoire. J'ai envie de lui dire que s'il était sensé, il retournerait voir le sympathique Damon grâce auquel il a pris son pied comme jamais il y a peu, mais je me rend compte à cet instant de quelque chose... que j'aurais difficilement pu comprendre sans connaître l'identité de l'autre.
« Damon... Je fronce les sourcils. T'es quand même nul, dans ton genre. Tu m'avais limite parlé d'un prince charmant alors que Damon n'a rien de ça. Il est même franchement louche ce type. Dire que j'ai pété un cable pour ça... »
Un sourire auto dérisoire m'échappe, mais je continue de regarder dans le vague, incapable de me tourner vers Kerr. Soudain rendu mal à l'aise par l'idée qui m'assaille je gigotte sur mon siège, me mord un peu trop fort la lèvre inférieur, et finis par tourner vers lui mes iris un peu flous.
« J't'ai fait fuir l'autre soir. Mais si j'avais été capable de me contenir... est-ce qu'on... »
… Serait encore ensembles? Minable, même pour moi. Ça fait tellement idiot et dépendant... Je révèle la plaie à vif alors même que je l'ai ardemment attendue, désirée, provoquée. Mais il me manque. Et c'est limite atroce; limite insupportable... limite insurmontable. Un gémissement un brin désespéré (par ma propre bêtise, ou simplement mon incapacité à l'oublier?) et je reprend, de cette même voix de crétin décérébré et pommé.
« Oublie. J'veux dire... ça a juste plombé ma routine, du coup parfois j'me demande si ce serait pas mieux si... »
… Ça avait duré, nous deux. Juste un peu plus longtemps. Je suis un tel enfoiré. Le pire reste quand même que même en essayant de rattraper mes bourdes, ma connerie me pousse à sous-entendre que je le veux encore. Que je l'..., à ma façon. Merde, j'ai de la chance qu'il soit complètement à l'ouest. Du moins, j'espère qu'il l'est suffisamment pour que mes remords lui paraissent inaudibles et mon ébauche de discours, incompréhensible.
Jaylen Killam- ♦ HIBOUX POSTÉS : 331
♦ ARRIVÉE : 28/10/2009
♦ ANNÉE : 6ème
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
Je n’aime pas comment je me sens, là, maintenant. Perdu, vidé, avec cette désagréable impression qu’il me manque quelque chose. Et c’est le cas. Mon regard coule en direction de Jaylen et je sais, je suis persuadé que c’est lui et uniquement lui qu’il me faut. J’ai bien des problèmes en ce moment mais si je l’avais lui à mes côtés, ça serait plus… supportable. Même si je ne peux pas me reposer sur son épaule pour pleurer, même si je ne peux pas me confier à lui. Même s’il s’en fout complètement de ce que je ressens où même de qui je suis, il serait là, un peu à moi. Je n’en demande pas tellement je trouve. Je ne veux pas qu’il m’appartienne en entier, il en est incapable, je le sais. Je veux juste un bout de lui, c’est tout. Me perdre dans ses bras, contre lui. Croire ses belles paroles pourtant tant de fois répétées qu’elles en ont perdu leurs saveurs. Faire semblant de fermer les yeux et accepter ses infidélités. Me contenter simplement de ce qu’il me donne sans me montrer, moi, trop envahissant. C’est pas rêvé comme tableau, pourtant c’est tout ce que je désire. Parce que pour être avec lui, à lui, je suis prêt à faire toutes les concessions qu’il veut. J’ai vécu sans lui, je sais ce que ça fait, et je n’ai plus envie que ça dure. Une vie sans lui et bien pire qu’une vie avec lui. Mais j’ai tellement joué, j’ai tellement fait, que je ne pense pas pouvoir le récupérer. Je l’ai quitté. Ce simple fait l’a éloigné de moi pour de bon. Je le tenais plus ou moins auprès de moi avant ça. Mais en rompant, en lui rendant sa liberté, je lui ai simplement montré combien la vie devait être belle sans un chieur jaloux et moralisateur pour le faire chier. Alors il n’a plus de raison de vouloir de moi. C’est pour cette raison aussi que j’ai essayé de lui faire croire que je vivais bien la rupture, que j’étais devenu plus joviale, plus sympa et plus… tout. Je voulais lui donner envie de revenir auprès de moi, mais apparemment même avec les bons conseils de Karo, ça n’a pas vraiment marché. La preuve, il ne parle jamais vraiment. Là encore, il ne fait que répondre à mes conneries que je sors trop vite pour avoir le temps de le réfléchir. Mais là, tout est retombé. Cette euphorie, cette envie de parler et de se marrer de rien, tout est partie pour me laisser dans un état plus comateux et surtout sombre. C’est bien ce que je pensais, la drogue c’est vraiment de la merde ! Même pas foutu de me faire oublier mes problèmes ! Enfin si, deux minutes… super.
« J’crois pas en ces conneries. »
Je sursaute, autant parce que j’étais bien loin dans mes pensées, que parce que je ne m’attendais pas à ce qu’il parle tout simplement. D’ailleurs, mes yeux se sont interrogateurs, je ne vois pas de quoi il parle. Je ne me souviens pas lui avoir parlé de quoi que se soit qu’il puisse qualifier de connerie. Je ne lui ai pas de fidélité, d’amour ou d’une de ces choses qui le font bien rire. Il joue avec le mouchoir que je lui ai mis autour de la main et le fix, et bizarrement, je ne m’en détache pas non plus.
« J’te l’ai dit des milliers de fois, que ça venait pas de toi. Que j’étais juste incapable de me satisfaire d’une seule personne, d'être… fidèle. C’était vrai. Ça n’a rien à voir avec c’que tu sais faire ou non, ou quoique ce soit du genre. J’sais pas l’être, c’est tout. J’ai jamais vu un couple durer et pour moi, l'amour, tout ça... c'est juste des conneries. De la poudre aux yeux. Alors plutôt que de m'enfoncer là-dedans pour finalement en souffrir... »
Je me sens… mieux. Parce qu’il me dit, comme toujours, que ça ne vient pas de moi, que c’est lui le problème, mais là, je sais que se ne sont pas de simples paroles pour que je lui foute la paix. Il n’a pas de raison de chercher à me mentir à présent, alors je me dis que je ne suis pas si merdique que ça. Et je le crois, pour de vrai cette fois. Pourtant je me sens tout aussi peiné. Pour lui, pour ce qu’il ressens, pour sa vision de l’amour et de ce qui tourne autour. En réalité, s’il n’a jamais cherché à vivre quelque chose de vraiment sérieux, s’il se perds dans d’autres bras constamment, c’est uniquement pour être sûr de ne pas tomber amoureux et de ne pas souffrir. J’ai… de la peine pour lui et j’ai envie d’aller me coller à lui, de le serrer contre moi et de m’excuser. Parce que si j’avais été une meilleure personne, celle qu’il lui fallait, si j’avais réussi à le faire tomber amoureux de moi, je lui aurais prouver qu’il avait tort, et je lui aurais montré combien c’est fantastique d’aimer. J’ose penser à ça alors que je l’ai trompé, que je lui ai prouvé qu’il avait raison quelque part. Mais s’il m’avait réellement aimé, s’il ne m’avait jamais trompé comme il le faisait, alors je… non, stop ! Je ne peux pas rejeter la faute sur lui. C’est mon erreur et je n’ai aucune excuse, je ne peux que l’assumer. Et puis en y réfléchissant, il a raison. C’est douloureux d’aimer. Je n’ai aimé que lui dans ma vie, et j’ai souffert, j’en souffre encore. Mais ça en vaut tellement la peine selon moi. Souffrir pour simplement mieux apprécier le bonheur lorsqu’on l’a enfin.
« Tu me gaves, putain. »
Un léger sourire étire mes lèvres. Je l’attendais celle là. Jaylen ne se confis jamais, encore moins sur ses sentiments, encore moins à moi. Alors je m’en doutais qu’il allait se reprendre et me gueuler dessus. C’est pas grave, maintenant au moins je sais qu’il a peur de souffrir, je ne fais plus que supposer que quelque chose cloche.
« Qu'est-ce que tu veux ? Que j'cuplabilise ? Pour toutes les fois où j't'ai parlé de mes amants? »
Je secoue la tête de droite à gauche tandis qu’il ricane, sans même me regarder. Non. Je n’ai jamais voulu le faire culpabiliser. Je voulais lui faire mal. C’est atroce à dire mais je voulais le voir souffrir d’apprendre que j’avais couché avec un autre, qu’il avait posé ses mains sur moi comme, lui, il l’avait fait, et que j’avais pris mon pied moi aussi, sans lui. Ce n’est pas vraiment de la méchanceté. Je voulais juste qu’il comprenne ce que je ressentais lorsqu’il me trompait ou qu’il osait me raconter en détails ses aventures, comme si simplement savoir qu’il s’envoyait en l’air à côté n’était pas assez douloureux. Mais là, tout de suite, tout ce que j’ai lâché, ce n’était pas non plus dans ce but. C’est la drogue je crois qui m’a fait parlé. Je ne me suis pas rendu compte de jusqu’où mes paroles allaient, et encore moins que le sujet pouvait le déranger. Son truc a aliéné mon raisonnement un instant.
« T'es quand même bien placé pour savoir que j'suis pas capable de faire ça. Pour ça faudrait déjà que j'aie une conscience aussi merdique et moralisatrice que tu sais l'être »
Qu’est-ce qu’il veut que je réponde à ça ? Rien. Déjà qu’avant j’encaissais sans broncher, là, je me contente de lâcher un soupire las. C’est assez chiant de s’en prendre plein la gueule, tout le temps, pour rien, mais je sais qu’il est comme ça, alors…
« C'est trop tard, de toute façon. Toi et moi c'est fini, plus la peine d'essayer de me comprendre. »
Je me raidi et mes mains se crispent soudainement sur mes genoux. C’est douloureux de l’entendre dire clairement que c’est terminé. Pourtant, depuis le temps, je le sais, mais l’effet est toujours le même. Et cette façon qu’il a de le dire, ça sonne comme un reproche. Mais je pense que la drogue me fait entendre ce que j’ai envie. S’il me le reprochait ça voudrait dire qu’il m’en veut, donc qu’il aurait aimé continué avec moi et finalement, qu’il avait au moins un peu de sentiments à mon égard. Mon esprit cogite plus que de raison, cherchant des lueurs d’espoirs là où il n’y en a pas. Je suis tellement pathétique.
« Et puis d'ailleurs, j'pige pas. Pourquoi tu te tapes pas quelqu'un si tu te sens tellement en manque ? Pourquoi te frustrer pendant si longtemps, au point d'te rabattre sur moi ensuite ? »
Je voudrais lui dire que c’est simplement parce que je n’ai envie de personne d’autre que lui. Que je l’aime et que c’est avec lui que je veux être, que je ne me rabats pas sur lui, qu’il est juste le seul. Mais je m’exprime de manière plus concise, sans réfléchir, sûrement parce que je sais qu’il a horreur qu’on s’étale en blabla et qu’on lui raconte sa vie. Pourtant c’est lui, là, qui me questionne, mais il faut croire que je ne cherche plus à être logique, juste à le contenter au mieux, et à l’emmerder le moins possible.
« J’couche pas avec n’importe qui. »
C’est tout. Rien de plus. Je ne suis même pas sûr qu’il m’ait entendu tant ma voix est faible, et vu qu’il me tourne le dos, je ne peux pas voir l’expression de son visage. Je me rends à peine compte que le sens de ma phrase n’est pas forcément clair. Je voulais lui dire que je couchais qu’avec ceux que j’aimais, et qu’il n’y avait que lui justement que j’aimais. Mais là… ça ressemble plus à quelqu’un cherchant à se taper une sorte d’élite et ne jetant pas son dévolu sur n’importe qui. Mais il me connaît, il doit savoir que ce n’est pas ça que j’ai voulu dire. Je me trouve tout même minable d’assurer ça alors que j’ai couché avec Damon… d’ailleurs, Jaylen y revient.
« Damon... T'es quand même nul, dans ton genre. Tu m'avais limite parlé d'un prince charmant alors que Damon n'a rien de ça. Il est même franchement louche ce type. Dire que j'ai pété un câble pour ça... »
Pété un câble ? Est-ce qu’il parle du moment où il l’a su ou bien d’après ? Est-ce qu’il a été jaloux ? Est-ce qu’il a cru que je le préféré à lui ? J’ai tellement envie d’y croire ! de croire qu’au fond il m’aime, mais qu’il ne veut pas l’avouer. Alors je me fais mes films, grâce à quelques mots qu’il a lâché, sans doute comme ça, sans réfléchir. J’ai dit quoi tout à l’heure ? Ah oui… pathétique.
Il se tourne vers moi et ses yeux s’accrochent aux miens, c’est déstabilisant, un peu trop même. Je suis certain que la suite va être importante, que je ne dois pas la prendre à la légère, alors je me suspends à ses lèvres – comme toujours.
« J't'ai fait fuir l'autre soir. Mais si j'avais été capable de me contenir... est-ce qu'on... »
Mon cœur loupe un sacré battement. J’ai bien compris là ? Oui, ça ne fait aucun doute possible ! Alors je m’empresse de lui répondre pour ne pas laisser ma chance s’envoler.
« Oui. Si tu ne m’avais pas dit que… enfin le truc avec Karo. Alors ouais, on serait encore ensemble. C’était juste trop gros à avaler. »
Ca l’est toujours. Mais s’il me disait là, maintenant, qu’il voulait bien qu’on recommence tous les deux, je fermerais les yeux. Je vivrais avec et l’enfouirais au plus profond de moi comme toutes ces autres choses désagréables et blessantes qui vont avec Jaylen.
« Oublie. J'veux dire... ça a juste plombé ma routine, du coup parfois j'me demande si ce serait pas mieux si... »
C’est un beau salop n’est-ce pas ? Oui, mais moi je ne garde que la fin et balaye le reste. Mon incroyable faculté à n’entendre et ne comprendre que ce que je veux est de retour. Ca lui a plombé sa routine ? et alors ? moi ce que je retiens, qu’il lui arrive parfois de penser à nous. A moi. A ce que nous avons été et a ce qu’il aurait aimé que nous restions. Et ça m’énerve ! Parce que je commence à croire que si je n’avais pas joué la comédie, si j’avais essayé d’aller vers lui, peut-être que les choses auraient été différentes. Au lieu de tenter de jouer un rôle ne m’allant pas, pourquoi n’ai-je pas été juste moi ? J’aurai du essayé avant toute chose, avant d’écouter Karo, qui disons-le franchement, n’a peut-être pas réellement voulu m’aider sur ce coup là.
Alors je me décide, la drogue m’aidant peut-être à me convaincre, mais ne me donne pas pour autant vraiment plus de courage.
« Tu sais… » J’hésite, fixe mes genoux à défaut de pouvoir le regarder lui, et me mordille la lèvre comme un idiot. « Quand j’t’ai fait croire que Damon était super et tout ça. C’était parce que je voulais que tu penses qu’on me désirait. Qu’on voulait de moi aussi. Que si je le voulais, je pouvais me trouver quelqu’un d’autre, même si j’en ai jamais eu envie. »
Je suis crispé, mais j’ose couler un regard intimidé vers lui. J’ai peur qu’il s’énerve et qu’il me gueule dessous pour avoir essayé de le prendre pour un con. Alors j’enchaîne, pour tenter de me préserver au moins d’une éventuelle engueulade.
« Pardon. Et pardon aussi de t’avoir trompé. Je voulais vraiment pas tu sais. Y’a que toi, y’a toujours eu que toi, et quand moi je dis ça, tu me croire. »
Je veux qu’il comprenne que se ne sont pas des paroles en l’air, pas comme celles que lui, a pu me sortir maintes et maintes fois.
Je me tourne complètement vers lui et tends la main qui vient à peine effleurer sa joue, je crois même que le bout de mes doigts ne le touche pas vraiment.
« Jay… » Je souffle douloureusement, même s’il m’a interdit de le nommer ainsi. Mon bras retombe et c’est trop dur. L’avoir en face de moi, si près, être seuls avec lui sans pouvoir le toucher, l’embrasser, ou juste prendre refuge dans ses bras, c’est insupportable. Les dernières semaines m’explosent à la figure et je n’arrive plus à feindre, ni à retenir tout ce que j’ai si bien dissimulé jusque là. Les larmes débordent et se mettent à couler abondamment le long de mes joues. Je n’y tiens plus, faisant fi de ma fierté – si j’en ai une – je me laisse tomber vers lui, l’emprisonnant de mes bras sans lui demander son avis. Il va sûrement me repousser, me crier dessus, mais je m’en fiche, je ne peux plus faire semblant, alors je craque et pas qu’un peu.
« Jay pardonne-moi, c’est trop dure. J’voulais pas te quitter, j’ai fait n’importe quoi, je sais. Je l’ai regretté au moment même ou je l’ai dit. » Je sanglote puis reprends, ma voix tremblante. « Reprends-moi, j’t’en pris Jaylen, me laisse pas. Je ferais c’que tu voudras. J’dirais plus rien, même si tu me trompes. J’te ferais plus chier avec ça. J’te promet de plus t’emmerder.J’veux juste être avec toi. J’vis plus tu sais, j’ai l’impression de crever un peu plus chaque jour sans toi. S’il te plait Jay… »
Je le bombarde de suppliques et d’aveux et franchement, s’il m’en mettait une, je comprendrais.
Je le relâche mais ne m’éloigne pas de lui pour autant. Je veux qu’il me reprenne, peu importe la raison, je veux être à nouveau à lui. Alors ma bouche va glisser sur sa mâchoire, l’embrasse, tandis que les larmes coulent toujours, comme si elles ne voulaient plus s’arrêter. Je sais à quel point avoir un chialeur le collant l’horripile, pourtant je n’arrive pas à arrêter, bien que j’ai cessé de sangloter comme une fille – ce qu’il dirait sûrement.
Mes yeux se plantent dans les yeux et je murmure doucement :
« Je t’aime. Je t’aime vraiment Jay, alors s’il te plait… »
« J’crois pas en ces conneries. »
Je sursaute, autant parce que j’étais bien loin dans mes pensées, que parce que je ne m’attendais pas à ce qu’il parle tout simplement. D’ailleurs, mes yeux se sont interrogateurs, je ne vois pas de quoi il parle. Je ne me souviens pas lui avoir parlé de quoi que se soit qu’il puisse qualifier de connerie. Je ne lui ai pas de fidélité, d’amour ou d’une de ces choses qui le font bien rire. Il joue avec le mouchoir que je lui ai mis autour de la main et le fix, et bizarrement, je ne m’en détache pas non plus.
« J’te l’ai dit des milliers de fois, que ça venait pas de toi. Que j’étais juste incapable de me satisfaire d’une seule personne, d'être… fidèle. C’était vrai. Ça n’a rien à voir avec c’que tu sais faire ou non, ou quoique ce soit du genre. J’sais pas l’être, c’est tout. J’ai jamais vu un couple durer et pour moi, l'amour, tout ça... c'est juste des conneries. De la poudre aux yeux. Alors plutôt que de m'enfoncer là-dedans pour finalement en souffrir... »
Je me sens… mieux. Parce qu’il me dit, comme toujours, que ça ne vient pas de moi, que c’est lui le problème, mais là, je sais que se ne sont pas de simples paroles pour que je lui foute la paix. Il n’a pas de raison de chercher à me mentir à présent, alors je me dis que je ne suis pas si merdique que ça. Et je le crois, pour de vrai cette fois. Pourtant je me sens tout aussi peiné. Pour lui, pour ce qu’il ressens, pour sa vision de l’amour et de ce qui tourne autour. En réalité, s’il n’a jamais cherché à vivre quelque chose de vraiment sérieux, s’il se perds dans d’autres bras constamment, c’est uniquement pour être sûr de ne pas tomber amoureux et de ne pas souffrir. J’ai… de la peine pour lui et j’ai envie d’aller me coller à lui, de le serrer contre moi et de m’excuser. Parce que si j’avais été une meilleure personne, celle qu’il lui fallait, si j’avais réussi à le faire tomber amoureux de moi, je lui aurais prouver qu’il avait tort, et je lui aurais montré combien c’est fantastique d’aimer. J’ose penser à ça alors que je l’ai trompé, que je lui ai prouvé qu’il avait raison quelque part. Mais s’il m’avait réellement aimé, s’il ne m’avait jamais trompé comme il le faisait, alors je… non, stop ! Je ne peux pas rejeter la faute sur lui. C’est mon erreur et je n’ai aucune excuse, je ne peux que l’assumer. Et puis en y réfléchissant, il a raison. C’est douloureux d’aimer. Je n’ai aimé que lui dans ma vie, et j’ai souffert, j’en souffre encore. Mais ça en vaut tellement la peine selon moi. Souffrir pour simplement mieux apprécier le bonheur lorsqu’on l’a enfin.
« Tu me gaves, putain. »
Un léger sourire étire mes lèvres. Je l’attendais celle là. Jaylen ne se confis jamais, encore moins sur ses sentiments, encore moins à moi. Alors je m’en doutais qu’il allait se reprendre et me gueuler dessus. C’est pas grave, maintenant au moins je sais qu’il a peur de souffrir, je ne fais plus que supposer que quelque chose cloche.
« Qu'est-ce que tu veux ? Que j'cuplabilise ? Pour toutes les fois où j't'ai parlé de mes amants? »
Je secoue la tête de droite à gauche tandis qu’il ricane, sans même me regarder. Non. Je n’ai jamais voulu le faire culpabiliser. Je voulais lui faire mal. C’est atroce à dire mais je voulais le voir souffrir d’apprendre que j’avais couché avec un autre, qu’il avait posé ses mains sur moi comme, lui, il l’avait fait, et que j’avais pris mon pied moi aussi, sans lui. Ce n’est pas vraiment de la méchanceté. Je voulais juste qu’il comprenne ce que je ressentais lorsqu’il me trompait ou qu’il osait me raconter en détails ses aventures, comme si simplement savoir qu’il s’envoyait en l’air à côté n’était pas assez douloureux. Mais là, tout de suite, tout ce que j’ai lâché, ce n’était pas non plus dans ce but. C’est la drogue je crois qui m’a fait parlé. Je ne me suis pas rendu compte de jusqu’où mes paroles allaient, et encore moins que le sujet pouvait le déranger. Son truc a aliéné mon raisonnement un instant.
« T'es quand même bien placé pour savoir que j'suis pas capable de faire ça. Pour ça faudrait déjà que j'aie une conscience aussi merdique et moralisatrice que tu sais l'être »
Qu’est-ce qu’il veut que je réponde à ça ? Rien. Déjà qu’avant j’encaissais sans broncher, là, je me contente de lâcher un soupire las. C’est assez chiant de s’en prendre plein la gueule, tout le temps, pour rien, mais je sais qu’il est comme ça, alors…
« C'est trop tard, de toute façon. Toi et moi c'est fini, plus la peine d'essayer de me comprendre. »
Je me raidi et mes mains se crispent soudainement sur mes genoux. C’est douloureux de l’entendre dire clairement que c’est terminé. Pourtant, depuis le temps, je le sais, mais l’effet est toujours le même. Et cette façon qu’il a de le dire, ça sonne comme un reproche. Mais je pense que la drogue me fait entendre ce que j’ai envie. S’il me le reprochait ça voudrait dire qu’il m’en veut, donc qu’il aurait aimé continué avec moi et finalement, qu’il avait au moins un peu de sentiments à mon égard. Mon esprit cogite plus que de raison, cherchant des lueurs d’espoirs là où il n’y en a pas. Je suis tellement pathétique.
« Et puis d'ailleurs, j'pige pas. Pourquoi tu te tapes pas quelqu'un si tu te sens tellement en manque ? Pourquoi te frustrer pendant si longtemps, au point d'te rabattre sur moi ensuite ? »
Je voudrais lui dire que c’est simplement parce que je n’ai envie de personne d’autre que lui. Que je l’aime et que c’est avec lui que je veux être, que je ne me rabats pas sur lui, qu’il est juste le seul. Mais je m’exprime de manière plus concise, sans réfléchir, sûrement parce que je sais qu’il a horreur qu’on s’étale en blabla et qu’on lui raconte sa vie. Pourtant c’est lui, là, qui me questionne, mais il faut croire que je ne cherche plus à être logique, juste à le contenter au mieux, et à l’emmerder le moins possible.
« J’couche pas avec n’importe qui. »
C’est tout. Rien de plus. Je ne suis même pas sûr qu’il m’ait entendu tant ma voix est faible, et vu qu’il me tourne le dos, je ne peux pas voir l’expression de son visage. Je me rends à peine compte que le sens de ma phrase n’est pas forcément clair. Je voulais lui dire que je couchais qu’avec ceux que j’aimais, et qu’il n’y avait que lui justement que j’aimais. Mais là… ça ressemble plus à quelqu’un cherchant à se taper une sorte d’élite et ne jetant pas son dévolu sur n’importe qui. Mais il me connaît, il doit savoir que ce n’est pas ça que j’ai voulu dire. Je me trouve tout même minable d’assurer ça alors que j’ai couché avec Damon… d’ailleurs, Jaylen y revient.
« Damon... T'es quand même nul, dans ton genre. Tu m'avais limite parlé d'un prince charmant alors que Damon n'a rien de ça. Il est même franchement louche ce type. Dire que j'ai pété un câble pour ça... »
Pété un câble ? Est-ce qu’il parle du moment où il l’a su ou bien d’après ? Est-ce qu’il a été jaloux ? Est-ce qu’il a cru que je le préféré à lui ? J’ai tellement envie d’y croire ! de croire qu’au fond il m’aime, mais qu’il ne veut pas l’avouer. Alors je me fais mes films, grâce à quelques mots qu’il a lâché, sans doute comme ça, sans réfléchir. J’ai dit quoi tout à l’heure ? Ah oui… pathétique.
Il se tourne vers moi et ses yeux s’accrochent aux miens, c’est déstabilisant, un peu trop même. Je suis certain que la suite va être importante, que je ne dois pas la prendre à la légère, alors je me suspends à ses lèvres – comme toujours.
« J't'ai fait fuir l'autre soir. Mais si j'avais été capable de me contenir... est-ce qu'on... »
Mon cœur loupe un sacré battement. J’ai bien compris là ? Oui, ça ne fait aucun doute possible ! Alors je m’empresse de lui répondre pour ne pas laisser ma chance s’envoler.
« Oui. Si tu ne m’avais pas dit que… enfin le truc avec Karo. Alors ouais, on serait encore ensemble. C’était juste trop gros à avaler. »
Ca l’est toujours. Mais s’il me disait là, maintenant, qu’il voulait bien qu’on recommence tous les deux, je fermerais les yeux. Je vivrais avec et l’enfouirais au plus profond de moi comme toutes ces autres choses désagréables et blessantes qui vont avec Jaylen.
« Oublie. J'veux dire... ça a juste plombé ma routine, du coup parfois j'me demande si ce serait pas mieux si... »
C’est un beau salop n’est-ce pas ? Oui, mais moi je ne garde que la fin et balaye le reste. Mon incroyable faculté à n’entendre et ne comprendre que ce que je veux est de retour. Ca lui a plombé sa routine ? et alors ? moi ce que je retiens, qu’il lui arrive parfois de penser à nous. A moi. A ce que nous avons été et a ce qu’il aurait aimé que nous restions. Et ça m’énerve ! Parce que je commence à croire que si je n’avais pas joué la comédie, si j’avais essayé d’aller vers lui, peut-être que les choses auraient été différentes. Au lieu de tenter de jouer un rôle ne m’allant pas, pourquoi n’ai-je pas été juste moi ? J’aurai du essayé avant toute chose, avant d’écouter Karo, qui disons-le franchement, n’a peut-être pas réellement voulu m’aider sur ce coup là.
Alors je me décide, la drogue m’aidant peut-être à me convaincre, mais ne me donne pas pour autant vraiment plus de courage.
« Tu sais… » J’hésite, fixe mes genoux à défaut de pouvoir le regarder lui, et me mordille la lèvre comme un idiot. « Quand j’t’ai fait croire que Damon était super et tout ça. C’était parce que je voulais que tu penses qu’on me désirait. Qu’on voulait de moi aussi. Que si je le voulais, je pouvais me trouver quelqu’un d’autre, même si j’en ai jamais eu envie. »
Je suis crispé, mais j’ose couler un regard intimidé vers lui. J’ai peur qu’il s’énerve et qu’il me gueule dessous pour avoir essayé de le prendre pour un con. Alors j’enchaîne, pour tenter de me préserver au moins d’une éventuelle engueulade.
« Pardon. Et pardon aussi de t’avoir trompé. Je voulais vraiment pas tu sais. Y’a que toi, y’a toujours eu que toi, et quand moi je dis ça, tu me croire. »
Je veux qu’il comprenne que se ne sont pas des paroles en l’air, pas comme celles que lui, a pu me sortir maintes et maintes fois.
Je me tourne complètement vers lui et tends la main qui vient à peine effleurer sa joue, je crois même que le bout de mes doigts ne le touche pas vraiment.
« Jay… » Je souffle douloureusement, même s’il m’a interdit de le nommer ainsi. Mon bras retombe et c’est trop dur. L’avoir en face de moi, si près, être seuls avec lui sans pouvoir le toucher, l’embrasser, ou juste prendre refuge dans ses bras, c’est insupportable. Les dernières semaines m’explosent à la figure et je n’arrive plus à feindre, ni à retenir tout ce que j’ai si bien dissimulé jusque là. Les larmes débordent et se mettent à couler abondamment le long de mes joues. Je n’y tiens plus, faisant fi de ma fierté – si j’en ai une – je me laisse tomber vers lui, l’emprisonnant de mes bras sans lui demander son avis. Il va sûrement me repousser, me crier dessus, mais je m’en fiche, je ne peux plus faire semblant, alors je craque et pas qu’un peu.
« Jay pardonne-moi, c’est trop dure. J’voulais pas te quitter, j’ai fait n’importe quoi, je sais. Je l’ai regretté au moment même ou je l’ai dit. » Je sanglote puis reprends, ma voix tremblante. « Reprends-moi, j’t’en pris Jaylen, me laisse pas. Je ferais c’que tu voudras. J’dirais plus rien, même si tu me trompes. J’te ferais plus chier avec ça. J’te promet de plus t’emmerder.J’veux juste être avec toi. J’vis plus tu sais, j’ai l’impression de crever un peu plus chaque jour sans toi. S’il te plait Jay… »
Je le bombarde de suppliques et d’aveux et franchement, s’il m’en mettait une, je comprendrais.
Je le relâche mais ne m’éloigne pas de lui pour autant. Je veux qu’il me reprenne, peu importe la raison, je veux être à nouveau à lui. Alors ma bouche va glisser sur sa mâchoire, l’embrasse, tandis que les larmes coulent toujours, comme si elles ne voulaient plus s’arrêter. Je sais à quel point avoir un chialeur le collant l’horripile, pourtant je n’arrive pas à arrêter, bien que j’ai cessé de sangloter comme une fille – ce qu’il dirait sûrement.
Mes yeux se plantent dans les yeux et je murmure doucement :
« Je t’aime. Je t’aime vraiment Jay, alors s’il te plait… »
Dernière édition par Kerr J. Travis le Sam 30 Jan - 20:14, édité 1 fois
Kerr J. Travis- L'amour n'a jamais été aussi aveugle.
- ♦ HIBOUX POSTÉS : 336
♦ ARRIVÉE : 08/12/2009
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
- « J’couche pas avec n’importe qui. »
Je hausse un sourcil circonspect dans sa direction, étonné par cette réplique. Il est élitiste, maintenant? Jusqu'à présent il n'a couché qu'avec... deux types, si je l'ai bien suivi. Moi et l'autre con. Et pour être honnête, il ne peut pas exister plus salauds que nous deux! Ce seraient donc ses principaux critères? Que le type ait comme gravé sur le front "je baise et je me tire", et il craque? Pour un gars qui recherche le bonheur, il fait quand même des sélections pour le moins… douteuses.
Mes doigts s’accrochent les uns aux autres, se délient et se nouent à nouveau, en des gestes saccadés rendus hésitants pas l’élancement que provoque ma blessure. C'est compulsif. Je sais mon raisonnement erroné parce qu'au fond, je connais trop bien Kerr pour ne pas comprendre le fond de sa pensée. Il ne se laisserait pas aller dans les bras du premier venu... pas sans une bonne raison. Un sourire fugace détend mes traits l'espace d'une seconde alors que cette pensée me plonge un peu plus loin dans mes souvenirs, me ramenant une époque qui me semble bien lointaine à présent. Les essais. C'était il y a… combien, déjà? Trois ans? Ou juste deux? Il n’y avait que le groupe qui comptait. Le groupe, notre musique, notre envie de gloire. Et le plaisir. La (presque) célébrité nous y donne droit, après tout. Non? À quoi sont sensés servir les fans, si ce n’est à passer entre nos draps pour être sagement engloutis, ensuite, par l'ombre de la foule qui nous acclame? La musique, le plaisir, et la liberté absolue.
Liberté à laquelle j’ai pourtant tourné le dos à l’arrivée de Kerr dans le groupe. Il ne couchait pas avec n’importe qui, plus encore à l’époque que maintenant; et pour l’avoir, j’étais prêt à… sortir avec lui. À m’enchaîner, en quelque sorte. Ce n’est que par la suite, qu'il m'a vraiment permis de le toucher. Pas qu'il se soit montré particulièrement farouche vis-à-vis de moi, non. C’est juste qu’il lui fallait… ce semblant de stabilité. L’impression de compter; de ne pas être qu’un corps que l’on baise une nuit et qu’on oublie au lever du jour.
En y repensant, j'ai l'étrange sensation de mettre le doigt sur quelque chose sans réellement parvenir à savoir quoi. Il y a quelques temps, j'aurais juré que par ces mots il affirmait ne passer ce cap qu'avec quelqu'un qui compte pour lui, mais les récents évènements m'obligent à croire que j'aurais fait erreur. Parce qu'il y a toujours cette faille, cette question récurrente : et Damon? S'il me fallait y croire, devrais-je aussi accepter que Kerr puisse éprouver quelque chose pour… lui? À croire tout ce qu'il m'a avoué la dernière fois, ce serait probable. Mes phalanges se contractent à cette idée, restes de fureur que ma fatigue finit par contenir. Je crois que même si cette seule idée suffit à me contrarier, j'aimerais continuer d'y croire. Parce que Kerr vient de me proposer qu'on couche encore, là, à l'instant, et que j'aimerais lire à travers cette proposition inattendue le manque de notre ancienne relation. Mais... il y a aussi la drogue. Il serait stupide de ma part de penser qu'il soit en mesure de réfléchir correctement, avec tout ce qu'il a avalé. Je me passe une main sur le front pour me rafraichir les idées, préférant faire cesser ces réflexions stériles, mais ne peux m’empêcher de lui faire part de ce que je pense que Damon. Louche… c’est bien là le terme le plus innocent qu'on puisse lui attribuer.
Faisant malgré moi fi de toutes mes bonnes résolutions, je finis par enchaîner sur les âneries qui me perturbent depuis des jours, mettant des mots sur la litanie de regrets qui me restent en travers de la gorge. Quel crétin je fais! Et lui qui prends le temps de me répondre…
« Oui. Si tu ne m’avais pas dit que… enfin le truc avec Karo. Alors ouais, on serait encore ensemble. C’était juste trop gros à avaler. »
Les truc avec Karo. Le pire des mensonges que j'aurais pu lui servir. Je sais bien, que c'est ce qui l'a fait craquer. C'était calculé. Cruel, mais entièrement voulu. Le faire souffrir : c’était bien mon but. Dommage que je sois parvenu à me plomber de même coup. Mon sourire se fait amer, cette fois, et je tente de me rattraper en lui demandant d'oublier mes conneries. Mais évidemment, le manque de sommeil, la drogue et le manque de lui m’en tirent une autre tout aussi énorme.
Je ne remarque même pas son changement d’attitude, trop concentré sur moi-même pour me rendre compte du regain d'espoir qui fait soudain briller ses prunelles. De même, je me rends à peine compte qu'il reprend la parole. C’est son hésitation qui parvient à retenir mon attention, son attitude criant presque qu’il s’apprête à dire quelque chose d’important.
« Tu sais… » - Il s’interrompt, et je prends sur moi pour ne pas le presser de parler… bien que c’aurait été une réaction parfaitement habituelle, venant de moi. « Quand j’t’ai fait croire que Damon était super et tout ça. C’était parce que je voulais que tu penses qu’on me désirait. Qu’on voulait de moi aussi. Que si je le voulais, je pouvais me trouver quelqu’un d’autre, même si j’en ai jamais eu envie. »
Il se crispe nettement tandis que je fronce les sourcils, et nos regards se croisent. Mes lèves s'entrouvrent sur une remarque qu'il s'empresse de devancer.
« Pardon. Et pardon aussi de t’avoir trompé. Je voulais vraiment pas tu sais. Y’a que toi, y’a toujours eu que toi, et quand moi je dis ça, tu peux me croire. »
… Je suspends tout geste, perturbé par la désagréable sensation que cette merde qui bat là, juste au creux de ma poitrine, vient de louper un battement. Ou deux. J'entends ses mots, mais refuse de leur attribuer le sens le plus évident qu'ils puissent avoir. Il ne peux pas penser ça… je sais qu’il ne peut pas. Ses doigts se tendent dans ma direction et je me tasse sur moi-même, inconsciemment, ne pouvant m’empêcher de m’éloigner de lui – comme pour me protéger des confidences qui continuent de pleuvoir. Comme pour me protéger de cette main qui se fait trop douce, trop caressante pour ne pas attiser ma méfiance. Je n’aime pas ce geste. Il ressemble trop à notre avant. Perdant tout à coup son élan, il s’arrête, laisse retomber son bras sur le canapé dans un souffle.
« Jay… »
J’expire.
L’envie de bien le prendre me terrasse un instant. D'essayer d’y croire, de laisser de côté mes doutes ne serait-ce qu'un moment. Mais l'habitude à tôt fit de reprendre ses droits et je réplique.
« Jaylen ».
Un peu trop sèchement, encore. Comme on reprendrait un gamin un peu dur d'oreille. J'ai l'impression que ma voix claque trop bruyamment dans la salle qui nous enferme, juste lui et moi. Et lorsque des larmes se mettent soudain à dévaler ses joues, la morsure de la culpabilité se fait presque douloureuse. Je sais qu’elles sont pour moi, ces larmes. Qu’elles ne sont d’ailleurs ni les premières, ni les dernières que je lui aurai fait verser. Sauf que cette fois, je ne sais pas trop quoi en faire.
« Jay pardonne-moi, c’est trop dure. J’voulais pas te quitter, j’ai fait n’importe quoi, je sais. Je l’ai regretté au moment même ou je l’ai dit.
Il a la voix qui tremble, rendue peu sûre par une sorte de... désespoir, que je ne comprends pas.
« Reprends-moi, j’t’en pris Jaylen, me laisse pas. Je ferais c’que tu voudras. J’dirais plus rien, même si tu me trompes. J’te ferais plus chier avec ça. J’te promet de plus t’emmerder.J’veux juste être avec toi. J’vis plus tu sais, j’ai l’impression de crever un peu plus chaque jour sans toi. S’il te plait Jay… »
Je n’arrive juste pas à distinguer ses phrases les unes des autres. Je ne peux pas croire qu’il dise… ça. Je crois que je ne veux tout bêtement pas y croire. Pourtant, le tout ne dure qu’un moment avant qu'il ne s'éloigne; avant qu’il ne fasse pire. Je sens sa bouche glisser contre ma peau, réapprendre ma mâchoire et se poser sur la mienne. Je sens ses larmes dérangeantes s'accrocher à mes joues et y rester, même alors qu’il recule. Ses « je t’aime » transpercent le brouillard cotonneux qui me rend sourd et aveugle de tout ce qui n'est pas lui.
C’est juste… trop.
J’ouvre la bouche puis la referme; réitère mon manège à trois ou quatre reprises sans vraiment savoir quoi lui dire. Il veut que je... qu'on...
M’humectant les lèvres d’un geste lent, je tente de reprendre mes esprits pour ne pas me laisser influencer par ce truc qui me hurle, quelque part au fond de moi, de lui dire oui sans attendre. Cette fois encore je me laisserai conduire par ma tête plutôt que par mon traître de coeur. Même s’il doit en saigner, encore et encore.
Je me redresse, quittant le fauteuil qu’on partageait jusqu’à maintenant, et je m’éloigne d’un pas sans le quitter des yeux. J’ai envie… envie de fuir. Alors qu’il vient tout juste de me dire exactement ce je rêvais d'entendre depuis... une éternité. Je jette un coup d’œil à la porte de la salle, à travers laquelle je peux presque deviner les éclats de rire et le brouhaha joyeux des couloirs de Poudlard. L’espace d’un instant, je me demande pourquoi on est là, lui et moi, à se torturer comme des cons pour une histoire de cœur, alors qu'on serait bien mieux dehors. Bien mieux, loin l’un de l’autre.
Mon souffle se bloque, mais ces derniers mots continuent de résonner en moi et, étrangement, ils sont douloureux, eux aussi. Douloureux comme les larmes qui humidifiaient les jours de Kerr et qui brûlent tout autant les miennes. À peine m'en suis-je rendu compte que je lève une mains vers ma joue, tâtant de la pulpe de mes doigts le sillon cristallin persistant. Il a pleuré contre moi. Il m'a embrassé. Il m'a supplié de le reprendre en me disant qu'il...
« Dis pas ça », je murmure en fixant mes doigts, incapable d'élever la voix.
Je devrais lui gueuler dessus, non? Lui dire qu’il n’est franchement qu’un crétin, et que j’en ai assez de l’entendre chialer pour un rien. Ou je devrais le prendre dans mes bras et…
« T’as plus besoin de dire ça, on n'est... »
Plus ensembles. Ça va, je crois qu’il a finit par comprendre, à force. Un rire nerveux m'échappe tandis que je porte mon pouce à mes lèvres, me rongeant nerveusement l'ongle en fixant ses les voir les restes de la cuite que j'avais prévu de me prendre.
« T’es un tel salaud, bordel. »
Je ne comprends pas son but. Pourquoi me faire miroiter ça, alors même que j’essaye de m’en sortir? De l’oublier?
« On n’était pas fait pour être ensemble. J’suis pas fait pour être en couple, et deux ans c'est déjà un putain d'exploit alors... »
Ouais... c’est le raisonnement qui m’a poussé à faire de mon mieux pour le faire craquer. Et rompre. Je le traite de salaud? Pourtant, dans tout ça, c'est lui qui souffre. Lui qui pleure. Lui qui s'aplatit, cette fois encore. Pour que je le reprenne.
Les battements s’affolent tout à coup, comme pour me rappeler que c'est en écoutant ma tête que je nous ai plongés dans cette spirale infernale. Lorsque je relève les yeux vers lui, mon regard est perdu entre la scène actuelle et le souvenir de celle qui s'est jouée il y a des mois. Je retourne vers lui, me baisse à sa hauteur et me rapproche jusqu'à ce qu'on ne soit plus séparés que par quelques risibles centimètres, et j’inspire profondément pour m’abreuver de son odeur. C'est évident... je me suis privé de lui. Je l’ai tenu éloigné de moi, durant toutes ces années, pour finalement pour lui cracher à la gueule de pseudo sentiments à l’égard de sa meilleure amie. Alors que…
« C’était faux. »
Je porte une main à sa joue – celle engoncée dans son foulard - et me force à aller plus loin. Mais les mots me pèsent aussi lourdement que des pierres, et je peine à exprimer le fond de ma pensée. Ma main libre s’accroche à la sienne, la serre très fort, comme pour le supplier de comprendre par lui même ce que je n’arrive pas à dire.
« C’était… complètement stupide de ma part, j'le pensais pas, tu sais? Tout ce que je t’ai dit, c’était juste… »
Je suis incapable d’affronter son regard en avouant ça. Détournant soudain les yeux, je laisse échapper un soupir frustré et lâche sa joue pour ébouriffer mes mèches rebelles, cherchant le courage de lui dire la vérité. C’est bien connu : je suis un lâche. Et je lui ai servi tant de mensonges, depuis toujours, que...
« Karolyn et moi, je reprends d’une voix atone, on a couché ensemble quelque fois. Je fronce les sourcils, cherchant le meilleur moyen de m'exprimer. Ç’était… bizarre. Et dérangeant. Mais elle m’attirait irrémédiablement, à l’époque. »
Celle de mes mains qui s'agrippe aux siennes ressert encore sa prise, comme pour le supplier de ne pas fuir, le temps que je parvienne à me dépêtrer de mes pensées pour… m'excuser. À ma façon.
« Vous ne vous connaissiez pas, ou peu, à ce moment là, et elle ne savait pas qu'on était... en couple, de toute façon. J'comprenais pas ce qui m'attirait tant en elle. Je n'ai su que plus tard qu'en fait... elle et moi… »
Non. Je ne peux pas lui dire ça. C'est un secret trop lourd, trop dérangeant, que je préférerais largement enfouir en moi et oublier. Le dire à voix haute serait comme... l'assumer. Et ça, je ne suis toujours pas prêt à le faire. Je fronce les sourcils, me mord un instant la lèvre inférieure, une mous écœurée barrant mes traits, avant de me reprendre.
«Je n’ai su que plus tard pourquoi j’avais été incapable de lui résister. L'autre soir j't’ai dit que c'était parce qu'elle comptait à mes yeux. - je relève enfin la tête dans sa direction et le fixe, l'obligeant à ancrer son regard au mien. Je veux qu'il voie que je suis sincère, cette fois. Que ce que je m'apprête à lui dire, je le pense vraiment. C'était faux. J’ai jamais rien ressenti pour elle, jamais. Rien d’aussi… beau, que ce que tu t'évertuais à m'offrir depuis tout ce temps. Un désir malsain peut-être, mais... – je grimace à nouveau, ferme les paupières un seconde et grince entre mes dents - putain j’me dégoute. »
Mais ce n'est pas vraiment le moment pour ça. Je prends sur moi pour cesser de me morfondre sur mon propre sort et mettre de côté le problème Karolyn.
« Je salis toujours tout, tu l'sais bien. Je voulais tellement te faire fuir... j'avais des raisons, mais je sais plus lesquelles. Ça m'avait l'air tellement logique, pourtant! Je crois que j't'en voulais juste un peu trop pour Damon. Tu avais l'air tellement heureux, rien qu'en mentionnant le moment que vous aviez passé ensembles, que j’ai vu rouge et j’ai déconné. C’est pas une excuse, je sais… mais c’est la seule que j’ai. »
J’hésite encore un instant, parce que continuer équivaut à me dévoiler un peu plus et que je n’aime pas ça. Mais je suppose que je le lui dois bien, après tout ce que je lui ai fait vivre… inutilement. Ma voix se fait murmure, cette fois encore, et je porte ses mains à les lèvres pour souffler contre sa peau :
« Tu m’as tellement manqué... »
Je pose un baiser sur ses phalanges mais me tends irrémédiablement, comme je si je m'attendais encore à l'entendre se moquer de ce que je viens de dire. Je lui ai fait du mal; qu'est-ce qui l'empêcherait de jouer la comédie pour m’arracher tout ça, et me révéler en suite qu’il n’en pensait pas un mot?
« Toi t’avais l’air tellement heureux, quand t’es parti. C'était insupportable. Te voir plus souriant que jamais... j'avais juste l'impression que tu t’étais libéré d'un poids, en me quittant. »
Je n'arrive même pas à lui glisser un sourire auto dérisoire – le sourire se fait grimace, je crois.
« Je savais que j’avais tout fait pour en arriver là, j'croyais que tu serais le seul à en souffrir, et au final je me retrouvais comme un con à penser tout le temps à toi... alors que tu t'en étais complètement remis. »
Me remémorer tout ça m'aide à remettre les pieds sur terre. Il n'aurait pas joué la comédie... pas pour ça. Il se sentait bien, pour de vrai. Sans moi. Je le relâche et me redresse lentement, cessant enfin de me ridiculiser pour rien alors que la réalité me revient en pleine face.
« Je sais pas c’que t’as ce soir. C’est peut-être l'attaque d'il y a quelques jours qui te reste au travers de la gorge... et tu te raccroches à ce que tu crois avoir perdu pour essayer de surmonter. Ou alors, je reprends avec un rire crispé c'est c’que je t’ai refilé qui te rend nostalgique. »
Je libère un peu d'espace sur la table et m'y assois, face à lui, les coudes appuyés sur mes genoux, les yeux fixés sur mes mains jointes.
« J'sais qu'je suis un sale type, mais ce serait quand même moche de ma part de profiter de ton état pour t'emprisonner dans une relation instable, qui te brise. Et puis je suis pas certain de supporter de te voir faire marche arrière demain, quand t'auras repris tes esprits. C'est quand même foutrement douloureux, même pour un masochiste comme moi qui passe son temps à tout faire foirer. »
Cette fois j’y arrive – à sourire. Parce que je me trouve tellement pathétique que je ne peux m’empêcher de penser qu’il m’est, de toute façon, impossible de me montrer plus ridicule encore.
Jaylen Killam- ♦ HIBOUX POSTÉS : 331
♦ ARRIVÉE : 28/10/2009
♦ ANNÉE : 6ème
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
Il se redresse, me laissant seul avec mes questions. Et même si je sais qu’il va me gueuler dessus pour l’empoisonner avec mes sentiments et mes états d’âme, j’espère quand même, qu’il me reprendra. Je n’ai pas menti, c’est bien trop dur sans lui. Limite atroce. Le voir, chaque jour, faire comme si de rien n’était. Dissimuler ma peine et jouer les types bien dans sa peau alors qu’en réalité mon cœur se meurt lentement de le voir sans l’avoir. Je savais déjà combien il était important pour moi, combien je l’aimais. Mais je n’ai compris qu’après l’avoir quitté qu’il était vital à ma survie. Mon univers c’est lui et rien d’autre. Oui c’est un beau salop infidèle, mais franchement je souffre tellement sans lui à mes côtés que je suis prêt à toutes les concessions. On peut reprendre comme avant, ça m’ira largement. Et même si je souffre, même si je pleure de la savoir avec un(e) autre, je ne dirai rien. Je ne l’emmerderais plus pour qu’il se fâche et me répète encore une fois une de ses excuses maintes fois expliquées. Je peux le faire. Pour être avec lui, je peux tout faire.
« Dis pas ça »
Il ne crie pas, il ne semble pas en colère contre moi… c’est ce qui retient le plus mon attention. Ses paroles aussi tout de même. Je ne les comprends pas. Pourquoi ne veut-il pas que je dise ça ? Ca le fait souffrir ? ou il s’en fiche tout simplement et n’a pas vraiment envie de me rembarrer méchamment ?
« T’as plus besoin de dire ça, on n'est... »
Je baisse les yeux et retiens un sanglot. Oui, je le sais. Mais ce n’est pas pour ça que je le dis. Pas par obligation ou quoi que ce soit du même genre. Je le dis parce que même si on est plus ensemble, je l’aime. Mais mes mots ont l’air d’avoir eu plus d’impact que je ne le pensais, et je vois Jaylen comme nerveux.
« T’es un tel salaud, bordel. » C’est un regard étonné que je lève vers lui. Moi ? un salop ? « On n’était pas fait pour être ensemble. J’suis pas fait pour être en couple, et deux ans c'est déjà un putain d'exploit alors... »
Pas fait pour être ensemble, hein ? et alors ? ce n’est pas parce qu’on n’est pas compatibles qu’on ne peut pas s’aimer. Enfin, que je ne peux pas l’aimer plutôt. J’ai envie de lui dire, de lui expliquer ce fait pourtant évident mais le voir se rapprocher de moi, s’agenouiller pour être à ma hauteur, comme s’il voulait me dire quelque chose d’important, m’empêche d’ouvrir la bouche. Il est si près, tellement près. Je ferme les yeux un instant et me laisse bercer par sa présence toute proche. Je voudrait qu’il ne s’éloigne plus jamais, qu’il me laisse profiter de sa présence qui plait et m’apaise sans ne plus jamais m’en priver.
« C’était faux. »
Je rouvre les yeux dans laquelle une lueur interrogative brille. Je ne comprends pas de quoi il parle. En même temps, il n’est pas réellement explicite. Pourtant je m’en contente attendant qu’il daigne m’expliquer la suite, et sa main venant se poser sur ma joue me surprend tout autant que celle qui s’agrippe à la mienne. Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes d’agir de cette façon. Je ne le reconnais que très peu dans son attitude, pourtant loin de moi l’idée de le lui faire remarquer.
« C’était… complètement stupide de ma part, j'le pensais pas, tu sais? Tout ce que je t’ai dit, c’était juste… »
Ce qu’il m’a dit… quand ? Serait-ce possible que… Je n’ose y croire, mais je cherche la réponse dans son regard. Cependant, ce dernier me fuit et je fronce les sourcils. C’est encore moins son genre de détourner ainsi le regard.
« Karolyn et moi »
Je me tends. Je n’aime pas l’entendre les mentionner, eux deux. Pourtant je crois qu’il est en train de me dire qu’il m’a menti à son sujet. Mais je n’ai pas envie de tirer des conclusion trop hâtives et de me faire d’autant plus mal par la suite, aussi j’attends qu’il reprenne bien sagement, même si je bous littéralement à l’intérieur.
« On a couché ensemble quelque fois. Ç’était… bizarre. Et dérangeant. Mais elle m’attirait irrémédiablement, à l’époque. »
Je ferme à nouveau les yeux, mais c’est la peine qui m’y oblige cette fois. Je serre les dents et je voudrais porter mes mains à mes oreilles pour ne plus l’entendre. Bon sang ! On n’est plus ensemble comme il le dit si bien, je n’ai plus à supporter ça. Je ne veux pas l’entendre parler d’elle, du fait qu’ils ont coucher ensemble un certain nombre de fois. Je ne rien savoir là-dessus ! Mais sa main à lui serre tellement fort les miennes que je n’arrive pas à lui échapper – je n’en ai pas envie non plus. Quelque part, je crois que s’il me dit tout ça, ce n’est pas par pu plaisir sadique, comme il l’a déjà fait auparavant, mais parce qu’il essaie de me dire quelque chose.
« Vous ne vous connaissiez pas, ou peu, à ce moment là, et elle ne savait pas qu'on était... en couple, de toute façon. J'comprenais pas ce qui m'attirait tant en elle. Je n'ai su que plus tard qu'en fait... elle et moi… »
Elle et lui… ? Je suis tout d’un coup curieux de ce que signifie ce elle et lui. Moi qui ne voulais rien savoir encore quelques secondes auparavant, je me demande ce qui l’attirait tant chez elle. Non, je me demande juste en réalité ce qu’il apprit tout simplement. Mais il ne semble pas vouloir me le dire, du moins pas maintenant et continu sur sa lancé au omettant ce détail.
« Je n’ai su que plus tard pourquoi j’avais été incapable de lui résister. L'autre soir j't’ai dit que c'était parce qu'elle comptait à mes yeux. C'était faux. J’ai jamais rien ressenti pour elle, jamais. Rien d’aussi… beau, que ce que tu t'évertuais à m'offrir depuis tout ce temps. Un désir malsain peut-être, mais... putain j’me dégoûte. »
Mon cœur a du louper plusieurs battements, ou alors il s’est mit à battre tellement vite que je n’arrive plus à le sentir correctement. Il ne… l’aime pas. Il m’a menti ! Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux qu’il me raconte un mensonge que maintenant. Je pourrais en pleurer de joie et de soulagement. Mon Jaylen n’a pas de sentiment pour Karolyn. Je le crois de tout mon être lorsqu’il me l’affirme. Pas parce qu’il me fixe avec cette sincérité saisissante, mais parce que je sais qu’il n’a pas de raison de mentir là-dessus, pas cette fois. Je pourrais lui sauter au cou pour cet aveu, mais j’ai l’impression qu’il n’a pas fini de se confier – Jaylen se confiant, c’est tellement inédit que ça semble n’être que du fantasme. Alors je reste suspendu à ses lèvres, avide de la suite.
« Je salis toujours tout, tu l'sais bien. Je voulais tellement te faire fuir... j'avais des raisons, mais je sais plus lesquelles. Ça m'avait l'air tellement logique, pourtant! Je crois que j't'en voulais juste un peu trop pour Damon. Tu avais l'air tellement heureux, rien qu'en mentionnant le moment que vous aviez passé ensembles, que j’ai vu rouge et j’ai déconné. C’est pas une excuse, je sais… mais c’est la seule que j’ai. »
Je secoue lentement la tête. Franchement, c’est une excuse que je comprends, et même qui me fait… plaisir. Ca veut dire qu’il était jaloux ? qu’il n’a pas supporté de m’imaginer avec un autre ? C’est ce que je cherchais n’est-ce pas ? Alors la faute ne m’en incombe qu’un peu plus. Car si je suis déjà celui qui a mit fin à notre relation, je suis celui qui l’a poussé à bout pour qu’il cherche la rupture. Tout est… de ma faute. Je suis le seul responsable de ma souffrance, et de la… sienne ?
Ses lèvres s’approchent de mes mains et je frisonne en sentant simplement son souffle buter dessus. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour le sentir contre ma nuque, ou contre n’importe quelle partie de mon corps qui le réclame tout autant que mon cœur depuis si longtemps.
« Tu m’as tellement manqué... »
Je n’en crois pas mes oreilles. Je n’aurai jamais pensé qu’il m’avouerait une telle chose. Et c’est tellement unique, que ça vaut bien tout les je t’aime du monde. Sa bouche embrassant mes mains me fait doucement frémir. Je n’ai pas besoin de plus. Je n’en désirais même pas tant. Je veux que lui et moi, nous reformions un nous deux. Je ne l’ai jamais plus désiré qu’à cet instant. Je suis plus sûr de moi que jamais. C’est avec lui que je veux être, lui et personne d’autres. Pourtant, même si je considère qu’il m’a beaucoup offert en démentant ses sentiments pour Karolyn et en m’avouant lui avoir manqué, il ne s’arrête pas là, gonflant un peu mon cœur d’amour et de joie.
« Toi t’avais l’air tellement heureux, quand t’es parti. C'était insupportable. Te voir plus souriant que jamais... j'avais juste l'impression que tu t’étais libéré d'un poids, en me quittant. Je savais que j’avais tout fait pour en arriver là, j'croyais que tu serais le seul à en souffrir, et au final je me retrouvais comme un con à penser tout le temps à toi... alors que tu t'en étais complètement remis. »
Même si je suis heureux d’apprendre qu’il n’a pas cessé de penser à moi, et que les plans de Karo ont marché comme nous le voulions, je ne peux m’empêcher de ressentir de la peine à l’égard de Jaylen. Je l’ai fait souffrir, volontairement. Je ne pensais pas qu’il souffrirait. Je voulais juste qu’il ait envie d’être avec moi. Mais les faits sont là et je m’en veux de lui avoir imposé ça. Surtout qu’il semble vraiment croire que je m’en étais remis alors que c’était tout l’inverse.
Il se relève et je désespère de le voir s’éloigner de moi, encore.
« Je sais pas c’que t’as ce soir. C’est peut-être l'attaque d'il y a quelques jours qui te reste au travers de la gorge... et tu te raccroches à ce que tu crois avoir perdu pour essayer de surmonter. Ou alors c'est c’que je t’ai refilé qui te rend nostalgique. »
Je me crispe alors qu’il parle de cette nuit terrible, l’image de la rouge et or, sans vie, me revenant de plein fouet, et je serre mes poings. J’essaie de chasser ce souvenir trop vivace de mon esprit. Me concentrer sur Jaylen. Il n’y a que lui et uniquement lui qui compte à cet instant. Et il m’agace à croire que je ne sais pas ce que je dis, ce que je veux. A penser qu’il y a quelque chose qui se cacher sous mes suppliques. C’est pourtant pas compliqué : je l’aime !
« J'sais qu'je suis un sale type, mais ce serait quand même moche de ma part de profiter de ton état pour t'emprisonner dans une relation instable, qui te brise. Et puis je suis pas certain de supporter de te voir faire marche arrière demain, quand t'auras repris tes esprits. C'est quand même foutrement douloureux, même pour un masochiste comme moi qui passe son temps à tout faire foirer. »
Je soupire, un peu trop lourdement, et je me penche, déposant mes mains de part et d’autre de ses cuisses sur la table qu’il vient de faire un siège pour y prendre appuie. Je contourne ses mains jointes pouvant être un obstacle et mes lèvres s’écrasent sur les siennes pour le faire taire. Mais aussi parce que j’en meurs d’envie, avouons-le.
Je me recule doucement, mon regard s’accrochant au sien tandis que je murmure :
« T’es tellement stupide parfois. »
Je me laisse glisser à genoux au sol et mes bas entour sa taille tandis que je pose ma tête sur ses genoux.
« La drogue ou même ce qu’il s’est passé… » Je frémis à cette simple mention. « Tout ça n’a rien à voir là dedans. C’est vrai que ce que tu m’as donné me fait me sentir un peu… étrange, mais ça ne change rien à mes sentiments. J’t’aime c’est tout. Je veux être avec toi, tant pis si c’est douloureux, ça ne le sera jamais autant que maintenant. »
Je relève la tête vers lui et me tends pour aller de nouveau lui voler ses lèvres. Si c’est la dernière fois qu’il me laisse faire, autant que j’en profite, même si c’est peu.
Finalement je me laisse retomber par terre, mon dos appuyé contre les pieds du canapé, mes jambes replié vers moi puisque que la proximité avec la table ne me permet pas de faire autrement. Je penche la tête en arrière, la déposant sur l’assise du meuble et je fixe le plafond alors que je me lance dans mes explications.
« Je n’ai jamais bien vécu notre séparation, j’ai fait… semblant. Je pensais qu’en ayant regoûté à la liberté, tu ne voudrais plus d’encombrer d’un chieur tel que moi, que tu ne voudrais plus me reprendre. J’étais tellement malheureux… Karo m’a dit de jouer cette comédie. Elle disait que si tu me voyais comme quelqu’un de plus… plus comme toi en faite, tu aurais envie de revenir. »
Un sourire amer glisse sur mes lèvres. Ca a plus ou moins marché quand on y pense. Pourtant je ne voulais pas lui faire de mal, ce que j’ai fait si j’ai bien compris.
« tout ce que je disais, tout ce que je faisais n’avait que pour but de te récupérer. »
Je redresse la tête et glisse la main sur ma nuque.
« Même ton collier. Si je l’ai enlevé, c’est parce que Karo pensait que ça te ferait croire que je passais le cap et que je ne me raccrochais pas à toi, que tu me perdais pour de bon en quelque sorte. J’étais septique mais elle m’a assuré que tu voudrais plus quelque chose qui t’échappe que quelque chose que tu peux avoir en te baissant seulement. Ca m’a fait bizarre de l’enlever. Par contre, elle voulait que je le lui donne pour être sûre que je ne le remettrais pas, mais ça j’ai pas pu. »
Je glisse ma main dans la poche de mon pantalon, me contorsionnant quelque peu pour en extirper le dit collier et je le tends vers Jaylen.
« J’avais déjà l’impression d’être nu sans… alors je l’ai gardé dans mes poches à défaut de pouvoir l’avoir autour du cou. »
Je me penche un peu tout en me redressant et attrape la main de Jaylen dans laquelle je dépose le bijou avant de refermer ses doigts dessus.
« Tu devrais le reprendre. J’me rends compte que c’est quelque chose que je t’ai réclamé comme un gamin capricieux, c’est pas vraiment venu de toi et c’est pas cool comme comportement, alors même si c’est un peu tard : pardon de t’avoir fait chier avec ça. »
Je soupire et passe une main dans mes cheveux sans trop oser le regarder.
« Tu vois, j’l’ai pas si bien vécu que ça cette rupture. Ca m’a complètement anéantie, au point que j’étais prêt à faire n’importe quoi pour que tu me reviennes. Enfin, j’ai eu tout de même des limites… Karo avait tout un tas d’autres plans pour m’aider. Elle disait que je devais en profiter, coucher un peu à droite et à gauche et te laisser le comprendre après. C’est limite si elle ne m’avait pas fait une liste de candidats potentiels. » Je ris doucement en me souvenant de Karo, toute contente et fière de son idée. Essayant de me convaincre du bien fondé de celle-ci et surtout, me glissant à l’oreille que Damon n’attendait que de recommencer. Je frissonnais à ce souvenir mais le chassais bien vite pour reprendre.
« Enfin ça, c’était trop pour moi… J’ai jamais voulu qu’un autre que toi me touche, même si j’ai déconné une fois. »
J’avoue dans un souffle et baisse les yeux. Je ne sais pas où on va, ce qu’il décidera mais au moins, j’aurai fini par être honnête.
« Dis pas ça »
Il ne crie pas, il ne semble pas en colère contre moi… c’est ce qui retient le plus mon attention. Ses paroles aussi tout de même. Je ne les comprends pas. Pourquoi ne veut-il pas que je dise ça ? Ca le fait souffrir ? ou il s’en fiche tout simplement et n’a pas vraiment envie de me rembarrer méchamment ?
« T’as plus besoin de dire ça, on n'est... »
Je baisse les yeux et retiens un sanglot. Oui, je le sais. Mais ce n’est pas pour ça que je le dis. Pas par obligation ou quoi que ce soit du même genre. Je le dis parce que même si on est plus ensemble, je l’aime. Mais mes mots ont l’air d’avoir eu plus d’impact que je ne le pensais, et je vois Jaylen comme nerveux.
« T’es un tel salaud, bordel. » C’est un regard étonné que je lève vers lui. Moi ? un salop ? « On n’était pas fait pour être ensemble. J’suis pas fait pour être en couple, et deux ans c'est déjà un putain d'exploit alors... »
Pas fait pour être ensemble, hein ? et alors ? ce n’est pas parce qu’on n’est pas compatibles qu’on ne peut pas s’aimer. Enfin, que je ne peux pas l’aimer plutôt. J’ai envie de lui dire, de lui expliquer ce fait pourtant évident mais le voir se rapprocher de moi, s’agenouiller pour être à ma hauteur, comme s’il voulait me dire quelque chose d’important, m’empêche d’ouvrir la bouche. Il est si près, tellement près. Je ferme les yeux un instant et me laisse bercer par sa présence toute proche. Je voudrait qu’il ne s’éloigne plus jamais, qu’il me laisse profiter de sa présence qui plait et m’apaise sans ne plus jamais m’en priver.
« C’était faux. »
Je rouvre les yeux dans laquelle une lueur interrogative brille. Je ne comprends pas de quoi il parle. En même temps, il n’est pas réellement explicite. Pourtant je m’en contente attendant qu’il daigne m’expliquer la suite, et sa main venant se poser sur ma joue me surprend tout autant que celle qui s’agrippe à la mienne. Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes d’agir de cette façon. Je ne le reconnais que très peu dans son attitude, pourtant loin de moi l’idée de le lui faire remarquer.
« C’était… complètement stupide de ma part, j'le pensais pas, tu sais? Tout ce que je t’ai dit, c’était juste… »
Ce qu’il m’a dit… quand ? Serait-ce possible que… Je n’ose y croire, mais je cherche la réponse dans son regard. Cependant, ce dernier me fuit et je fronce les sourcils. C’est encore moins son genre de détourner ainsi le regard.
« Karolyn et moi »
Je me tends. Je n’aime pas l’entendre les mentionner, eux deux. Pourtant je crois qu’il est en train de me dire qu’il m’a menti à son sujet. Mais je n’ai pas envie de tirer des conclusion trop hâtives et de me faire d’autant plus mal par la suite, aussi j’attends qu’il reprenne bien sagement, même si je bous littéralement à l’intérieur.
« On a couché ensemble quelque fois. Ç’était… bizarre. Et dérangeant. Mais elle m’attirait irrémédiablement, à l’époque. »
Je ferme à nouveau les yeux, mais c’est la peine qui m’y oblige cette fois. Je serre les dents et je voudrais porter mes mains à mes oreilles pour ne plus l’entendre. Bon sang ! On n’est plus ensemble comme il le dit si bien, je n’ai plus à supporter ça. Je ne veux pas l’entendre parler d’elle, du fait qu’ils ont coucher ensemble un certain nombre de fois. Je ne rien savoir là-dessus ! Mais sa main à lui serre tellement fort les miennes que je n’arrive pas à lui échapper – je n’en ai pas envie non plus. Quelque part, je crois que s’il me dit tout ça, ce n’est pas par pu plaisir sadique, comme il l’a déjà fait auparavant, mais parce qu’il essaie de me dire quelque chose.
« Vous ne vous connaissiez pas, ou peu, à ce moment là, et elle ne savait pas qu'on était... en couple, de toute façon. J'comprenais pas ce qui m'attirait tant en elle. Je n'ai su que plus tard qu'en fait... elle et moi… »
Elle et lui… ? Je suis tout d’un coup curieux de ce que signifie ce elle et lui. Moi qui ne voulais rien savoir encore quelques secondes auparavant, je me demande ce qui l’attirait tant chez elle. Non, je me demande juste en réalité ce qu’il apprit tout simplement. Mais il ne semble pas vouloir me le dire, du moins pas maintenant et continu sur sa lancé au omettant ce détail.
« Je n’ai su que plus tard pourquoi j’avais été incapable de lui résister. L'autre soir j't’ai dit que c'était parce qu'elle comptait à mes yeux. C'était faux. J’ai jamais rien ressenti pour elle, jamais. Rien d’aussi… beau, que ce que tu t'évertuais à m'offrir depuis tout ce temps. Un désir malsain peut-être, mais... putain j’me dégoûte. »
Mon cœur a du louper plusieurs battements, ou alors il s’est mit à battre tellement vite que je n’arrive plus à le sentir correctement. Il ne… l’aime pas. Il m’a menti ! Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux qu’il me raconte un mensonge que maintenant. Je pourrais en pleurer de joie et de soulagement. Mon Jaylen n’a pas de sentiment pour Karolyn. Je le crois de tout mon être lorsqu’il me l’affirme. Pas parce qu’il me fixe avec cette sincérité saisissante, mais parce que je sais qu’il n’a pas de raison de mentir là-dessus, pas cette fois. Je pourrais lui sauter au cou pour cet aveu, mais j’ai l’impression qu’il n’a pas fini de se confier – Jaylen se confiant, c’est tellement inédit que ça semble n’être que du fantasme. Alors je reste suspendu à ses lèvres, avide de la suite.
« Je salis toujours tout, tu l'sais bien. Je voulais tellement te faire fuir... j'avais des raisons, mais je sais plus lesquelles. Ça m'avait l'air tellement logique, pourtant! Je crois que j't'en voulais juste un peu trop pour Damon. Tu avais l'air tellement heureux, rien qu'en mentionnant le moment que vous aviez passé ensembles, que j’ai vu rouge et j’ai déconné. C’est pas une excuse, je sais… mais c’est la seule que j’ai. »
Je secoue lentement la tête. Franchement, c’est une excuse que je comprends, et même qui me fait… plaisir. Ca veut dire qu’il était jaloux ? qu’il n’a pas supporté de m’imaginer avec un autre ? C’est ce que je cherchais n’est-ce pas ? Alors la faute ne m’en incombe qu’un peu plus. Car si je suis déjà celui qui a mit fin à notre relation, je suis celui qui l’a poussé à bout pour qu’il cherche la rupture. Tout est… de ma faute. Je suis le seul responsable de ma souffrance, et de la… sienne ?
Ses lèvres s’approchent de mes mains et je frisonne en sentant simplement son souffle buter dessus. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour le sentir contre ma nuque, ou contre n’importe quelle partie de mon corps qui le réclame tout autant que mon cœur depuis si longtemps.
« Tu m’as tellement manqué... »
Je n’en crois pas mes oreilles. Je n’aurai jamais pensé qu’il m’avouerait une telle chose. Et c’est tellement unique, que ça vaut bien tout les je t’aime du monde. Sa bouche embrassant mes mains me fait doucement frémir. Je n’ai pas besoin de plus. Je n’en désirais même pas tant. Je veux que lui et moi, nous reformions un nous deux. Je ne l’ai jamais plus désiré qu’à cet instant. Je suis plus sûr de moi que jamais. C’est avec lui que je veux être, lui et personne d’autres. Pourtant, même si je considère qu’il m’a beaucoup offert en démentant ses sentiments pour Karolyn et en m’avouant lui avoir manqué, il ne s’arrête pas là, gonflant un peu mon cœur d’amour et de joie.
« Toi t’avais l’air tellement heureux, quand t’es parti. C'était insupportable. Te voir plus souriant que jamais... j'avais juste l'impression que tu t’étais libéré d'un poids, en me quittant. Je savais que j’avais tout fait pour en arriver là, j'croyais que tu serais le seul à en souffrir, et au final je me retrouvais comme un con à penser tout le temps à toi... alors que tu t'en étais complètement remis. »
Même si je suis heureux d’apprendre qu’il n’a pas cessé de penser à moi, et que les plans de Karo ont marché comme nous le voulions, je ne peux m’empêcher de ressentir de la peine à l’égard de Jaylen. Je l’ai fait souffrir, volontairement. Je ne pensais pas qu’il souffrirait. Je voulais juste qu’il ait envie d’être avec moi. Mais les faits sont là et je m’en veux de lui avoir imposé ça. Surtout qu’il semble vraiment croire que je m’en étais remis alors que c’était tout l’inverse.
Il se relève et je désespère de le voir s’éloigner de moi, encore.
« Je sais pas c’que t’as ce soir. C’est peut-être l'attaque d'il y a quelques jours qui te reste au travers de la gorge... et tu te raccroches à ce que tu crois avoir perdu pour essayer de surmonter. Ou alors c'est c’que je t’ai refilé qui te rend nostalgique. »
Je me crispe alors qu’il parle de cette nuit terrible, l’image de la rouge et or, sans vie, me revenant de plein fouet, et je serre mes poings. J’essaie de chasser ce souvenir trop vivace de mon esprit. Me concentrer sur Jaylen. Il n’y a que lui et uniquement lui qui compte à cet instant. Et il m’agace à croire que je ne sais pas ce que je dis, ce que je veux. A penser qu’il y a quelque chose qui se cacher sous mes suppliques. C’est pourtant pas compliqué : je l’aime !
« J'sais qu'je suis un sale type, mais ce serait quand même moche de ma part de profiter de ton état pour t'emprisonner dans une relation instable, qui te brise. Et puis je suis pas certain de supporter de te voir faire marche arrière demain, quand t'auras repris tes esprits. C'est quand même foutrement douloureux, même pour un masochiste comme moi qui passe son temps à tout faire foirer. »
Je soupire, un peu trop lourdement, et je me penche, déposant mes mains de part et d’autre de ses cuisses sur la table qu’il vient de faire un siège pour y prendre appuie. Je contourne ses mains jointes pouvant être un obstacle et mes lèvres s’écrasent sur les siennes pour le faire taire. Mais aussi parce que j’en meurs d’envie, avouons-le.
Je me recule doucement, mon regard s’accrochant au sien tandis que je murmure :
« T’es tellement stupide parfois. »
Je me laisse glisser à genoux au sol et mes bas entour sa taille tandis que je pose ma tête sur ses genoux.
« La drogue ou même ce qu’il s’est passé… » Je frémis à cette simple mention. « Tout ça n’a rien à voir là dedans. C’est vrai que ce que tu m’as donné me fait me sentir un peu… étrange, mais ça ne change rien à mes sentiments. J’t’aime c’est tout. Je veux être avec toi, tant pis si c’est douloureux, ça ne le sera jamais autant que maintenant. »
Je relève la tête vers lui et me tends pour aller de nouveau lui voler ses lèvres. Si c’est la dernière fois qu’il me laisse faire, autant que j’en profite, même si c’est peu.
Finalement je me laisse retomber par terre, mon dos appuyé contre les pieds du canapé, mes jambes replié vers moi puisque que la proximité avec la table ne me permet pas de faire autrement. Je penche la tête en arrière, la déposant sur l’assise du meuble et je fixe le plafond alors que je me lance dans mes explications.
« Je n’ai jamais bien vécu notre séparation, j’ai fait… semblant. Je pensais qu’en ayant regoûté à la liberté, tu ne voudrais plus d’encombrer d’un chieur tel que moi, que tu ne voudrais plus me reprendre. J’étais tellement malheureux… Karo m’a dit de jouer cette comédie. Elle disait que si tu me voyais comme quelqu’un de plus… plus comme toi en faite, tu aurais envie de revenir. »
Un sourire amer glisse sur mes lèvres. Ca a plus ou moins marché quand on y pense. Pourtant je ne voulais pas lui faire de mal, ce que j’ai fait si j’ai bien compris.
« tout ce que je disais, tout ce que je faisais n’avait que pour but de te récupérer. »
Je redresse la tête et glisse la main sur ma nuque.
« Même ton collier. Si je l’ai enlevé, c’est parce que Karo pensait que ça te ferait croire que je passais le cap et que je ne me raccrochais pas à toi, que tu me perdais pour de bon en quelque sorte. J’étais septique mais elle m’a assuré que tu voudrais plus quelque chose qui t’échappe que quelque chose que tu peux avoir en te baissant seulement. Ca m’a fait bizarre de l’enlever. Par contre, elle voulait que je le lui donne pour être sûre que je ne le remettrais pas, mais ça j’ai pas pu. »
Je glisse ma main dans la poche de mon pantalon, me contorsionnant quelque peu pour en extirper le dit collier et je le tends vers Jaylen.
« J’avais déjà l’impression d’être nu sans… alors je l’ai gardé dans mes poches à défaut de pouvoir l’avoir autour du cou. »
Je me penche un peu tout en me redressant et attrape la main de Jaylen dans laquelle je dépose le bijou avant de refermer ses doigts dessus.
« Tu devrais le reprendre. J’me rends compte que c’est quelque chose que je t’ai réclamé comme un gamin capricieux, c’est pas vraiment venu de toi et c’est pas cool comme comportement, alors même si c’est un peu tard : pardon de t’avoir fait chier avec ça. »
Je soupire et passe une main dans mes cheveux sans trop oser le regarder.
« Tu vois, j’l’ai pas si bien vécu que ça cette rupture. Ca m’a complètement anéantie, au point que j’étais prêt à faire n’importe quoi pour que tu me reviennes. Enfin, j’ai eu tout de même des limites… Karo avait tout un tas d’autres plans pour m’aider. Elle disait que je devais en profiter, coucher un peu à droite et à gauche et te laisser le comprendre après. C’est limite si elle ne m’avait pas fait une liste de candidats potentiels. » Je ris doucement en me souvenant de Karo, toute contente et fière de son idée. Essayant de me convaincre du bien fondé de celle-ci et surtout, me glissant à l’oreille que Damon n’attendait que de recommencer. Je frissonnais à ce souvenir mais le chassais bien vite pour reprendre.
« Enfin ça, c’était trop pour moi… J’ai jamais voulu qu’un autre que toi me touche, même si j’ai déconné une fois. »
J’avoue dans un souffle et baisse les yeux. Je ne sais pas où on va, ce qu’il décidera mais au moins, j’aurai fini par être honnête.
Kerr J. Travis- L'amour n'a jamais été aussi aveugle.
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♦ ARRIVÉE : 08/12/2009
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
Je refuse de me laisser entièrement aller. Après tout, tout ce que je viens de lui avouer est amplement suffisant en soit, non? Je n'ose croire qu'il puisse y accorder une quelconque importance, bien que son regard me crie l'inverse... c'est juste... trop. Je n’ai jamais été spécialement optimiste, bien au contraire. Je suis plutôt... le type d’un pessimisme chiant, qui se contente de subir son existence en l'agrémentant à sa façon pour la rendre un tant soit peu intéressante, sans même se soucier de la valeur qu'elle peut avoir aux yeux des autres. Je joue avec ma vie, avec mon bonheur, mes peines, comme si faire mine de ne pas m’en soucier m’épargnerait la moindre la souffrance. Et pourtant.
Tout ça m’atteint plus que je ne l'aurais cru possible. Plus que je ne le voudrais. Et la seule idée que Kerr puisse parler sous le coup de la drogue, puis en venir à regretter ses mots autant que es gestes une fois revenu à lui me semble un obstacle bien trop énorme pour que j'accepte d'accéder à sa requête. Il y a encore tant de non-dit, tant de choses restées en suspend entre nous…
Lui n'a pas l'air de cet avis. Son soupir lourd m'oblige à relever les yeux vers lui, sans grand entrain, et je suis pris de court par sa soudaine proximité. Mais je n’ai pas franchement le temps de m’y attarder : il a tôt fait de se débarrasser de mes mains pour écraser ses lèvres sur les miennes, d’un geste un peu brusque et autoritaire à la fois, me réduisant au silence sur le coup. Si je me fige, ce n’est cependant pas tant sous le coup de la surprise que de la vague de plaisir qui m'engloutit lorsque les images se superposent enfin sur ma rétine. Ce n'est pas un véritable baiser et pourtant, c’est largement suffisant pour me dessécher la gorge. Ma bouche n'est rien de plus qu'une terre aride, avide de lui, lorsqu'il s’en détache finalement.
« T’es tellement stupide parfois. »
Je ne sais pas franchement comment le prendre. Par anticipation, je tente de me redresser pour instaurer de nouveau une certaine distance entre nous, me préparant mentalement aux reproches qui pleuvront sans doute. Il a toutes les raisons du monde de m’en vouloir; je devrais l’accepter… mais sans broncher? Ce n’est pas dans mes cordes. Je chercherai peut-être à me justifier un moment, avant que ma fierté ne reprenne définitivement le dessus et que je l'envoie voir ailleurs une fois pour toutes. Non, je ne pourrai décidément pas supporter qu’il m'enfonce après que je lui en ais tant dit.
Mais les reproches auxquels je m'attends ne viennent pas, et Kerr ne me laisse même pas le temps de m’éloigner. Glissant souplement de son siège pour s'agenouiller au sol, il enroule ma taille de ses bras et se blottit contre mes genoux, avant de finalement approfondir sa pensée de tout à l’heure.
« La drogue ou même ce qu’il s’est passé… Tout ça n’a rien à voir là dedans. C’est vrai que ce que tu m’as donné me fait me sentir un peu… étrange, mais ça ne change rien à mes sentiments. J’t’aime c’est tout. Je veux être avec toi, tant pis si c’est douloureux, ça ne le sera jamais autant que maintenant. »
Tant pis si c’est douloureux. C’est la deuxième fois qu’il fait remarquer, inconsciemment sans doute, que d’être avec ou sans moins, la première solution ne se présente que comme un moindre mal. Un soulagement peut-être… mais seulement au départ. Avant que ne reprennent mes habitudes quotidiennes. Celles qui le blessent, et que je prône pourtant comme étant l’unique mode de vie qui me convienne. Il relève la tête pour picorer mes lèvres une fois de plus, mais je suis trop perdu dans mes propres pensés pour lui répondre autrement que par automatisme. Je sais… je sais que je ne suis pas capable de lui offrir plus. Je lui ai dit à plusieurs reprises, que le rôle de petit-ami parfait ne me convient absolument pas. Et si lui se dit prêt à tout accepter tant que je lui reviens, il ne peut malgré tout s’empêcher d’en souffrir. Parce qu’il ne l’accepte pas, au fond. La meilleure chose à faire, pour lui, serait de mettre un réel terme à tout ça, non? Sauf que je suis un égoïste. Il a su se remettre de notre séparation en quelques jours à peine, mais mon incapacité à en faire de même me pousse à resserrer mon étreinte sur ses épaules, comme par crainte qu'il ne soit que chimères et finisse par disparaître. Je ne saurai lui rendre sa liberté s’il refuse de la prendre de lui-même. Je l’aime trop enchaîné; j’aime trop qu’il m’appartienne.
Kerr se laisse finalement retomber en arrière et se recroqueville sur lui-même, la tête abandonnée sur le coussin du canapé que lui et moi avons délaissé à l’instant. Cette seule posture me laisse deviner qu'il s’apprête à s’expliquer à son tour. Je ne suis pas certain de vouloir entendre ce qu'il peut avoir à dire mais d'un autre côté, j'en suis curieux. Aussi, je retiens les phrases peu amènes qui me viennent à l'idée d'une probable confession. Il serait stupide de ma part de laisser passer cette occasion d'entendre ce qui le ronge... Ce qui l'a poussé même, sans doute, à vouloir revenir en arrière. Toutefois, rien n'aurait pu me préparer à ce qu'il s'apprête à avouer.
« Je n’ai jamais bien vécu notre séparation, j’ai fait… semblant. Je pensais qu’en ayant regoûté à la liberté, tu ne voudrais plus d’encombrer d’un chieur tel que moi, que tu ne voudrais plus me reprendre. J’étais tellement malheureux… Karo m’a dit de jouer cette comédie. Elle disait que si tu me voyais comme quelqu’un de plus… plus comme toi en faite, tu aurais envie de revenir. Tout ce que je disais, tout ce que je faisais n’avait que pour but de te récupérer. »
Un vague sourire se peint sur mes lèvres closes à ces derniers mots, mais il ne dure pas plus longtemps. Karolyn. Comment se fait-il que cette garce soit constamment entre nous? Elle se dresse comme le roc qui permet à Kerr de tenir, veut jouer le rôle de l'amie fidèle qui l'aide de son mieux et pourtant, s'impose tel un éternel obstacle entre lui et moi. Du moins est-ce la façon dont je la vois : elle ne m’a guère donné l’opportunité de me faire une meilleure opinion d’elle. Cette fille est franchement détestable, et plus que tout, je hais l'idée qu'elle en sache tant sur moi, sur Kerr, et ait suffisamment de pouvoir sur lui pour lui dicter ses réactions. Sans se rendre compte de ce qu'il déclenche une fois encore, mon ancien amant continue sur sa lancée, déballant suffisamment d'informations pour achever de rogner mon calme apparent.
« Même ton collier. Si je l’ai enlevé, c’est parce que Karo pensait que ça te ferait croire que je passais le cap et que je ne me raccrochais pas à toi, que tu me perdais pour de bon en quelque sorte. J’étais septique mais elle m’a assuré que tu voudrais plus quelque chose qui t’échappe que quelque chose que tu peux avoir en te baissant seulement. Ca m’a fait bizarre de l’enlever. Par contre, elle voulait que je le lui donne pour être sûre que je ne le remettrais pas, mais ça j’ai pas pu. »
Il se tortille pour s’emparer du dit collier, que je récupère avec hébétitude alors qu’il me le tend.
« J’avais déjà l’impression d’être nu sans… alors je l’ai gardé dans mes poches à défaut de pouvoir l’avoir autour du cou. Tu devrais le reprendre. J’me rends compte que c’est quelque chose que je t’ai réclamé comme un gamin capricieux, c’est pas vraiment venu de toi et c’est pas cool comme comportement, alors même si c’est un peu tard : pardon de t’avoir fait chier avec ça. »
Mes doigts se ferment sur le métal froid du pendentif, geste dicté par sa propre main, et je ne lâche pas des yeux nos phalanges jointes sur ce qu’il avait longtemps considéré comme une preuve de mon attachement envers lui. Je ne l’interromps à aucun instant, bien que l’envie m’en démange, que les idées se bousculent en moi comme des cognards fous et que les mots me brûlent les lèvres. J'attendrai qu'il aille jusqu'au bout, de peur d'exploser au moindre mot de trop.
« Tu vois, j’l’ai pas si bien vécu que ça cette rupture. Ca m’a complètement anéantie, au point que j’étais prêt à faire n’importe quoi pour que tu me reviennes. Enfin, j’ai eu tout de même des limites… Karo avait tout un tas d’autres plans pour m’aider. Elle disait que je devais en profiter, coucher un peu à droite et à gauche et te laisser le comprendre après. C’est limite si elle ne m’avait pas fait une liste de candidats potentiels. »
Bon sang… est-ce qu’il se rend seulement compte de ce qu’il dit? Ma main se resserre sur le collier, mais je m’oblige à inspirer profondément pour faire refluer un nouveau sursaut de colère. Ou de haine. Ais-je déjà fait remarquer à quel point cette fille m’horripile? Ce n’est pas parce qu’elle accepte de se laisser prendre par tout ce qui a une queue entre les jambes qu’elle doit pousser les autres à en faire de même! Qu’on ne me dise pas que c’est aussi mon cas; moi j'encule, et le contraire ne se vérifie qu’à de très rares exceptions. Et Kerr… Kerr est à moi. Il a toujours été à moi. D’où cette pimbêche se permet-elle de venir y mettre son grain de sel? Et ce crétin, en face de moi, qui se gausse doucement au souvenir de la bêtise flagrante de son ami. La forme du pendentif est déjà gravée dans ma chair lorsque je me décide à la desserrer un minimum. J'en ai déjà une de temporairement invalide, aucune envie de me mutiler la seconde. Sous les yeux de Kerr, en plus... pour qu'il entrevoie l’ampleur de la jalousie qui me ronge. Pas question.
« Enfin ça, c’était trop pour moi… J’ai jamais voulu qu’un autre que toi me touche, même si j’ai déconné une fois. »
Sa voix ne s’élève pas plus qu’un murmure, cette fois, et ce simple aveu suffit à m’apaiser. Aussi brusquement qu’elle s’était étendue, la tempête reflue en moi pour ne plus laisser qu’une simili joie emprunte d’incrédulité. Déconné? C’est donc de cette façon qu’il considère, en fait, son aventure avec Damon? Déconné. Je ferme les yeux, faisant mine de ne pas sentir que mon cœur bat si fort que ses pulsations retentissent jusqu'au bord de mes lèvres. Déconné. Putain, il n'a pas idée à quel point l'entendre dire ce simple mot est... agréable. Damon, c’était une passade, une erreur. Pas le parfait amant, pas non plus le potentiel rival capable de me l’arracher quand bon lui semblerait. Damon, c’est juste le petit merdeux qui a su profiter de mon inattention, de mon égocentrisme effarant, pour se faire mon mec sans le moindre remords. Peut-être ne s'est-il même pas demandé si Kerr pouvait être en couple ou non ; connaissant l'énergumène, je me doute de toute façon que ce n’est pas franchement l'argument qui l'aurait arrêté. L'eût-il su, qu’il n’aurait probablement considéré cette nouvelle donne que comme un simple défit de plus. Mais qu'importe? Je me fiche bien de savoir s’il était au courant ou non. La seule chose dont je sois certain, c'est que rien ne m'aurait empêché de mettre sa belle gueule en pièce s'il avait eu la bonne idée de traîner dans les parages, là, maintenant.
Je sers les lèvres, je me penche un peu plus en avant jusqu’à pouvoir taquiner les mèches blond cendré de Kerr, cherchant quoi le dire à présent. La tension du départ à diminué... un peu. Et je me sens moins tenté de m'ouvrir de nouveau à lui avec autant de sincérité que tout à l'heure. J'étais pris de court, mais maintenant que je sais qu'il a autant souffert que moi... serai-je capable de me « rabaisser » une fois de plus en lui avouant à quel point la mascarade que lui a conseillé Karolyn a pu fonctionner?
C’est à mon tour de soupirer. Mon index délaisse ses cheveux pour frôler son front, puis descendre jusqu'au bout de son nez, avant que je ne ré appuie mon coude sur mon genoux, mais jointes une fois encore.
« J’crois que ça a été ça, le pire. Encore plus que tes sourires, tes airs joyeux et détendu. Le fait de savoir que t'étais capable de te défaire si facilement du seul truc que je t'ais offert, après l'avoir tant réclamé... j'me suis dit que cette fois c'était bel et bien fini. »
Je fronce les sourcils, me mords l’intérieur des joues en le vrillant d’un regard un soupçon accusateur.
« Mais merde quoi, qu’est-ce que je peux te dire de plus? J’imagine que tu dois être assez satisfait de voir que t'es parvenu à ton but. »
Je me rends compte que je l’attaque encore, et lève les mains avec agacement, en signe de reddition. Lui ne m’a pas accablé; c'est quand même dingue à quel point moi, je suis prompt à le faire.
« En fait non, te connaissant, t'en as sûrement souffert autant que moi. je reprends, plus bas, comme pour m’excuser à demi-mot de constamment me laisser emporter face à lui. J’arrive juste pas à te comprendre. Tu voulais me récupérer? Il t’aurait suffit de me le dire, tu le sais hein? Mais non, au lieu de ça tu as trouvé plus judicieux de suivre les conseils de ta cona… - de Karolyn. Je me reprends de justesse, bon gré mal gré, sans pour autant un reniflement agacé. T’es tellement confiant... tu t'es jamais dit que peut-être elle n’agissait pas forcément dans ton intérêt? Ou qu’importe, considère la comme la bonne Samaritaine qu’elle n’est absolument pas si tu veux persister à le faire. Mais tu pourrais au moins essayer de te rendre compte que t'es probablement le mieux placé pour anticiper mes réactions, merde. J’sors pas avec elle, aux dernières nouvelles, et ça n’a jamais été le cas. Alors pourquoi tu cherches conseils auprès d'elle? De toute façon cette chieuse n’est bonne qu’à me casser les pieds, alors si tu la choisis comme modèle on est bien mal barrés, toi et moi. »
Pas question que je lui avoue que cette fille est justement très bien placée pour savoir ce que je peux ressentir dans telle ou telle situation. À mes yeux elle n'est rien d'autre qu'une saloperie d’épine profondément enfoncée dans ma chair, et je ne sais franchement pas quoi faire pour m’en débarrasser. J’en ai soupé, moi, de sa curiosité malsaine, du plaisir qu’elle peut ressentir à emmerder le monde et moi plus que tout autre, de ses chantages... d'elle, tout simplement. J'en viendrait presque à vomir son seul souvenir à force de n'entendre parler que d'elle, et bon sang, j'en plus qu'assez que cette discussion tourne encore autour des beaux yeux de la peste.
« Si j’tenais pas autant à toi j’serais tenté de vous envoyer chier, toi comme elle, avec vos idée à la con en prime. Seulement… – un sourire de plus m’échappe, hésitant cette fois, et j'effleure son genoux plié à quelques centimètres de moi avant d’aller jusqu’au bout de mon idée. Ça me perturbe vachement mais… j’crois bien que t’es la pire de mes drogues, Kerr. À la fois celle dont je suis le plus dépendant, et celle qui me fait le plus de bien. »
Il le prendra comme il voudra : dans mon langage, ce que je viens de dire n'est rien de moins qu’un compliment. Mes drogues, il sait bien que je les considère comme le seul moyen de tenir. La seule chose qui ait toujours compté plus que tout… hormis ma guitare. Je me rends compte qu'il pourrait ne pas forcément apprécier la comparaison et ricane, secouant légèrement la tête de droite à gauche.
« Ou alors t’es même pire encore. Une fois testé, difficile pour moi de me passer de toi. – je baisse légèrement le ton avant de reprendre – un peu comme Annabelle, tu vois? »
J'ébouriffe mes mèches brunes en détournant la tête, ce stupide sourire me flottant encore aux lèvres alors que ma dernière affirmation me résonne dans la tête. N’importe qui d’autre que lui ou Raven serait incapable de dire qui peut bien être cette fameuse Annabelle. Et pour cause! Il ne s'agit de rien de moins que ma guitare. Pas celle que j'arbore sur scène ou pendant les répétions - celle que Iannis m’a légué. La première avec laquelle j'ai joué, et sans doute l'objet qui me soit le plus précieux. Ce soit disant "nom" vient simplement d'un délire de camé, datant d'une soirée pendant laquelle, hilare, j'avais déclaré que les femmes était toutes des putes, et que pour le musicien que je suis, rien ni personne ne pourrait compter plus que mon instrument. Je me souviens vaguement avoir lancé un clin d’œil à Kerr, à ce moment là, pour lui laisser comprendre que même lui ne faisait pas exception au lot, avant de finalement la baptiser Annabelle, arguant que cet objet sacré valait bien que je le considère comme un être vivant à part entière. Après tout, c'était bien la seule capable de me comprendre.
Le pire? C'est que je le pense vraiment. C'est juste ma façon de voir Kerr qui a changé depuis.
Jusqu’à présent, je me contentais de lui dire d’un ton absent que oui, il comptait pour moi, qu'il était même le seul à avoir un tant soit peu d'importance à mes yeux, et qu'il devrait s'en satisfaire parce que je ne pouvais pas lui offrir grand chose de plus.
En le comparant à elle, je lui montre à ma façon que les choses ont changé. Qu'il fait partie de mon monde, pour de bon, et que même si je n’ai rien d’un saint, je peux tout de même tenter de lui offrir ce qu’il m’a si souvent réclamé. Je fais glisser la chaîne entre mes doigts tuméfiés.
J’la tiens de Iannis. Tu le sais, j’te l’avais déjà dit. J’ai beau détester ce type de toutes mes forces… je suis incapable de me débarrasser de ce qu’il a laissé derrière lui en partant. Et ça – je complète en désignant le collier – en fait aussi partie. J’te l’aurais sûrement pas refilé si t'offrir quelque chose d’important me dérangeais tant que ça, parce que les trucs qu'il me reste de lui bein… ce sont les seules choses qui comptent vraiment pour moi.
D’un geste, j’entrouvre le fermoir pour détacher le collier et le tends devant moi, faisant signe à Kerr de me laisser le lui passer au cou avant de m’expliquer piteusement.
« J’tiens à ce que tu l'ais... et à ce que tu le portes, si tu veux bien. Parce que c'est la meilleure preuve que je puisse t'offrir de... enfin, tu vois. »
Je ne peux m’empêcher de me sentir nerveux, parce que la dernière fois que je lui ai plus ou moins expliqué tout ça, l’impatience était le seul sentiment que laissait transparaître mes gestes. Pour bien me montrer à quel point il me tapait sur les nerfs, avec ses caprices de sale gosse exigeant… Alors que maintenant, tout cela sonne bien autrement. Je crains qu'il fasse le choix de refuser, parce que même s'il serait mal venu de ma part de le lui reprocher, je ne pourrai m'empêcher de lui en vouloir, dans un tel cas.
Tout ça m’atteint plus que je ne l'aurais cru possible. Plus que je ne le voudrais. Et la seule idée que Kerr puisse parler sous le coup de la drogue, puis en venir à regretter ses mots autant que es gestes une fois revenu à lui me semble un obstacle bien trop énorme pour que j'accepte d'accéder à sa requête. Il y a encore tant de non-dit, tant de choses restées en suspend entre nous…
Lui n'a pas l'air de cet avis. Son soupir lourd m'oblige à relever les yeux vers lui, sans grand entrain, et je suis pris de court par sa soudaine proximité. Mais je n’ai pas franchement le temps de m’y attarder : il a tôt fait de se débarrasser de mes mains pour écraser ses lèvres sur les miennes, d’un geste un peu brusque et autoritaire à la fois, me réduisant au silence sur le coup. Si je me fige, ce n’est cependant pas tant sous le coup de la surprise que de la vague de plaisir qui m'engloutit lorsque les images se superposent enfin sur ma rétine. Ce n'est pas un véritable baiser et pourtant, c’est largement suffisant pour me dessécher la gorge. Ma bouche n'est rien de plus qu'une terre aride, avide de lui, lorsqu'il s’en détache finalement.
« T’es tellement stupide parfois. »
Je ne sais pas franchement comment le prendre. Par anticipation, je tente de me redresser pour instaurer de nouveau une certaine distance entre nous, me préparant mentalement aux reproches qui pleuvront sans doute. Il a toutes les raisons du monde de m’en vouloir; je devrais l’accepter… mais sans broncher? Ce n’est pas dans mes cordes. Je chercherai peut-être à me justifier un moment, avant que ma fierté ne reprenne définitivement le dessus et que je l'envoie voir ailleurs une fois pour toutes. Non, je ne pourrai décidément pas supporter qu’il m'enfonce après que je lui en ais tant dit.
Mais les reproches auxquels je m'attends ne viennent pas, et Kerr ne me laisse même pas le temps de m’éloigner. Glissant souplement de son siège pour s'agenouiller au sol, il enroule ma taille de ses bras et se blottit contre mes genoux, avant de finalement approfondir sa pensée de tout à l’heure.
« La drogue ou même ce qu’il s’est passé… Tout ça n’a rien à voir là dedans. C’est vrai que ce que tu m’as donné me fait me sentir un peu… étrange, mais ça ne change rien à mes sentiments. J’t’aime c’est tout. Je veux être avec toi, tant pis si c’est douloureux, ça ne le sera jamais autant que maintenant. »
Tant pis si c’est douloureux. C’est la deuxième fois qu’il fait remarquer, inconsciemment sans doute, que d’être avec ou sans moins, la première solution ne se présente que comme un moindre mal. Un soulagement peut-être… mais seulement au départ. Avant que ne reprennent mes habitudes quotidiennes. Celles qui le blessent, et que je prône pourtant comme étant l’unique mode de vie qui me convienne. Il relève la tête pour picorer mes lèvres une fois de plus, mais je suis trop perdu dans mes propres pensés pour lui répondre autrement que par automatisme. Je sais… je sais que je ne suis pas capable de lui offrir plus. Je lui ai dit à plusieurs reprises, que le rôle de petit-ami parfait ne me convient absolument pas. Et si lui se dit prêt à tout accepter tant que je lui reviens, il ne peut malgré tout s’empêcher d’en souffrir. Parce qu’il ne l’accepte pas, au fond. La meilleure chose à faire, pour lui, serait de mettre un réel terme à tout ça, non? Sauf que je suis un égoïste. Il a su se remettre de notre séparation en quelques jours à peine, mais mon incapacité à en faire de même me pousse à resserrer mon étreinte sur ses épaules, comme par crainte qu'il ne soit que chimères et finisse par disparaître. Je ne saurai lui rendre sa liberté s’il refuse de la prendre de lui-même. Je l’aime trop enchaîné; j’aime trop qu’il m’appartienne.
Kerr se laisse finalement retomber en arrière et se recroqueville sur lui-même, la tête abandonnée sur le coussin du canapé que lui et moi avons délaissé à l’instant. Cette seule posture me laisse deviner qu'il s’apprête à s’expliquer à son tour. Je ne suis pas certain de vouloir entendre ce qu'il peut avoir à dire mais d'un autre côté, j'en suis curieux. Aussi, je retiens les phrases peu amènes qui me viennent à l'idée d'une probable confession. Il serait stupide de ma part de laisser passer cette occasion d'entendre ce qui le ronge... Ce qui l'a poussé même, sans doute, à vouloir revenir en arrière. Toutefois, rien n'aurait pu me préparer à ce qu'il s'apprête à avouer.
« Je n’ai jamais bien vécu notre séparation, j’ai fait… semblant. Je pensais qu’en ayant regoûté à la liberté, tu ne voudrais plus d’encombrer d’un chieur tel que moi, que tu ne voudrais plus me reprendre. J’étais tellement malheureux… Karo m’a dit de jouer cette comédie. Elle disait que si tu me voyais comme quelqu’un de plus… plus comme toi en faite, tu aurais envie de revenir. Tout ce que je disais, tout ce que je faisais n’avait que pour but de te récupérer. »
Un vague sourire se peint sur mes lèvres closes à ces derniers mots, mais il ne dure pas plus longtemps. Karolyn. Comment se fait-il que cette garce soit constamment entre nous? Elle se dresse comme le roc qui permet à Kerr de tenir, veut jouer le rôle de l'amie fidèle qui l'aide de son mieux et pourtant, s'impose tel un éternel obstacle entre lui et moi. Du moins est-ce la façon dont je la vois : elle ne m’a guère donné l’opportunité de me faire une meilleure opinion d’elle. Cette fille est franchement détestable, et plus que tout, je hais l'idée qu'elle en sache tant sur moi, sur Kerr, et ait suffisamment de pouvoir sur lui pour lui dicter ses réactions. Sans se rendre compte de ce qu'il déclenche une fois encore, mon ancien amant continue sur sa lancée, déballant suffisamment d'informations pour achever de rogner mon calme apparent.
« Même ton collier. Si je l’ai enlevé, c’est parce que Karo pensait que ça te ferait croire que je passais le cap et que je ne me raccrochais pas à toi, que tu me perdais pour de bon en quelque sorte. J’étais septique mais elle m’a assuré que tu voudrais plus quelque chose qui t’échappe que quelque chose que tu peux avoir en te baissant seulement. Ca m’a fait bizarre de l’enlever. Par contre, elle voulait que je le lui donne pour être sûre que je ne le remettrais pas, mais ça j’ai pas pu. »
Il se tortille pour s’emparer du dit collier, que je récupère avec hébétitude alors qu’il me le tend.
« J’avais déjà l’impression d’être nu sans… alors je l’ai gardé dans mes poches à défaut de pouvoir l’avoir autour du cou. Tu devrais le reprendre. J’me rends compte que c’est quelque chose que je t’ai réclamé comme un gamin capricieux, c’est pas vraiment venu de toi et c’est pas cool comme comportement, alors même si c’est un peu tard : pardon de t’avoir fait chier avec ça. »
Mes doigts se ferment sur le métal froid du pendentif, geste dicté par sa propre main, et je ne lâche pas des yeux nos phalanges jointes sur ce qu’il avait longtemps considéré comme une preuve de mon attachement envers lui. Je ne l’interromps à aucun instant, bien que l’envie m’en démange, que les idées se bousculent en moi comme des cognards fous et que les mots me brûlent les lèvres. J'attendrai qu'il aille jusqu'au bout, de peur d'exploser au moindre mot de trop.
« Tu vois, j’l’ai pas si bien vécu que ça cette rupture. Ca m’a complètement anéantie, au point que j’étais prêt à faire n’importe quoi pour que tu me reviennes. Enfin, j’ai eu tout de même des limites… Karo avait tout un tas d’autres plans pour m’aider. Elle disait que je devais en profiter, coucher un peu à droite et à gauche et te laisser le comprendre après. C’est limite si elle ne m’avait pas fait une liste de candidats potentiels. »
Bon sang… est-ce qu’il se rend seulement compte de ce qu’il dit? Ma main se resserre sur le collier, mais je m’oblige à inspirer profondément pour faire refluer un nouveau sursaut de colère. Ou de haine. Ais-je déjà fait remarquer à quel point cette fille m’horripile? Ce n’est pas parce qu’elle accepte de se laisser prendre par tout ce qui a une queue entre les jambes qu’elle doit pousser les autres à en faire de même! Qu’on ne me dise pas que c’est aussi mon cas; moi j'encule, et le contraire ne se vérifie qu’à de très rares exceptions. Et Kerr… Kerr est à moi. Il a toujours été à moi. D’où cette pimbêche se permet-elle de venir y mettre son grain de sel? Et ce crétin, en face de moi, qui se gausse doucement au souvenir de la bêtise flagrante de son ami. La forme du pendentif est déjà gravée dans ma chair lorsque je me décide à la desserrer un minimum. J'en ai déjà une de temporairement invalide, aucune envie de me mutiler la seconde. Sous les yeux de Kerr, en plus... pour qu'il entrevoie l’ampleur de la jalousie qui me ronge. Pas question.
« Enfin ça, c’était trop pour moi… J’ai jamais voulu qu’un autre que toi me touche, même si j’ai déconné une fois. »
Sa voix ne s’élève pas plus qu’un murmure, cette fois, et ce simple aveu suffit à m’apaiser. Aussi brusquement qu’elle s’était étendue, la tempête reflue en moi pour ne plus laisser qu’une simili joie emprunte d’incrédulité. Déconné? C’est donc de cette façon qu’il considère, en fait, son aventure avec Damon? Déconné. Je ferme les yeux, faisant mine de ne pas sentir que mon cœur bat si fort que ses pulsations retentissent jusqu'au bord de mes lèvres. Déconné. Putain, il n'a pas idée à quel point l'entendre dire ce simple mot est... agréable. Damon, c’était une passade, une erreur. Pas le parfait amant, pas non plus le potentiel rival capable de me l’arracher quand bon lui semblerait. Damon, c’est juste le petit merdeux qui a su profiter de mon inattention, de mon égocentrisme effarant, pour se faire mon mec sans le moindre remords. Peut-être ne s'est-il même pas demandé si Kerr pouvait être en couple ou non ; connaissant l'énergumène, je me doute de toute façon que ce n’est pas franchement l'argument qui l'aurait arrêté. L'eût-il su, qu’il n’aurait probablement considéré cette nouvelle donne que comme un simple défit de plus. Mais qu'importe? Je me fiche bien de savoir s’il était au courant ou non. La seule chose dont je sois certain, c'est que rien ne m'aurait empêché de mettre sa belle gueule en pièce s'il avait eu la bonne idée de traîner dans les parages, là, maintenant.
Je sers les lèvres, je me penche un peu plus en avant jusqu’à pouvoir taquiner les mèches blond cendré de Kerr, cherchant quoi le dire à présent. La tension du départ à diminué... un peu. Et je me sens moins tenté de m'ouvrir de nouveau à lui avec autant de sincérité que tout à l'heure. J'étais pris de court, mais maintenant que je sais qu'il a autant souffert que moi... serai-je capable de me « rabaisser » une fois de plus en lui avouant à quel point la mascarade que lui a conseillé Karolyn a pu fonctionner?
C’est à mon tour de soupirer. Mon index délaisse ses cheveux pour frôler son front, puis descendre jusqu'au bout de son nez, avant que je ne ré appuie mon coude sur mon genoux, mais jointes une fois encore.
« J’crois que ça a été ça, le pire. Encore plus que tes sourires, tes airs joyeux et détendu. Le fait de savoir que t'étais capable de te défaire si facilement du seul truc que je t'ais offert, après l'avoir tant réclamé... j'me suis dit que cette fois c'était bel et bien fini. »
Je fronce les sourcils, me mords l’intérieur des joues en le vrillant d’un regard un soupçon accusateur.
« Mais merde quoi, qu’est-ce que je peux te dire de plus? J’imagine que tu dois être assez satisfait de voir que t'es parvenu à ton but. »
Je me rends compte que je l’attaque encore, et lève les mains avec agacement, en signe de reddition. Lui ne m’a pas accablé; c'est quand même dingue à quel point moi, je suis prompt à le faire.
« En fait non, te connaissant, t'en as sûrement souffert autant que moi. je reprends, plus bas, comme pour m’excuser à demi-mot de constamment me laisser emporter face à lui. J’arrive juste pas à te comprendre. Tu voulais me récupérer? Il t’aurait suffit de me le dire, tu le sais hein? Mais non, au lieu de ça tu as trouvé plus judicieux de suivre les conseils de ta cona… - de Karolyn. Je me reprends de justesse, bon gré mal gré, sans pour autant un reniflement agacé. T’es tellement confiant... tu t'es jamais dit que peut-être elle n’agissait pas forcément dans ton intérêt? Ou qu’importe, considère la comme la bonne Samaritaine qu’elle n’est absolument pas si tu veux persister à le faire. Mais tu pourrais au moins essayer de te rendre compte que t'es probablement le mieux placé pour anticiper mes réactions, merde. J’sors pas avec elle, aux dernières nouvelles, et ça n’a jamais été le cas. Alors pourquoi tu cherches conseils auprès d'elle? De toute façon cette chieuse n’est bonne qu’à me casser les pieds, alors si tu la choisis comme modèle on est bien mal barrés, toi et moi. »
Pas question que je lui avoue que cette fille est justement très bien placée pour savoir ce que je peux ressentir dans telle ou telle situation. À mes yeux elle n'est rien d'autre qu'une saloperie d’épine profondément enfoncée dans ma chair, et je ne sais franchement pas quoi faire pour m’en débarrasser. J’en ai soupé, moi, de sa curiosité malsaine, du plaisir qu’elle peut ressentir à emmerder le monde et moi plus que tout autre, de ses chantages... d'elle, tout simplement. J'en viendrait presque à vomir son seul souvenir à force de n'entendre parler que d'elle, et bon sang, j'en plus qu'assez que cette discussion tourne encore autour des beaux yeux de la peste.
« Si j’tenais pas autant à toi j’serais tenté de vous envoyer chier, toi comme elle, avec vos idée à la con en prime. Seulement… – un sourire de plus m’échappe, hésitant cette fois, et j'effleure son genoux plié à quelques centimètres de moi avant d’aller jusqu’au bout de mon idée. Ça me perturbe vachement mais… j’crois bien que t’es la pire de mes drogues, Kerr. À la fois celle dont je suis le plus dépendant, et celle qui me fait le plus de bien. »
Il le prendra comme il voudra : dans mon langage, ce que je viens de dire n'est rien de moins qu’un compliment. Mes drogues, il sait bien que je les considère comme le seul moyen de tenir. La seule chose qui ait toujours compté plus que tout… hormis ma guitare. Je me rends compte qu'il pourrait ne pas forcément apprécier la comparaison et ricane, secouant légèrement la tête de droite à gauche.
« Ou alors t’es même pire encore. Une fois testé, difficile pour moi de me passer de toi. – je baisse légèrement le ton avant de reprendre – un peu comme Annabelle, tu vois? »
J'ébouriffe mes mèches brunes en détournant la tête, ce stupide sourire me flottant encore aux lèvres alors que ma dernière affirmation me résonne dans la tête. N’importe qui d’autre que lui ou Raven serait incapable de dire qui peut bien être cette fameuse Annabelle. Et pour cause! Il ne s'agit de rien de moins que ma guitare. Pas celle que j'arbore sur scène ou pendant les répétions - celle que Iannis m’a légué. La première avec laquelle j'ai joué, et sans doute l'objet qui me soit le plus précieux. Ce soit disant "nom" vient simplement d'un délire de camé, datant d'une soirée pendant laquelle, hilare, j'avais déclaré que les femmes était toutes des putes, et que pour le musicien que je suis, rien ni personne ne pourrait compter plus que mon instrument. Je me souviens vaguement avoir lancé un clin d’œil à Kerr, à ce moment là, pour lui laisser comprendre que même lui ne faisait pas exception au lot, avant de finalement la baptiser Annabelle, arguant que cet objet sacré valait bien que je le considère comme un être vivant à part entière. Après tout, c'était bien la seule capable de me comprendre.
Le pire? C'est que je le pense vraiment. C'est juste ma façon de voir Kerr qui a changé depuis.
Jusqu’à présent, je me contentais de lui dire d’un ton absent que oui, il comptait pour moi, qu'il était même le seul à avoir un tant soit peu d'importance à mes yeux, et qu'il devrait s'en satisfaire parce que je ne pouvais pas lui offrir grand chose de plus.
En le comparant à elle, je lui montre à ma façon que les choses ont changé. Qu'il fait partie de mon monde, pour de bon, et que même si je n’ai rien d’un saint, je peux tout de même tenter de lui offrir ce qu’il m’a si souvent réclamé. Je fais glisser la chaîne entre mes doigts tuméfiés.
J’la tiens de Iannis. Tu le sais, j’te l’avais déjà dit. J’ai beau détester ce type de toutes mes forces… je suis incapable de me débarrasser de ce qu’il a laissé derrière lui en partant. Et ça – je complète en désignant le collier – en fait aussi partie. J’te l’aurais sûrement pas refilé si t'offrir quelque chose d’important me dérangeais tant que ça, parce que les trucs qu'il me reste de lui bein… ce sont les seules choses qui comptent vraiment pour moi.
D’un geste, j’entrouvre le fermoir pour détacher le collier et le tends devant moi, faisant signe à Kerr de me laisser le lui passer au cou avant de m’expliquer piteusement.
« J’tiens à ce que tu l'ais... et à ce que tu le portes, si tu veux bien. Parce que c'est la meilleure preuve que je puisse t'offrir de... enfin, tu vois. »
Je ne peux m’empêcher de me sentir nerveux, parce que la dernière fois que je lui ai plus ou moins expliqué tout ça, l’impatience était le seul sentiment que laissait transparaître mes gestes. Pour bien me montrer à quel point il me tapait sur les nerfs, avec ses caprices de sale gosse exigeant… Alors que maintenant, tout cela sonne bien autrement. Je crains qu'il fasse le choix de refuser, parce que même s'il serait mal venu de ma part de le lui reprocher, je ne pourrai m'empêcher de lui en vouloir, dans un tel cas.
Jaylen Killam- ♦ HIBOUX POSTÉS : 331
♦ ARRIVÉE : 28/10/2009
♦ ANNÉE : 6ème
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
Mon estomac est noué et une boule désagréable me gêne la gorge. J’ai peur. Peur qu’il ne soit pas soulagé par mes aveux mais plutôt, en colère. Qu’il m’en veuille d’avoir joué la comédie, de lui avoir menti, et de lui avoir fait de la peine quelque part. J’aurai peut-être du m’y prendre autrement. Pourtant tout ça me semblait tellement juste lorsque nous l’avons mis sur pieds. Ca me paraissait évident et même être un bon plan. J’étais tellement sûr que tout autre chose ne me mènerait nulle part. Mais maintenant je me dis que j’ai peut-être mal agit, que je suis peut-être trompé sur la voie à prendre, et j’ai peur que Jaylen me le reproche. Il aurait le droit de le faire, mais se n’est pas pour autant que je veux qu’il le fasse. Pourtant, le connaissant, il y a de fortes chances pour qu’il prenne mal tout ça. J’ai joué, à ses dépends en plus. Il ne lui en faut pas davantage pour gueuler normalement. Mais contre toute attente, il se penche et vient jouer avec quelques mèches de mes cheveux. Mon regard surpris le dévisage, d’autant plus lorsque son doits qui mes cheveux pour descendre jusqu’au bout de mon nez. Il soupire et je suis totalement suspendu à ses lèvres, attendant qu’elles s’ouvrent pour tout me dire.
« J’crois que ça a été ça, le pire. Encore plus que tes sourires, tes airs joyeux et détendu. Le fait de savoir que t'étais capable de te défaire si facilement du seul truc que je t'ais offert, après l'avoir tant réclamé... j'me suis dit que cette fois c'était bel et bien fini. »
Mon cœur s’accélère doucement alors que je me dis qu’il a souffert en imaginant me perdre. Et je suis… content qu’il ait ressenti ça.
« Mais merde quoi, qu’est-ce que je peux te dire de plus? J’imagine que tu dois être assez satisfait de voir que t'es parvenu à ton but. »
Ca y est, il gueule et je ne peux pas lui en vouloir. Oui, il a raison. Je suis satisfait de moi, ou plutôt je suis heureux de savoir qu’il a quelques sentiments pour moi, même si c’est à travers sa douleur qu’il me les exprime. Pourtant, il ne m’agresse pas plus – il en a pourtant tous les droits vu ce que j’ai fait – et se rattrape comme il peut.
« En fait non, te connaissant, t'en as sûrement souffert autant que moi. » Oui j’ai souffert. De notre rupture, de notre éloignement et aussi, là de savoir qu’il a souffert. Mais sur ce dernier point, je suis plus content qu’autre chose. Ca prouve qu’il m’aime, non ? même si se n’est qu’un peu.
« J’arrive juste pas à te comprendre. Tu voulais me récupérer? Il t’aurait suffit de me le dire, tu le sais hein? Mais non, au lieu de ça tu as trouvé plus judicieux de suivre les conseils de ta cona… - de Karolyn. » Je le vrille d’un regard sombre. Je sais qu’il ne la porte dans son cœur – il m’a détrompé et soulagé en même temps – mais se n’est pas une raison pour l’insulter. Elle ne lui a rien fait à ce que je sache. « T’es tellement confiant... tu t'es jamais dit que peut-être elle n’agissait pas forcément dans ton intérêt? Ou qu’importe, considère la comme la bonne Samaritaine qu’elle n’est absolument pas si tu veux persister à le faire. Mais tu pourrais au moins essayer de te rendre compte que t'es probablement le mieux placé pour anticiper mes réactions, merde. J’sors pas avec elle, aux dernières nouvelles, et ça n’a jamais été le cas. Alors pourquoi tu cherches conseils auprès d'elle? De toute façon cette chieuse n’est bonne qu’à me casser les pieds, alors si tu la choisis comme modèle on est bien mal barrés, toi et moi. »
« Justement… je trouvais qu’elle avait pas mal raison et qu’elle visait plutôt juste. »
J’avoue d’un air quelque peu absent. C’est vrai que c’est étrange tout de même, cette façon qu’elle a eu de le cerner si bien. Je savais que tout ce qu’elle me disait avait des chances de marcher, parce que je savais également quelles seraient les potentielles réactions de Jaylen. Mais moi, c’est parce que je sors avec lui depuis deux ans, et encore il y a des choses que j’ignore de lui. Alors elle, comment a-t-elle su ? Mais je ne m’attarde pas sur cette pensée car Jaylen prend de nouveau la parole et ce qu’il me dit est amplement plus important que tout le reste.
« Si j’tenais pas autant à toi j’serais tenté de vous envoyer chier, toi comme elle, avec vos idée à la con en prime. Seulement… Ça me perturbe vachement mais… j’crois bien que t’es la pire de mes drogues, Kerr. À la fois celle dont je suis le plus dépendant, et celle qui me fait le plus de bien. »
Je pourrais être sur un petit nuage de l’entendre dire qu’il tient à moi, mais c’est pourtant autre chose qui retient mon attention, et je fronce les sourcils. Ce n’est pas tant qu’il me compare à ses merdes qui me dérange. Le connaissant, ça relève plus du compliment. S’il me considère effectivement la pire de ses drogues, c’est plus que flatteur. Mais si c’était vraiment le cas, il n’aurait pas besoin de ses drogues pour tenir, pour se faire son monde, je serais suffisant dans ce rôle. Je ne dis pas qu’il ment. Je pense au contraire qu’il crois dur comme fer à ce qu’il raconte, mais il se trompe seulement.
« Ou alors t’es même pire encore. Une fois testé, difficile pour moi de me passer de toi. Un peu comme Annabelle, tu vois? »
Non, je ne vois pas, parce que je sais ce que représente Annabelle pour lui, et que même si j’ai tendance à me voiler la face et à m’inventer toutes sortes d’histoires concernant Jaylen, je n’ai pas la folie de penser que je peux rivaliser avec sa guitare. Alors je ne comprends pas pourquoi il met ça sur le tapis et ce qu’il essaie de me faire comprendre ou même croire.
« J’la tiens de Iannis. Tu le sais, j’te l’avais déjà dit. J’ai beau détester ce type de toutes mes forces… je suis incapable de me débarrasser de ce qu’il a laissé derrière lui en partant. Et ça en fait aussi partie. J’te l’aurais sûrement pas refilé si t'offrir quelque chose d’important me dérangeais tant que ça, parce que les trucs qu'il me reste de lui bein… ce sont les seules choses qui comptent vraiment pour moi. »
Je sais déjà tout ça, mais je pensais qu’il me l’avait donné uniquement parce que je lui avait réclamé quelque chose me prouvant qu’il tenait à moi. J’ai plutôt était insistant avec ça et je croyais – j’avais même l’impression – qu’il ne me l’avait donné que pour que je lui foute la paix. Pourtant je n’aurai jamais cru qu’il m’offrirait quelque chose comptant réellement pour lui. Je pensais qu’il voulait plus ou moins s’en débarrasser et qu’il me l’avait refiler histoire de faire une pierre deux coups, malgré tout ça me suffisait parce que ça venait de lui et qu’encore une fois, ma faculté à croire ce que je veux m’a laisser un sentiment de joie en me laissant imaginer que, peu importe ce qu’il me donnait, si ça venait de lui, c’était le principal. Mais je me suis trompé apparemment.
Il fait passer la chaîne entre ses doigts blessés avant d’ouvrir le fermoir, me faisant signe de m’approcher. Je reste un instant indécis comme si j’hésitais alors que c’est plus la confusion qui me pousse à rester sur place.
« J’tiens à ce que tu l'ais... et à ce que tu le portes, si tu veux bien. Parce que c'est la meilleure preuve que je puisse t'offrir de... enfin, tu vois. »
Cette fois, le rythme adopté par mon cœur atteint de tels sommets qu’il m’est impossible de compter les battements. Il n’a pas besoin d’en dire plus, je ne le pousserais pas à être plus explicite, c’est tellement… plus que je n’aurai jamais cru avoir. Tant que je me demande un instant si je ne laisse pas de nouveau mon imagination prendre le dessus. Mais je ne m’attarde pas sur cette pensée, me pressant de me pencher en avant pour qu’il me passe le collier, son collier. Mes doigts passent sur le bijou lorsqu’il repose à nouveau autour de mon cou, là où il n’aurait du disparaître.
« Je… »
Ma bouche se referme aussi sec et je me mords la lèvre. Je voudrais dire quelque chose mais je suis persuadé que tout ce qui pourra sortir sera soit pathétique, soit stupide et je n’ai pas envie de gâcher ce moment, pas alors que Jaylen m’offre ce que j’attends depuis si longtemps, ce que je n’espérais plus même. Je suis un peu confus par tout ce qui vient de se passer et ce qui a été dit, mais je sais que me perdre en parole maintenant n’est pas la meilleure des solutions. Jaylen déteste parler et aujourd’hui, il l’a plus que fait. Sans compter que c’est autre chose que je veux faire avec lui que discuter de mes sentiments. Les actes valent mille fois plus que les mots dit-on.
Je me redresse et pose mes mains sur ses joues que j’adore voire se creuser adorablement à chaque fois qu’il sourit. Mes lèvres vont rencontrer les siennes, tendrement, avec une certaine délicatesse. C’est un baiser doux et aimant que je lui donne même si je sais qu’il risque de trouver ça gnangnan. Pourtant je veux lui faire comprendre combien je l’aime sans pour autant m’attarder dans de longues phrases ou même lui sortir ces mots qu’il connaît par cœur de ma bouche et qui n’ont peut-être plus toute leur valeur maintenant. Car j’ai beau eu lui dire que je l’aimais à plusieurs reprise depuis le début de notre conversation, il n’a pas cessé pour autant de remettre ma parole en doute. Le montrer me semble mieux, je ne peux pas feindre ni inventer dans un tel cas. Mais rapidement je me fais plus empressé, plus fiévreux, lui rappelant à quel point ses lèvres, son corps et tout son être ont pu me manquer. C’est presque d’un geste autoritaire que je le pousse à s’allonger sur la petite table peu pratique, mais faisant l’affaire dans mon esprit embué par mon désir de lui. Deux mois sans aucun rapport, deux mois sans lui. C’est plus que je n’aurai cru pouvoir tenir et il est grand temps qu’il se réapproprie ce qu’il lui appartient. Les bouteilles et autres choses – comme les sachets de Jaylen - se trouvant sur la table se retrouvent bien vite renversés au sol, mais la petite chute qu’ils subissent ne les endommage en rien. De toute façon, je suis bien trop focalisé sur lui pour m’en soucier.
Je veux réapprendre son corps, le redécouvrir et qu’il marque le mien de son passage pour effacer définitivement la trace de Damon imprégnée dans ma chaire. A califourchon sur lui, ma bouche quitte ses lèvres et glisse sur son menton puis sur sa gorge, mais elle est bien vite gênée par son tee-shirt. Un grondement vibre dans ma gorge et je me redresse pour lui retirer ce morceau de tissu me contraignant. J’en profite pour me délester du mien également de mon côté, désireux de nouveau sentir nos peux l’une contre l’autre. Je me penche de nouveau vers lui, attrape le lobe de son oreille entre mes dents et un long frisson agréable me secoue tandis que nos peaux entre enfin en contact. J’avais oublié, avec le temps, combien elle pouvait être douce. Non, en réalité je le savais mais je pensais que ma mémoire me faisait me souvenirs des choses avec excès à cause des regrets et je me disais à chaque fois que ça ne pouvait pas être aussi bien, aussi délicieux, aussi… parfait, mais ça l’est pourtant. Avide des ses lèvres, je retourne les embrasser avec un désir non dissimulé. De toute façon je doute que j’aurai pu le lui cacher tant mon bas ventre presser contre lui me trahi.
« Tu m’as tellement manqué. » Je souffle entre deux baisers. Je n’ai pas pu m’en empêcher, ça a été plus fort que moi.[/color] »
Je m’en vais redessiner son torse de ma bouche, et lorsque son goût s’imprègne sur ma langue taquine, un soupire de contentement se meurt contre sa peau. Je n’arrive pas à croire que j’ai pu me passer de ça, de lui tout simplement. Je ne veux plus jamais m’en priver, et désireux d’en avoir plus, de ressentir plus à son contact, mes mains s’attaque à sa ceinture. Mais elle résiste, ou plutôt je n’arrive pas à la défaire. Mes mains tremblent et je me sens tout un coup nerveux comme s’il s’agissait de notre première fois. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive et j’essaie d’en faire abstraction mais je n’y arrive pas. C’est comme si quelque chose m’empêchait, me stressait… j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à le satisfaire. J’ai la désagréable impression de ne pas être assez bien pour lui, et c’est là que l’image de Damon s’impose à moi. Avant d’avoir un autre amant que Jaylen, je ne connaissais que ce qu’il avait bien voulu me montrer ou ce que j’avais appris de moi-même, me fiant le plus souvent à ses soupires et gémissements, ses tremblements même. Mais depuis que j’ai couché avec Damon je sais que je suis loin de posséder certain atout. Et si Jaylen me comparait à lui ? Pire encore, combien d’amant(e) a-t-il eu ayant un niveau et une expérience largement supérieure aux miens ? Sha par exemple.
Cette réalité me frappe de plein fouet et je me trouve bien naïf de ne pas y avoir pensé avant ça. Je blêmi quelque peu et abandonne Jay pour m’asseoir sur le canapé à côté de la table. Les coudes sur les genoux, le visage dissimulé entre mes mains. Je ne peux le faire. Je le sais. Ca coince parce que j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas leur arriver à la cheville. C’est un regard désolé que je lève finalement vers Jaylen, parce que je n’ai plus que ça à faire : m’excuser.
« Je suis désolé Jaylen, j’y arrive pas. C’est… trop tôt. »
Oui, je pense que c’est ça. C’est juste une mauvaise passe, et même si je le désir plus que tout, je fais juste un petit blocage. Mais ce n’est rien de grave, ça partira une fois que j’aurai repris confiance en moi, ou même pas qui sait.
Je me mords la lèvre, craignant la réaction de Jay. Il n’aime pas qu’on le repousse. J’imagine déjà son regard noir me vrillant et ces paroles acerbes et blessantes glissant de ses lèvres. Mais comment lui en vouloir et que dire ? Je lui ai promis de tout faire s’il me reprenait. Je comptais bien me plier en quatre pour lui et je lui fais ce coup là. Et comme se n’était pas suffisant, j’ose lui demander une faveur.
« Tu veux bien… me prendre dans tes bras ? »
Je n’ose même plus le regarder. Lui réclamer une étreinte sans qu’il n’y ait rien de sexuelle au bout, c’est loin, très loin d’être dans ses habitudes. Il aurait pu le faire, peut-être, pour être gentil alors qu’on vient tout juste de se réconcilier, mais là que je viens de l’allumer clairement, pour le laisser en plan… je m’attends à quoi au juste en lui demandant ça ?
« Je veux te sentir contre moi. »
Je tente à mi voix, de peur que cela ne joue pas en ma faveur finalement. Je suis pitoyable, même pas foutu de tenir une promesse faite il y a quelques minutes. Il va sûrement me détester pour ça, peut-être même revenir sur sa décision de nous remettre ensemble, et cette idée me fait monter les larmes aux yeux. Pourtant je les retiens autant que je peux, refusant de lui infliger ça en plus du reste.
« J’crois que ça a été ça, le pire. Encore plus que tes sourires, tes airs joyeux et détendu. Le fait de savoir que t'étais capable de te défaire si facilement du seul truc que je t'ais offert, après l'avoir tant réclamé... j'me suis dit que cette fois c'était bel et bien fini. »
Mon cœur s’accélère doucement alors que je me dis qu’il a souffert en imaginant me perdre. Et je suis… content qu’il ait ressenti ça.
« Mais merde quoi, qu’est-ce que je peux te dire de plus? J’imagine que tu dois être assez satisfait de voir que t'es parvenu à ton but. »
Ca y est, il gueule et je ne peux pas lui en vouloir. Oui, il a raison. Je suis satisfait de moi, ou plutôt je suis heureux de savoir qu’il a quelques sentiments pour moi, même si c’est à travers sa douleur qu’il me les exprime. Pourtant, il ne m’agresse pas plus – il en a pourtant tous les droits vu ce que j’ai fait – et se rattrape comme il peut.
« En fait non, te connaissant, t'en as sûrement souffert autant que moi. » Oui j’ai souffert. De notre rupture, de notre éloignement et aussi, là de savoir qu’il a souffert. Mais sur ce dernier point, je suis plus content qu’autre chose. Ca prouve qu’il m’aime, non ? même si se n’est qu’un peu.
« J’arrive juste pas à te comprendre. Tu voulais me récupérer? Il t’aurait suffit de me le dire, tu le sais hein? Mais non, au lieu de ça tu as trouvé plus judicieux de suivre les conseils de ta cona… - de Karolyn. » Je le vrille d’un regard sombre. Je sais qu’il ne la porte dans son cœur – il m’a détrompé et soulagé en même temps – mais se n’est pas une raison pour l’insulter. Elle ne lui a rien fait à ce que je sache. « T’es tellement confiant... tu t'es jamais dit que peut-être elle n’agissait pas forcément dans ton intérêt? Ou qu’importe, considère la comme la bonne Samaritaine qu’elle n’est absolument pas si tu veux persister à le faire. Mais tu pourrais au moins essayer de te rendre compte que t'es probablement le mieux placé pour anticiper mes réactions, merde. J’sors pas avec elle, aux dernières nouvelles, et ça n’a jamais été le cas. Alors pourquoi tu cherches conseils auprès d'elle? De toute façon cette chieuse n’est bonne qu’à me casser les pieds, alors si tu la choisis comme modèle on est bien mal barrés, toi et moi. »
« Justement… je trouvais qu’elle avait pas mal raison et qu’elle visait plutôt juste. »
J’avoue d’un air quelque peu absent. C’est vrai que c’est étrange tout de même, cette façon qu’elle a eu de le cerner si bien. Je savais que tout ce qu’elle me disait avait des chances de marcher, parce que je savais également quelles seraient les potentielles réactions de Jaylen. Mais moi, c’est parce que je sors avec lui depuis deux ans, et encore il y a des choses que j’ignore de lui. Alors elle, comment a-t-elle su ? Mais je ne m’attarde pas sur cette pensée car Jaylen prend de nouveau la parole et ce qu’il me dit est amplement plus important que tout le reste.
« Si j’tenais pas autant à toi j’serais tenté de vous envoyer chier, toi comme elle, avec vos idée à la con en prime. Seulement… Ça me perturbe vachement mais… j’crois bien que t’es la pire de mes drogues, Kerr. À la fois celle dont je suis le plus dépendant, et celle qui me fait le plus de bien. »
Je pourrais être sur un petit nuage de l’entendre dire qu’il tient à moi, mais c’est pourtant autre chose qui retient mon attention, et je fronce les sourcils. Ce n’est pas tant qu’il me compare à ses merdes qui me dérange. Le connaissant, ça relève plus du compliment. S’il me considère effectivement la pire de ses drogues, c’est plus que flatteur. Mais si c’était vraiment le cas, il n’aurait pas besoin de ses drogues pour tenir, pour se faire son monde, je serais suffisant dans ce rôle. Je ne dis pas qu’il ment. Je pense au contraire qu’il crois dur comme fer à ce qu’il raconte, mais il se trompe seulement.
« Ou alors t’es même pire encore. Une fois testé, difficile pour moi de me passer de toi. Un peu comme Annabelle, tu vois? »
Non, je ne vois pas, parce que je sais ce que représente Annabelle pour lui, et que même si j’ai tendance à me voiler la face et à m’inventer toutes sortes d’histoires concernant Jaylen, je n’ai pas la folie de penser que je peux rivaliser avec sa guitare. Alors je ne comprends pas pourquoi il met ça sur le tapis et ce qu’il essaie de me faire comprendre ou même croire.
« J’la tiens de Iannis. Tu le sais, j’te l’avais déjà dit. J’ai beau détester ce type de toutes mes forces… je suis incapable de me débarrasser de ce qu’il a laissé derrière lui en partant. Et ça en fait aussi partie. J’te l’aurais sûrement pas refilé si t'offrir quelque chose d’important me dérangeais tant que ça, parce que les trucs qu'il me reste de lui bein… ce sont les seules choses qui comptent vraiment pour moi. »
Je sais déjà tout ça, mais je pensais qu’il me l’avait donné uniquement parce que je lui avait réclamé quelque chose me prouvant qu’il tenait à moi. J’ai plutôt était insistant avec ça et je croyais – j’avais même l’impression – qu’il ne me l’avait donné que pour que je lui foute la paix. Pourtant je n’aurai jamais cru qu’il m’offrirait quelque chose comptant réellement pour lui. Je pensais qu’il voulait plus ou moins s’en débarrasser et qu’il me l’avait refiler histoire de faire une pierre deux coups, malgré tout ça me suffisait parce que ça venait de lui et qu’encore une fois, ma faculté à croire ce que je veux m’a laisser un sentiment de joie en me laissant imaginer que, peu importe ce qu’il me donnait, si ça venait de lui, c’était le principal. Mais je me suis trompé apparemment.
Il fait passer la chaîne entre ses doigts blessés avant d’ouvrir le fermoir, me faisant signe de m’approcher. Je reste un instant indécis comme si j’hésitais alors que c’est plus la confusion qui me pousse à rester sur place.
« J’tiens à ce que tu l'ais... et à ce que tu le portes, si tu veux bien. Parce que c'est la meilleure preuve que je puisse t'offrir de... enfin, tu vois. »
Cette fois, le rythme adopté par mon cœur atteint de tels sommets qu’il m’est impossible de compter les battements. Il n’a pas besoin d’en dire plus, je ne le pousserais pas à être plus explicite, c’est tellement… plus que je n’aurai jamais cru avoir. Tant que je me demande un instant si je ne laisse pas de nouveau mon imagination prendre le dessus. Mais je ne m’attarde pas sur cette pensée, me pressant de me pencher en avant pour qu’il me passe le collier, son collier. Mes doigts passent sur le bijou lorsqu’il repose à nouveau autour de mon cou, là où il n’aurait du disparaître.
« Je… »
Ma bouche se referme aussi sec et je me mords la lèvre. Je voudrais dire quelque chose mais je suis persuadé que tout ce qui pourra sortir sera soit pathétique, soit stupide et je n’ai pas envie de gâcher ce moment, pas alors que Jaylen m’offre ce que j’attends depuis si longtemps, ce que je n’espérais plus même. Je suis un peu confus par tout ce qui vient de se passer et ce qui a été dit, mais je sais que me perdre en parole maintenant n’est pas la meilleure des solutions. Jaylen déteste parler et aujourd’hui, il l’a plus que fait. Sans compter que c’est autre chose que je veux faire avec lui que discuter de mes sentiments. Les actes valent mille fois plus que les mots dit-on.
Je me redresse et pose mes mains sur ses joues que j’adore voire se creuser adorablement à chaque fois qu’il sourit. Mes lèvres vont rencontrer les siennes, tendrement, avec une certaine délicatesse. C’est un baiser doux et aimant que je lui donne même si je sais qu’il risque de trouver ça gnangnan. Pourtant je veux lui faire comprendre combien je l’aime sans pour autant m’attarder dans de longues phrases ou même lui sortir ces mots qu’il connaît par cœur de ma bouche et qui n’ont peut-être plus toute leur valeur maintenant. Car j’ai beau eu lui dire que je l’aimais à plusieurs reprise depuis le début de notre conversation, il n’a pas cessé pour autant de remettre ma parole en doute. Le montrer me semble mieux, je ne peux pas feindre ni inventer dans un tel cas. Mais rapidement je me fais plus empressé, plus fiévreux, lui rappelant à quel point ses lèvres, son corps et tout son être ont pu me manquer. C’est presque d’un geste autoritaire que je le pousse à s’allonger sur la petite table peu pratique, mais faisant l’affaire dans mon esprit embué par mon désir de lui. Deux mois sans aucun rapport, deux mois sans lui. C’est plus que je n’aurai cru pouvoir tenir et il est grand temps qu’il se réapproprie ce qu’il lui appartient. Les bouteilles et autres choses – comme les sachets de Jaylen - se trouvant sur la table se retrouvent bien vite renversés au sol, mais la petite chute qu’ils subissent ne les endommage en rien. De toute façon, je suis bien trop focalisé sur lui pour m’en soucier.
Je veux réapprendre son corps, le redécouvrir et qu’il marque le mien de son passage pour effacer définitivement la trace de Damon imprégnée dans ma chaire. A califourchon sur lui, ma bouche quitte ses lèvres et glisse sur son menton puis sur sa gorge, mais elle est bien vite gênée par son tee-shirt. Un grondement vibre dans ma gorge et je me redresse pour lui retirer ce morceau de tissu me contraignant. J’en profite pour me délester du mien également de mon côté, désireux de nouveau sentir nos peux l’une contre l’autre. Je me penche de nouveau vers lui, attrape le lobe de son oreille entre mes dents et un long frisson agréable me secoue tandis que nos peaux entre enfin en contact. J’avais oublié, avec le temps, combien elle pouvait être douce. Non, en réalité je le savais mais je pensais que ma mémoire me faisait me souvenirs des choses avec excès à cause des regrets et je me disais à chaque fois que ça ne pouvait pas être aussi bien, aussi délicieux, aussi… parfait, mais ça l’est pourtant. Avide des ses lèvres, je retourne les embrasser avec un désir non dissimulé. De toute façon je doute que j’aurai pu le lui cacher tant mon bas ventre presser contre lui me trahi.
« Tu m’as tellement manqué. » Je souffle entre deux baisers. Je n’ai pas pu m’en empêcher, ça a été plus fort que moi.[/color] »
Je m’en vais redessiner son torse de ma bouche, et lorsque son goût s’imprègne sur ma langue taquine, un soupire de contentement se meurt contre sa peau. Je n’arrive pas à croire que j’ai pu me passer de ça, de lui tout simplement. Je ne veux plus jamais m’en priver, et désireux d’en avoir plus, de ressentir plus à son contact, mes mains s’attaque à sa ceinture. Mais elle résiste, ou plutôt je n’arrive pas à la défaire. Mes mains tremblent et je me sens tout un coup nerveux comme s’il s’agissait de notre première fois. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive et j’essaie d’en faire abstraction mais je n’y arrive pas. C’est comme si quelque chose m’empêchait, me stressait… j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à le satisfaire. J’ai la désagréable impression de ne pas être assez bien pour lui, et c’est là que l’image de Damon s’impose à moi. Avant d’avoir un autre amant que Jaylen, je ne connaissais que ce qu’il avait bien voulu me montrer ou ce que j’avais appris de moi-même, me fiant le plus souvent à ses soupires et gémissements, ses tremblements même. Mais depuis que j’ai couché avec Damon je sais que je suis loin de posséder certain atout. Et si Jaylen me comparait à lui ? Pire encore, combien d’amant(e) a-t-il eu ayant un niveau et une expérience largement supérieure aux miens ? Sha par exemple.
Cette réalité me frappe de plein fouet et je me trouve bien naïf de ne pas y avoir pensé avant ça. Je blêmi quelque peu et abandonne Jay pour m’asseoir sur le canapé à côté de la table. Les coudes sur les genoux, le visage dissimulé entre mes mains. Je ne peux le faire. Je le sais. Ca coince parce que j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas leur arriver à la cheville. C’est un regard désolé que je lève finalement vers Jaylen, parce que je n’ai plus que ça à faire : m’excuser.
« Je suis désolé Jaylen, j’y arrive pas. C’est… trop tôt. »
Oui, je pense que c’est ça. C’est juste une mauvaise passe, et même si je le désir plus que tout, je fais juste un petit blocage. Mais ce n’est rien de grave, ça partira une fois que j’aurai repris confiance en moi, ou même pas qui sait.
Je me mords la lèvre, craignant la réaction de Jay. Il n’aime pas qu’on le repousse. J’imagine déjà son regard noir me vrillant et ces paroles acerbes et blessantes glissant de ses lèvres. Mais comment lui en vouloir et que dire ? Je lui ai promis de tout faire s’il me reprenait. Je comptais bien me plier en quatre pour lui et je lui fais ce coup là. Et comme se n’était pas suffisant, j’ose lui demander une faveur.
« Tu veux bien… me prendre dans tes bras ? »
Je n’ose même plus le regarder. Lui réclamer une étreinte sans qu’il n’y ait rien de sexuelle au bout, c’est loin, très loin d’être dans ses habitudes. Il aurait pu le faire, peut-être, pour être gentil alors qu’on vient tout juste de se réconcilier, mais là que je viens de l’allumer clairement, pour le laisser en plan… je m’attends à quoi au juste en lui demandant ça ?
« Je veux te sentir contre moi. »
Je tente à mi voix, de peur que cela ne joue pas en ma faveur finalement. Je suis pitoyable, même pas foutu de tenir une promesse faite il y a quelques minutes. Il va sûrement me détester pour ça, peut-être même revenir sur sa décision de nous remettre ensemble, et cette idée me fait monter les larmes aux yeux. Pourtant je les retiens autant que je peux, refusant de lui infliger ça en plus du reste.
Kerr J. Travis- L'amour n'a jamais été aussi aveugle.
- ♦ HIBOUX POSTÉS : 336
♦ ARRIVÉE : 08/12/2009
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
- Je le sonde, sincèrement inquiet de ce qu'il peut penser en ce moment. Son mutisme est dérangeant, mais je n'ose le pousser à dire quoique ce soit. Je me sens si... minable! Minable, de lui faire de telles concessions. De mettre des mots sur ces sentiments confus que je préférerais nettement enfouir profondément en moi et... oublier. Pourtant, c'est comme s'ils débordaient sans que je ne parvienne à les retenir. Comme les secondes qui s'écoulent irrémédiablement, ponctuées par l'immobilisme inquiétant de Kerr. La chaîne me semble plus pesante qu'une enclume, mais je persiste à la maintenir devant moi, insistant stupidement dans l'espoir qu'il accepte de la récupérer. Après ce qui me semble être une éternité, il finit par se pencher en avant pour me laisser libre accès à son cou. Je le referme difficilement, trop concentré sur les mèches de ses cheveux blonds qui me chatouillent le visage pour mener ma tâche à bien. Ses doigts glissent sur le bijou et il semble ne pas savoir quoi ajouter... Et bon sang je crève de trouille, là, à le fixer sans savoir ce qu'il pense de toute cette merde. Je me mords l'intérieur de la joue pour me forcer à ne pas le presser... mais la patience n'est pas mon fort.
Il se redresse... et toute mon attention se fixe sur ses gestes lents. Je retiens une exclamation impatiente alors que ses lèvres se rapprochent des miennes, délicatement, et mets tout le self-control que je n'ai pas à ne pas attirer son corps plus près de moi. Il se fait particulièrement doux, comme pour faire passer les mots qu'il n'est pas parvenu à dire, et ça tendresse m'apaise autant qu'elle me frustre. Depuis des mois que j'ai été privé de lui, je ne suis pas certain d'être capable de me satisfaire longtemps de si peu. Un grognement empressé m'échappe, et mes mains se nouent d'elles-mêmes derrière sa nuque. Je le veux. Je veux réapprendre la saveur de sa peau – non. Je veux le faire mien, entièrement. M'enfoncer en lui encore et encore, jusqu'à en perdre la tête, jusqu'à lui faire tout oublier du souvenir de Damon. Comme pour répondre à mon exigence muette, Kerr se fait soudain plus entreprenant. Les drogues accumulées sur la surface de la table chutent alors qu'il se dresse à califourchon au-dessus de moi, m'obligeant à m'allonger. Automatiquement, je trouve le chemin de ses hanches étroites et m'empresse de lui dévorer le cou de baisers brûlants.
Mes caresses se font plus pressantes, et il nous débarrasse sans plus attendre d'une part de nos vêtements, qu'il juge visiblement de trop. Je ne peux qu'approuver cette initiative, grondant de plaisir en sentant nos épidermes se frôler comme avec hésitation, avant que nos caresses ne se fassent plus franches. Du bout des lèvres, il torture le lobe sensible de mon oreille... et je souris de le sentir en frissonner. Il ne tarde pas à en revenir à ma bouche, et je happe sa lèvre inférieure entre les miennes, la suçotant avec délice pour l'imprégner de mon essence. Je veux qu'il me sente encore, des heures après que nous nous soyons séparés. Qu'il ait l'illusion de m'avoir tatoué à même sa chair en dépit de la distance. Mes ongles lui griffent affectueusement la taille, et je me jette sur sa langue comme.. un affamé. Juste avant qu'il ne me l'enlève cruellement, m'arrachant un feulement étouffé, témoin de mon mécontentement. Mais qu'il se redresse ainsi me laisse le loisir de profiter du renflement de son sexe, contre ma cuisse, et je plaque mes mains contre ses fesses pour le plaisir de faire peser un peu plus son poids sur mon propre corps.
« Tu m’as tellement manqué. » – me souffle-t-il entre deux baisers avides.
Et, audacieux, il part à la conquête de mon torse nu. Sa langue humidifiant ma peau, son souffle me tirant des frissons exaltés... je fourrage ses cheveux en le pressant de continuer sa quête. Il y a une autre partie de moi qui n'attend que d'être l'heureux objet de ses charmantes attention. Je ne réponds rien à son constat, bien qu'il ne passe absolument pas inaperçu. Les mots n'ont aucune valeur pour moi, qui n'hésite habituellement pas à user de mensonges et de détours pour parvenir à mes fins. J'ai toujours été avare de... vérités. Toute réflexion superflue me déserte lorsque Kerr s'attaque enfin à la ceinture de mon pantalon. Il tremble, se fait maladroit et visiblement nerveux, et je retiens un soupir impatient. Recouvrant ses mains des miennes, je me décide à guider ses gestes sans me rendre compte que quelque chose d'autre que le désir le... perturbe.
Je m'appuie sur un coude et pose ma bouche au niveau de sa tempe tout en lui caressant les cheveux pour l'inciter à descendre plus bas, mais il me prend de court en s'éloignant brusquement. Il est pâle, tout à coup, et je ne peux que froncer les sourcils en le voyant se rétracter sans crier gare.
« Je suis désolé Jaylen, j’y arrive pas. C’est… trop tôt. »
« Trop... quoi? » - je réplique bêtement en clignant des yeux.
Ses mots font lentement leur chemin, sans que je parvienne pour autant à comprendre où il veut en venir.
« Comment ça trop tôt? Ça fait deux mois que je t'ai pas touché, Kerr. Deux putains de mois! Tu plaisantais, hein? »
Oui, ce ne peut être que ça. Une blague de mauvais goût. Parce qu'il ne peut pas être sérieux, n'est-ce pas? Je ne peux pas croire qu'il recule pour de bon après m'avoir allumé à force de gestes. Je me rassois sur la table basse qui nous supportait tous les deux à l'instant, mais la brusquerie de mon geste me fait tourner la tête. La coke ingurgitée plus tôt, sans doute. Ma bouche est pâteuse, et j'essaye de me secouer pour me remettre d'aplomb – sans grand succès.
« C'est quoi ton problème? »
Cette fois, il y a une pointe de rancoeur aigre dans le ton que j'emprunte. Et de lassitude aussi – surtout – face à ce type qui ne cesse de souffler le chaud et le froid. Et en parlant de souffler, un coup d'oeil plus bas me permets de constater qu'il a effectivement presque éteint la mienne, à force de tergiversations sans intérêt. J'attends qu'il s'explique. Puisqu'il ne semble réellement avec aucune intention d'aller plus loin cette fois. Il me promet monts et merveilles, et la minute d'après... la minute d'après... soudain horrifié, je le coupe avant qu'il n'ait le temps de répondre quoique ce soit.
« Tu comptes quand même pas m'imposer un truc à la con comme.. – le mot heurte mes lèvres sans parvenir à les franchir, et je me force à achever ma phrase : l'abstinence? »
Ouais. Le truc complètement inenvisageable, forcément. Kerr ne peut décemment pas m'obliger à supporter ça. Même s'il a laissé entendre que notre relation pourra redevenir la même qu'avant, et que je pourrai faire ce que je souhaite avec qui je souhaite, il n'empêche que je ne vois pas forcément l'intérêt de sortir avec lui si c'est pour garder mes distances. Et tout ça pourquoi? Allez savoir. Monsieur se casse dans doute la tête pour un rien, pour ne pas changer ses bonnes habitudes.
« Tu veux bien… me prendre dans tes bras ? Je veux te sentir contre moi. »
Il détourne les yeux, et c'est ce geste plus que sa requête qui me pousse à arquer un sourcil étonné. Le... prendre dans mes bras? Mais... ce n'est pas le genre de passes-temps réservés aux vieux croulants incapable de se satisfaire autrement? Je veux dire, j'ai une tête, moi, à le prendre dans mes bras juste comme ça, pour le plaisir, sans m'attendre à pouvoir aller plus loin..? Quoiqu'il s'agisse là d'une belle occasion de venir à bout de ses inhibitions... tout en répondant à ses attentes. Un compromis acceptable. D'autant que... je me mords la lèvre en me rendant compte de tout ce qu'impliquerait la simple possibilité de le prendre dans mes bras. À combien de trop nombreuses reprises ais-je souhaité pouvoir faire ce simple geste, durant les dernières semaines? Le tenir dans mes bras et lui souffler à l'oreille qu'il m'appartient, qu'il le veuille ou non. J'en tremblerait presque d'impatience. Si bien que, sans un mot, les yeux fixés sur sa tête basse, je quitte mon pseudo siège pour me glisser sur le canapé, à ses côtés, et l'attirer doucement contre moi. Je peux le faire... j'en ai le droit; il le réclame même, par Merlin! Je soupire de contentement contre son cou et frôle son oreille de la pointe de ma langue tandis que je replies un genoux sous moi et me cale confortablement contre son dos.
« J'manquerais pas une occasion de t'avoir dans mes bras, bébé. »
Je pose un léger baiser à la naissance de ses cheveux, me régalant du surnom qui coule de lui à moi... comme avant. Ma paume effleure son bras, descend jusqu'à sa main pour entrelacer nos doigts, que je caresse d'un geste doux mais appuyé.
« Sérieusement... qu'est-ce qui te gêne autant? – ma voix baisse d'un cran, se faisant de velours pour atteindre sa cible. On est seuls, et je crève d'envie de te faire sentir combien tu comptes pour moi. »
Ma bouche s'attarde sur son épaule, mais mon esprit est ailleurs. Je ne sais franchement pas... comment venir à bout de ses hésitations. Y aller comme un bourrin en le caressant pour attiser son désir ne ferait que me le mettre à cran, mais je ne me sens pas de repartir dans une longue et pénible... conversation à coeur ouvert. Ça va, j'ai déjà donné, à ce niveau là. Une nouvelle pensée stupide m'arrache un ricanement tendu.
« Tant que tu ne me fais pas une sorte de... blocage, ou je ne sais quoi du genre. Va pas me dire que j't'intimide, non plus. »
Ce serait un comble. Il est le seul de mes amants, Karolyn mise à part, à connaître par coeur la moindre parcelle de mon corps, et nous avons partagé tant d'instants 'privilégiés' en deux ans que je ne vois franchement pas ce qu'il pourrait craindre. Non, cette idée de blocage est stupide.
« J'ai faim de toi. » - je lui glisse de nouveau, laissant mes mains parcourir son torse découvert.
N'y tenant plus, je le pousse à me faire face... et remarque seulement à cet instant ses yeux humides de larmes. Toute trace de sourire déserte immédiatement mes traits. Il ne va pas se remettre à chialer, n'est-ce pas? Je n'ai encore rien fait d'autre que ce qu'il m'a demandé, et ça ne semble pourtant pas nous réussir mieux que mon habituelle tendance à le faire taire avant d'aborder des sujets 'dangereux'. Je laisse retomber ma tête en arrière, par dessus le dossier, marque d'une exaspération que j'essaye en vain de refouler. Le pouce et l'index de ma main valide pressés contre mes paupières closes, je cherche une solution à ce problème dont je ne sais encore rien des causes... mais dont je rechigne à subir les conséquences.
« Kerr... j'suis bon qu'à ça, te tirer des larmes? »
Il n'y a pas une pointe de compassion, pourtant, dans ce que je viens de dire. Un peu d'agacement, juste – non, beaucoup d'agacement. Merde quoi, s'il n'en finit pas de larmoyer on n'est pas près d'arriver à quoique ce soit! Mon deuxième bras quitte ses épaules pour se poser sur le dossier du canapé et je fixe une ligne de droite parallèle à lui, la mâchoire serrée. Je lui coule finalement un regard de biais, bien décidé à lui dire le fond de ma pensée.
« On vient seulement de se remettre ensemble et j'en ai déjà ma claque de tes prises de tête. »
Pourtant, je sais parfaitement que je serai incapable de le quitter sur une scène si... pathétique. À bout de nerfs, je l'attire de nouveau à moi pour s'obliger à s'allonger son tour, l'enserrant de mes bras et de mes jambes à demi repliées pour lui montrer que oui, je peux être là s'il en a besoin. Même si je déteste jouer ce rôle. Et parce que la musique a toujours été mon échappatoire, je ne tarde pas à fredonner les premières paroles qui me viennent en tête, tout en lui caressant la nuque d'un geste absent. Build a new base, steal a new face.... Ma voix cassée par un excès de substances plus ou moins douteuse s'élève à peine, le but étant moins de me faire entendre de Kerr que de me changer les idées. Veine tentative... je suis trop conscient de sa présence sur moi pour l'oublier si aisément. It doesn't matter it's all just to save you. Mes phalanges se crispent légèrement sur la chair tendre de son cou, je gigote, gêné par cette proximité dont il m'empêche de profiter pleinement. On ne se refait pas... et je n'ai décidément que ça en tête.
Le souffle imperceptiblement plus court, je finis toute fois par céder à son besoin de retrouver sa bouches, et le pousse à relever la tête pour me laisser libre accès à ses lèvres, sur lesquelles je plonge sans attendre. En dépit de mon impatience et du désir naissant que je n'ai aucunement l'intention de refouler, l'échange se fait plus langoureux que pressant, et je m'efforce de prolonger autant que possible ce moment, peu enclin à lui laisser l'occasion de m'apprendre que ça non plus, il ne se sent pas « capable » de le faire.
Dernière édition par Jaylen Killam le Ven 2 Avr - 16:07, édité 1 fois
Jaylen Killam- ♦ HIBOUX POSTÉS : 331
♦ ARRIVÉE : 28/10/2009
♦ ANNÉE : 6ème
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
- Spoiler:
- Pardon j'te donne pas grand chose, et c'est assez chiant à lire, surtout que je me répète pas mal >< s'cuse moi T.T
Je savais parfaitement qu’en le repoussant de cette manière, qu’en lui affirmant être incapable d’aller plus loin pour une raison aussi peu convaincante, il ne prendrait pas la chose avec calme et philosophie. De toute façon, même si les circonstances avaient été toutes autres, et que je lui avais servi les meilleurs arguments du monde, le résultat aurait été le même, il s’agit de Jaylen et non de n’importe qui pouvant comprendre et accepter ce genre de chose. En faite, il avait bien du mal à accepter quoi que ce soit n’allant pas dans son sens. Alors là, je pouvais aisément comprendre son air hébété face à ma déclaration. Oser l’allumer de la sorte pour le laisser finalement en plan avait de quoi le mettre en rogne, et je ne peux que culpabiliser lorsqu’il reprend mes propres mots et me les retourne. Il est vrai qu’affirmer que c’est trop tôt alors que nous ne nous sommes pas touchés depuis deux mois est assez… risible. Je baisse un peu plus la tête, me mordillant la lèvre en ne sachant pas expliquer ce qui ne va pas, ma vision des choses. On vient tout juste de se remettre ensemble, coucher ensemble dans l’instant c’est… non je me cherche de fausses excuses. La vérité c’est ce complexe que je commence à faire vis-à-vis de ses autres amant(e)s qui m’empêche d’aller plus loin et si je parle de temps, c’est parce que je pense pouvoir dépasser ça après avoir repris un peu confiance en moi. Je l’espère du moins. Mais je sens son désarroi et je ne sais pas quoi faire pour changer cela. Je m’en veux tellement à cet instant de l’obliger à supporter ça. Et lui-même m’en veut également, ce n’est pas difficile à deviner, je n’ai même pas besoin d’entendre la rancœur transpercer dans sa voix lorsqu’il me demande déjà agacé, ce qui cloche chez moi. Je ne sais pas trop comment le lui expliquer. Il est évident qu’il va simplement se moquer en me disant – comme toujours – que les autres n’ont jamais compté – même si là, ce n’est pas ça le réellement fond du problème – qu’il s’en fout de ce qu’ils lui font et de ce que moi, je peux lui faire, parce que nous deux c’est différent. Je l’ai tellement entendu ça. Mais il a beau dire, si c’était tellement différent il n’aurait pas besoin d’aller voir ailleurs. Il resterait fidèle et… Stop ! J’ai dit que je ne le ferais plus chier avec ça, je lui ai promis et je m’en suis même convaincu. Peu importe ce qu’il veut, ce qu’il fait, je l’accepte tant que je peux être avec lui. Je ne vais pas commencer à me torturer de nouveau avec ses infidélités alors qu’elles me pèsent déjà assez en m’empêchant de pouvoir le toucher. C’est tellement étrange. Je crève d’envie de lui, je n’ai rêvé que de ça pendant deux mois. Le retrouver, l’étreindre, me perdre entre ses bras. J’aurai tué pour ça, et là je bloque. C’est tout de même dingue. Pourquoi ? Je sais que j’ai de bonnes raisons – pour moi – mais j’ai envie de passer par-dessus et de le retrouver pour de bon, mais ça coince.
Je voudrais bien le lui dire, tenter au moins une explication sans trop paraître pathétique mais sa voix s’élève de nouveau pour me faire part d’une crainte, de ce qu’il pense avoir comprit et dont il a peur. C’est compréhensible. L’abstinence… je ne pensais même pas que ce mot faisait parti de son vocabulaire. Je secoue doucement la tête. Non, bien sûr que non, ce n’est pas ça que je veux lui imposer. Je ne suis pas assez fou pour ça. Moi-même je ne sais pas si je pourrais tenir une telle chose, bien que là, ça y ressemble quelque peu je dois bien l’avouer. Mais ce n’est pas une envie, ni même une lubie de ma part, je subis cette espèce de blocage tout autant que lui. J’ai même l’impression qu’il me pèse plus à moi qu’à lui, car si lui ne comprend pas ce qui se passe, moi j’ai toutes ces merdes qui ne cesse de bourdonner dans ma tête. Mais merde ! Pourquoi faut-il que ça m’arrive alors que je le retrouve à peine. J’étais si bien il y a encore quelques instants, tout contre lui. C’est pour ça que j’ose lui demander une étreinte chaste, un truc dingue que jamais, ô grand jamais je me serais risqué à demander auparavant certain qu’il se foutrait simplement de moi. Mais là, je n’ai que ça, je peux le sentir contre moi et si je ne peux pas aller plus loin, c’est déjà réconfortant de me blottir contre lui. Je suis pourtant certain qu’il va refuser en me disant que c’est un truc pour les abrutis gnangnan ou les vieux, mais très certainement pas pour lui, et ça me peine car je ne pense pas lui demander la lune et que si j’ai appris à vivre avec son égoïsme et que je suis prêt à vivre toujours avec, parfois il est bine trop blessant.
Pourtant je le sens se glisser derrière moi avec étonnement, et je me raidi quelque peu à ce contact que j’ai pourtant réclamé. C’est étrange et presque… trop. Jamais Jaylen n’a fait preuve de considération ou de compassion sauf s’il sait qu’il a quelque chose au bout. Or, ce n’est pas le cas pour l’heure. Je lui demande quelque chose et il me répond avec désintéressement. C’est limite trop beau pour être vrai, et ce sentiment se renforce lorsqu’il se met à parler.
« J'manquerais pas une occasion de t'avoir dans mes bras, bébé. »
Et son baiser sur ma nuque me trouble un peu plus. Ne suis-je pas un chieur né ? Il se montre gentil, patient, doux, tout ce que j’ai toujours voulu qu’il soit pendant toutes ces années et lorsqu’il l’est, surtout lorsque j’en ai le plus besoin, je retrouve à dire, trouvant que quelque chose cloche. Pourquoi ne pas me satisfaire de ce qu’il m’offre si gentiment et me laissait aller contre lui, dans ses bras qu’il m’a tendu sans même broncher. Alors j’essaie, j’enlace mes doigts aux siennes lorsqu’ils viennent les trouver, mais le regarder me semble difficile. §Je sens encore mes yeux embués. Il est – il me tuerait s’il m’entendait – adorable alors que je viens de lui faire le pire coup pour lui. Et le pire c’est que je n’arrive pas à passer au dessus de ça.
« Sérieusement... qu'est-ce qui te gêne autant? » Je comprends qu’il se pose la question, mais je ne me sens pas pour autant de lui répondre. « On est seuls, et je crève d'envie de te faire sentir combien tu comptes pour moi. »
Un bruit léger proche d’un gémissement d’envie monte dans ma gorge alors que sa bouche embrasse mon épaule. Moi aussi, je crève d’envie qu’il me le fasse sentir mais… Un petit rire lui échappe et je n’y aurai pas prêté attention s’il n’avait pas était aussi tendu.
« Tant que tu ne me fais pas une sorte de... blocage, ou je ne sais quoi du genre. »
Le reste de son discours ne m’atteint pas. Je me tends sensiblement fasse à son hypothèse que je sais juste. Et le problème est là. Si je lui dis qu’il s’agit bien de ça, quelle sera sa réaction ? Aucune que je veux connaître, ça c’est sûr ! Il m’enverra carrément bouler et me dira que je ne suis qu’un chieur, un con, et que je n’aurai qu’à venir le voir quand j’airai réglé mes problèmes mais certainement pas de l’emmerder avec ça, et qu’il ne le supporterait pas non plus. La scène est claire dans mon esprit, son discours, sa posture, toutes les expressions que prendront son visage… Je sais déjà exactement comme ça va se passer et je ne veux pas que ça arrive. Encore moins alors qu’on vient tout juste de se remettre ensemble. Je ne veux pas le perdre alors que je viens à peine de le retrouver. Je ne suis pas certain de pouvoir le supporter. Cette perspective fait monter un peu plus les larmes que je m’efforce de contenir malgré tout, et je ne l’entends pas lorsqu’il me susurre quelques mots, encore trop encré dans mes craintes profondes. J’ai pourtant pleinement conscience de ses mains s’aventurant sur mon torse dépourvu de tissu et j’en frémi, de plaisir, d’envie, de désir. Mais je sais que si je me lance de nouveau, là, si peu de temps après un premier échec, le résultat sera le même et ça me frustre terriblement, je n’imagine pas à quel point cela sera pareil pour Jaylen. Je m’en veut de lui faire subir tout ça et j’en ai honte aussi, voilà pourquoi je n’ai pas encore le regardé depuis que je me suis rétracté. Mais j’aurai été bête de croire que j’éviterais son regard indéfiniment, d’ailleurs, c’est lui qui me pousse à lui faire face et je vois l’ombre d’un sourire disparaître rapidement lorsque ses yeux ont tôt fait de remarquer l’humidité des miens.
La position qu’il adopte alors me laisse deviner tout l’étendu de son agacement, et ses paroles sont loin de me contredire.
« Kerr... j'suis bon qu'à ça, te tirer des larmes? »
« Non ! »
Je répond vite, le coupant presque pour ne pas lui laisser ne serait-ce qu’une seconde croire à ça. Ce n’est pas de sa faute, pas directement. C’est juste moi, comment souvent. Mais je rechigne à lui expliquer. On n’est pas fait pour parler tous les deux. Enfin, lui en tout cas, alors je m’adapte. Encore s’il avait la faculté d’écouter… mais ça non plus, ce n’est pas vraiment dans ses cordes. Je pourrais le lui reprocher. Lui dire qu’il est chiant à ne penser qu’à lui et lui balancer tous ses défauts au visage, mais à quoi ça servirait ? Je l’aime comme il est, avec ses qualités, et surtout ses défauts, même s’ils me blessent.
Son autres bras me quitte et je me sens étrangement… seul, abandonné. Il est juste à côté de moi mais j’ai l’impression qu’il n’a jamais été aussi loin. Je ne veux pas de cette distance entre nous, ni de ces silences pesants, bien que l’idée qu’il dise quelque chose, là, maintenant, me terrifie de par son contenu.
« On vient seulement de se remettre ensemble et j'en ai déjà plein ma claque de tes prises de tête. »
Je le savais. Je baisse la tête en signe d’excuse et lui montrant que j’accepte ses reproches. Voilà pourquoi je n’ai rien dit, je savais pertinemment que quelque chose comme ça sortirait de sa bouche. Je n’ai pas eu à parler pour l’y pousser d’ailleurs. A peine remis ensemble qu’il en a déjà marre. C’est mauvais, très mauvais. Pourtant, même si j’aurai compris qu’il s’en aille et me laisse seul avec mes problèmes dont il se fout ou qu’il essaie de me secouer en m’en envoyant plein la figure, c’est un tout autre comportement qu’il adopte.
Il m’attire contre lui, me laissant surpris, je le suis pourtant dans son geste lorsqu’il me pousse à m’allonger sur lui bien que je sois quelque peu tendu. L’effet de surprise sûrement. Ses bras l’enlacent et ses jambes se présentes comme des rempares m’empêchant de glisser, ou même de m’échapper. J’aime cette attention toute particulière, et j’aime l’entendre fredonner en me caressant la nuque. Je me détends contre lui, ferme les yeux et un fin sourire apaisé étire mes lèvres. Je ne l’aurai jamais cru capable de tant de gentillesse. Pas qu’il soit un monstre. Enfin, un monstre d’égoïsme, si.
Pourtant je le sens rapidement gigoter sous moi, comme s’il n’était pas bien là, avec moi dans ses bras. Je me redresse un peu, juste assez pour pouvoir planter mon regard dans le sien et juger s’il s’agit de notre position qu’il trouve inconfortable ou si c’est tout autre chose. Mais je n’ai pas le temps de scruter ses prunelles qu’il fond sur ma bouche, l’emprisonnant de la plus merveilleuse des façons.
C’est sensuelle et grisant. Je me laisse bien vite enivrer. En même temps il m’en faut si peu avec Jaylen, surtout lorsque je suis contre lui, nos peaux se frôlant et nos langues se liant. Mes mains partent s’égarer dans ses cheveux et je m’installe plus confortablement sur lui. Mon désir pour lui n’a de cesse de revenir secouer mon corps et gonfler mon entrejambe me paraissant bien mal à l’aise avec ce fichu bout de tissu la retenant prisonnière. Le baiser se prolonge et les frissons parcourant ma peau semblent ne plus vouloir la déserter. J’aime, j’aime, j’aime. Mes mains abandonnent ses cheveux et descendent, caressantes, le long de ses flancs avant de trouver sa ceinture qu’elles ont refusé d’ouvrir auparavant. Je tremble de nouveau mais je prends sur moi avec un effort dont je ne me serais pas cru capable et je viens finalement à bout de cette saleté et même du bouton de son pantalon. Ma bouche glisse, lentement, parsemant son torse de baisers appuyés et lorsqu’elle se heurte à la barrière que forme encore ses vêtements, je retiens mon souffle. Je peux le faire, j’en ai envie même, cette histoire de blocage est ridicule ! J’essaie de me convaincre, tournant en boucles mes arguments en tête, mais cela reste difficile. J’agrippe son pantalon et tire doucement dessus, mais il ne descend que très peu tandis que je remonte jusqu’à sa bouche que je capture, enfouissant ma langue dans son antre tout en essayant de me convaincre de ma stupidité.
J’approfondis un peu plus le baiser, mes faisant même exigeant et mes hanches font à la rencontre des siennes dans un mouvement aguicheur et envieux. Je peux le faire, j’en ai envie, il n’y a donc aucune raison pour que ça coince. Et pourtant c’est le cas. JE sais que je ne pourrais pas aller plus loin, là, tout de suite. Mon esprit m’encombre trop, empêche mon corps de s’exprimer. Si seulement je pouvais cesser de penser quelques instants… L’idée n’est pas stupide et elle fait lentement son chemin jusqu’à m’amener à la solution adéquate.
Sans quitter les lèvres de Jaylen, que je mordille, torture et suçote par moment, je glisse l’une de mes mains sous sa nuque et l’oblige à se redresse plus ou moins, tandis que je fais de même jusqu’à ce que nous soyons assis. Mes mains se collent à son cou, mon front se pose contre le sien et mes yeux plongent dans leurs vis-à-vis avant que je ne me murmure,
« Et si… on prenait un truc ? »
Moi qui n’avais jamais touché à ces trucs là avant tout à l’heure, voilà que je tente de lui proposer ça comme s’il s’agissait d’un rituel entre nous, de quelque chose faisant partie de notre complicité, comme si nous en avions l’habitude. Pourtant, mon timbre laisse entendre mon hésitation et on peut facilement entendre que je ne suis pas à l’aise avec tout ça. D’autant plus que je sais que Jaylen va se questionner. Il sera sûrement content que je lui demande ça. Il va penser que je ne le saoulerais plus avec sa consommation si je viens à consommer moi-même de temps à autre, ce n’est pourtant pas mon intention mais là, c’est tout ce que j’ai trouvé. D’ailleurs, je tente de m’expliquer quelque peu pour ne pas qu’il pense que ça va devenir une habitude.
« C’est bête mais, j’me sens un peu tendu, alors… enfin tu vois ça devrait passer avec un de tes trucs. »
Je lui lance un petit sourire et le lâche, certain d’avoir trouvé la bonne solution. En prenant une de ses drogues, je serais sûrement assez à l’ouest pour ne plus me focaliser sur ses multiples amants et leurs exploits. Mon corps parlera pour moi et je pourrais montrer à Jaylen combien il m’a manqué et je pourrais également profiter de lui autant que je le désir.
Je m’assoie un peu mieux sur le canapé et me penche, ramassant à mes pieds un des sachets que nous avons fait tomber plutôt de la table. Je le lève à hauteur des yeux et le regarde avec insistance comme si je pouvais deviner ainsi de quoi il s’agissait, jusqu’à ce que finalement je ne demande à l’expert, ce qui est le plus intelligent il faut l’avouer.
« Ca devrait le faire ça, non ? »
Je ne sais même pas de quoi il s’agit, ni même les effets que cela peut engendrer, mais je sais que si je me plante, Jaylen me le dira. Enfin, je doute qu’il ait quoi que se soit qui ne puisse pas convenir à un moment pareil. Tout doit être bon à prendre non ? Après tout c’est tous plus ou moins la même chose pour moi.
Le sachet en main, je me penche vers lui et m’attaque à son cou avec mes dents, désireux de le marquer et retrouvant un peu du poil de la bête en imaginant que bientôt, je n’aurai plus ces bêtises me bloquant en tête et que tout ira bien, car une fois le cap passé, même si c’est avec de la drogue, tout redeviendra comme avant après.
Je voudrais bien le lui dire, tenter au moins une explication sans trop paraître pathétique mais sa voix s’élève de nouveau pour me faire part d’une crainte, de ce qu’il pense avoir comprit et dont il a peur. C’est compréhensible. L’abstinence… je ne pensais même pas que ce mot faisait parti de son vocabulaire. Je secoue doucement la tête. Non, bien sûr que non, ce n’est pas ça que je veux lui imposer. Je ne suis pas assez fou pour ça. Moi-même je ne sais pas si je pourrais tenir une telle chose, bien que là, ça y ressemble quelque peu je dois bien l’avouer. Mais ce n’est pas une envie, ni même une lubie de ma part, je subis cette espèce de blocage tout autant que lui. J’ai même l’impression qu’il me pèse plus à moi qu’à lui, car si lui ne comprend pas ce qui se passe, moi j’ai toutes ces merdes qui ne cesse de bourdonner dans ma tête. Mais merde ! Pourquoi faut-il que ça m’arrive alors que je le retrouve à peine. J’étais si bien il y a encore quelques instants, tout contre lui. C’est pour ça que j’ose lui demander une étreinte chaste, un truc dingue que jamais, ô grand jamais je me serais risqué à demander auparavant certain qu’il se foutrait simplement de moi. Mais là, je n’ai que ça, je peux le sentir contre moi et si je ne peux pas aller plus loin, c’est déjà réconfortant de me blottir contre lui. Je suis pourtant certain qu’il va refuser en me disant que c’est un truc pour les abrutis gnangnan ou les vieux, mais très certainement pas pour lui, et ça me peine car je ne pense pas lui demander la lune et que si j’ai appris à vivre avec son égoïsme et que je suis prêt à vivre toujours avec, parfois il est bine trop blessant.
Pourtant je le sens se glisser derrière moi avec étonnement, et je me raidi quelque peu à ce contact que j’ai pourtant réclamé. C’est étrange et presque… trop. Jamais Jaylen n’a fait preuve de considération ou de compassion sauf s’il sait qu’il a quelque chose au bout. Or, ce n’est pas le cas pour l’heure. Je lui demande quelque chose et il me répond avec désintéressement. C’est limite trop beau pour être vrai, et ce sentiment se renforce lorsqu’il se met à parler.
« J'manquerais pas une occasion de t'avoir dans mes bras, bébé. »
Et son baiser sur ma nuque me trouble un peu plus. Ne suis-je pas un chieur né ? Il se montre gentil, patient, doux, tout ce que j’ai toujours voulu qu’il soit pendant toutes ces années et lorsqu’il l’est, surtout lorsque j’en ai le plus besoin, je retrouve à dire, trouvant que quelque chose cloche. Pourquoi ne pas me satisfaire de ce qu’il m’offre si gentiment et me laissait aller contre lui, dans ses bras qu’il m’a tendu sans même broncher. Alors j’essaie, j’enlace mes doigts aux siennes lorsqu’ils viennent les trouver, mais le regarder me semble difficile. §Je sens encore mes yeux embués. Il est – il me tuerait s’il m’entendait – adorable alors que je viens de lui faire le pire coup pour lui. Et le pire c’est que je n’arrive pas à passer au dessus de ça.
« Sérieusement... qu'est-ce qui te gêne autant? » Je comprends qu’il se pose la question, mais je ne me sens pas pour autant de lui répondre. « On est seuls, et je crève d'envie de te faire sentir combien tu comptes pour moi. »
Un bruit léger proche d’un gémissement d’envie monte dans ma gorge alors que sa bouche embrasse mon épaule. Moi aussi, je crève d’envie qu’il me le fasse sentir mais… Un petit rire lui échappe et je n’y aurai pas prêté attention s’il n’avait pas était aussi tendu.
« Tant que tu ne me fais pas une sorte de... blocage, ou je ne sais quoi du genre. »
Le reste de son discours ne m’atteint pas. Je me tends sensiblement fasse à son hypothèse que je sais juste. Et le problème est là. Si je lui dis qu’il s’agit bien de ça, quelle sera sa réaction ? Aucune que je veux connaître, ça c’est sûr ! Il m’enverra carrément bouler et me dira que je ne suis qu’un chieur, un con, et que je n’aurai qu’à venir le voir quand j’airai réglé mes problèmes mais certainement pas de l’emmerder avec ça, et qu’il ne le supporterait pas non plus. La scène est claire dans mon esprit, son discours, sa posture, toutes les expressions que prendront son visage… Je sais déjà exactement comme ça va se passer et je ne veux pas que ça arrive. Encore moins alors qu’on vient tout juste de se remettre ensemble. Je ne veux pas le perdre alors que je viens à peine de le retrouver. Je ne suis pas certain de pouvoir le supporter. Cette perspective fait monter un peu plus les larmes que je m’efforce de contenir malgré tout, et je ne l’entends pas lorsqu’il me susurre quelques mots, encore trop encré dans mes craintes profondes. J’ai pourtant pleinement conscience de ses mains s’aventurant sur mon torse dépourvu de tissu et j’en frémi, de plaisir, d’envie, de désir. Mais je sais que si je me lance de nouveau, là, si peu de temps après un premier échec, le résultat sera le même et ça me frustre terriblement, je n’imagine pas à quel point cela sera pareil pour Jaylen. Je m’en veut de lui faire subir tout ça et j’en ai honte aussi, voilà pourquoi je n’ai pas encore le regardé depuis que je me suis rétracté. Mais j’aurai été bête de croire que j’éviterais son regard indéfiniment, d’ailleurs, c’est lui qui me pousse à lui faire face et je vois l’ombre d’un sourire disparaître rapidement lorsque ses yeux ont tôt fait de remarquer l’humidité des miens.
La position qu’il adopte alors me laisse deviner tout l’étendu de son agacement, et ses paroles sont loin de me contredire.
« Kerr... j'suis bon qu'à ça, te tirer des larmes? »
« Non ! »
Je répond vite, le coupant presque pour ne pas lui laisser ne serait-ce qu’une seconde croire à ça. Ce n’est pas de sa faute, pas directement. C’est juste moi, comment souvent. Mais je rechigne à lui expliquer. On n’est pas fait pour parler tous les deux. Enfin, lui en tout cas, alors je m’adapte. Encore s’il avait la faculté d’écouter… mais ça non plus, ce n’est pas vraiment dans ses cordes. Je pourrais le lui reprocher. Lui dire qu’il est chiant à ne penser qu’à lui et lui balancer tous ses défauts au visage, mais à quoi ça servirait ? Je l’aime comme il est, avec ses qualités, et surtout ses défauts, même s’ils me blessent.
Son autres bras me quitte et je me sens étrangement… seul, abandonné. Il est juste à côté de moi mais j’ai l’impression qu’il n’a jamais été aussi loin. Je ne veux pas de cette distance entre nous, ni de ces silences pesants, bien que l’idée qu’il dise quelque chose, là, maintenant, me terrifie de par son contenu.
« On vient seulement de se remettre ensemble et j'en ai déjà plein ma claque de tes prises de tête. »
Je le savais. Je baisse la tête en signe d’excuse et lui montrant que j’accepte ses reproches. Voilà pourquoi je n’ai rien dit, je savais pertinemment que quelque chose comme ça sortirait de sa bouche. Je n’ai pas eu à parler pour l’y pousser d’ailleurs. A peine remis ensemble qu’il en a déjà marre. C’est mauvais, très mauvais. Pourtant, même si j’aurai compris qu’il s’en aille et me laisse seul avec mes problèmes dont il se fout ou qu’il essaie de me secouer en m’en envoyant plein la figure, c’est un tout autre comportement qu’il adopte.
Il m’attire contre lui, me laissant surpris, je le suis pourtant dans son geste lorsqu’il me pousse à m’allonger sur lui bien que je sois quelque peu tendu. L’effet de surprise sûrement. Ses bras l’enlacent et ses jambes se présentes comme des rempares m’empêchant de glisser, ou même de m’échapper. J’aime cette attention toute particulière, et j’aime l’entendre fredonner en me caressant la nuque. Je me détends contre lui, ferme les yeux et un fin sourire apaisé étire mes lèvres. Je ne l’aurai jamais cru capable de tant de gentillesse. Pas qu’il soit un monstre. Enfin, un monstre d’égoïsme, si.
Pourtant je le sens rapidement gigoter sous moi, comme s’il n’était pas bien là, avec moi dans ses bras. Je me redresse un peu, juste assez pour pouvoir planter mon regard dans le sien et juger s’il s’agit de notre position qu’il trouve inconfortable ou si c’est tout autre chose. Mais je n’ai pas le temps de scruter ses prunelles qu’il fond sur ma bouche, l’emprisonnant de la plus merveilleuse des façons.
C’est sensuelle et grisant. Je me laisse bien vite enivrer. En même temps il m’en faut si peu avec Jaylen, surtout lorsque je suis contre lui, nos peaux se frôlant et nos langues se liant. Mes mains partent s’égarer dans ses cheveux et je m’installe plus confortablement sur lui. Mon désir pour lui n’a de cesse de revenir secouer mon corps et gonfler mon entrejambe me paraissant bien mal à l’aise avec ce fichu bout de tissu la retenant prisonnière. Le baiser se prolonge et les frissons parcourant ma peau semblent ne plus vouloir la déserter. J’aime, j’aime, j’aime. Mes mains abandonnent ses cheveux et descendent, caressantes, le long de ses flancs avant de trouver sa ceinture qu’elles ont refusé d’ouvrir auparavant. Je tremble de nouveau mais je prends sur moi avec un effort dont je ne me serais pas cru capable et je viens finalement à bout de cette saleté et même du bouton de son pantalon. Ma bouche glisse, lentement, parsemant son torse de baisers appuyés et lorsqu’elle se heurte à la barrière que forme encore ses vêtements, je retiens mon souffle. Je peux le faire, j’en ai envie même, cette histoire de blocage est ridicule ! J’essaie de me convaincre, tournant en boucles mes arguments en tête, mais cela reste difficile. J’agrippe son pantalon et tire doucement dessus, mais il ne descend que très peu tandis que je remonte jusqu’à sa bouche que je capture, enfouissant ma langue dans son antre tout en essayant de me convaincre de ma stupidité.
J’approfondis un peu plus le baiser, mes faisant même exigeant et mes hanches font à la rencontre des siennes dans un mouvement aguicheur et envieux. Je peux le faire, j’en ai envie, il n’y a donc aucune raison pour que ça coince. Et pourtant c’est le cas. JE sais que je ne pourrais pas aller plus loin, là, tout de suite. Mon esprit m’encombre trop, empêche mon corps de s’exprimer. Si seulement je pouvais cesser de penser quelques instants… L’idée n’est pas stupide et elle fait lentement son chemin jusqu’à m’amener à la solution adéquate.
Sans quitter les lèvres de Jaylen, que je mordille, torture et suçote par moment, je glisse l’une de mes mains sous sa nuque et l’oblige à se redresse plus ou moins, tandis que je fais de même jusqu’à ce que nous soyons assis. Mes mains se collent à son cou, mon front se pose contre le sien et mes yeux plongent dans leurs vis-à-vis avant que je ne me murmure,
« Et si… on prenait un truc ? »
Moi qui n’avais jamais touché à ces trucs là avant tout à l’heure, voilà que je tente de lui proposer ça comme s’il s’agissait d’un rituel entre nous, de quelque chose faisant partie de notre complicité, comme si nous en avions l’habitude. Pourtant, mon timbre laisse entendre mon hésitation et on peut facilement entendre que je ne suis pas à l’aise avec tout ça. D’autant plus que je sais que Jaylen va se questionner. Il sera sûrement content que je lui demande ça. Il va penser que je ne le saoulerais plus avec sa consommation si je viens à consommer moi-même de temps à autre, ce n’est pourtant pas mon intention mais là, c’est tout ce que j’ai trouvé. D’ailleurs, je tente de m’expliquer quelque peu pour ne pas qu’il pense que ça va devenir une habitude.
« C’est bête mais, j’me sens un peu tendu, alors… enfin tu vois ça devrait passer avec un de tes trucs. »
Je lui lance un petit sourire et le lâche, certain d’avoir trouvé la bonne solution. En prenant une de ses drogues, je serais sûrement assez à l’ouest pour ne plus me focaliser sur ses multiples amants et leurs exploits. Mon corps parlera pour moi et je pourrais montrer à Jaylen combien il m’a manqué et je pourrais également profiter de lui autant que je le désir.
Je m’assoie un peu mieux sur le canapé et me penche, ramassant à mes pieds un des sachets que nous avons fait tomber plutôt de la table. Je le lève à hauteur des yeux et le regarde avec insistance comme si je pouvais deviner ainsi de quoi il s’agissait, jusqu’à ce que finalement je ne demande à l’expert, ce qui est le plus intelligent il faut l’avouer.
« Ca devrait le faire ça, non ? »
Je ne sais même pas de quoi il s’agit, ni même les effets que cela peut engendrer, mais je sais que si je me plante, Jaylen me le dira. Enfin, je doute qu’il ait quoi que se soit qui ne puisse pas convenir à un moment pareil. Tout doit être bon à prendre non ? Après tout c’est tous plus ou moins la même chose pour moi.
Le sachet en main, je me penche vers lui et m’attaque à son cou avec mes dents, désireux de le marquer et retrouvant un peu du poil de la bête en imaginant que bientôt, je n’aurai plus ces bêtises me bloquant en tête et que tout ira bien, car une fois le cap passé, même si c’est avec de la drogue, tout redeviendra comme avant après.
Kerr J. Travis- L'amour n'a jamais été aussi aveugle.
- ♦ HIBOUX POSTÉS : 336
♦ ARRIVÉE : 08/12/2009
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
Il répond avec une hardiesse prometteuse à mes baisers et, l'espace d'un instant, j'ai l'impression que ce simple geste serait à même de briser toutes les barrières qu'il dresse entre nous. J'oublie presque la question d'un potentiel blocage, j'oublie ses réticences, j'oublie qu'il serait tout à fait capable de me repousser là, maintenant, tout de suite, alors que sa bouche bouge encore contre la mienne de la plus exquise des façons. Ses mains s'égarent entre mes mèches brunes sur lesquelles elles tirent doucement, avant de s'aventurer plus bas, des mes épaules à mes côtes, jusqu'à atteindre ma ceinture. Gagné? Je me retiens de crier victoire, étouffant un léger rire entre ses lèvres, avant de les abandonner pour caresser le creux de sa joue du bout du nez. Son sexe se presse avidement contre ma cuisse, et je ne peux manquer de la sentir durcir irrémédiablement. C'est si étrange, cet effet de dingue que peut me faire le moindre de ses gestes. À croire que chaque sensation, aussi infime puisse-t-elle être, est décuplée lorsqu'il en est à l'origine.
Il m'embrasse le torse encore et encore, glissant toujours plus bas, avant de se décider à tirer sur mon pantalon, enfin. Mais qu'attend-il pour m'en débarrasser? Inconscient de sa lutte intérieure, je m'agite à nouveau, impatient, mais il fait taire d'un baiser tout ébauche de protestation. Plus exigeant, il me coupe le souffle quelques secondes en appuyant son bassin contre le mien, un peu plus fort, entamant un mouvement prometteur que je ne tarde pas à suivre. À leur tour, mes doigts se font inquisiteurs et s'empressent de se glisser sous la ceinture de son pantalon, tout contre sa peau que je griffe brièvement. Je veux le sentir plus près de moi. Il ralentit pourtant dangereusement la cadence, faisant preuve d'une douceur douteuse, que j'assimile à de l'hésitation. Et merde. Sa paume sur ma nuque me pousse à m'asseoir, mais je tente de dérober ses lèvres une nouvelle fois en le sentant prêt à reprendre la parole. Pas que l'écouter me dérange, mais... en fait, si. N'ai-je pas suffisamment fait d'efforts pour cette fois? Ne me suis-je pas montré plus patient avec lui que je ne l'ai jamais été? Câlin, même, alors que ces tendances là ne me ressemblent absolument pas? Je l'ai déjà assez entendu geindre pour prendre le risque de le laisser s'y remettre. Mais il parvient à m'échapper, appuie son front contre le mien et me vrille de ses fameuses prunelles trop expressives, celles-là mêmes auxquelles je suis presque incapable de résister...
« Et si… on prenait un truc ? » – … pour me sortir la plus énorme des énormités.
Sur le coup, je reste immobile, tentant d'encaisser toute la symbolique de cette proposition. Kerr n'a jamais eu besoin d'artifices pour prendre son pied avec moi; alors comment se fait-il que cette fois, bien que excité comme pas permis, il se permette de réclamer autre chose?
« Quoi, t'es déjà accro? Il t'en faut peu. »
Ma phrase aurait pu sembler anodine, un peu moqueuse même, sachant que durant deux ans je n'ai eu de cesse de lui proposer de « tâter » de ce bout là. Mais la réalité est tout autre. C'est mon habitude, ma sale tendance, que de me réfugier dans la drogue pour oublier ce qui m'entoure ou rendre les sensations plus vives. Et je ne le veux pas accro à ça; je le veux accro à moi. Pire que tout, il hésite encore. Je le connais trop bien pour ne pas me rendre compte de son malaise après sa demande, pour ne pas comprendre que quelque chose cloche, une fois de plus.
« J'peux te faire une confidence, bébé? »
Je me fais aussi tendre que possible, flatte sa joue de la pulpe de mes doigts, et esquisse un sourire crispé qui n'en est pas tout à fait un.
« Là tu me mets salement à l'épreuve. Je veux bien essayer d'être... cool, et de te laisser le temps de te reprendre, mais j'ai des limites, tu vois. »
Ma respiration s'est faite à peine plus rapide, mais ma façon de le dévisager laisse clairement comprendre que oui, il m'énerve, et pas qu'un peu.
« Pourquoi tu m'demandes ça? » – je grince avec agacement, me retenant toute fois d'exploser une fois pour toutes.
« C’est bête mais, j’me sens un peu tendu, alors… enfin tu vois ça devrait passer avec un de tes trucs. »
Je reste bouche-bée face à son culot, alors qu'il me crache au visage que je suis incapable de l'aider à se détendre, que tous ces efforts n'ont servi strictement à rien.
« Ca devrait le faire ça, non ? », reprend-il après avoir jaugé l'un des sachets qu'on a fait tomber de la table basse tout à l'heure, essayant visiblement de comprendre à quoi il peut bien avoir à faire.
Et moi j'ai juste envie de lui faire bouffer son petit sourire en coin et son air désolé. Putain, j'ai envie de lui mettre des baffes, et de bonnes. Il se penche de nouveau vers moi, sa trouvaille en main, et alors qu'il torture mon cou de morsures, j'essaye de me convaincre que tout va bien; que sa requête ne pourra qu'être un bonus entre nous. Ce serait chouette, après tout, qu'on partage ça.. la dépendance aux drogues. Il ne pourrait plus rien me dire parce qu'on serait pareil; j'aurais la liberté absolue de faire ce qu'il me plait, sans avoir à subir ensuite ses plaintes agaçantes...
C'est peut-être con mais, bizarrement, je n'arrive pas à m'en convaincre. Plus j'y pense, plus la conclusion que je tente de repousser se fait présente : il me fait juste chier.
« En gros t'es incapable d'aller plus loin., je constate d'un timbre placide, sans chercher son regard. Et pour palier le problème, tu me demandes de te donner de quoi te faire tourner la tête, histoire que tu réussisses à surmonter ton... tes... Merde, j'sais même pas à quoi t'essaye d'échapper.
Je me redresse un peu brusquement, conscient que mon discours perd en cohérence à mesure que les secondes défilent. J'ai mal au crâne, la langue lourde, désagréablement sèche, et le goût persistant, ravageur de sa peau, me fait tourner la tête. Je m'éloigne du canapé, de lui, pour lutter contre mon envie de le secouer, de le prendre violemment sans me soucier du fait qu'il ne se sente pas prêt à aller plus loin, ou peut-être de lui mettre mon poing dans la gueule pour nous aider à retrouver nos esprits.
« Dis-moi, Kerr, tu veux oublier quoi, au juste? Que tu ne peux plus te contenter de moi? Que j'sais plus te satisfaire? Ou carrément que c'est bien entre mes bras que tu te trouves, pour ton malheur? Depuis quand t'as besoin d'un bonus pour réussir à te lâcher? »
Soudain immobile, je sens un rictus cruel m'échapper et reviens sur mes pas pour me retrouver face à lui. Mes bras l'encerclent, le bloquant dans son siège en l'entourant de part en part, et je rapproche mon visage du sien.
« J'connais bien quelque chose qui pourrait t'aider, ouais. Un truc bien connu, dont l'effet est redoutable sur les impuissants, ou les coincés dans ton genre. Ça a pas mal de noms, mais tu sauras plus facilement à quoi j'fais référence si je te dis qu'on l'appelle aussi drogue des violeurs.. »
Je frôle sa bouche de la mienne, ne lâchant plus ses pupilles ensorceleuses, et ma voix se fait faussement douce pour masquer ma frustration.
« C'est c'que tu veux, Kerr? C'est comme ça que tu le vois, notre avenir ensemble? J'devrai tout le temps te forcer la main, te faire perdre conscience de ce qui t'entoure, pour que t'acceptes de tenir tes promesses? Je sers les lèvres et me redresse lentement, seulement pour pousser la table d'un coup de pied furieux afin d'avoir un libre accès à tout ce qui traîne au sol. Dommage, c'est pas le genre de truc que je traîne dans mes poches. Parce que crois-le ou non, en général mes conquêtes sont plutôt partantes pour un plan baise; pas besoin de les droguer pour ça. »
Je ne fais même pas mine de chercher quelque chose de précis et entasse fioles et paquets sans me soucier de leur contenu, entre mes mains jointes. Puis je les lance sur le canapé; sur lui.
« Tiens, j'imagine que ça devrait te suffire. Ou t'aurais besoin de plus? Vu combien tu te prends la tête, il faudrait peut-être que tu consommes jusqu'à évanouissement pour te sentir capable d'aller plus loin. »
Mais me défouler sur lui ne m'apaise en rien. Bien au contraire. Il y a ce... cette espèce de morsure amère, que je sens au creux de ma poitrine, et qui me force à suspendre ma diatribe décousue. Je le traite comme une merde, pour pas changer, mais je refoule mon envie de baisser la tête et m'évertue plutôt à le fixer de haut. Comme s'il était le seul en tort. Comme si je ne me doutais pas qu'au fond, cette situation dans laquelle on se retrouve, je l'ai directement provoquée.
« Putain, c'est tellement pas comme ça que j'imaginais qu'on... »... se retrouverait.
Mais le dire à voix haute serait avouer une fois encore que ces retrouvailles, je les rêvées, espérées avec une ardeur effrayantes. Pendant des mois, Kerr a été mon fruit défendu, l'irrémédiable tentation dont je ne pouvais envisager de me détourner. Aujourd'hui encore, je refuse l'idée de devoir me passer de lui.
« On est ensemble, comme avant... mais j'ai juste l'impression que l'écart se creuse entre nous et que rien ne sera jamais tout à fait pareil. »
Je passe un main lasse sur mon visage, réticent à l'idée d'exprimer ce que je pense, mais tout à coup, ça me semble être une évidence. On n'arrivera à rien, strictement rien, s'il persiste à se braquer ainsi face à moi. Parce qu'à chaque fois je m'énerverai, je lui montrerai combien sa façon d'être m'insupporte, et il fera semblant de surmonter ce nouveaux reproches alors que je le blesserai seulement plus. Et tout recommencera, encore et encore. Comme un cercle vicieux. Alors qu'au fond j'aurais tellement voulu le rendre... heureux.
« Peut-être... peut-être que t'es juste pas prêt à ce qu'on se remette ensemble. – je reprends dans un souffle. Tu sais bien comment je suis, tu te doutes que cette situation... bon sang Kerr, j'tiendrai pas bien longtemps comme ça. Peut-être.. que je t'en ai juste déjà trop fait, et que t'es plus capable d'encaisser... malgré ce que tu te forces à croire. »
Mon sourire amer parle pour moi. Exprimer cette impression revient presque à dire que lui et moi, ça n'a plus aucun sens, aucune raison d'être. C'est comme une nouvelle rupture, une nouvelle déchirure, parce que je sais que je n'ai rien à lui offrir de mieux. Que les choses ne changeront jamais.
Soudain silencieux, je me rhabille rapidement et prends le temps de digérer la boule qui me noue la gorge, avant de me diriger à pas lents vers ma guitare. Avec délicatesse, je noue mes doigts autour de son manche et la place dans son étui, caressant tendrement son corps verni avant de l'enfermer pour de bon. Le signal du départ. Rester ici plus longtemps serait inutile, non? À chaque nouvelle rencontre, un nouvelle dispute. Je suis fatigué de tout ça, trop pour tenter d'arranger les choses. De nous deux, je n'ai jamais été le plus concilient. Je ne sais pas s'il parle, s'il essaye de me retenir, si... je ne sais rien. Je n'entends rien. Seulement le martèlement douloureux de mon palpitant, le tremblement de mes mains, mon envie de quitter les lieux au plus vite. Cette fois, c'est moi qui lui tournerai le dos et le laisserai face à ses remords et regrets, ses interrogations. Alors que je suis encore plus coupable que lui de ce nouvel échec.
J'atteins la porte avant même de m'en rendre compte, mais hésite en posant la main sur la poignée. Il est celui qui a fait le premier pas, aujourd'hui comme souvent. Devrais-je lui laisser comprendre que je l'attends encore? Que malgré mes doutes, je le veux toujours aussi fort? Que non, ce n'est pas une rupture, et que je m'efforcerai d'être là pour lui s'il veut de ma présence?
« J'ai pas envie de te perdre une fois de plus... Je m'y prends mal pour le montrer, sans doute, mais j'envie de te retenir. De te garder avec moi. Drogue et fatigue se disputent la place pour mieux m'embrouiller les idées, et je ne sais plus si Kerr me comprendra ou non, mais j'extériorise. Une dernière fois avant de le laisser seul. Mais si tu ne t'en sens pas capable... si tu penses que tu serais mieux avec n'importe qui d'autre que moi... j'te retiendrai pas. »
Je fixe le chambranle de la porte d'un air absent, peinant à croire que c'est bien moi qui vient de dire ça, et enclenche enfin la serrure pour ouvrir la porte. Le temps se suspend une dernière fois, alors qu'un aveu menace de s'échapper de mes lèvres hésitantes...
« Pour c'que ça vaut... je t'aime, ptit con. »
Simple murmure avant que la pièce ne se referme derrière moi. Et je me trouve con, là, devant cette salle qui abrite celui qui sait si bien me faire perdre la tête, le coeur battant encore la chamade à l'intérieur de ma poitrine, les mains désagréablement moites. Je l'ai dit... alors que j'ai si souvent affirmé que ces mots ne valaient plus rien entre nous deux. Pour la première fois depuis longtemps, mes paroles étaient clairement en accord avec mes sentiments... mais je ne sais pas si je devrais vraiment m'en réjouir, maintenant qu'il a entre les mains le meilleur moyen de me piétiner le coeur. Moi qui n'ai jamais supporté d'être fragile pour quelqu'un d'autre. Mes pas pressés m'éloignent de la pièce, de peur qu'il ne finisse par en sortir.. De peur de devoir recroiser son regard après ça.
Il m'embrasse le torse encore et encore, glissant toujours plus bas, avant de se décider à tirer sur mon pantalon, enfin. Mais qu'attend-il pour m'en débarrasser? Inconscient de sa lutte intérieure, je m'agite à nouveau, impatient, mais il fait taire d'un baiser tout ébauche de protestation. Plus exigeant, il me coupe le souffle quelques secondes en appuyant son bassin contre le mien, un peu plus fort, entamant un mouvement prometteur que je ne tarde pas à suivre. À leur tour, mes doigts se font inquisiteurs et s'empressent de se glisser sous la ceinture de son pantalon, tout contre sa peau que je griffe brièvement. Je veux le sentir plus près de moi. Il ralentit pourtant dangereusement la cadence, faisant preuve d'une douceur douteuse, que j'assimile à de l'hésitation. Et merde. Sa paume sur ma nuque me pousse à m'asseoir, mais je tente de dérober ses lèvres une nouvelle fois en le sentant prêt à reprendre la parole. Pas que l'écouter me dérange, mais... en fait, si. N'ai-je pas suffisamment fait d'efforts pour cette fois? Ne me suis-je pas montré plus patient avec lui que je ne l'ai jamais été? Câlin, même, alors que ces tendances là ne me ressemblent absolument pas? Je l'ai déjà assez entendu geindre pour prendre le risque de le laisser s'y remettre. Mais il parvient à m'échapper, appuie son front contre le mien et me vrille de ses fameuses prunelles trop expressives, celles-là mêmes auxquelles je suis presque incapable de résister...
« Et si… on prenait un truc ? » – … pour me sortir la plus énorme des énormités.
Sur le coup, je reste immobile, tentant d'encaisser toute la symbolique de cette proposition. Kerr n'a jamais eu besoin d'artifices pour prendre son pied avec moi; alors comment se fait-il que cette fois, bien que excité comme pas permis, il se permette de réclamer autre chose?
« Quoi, t'es déjà accro? Il t'en faut peu. »
Ma phrase aurait pu sembler anodine, un peu moqueuse même, sachant que durant deux ans je n'ai eu de cesse de lui proposer de « tâter » de ce bout là. Mais la réalité est tout autre. C'est mon habitude, ma sale tendance, que de me réfugier dans la drogue pour oublier ce qui m'entoure ou rendre les sensations plus vives. Et je ne le veux pas accro à ça; je le veux accro à moi. Pire que tout, il hésite encore. Je le connais trop bien pour ne pas me rendre compte de son malaise après sa demande, pour ne pas comprendre que quelque chose cloche, une fois de plus.
« J'peux te faire une confidence, bébé? »
Je me fais aussi tendre que possible, flatte sa joue de la pulpe de mes doigts, et esquisse un sourire crispé qui n'en est pas tout à fait un.
« Là tu me mets salement à l'épreuve. Je veux bien essayer d'être... cool, et de te laisser le temps de te reprendre, mais j'ai des limites, tu vois. »
Ma respiration s'est faite à peine plus rapide, mais ma façon de le dévisager laisse clairement comprendre que oui, il m'énerve, et pas qu'un peu.
« Pourquoi tu m'demandes ça? » – je grince avec agacement, me retenant toute fois d'exploser une fois pour toutes.
« C’est bête mais, j’me sens un peu tendu, alors… enfin tu vois ça devrait passer avec un de tes trucs. »
Je reste bouche-bée face à son culot, alors qu'il me crache au visage que je suis incapable de l'aider à se détendre, que tous ces efforts n'ont servi strictement à rien.
« Ca devrait le faire ça, non ? », reprend-il après avoir jaugé l'un des sachets qu'on a fait tomber de la table basse tout à l'heure, essayant visiblement de comprendre à quoi il peut bien avoir à faire.
Et moi j'ai juste envie de lui faire bouffer son petit sourire en coin et son air désolé. Putain, j'ai envie de lui mettre des baffes, et de bonnes. Il se penche de nouveau vers moi, sa trouvaille en main, et alors qu'il torture mon cou de morsures, j'essaye de me convaincre que tout va bien; que sa requête ne pourra qu'être un bonus entre nous. Ce serait chouette, après tout, qu'on partage ça.. la dépendance aux drogues. Il ne pourrait plus rien me dire parce qu'on serait pareil; j'aurais la liberté absolue de faire ce qu'il me plait, sans avoir à subir ensuite ses plaintes agaçantes...
C'est peut-être con mais, bizarrement, je n'arrive pas à m'en convaincre. Plus j'y pense, plus la conclusion que je tente de repousser se fait présente : il me fait juste chier.
« En gros t'es incapable d'aller plus loin., je constate d'un timbre placide, sans chercher son regard. Et pour palier le problème, tu me demandes de te donner de quoi te faire tourner la tête, histoire que tu réussisses à surmonter ton... tes... Merde, j'sais même pas à quoi t'essaye d'échapper.
Je me redresse un peu brusquement, conscient que mon discours perd en cohérence à mesure que les secondes défilent. J'ai mal au crâne, la langue lourde, désagréablement sèche, et le goût persistant, ravageur de sa peau, me fait tourner la tête. Je m'éloigne du canapé, de lui, pour lutter contre mon envie de le secouer, de le prendre violemment sans me soucier du fait qu'il ne se sente pas prêt à aller plus loin, ou peut-être de lui mettre mon poing dans la gueule pour nous aider à retrouver nos esprits.
« Dis-moi, Kerr, tu veux oublier quoi, au juste? Que tu ne peux plus te contenter de moi? Que j'sais plus te satisfaire? Ou carrément que c'est bien entre mes bras que tu te trouves, pour ton malheur? Depuis quand t'as besoin d'un bonus pour réussir à te lâcher? »
Soudain immobile, je sens un rictus cruel m'échapper et reviens sur mes pas pour me retrouver face à lui. Mes bras l'encerclent, le bloquant dans son siège en l'entourant de part en part, et je rapproche mon visage du sien.
« J'connais bien quelque chose qui pourrait t'aider, ouais. Un truc bien connu, dont l'effet est redoutable sur les impuissants, ou les coincés dans ton genre. Ça a pas mal de noms, mais tu sauras plus facilement à quoi j'fais référence si je te dis qu'on l'appelle aussi drogue des violeurs.. »
Je frôle sa bouche de la mienne, ne lâchant plus ses pupilles ensorceleuses, et ma voix se fait faussement douce pour masquer ma frustration.
« C'est c'que tu veux, Kerr? C'est comme ça que tu le vois, notre avenir ensemble? J'devrai tout le temps te forcer la main, te faire perdre conscience de ce qui t'entoure, pour que t'acceptes de tenir tes promesses? Je sers les lèvres et me redresse lentement, seulement pour pousser la table d'un coup de pied furieux afin d'avoir un libre accès à tout ce qui traîne au sol. Dommage, c'est pas le genre de truc que je traîne dans mes poches. Parce que crois-le ou non, en général mes conquêtes sont plutôt partantes pour un plan baise; pas besoin de les droguer pour ça. »
Je ne fais même pas mine de chercher quelque chose de précis et entasse fioles et paquets sans me soucier de leur contenu, entre mes mains jointes. Puis je les lance sur le canapé; sur lui.
« Tiens, j'imagine que ça devrait te suffire. Ou t'aurais besoin de plus? Vu combien tu te prends la tête, il faudrait peut-être que tu consommes jusqu'à évanouissement pour te sentir capable d'aller plus loin. »
Mais me défouler sur lui ne m'apaise en rien. Bien au contraire. Il y a ce... cette espèce de morsure amère, que je sens au creux de ma poitrine, et qui me force à suspendre ma diatribe décousue. Je le traite comme une merde, pour pas changer, mais je refoule mon envie de baisser la tête et m'évertue plutôt à le fixer de haut. Comme s'il était le seul en tort. Comme si je ne me doutais pas qu'au fond, cette situation dans laquelle on se retrouve, je l'ai directement provoquée.
« Putain, c'est tellement pas comme ça que j'imaginais qu'on... »... se retrouverait.
Mais le dire à voix haute serait avouer une fois encore que ces retrouvailles, je les rêvées, espérées avec une ardeur effrayantes. Pendant des mois, Kerr a été mon fruit défendu, l'irrémédiable tentation dont je ne pouvais envisager de me détourner. Aujourd'hui encore, je refuse l'idée de devoir me passer de lui.
« On est ensemble, comme avant... mais j'ai juste l'impression que l'écart se creuse entre nous et que rien ne sera jamais tout à fait pareil. »
Je passe un main lasse sur mon visage, réticent à l'idée d'exprimer ce que je pense, mais tout à coup, ça me semble être une évidence. On n'arrivera à rien, strictement rien, s'il persiste à se braquer ainsi face à moi. Parce qu'à chaque fois je m'énerverai, je lui montrerai combien sa façon d'être m'insupporte, et il fera semblant de surmonter ce nouveaux reproches alors que je le blesserai seulement plus. Et tout recommencera, encore et encore. Comme un cercle vicieux. Alors qu'au fond j'aurais tellement voulu le rendre... heureux.
« Peut-être... peut-être que t'es juste pas prêt à ce qu'on se remette ensemble. – je reprends dans un souffle. Tu sais bien comment je suis, tu te doutes que cette situation... bon sang Kerr, j'tiendrai pas bien longtemps comme ça. Peut-être.. que je t'en ai juste déjà trop fait, et que t'es plus capable d'encaisser... malgré ce que tu te forces à croire. »
Mon sourire amer parle pour moi. Exprimer cette impression revient presque à dire que lui et moi, ça n'a plus aucun sens, aucune raison d'être. C'est comme une nouvelle rupture, une nouvelle déchirure, parce que je sais que je n'ai rien à lui offrir de mieux. Que les choses ne changeront jamais.
Soudain silencieux, je me rhabille rapidement et prends le temps de digérer la boule qui me noue la gorge, avant de me diriger à pas lents vers ma guitare. Avec délicatesse, je noue mes doigts autour de son manche et la place dans son étui, caressant tendrement son corps verni avant de l'enfermer pour de bon. Le signal du départ. Rester ici plus longtemps serait inutile, non? À chaque nouvelle rencontre, un nouvelle dispute. Je suis fatigué de tout ça, trop pour tenter d'arranger les choses. De nous deux, je n'ai jamais été le plus concilient. Je ne sais pas s'il parle, s'il essaye de me retenir, si... je ne sais rien. Je n'entends rien. Seulement le martèlement douloureux de mon palpitant, le tremblement de mes mains, mon envie de quitter les lieux au plus vite. Cette fois, c'est moi qui lui tournerai le dos et le laisserai face à ses remords et regrets, ses interrogations. Alors que je suis encore plus coupable que lui de ce nouvel échec.
J'atteins la porte avant même de m'en rendre compte, mais hésite en posant la main sur la poignée. Il est celui qui a fait le premier pas, aujourd'hui comme souvent. Devrais-je lui laisser comprendre que je l'attends encore? Que malgré mes doutes, je le veux toujours aussi fort? Que non, ce n'est pas une rupture, et que je m'efforcerai d'être là pour lui s'il veut de ma présence?
« J'ai pas envie de te perdre une fois de plus... Je m'y prends mal pour le montrer, sans doute, mais j'envie de te retenir. De te garder avec moi. Drogue et fatigue se disputent la place pour mieux m'embrouiller les idées, et je ne sais plus si Kerr me comprendra ou non, mais j'extériorise. Une dernière fois avant de le laisser seul. Mais si tu ne t'en sens pas capable... si tu penses que tu serais mieux avec n'importe qui d'autre que moi... j'te retiendrai pas. »
Je fixe le chambranle de la porte d'un air absent, peinant à croire que c'est bien moi qui vient de dire ça, et enclenche enfin la serrure pour ouvrir la porte. Le temps se suspend une dernière fois, alors qu'un aveu menace de s'échapper de mes lèvres hésitantes...
« Pour c'que ça vaut... je t'aime, ptit con. »
Simple murmure avant que la pièce ne se referme derrière moi. Et je me trouve con, là, devant cette salle qui abrite celui qui sait si bien me faire perdre la tête, le coeur battant encore la chamade à l'intérieur de ma poitrine, les mains désagréablement moites. Je l'ai dit... alors que j'ai si souvent affirmé que ces mots ne valaient plus rien entre nous deux. Pour la première fois depuis longtemps, mes paroles étaient clairement en accord avec mes sentiments... mais je ne sais pas si je devrais vraiment m'en réjouir, maintenant qu'il a entre les mains le meilleur moyen de me piétiner le coeur. Moi qui n'ai jamais supporté d'être fragile pour quelqu'un d'autre. Mes pas pressés m'éloignent de la pièce, de peur qu'il ne finisse par en sortir.. De peur de devoir recroiser son regard après ça.
Jaylen Killam- ♦ HIBOUX POSTÉS : 331
♦ ARRIVÉE : 28/10/2009
♦ ANNÉE : 6ème
Re: Dis moi que je te manque... même un peu |Terminé|
Lui proposer de prendre quelque chose comme ça, de cette manière, ne me paraissait pas une si mauvaise idée que ça. Jaylen adore ses merdes qu’il consomme à outrance et il lui ait souvent arrivé de me proposer de tester avec lui, pour s’amuser, me [décoincé[/i] un peu. Alors, lorsque je le lui demande, je pense qu’il sera content que je cède, que je partage ça avec lui et surtout je sais que je lui offre sur un plateau d’argent un argument pour les prochaines fois, si j’ose lui faire de nouveau la morale sur sa consommation. Il a tout pour accepter, tout pour lui faire plaisir et pourtant il se fait moqueur dans un premier temps, me poussant à baisser un peu plus la tête. Non, je ne suis pas déjà accro, je veux juste m’aider à passer ce cap stupide qui me bloque. Parce que je suis persuadé qu’une fois que je l’aurai fait, même si c’est avec de la drogue dans le sans, je n’aurai plus de problème par la suite. Mais si je laisse les choses traîner ainsi, qui sait combien de temps cela pourrait durer ? Peut-être que demain, tout sera déjà redevenu comme avant, que c’est juste là, maintenant. Mais le problème c’est que c’est aussi maintenant que j’ai envie de lui, qu’il a envie de moi, et généralement on ne refuse rien à Jaylen sous peine de le regretter amèrement. Je sais très bien que si je ne réponds pas à ses attentes tout de suite, il ira aussitôt se défouler ailleurs et je ne veux pas. Oui, j’ai promis de ne plus rien dire quant à ses infidélités mais ce n’est pas pour autant que je vais les encourager ou le pousser un peu plus dans les bras d’un ou d’une autre. L’idée qu’il puisse quitter cette salle, me quitter moi, pour aller trouver un autre amant au détour d’un couloir m’est insupportable. Ce n’est pas parce que j’ai promis de ne plus rien dire que je ne ressens plus rien à ce sujet. Il reste mon Jaylen, celui que j’aime, et l’idée de le partager me faire souffrir, cependant je sais pertinemment que c’est ça ou rien. La preuve, lorsque nous n’étions plus ensemble j’en venais à regretter ses simples infidélités dont la douleur me paraissait bien plus supportable que le fait de ne plus l’avoir dans ma vie.
« J'peux te faire une confidence, bébé ? »
Ses doigts glissent doucement sur ma joue, étrangement doux et délicats tandis que j’hoche simplement la tête en guise de réponse, mais je crains la suite voyant son sourire forcé qui ressemble plus à un masque pour cacher son énervement.
« Là tu me mets salement à l'épreuve. Je veux bien essayer d'être... cool, et de te laisser le temps de te reprendre, mais j'ai des limites, tu vois. »
Des limites. Celles-là même qui me font peur, qui me tordent l’estomac avec insistances. Celles qui le pousseront à se perdre dans les bras du ou de la première venue pour ne pas avoir été un minimum satisfait avec moi. Ce n’est pas comme si, il me resterait fidèle si je tenais mes engagements, mais là c’est carrément moi qui le pousse à aller voir ailleurs en me bloquant stupidement à cause des potentielles qualités de ses nombreuses conquêtes. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Je sais que c’est ridicule, je sais que tout ça n’est que dans ma tête, et je sais aussi que si je ne fais pas quelque chose, je le perdrais un peu plus que je ne le récupérerais, et pourtant je n’arrive pas à passer outre se mal être qui m’habite. J’ai beau l’avoir contre moi, le désirer, je n’y arrive pas et je me déteste pour ça.
« Pourquoi tu m'demandes ça ? »
« C’est bête mais, j’me sens un peu tendu, alors… enfin tu vois ça devrait passer avec un de tes trucs. »
J’essaie de m’expliquer sans évoquer la possibilité d’un blocage, lui-même en a parlé un peu plus tôt et je sais que si je venais à confirmer ce qu’il a tourné à la dérision, il serait probablement furieux. Il m’enverrait chier, moi et mes états d’âme lui prenant constamment la tête, et bien qu’il m’ait avoué tenir à moi, je crains que ça ne soit suffisant pour qu’il mette de nouveau fin à un nous deux. J’essaie alors de faire comme si de rien n’était qu’il ne s’agit juste d’un petit souci, que je me sens tendu, ça arrive non ? et je tente de paraître plus naturel, plus détaché lorsque je lui montre un de ses propres sachets et que je lui demande si ça peut convenir. Mais je n’attends pas de réelles réponse et je me penche pour torturer son cou de mes dents, cherchant par là à lui faire oublié que je le fais quelque peu chier. En générale ça marche plutôt bien, Jaylen oublie pas mal de chose – et en pardonne d’autre – lorsqu’il s’agit de sexe, en deux ans j’ai appris à le comprendre, même si la dernière fois cela s’est soldé par un cuisant échec, mais quelle idée avais-je eu aussi de lui parler de sa mère.
« En gros t'es incapable d'aller plus loin. Et pour palier le problème, tu me demandes de te donner de quoi te faire tourner la tête, histoire que tu réussisses à surmonter ton... tes... Merde, j'sais même pas à quoi t'essaye d'échapper. »
J’abandonne son cou et c’est bouche bée que mon regard vient se poser sur son visage. Jaylen qui parle pendant… non, plutôt Jaylen qui essaie de comprendre, qui ne prend pas ce que je lui donne sur un plateau, qui coupe court à un éventuel rapport ? J’ai de quoi être surpris tout de même. Et je le suis d’autant plus lorsqu’il se redresse et quitte le canapé brusquement. Jaylen n’est pas du genre à se poser des question ou à refuser une potentielle étreinte quelle qu’elle soit, aussi le fait qu’il s’éloigne de moi à cet instant précis me pousse à me questionner. Pourquoi ? Il n’en a pourtant, je cite : rien à foutre de mes problèmes et de mes conneries. Généralement même, c’est lui qui me fait taire d’un baiser, parce que m’entendre me plaindre ou me voir afficher un air un peu défait le fait terriblement chier. Il me l’a déjà dit, il ne s’est pas gêné pour. Alors le voir s’éloigner au lieu de prendre ce que je lui donne, ce qu’il réclame sans que je ne le fasse chier pour le coup, c’est assez étrange.
« Dis-moi, Kerr, tu veux oublier quoi, au juste ? Que tu ne peux plus te contenter de moi ? Que j'sais plus te satisfaire ? Ou carrément que c'est bien entre mes bras que tu te trouves, pour ton malheur ? Depuis quand t'as besoin d'un bonus pour réussir à te lâcher ? »
Je sursaute quelque peu lorsque sa voix s’élève, je ne m’attendais encore moins à ce qu’il me parle à ce moment là. Mais ses propos me font mal au cœur, pas qu’il cherche sciemment à me blesser comme il a pu le faire dans le passer, c’est juste qu’il exprime le sentiment de ne plus compter autant pour moi. Pourtant c’est faux ! Bien sûr que je peux me contenter de lui, et largement. Il n’y a que dans ses bras à lui que je veux être, et question satisfaction, j’ai toujours assimilé le sexe à l’amour, ça ne peut donc pas être mieux pour moi de mon côté. Certes j’ai vibré dans les bras de Damon mais cela n’avait strictement rien à voir. Il s’agissait juste d’un plaisir et d’un désir bestial, assouvi dans un moment d’abandon. Au moins, je comprends pourquoi il cherche à comprendre ce qu’il cloche, il ne s’inquiète pas pour moi, mais c’est plutôt une histoire d’ego blessé. Le fait que je réclame quelque chose pour me lâcher lui fait sûrement penser que j’ai plus pris mon pied avec Damon et que je crains de ne pas ressentir la même chose avec lui à présent. Foutaises ! Il n’y a que lui, il n’y a toujours eu que lui. J’aimerais lui dire tout ça, le lui expliquer – en évitant la partie ‘plaisir bestial’ concernant Damon – mais il ne m’en laisse pas l’occasion. Il est déjà revenu vers moi et le sourire que j’ai pu voir s’esquisser sur ses lèvres a eu de quoi me glacé le sang tandis qu’il m’encercle de ses bras que j’aime tant.
« J'connais bien quelque chose qui pourrait t'aider, ouais. Un truc bien connu, dont l'effet est redoutable sur les impuissants, ou les coincés dans ton genre. Ça a pas mal de noms, mais tu sauras plus facilement à quoi j'fais référence si je te dis qu'on l'appelle aussi drogue des violeurs... »
Je me fige et blêmi, ne comprenant pas qu’il ose me parler de ça alors que ses lèvres viennent à peine d’effleurer les miennes. C’est abject ! il le sait bien entendu, et je suis certain que c’était l’effet qu’il désirait faire, sûrement dans le but de me faire réagir.
« C'est c'que tu veux, Kerr ? C'est comme ça que tu le vois, notre avenir ensemble ? J'devrai tout le temps te forcer la main, te faire perdre conscience de ce qui t'entoure, pour que t'acceptes de tenir tes promesses ? »
Je détourne le regard et me mords la lèvre inférieure. Il a raison dans un sens. Si je réclame ça tout de suite, qu’adviendra-t-il de nous avec le temps ? Devrais-je prendre de ces saloperies à chaque fois pour palier mes problèmes ? Car même si je suis sûr qu’il ne s’agit que d’une seule fois, histoire de me remettre sur pied, de voir que je n’ai pas de raison de bloquer. Même si je suis persuadé qu’après ça, mon esprit aura compris et que je ne ferais plus ce complexe, qui me dit qu’au fond, je ne me trompe pas ? Ne vais-je pas, par appréhension, en demander une dose à chaque fois qu’on voudra partager un moment intime de peur que cela ne recommence ? Ne suis-je pas en train de tomber dans un cercle vicieux ?
Mes interrogations se brisent un entendant la table traîner violemment contre le sol dans un bruit sourd, Jaylen l’ayant poussé d’un coup de pied que je qualifierais de rageur – je ne me suis même pas rendu compte qu’il m’avait lâché – avant de reprendre.
« Dommage, c'est pas le genre de truc que je traîne dans mes poches. Parce que crois-le ou non, en général mes conquêtes sont plutôt partantes pour un plan baise; pas besoin de les droguer pour ça. »
Et là, j’ai mal. Terriblement mal qu’ils me parlent d’eux. Qu’il me rappelle qu’ils existent et qu’à quel point, ils peuvent le désirer et s’amuser ensemble.
Il se baisse et ramasse les fioles et les sachets que nous avons fait tomber de la table tout à l’heure lorsque nous y avons pris nos aises, avant de les balancer carrément sur moi, comme si je n’était rien d’autre qu’une merde à ses yeux, limite même un drogué pathétique en manque et réclamant sa dose, c’est carrément le monde à l’envers là.
« Tiens, j'imagine que ça devrait te suffire. Ou t'aurais besoin de plus ? Vu combien tu te prends la tête, il faudrait peut-être que tu consommes jusqu'à évanouissement pour te sentir capable d'aller plus loin. »
Là, j’ai juste envie de pleurer. Il est incapable de me comprendre et me traite de ce fait comme un moins que rien, me regardant de haut. Pourtant je n’en ferais rien. Je ne vais pas laisser une seule larme couler en sa présence, c’est décidé. Il n’aura pas l’occasion de me traiter une nouvelle fois de chieur chouiner. C’est aussi une chose que je me suis promise en me remettant avec lui, ne plus lui imposer ce genre de chose. Ca fait beaucoup, non ? Beaucoup de concessions de mon côté seulement. Oui, mais lorsque l’on aime à en crever, lorsque l’on aime Jaylen plus précisément, on est prêt à tout pour le garder surtout après avoir goûté à la vie sans lui.
A nouveau sa voix s’élève mais moins mauvaise, plus… je ne sais pas quoi en fait.
« Putain, c'est tellement pas comme ça que j'imaginais qu'on... »
Qu’on se retrouverait ? Oui ça doit être ça. Si moi j’avais pensé à des retrouvailles toutes en douceur et juste belle, lui avait du imaginer que l’on baiserait jusqu’au petit matin pour rattraper le temps perdu. Je l’entends d’ici. Alors oui, je contrarie ses plans là, et c’est certainement ce qu’il le fait le plus chier en réalité.
« On est ensemble, comme avant... mais j'ai juste l'impression que l'écart se creuse entre nous et que rien ne sera jamais tout à fait pareil. »
Je ressens la même chose, mais je me garde bien de le lui dire de peur qu’il ne conclue à ce qu’il pense certainement déjà : nous deux, ça n’a plus de sens. Pourtant je suis sûr que ça en a encore, mon cœur veut que ça en ait encore ! Il ne tient qu’à nous de faire en sorte que ce nous deux soit quelque chose, ou plutôt à moi. Je baisse la tête, la culpabilité me rongeant de nouveau car au fond je sais que tout ça, toute cette situation n’a été provoquée que par moi. Si je ne faisais pas ce complexe, si j’étais passé directement outre ce blocage, tout aurait été parfait. Tout comme si je n’avais pas essayé de lui faire croire que Damon avait été un amant me désirant pour moi et non pour mon corps, que j’avais aimé être l’objet de ses attentions. Si je n’avais pas menti pour voir s’il tenait à moi, s’il serait jaloux et quelque part, pour qu’il ressente ce que je ressens en permanence lorsqu’il va voir ailleurs, rien de tout ça ne serait arrivé. Il n’aurait pas été blessé au point d’inventer cette histoire avec Karolyn et je ne serais pas partie en mettant fin à tout ce qui faisait notre nous deux.
« Peut-être... Je relève la tête et mes yeux accrochent les siens tandis qu’il continu. Peut-être que t'es juste pas prêt à ce qu'on se remette ensemble. »
« Si ! »
J’ouvre enfin la bouche pour protester avec force. Bien sûr que je suis prêt, je le suis depuis que l’on s’est quitté ! En fait, c’était de cette rupture dont je n’étais pas prêt et dont je ne le serai sûrement jamais. Mais Jaylen ne semble pas m’écouter et continu mon brisant un peu plus le cœur.
« Tu sais bien comment je suis, tu te doutes que cette situation... bon sang Kerr, j'tiendrai pas bien longtemps comme ça. Peut-être... que je t'en ai juste déjà trop fait, et que t'es plus capable d'encaisser... malgré ce que tu te forces à croire. »
Non. Non, je ne me force pas à croire à quoi que se soit. Je suis certain de vouloir être avec lui. Certes il m’a fait souffrir plus d’une fois, ses infidélités, ses moqueries, son audace d’oser me raconter en détails certaines de ses coucheries. Tout ça m’a toujours fait un plus de mal, mais merde, je l’aime quand même ! Et j’ai beau avoir souffert, sans lui c’est encore pire ! Je suis prêt à encaisser tout ça de nouveau si je l’ai au moins près de moi, car sans lui c’était juste douloureux. Avec lui, c’est douloureux mais j’ai le réconfort de l’avoir à moi, de pouvoir le toucher, l’embrasser, me blottir dans ses bras. Mais tout ça je ne le dis pas. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que de lui dire serait une erreur. Il y a un problème entre nous – ou chez moi plutôt – et temps qu’il ne sera pas réglé je ne pourrais prétendre que tout va bien, car ça n’ira pas pour lui. Voilà pourquoi aussi, lorsqu’il se rhabille, lorsqu’il va prendre sa guitare et qu’il la range, que je comprends qu’il va partir, je ne dis rien, je ne cherche pas à le retenir. A quoi bon ? Je suis incapable de lui donner ce qu’il désir, alors quoi ? Je vais lui demander de rester pour… discuter ? Comme si c’était dans ses cordes ! Il a déjà fait plus que je ne le croyais capable et lui en demander davantage serait vraiment abusé. Pourtant en le voyant traverser la pièce, en le voyant se diriger vers la porte, j’ai la désagréable impression qu’il s’agit de nouveau d’une rupture ou que quelque chose se brisera irrémédiablement entre nous. Alors quoi ? Je ne veux pas qu’il parte comme ça mais je ne peux pas non plus le retenir. Que dois-je faire dans ce cas ?
Et c’est finalement lui qui débloque la situation, me surprenant une nouvelle fois.
« J'ai pas envie de te perdre une fois de plus... Je m'y prends mal pour le montrer, sans doute, mais j'ai envie de te retenir. De te garder avec moi. »
Mon cœur s’emballe et s’agite dans ma poitrine. Ce n’est pas une rupture, loin de là. Il tient à moi, vraiment. Il me veut près de lui et si ses raisons ne son pas forcément du à de l’amour mais plus à notre relation corps à corps, je m’en fiche. Il veut me retenir c’est le plus important, c’est ce que je retiens, ce que ma capacité à ne prendre et ne comprendre que ce que je désir et à me voiler la face, retient surtout.
« Mais si tu ne t'en sens pas capable... si tu penses que tu serais mieux avec n'importe qui d'autre que moi... j'te retiendrai pas. »
« Ca n’arrivera pas. »
Je ne sais pas s’il m’a entendu, cela n’a pas été plus qu’un souffle tellement ça me parait évident, nous sommes également pas mal éloigné et lui-même me tourne le dos. De toute manière, je me demande s’il m’écoute à cet instant. J’ai juste l’impression qu’il se débat avec lui-même, qu’il hésite mais à quoi ? a franchir cette porte ? Et enfin j’ai la réponse, et quelle réponse…
« Pour c'que ça vaut... je t'aime, ptit con. »
Je relève la tête brusquement et alors qu’il passe la porte, je le lève même. Ai-je bien entendu ? Jaylen vient-il de me dire qu’il m’aime ? La seule fois où ces mots ont franchis la barrière de ses lèvres, c’était juste avant notre rupture, de sa voix méprisante et désagréable, mais là… Je me laisse retomber sur le canapé, le visage entre mes mains. Je suis un pauvre con. Je récupère celui que j’aime, il m’avoue tenir à moi, avoir souffert de notre séparation et même maintenant –si je ne me fais pas des films ou que j’ai mal entendu ou encore qu’il me mente – qu’il m’aime, et moi je foire tout. Je me foutrais bien des claques si je n’étais pas aussi las et déprimé. D’ailleurs je me laisse aller à cette peine longuement refoulée en présence de Jaylen. Je compte profitais de l’isolement de la Salle sur Demande pour me remettre en question et réfléchir et pour mieux pouvoir retrouver Jaylen par la suite.
Kerr J. Travis- L'amour n'a jamais été aussi aveugle.
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♦ ARRIVÉE : 08/12/2009
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