The Time-Turner
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Petite fille sage ? ; feat. Jay <3

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Petite fille sage ? ; feat. Jay <3 Empty Petite fille sage ? ; feat. Jay <3

Message par Montana D. Jones Ven 12 Fév - 18:51



« Petite fille sage ». Des heures maintenant qu’elle tournait et retournait rageusement ces quelques mots dans sa tête, sans parvenir à aucune conclusion. Il lui fallait se rendre à l’évidence : dans un monde où la débauche s’était proclamée reine et où refuser de coucher avec le premier venu lors d’une soirée arrosée équivalait à passer pour une nonne, Montana manquait singulièrement d’expérience.
Non qu’elle en éprouva de la honte, d’ailleurs : qu’y avait-il de glorieux à se perdre dans les bras d’un garçon que l’on connaissait à peine, pour qui l’on n’éprouvait strictement rien ? Montana n’était pas ainsi : pour se laisser aller, pour se sentir à l'aise dans l'étreinte d'un homme, il lui fallait en être éprise ; ou à tout le moins, ressentir une très forte émotion pour lui. Mais le résultat était là : comparée à ses amies, elle en connaissait bien peu, ridiculement peu sur la question. Emerson bien sûr, ne devait pas avoir eu tant d’expériences que cela ; mais enfin elle en avait eu, et s’était sans le moindre doute rattrapée depuis lors avec Dayton. Même Tabatah avait à l’occasion partagé les draps de quelques garçons – toutefois, y avait-il vraiment de quoi en retirer satisfaction ? L’une de ces coucheries sans lendemain, à laquelle elle avait naïvement crue, n’avait fait que la mettre enceinte. Quant à Tanya… un soupir s’échappa des lèvres de la Serdaigle. Une chose était sûre, son amie savait attirer les hommes : pour avoir de tels ennuis avec… La rumeur de sa coucherie avec Cullen, durant la panique du bal de Noël, lui était parvenue : mais ‘Tana n’y avait pas accordé plus d’importance, répugnant à y prêter quelque crédit. Tan’, sa Tanya si douce… avec Cullen ?! On était loin du preux chevalier romantique qu’elle-même, si on lui en avait laissé le choix, aurait choisi pour miss Ryan. Mais justement, on ne lui demandait que rarement son avis.

Et d’ailleurs, ne savait-elle pas mieux que personne quel attrait, quelle tentation délicieuse les mauvais garçons pouvaient parfois représenter ? Un grognement sourd monta de sa gorge lorsqu’elle songea à sa dernière rencontre avec Cullen, à ce qu’elle avait éprouvé en sa présence. Il avait couché avec sa meilleure amie, mais se permettait néanmoins de continuer à l’embrasser, elle, dès que l’envie lui en prenait. Non seulement il n’y avait aucune logique dans son comportement, mais les élèves autour d’elle commençaient à croire qu’ils sortaient ensemble, ‘Tana s’en était aperçue. De plus, ce petit prétentieux de Serpentard se permettait de repousser ou d’intimider les garçons qui l’approchaient ! Non mais pour quelle sorte d’objet la prenait-il ? Pour sa propriété privée, sa jolie petite poupée qu’il pouvait manipuler ou enfermer à sa guise ?! Eh bien, c’était ce qu’on allait voir…

Mais en attendant, elle avait grand besoin de se détendre les nerfs. Et pour cela, une seule solution lui apparaissait : la musique. Elle en avait assez de se sentir constamment entourée, observée : il lui fallait le baume bienfaisant de la solitude. Somme toute, la Salle sur Demande était la solution idéale. Délaissant son lit aux draps de velours bleus et argent, Montana quitta le dortoir des filles sans autre forme de procès, n’emportant avec elle que son synthétiseur enfourné dans un sac. Techniquement, la technologie moldue n’était pas sensée fonctionner à Poudlard, mais la Serdaigle s’était arrangée. C’était son père lui-même qui avait trafiqué et ensorcelé l’instrument, pour permettre à sa fille d’en jouer une fois à l’école de sorcellerie. Les sortilèges qu’Ephram avait appliqués étaient d’une qualité telle que, depuis sa première année qu’elle l’utilisait et le promenait avec elle, jamais Montana n’avait eu à se plaindre d’un quelconque raté ou défaut dans l’instrument. S’il y avait un objet à Poudlard auquel elle tenait énormément, c’était bien celui-là… Bien sûr, sans doute aurait-elle pu se débrouiller pour dénicher dans le collège un simple piano à queue : ç’eut été amplement suffisant. Mais ce n’était pas assez : c’était sur la musique des Blackbirds que ‘Tana travaillait ses mélodies, il lui fallait donc le matériel nécessaire pour pouvoir diffuser elle-même les chansons dont elle avait besoin, afin d’y appliquer ses notes.

Laissant ses pas la conduire machinalement vers le septième étage, Montana songea de nouveau à cette accusation que lui avait lancée une fille de Serpentard, il n’y avait pas quatre heures de ça : « petite fille sage… » Sans même s’en rendre compte, elle se mit à grincer des dents. Merlin, depuis quand ses affaires sentimentales concernaient-elles le tout Poudlard ? Elle était pourtant attirée par quelques garçons, mais n’en voulait qu’un seul. Tradd. Était-ce donc vraiment un mal ? « Serpents stupides », marmonna-t-elle entre ses dents. Effectuant les trois allers et retours devant la statue hideuse qui marquait l’emplacement de la Salle sur Demande – ou Salle va-et-vient comme on l’appelait parfois – Montana s’interrogea. Était-elle vraiment honnête avec elle-même ? Elle savait bien au fond d’elle-même qu’elle n’était, assurément, pas la première fille dans le cœur de Tradd et en avait tiré les conséquences : pour être remarquée de lui, il lui fallait prouver qu’il n’était pas le seul garçon dans son entourage. Qu’il existait autour d’elle d’autres hommes volontiers prêts à passer du temps avec elle. Pour l’instant, cette méthode semblait fonctionner : bien sûr, Tradd l’avait toujours soigneusement évitée depuis qu’il avait eu vent de sa réputation, mais elle avait cru noter une amélioration durant les dernières semaines. C’était pourtant à n’y rien comprendre, car il bavait toujours autant devant Garden Fear. Sans doute lui accordait-il simplement un peu plus de crédit, à présent que sa vision s’était réalisée.

Poussant la discrète porte en bois qui venait de s’ouvrir dans le mur devant elle, Montana pénétra dans une pièce aux vastes dimensions, à la fois spacieuse et confortable, laissant la porte se refermer derrière elle dans un sinistre grincement sans vraiment la regarder. Recouverts de tentures bleues et or, quatre murs de pierre enfermaient un imposant piano à queue, posé sur une petite estrade et devant lequel trônait un tabouret noir. La Serdaigle avança de quelques pas, déposa son sac à terre et l’ouvrit. À l’intérieur, son magnifique synthétiseur semblait lui faire de l’œil, luisant sous la lumière des flammes qui s’échappaient de la cheminée où ronflait un bon feu. Dégageant l’instrument, Montana le déplia devant elle, avant de s’installer sur le tabouret qu’elle venait de poser tout près. Inspirant profondément, elle contempla un moment les touches blanches et noires, familières, du clavier. Cela faisait quelques jours à présent qu’elle ne s’était pas exercée, et elle redoutait d’avoir perdu la main.

Les notes cristallines qui s’élevèrent de l’instrument dès qu’elle y posa les doigts lui prouvèrent pourtant le contraire. Oubliant tout le reste, ‘Tana se laissa emporter par la mélodie, laissant ses mains parcourir avec rage et passion le clavier bien-aimé, son esprit se faire emporter par la puissante musique qui jaillissait comme un torrent de cette fusion entre la machine et le talent. Les voix de Raven et des autres membres des Blackbirds jaillirent du synthétiseur comme des coups de tonnerre sur ses notes, en un puissant et retentissant mélange néanmoins harmonieux. ‘Tana laissa un sourire de pure exaltation illuminer ses traits : elle se sentait enfin complète, pleine de grâce et de talent, emplie de perfection face à cet accord mystérieux qui se nouait entre ses mélodies et le rythme impitoyable de la batterie de Skyler, les riffs frénétiques de Jaylen et les accords de Kerr. La voix de Raven, tour à tour suave, piquante ou tonitruante, lui arrachait des frissons le long de la colonne vertébrale, faisant trembler ses doigts enfiévrés sur le clavier. L’excitation terrible, le sentiment d’être en ce moment plus intensément vivante qu’elle ne l’avait jamais été que faisait naître en elle ce chaos innommable et somptueux, grandiose et pourtant coordonné, étaient incomparables. Aucune drogue, aucun alcool, aucune relation sexuelle n’aurait pu lui apporter une telle jouissance, une telle extase unique au monde, elle en était sûre. Rien de tout cela n’aurait pu lui offrir les picotements de bonheur à l’état brut qui fourmillaient dans sa nuque et ses doigts, ce choc électrique qui la parcourait de la tête aux pieds en même temps que cette paix intérieure profonde qui l’envahissait. À cet instant, elle était plus heureuse que jamais d’être seule dans cette pièce qui lui appartenait, seule pour frissonner sous la force et l’amplitude de la musique, seule pour se faire entièrement posséder par l’alchimie des sons, seule pour sentir ses mèches brunes voleter en désordre devant son visage tandis qu’elle ployait presque sur le clavier ; oubliant toute retenue, toute pudeur, seule avec cette passion dévorante qu’elle vouait à son instrument.

Ses mains semblèrent peu à peu retrouver un certain contrôle d’elles-mêmes à mesure que la mélodie s’achevait. Montana continua pourtant de jouer, une mélopée plus douce cette fois, laissant le feu qui lui dévorait les veines se répandre lentement en elle, réchauffant tout son corps d’une tiède langueur. Les notes s’écoulaient, argentines, vivante cascade de cristal qui la foudroyait. Tous ses soucis lui étaient sortis de la tête - ses visions de Tradd et Tabatah, l’attaque du bal de Noël, la conversation d’Andrews avec ses sbires, Cullen et sa trop grande possessivité – ne laissant de place que pour une seule chose : le frisson de la musique, l’intense concentration dont elle faisait preuve, pressant sans se tromper les touches les unes après les autres, accordant ses notes à celles des membres du groupe. Comme elle avait regretté, avant de réaliser ce qu’il se passait, que leur concert lors du bal fût écourté ! Comme elle se sentait frustrée, spoliée de quelque chose qui la faisait vivre et battre son cœur à un rythme fou dans sa poitrine, lorsque les répétitions s’achevaient ! Pourtant c’était bien là tout son drame personnel : elle ne manquait pas d’un certain talent, mais ne l’avait encore jamais partagé avec personne, hormis Tabatah. Et encore celle-ci ne l’avait-elle entendue qu’à la guitare acoustique ; sa relation avec le piano était toute différente. Elle était née pour s’accorder à cet instrument, cela était si évident qu’elle l’avait démontré depuis toute petite. Sauf que personne n’était au courant : c’était en quelque sorte son… secret ?

Toute à sa joie, le dos tourné vers la porte, elle ne vit pas celle-ci – mal fermée – s’ouvrir derrière elle. En revanche elle entendit nettement le claquement sonore qu’elle produisit en se refermant. Sursautant brusquement, elle se retourna immédiatement, les mains toujours posées sur le clavier du synthétiseur, pour faire face à celui qui osait la déranger. Qui pouvait bien se permettre de venir la troubler en un tel instant ? La salle était sensée ne s’ouvrir que pour elle lorsqu’elle s’y trouvait, comment se pouvait-il que quelqu’un eut pu venir la perturber jusqu’ici ?

Montana D. Jones
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Message par Jaylen Killam Ven 12 Mar - 21:46


    Je fuis. Encore. Les regards des autres, leurs discours vides de sens, leurs questions, leurs reproches, leur compagnie même. Merde, j'ai pas la tête à faire la causette. C'est fou comme tout me pèse, en ce moment. Pourtant... pourtant, je devrais être heureux non? Ou du moins, me sentir aussi indifférent à tout qu'il y a quelques mois, et profiter de ma routine enfin retrouvée. Mais tout le problème est là : cette foutue routine.

    Il y a quelques temps, passer de répétitions du groupe à la drogue, de la drogue à Kerr, puis de Kerr aux autres, constituait tout mon quotidien. Oh, il y avait les cours, aussi. Rien de vraiment palpitant, certes, mais ma vie à Poudlard n'ayant jamais franchement été à mes yeux une réelle partie de plaisir, je n'en demandais pas plus. Me défaire de mes habitudes a été particulièrement désagréable et éprouvant. D'ailleurs, c'était moins un choix personnel qu'une obligation, ma rupture avec cet idiot de Travis m'ayant forcé à revoir l'ordre de mes priorités. Il y avait des creux partout, depuis son départ. Et du vide, surtout. Dans mon emploi du temps; dans mes pensées; dans mon coeur. Tous les moments passés avec lui qui me revenaient sans cesse en mémoire pour être chassés à coup de colères noires et de consommation excessive... Toutes ces heures, ordinairement réservées à « nous deux », qui me pesaient désormais. Son absence, qui me plongeait malgré moi dans un état d'angoisse quasi-perpétuel, pesant. Et la paranoïa, dérangeante, qui prenait encore et encore le pas sur mes réflexions. L'envie et la crainte d'apprendre enfin l'identité de celui qui me l'avait arraché.

    J'ai du mal à me rendre compte que tout cela tient désormais du passé. Lorsqu'il m'a supplié de le reprendre, il y a quelques jours, j'étais à peu près persuadé qu'il ne savait ni ne pensait ce qu'il disait. Mais il a su se montrer suffisamment persuasif pour que j'accepte de croire qu'il tenait vraiment à moi. Pourtant... est-ce qu'un simple « je t'aime » peut réellement faire office d'argument? Ce ne sont que des mots. Des mots qui ne veulent souvent rien dire; que l'on oublie en un battement de paupière. Une fausse promesse qui finit toujours par être rompue, d'une manière ou d'une autre, et ce de la plus douloureuse des façons. Me suis-je vraiment laissé prendre à ce jeu-là, une fois de plus? Oui. Pire encore, j'ai poussé l'audace jusqu'à lui retourner ses soit-disant sentiments. Sur le coup tout cela me paraissait réel... tangible. Mais il me suffit de m'éloigner de lui pour que les doutes reviennent. Je me pose une main sur le front, essayant de chasser l'impression de malaise qui me taraude sans cesse; sans succès. Je devrais aller plus ou moins bien, oui... au lieu de quoi, je suis constamment sous tension. Et pour cause! Kerr, encore lui. Parce que Monsieur, non content de m'avoir privé de lui durant de longues semaines, se permet en plus de se la jouer distant au moment même où il me revient.
    Un soupir agacé m'échappe à cette pensée et, comme de fait, deux bras se croisent sans attendre autour de mon cou alors que leur propriétaire s'appuie contre moi, me rappelant soudain sa présence. J'entrouvre les yeux pour le voir, mais les clos tout aussi vite : ce n'est pas lui. Bien sûr que ce n'est ce crétin de Poufsouffle! Le chialeur par exemple, mon mec. Celui-là arbore ne blondeur presque semblable, mais l'éclat de son regard bleu n'est pas le même. Ni aussi profond, ni aussi débordant d'amour. Celui-là n'est qu'une pâle copie; mais il est tout ce que je peux avoir pour l'instant.

    Comme à de si nombreuses reprises, mes mains prennent des libertés sur son corps, s'attardant sur ses zones sensibles, se plaisant à lui tirer quelques râles de plaisir. C'est un Poufsouffle, lui aussi, même s'il n'est pas le bon, et bien vite, ma bouche cherche à oublier son identité en fondant sur la sienne. Je ferme un peu plus fort les paupières pour me convaincre que son goût ne me déplait pas tant que ça, que la texture de ses lèvres me convient à peu près, mais... encore ce « mais ». Qu'est-ce qui cloche, avec moi? Pourquoi suis-je incapable de me contenter du premier venu? Pourquoi ce besoin incessant de comparer mes conquêtes à Kerr? De le rechercher dans la moindre de mes étreintes?

    Écho à mes pensées, l'autre finit bien sûr par se faire entendre.

    « Ça ne va pas? »

    Je lui réponds par un simple grognement, peu enclin à engager la conversation, et encore moins à me confier, mais il ne se décide pas à lâcher l'affaire.

    « Dis tout de suite que je t'ennuie, se vexe-t-il. T'arrête pas de soupirer depuis tout à l'heure. Pas moyen de t'arracher un mot, et en plus... – il se colle outrageusement à moi, espérant sans doute qu'un tel argument fera le poids face à mon manque d'entrain flagrant – Jay... on t'avait dit bien plus réceptif! »

    Loin de m'émouvoir ou même, de me laisser tenter par cette tentative prometteuse, je ne peux m'empêcher de m'irriter de son audace. D' se croit-il autorisé à...! Non mais je rêve, ce con me prend pour son pote ou quoi?

    « Comment tu m'as appelé? », je gronde, clairement de mauvais poil.

    L'autre fronce les sourcils, un peu dérouté, et reprend sans vraiment comprendre :

    « Bah.. Jay, pourquoi? »

    J'inverse d'un coup nos positions pour le plaquer contre le mur qui me servait jusqu'à présent d'appui, et lui attrape le col d'un air féroce.

    « Et alors quoi? Tu penses que parce que j'ai moyennement envie de te baiser tu peux te permettre ce genre de familiarité? Le « Jay », tu me fais le plaisir de l'oublier. »

    Il semble croire que je viens de péter une durite. Et au fond, il n'a pas franchement tort. Je relâche ma prise, m'éloigne de quelques pas de lui et détourne le regard pour ne pas voir son air blessé. Comment lui expliquer ma réaction excessive? Personne ne peut comprendre. Ce Jay me renvoie désormais à Kerr – à vrai dire, presque tout me fais penser à lui, en ce moment –, et j'ai du mal à l'entendre de la bouche d'un autre potentiel amant. Je ne veux pas me souvenir des traits de Kerr alors que je suis à deux doigts de le tromper.

    « Désolé. Mais mon timbre est la preuve que je suis tout sauf désolé, et il se renfrogne. Je continue dans un souffle : J'suis juste... pas d'humeur, ok? Alors laisse tomber pour cette fois. »

    Ouais. Le problème, c'est que je suis de plus en plus rarement « d'humeur », des derniers jours, et que ça devient 'légèrement' pesant. À vrai dire, il n'y a bien qu'une personne qui m'attire réellement, pour l'instant. Un sourire amer se glisse sournoisement sur mes lèvres tandis que je tourne les talons, plantant là la copie dont j'espérais pouvoir me satisfaire, et je parcours à pas lents les interminables mètres de couloir qui me séparent du reste des habitants du château. Ce n'est pas que je veuille voir quiconque, au contraire. Mais à défaut de pouvoir me défouler grâce au sexe, je peux encore tenter de me réfugier dans la musique. Mince. Ça devient franchement une habitude, maintenant, de jouer les reclus.

    Sur ces pensées, je prends rapidement la direction de la pièce dont j'ai besoin, pressé de m'éloigner de nouveau des autres. La salle sur demande... oui, je serai bien là-bas. Je sais que Kerr s'isole souvent, lui aussi. Dans la cabane du parc, là où on s'est si souvent donné rendez-vous. Parfois, l'envie de le rejoindre me taraude à tel point que j'en suffoque presque, et je finis toujours par me retrouver à tourner comme un lion en cage, sans pour autant céder à mon envie de me retrouver face à lui. Non pas que je le fuis... ou en fait, si. J'évite de me retrouver à proximité de lui depuis qu'il s'est révélé incapable de m'offrir son corps avec autant d'entrain qu'auparavant. Le voir pour le simple plaisir de lui... parler? Non merci! Je me trouve déjà suffisamment généreux comme ça d'accepter de lui laisser le temps de se reprendre, il ne faudrait pas me demander en plus de lui servir d'oreille compatissante. Mais il semblerait que, comble du malheur, me plonger dans d'autres bras en l'attendant me soit devenu relativement impossible. Bien sûr, que ça me tape sur le système! À ce rythme là, je ne parviendrai sans doute pas à rester conciliant bien longtemps.

    Qu'importe; y penser sans arrêt n'arrangera pas les choses.
    Enfin parvenu au sixième étage, je m'apprête à effectuer les trois allers-retours requis pour faire apparaître la salle de mes désirs, lorsqu'un détail conséquent m'oblige à stopper tout mouvement. Sur le pan de mur nu supposément vide apparaît déjà une porte, preuve que quelqu'un s'est réfugié ici avant moi. Sauf que dans ce cas, cette porte n'aurait pas dû être visible. Je m’approche, curieux de remarquer qu’elle est en fait restée entr’ouverte. Fait exprès ou simple manque d’attention? Ce que j’entends me fait pencher pour la deuxième solution. Je m’arrête à quelques pas de l’entrée, agacé, alors qu'une mélodie s'élève de l'intérieur. Il semblerait que quelqu’un ait ressenti le même besoin que moi de se défouler… et m’ait devancé. L'espace d'une seconde, je suis tenté par l'idée de laisser ma mauvaise humeur prendre le pas sur ma raison et de réclamer la place. Et quoi? L'autre a eu suffisamment de temps pour s'amuser, non? Il faut bien que d’autres puissent en profiter à leur tour. J’ébouriffe ma tignasse d'un geste nerveux en m'appuyant contre le mur, avant de croiser les bras, renfrogné, le regard perdu sur un point invisible. Mes doigts me démangent tant mon envie de jouer est grande, mais c’est sans grand intérêt que je capte quelques bribes du morceau qui s'échappe des murs de la salle. Je ne suis pas venu ici pour écouter quelqu’un d’autre, bordel! Je m'assois directement au sol, bras appuyés sur mes genoux pour attendre, et fredonne inconsciemment les paroles qui me viennent en tête. Des mots qui me parlent plus que n’importe quelle autre musique, puisqu’ils me renvoient aux compositions de notre groupe. Mon pied bat en cadence, et ce n’est qu'au moment où résonne clairement la voix de Raven que je me rends compte… que ça vient bien d’autre part que de mon esprit. Je me fais silencieux, soudain plus concentré sur l’enregistrement, et en perçois finalement des consonances étrangères. Un instrument s’ajoute aux nôtres; je me retiens de penser qu'il puisse les "compléter". Mais… difficile de nier à quel point il s'y accorde à la perfection. C'est presque... naturel? Envoutant. Mes phalanges s'agitent sur le tissu un peu rêche de mon pantalon, tirant sur des cordes invisibles, emportées par les sons qu'elles n'émettent pas mais qui, pourtant, s’élèvent de façon désordonnées et emplissent le couloir quasi-désert. Je pourrais presque replacer le contexte de ce que je devine être l’une de nos répétitions; deviner les traits profondément passionnés des musiciens, leurs mouvements de tête inconscients. Je pourrais presque... me replonger dans les affres du plaisir ressenti. Mais cet appel est trop profondément ancré en moi pour que je ne me rende pas compte du vide désolant de mes mains et, immédiatement, je me maudis d'avoir compté sur les pouvoirs de cette salle pour me munir en instrument.

    Je me redresse alors que la cadence s’apaise et que la voix de Raven s'éteint, lentement, comme pour ne pas briser l'enchantement. Je veux savoir, au moins, quelle est l'identité du pianiste qui a su cerner avec une telle facilité les moindres de nos accords, au point de parvenir à les faire siens. Je pousse la porte entrouverte, agrandissant suffisamment le passage pour me glisser sans bruit à l'intérieur... mais alors que je m'étais résolu à rester discret un moment encore, la surprise me pousse à oublier toute prudence. La porte qui claque derrière moi suffit à éclater la bulle illusoire du... de la musicienne, qui se retourne d’un geste brusque. Comme s’il m’avait fallu cela pour la reconnaître. Comme si les courbes délicates de son corps, la force de caractère dont s’imprègnent ses gestes, la ferveur qu’elle mettait à interpréter ces morceaux trop bien connus ne la trahissaient pas déjà. Elle me fait face, et j'ai l'impression étrange de la redécouvrir.

    « Tu m’avais caché ça », je lance, pas le moindre du monde gêné par l’idée d’avouer que oui, je me suis permis de l'espionner.

    J’avance dans la pièce à pas prudents, à croire qu’il s’agit là de l'unique manière de ne pas effaroucher celle dont je profane le sanctuaire. Elle porte encore les marques d'un plaisir sauvage qui m’est familier, mais à vrai dire, si je ne l’avais pas entendue à l’instant, j’aurais pu jurer qu’elle vient de prendre son pied. J’ai encore du mal à croire que ‘Tana, la Montana qu'il me semblait connaître, cache en elle un tel talent. Et je m’approche encore, curieusement attiré par cette toute nouvelle facette, cet aspect d’elle dont je ne m’étais encore jamais douté. Mes yeux restent accrochés aux siens, jusqu'à ce que la distance entre nous soit si infime que nos souffles se mêlent. Mais pour une raison que j'ignore, je ne me permets pas de l’envahir plus longtemps. Mon regard se détourne et s’abaisse, pour mieux se poser sur l’instrument, et c’est d’un geste instinctif que j’en approche une main. Mes doigts, pourtant, survolent les notes sans les atteindre. Pour détester voir un autre que moi s’approcher de ma guitare, je ne peux pas me résoudre à oser de m’en approcher plus.

    « Tu joues depuis toujours? »

    Mon timbre amusé ne suffit pas à masquer une once de respect, et ce n'est certes pas innocemment que j'ai formulé ma question. Complimenter n'est pas mon fort... et c'est ma façon de lui montrer que la voir ne faire qu'un avec son piano était proprement... délicieux. Mais ma gêne persiste, et je ne suis pas certain d'être à ma place, dans cette pièce. Des murs bleu et or à l'absence de guitare, ces lieux n'ont rien de moi, et sont imprégnés d’elle. La pensée fugace que, si les rôles étaient inversés, je n'aurais sans doute pas tardé à virer le gêneur à coups de pieds me traverse l'esprit. Par chance, Montana n'est pas moi. Ce qui ne m'empêche pas de craindre - ou presque - sa réaction à mon intrusion.
Jaylen Killam
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Petite fille sage ? ; feat. Jay <3 Empty Re: Petite fille sage ? ; feat. Jay <3

Message par Montana D. Jones Mer 24 Mar - 2:37


Sursautant bruyamment, Montana fit aussitôt volte-face. Coulant un regard circonspect vers l'intrus qui se permettait de la déranger dans son tête-à-tête avec l'instrument, elle découvrit avec étonnement la silhouette de Jaylen dans l'entrebaîllement de la porte. Jaylen ... Fronçant légèrement les sourcils, la pianiste entreprit de le détailler des pieds à la tête. À bien y réfléchir, cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu ; toutefois, il n'avait pas changé. À ce propos, pourquoi n'assistait-elle plus aux répétitions des Blackbirds depuis le drame du bal ? Elle n'y avait jamais vraiment repensé plus avant, mais il était vrai qu'elle avait délaissé ces derniers temps son groupe favori. Etonnant quand on songeait que leur musique lui était presque aussi essentielle que de respirer ; simplement, elle avait eu fort à faire de son côté entre diverses personnes. Eu à gérer sa propre culpabilité, aussi. Il n'y avait donc rien de surprenant dans le fait qu'elle ait quelque peu mis de côté ses distractions ces derniers temps.

Elle n'en était pas pour autant moins surprise de ne pas avoir croisé Killiam plus que ça : en général, il faisait plus volontiers partie de ces garçons qu'elle avait bien du mal à éviter plutôt que l'inverse. Mais en y réfléchissant, le fait que le Serpentard eut presque disparu de son paysage affectif l'attristait, l'affectait et était en soi un phénomène suffisamment étrange pour que Montana n'eut pas envie de le chasser. En temps normal, sans doute aurait-elle envoyé promener l'intrus sans ménagement - mais Jaylen n'était pas un intrus ; il ne le serait jamais, d'ailleurs. Pourquoi ne la courtisait-il plus ? Pour quelles obscures et troubles raisons avait-il cessé de chercher à la séduire et à la mettre dans son lit, elle qu'on disait si difficile, chaste et incorruptible ? S'était-il laissé prendre aux rumeurs la disant en couple avec Curtis Cullen ? 'Tana avait beau éprouver une certaine tendresse pour ce dernier, elle demeurait toutefois suffisamment lucide pour se douter que ce n'était pas le genre de choses qui arrêtait Jaylen.

Mais que faisait-il là, si ce n'était pour tenter de la pervertir à nouveau ? Montana l'observa donc entrer sans sourire, peu désireuse d'encourager de telles incursions dans ce qu'elle considérait comme son intimité, son espace personnel. Les choses avaient beau s'être compliquées finalement au-delà d'un simple jeu entre le Serpentard et elle, elle ne se sentait pas d'humeur à encourager cela aujourd'hui. Bien droite sur son tabouret, à demi tournée vers lui, la Serdaigle l'observa pénétrer dans la pièce, visiblement mal à l'aise. Qu'était-il venu chercher ici ? Rien, peut-être - simple curiosité. Mais elle n'y croyait pas : à ce qu'elle avait pu en comprendre, Jaylen accomplissait rarement quelque chose sans une raison bien précise. Pourtant - allez savoir pourquoi - sa présence là tout de suite, dans cet endroit que Montana n'avait conçu que pour elle-même, avait tendance à légèrement l'agacer. Elle qui avait trouvé un semblant d'équilibre en son absence - et quel équilibre ! une vie de parfaite ascète, oui ! - voilà qu'il se permettait de réapparaître probablement pour faire renaître ses doutes. Car il aurait été vain de nier qu'il lui plaisait.

Laissant traîner une main sur les touches familières en un geste farouchement possessif, la jeune femme scruta sans détour les iris du guitariste. Dans ses yeux, cette expression qu'elle avait déjà pu voir en d'autres lieux, avec un autre garçon : celle de quelqu'un qui redécouvre une personne, qu'on croyait bien connue. Décidément, était-elle à ce point pleine de surprises ? Car indéniablement, il n'y avait pas de moquerie dans les pupilles de Jaylen : juste une lueur de ... respect.

« Tu m’avais caché ça. » Surprenant. À tel point qu'elle en haussa un sourcil perplexe ; croyait-il vraiment tout connaître d'elle ? Jamais il ne s'était intéressé à autre chose venant d'elle qu'à la rondeur de ses fesses ou à la courbe de ses hanches - en fait, si elle n'avait pas porté jupon, Montana doutait que Jaylen eut jamais pu s'intéresser à elle. « Il y a bien des choses que je cache aux gens, même à toi - surtout à toi, en fait. De toutes façons, c'est mieux : elles ne les intéressent pas. » Sourire modeste mais amusé. « Dans ce cas, pourquoi ne pas garder ces petites surprises pour ceux qui ont envie d'aller les chercher eux-mêmes ? »

C'était vrai. Pourquoi faciliter la tâche aux paresseux qui n'avaient pas même assez de courage ou de volonté pour aller quérir eux-mêmes les trésors que pouvait receler une personne ? Montana sourit doucement : voir Jaylen pénétrer dans la pièce à pas prudents, comme si elle avait été préalablement truffée de pièges à renard avait quelque chose de positivement hilarant. Doutant toutefois que le Serpentard apprécie son hilarité, la jeune femme se contenta d'une moue amusée. Amusement qui perdait progressivement du terrain, à mesure que Jaylen s'approchait au point d'envahir sa bulle personnelle, l'espace physique intime et bien à elle qu'elle délimitait toujours plus ou moins autour d'elle à chaque instant. Et voilà qu'il l'enfreignait avec une audace et une aisance presque choquantes : comment se permettait-il ? La douce chaleur de son souffle contre ses lèvres manqua la faire défaillir après l'affolement de ses doigts sur le piano - ce fut ses phalanges tremblantes sur l'ivoire glacé de l'instrument qui la ramenèrent d'ailleurs à la réalité. Un infime soupir de soulagement quitta sa poitrine lorsque Jaylen détourna le regard : être sous le feu de ces iris émeraude était comme résister au regard d'un Legilimens, aussi tortueux et difficile. La main de Jaylen au-dessus de son bien-aimé synthétiseur lui sembla une menace de plus : ce ne fut qu'avec difficulté qu'elle réprima un mouvement pour taper sèchement cette paume trop aventureuse.

« Tu joues depuis toujours ? » Saisie, elle resta coite un instant. Etait-il en train de faire preuve d'une once d'intérêt ? « Quasiment. J'ai appris avec mon père. » répliqua-t-elle sobrement. Peu désireuse de réellement s'étaler sur le sujet, Montana préféra lever les yeux et contempler le guitariste un moment. Que venait-il faire ici, dans ce lieu où il semblait si peu à son aise ? Pourtant, étrangement, cette fois elle n'avait pas envie de le voir s'en aller. « Tu veux t'assoir ? » proposa-t-elle le plus aimablement possible, libérant simultanément de la place sur le tabouret où elle se tenait.

Montana D. Jones
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