I've achieved delicious journeys, embarked on a word - nick -

par Invité Sam 8 Mai - 17:30

Dimanche 02 Mai ▬ 06h38

Dimanche. Encore un. Lisy était lassée de ces dimanches interminables. Elle prit une profonde inspiration avant de s’installer sur le bord de son lit, le visage encore froissé par la fatigue et la résignation. Elle soupira. Toutes les autres Slytherin de son dortoir dormaient les poings fermés. L’une d’elles ronflait doucement. La jeune fille eut une moue ennuyée ; il faudrait absolument qu’elle demande à l’infirmière un remède contre cette nuisance sonore, même minime.

Lisy ne voulait pas réveiller Sadie. A quoi bon ? Il était sept heures du matin, le soleil était en train de se lever et elles s’étaient toutes couchées tard la veille. Elle l’engueulerait, lui hurlerait dessus, réveillerait tout le dortoir qui rouspéterait, resterait de mauvaise humeur toute la journée et lui pourrirait son dimanche – qui s’annonçait déjà maussade sans que personne n’y fasse quelque chose.
En réalité, ce n’était pas que Lisy n’aimât pas les dimanches ni faire la grasse matinée mais elle était habituée à recevoir les petits soins d’un elfe de maison dès le moindre frissonnement de ses paupières, pas à se lever, seule, entourée d’élèves qui étaient tout sauf des lèves-tôt prêts à se plier en quatre pour elles. D’ailleurs, qui dans ce maudit château était éveillé ? L’endroit devait être désert, même par le concierge qui profiterait pleinement d’une grasse matinée au lieu de courir après des élèves endormis.

Elle se changea puis descendit dans la salle commune, qui était, elle aussi, déserte. La jeune fille aussi jouirait de ce vide soudain dans Hogwarts, mais à sa façon. Quiconque ferait de même.
Lisy sortit de l’enceinte du château. Aucun bruit, hormis celui du vent qui faisait bruisser délicatement les feuilles d’arbre et celui des vagues qui mangeaient progressivement le bord du lac. Il y avait quelques nuages et le ciel avait de belles teintes or et orangées. Au loin, le soleil se faisait désirer, timidement. Lisy se coucha au centre du Parc de Hogwarts, sur l’herbe mouillée par la rosée. Drôle de façon de profiter du silence. Mais ça faisait du bien.

Il fallut néanmoins qu’il y ait quelqu’un qui vienne déranger ce calme. Lisy ne bougea pas en entendant des pas sur la pelouse se rapprochant. Un visage à l’envers apparu juste au dessus du sien. Elle sursauta. Nicholas. La Slytherin soupira.

Salut. Bien matinal, mon magicien. Venu profiter de l’aube ?

Elle se releva et s’assit, les jambes en tailleur, enroulant et déroulant ses doigts autours des brins d’herbes, tout en gardant les yeux fixés sur Nick.

par Invité Lun 10 Mai - 17:34

On aurait pu croire qu’un dimanche matin les garçons du dortoir des sixièmes années de Serpentard seraient tous endormis profondément, imperturbables. On s’attendrait à les voir se lever aux alentours de onze heures, les cheveux ébouriffés et les yeux encore petits d’un sommeil auquel ils auraient été vite arrachés. Mais non. Aux alentours de six heures un corps s’était déjà dégagé de ses couvertures. Non sans difficulté, non sans une certaine moue agacée sur le visage. Nick était un dormeur, ce genre de mec qui a pour religion le sommeil, le lit, la douceur réconfortante des couettes et d’un oreiller. Le genre de dormeurs qu’on ne peut réveiller sans un bon café, qu’on ne peut espérer voir sourire dès le matin. Mais aussi ce genre de dormeurs qu’on perturbe facilement, que l’on soutire d’un seul mouvement de ses rêveries. Bordel. Il aurait pu maudire ses rêves, à l’instant. Maudire cette fichue sensation de chute, cette image que l’on a de nous, que l’on sent de nous, en train de tomber. Paf. Le réveil. La claque est toute autre, mais elle est marquante quand même.
Six heures du matin et cette incapacité à se rendormir.

Nick se leva finalement. Tant pis, un sommeil de gâché, une matinée de gagné. On dit que la journée appartient à ceux qui se lèvent tôt, c’était avec moquerie et scepticisme qu’il tournait en dérision cette expression, en temps normal, mais parfois il faut savoir retourner sur ses pas, ses mots et ses convictions. Enfin, le voilà, debout, déambulant dans la salle commune, espérant par un pur hasard que quelqu’un d’autre se lève. Mais rien. Il était définitivement face à son exaspération. En plus les elfes ne servaient pas encore de café à cet heure-ci d’habitude, et encore moins un dimanche. Autant sortir, peut-être que le temps leur réserverait des surprises en ce début de mai…
Il enfila un vieux jean, un sweat simple et attrapa son vieil argentique. L’illusion d’un soleil matinal, d’une aurore colorée s’était saisie de lui.

Cinq petites minutes le séparèrent de l’extérieur. La traversée de couloirs, le choc face au vent frais… Mais surtout, un éclat de joie, un sourire en voyant que le soleil était au rendez-vous. Merlin, qu’il s’était lassé de la grisaille, de la pluie, des nuages et de la mauvaise humeur généralisée. Qu’il s’était lassé de l’Angleterre, simplement. Un soupir, une cigarette, un bruit mécanique, la flamme qui s’étend, le crépitement du tabac qui brûle. Berlioz se stoppa. Non, il n’avait pas le droit de critiquer cet endroit. Au final ce n’était qu’un tableau un simple et magnifique tableau, une photographie saisie sur l’instant, attrapée, emprisonnée, et immortalisée à jamais. Mais seulement, il aspirait à ailleurs, à un ailleurs… Ecrivain, c’était donc ça son futur ? Qui sait. Peut-être. Au final, tout était déjà compromis.
Le Serpentard avança, passant une main sur son visage. Une silhouette assise au loin, une silhouette plutôt familière. Il s’approcha ; Lisy. Un sourire. « Salut. Bien matinal mon magicien. Venu profiter de l’aube ? » Il s’assit face à elle, déposant l’appareil par terre.

« Bah, par extension. Mon inconscient a décidé de ne pas me laisser dormir, ce matin. Enfin, il fait beau, idéal pour des photos. » Il leva un instant les yeux au ciel. L’air était léger ce matin ; le parc vide. Liberté. « Et toi ma muse ? »

par Invité Dim 16 Mai - 13:18

Bah, par extension. Mon inconscient a décidé de ne pas me laisser dormir, ce matin. Enfin, il
fait beau, idéal pour des photos.
Comme c’est malheureux.

Lisy se pinça malicieusement les lèvres tandis qu’il s’installait en face d’elle. Il ne voulait pas faire la grasse matinée ? Etrange, c’était bien la première fois que la jeune fille entendait ce genre d’histoire. Surtout sortant de la bouche d’un garçon. Enfin, peu importe.

Et toi ma muse ?

Lisy eut un regard amusé. Elle s’était chassée de son lit, qui la blâmait de le trouver inconfortable et sans aucun luxe. Mais elle ne pouvait pas lui sortir ça, il ne la croirait pas. Personne ne pourrait considérer ces paroles comme vraies, car même elle les considérait fausses mais avec une part de vérité. La Slytherin se considérait un peu comme rejetée par sa couche même si elle avait tout fait pour tenter de le rendre un minimum agréable. Une justification qui pouvait sembler assez timbrée, mais Lisy la trouvait parfaitement à son goût. Mais Nicholas ne pouvait pas entendre ça. Pas dès le matin à sept heures.

Je n’arrivais pas à dormir.

C’était nul comme explication, mais c’était tout ce qu’elle avait trouvé. Puis là, elle ne mentait pas du tout, mais cachait ce qui lui paraissait être la réelle raison. Ce n’était pas mentir n’est-ce pas ?

Y’a trop de bruit. T’aurais pas des bouchons de liège ? Il m’en faut au moins un en fait. Si t’en trouves je veux dire. Puisque, j’imagine que là, t’en as pas sur toi. A moins que t’aies du scotch ou du… Chais pas… Quelque chose qui pourrait boucher les trous de nez d’environ 1,5 centimètre de diamètre ?

Lisy débitait toutes sortes de stupidités, mais son ton était très sérieux. Elle ne buvait du vin que chez elle, dans la campagne anglaise reculée, et surtout, en de très rares occasions, donc elle ne pouvait se trimballer des bouchons de lièges. Puis, la jeune fille supportait mal l’odeur ni le goût du vin autre que le rosé français et blanc. Et la boisson la plus bue après le jus de citrouille à Hogwarts devait certainement être le whiskey ou la vodka.

Laisse tomber, je trouverais bien par moi-même. Tu n’as besoin de rien toi ? Et ôtes cette merde de ta bouche, c’est mauvais pour la santé.

Elle se pencha en avant pour prendre la cigarette de Nicholas sans qu’il ait eu le temps de faire un geste et la porta à sa bouche pour en tirer une bouffée, avec naïveté. Hypocrite ? Non pas vraiment. Depuis le temps, Nicholas devait avoir l’habitude qu’elle lui pique ses clopes en sortant une excuse débile.

Et tu penses prendre des photos toute la journée ?

Elle rejeta lentement la fumée.

par Invité Lun 24 Mai - 18:01

« Je n’arrivais pas à dormir. »
« Comme c’est malheureux. »

L’ironie, c’est donnant-donnant. Surtout entre ces deux là, ça y allait bon train. Après tout, ils étaient sans doute les deux premiers réveillés du château, ils avaient encore quelques heures à attendre avant de voir d’autres têtes, d’autres amis, émerger des bras de Morphée. Cette image s’estompa bien vite. Quels amis ? Sa relation avec Shaelyn s’était détériorée considérablement depuis cette fameuse nuit du bal, Samaël était sans doute occupé à regagner sa crédibilité dans Poudlard et combattre son destin, Jez’ était à Londres, et le reste ne l’importait que très peu. Autant dire qu’entre l’attaque et le débarquement des gars du futur, son quotidien avait été totalement bouleversé. Il expira, une vague de fumée recouvrant quelques instants sa vue.

« Y’a trop de bruit. T’aurais pas des bouchons de liège ? Il m’en faut au moins un en fait. Si t’en trouves je veux dire. Puisque, j’imagine que là, t’en as pas sur toi. A moins que t’aies du scotch ou du… Chais pas… Quelque chose qui pourrait boucher les trous de nez d’environ 1,5 centimètre de diamètre ? »

Un rire léger sortit de ses lèvres. Très peu de personnes auraient pu assister à un tel spectacle, Lisy Shank cherchant des bouchons de liège afin de manigancer une nuit de sommeil. Des bouchons de liège.

« J’dois pouvoir trouver ça, au milieu d’mes affaires. Au pire c’est pas très compliqué, on s’organise un pique nique ce midi où ce soir, ici même, on achète deux bouteilles, et le tour est joué. J’veux dire, tu vas pas faire ta sainte Lisy et refuser quelques verres de vin, quand même ? »

Depuis que Jez’ était partie de Poudlard il s’était doucement remis à boire, normalement, comme toute personne de son âge. La période d’abstinence était révolue. Pendant longtemps il s’était demandé si ce verre de bu le soir du bal, ne lui avait pas trop fait tourner la tête, provoquant par la suite cette fuite face à Sha’. Mais non, j’veux dire, c’est pas un verre, même très dosé, qui allait le mettre hors de lui. Peu importe le temps depuis lequel il n’avait pas bu, peu importent les conditions de beuverie…

« Laisse tomber, je trouverais bien par moi-même. Tu n’as besoin de rien toi ? Et ôtes cette merde de ta bouche, c’est mauvais pour la santé. »
« T’es chiante. »

Il observa fixement un instant la cigarette se consumer entre les lèvres de Lisy, détournant finalement son regard. Il leva la tête vers le ciel, puis posa à nouveau ses yeux sur le visage de Lisy. Ciel, Lisy, Lisy, Ciel. Et plus rien.

« Si. J’aurais besoin de faire le tour du monde. En mode rêve utopique. Des clopes, du vin, un sac de couchage et des lunettes de soleil. J’veux sentir ma peau cramer au bord de la mer, me baigner dans des cascades et tout ça. Bref. J’en ai marre un peu de Poudlard, pas toi ?
Mais je me contenterai de fizwizbiz et chocolat, pour l'instant. »

Instinctivement il ressortir une autre cigarette et la porta à ses lèvres. Un déclic, la flamme, la bouffée. Les fumées des deux cigarettes se mêlaient désormais, contrastant radicalement avec le décor qui les entourait. Il soupira, attrapa son appareil, s’approcha du viseur, régla le zoom, la focale, et saisit Lisy, cachée derrière ce voile artificiel.

« Et tu penses prendre des photos toute la journée ? »
« Ouais, pourquoi pas. Tu comptes faire quoi, toi ? Sinon j’te séquestre, comme ça c’est réglé. On aura plus qu’à s’acheter une bouteille de vin, une nappe à carreaux rouges et blancs, et avec ton visage de muse et ma dégaine de magicien, on partira refaire le monde. »

Il sourit, s’étira, expira la fumée et arqua les sourcils, en l’attente de la réponse de Lisy.

« Ou du moins, se couper de toutes ces conneries d’rumeurs et de futur, un instant. »

par Invité Mer 26 Mai - 15:34

J’dois pouvoir trouver ça, au milieu d’mes affaires. Au pire c’est pas très compliqué, on s’organise un pique nique ce midi où ce soir, ici même, on achète deux bouteilles, et le tour est joué. J’veux dire, tu vas pas faire ta sainte Lisy et refuser quelques verres de vin, quand même ?
Je ne refuse jamais un verre. Mais prend pas un vieux vin qui pue l’caca, genre, le rouge. Qu’est-ce que c’est amer, d’ailleurs. A vomir.

Lisy grimaça en fronçant les sourcils, à la seule idée d’avoir à boire une goutte de vin rouge. Cette boisson était réellement infecte. Elle avala doucement une bouffée, pour rapidement oublier cette sensation désagréable. Ce qui lui fit penser à une chose… Nicholas buvait-il ? Elle l’avait toujours ignoré. Oui, quelques verres, vite fait bien faits, mais deux bouteilles, tenait-il bien à l’alcool ? Enfin, on pouvait passer outre ce détail, bien que le lendemain, il aurait peut-être à cuver. Au fait, elle s’inquiétait pour quelqu’un maintenant ?

Laisse tomber, je trouverais bien par moi-même. Tu n’as besoin de rien toi ? Et ôtes cette merde de ta bouche, c’est mauvais pour la santé.
T’es chiante.

Il y eut un court silence. Détaché, avec une pointe d’innocence.

Si. J’aurais besoin de faire le tour du monde. En mode rêve utopique. Des clopes, du vin, un sac de couchage et des lunettes de soleil. J’veux sentir ma peau cramer au bord de la mer, me baigner dans des cascades et tout ça. Bref. J’en ai marre un peu de Hogwarts, pas toi ? Mais je me contenterai de fizwizbiz et chocolat, pour l'instant.

Lisy ne répondit rien. Deuxième fois qu’il insinuait la bouteille. Avait-il quelque chose à oublier ? Ou à fêter ? Cette dernière proposition était plutôt à renier, l’esprit n’était pas tellement à la fête depuis l’incrustation de quatre petits gosses tellement ennuyés de la vie qu’ils prétendaient être venus du futur et raflaient quelques autographes des fameux Blackbirds au passage. Ils avaient débité des tonnes de conneries. Et heureusement pour eux, ils n’avaient pas débité milles et une stupidité à Lisy, à moins qu’ils soient vachement masochistes.

Et tu penses prendre des photos toute la journée ?
Ouais, pourquoi pas. Tu comptes faire quoi, toi ? Sinon j’te séquestre, comme ça c’est réglé. On aura plus qu’à s’acheter une bouteille de vin, une nappe à carreaux rouges et blancs, et avec ton visage de muse et ma dégaine de magicien, on partira refaire le monde.
Vas-y, séquestre-moi, j’adore ça.

Elle se pinça les lèvres, amusée, balançant légèrement sa tête sur la gauche, d’un air candide, avec un regard malicieux, comme si elle attendait que Nicholas se jette sur elle pour l’emprisonner de suite. En réalité, elle réprimait un sourire, car son visage de marbre ne laissait en paraître quasiment aucun. Et ce n'était pas maintenant qu'une inondation de rires cristallins allait envahir la jeune fille.

Ou du moins, se couper de toutes ces conneries d’rumeurs et de futur, un instant.
Va pour le pique-nique ce midi ou ce soir. Comme tu veux, même si c’est plus beau la nuit. J’m’occupe de la bouffe. Ça fait quand même trois fois que tu parles de vin. T’es en manque d’alcool ? Ah non, je sais, ne dis rien. L’alcool est ton meilleur ami depuis tes six ans, et t’as caché à tout le monde que t’étais alcolo. Avoue. Ou sinon, au lieu de pleurer, tu avales quelques gouttes. Ouais non, celle-là, elle tient vraiment pas debout. Ah d’ailleurs, ils ont dit quoi sur toi ces p’tits cons ?

La Slytherin termina rapidement sa cigarette, qu’elle écrasa dans l’herbe avant de la jeter au loin. Généralement, elle trouvait le parc dégueu à cause des clopes laissées un peu partout, mais c’était elle, donc personne n’avait le droit de dire quoique se soit.

De toute façon, faut pas les croire. Moi j’dis, c’est des premières années qui voulaient s’inventer une vie, parce qu’ils nous trouvent trop beaux. Je parie qu’ils ont même un autel qui nous est dédié et qu’ils prient devant tous les soirs avant de dormir. On est des dieux vivants.

Elle scruta les alentours. Personne. Il devait être passé quoi, une vingtaine de minutes, depuis que Nick était arrivé ? C'était quasiment désespérant. Mais c’était bien mieux comme ça.

Ah moins… Qu’ils aient dit quelque chose que tu voulais entendre ?

par Invité Mer 26 Mai - 18:56

« Je ne refuse jamais un verre. Mais prend pas un vieux vin qui pue l’caca, genre, le rouge. Qu’est-ce que c’est amer, d’ailleurs. A vomir. »
« Madame fait sa difficile. Je tâcherai d’être à la hauteur de tes attentes, Shank. »

L’adolescent sourit, tout en levant les yeux au ciel. Pure exagération, jeu théâtral, pour amplifier l’étendue de sa pensée. Lisy n’était pas des plus faciles à vivre, du moins, pour le restant de Poudlard. Si pour beaucoup cette simple demande pouvait paraître hautaine, snob, mal placée, ça suffit à égayer Nicholas. Parfait. Il aurait son pique nique. Merlin, finalement une soirée qui sortirait de l’habituel train-train grande salle/salle commune. Trop de frénésie dans les couloirs, trop de discussions inutiles, de rumeurs lancées à la volée. Les Serpentards, comme les autres maisons, s’étaient rendus ridicules avec cette histoire d’arrivants du futur. Et entre l’attaque du bal et les menaces d’avenir obscur débitées à certains, l’atmosphère était devenue insoutenable. Quels cons. De purs branleurs.

« Ouais, pourquoi pas. Tu comptes faire quoi, toi ? Sinon j’te séquestre, comme ça c’est réglé. On aura plus qu’à s’acheter une bouteille de vin, une nappe à carreaux rouges et blancs, et avec ton visage de muse et ma dégaine de magicien, on partira refaire le monde. »
« Vas-y, séquestre-moi, j’adore ça. »
« Incitation ou provocation ? Je te prends à la lettre. »

Certes, il aurait pu se jeter sur elle, il aurait pu la saisir dans ses bras et la faire basculer à terre, sur l’herbe verte et pure de ce début de journée, il aurait pu jouer à ce grand gamin qui ne se lasse pas d’emmerder le monde. Mais il y avait peu à dire, ce visage totalement de marbre de Lisy avait le don de le refroidir, complètement. Des expressions impassibles il en avait affrontées, il avait fait face aux regards froids, de nombreux amis, avant que ceux-ci n’atteignent justement ce rang. Et souvent il avait réussi à faire décomposer ces sourires en coin en rires sincères. Mais là, là Lisy se montrait bien trop forte à son goût, bien trop inflexible. Un défi ? Sûrement. Et Nick tenterait de le vaincre. Merlin, qu’est-ce qu’il aurait donné pour voir son visage de muse se laisser aller et bercer par les simples secondes s’écoulant, par le temps.
Un air narquois ; sourcils froncés. A son tour d’endosser le masque du vilain garçon.

« Je peux être très méchant. »

Une pause. Il soutenait le regard de Lisy. Merlin, mon bon vieux pote, il en avait presque oublié qu’ils se trouvaient encore et toujours à Poudlard. L’océan fracassant était loin, le sable brûlant également. La saison des lunettes de soleil s’approchait peu à peu, détrônant à ce ciel gris sans nuages le contrôle de leur humeur ; de son humeur. Là, l’air était léger, les rayons battaient plein fouet, et Nick pris d’un élan d’optimisme retira rapidement son sweat, pour ne rester qu’en simple chemise. Il retroussa les manches et écrasa la fin de clope à terre, jouant par la suite avec le mégot, entre ses doigts déjà salis de cendres et terre fraîche du matin. Enfin, un soupir.

« Va pour le pique-nique ce midi ou ce soir. Comme tu veux, même si c’est plus beau la nuit. J’m’occupe de la bouffe. Ça fait quand même trois fois que tu parles de vin. T’es en manque d’alcool ? Ah non, je sais, ne dis rien. L’alcool est ton meilleur ami depuis tes six ans, et t’as caché à tout le monde que t’étais alcoolo. Avoue. Ou sinon, au lieu de pleurer, tu avales quelques gouttes. Ouais non, celle-là, elle tient vraiment pas debout. Ah d’ailleurs, ils ont dit quoi sur toi ces p’tits cons ? »
« C’est ça. Ma mère m’a allaité au Chianti quand j’étais qu’un gosse. Ca laisse de séquelles… Non, franchement, tu me crois si j’te dis que ça fait trop longtemps que j’ai pas touché à une goûte d’alcool et que j’ai subitement besoin d’me sentir en vacances, en été ? Eté égal vignasse. C’est incontestable. Bordel Lisy, c’est pas trop bon ce soleil ? En fait non, dis rien, tu vas encore me casser dans mes kifs. » Sourire en coin « Bah rien de spécial. Paraît que j’écrirai dans un journal clandestin, en révélant au grand jour tous les méchants de ce monde. On tentera de disculper des gens aussi, Jez’ et moi… C’était assez mouvementé, comme scène. Je sais pas quoi en penser, trop d’informations et puis… Merde, c’est une connerie tout ça. Toi t’as appris quoi ?
En fait, ce soir le pique-nique. »

A vrai dire il espérait que toute cette histoire ne soit qu’une connerie, une pure et grosse connerie. Il se refusait à croire que quatre gars venus du futur puissent en savoir autant sur leur avenir à chacun. Merde, c’était invraisemblable, non ? Ils avaient quoi, 17, 19 ans, et savaient déjà tout du destin, du monde et de la manière de le changer ? Non…

« De toute façon, faut pas les croire. Moi j’dis, c’est des premières années qui voulaient s’inventer une vie, parce qu’ils nous trouvent trop beaux. Je parie qu’ils ont même un autel qui nous est dédié et qu’ils prient devant tous les soirs avant de dormir. On est des dieux vivants.
A moins… Qu’ils aient dit quelque chose que tu voulais entendre ? »
« Ouais, ils nous admirent. Mais ça m’inquiète quand même ce bordel, cette détermination à vouloir foutre la merde dans Poudlard... Ca servirait à quoi ? Et puis ils semblaient avoir les idées bien claires… Tu crois pas que ça peut tenir la route, c’qu’il disent ? »

Au revoir le sourire, ils en étaient réduits à discuter des mêmes problèmes que tout le château. Ces « arrivants du futur » avaient réussi leur mission : chacun était plus focalisé sur sa propre personne. Adieu les autres, vive l’égocentrisme, après tout, c’est notre destin qu’on cherche à sauver. C’est pas comme s’il dépendait de ceux qui nous entourent, ha ha…

« Au moins ça occupe les gens. Non, sérieux, toi t’as rien appris de croustillant ? Parce que vu qu’on y est… Ou sera la belle Lisy Shank d’ici vingt ans ? J’te vois mafieuse, moi. Femme fatale. Et moi je serai l’artiste incompris, le vieux con qu’il y a dans chaque histoire, et qui sert qu’à foutre le bordel dans les cœurs des dames. Stéréotype, barbe, cheveux longs, cernes, tabac et vin. Ca doit venir de là en fait, le vin. L’emprise de mon avenir, tu vois… »

par Invité Ven 28 Mai - 18:11

Ouais, ils nous admirent. Mais ça m’inquiète quand même ce bordel, cette détermination à vouloir foutre la merde dans Hogwarts... Ca servirait à quoi ? Et puis ils semblaient avoir les idées bien claires… Tu crois pas que ça peut tenir la route, c’qu’il disent ?
Hum… Tu sais, ils peuvent être mythomanes. Tu sais, ceux qui mentent sans le savoir, comme ça, en croyant que c’est vrai. C’est terrifiant. Parfois, ils s’inventent toute une vie. Certains prétendent qu’ils sont fils de… Chais pas moi. Bah tient, d’un des élèves de Hogwarts. Je parie qu’ils disent des conneries du genre « tu m’auras avec lui, mama » pour les voir en couple, parce qu’ils pourront après geindre sur ce « perfecto pareja » et tenter de les copier. Mais qui voudrait copier les merdeux de Gryffindor et Hufflepuff ?

Lorsqu'elle prononça ces paroles, elle pensa directement à ces pauvres Hufflepuff naïfs qui se tenaient la main depuis l'arrivée des quatre gigolos. Ils étaient tellement désespérants que Lisy trouvait que les termes espagnols allaient mieux avec leur situation qui était à chialer, au lieu de mots anglais, par instinct. Ça sonnait mieux.

Au moins ça occupe les gens. Non, sérieux, toi t’as rien appris de croustillant ? Parce que vu qu’on y est… Ou sera la belle Lisy Shank d’ici vingt ans ? J’te vois mafieuse, moi. Femme fatale. Et moi je serai l’artiste incompris, le vieux con qu’il y a dans chaque histoire, et qui sert qu’à foutre le bordel dans les cœurs des dames. Stéréotype, barbe, cheveux longs, cernes, tabac et vin. Ca doit venir de là en fait, le vin. L’emprise de mon avenir, tu vois…
J’ai rien appris du tout. Mais bon, mafieuse me semble plutôt pas mal… Comme ça, tu ne pourras pas m’attaquer. Non, j’ai pas peur de toi, mais j’ai pas envie de faire un séjour en taule. Puis, je ferais tout pour l’éviter, ce petit aller-retour. Femme fatale qui balance entre deux camps, ça me paraît parfait. Comme ça, personne ne pourra me prendre la main dans le sac. Et surtout pas toi. Enfin, toi, tu me défendras. Mais je doute de Jez’. Je parie qu’elle aura une furieuse envie de tout faire sauf me disculper tu vois.

Lisy eut un petit rire amer. Le premier de la journée. Elle haussa les épaules.
« L’emprise de l’avenir »… Si quelqu’un avait su que Lisy prévoyait dès ses dix-huit ans de devenir la future traitresse qui foutrait le bordel en un claquement de doigts… D’ailleurs, elle s’imaginait parfaitement tourner secrètement le dos à Clyde pour aller fricoter avec le leader du bien sur un coup de tête, après un de leur énième coup de gueule. Sans pour autant suivre les idées du « gentil », qu’elle présageait d’avance mauvaises ou méprisantes. Elle afficherait quand même un sourire Colgate, pour paraître crédible. Une vraie taupe.

Mais tu couperas les cheveux longs, ça t’ira pas, même quand tu seras vieux et que tu seras courbé à 90 degrés et que tu marcheras avec un déambulateur à roulettes et que tu seras obligé de porter un dentier. Ce que je ne te souhaite pas.

Lisy fronça les sourcils. Elle voyait aussi très bien Nicholas soixante-dix années plus tard, casé dans une maison de retraite. Elle espérait ne jamais avoir à le rencontrer à ce moment-là. Parce qu’elle comptait rester en contact avec lui ?

Mais me dis pas que tu crois à tout ça. C’est de la fiente de pigeon. Puis. Pourquoi ils ont pas dit le futur à tout le monde tant qu’ils y sont ? Enfin, moi, j’veux pas savoir, j’préfère ne rien entendre. C’est plus… Simple. T’as pas vu comment tu te casses la tête à te demander si c’est vrai ou pas ? Je parie que tous ceux à qui on a dit leur soi-disant futur font la même tête…

La jeune fille soupira à nouveau, en gardant les yeux fixés sur Nicholas. Il semblait perplexe. Pourquoi se tracassait-il avec toutes ces merdes ? La vie était à vivre au jour le jour, même si ils devaient faire leur entrée dans le monde du travail dans quelques années. Dans un peu plus d'un an, en réalité. Comme le temps passait vite.

Enfin. T’s’ras un gentil plus tard. Plutôt prévisible lorsqu’on te voit aujourd’hui.

Un petit clin d’œil, faisant référence à la prétendue méchanceté de Nicholas. En réalité, la Slytherin jugeait qu'il était aussi doux qu’un hippogriffe. Et encore.

Moi, je te vois pas vieux clamant justice, la voix rauque ou même, cassée tellement t'as geulé au barreau. Plutôt pauvre photographe en quête de célébrité. Sans plus, ni moins. Et puis, vieux devant sa maison blanche sur le bord de mer, avec les cheveux – courts – au vent, et une clope coincée entre les lèvres. Qui profite pleinement de sa solitude. Genre avec une petite musique de fond et les vagues qui viennent se briser contre les rochers mais pas contre toi. Comme dans un tableau moldu… Attend, que je retrouve le nom…

Il y eut un court silence, durant lequel le front de Lisy se fronça violemment, ses yeux se plissant jusqu’à ne plus pouvoir apercevoir ses pupilles. Elle cherchait avec énormément de concentration ce tableau dont le titre pendait sur le bout de sa langue. Elle se trouva alors franchement agaçante. Pourquoi devait-il toujours y avoir certaines choses dans la vie que l'être humain oubliait sans réellement oublier ?

Ah ! Voilà ! Le Voyageur contemplant une mer de nuages, de Friedrich. Si tu connais pas, bah, tu profiteras des vacances pour faire un saut à Hambourg, en Allemagne. Il y est. Mais bon, il est devant une mer de nuages, pas une mer… Bah. De vagues. Enfin, tu verras surtout ce que je veux dire.

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