les idées noires. (pv zane)

C'est pitoyable les fins de soirées. Tout le monde est écroulé, par terre, baignant dans leur vomi dans le meilleur des cas, et le pire, c'est l'odeur de sueur mélangée à celles de la mauvaise vodka pas assez longtemps distillée, cette odeur, c'est celle de l'euphorie qui a disparu et qui laisse place à l'amertume, l'amertume pire que celle d'une tequila paf sans citron. James détestait les fins de soirée, c'est pour ça qu'il partait toujours avant pour ne pas avoir ce goût amer dans la bouche. Il avait donc tiré sa révérence en emportant bien sûr un petit butin, une demi-bouteille de gin fauchée à un Poufsouffle. Comme quoi ils étaient pas si niais !

Et voilà James Harada, errant dans les couloirs de Poudlard. Il faisait frais et l'humidité suintait à travers les pierres. Néanmoins, James aimait cet endroit. Il y était libre, et surtout, en sécurité. Avec sa mère, il y avait toujours une infime menace que des Aurors débarquent dans la maison et les emmènent tous à Azkaban. Et ça, James le redoutait plus que tout. Le jeune homme ne voulait pas perdre sa liberté. Il y tenait plus que tout. Comme pour approuver ses pensées, il s'enfila une longue rasade de gin. Il grimaça, c'était fort et il sentit ses tripes se tordre. Un spasme le secoua, et il faillit rendre le peu qu'il avait mangé. Il jeta un morne regard à la bouteille de gin et fut tenté de l'abandonner mais il se sentait brusquement ... déprimé. Triste. Les idées noires de James lui revenaient souvent quand il avait bu, et quand il buvait seul, c'était pire.

Où était-il déjà ? Ah oui, au premier étage. Il devait y avoir quelque chose dans ce gin, bordel ... Il lâcha la bouteille, qui roula sur les pierres dans un bruit sourd. Un mal de tête lui vrillait les tempes, il avait l'impression que chaque chuchotis, chaque bruissement d'air était plus bruyant qu'un décollage d'avion. Il se promit de ne plus jamais boire de gin frelaté et entra dans les toilettes désaffectées pour y rendre toute picola qu'il avait pu ingurgité. James connaissait Poudlard comme sa poche pour l'avoir longuement exploré, ce qui explique qu'il ait trouvé les toilettes aussi rapidement. C'était un endroit un peu glauque, un décor digne d'un film d'horreur espagnol, vous savez, ces films qui se passent toujours dans des orphelinats et où il y a toujours des meurtres d'enfants et autres atrocités de ce genre. Il se pencha au-dessus d'une cuvette, ses mains empoignant violemment la porcelaine ébréchée et ferma les yeux, secoué par les spasmes. Il détestait vomir. Même après tant de fois, il n'était pas habitué à ce que son corps réplique aussi violemment. Il devait avoir une de ces têtes ... Il se redressa doucement, tira la chasse plusieurs fois avant qu'elle ne se mette en route et alla se passer de l'eau sur le visage au lavabo tout aussi piteusement fêlé et fendillé de tous les côtés. Le miroir cassé lui rendit une image distordue de son visage et il détourna son regard. Il n'aimait pas les miroirs, il avait l'impression d'y voir constamment un étranger. Le jeune homme frissonna.

Il s'immobilisa, son échine parcourue d'un frisson qui remonta le long de ses reins pour finir sur sa nuque. Quelqu'un était entré dans les toilettes à son tour, il avait entendu la porte grincer. James poussa un long soupir. Il n'était pas d'humeur à ce qu'un inconnu empiète sur son espace vital.

« Trouve-toi un autre endroit pour gerber, c'est déjà pris ici ... »

Il n'avait pas daigné lever les yeux vers l'intrus, qui se révélait pourtant être loin d'un inconnu pour James.