Confessions nocturnes [Eden]

La nuit était bien calme, une nuit ou la lune était absente, l'obscurité étendant son manteau sur les campagnes anglaises. Je ne dormais pas, ce qui n'était pas habituel. J'étais, en général, la première couchée, et affectionnais camper dans mon lit le soir. Mais cette nuit, j'étais bien éveillée, assise près de la fenêtre et scrutant l'horizon. Je ne savais plus quoi penser des évènements récents. Quinn dormait tranquillement, comme une enfant, elle semblait si calme, cela contrastait avec sa crise de larme de l'après midi. Ces derniers temps, elle craquait souvent, cet Aden la harcelait toujours, et je ne pouvais rien y faire. Il parait que les Serpentards sont les plus vils êtres de l'école... Lui pourtant était un Gryffondor, l'exception confirmant la règle. Me relevant, j'allais prendre un gilet ample, bleu, dans mon armoire et m'enroulais dedans, mon pyjama étant un simple short rose et un débardeur blanc, je n'étais pas armée pour résister face au froid de l'hiver.

Une fois emmitouflée dans mon gilet, je me replaçais près de la fenêtre, laissant vagabonder mon regard au fil du ciel, sombre et presque menaçant. Je pensais a nouveau à mes parents, ces êtres si chers a mes yeux, que je tenais éloignés de moi depuis trop de temps. Je pensais au regard de ma mère, si heureuse de me revoir pour Noël. Il fallait que cela change, il n'était plus possible que ma présence dans le groupe de Clyde m'éloigne plus longtemps de ma famille, ma chair et mon sang. Fouillant vaguement dans un sac non loin du rebord de la fenêtre, j'attrapais un livre et commençais à le lire. Ce n'était pas un livre de magie, de sort ou d'Histoire de la magie, c'était un roman moldu, agréable a lire et divertissant, il fallait occuper mon esprit. C'était un livre d'un écrivain Français, traduit en Anglais, Hell. Le titre m'avait tout de suite accrochée et l'histoire, pleine de désespoir, de haine et des méandres de l'esprit moldu m'avais transportée. Je me plaisais a m'imaginer aussi franche que l'héroïne, aussi scandaleuse, aussi délurée. Elle était tout ce que je n'étais pas, et j'étais tout ce qu'elle avait sûrement été un jour.

Un bruit attira mon attention, il venait de la salle commune et était assez fort pour que je l'entende, mais trop faible pour réveiller mes amis. Intriguée, je posais mon livre et me levais. Sans même prendre la peine d'enfiler des chaussures, croisant les bras sur mon ventre afin de tenir mon gilet, je descendais doucement l'escalier menant à la salle commune, marche à marche. Arrivée en bas, je constatais qu'un feu crépitait dans la cheminée. Sur un canapé, face à cette même cheminée, Eden était assis, comme fulminant contre un ennemis invisible. Il déchirait je ne sais trop quoi avant de le jeter dans le feu avec une hargne incroyable. Je descendais la dernière marche et me dirigeais vers lui. Lorsque son regard croisa le mien, il sourit, j'aimais son sourire.

__ Qu'est-ce qui t'arrives?

M'asseyant de travers sur le canapé, je lui faisais face. Il semblait préoccupé. J'attrapais sa main, la serrant dans la mienne, lui souriant. Je savais qu'Eden rencontrait des problèmes avec principalement des Serpentard. Ces derniers se faisaient un malin plaisir de lui rappeler ses origines Moldues. Clyde, lui même, n'aimait pas Eden en partie pour cette raison. Je ne comprenais pas comment il était possible de traiter un garçon aussi gentil que lui de cette manière.

__ Encore des Serpentard? Est-ce tu veux que j'ailles les stupéfier?

Un sourire malicieux naquit sur mes lèvres, j'aurais bien été capable de le faire, même pire, mais je doutais qu'Eden ne s'en doute.

__ Oublies ces imbéciles, tu vaux tellement mieux qu'eux.

Posant ma tête sur son épaule, je tentais de lui faire oublier les éventuelles insultes ou moqueries que ces sales cons avaient pu lui balancer.

__ Qu'est-ce qui t'arrives?

__ Encore des Serpentard? Est-ce tu veux que j’aille les stupéfier?

__ Oublies ces imbéciles, tu vaux tellement mieux qu'eux.

« Ils ont encore eu l’idée brillante de m’envoyer une jolie lettre… Pleine de mots bien sympathiques tu dois t’en douter. Et qui plus est avec un tas de fautes d’orthographes… Il serait temps qu’ils apprennent à écrire ces crétins… »

« Tu as raison… Je sais bien que je vaux mieux qu’eux. Mais même en les ignorants ils continuent à m’emmerder. Enfin bref… Arrêtons de parler de tout ça. Intéressons-nous plutôt à… Toi ! Comment se fait-il que tu ne dormes pas ? »

« Ils ont encore eu l’idée brillante de m’envoyer une jolie lettre… Pleine de mots bien sympathiques tu dois t’en douter. Et qui plus est avec un tas de fautes d’orthographes… Il serait temps qu’ils apprennent à écrire ces crétins… »

Eden était, au plus grand dam de Clyde, un ami auquel je tenais particulièrement. Je savais notre relation assez étrange. J'étais toujours dans ses bras, il était souvent dans les miens. Notre amitié était plutôt tactile, il est souvent nécessaire de combler ces besoins là. Nous parlions longuement de nos problèmes, de nos joies aussi, moi dans ses bras sur le canapé face à la cheminée, ou dans le parc contre l'arbre. En sa présence, tout n'était que confidence, douceur et sourire.

__ Pitoyables petits rats d'égouts... Tu as eu raison de jeter cet immondice, le feu n'en est que plus agréable.

J'étais sans pitié envers ceux qui osaient s'en prendre à mes amis, à ceux qui m'étaient chers et savaient toucher mon coeur. Cet Aden Teel était le parfait exemple de tout ce que je pouvais abhorrer. Les Serpentards qui s'en prenaient a Eden également, même si je ne connaissais pas leur identité. L'idée qu'on puisse rejeter un garçon si intéressant, gentil et doux, pour une simple différence sanguine me révoltais. C'était pourtant ce que ressentait Clyde de temps à autres. J'avais beau l'aimer de tout mon coeur, j'avais du mal a accepter cette part de lui si élitiste. La chaleur du feu crépitant dans la cheminée réchauffait mon coeur et ma peau gelée a cause du temps passé hors de mon lit en pyjama. Me serrant un peu plus contre Eden, je tentais de me réchauffer et de faire parvenir la chaleur jusqu'à mes pieds, qui eux, étaient congelés.

« Tu as raison… Je sais bien que je vaux mieux qu’eux. Mais même en les ignorants ils continuent à m’emmerder. Enfin bref… Arrêtons de parler de tout ça. Intéressons-nous plutôt à… Toi ! Comment se fait-il que tu ne dormes pas ? »

A moi? Mince, le sujet que je préférais éviter ce soir. Je levais les yeux au ciel avec une petite moue qui se voulait dépitée, mais qui finalement ressemblait plus à une grimace.

__ Pourquoi parler de moi, ce n'est pas moi qui a tant de problèmes, il vaut mieux nous concentrer sur toi!

Inutile? Oui, je le pensais également. Sa tête me prouva que je ne n'étais pas éloignée de la vérité. Après un petit moment d'hésitation, je décidais de ne pas lui parler de Quinn. Cette histoire ne devait pas être ébruitée, surtout pas. Jouant avec mes cheveux, les yeux perdus dans le vide, je cherchais quoi raconter. A vrai dire, ma vie était plutôt calme, a part les continuelles crise de Clyde qui ne comprenait pas ma manie de me faire des amis dans ce qu'il appelait le "Clan des ignorants" et les crises de larmes de Quinn que je m'efforçais de rendre de plus en plus rares. J'avais de plus en plus cette impression de n'être rien de plus qu'un pion sur l'échiquier de Clyde. Je ne remettais pas mon amitié avec lui en question, ni mon attachement, au contraire c'était ce qui me poussait a faire ce que je faisais, mais malgré mes apparences de popularité, j'avais cette affreuse impression de n'être destinée qu'a être une suiveuse. Je détestais cette impression qui naissait en moi, je voulais être plus, je MÉRITAIS d'être plus qu'une suiveuse.

__ Et bien, je suis un peu préoccupée ces derniers temps, rien de très grave. Je me demande juste ce que je deviendrais plus tard... Et puis Clyde semble ne pas apprécier que je fréquente certaines personnes, il est très protecteur, je l'adore mais il est parfois un peu poussif sur sa protection.... Enfin, c'est un ami trop précieux pour refuser une telle attention.

Je fixais ses yeux, y cherchant comme une réponse a mes questionnements, je n'avais jamais vraiment remarqué la profondeur de son regard. Je fus comme happée un instant, sans pouvoir me libérer de l'intensité de son regard. Puis, baissant le regard, je resserais mon gilet autour de mon corps. Me levant, j'allais près de la cheminée, un instant seulement, afin de réchauffer mes mains.

__Tu as remarqué comme le château est calme la nuit? C'est presque terrifiant. Tu te promènes souvent la nuit dans les couloirs? Je n'ose jamais vraiment le faire, je déteste y être seule.

Mon regard se perdait dans les flammes alors ma peau me brulait de plus en plus a mesure que je laissais mes mains au dessus du feu. Je finis par les retirer violemment lorsque le feu sembla s'emballer. D'un coup, je sautais sur mes pieds et me mettais a me dandiner comme une folle en short et pyjama. Je dansais comme si la musique était présente a nous en rompre les tympans.

__ C'est ma technique pour ne pas craindre le silence de la nuit. Je danse !

En un éclat de rire, je courais vers le canapé ou Eden me regardais avec des yeux ronds, je lui sautait dessus. A cheval sur lui, souriant aussi grandement que je le pouvais, je déposais mes doigts sur les commissures de ses lèvres et les tirais afin de créer un sourire.

__ Le sourire est la meilleure des armes, Eden. Un sourire cache bien mieux la haine que toute autre chose. Et si on allait se promener? Ça te dit? Je déteste le faire seule, pour une fois que j'ai un HOMME avec moi *rire* Aller, on va dans le parc, au lac, ou dans la forêt! Cap?