Intrigue n°4 La résistance et les révélations sont nées

En cette fin du mois de février, les bleu et argent ralliaient enfin leur Tour, remise à neuve après le terrible accident qui était survenu dans la Tour Nord. De nombreuses péripéties s’étaient produites tandis qu’ils s’étaient retrouvés éparpillés dans les différentes maisons, et chacun s’en retournait avec de nouveaux souvenirs. Le Directeur ne pouvait qu’espérer que les élèves avaient fais contre mauvaise fortune bon cœur et que l’explosion de la Tour avait finalement participé à un rapprochement inter-maisons. Il était cependant bien loin de savoir ce qui se tramait dans Poudlard.




Dans une salle sobrement décorée, que seuls deux fauteuils meublaient, faisant face à une cheminée où crépitaient quelques flammes, l’avenir du château, et peut-être même du monde magique, prenait un nouveau tournant.

« Maintenant que la Tour a repris son apparence normale, il est plus que temps que nous empêchions quoique que ce soit d’autre d’arriver.
- Mais que peuvent faire deux simples élèves face à un groupe cruellement bien organisé? »

Le premier à avoir pris la parole prit un air grave. Il regarda l’autre dans le blanc des yeux, comme pour jauger sa capacité à supporter la proposition qu’il s’apprêtait à lui faire. Les deux garçons se connaissaient depuis un certain temps, mais c’était le hasard qui les avait réunis dans cette pièce. Tous deux cherchaient à faire de Poudlard un endroit calme où tous pouvaient être en sécurité. Ils voyaient le château comme une seconde maison, et ils ne pouvaient pas tolérer que quiconque y instaure la peur.

« Pas grand-chose. C’est pourquoi nous devons chercher des gens dignes de confiance, et monter nous même un groupe. »

Tradd Cooper laissa une lueur d’espoir s’installer dans son regard tandis qu’il offrait à Dayton Sommers un sourire fin et partisan.




Les élèves parcouraient les couloirs tandis que la sonnerie venait de consacrer la fin des cours de cette semaine. En général, le château était alors en pleine ébullition. Tous trainaient en faisant entre eux des projets pour le week-end qui commençait. Les projets de certains étaient plus insidieux que d’autres. Tradd Cooper venait de mettre la main sur Cole Morrison qu’il entrainait déjà dans une salle à l’abris des regards et des oreilles indiscrètes pour le rallier au groupe que Dayton et lui avait fondé. C’était un pari audacieux, qui se fondait avant tout sur une discrétion totale et l’anonymat de chacun des membres. Il fallait prendre garde à qui recruter ou non. Cela se faisait beaucoup par le bouche à oreille et si Dayton et Tradd étaient les fondateurs, le petit groupe ne pourrait fonctionner et ses rangs grossir que si chacun possédait les mêmes responsabilités et prérogatives. Dayton se posait bien sûr comme le leader charismatique de la bande, mais il n’était pas question pour eux d’entendre parler de chefs. Malheureusement, leurs ambitions très utopiques s’apprêtaient à essuyer un sacré revers de fortune.

Les premiers élèves à passer près des sabliers furent les premiers spectateurs de l’évènement étrange qui s’était produis. En lettres oranges, les mots venaient d’apparaître au dessus du sablier aux grains bleus. « La Resistance est née. »

Dayton arriva rapidement sur place pour se rendre compte par lui-même de la révélation. Il n’en était bien sûr pas l’instigateur, et si cela avait été Tradd, il le lui aurait dis. Pour l’instant, leur groupe ne comptait que très peu de membres, dignes de leur confiance sans l’ombre d’un doute. Malgré les suspicions du gryffondor, il n’était pas question d’en accuser un seul. Le plus étrange, c’était qu’ils ne s’étaient jamais, jusque là, donné le nom de Resistance… Ca sonnait pourtant plutôt bien, songea Dayton avant de réaliser que la couleur orange choisie pour le message pouvait représenter le mélange de la couleur jaune de Tradd et de la sienne, rouge. L’auteur du message était très bien informé, mais il était difficile de déterminer ses intentions. Il pouvait tout aussi bien vouloir les confondre que leur donner un petit coup de pouce en faisant prendre à leur mouvement une toute autre importance. Mais la question demeurait, comment avait-il réussi à connaître l’existence de leur groupe?




Bonnie Becker se leva d’humeur bougonne, en ce dernier samedi de février. Elle ignorait ce qu’elle allait pouvoir faire de son week-end et elle réalisait combien ses liens s’étaient amincis avec tous ceux qu’elle considérait auparavant comme proches d’elle. Elle avait beau avoir pris le temps pour se préparer, elle n’était pas encore très bien réveillée quand elle passa devant le panneau d’affichage. Ses yeux capturèrent cependant un détail qui la fit revenir sur ses pas. Elle fut soufflée par le mot qu’elle découvrit, écris en lettre d’or.

« Le futur nous guette, et tous les élèves de Poudlard ne sont pas tous nés dans les années 80 »

Dans les autres salles communes, Garden Fear, Mason Sommers et Adam Meyer bloquèrent eux aussi sur le même message, signé Gossip Magic.
Une chance pour eux que l’auteur ne se soit pas montré plus précis, la plupart des élèves n’y ferait sans doute même pas attention. Toujours est-il qu’il leur faudrait découvrir assez vite le petit malin qui se faisait appeler Gossip Magic afin de découvrir ce qu’il savait vraiment.




Quelques jours plus tard après le message qui était apparu conjointement dans les quatre salles communes, un nouveau rebondissement se produisit. Samaël Wilson, penché sur un parchemin au contenu magique, épiait les statuts de ses différentes connaissances à travers le nouveau réseau social sur parchemins qui avait été mis en place dans l’enceinte du château. Les auteurs de cette nouveauté ne s’étaient pas fais connaître, mais ils devaient avoir un certain niveau de magie. L’un d’eux était a priori né moldu, puisque cela fonctionnait sur le même modèle que le réseau social du nom de Facebook que ceux-ci connaissaient bien. Naturellement, le modèle ne serait jamais ébruité, sans quoi tous les sang purs risquaient bien de délaisser cette nouvelle invention, le jeune Wilson compris. Il était tard, sûrement dans les 2h du matin, alors que Samaël s’attardait étonnement sur le profil d’un certain Curtis Cullen. Et malgré l’attention qu’il portait à son parchemin, il ne put que remarquer le mot qui apparut dans une gerbe étincelante sur le panneau d’affichage. Intrigué, il délaissa son investigation pour s’approcher du panneau. Il plissa les yeux en découvrant le mot.

« Tabatah Jennings, petite serdaigle effacée, a accouché d‘un bâtard dont le sang pur de père se passerait bien. »

Samaël était bien placé pour savoir de quoi il s’agissait. Mais il savait aussi que les rares personnes au courant ne se permettraient pas de divulguer l’information. Qui pouvait avoir intérêt à le faire de toute façon ? Les autres élèves se poseraient des questions en voyant le mot. C’était la seconde fois qu’un tel affichage était fait, mais il était impossible de savoir qui en était l’auteur. Le serpentard arracha le mot et le déchira. Paris ne devait pas le voir, même si ce serait sans doute un mal pour un bien. Il ne savait pas bien ce qui avait motivé sa réaction, mais c’était ce qui lui était apparu le plus sensé sur le coup. Il le regretterait surement.




La Résistance grandissait à mesure que les jours passaient. Le bouche à oreille s’était exécuté, pour finalement tomber sur Julia Malone. L’idée l’avait tout de suite séduite. Bien sûr, il serait difficile pour elle de garder le secret, mais la discrétion n’était plus tellement à l’ordre du jour. Le mot au dessus des sabliers s’était révélé salvateur. La rumeur de la formation d’une Résistance avait parcouru le château et enflé de jour en jour. Julia était suffisamment observatrice pour se rendre compte de la suspicion qui régnait dans Poudlard. Tout le monde soupçonnait tout le monde de faire partie d’un camp ou d’un autre. Ce n’était pas le but recherché par Dayton ou Tradd, mais elle trouvait qu’il n’y avait pas meilleur moyen de rallier du monde et d’affaiblir le camp adverse. Alors elle s’était elle-même lancée dans la propagation de rumeurs. C’était en quelque sorte la responsable publicitaire du groupe. Elle répandait les messages que la Résistance souhaitait faire passer sous forme de rumeurs qui serviraient le mouvement. Et elle ne risquait rien, tant personne ne l’imaginait capable de s’investir dans un tel projet. Garder sa langue en ce qui concernait Tristen et Gemma était bien sûr difficile, et elle aurait pu tout aussi bien leur en parler pour les rallier à leur tour. Seulement voilà, elle doutait de leur investissement et le groupe qu’avait formé Dayton et Tradd n’avait rien d’un jeu, tel que Gemma risquait de le voir, et il ne s’agissait pas de le rallier à la légère, comme Tristen le ferait simplement pour la suivre. Julia prenait son rôle très à cœur, comme tous ceux qui avait été recruté. Ils n’étaient pas si nombreux, mais les rumeurs allaient bon train et faisaient d’eux un groupe dangereux pour quiconque projetait la moindre attaque. Ils savaient faire parler d’eux, et les encapuchonnés n’avaient qu’à bien se tenir, car désormais ils ne les laisseraient plus commettre le moindre méfait!




La plupart des serdaigles réintégrés récemment dans leur Tour dormaient déjà à point fermé. Et Montana Jones profita que tous ses camarades soient sagement cantonnés dans leurs dortoirs respectifs pour se rendre en pleine nuit jusqu’au tableau d’affichage. L’apparition des révélations qui ne cessaient de pleuvoir depuis quelques jours pouvait tout aussi bien être un bienfait qu’une épine dans le pied de la Resistance. En tant que membre active du groupe, et ayant été la première à se mobiliser pour rendre l’idée possible, elle estimait urgent de profiter du mode d’information utilisé par Gossip Magic avant qu’il ne vienne à celui-ci l’idée de se retourner contre eux. Une plume à la main, elle griffonna sur un bout de parchemin le message qu’elle souhaitait faire passer. Et elle s’apprêtait à l’accrocher quand une voix la surprit.

« Ne me dit pas que c’est toi ce Gossip Magic?! »

Elle tourna rapidement la tête vers celui qui l’avait surpris. Elle s’en voulait d’avoir été aussi imprudente, mais il n’était pas question de le laisser se faire des films.

« Ne sois pas idiot, tu vois bien que je ne fais que l’imiter, et de toute évidence je n’ai pas sa discrétion, puisque tu es là. »

Raven Beckett eut un sourire sceptique. Il avait bien envie de croire la jeune fille, mais elle pouvait tout aussi bien chercher à le leurrer. Il s’approcha d’elle et fixa du regard le morceau de parchemin qu’elle avait encore en main.

« Et quel message souhaites-tu faire passer? »

Il estimait être suffisamment bien placé pour exiger une réponse, et Montana ne pouvait pas décemment lui mentir. Elle hésita pourtant un moment, avant de lui tendre le mot. C’était quitte ou double pour elle. Raven le regarda une première fois, sans donner l’impression d’y attacher la moindre importance. Mais il le relut une seconde fois pour être certain d’avoir tout compris. Alors, il releva un œil intéressé vers la jeune Jones.

« Alors c’est toi la Résistance? »




Un nouveau message signé Gossip Magic était apparu pendant la nuit. Les fausses révélations commençaient à prendre le pas, et l’auteur véritable semblait vouloir consacrer son originalité. Les quatre panneaux d’affichage se voyaient donc devenus, au matin, les dépositaires d’une mise en garde.

« Trier le vrai du faux n’est pas toujours tâche facile, sachez néanmoins que ceux que je prendrais à me plagier auront une petite surprise signée Gossip Magic. »

Dans la salle commune de Serpentard, Anissa Ridley foudroyait le message du regard. Mais pour qui se prenait ce Gossip machin à lui piquer son rôle et à s’estimer seul capable de répandre les rumeurs?! Foi de Ridley, ça ne se passerait pas ainsi! Sur les nerfs, elle voulut arracher le message qui monopolisait toutes les attentions. Les regards se tournèrent vers elle, tandis qu’elle s’échinait contre le bout de parchemin qui semblait pourtant irréversiblement collé. Un sortilège de glue avait été ajouté, sans doute parce que l’auteur s’était aperçu qu’on avait d’ors et déjà arraché la plupart de ses mots. Or ils étaient totalement privés de leur substance s’il était possible de les cacher à la vue de tous. Gossip Magic voulait décidément faire des révélations. Il n’empêchait pas les autres de se mêler à son initiative, mais il leur promettait une surprise s’ils étaient pris sur le fait. Anissa ne le voyait bien sûr pas de cet œil là. Elle comptait bien mettre un point d’honneur à répandre les rumeurs, vraies ou fausses, plus vite que son ombre. Car c’était son rôle, et pas celui d’un anonyme qui se cachait lâchement derrière un pseudonyme débile!