Mais non, j'veux pas qu'tu m'laves le dos ! [PV Dam']

7h30. La plupart des camarades de chambrée se lèvent et commencent à se préparer. Moi, je suis éveillé depuis plusieurs heures. Cette semaine, c'est ma troisième nuit blanche. Il faudrait que je récupère pendant le week-end. Va-t-on à Pré-au-Lard ? Quoiqu'il en soit, je n'irais pas. J'ai assez d'Elléborine pour tenir encore un peu. D'ailleurs...

Narine droite; narine gauche.

Je n'ai plus aucune pudeur. Il reste peut-être encore quelqu'un ici, mais franchement, je m'en fous. Ils savent tous que je consomme régulièrement de l'Elléborine. Je tends ma main vers ma table de chevet, attrape mon emploi du temps. Je n'ai pas cours de la matinée. Enfin ... On est vendredi, n'est-ce pas ? Oui, on doit être vendredi. J'ai encore quatre heures à passer avant de faire une brève apparition à la Grande Salle pour le déjeuner. Ensuite, un double cours de potions pour finir la semaine.

Petit à petit, mes membres se réveillent. Je pose mes deux pieds par terre. J'attrape ma baguette. Je devrais m'entraîner un peu. Je suis assomé de travail, mais je ne pense jamais à le faire. Aller. Je saisis un rouleau de parchemin, une plume, un encrier, et sors mon sac à dos. Mon livre de sortilèges m'indique que je dois m'entraîner sur plusieurs sortilèges mais surtout écrire un rapport de ce que ces sortilèges ont donné.

Je commence, puis entends un grognement. Cela doit venir certainement d'un lit occupé qui ne veut pas entendre trop de bruit à cette heure-ci du matin. Il a de la chance que je n'utilise pas mes nuits d'insomnie pour faire mes devoirs, il irait même se plaindre en pleine journée ? Fainéant.

En caleçon et tee-shirt, je parcours les couloirs qui mènent à la salle commune des Poufsouffles. Pas un bruit. La plupart des élèves sont en cours, les autres dans leur lit. Je m'approche du feu. Ma peau blanche est luisante près des flammes. Je groupe mes jambes, mes bras, par terre. Ma tête tombe dans mes avant-bras, et je commence à pleurer. C'est le contre coup. La Minute Clairvoyante, je l'appelle. Je me rends compte de ce que ma vie est, pendant une minute. J'ai failli, à cause de ma dépendance, échouer aux BUSEs, et n'ai réussi qu'un nombre assez restreint de matières. Je ne vais certainement pas pouvoir entrer dans la Médicomagie, comme ma mère l'a fait, ni chez les haut-gradés du Ministère. Mon père, après que j'ai reçu mes résultats des BUSEs, m'avait dit que je finirai certainement au service d'entretien du Ministère, et encore, seulement si je réussissais mes ASPICs. Pourtant, avant, j'étais studieux. Je travaillais d'arrache-pieds, j'avais des O, des E... Désormais, il semble que je n'obtienne des E qu'une fois par an. Il faut que je me reprenne. Je me le répète assez pour le savoir.

Narine droite ; narine gauche.

J'ai recraqué. J'ai sauté sur mes pieds, je me suis rendu dans ma chambre, me suis précipité, tremblant, sur ma table de chevet, ai saisi ma baguette pour alimenter mon nez en poudre blanche. Quelle heure est-il ? 10H. Je me suis endormi après cette dose supplémentaire. Je me lève, enlève mon tee-shirt, mon caleçon, les jette à côté de ma malle, et pars, nu, pour les douches. Je l'actionne, chaude. Cette eau brûle ma peau pâle et presque translucide. Mes yeux se ferment. Ma bouche s'ouvre. Je pousse un soupir rauque. J'ouvre mes yeux. Je ne suis plus seul.