Don't stand so close to me. { ft. Tradd }
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Don't stand so close to me. { ft. Tradd }
Don't stand so close to me
feat. Tradd Cooper & Montana Jones
Au début, elle avait cru que c'était une blague – de mauvais goût certes, mais une simple plaisanterie. Ce n'était pas possible ? On splittait les Ravenclaw après l'effondrement de la Tour dans les dortoirs des autres maisons, le temps que la Tour Nord et leur propre salle commune soient réparés. Montana avait cru voir son pire cauchemar se réaliser après cette annonce : deux longues et pénibles semaines au moins – si ce n'était plus longtemps – à constamment devoir côtoyer Tradd, elle n'était pas sûre de s'en remettre. Sainte patience … Elle l'évitait donc au maximum depuis leur dernier entretien et y réussissait à vrai dire plutôt bien, refusant en bloc toute discussion sur l'accident de la Tour d'Astronomie ou la visite de la seconde génération d'élèves du futur – dont l'une des révélations constituait précisément la raison pour laquelle elle évitait le Hufflepuff – préférant rire et parader bras dessus bras dessous avec Tristan comme si elle était tout à fait à son aise et ignorant superbement le préfet. Et si certains s'étonnaient de voir s'inverser la tendance qui avait jusqu'ici vu Montana Jones poursuivre furieusement Tradd Cooper dans l'espoir d'avoir l'opportunité de lui adresser la parole, on trouvait finalement assez amusant de voir le jaune et noir se placer volontairement sur le chemin de la jolie brune – bien moins étrange et plus séduisante ces temps derniers depuis qu'elle avait quelque peu cessé de balancer des prédictions funestes à tout bout de champ et que l'on commençait à la croire – dans le but de réussir à lui confier un mot. D'autant plus que l'on avait remarqué son absence de la salle commune des bleus avant même l'explosion de l'aile Nord : nul ne savait qu'elle avait en réalité emménagé dans l'un des greniers de divination soigneusement protégé par un Fidelitas, dont le gardien qui n'était autre que Nicolas Berlioz avait déserté Poudlard ; son secret était donc soigneusement gardé.
On l'avait alors vue réapparaître avec étonnement dans la salle commune des blaireaux, les murmures à son sujet résonnant plus fort que jamais entre les couloirs. Tana avait eu vent des inquiétudes de Tradd à son égard, Tabatah lui ayant raconté leur conversation plutôt brève. Elle avait bien évidemment refusé de lui indiquer ce qu'il était advenu de sa meilleure amie, n'oubliant pas de préciser avec sa franchise habituelle que si Montana avait souhaité qu'il soit au courant de sa localisation exacte, le Hufflepuff l'aurait sans aucun doute été. La jeune pianiste avait adoré entendre le récit de la manière dont Tabatah avait achevé le jeune homme avec une lapidaire prière de cesser de se comporter en hypocrite et d'être aveugle, et enfin de laisser son amie tranquille. Venant tout juste d'accoucher quelques jours auparavant, Jennings était d'une humeur d'hippogriffe et avait autant de compassion disponible en ce moment que cet animal revêche, ce pourquoi Montana évitait de l'ennuyer avec tout ce qu'elle avait découvert dernièrement : dire qu'elle avait rencontré son propre filleul âgé de dix-huit ans en la personne d'Adam Meyer et connaissait à présent la véritable identité de Garden … en y repensant bien, tant de découvertes en si peu de temps était étourdissant : elle-même n'éprouvait donc pas nécessairement le besoin irrépressible d'en parler.
De toute façon, elle était liée par le Serment inviolable conclu avec Adam – est-ce qu'elle le regrettait ? Résolument non. Les marques blanchâtres en forme de chaînette enroulées autour de son bras droit demeuraient visibles et le resteraient aussi longtemps qu'elle serait liée par sa promesse, malgré le sortilège de dissimulation qu'elle y avait appliqué. Cela pour un motif pratique : être contrainte à faire face aux questionnements pernicieux de ses camarades sur les raisons qui l'avaient conduite à contracter un Serment inviolable pouvait s'avérer fastidieux – autant s'éviter les ennuis dans la mesure du possible, elle en avait déjà bien assez pour finir par ne pratiquement plus prêter attention à ses marques. S'il n'avait tenu qu'à elle, Montana les aurait gardées : elle aimait ces traces aussi bizarre cela pouvait-il sembler, comme une preuve de l'honneur et du courage qui lui avaient tant manqué par le passé.
Ses pensées s'égarèrent brièvement du côté de Shaelyn Stern tandis qu'elle marchait d'un bon pas à travers les couloirs, en quête d'un endroit où se réfugier après le dîner du soir. Elle n'avait pas envie d'arpenter la pièce commune des blaireaux et de défier du regard Phoenix Cartwright en passant devant lui, pas plus que de grimper s'isoler dans son grenier ordinaire loin de tout. Elle avait envie de solitude mais également de se sentir au cœur du Château, infime partie de la vie bouillonnant en lui. Sa dispute avec Shaelyn dans cette étrange salle qui lui avait fait perdre à demi la tête lui avait néanmoins appris beaucoup de choses … à commencer par l'attirance de la Slytherin à son égard et sa potentielle réciprocité. Promenant légèrement le bout du doigt sur ses lèvres, la Ravenclaw soupira, se remémorant le goût de celles de Sha. Elle était venue à elle pour obtenir des éclaircissements et être rassurée, elle n'était repartie de ce détestable endroit et loin de cette détestable fille que plus troublée encore et folle de rage. Dire qu'elle avait couché avec Cooper – et plusieurs fois par-dessus le marché ! Comment avait-elle osé lui faire ça ? Montana n'en revenait pas : Shaelyn avait connu dès le départ l'évolution des sentiments de Tana pour ce bellâtre beau-parleur. Ils étaient sensés se détester ! Mais non : ce n'était pas encore assez que de la trahir, elle le lui avait en plus caché.
« Tu es beaucoup moins drôle quand tu appartiens à quelqu'un d'autre. » lui avait-elle lâché comme une bombe.
Montana était demeurée coite, perplexe face au sens à donner à ces paroles quand Shaelyn l'avait éclairée d'un baiser lascif et langoureux dont tout son corps avait frissonné avant de la rejeter violemment. Regrettait-elle depuis le parti qu'elle avait pris à l'encontre de la Slytherin ? Non. En vérité elle ne s'était même jamais sentie aussi bien, aussi … sereine. De là à dire qu'elle était heureuse il y avait un pas énorme, mais pour la première fois depuis des lustres elle se sentait … contente. Les choses marchaient plutôt dans son sens jusqu'ici depuis qu'elle s'était séparée de Stern : elle était tellement plus forte, tellement plus sûre d'elle-même et de ce qu'elle voulait dans bien des domaines – sauf un, mais il était désormais totalement exclu d'y revenir. Elle avait d'ailleurs eu par la suite bien d'autres problèmes d'une nature toute différente, à commencer par l'explosion de cette fichue Tour où elle s'était retrouvée coincée sous les décombres et son transfert de dortoir : vous parlez d'une calamité ! Depuis lors Cooper qui – quelle chance ! Pourquoi diable n'avait-ce pas été Tristan ou n'importe qui d'autre ? - l'avait tirée de sous la tonne de pierres écroulée sur elle avait harcelé l'infirmière pour connaître son état de santé, puis ç'avait été son tour et celui de Tabatah. Tana l'avait à peine remercié avant de faire un scandale le soir même dans la Grande Salle à l'annonce de son spectaculaire changement d'affectation. Elle avait tempêté, hurlé, s'était emportée comme jamais pour échanger avec Quinn ou Keaton et être replacée chez les Gryffindor ; tout le monde serait satisfait, l'un quelconque de ses camarades rejoindrait Clyde chez les adorables blaireaux et elle-même aurait le plaisir de passer ses journées avec Emerson. Mais non ! Rien n'y avait fait : elle resterait chez les jaunes et noir le temps nécessaire, un point c'était tout.
Fort heureusement elle possédait une prodigieuse capacité d'adaptation et s'était finalement retrouvée pas si mal que cela chez les noir et or, s'amusant comme une petite folle à essayer avec Tanya l'uniforme des filles de Hufflepuff qui s'avéra lui aller comme un gant, même si Tana regrettait un peu le joli bleu des couleurs de Ravenclaw. Elle prenait même un plaisir tout nouveau aux attentions et caresses familières de Curtis dans lesquelles – si elle-même se savait parfaitement en sécurité tout en sachant pertinemment qu'elle n'avait rien à craindre – les autres voyaient sans arrêt des faits erronés. L'argent et vert avait même tenté de l'embrasser devant l'entrée de la pièce commune des blaireaux pas bien éloignée de celle des Slytherin, puisque située dans les cachots ; la réponse ? Une légère claque et un sourire rieur alors qu'elle évitait ses lèvres d'un léger mouvement de tête en arrière. On disait les femmes versatiles mais s'il avait su par quelle logique était déterminée sa conduite, jamais Cooper ne se serait plaint avec tant d'ardeur – Merlin, elle avait même reçu un mot de Poppy lui demandant pourquoi elle évitait Tradd ! Elle qui s'amusait et se complaisait dans cette fausse image de groupie du héros du jour Curtis Cullen, celui qui paradait avec sur son visage la douleur théâtrale d'un martyr en tenant son bras encore bandé, n'avait pas de temps à perdre avec ces fadaises hypocrites. Curtis comme à son habitude jouait de cet air vulnérable que lui prêtait le rétablissement forcé, et elle l'aidait dans sa pantomime, feignant d'oublier que son véritable sauveur – celui auquel elle devait très probablement la vie – n'était autre que Tradd.
Non que cela fût facile d'un bout à l'autre : Tana se sentait coupable occasionnellement de négliger volontairement sa mission vis-à-vis du Hufflepuff, elle qui lui avait promis de toujours lui apporter son soutien en toutes circonstances. Était-ce à dire qu'elle renonçait ? Non, mais elle n'avait appris au cours des dernières semaines aucune information supplémentaire sur le présumé sort funeste du jaune et noir ; rien en tous cas qu'elle fut en droit de divulguer, et sa rancune était encore trop vive pour l'inciter même à un simple rendez-vous anodin : encore eût-il fallu qu'elle soit certaine de jamais vouloir lui reparler. Sa rencontre avec Adam l'avait incitée à voir les choses tout différemment : tout comme il appartenait à son destin de retrouver son filleul à travers les années et les époques, peut-être était-ce celui de Tradd de mourir de la main de Clyde ou de souffrir par lui ; elle ne cessait pas de lutter pour sauver la vie du jeune homme, mais gardait en elle cette conscience que toute chose était éphémère et peut-être dépendante d'un avenir tellement plus fort qu'elle. Le baiser échangé avec Cooper la hantait, revenant la torturer à la lisière de sa mémoire lorsqu'elle s'y attendait le moins : elle ne s'en voulait plus pour cela, mais l'approcher l'avait conduite à l'erreur la plus stupide qu'elle avait jamais pu commettre – elle ne voulait pas l'entendre lui expliquer que tout ça était une folie, qu'il ne pouvait offrir à Tana ce qu'elle demandait malgré elle. Alors, c'était mieux ainsi.
Autant dire que toutes ces histoires la rendaient nerveuse, un idiot aurait remarqué qu'elle avait intensément besoin de se détendre. Errant sans réel but dans les couloirs de l'école, Montana poussa une porte au hasard … et eut le vif plaisir de tomber sur un ravissant petit salon aménagé qu'elle n'avait encore jamais vu auparavant : un moelleux canapé qu'elle devinait extrêmement confortable s'offrait à elle et non loin de lui une table basse en bois poli. L'air ambiant était délicatement imprégné du parfum d'un bâton d'encens, les tentures rouges et bleues aux complexes motifs ethniques ornant les murs et rappelant à Tana ses origines gitanes donnaient à la pièce une atmosphère mystique et tamisée tandis que le sol recouvert de coussins invitait à s'étendre et se reposer. Un arbre de taille moyenne planté dans un pot blanc prêtait au visiteur son oxygène et agrémentait le lieu d'une touche de verdure et de nature, tandis qu'un entrelacs de somptueux draps et voiles rouges à demi transparents suspendus au plafond en complexifiait la circulation. Un petit meuble installé contre une paroi, vraisemblablement un minibar proposait boissons et gourmandises sorcières en tous genres pour achever de rendre l'endroit délicieux.
Oui réellement, ce lieu était idéal pour ce qu'elle avait en tête – personne, croyait-elle, ne viendrait la chercher ici à cette heure avancée de la soirée. Tirant sa baguette de la poche de sa robe de sorcière, la jeune femme fit apparaître d'un léger mouvement du poignet son synthétiseur. Se remémorant tous les bons souvenirs qu'elle possédait liés à cet instrument à commencer par les longs jours passés avec son père pendant qu'ils trafiquaient ensemble cette vieille machine moldue pour la faire fonctionner à Hogwarts, Tana prononça doucement la formule : « Spero patronum ». La beauté du grand chat au poil épais et angora qui prit forme devant elle la laissa comme de coutume sans voix ; libre d'exercer sa musique et avec son patronus à ses côtés, elle se sentait enfin apaisée. Il lui semblait parfois incroyable qu'une aussi belle forme put provenir de ses seuls souvenirs les plus heureux, elle prenait donc un plaisir tout particulier à le convoquer sans véritable raison tout en s'exerçant par la même occasion au sortilège.
Esquissant un mouvement de sa baguette, Montana enclencha le synthétiseur. Une douce mélodie composée par ses soins mais qu'elle souhaitait retravailler avant de la présenter à son mécène s'éleva, mais il lui fallait d'abord délivrer son inspiration. Elle avait demandé aux Blackbirds de prêter leurs voix et leurs instruments aux paroles qu'elle avait écrite, et ils lui avaient gracieusement accordée cette immense faveur. Esquissant quelques mouvements au rythme de la chanson, la jeune femme se mit à danser, décrivant de ses membres déliés d'élégants cercles et courbes – paraissant presque ondoyer entre les voiles moirés que le léger souffle de son passage soulevait à peine. Elle avait eu raison d'adopter pour cela une tenue plus pratique composée d'un shorty laissant respirer ses jambes et d'un simple tee-shirt bleu près du corps : cela lui donnait toute possibilité de détailler ses moindres gestes sans entraves ni couches de tissu superficielles qui l'auraient empêchée d'éprouver ses mouvements. Son patronus errait autour d'elle avec grâce, suivant de ses yeux clairs où perçait l'âme de Montana les circonvolutions de sa maîtresse et se nourrissant de l'extase qu'elle éprouvait en dansant. Tana avait toujours aimé danser, ses premiers pas de flamenco lui ayant été enseignés à l'âge de six ans par sa grand-mère sévillane mais aujourd'hui, son humeur s'accordait davantage à quelque chose de résolument plus moderne. Les notes l'emportaient, lui faisant oublier dans chaque geste ses moindres contrariétés.
- Well I never pray
But tonight I'm on my knees yeah
I need to hear some sounds that recognize the pain in me, yeah
I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now
But the airways are clean and there's nobody singing to me now …
La voix de Raven l'étourdissait, faisant naître des myriades d'émotions dans son ventre et dans son cœur, lavant son âme de toutes les douleurs et les peines endurées depuis tant de mois, du trop-plein d'émotions, des déceptions et des désillusions. C'était si beau qu'elle en aurait pleuré. Lorsque la toute dernière note de la chanson s'éteignit, Montana goûta le silence une poignée de secondes avant de se précipiter, ravie, sur le canapé où elle avait déposé en entrant son cahier de compositions. Se renfonçant dans le dossier du sofa, les jambes relevées contre elle tout en s'en servant de support pour griffonner passionnément dans son carnet, elle ne releva la tête qu'en distinguant une forme argentée à la bordure de son champ de vision … et tenta immédiatement de reculer, acculée contre le canapé. L'énorme et imposant lion qui venait de se glisser dans l'entrebâillement de la porte – porte qu'elle se rappelait très bien avoir verrouillé d'un Alohomora quelques instants auparavant, et qu'elle aurait du entendre se rouvrir sans la musique – l'énorme lion, donc, avait sans aucun doute de quoi en figer de peur plus d'une. Une rapide étude plus approfondie informa cependant Montana que la couleur argentée de l'immense félin n'était fort heureusement que celle d'un autre patronus. Se redressant partiellement pour approcher le superbe animal, Montana se figea aussitôt devant le visage de son propriétaire qui venait de le suivre : Tradd Cooper.
« Oh, c'est toi. » laissa-t-elle échapper d'une voix atone. Sauf qu'elle n'aurait pas eu une expression différente en prononçant 'Oh, c'est une blatte'. L'énorme chat argenté vint frôler ses jambes nues en un geste amical, puis disparut aussitôt dans un craquement sec – témoin s'il en fallait de l'évanescence brutale de tout le bonheur de Montana. « Sors d'ici. » ordonna-t-elle le plus neutrement possible. Se rendant bien compte toutefois que le noir et or n'était aucunement dans l'obligation de lui obéir, Tana entreprit de rassembler ses affaires et se redressa sur son fauteuil, se résignant enfin à relever les yeux vers Cooper. « Tu sais quoi ? Oublie ça, c'est moi qui m'en vais. » Marchant d'un pas rapide vers l'entrée encore ouverte, son synthétiseur ayant regagné d'un coup de baguette le dortoir des filles de Hufflepuff et son cahier serré bien droit contre elle, Tana passa à côté du jeune homme sans même lui accorder un regard. Et si une partie d'elle – qu'elle prenait grand soin d'étouffer ces derniers temps – si une partie d'elle, donc, espérait que le garçon la rattrape et l'empêche de partir, l'autre partie toujours bouillante de rage n'aspirait qu'à une chose : quitter cette pièce où la présence de ce pleutre l'indisposait.
- Spoiler:
- Pour info complémentaire, le patronus de Tana ressemble à peu près à ça (en plus ... flou et argenté bien sûr ^^') :
http://www.chats-de-france.com/photo/chats/t_chat/chats-Maine-Coon-43477de8-1ae0-c654-e1f2-680a67dbcf14.jpg
Montana D. Jones- ▬and I DON'T GIVE A DAMN ;
'bout my bad reputation - ♦ HIBOUX POSTÉS : 1162
♦ ARRIVÉE : 10/01/2010
♦ ANNÉE : 6th grade
♦ HUMEUR : exhausted.
Re: Don't stand so close to me. { ft. Tradd }
Au château, les derniers mois s’étaient étirés lentement, comme si une force invisible les avait sciemment freinés, afin que les étudiants profitent pleinement de tous les bouleversements venant renverser le petit quotidien de Poudlard. D’abord, les prédictions, que tous avaient jugées absolument folles, de Montana. Puis, l’attaque des cagoulés lors du bal, qui correspondaient en tout point aux visions de la jeune Serdaigle ; vint ensuite ce groupe d’élèves qui se prétendaient du futur et leurs prophéties toutes plus extravagantes et saugrenues que les précédentes. Finalement, il y avait eu l’explosion de la tour, et le déménagement des bleu et argent dans les différentes salles communes du château. Au cœur de ces évènements se trouvaient les étudiants, expédiés d’une tragédie à l’autre, et il y avait surtout Tradd qui, sans le vouloir, s’était retrouvé concerné par tous ces éléments à la fois. Tout était parti d’une simple animosité entre lui et Clyde Andrews, un jeune élève de Serdaigle éprouvant du mal à se faire une place au sein de ses camarades ; une simple rivalité qui avait servi d’étincelle pour incendier la mèche. L’oreille indiscrète du Poufsouffle avait trainé dans les couloirs de l’école, avait saisi une conversation animée entre Andrews et quelques-uns de ses plus proches amis. Une conversation dont il aurait, sans doute aucun, apprécié en garder le secret ; il se plaignait de la trop grande indifférence des autres à son égard, regrettait que ses camarades ne comprennent qu’il était plus fort que ce que tous croyaient, et il promettait de le leur prouver d’une façon plutôt théâtrale. Tradd avait intercepté la conversation ; il n’en avait pas fait grand cas à vrai dire, sous estimant son ennemi et ses alliés. Malheureusement, ce fut le cours de sa petite ville tranquille qui fut réduit en poussière par cette simple coïncidence. Une conversation qu’il n’aurait pas dû entendre, un jeune élève poussé par une trop grande soif de reconnaissance, et les prédictions alarmantes qui s’en suivirent. Car il n’était pas question que de Clyde. De ses années – toutes réunies – à Poudlard, Tradd avait le sentiment que celle-ci fût la pire – en certains points fût-elle tout de même meilleure mais ces certains points étaient passés sous silence pour l’instant. De toute sa vie, il n’avait jamais vécu tant de troubles qu’en cette sixième année.
La prédiction de sa mort avait été le plus difficilement gérable. Elle était arrivée avec la survenue de Montana Jones dans sa vie – élément dont il se serait très volontiers passé au début, mais qui lui était devenu absolument nécessaire avec le temps. S’il ne l’avait pas prise au sérieux immédiatement, il avait rapidement changé d’avis lorsque la seconde de ses prétendus visions s’étaient réalisées le soir du bal : l’attaque des cagoulés. Dès lors, Tradd avait changé de discours vis-à-vis de la bleu et argent, devenant soudainement prêt à mettre sa vie entre les mains de la prophète. Évidemment, comme si cette situation avait été bien trop aisée pour la vie du jeune homme, il avait fallu que son corps se joue de lui et éprouve une espèce de trouble en présence de l’étudiante bleu et argent. Son regard avait peu à peu changé ; si, au début, son désir d’échapper à la mort avait été le moteur de sa relation avec Tana, les choses s’étaient rapidement enchaînées, et la fascination pour la personne qu’elle était avait rapidement remplacé l’instinct de survie. C’était absurde. Aujourd’hui encore, il se sentait parfaitement idiot d’avoir succombé à l’attrait. Avec le recul, il ne commettrait certainement pas les mêmes erreurs. Répondre au baiser de la gitane de Serdaigle avait été le faux pas ; elle s’était enfuie et elle ne lui adressait plus la parole depuis leur dernière entrevue près du lac noir. Malheureusement, ces ennuis-là étaient loin d’être les seuls…
Aux côtés de cela demeuraient Clyde Andrews et ses sbires, toujours persuadés que la mort de Tradd fût la solution à tous leurs petits problèmes personnels. Ce dernier avait d’ailleurs cherché à jouer au héros torturé, approchant Quinn et Emalee. La blonde ne constituait en soi aucun danger bien réel, si ce n’étaient ses relations privilégiées avec le grand cerveau ; il l’avait rencontrée sur le terrain de Quidditch et leur discussion s’était arrêtée à un échange cordial de leurs impressions sur le vol en balais. Tradd ne volait que pour la sensation du vent qui s’engouffrait dans les pans de son uniforme ; Emalee pour le sentiment de liberté qui l’étreignait dès qu’elle décollait du sol. Elle lui avait parue tout à fait inoffensive. Cela avait été une conversation animée autour du sport préféré des sorciers, comme si le jeune homme s’était entretenu avec une amie de longue date. La brune, en revanche, était bien plus difficile à décrypter. Il l’avait confrontée dans la bibliothèque, où ils s’étaient retrouvés tous les deux enfermés. Imprudence de la part du jaune et or, il avait oublié sa baguette magique dans le dortoir des garçons, alors qu’elle avait la sienne. La perspective de sa mort soudaine lui avait néanmoins donné le courage de la confronter. Jamais personne n’avait vu s’échapper autant de colère des yeux du Poufsouffle. À la pensée que sa vie se terminerait de la main de Quinn Harper, parce qu’il s’était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, il s’était senti empli d’une nouvelle force. Son petit manège avait eu son effet sur la jeune femme, puisqu’il était toujours vivant aujourd’hui. Au début, il avait osé penser qu’elle n’était pas indifférente à tout, comme elle aimait à le montrer, qu’elle avait été émue par cette mort injuste. Et puis, il s’était résigné. Si elle ne l’avait pas tué ce soir-là dans la bibliothèque, c’était simplement parce qu’ils ne se battaient pas à armes égales : elle tenait sa baguette dans la main, lui se jetait dans la gueule du loup comme s’il n’avait plus rien à perdre. Son imprudence l’avait certainement sauvé.
Montana l’avait d’ailleurs prévenu : ses visions n’étaient pas inscrites dans la pierre. L’avenir n’était pas décidé à l’avance et le plus minime des choix pouvait influencer la direction du futur. Ce fut certainement ce qui se produisit puisqu’une troupe d’élèves extravagants ne tarda pas à arriver au château, arguant qu’ils avaient tous fait un bon de vingt-cinq ans en arrière dans temps, et qu’ils étaient dans le château afin de les prévenir des dangers qu’ils courraient tous. Une fois encore – cette terrible manie allait-il le quitter un jour ? – Tradd s’était trouvé dans un couloir, alors que Shaelyn interrogeait la jeune adolescente supposée venir du futur. Cette dernière avait révélé des informations capitales : l’union des deux jeunes étudiants, qui se détestaient pourtant, ainsi que la naissance de leur enfant que Clyde mettrait à mort. Elle ne s’était pas arrêtée là, mêlant Garden à l’histoire en précisant que le jeune noir et or mettrait la vie de sa famille en danger afin de la sauver des griffes de son ennemi. Cette nouvelle information avait fortement ébranlé le jeune homme, qui s’était fermement mis à croire aux prédictions qui lui étaient faites. Ses doutes l’avaient éloigné des vérités de Montana une première fois, et il refusait que de nouvelles incertitudes le rendent hermétiques à ces renseignements. Il s’était alors brièvement entretenu avec Shaelyn et tous deux s’étaient mis d’accord pour redéfinir leurs relations : ils se détestaient et malgré l’attrait physique qui les réunissait parfois, rien ne les unirait jamais.
Puis vint le tour de Garden Fear, la jolie blonde de Poufsouffle. Dès sa rencontre avec elle, Tradd avait senti que quelque chose les unissait, sans pour autant mettre des mots sur cette drôle de sensation. Au début, il s’était même laissé aller à la conclusion qu’il succombait à ses charmes, bien qu’il fût persuadé que tout restait bien plus complexe. D’ailleurs, elle était une équation à elle toute seule ; une équation qu’il avait mis du temps à résoudre. La question de sa présence dans le récit de la fille du futur s’était posée maintes et maintes fois, sans qu’il ne pût avoir l’aide de personne. Il avait cherché à s’entretenir avec Montana, au moins de cela, mais elle le fuyait comme la peste et semblait avoir oublié toutes les promesses qu’elle lui avait faites, comme celle de l’aider à rester en vie. Il n’avait pu l’en blâmer : son comportement n’avait pas été digne de ses paroles ; sûrement avait-elle-même appris pour Shaelyn et lui, puisque tous les secrets s’étaient évaporés avec l’apparition des adolescents du futur. Il avait alors cherché à résoudre cette énigme sans l’aide de personne. Le résultat ? Il n’adressait plus la parole à la petite blonde. Il était parvenu à la confronter un jour, mais elle ne lui avait jamais révélé ce qui les unissait, bien qu’elle ait semblée touchée qu’il l’eût remarqué. Il avait alors décidé de se détacher d’elle. Quel être se serait encombré d’une énième difficulté alors que sa santé mentale ne tenait déjà plus qu’à un fil ? Car c’était bel et bien le cas de Tradd.
Il était perdu. Toutes ses journées se ressemblaient, la suivante paraissant pourtant plus insurmontable que la précédente. Si le sentiment de solitude qui l’avait entouré à l’annonce de la prédiction de Tana à propos de sa mort avait été horriblement éprouvant, il n’avait été rien en comparaison de ce qu’il vivait, présentement, quotidiennement depuis que l’argent et bleu refusait de lui adresser la parole. Il avait tout tenté. Il l’avait attendue devant sa salle commune des heures durant, les élèves de Serdaigle surprit que la tendance s’inverse, et que ce soit lui qui la poursuive partout plutôt que le contraire. Puis, il avait appris que Montana n’apparaissait que très rarement dans son dortoir, et il avait fouillé le château à la recherche de son refuge. Rien. Il n’avait absolument rien trouvé. Elle semblait avoir disparue de l’école comme elle avait disparue de sa vie, laissant un vide qu’il préférait ignorer, mais dont l’intensité lui rappelait constamment qu’elle avait été là. C’en était devenu réellement pathétique : il avait été jusqu’à interroger Tabbatah pour avoir des informations. Cette dernière ne s’était évidemment pas laissée faire ; en plus d’avoir accouché récemment et d’avoir, de ce fait, les hormones en ébullition, elle n’avait jamais été du côté du noir et jaune, prenant la défense de sa meilleure amie à chaque occasion qui lui était donnée. Certes, c’était un comportement honorable, dont le Poufsouffle en Tradd se serait certainement réjoui, tant l’amitié et la fidélité étaient importantes pour leur maison, s’il n’avait pas été question de lui et de son besoin de mettre la main sur la jeune prophète. Finalement, il avait eu sa chance. L’explosion de la tour lui avait donné quelques instants en compagnie de la jeune femme, mais il avait été si occupé à la sauver de sous les décombres qu’il en avait oublié la discussion qu’il voulait avoir avec elle. D’ailleurs, il aurait été bien déplacé de sa part de lui imposer une quelconque entrevue alors qu’elle avait échappé de peu à la mort. Ainsi, il l’avait laissée tranquille, préférant harceler l’infirmière afin d’avoir des nouvelles. Cette dernière avait fini par s’impatienter et par lui interdire l’accès au deuxième étage. Dès qu’elle l’apercevait près de la porte, elle lui intimait de laisser les convalescents en paix, menaçant de l’emmener dans le bureau du directeur, et Tradd filait sans réclamer plus d’informations. Poppy se montra d’un calme olympien à ses côtés, elle fit preuve d’une patience à toute épreuve à son égard. Elle n’était pourtant pas de ce genre ; leur amitié était sincère, mais plutôt rythmée par les joutes verbales et les plaisanteries de mauvais goût. Pourtant, cette fois, elle était de son côté et elle tenta même d’avoir des informations. Elle revint sans rien, car Montana avait également refusé de lui adresser la parole.
Ainsi, il en était là de ses mésaventures. Assis dans un fauteuil de sa salle commune, il vrillait la porte d’un regard insistant, comme s’il avait eu le pouvoir de faire apparaître la personne de tous ses désirs. La plupart de ses camarades de maison avaient été s’allonger dans leurs lits, ne restait plus que sa meilleure amie, installée dans le canapé devant la cheminée, dont il percevait le rythme calme et régulier de la respiration. Pendant une seconde, il se demanda si elle ne s’était pas endormie ; néanmoins, il ne vérifia pas, la réponse lui paraissant moins importante que ce qu’il fixait du regard depuis de longues minutes. « Tu sais, si elle voulait te parler ce soir, elle serait là et elle le ferait. » Le Poufsouffle avait donc la réponse à son interrogation : Poppy était bien éveillée. Il ne cilla pourtant pas, se contenta d’un bref mouvement des épaules en lâchant un très las : « Je sais. » Elle avait raison. Le plus idiot était qu’il en avait une parfaite conscience. Depuis que les Serdaigle avaient été transférés dans les différentes maisons de Poudlard, il avait cherché une bonne cinquantaine de fois à confronter Montana et son silence assourdissant, mais elle avait esquivé toutes ses tentatives avec une facilité déconcertante. Elle était si bornée qu’elle s’était même appliquée à lui démontrer qu’elle n’en avait cure, qu’elle était heureuse et qu’elle se portait mieux que jamais. Pour preuve : le matin, elle avait pris pour habitude d’attendre que Grint descende de son dortoir et de descendre, bras dessus-bras dessous, à la Grande Salle pour prendre leur petit-déjeuner ensemble. Dans le château, elle passait la plus grande partie de son temps à glousser avec Curtis Cullen, et les plus curieux s’étaient mis à jaser sur la nature de leurs relations.
Savaient-ils seulement que c’était lui, Tradd Cooper et non ce Serpentard, qu’elle avait embrassé quelques semaines plus tôt ? Évidemment qu’ils le savaient : plusieurs témoins avaient assisté à leur entretien dans le parc, et les ragots avaient fusé pendant quelques temps. Pourtant, ils s’étaient atténués ; à présent, rien ne se disait plus sur eux, à l’exception faite de quelques commentaires douteux que le jeune Poufsouffle percevait encore dans les couloirs, à propos de l’amour secret qu’il portait à la jeune prophète. Cela ne se rapportait guère à l’amour, ils ne s’agissaient là que de ragots douteux, inspirés par la détermination avec laquelle il avait cherché à se faire entendre d’elle. Son acharnement n’était pas inspiré par des sentiments, mais seulement par son désir d’explications. Du moins était-ce ce qu’il était capable d’accepter pour l’instant. Elle l’avait condamné avant même de lui accorder un jugement, et il trouvait cette façon de faire particulièrement injuste. Merlin, avait-elle oublié leur entretien dans le parc ? Cela ne signifiait-il donc rien pour elle ? Les craintes dont il lui avait fait, et la façon qu’elle avait eu de le rassurer. Du vent. De belles paroles sans fondement. C’était tout.
Bien incapable de demeurer assis plus longuement, le jeune homme se redressa de toute sa hauteur, étirant ses membres engourdis par l’immobilité dans laquelle il s’était enfoncé. « Je vais prendre l’air. » asséna-t-il à l’adresse de sa meilleure amie, se retournant finalement vers elle. Elle lisait, les jambes repliées sous elle. Du moins, était-ce ce qu’elle avait envie de lui faire croire. Il la soupçonnait d’être secrètement plus inquiète qu’elle ne le paraissait, et il ne lui en serait suffisamment reconnaissant pour cela ; néanmoins, en cet instant, il avait besoin d’être seul. « À cette heure ? Tu devras rentrer dans à peine un quart d’heure à cause du couvre-feu. » Il ne l’écoutait déjà plus. Ses pas l’avaient amené derrière la porte, qu’il refermait déjà derrière lui, à peine conscient du soupir las qui venait de s’échapper des lèvres de la jolie blonde. Autour de lui, le silence. Un silence plus assourdissant que jamais, presque angoissant, mais rapidement brisé par les bruits de ses pas sur la pierre. Il passa devant la salle commune des Serpentard et, comme à chaque fois qu’il posait ses yeux sur le portrait, l’envie de s’y arrêter et d’attendre que Curtis ne se montre le démangea. Il avait bien conscience de l’immaturité d’un tel acte, mais l’idée qu’il pût régler ses comptes avec quelqu’un l’enchantait. Après tout, depuis le début de l’année, c’était toute sa vie qui s’effritait, et le fait de s’apercevoir que son contrôle n’était pas entièrement hors de sa portée le rassurait, le fait de savoir que, s’il le voulait, il pourrait provoquer un combat de coq – ce qui lui semblait être une idée tout à fait saugrenue en temps normal – le tranquillisait. Pourtant, il ne s’arrêta pas, continuant en direction des escaliers et se retrouva rapidement au premier étage.
Si son regard n’avait pas buté sur la porte en bois devant laquelle il passait, il n’aurait certainement pas entendu la mélodie étouffée qui s’en échappait. Les sons paraissaient très distants, comme protégé dans un écrin de velours, et il se rapprocha afin d’en étudier la teneur. Poussé par la curiosité, sa main se posa sur la poignée et il poussa la porte. Qui ne s’ouvrit pas. Fort heureusement, depuis sa rencontre fortuite avec Quinn, il avait appris que la place de sa baguette était avec lui. Comme il avait troqué son uniforme contre un simple jean et un vieux sweatshirt – dont le marron était presque entièrement délavé et tirait à présent sur le gris – son amie en bois d’ajonc dépassait de la poche arrière, et il n’eut qu’à faire un très bref geste pour l’attraper. Un coup de baguette plus tard, il entendit le cliquetis de la serrure, et put finalement assouvir sa curiosité en poussant la poignée. Il resta néanmoins sur le pas de la porte, craignant d’interrompre une séance de répétition des Blackbirds, car il avait reconnu la voix du chanteur. Au lieu de cela, il aperçut un chat, un patronus. Argenté, flou, indistinct, mais beau à en couper le souffle, peu importe qui en fût le spectateur. Et, finalement, il la vit. Elle évoluait au rythme de la musique, ses pas suivant les notes et les accords. Il s’appuya contre le battant de la porte, observant les cercles précis qu’elle décrivait, peu soucieux de briser l’intimité qu’elle avait espérer obtenir dans une pièce si peu connue des élèves. C’était son cas, d’ailleurs ; c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans cette salle et, pourtant, il ne pouvait détacher les yeux de la scène qui se jouait devant lui, sa curiosité d’en connaître davantage sur la pièce très peu attisée. Finalement, la dernière note se suspendit dans l’air, et Montana rejoignit un petit carnet posé avec soin sur le canapé au fond de la salle. S’il n’avait pas eu conscience qu’elle le tuerait en le découvrant ici, il aurait souri devant le spectacle. Mais ce fut un autre sentiment qui l’emplit soudainement. Proche de la colère. Comment pouvait-elle danser alors qu’il s’inquiétait pour elle, pour eux, et pour tout ce qu’ils s’étaient autorisés à dire dans le parc ? Comment pouvait-elle agir avec tant d’insouciance alors qu’elle lui refusait le moindre des regards bien qu’il l’eût sauvé après l’explosion de la tour ?
« Spero patronum. » susurra-t-il en décrivant un mouvement lent avec sa baguette. Doucement, un filet argenté s’enfuit, bientôt rejoint par d’autres lignes brillantes, et formant un fauve d’une taille impressionnante. Sa présence n’échappa pas à Montana, qui eut une réaction des plus brutales. Certes, le lion échappé de la baguette du jeune Poufsouffle était des plus menaçants et ce n’était pas le chat de Montana qui pourrait l’arrêter, mais il était surtout inoffensif au possible. Sa présence avait le don de l’apaiser et il était parfois surpris que les autres pussent le craindre. Il le quitta des yeux et posa son regard sur la jeune femme, qui arborait à présent un tout nouveau visage : elle s’était rendue compte de sa présence. Il en goûta la preuve la demi-seconde suivant. « Oh, c'est toi. » lâcha-t-elle d’un ton qui lui fit plisser le nez. C’était comme si elle venait simplement de l’insulter. Devant Tradd, qui s’était avancé de quelques pas, le chat vint se recueillir contre les jambes de la jeune femme, imperturbable et à peine dérangée par la présence du jaune et noir. Le patronus disparut, le lion ne tarda pas à suivre, et ce fut comme si tout le poids des complications vécus ces derniers temps récupéra sa place sur les épaules du jeune femme. Ce dernier gardait le silence, alors que Montana reprit, moins indifférente qu’auparavant : « Sors d’ici. » L’ordre était clair et, pourtant, il n’était pas certain de vouloir lui obéir. Finalement, il tenait sa chance.
Elle devina ses intentions et le devança, s’activant afin de rassembler ses affaires, envoyé valser, d’un coup de baguette, le synthétiseur dont la musique s’échappait quelques instants auparavant, et releva les yeux – enfin ! – vers l’intrus. « Tu sais quoi ? Oublie ça, c'est moi qui m'en vais. » Elle se redressa et ne perdit pas de temps, passa devant lui sans lui accorder plus de considération. Cette fois, c’en fut trop. Il détenait la possibilité de lui parler, l’occasion dont il rêvait jours et nuits depuis un certain temps et il n’était aucunement question pour lui de la laisser filer sans qu’elle ne parle. Son pas rapide l’entrainait vers la sortie mais, soudainement, alors qu’elle s’apprêtait à passer la porte qu’il n’avait pas refermée derrière lui, Tradd récupéra sa baguette dans la poche arrière de son jeans et, décrivant un cercle précis, lâcha un sort. En réaction, la porte se referma dans un grand bruit, et le cliquetis de la serrure qui se verrouilla résonna dans toute la salle. « J’ai fait des progrès en cours de Sorts et Enchantements, ne m’oblige pas à t’utiliser comme cobaye. » lança-t-il à l’adresse de la bleu et argent, rangeant néanmoins sa baguette dans sa poche d’un geste fluide. Le silence se fit à nouveau dans la salle, dura quelques secondes avant que l’impatience de Tradd ne l’emporte. « Notre petit jeu est terminé. Ce fut très agréable de te voir te pavaner aux bras de tous les Poufsouffles de ma salle commune alors que tu refuses de m’accorder ne serait-ce qu’un instant, mais je commence à en avoir assez. » continua-t-il, surpris par les mots qui s’échappaient de ses propres lèvres. Ce n’était pas du tout ce qu’il avait eu envie de lui dire en premier lieu. « Nous avons des choses à nous dire. » asséna-t-il, en conclusion, une fois la contenance retrouvée. Quelles choses ? Il n'en était plus certain. La présence de Montana anesthésiait toute cohérence dans son esprit.
La prédiction de sa mort avait été le plus difficilement gérable. Elle était arrivée avec la survenue de Montana Jones dans sa vie – élément dont il se serait très volontiers passé au début, mais qui lui était devenu absolument nécessaire avec le temps. S’il ne l’avait pas prise au sérieux immédiatement, il avait rapidement changé d’avis lorsque la seconde de ses prétendus visions s’étaient réalisées le soir du bal : l’attaque des cagoulés. Dès lors, Tradd avait changé de discours vis-à-vis de la bleu et argent, devenant soudainement prêt à mettre sa vie entre les mains de la prophète. Évidemment, comme si cette situation avait été bien trop aisée pour la vie du jeune homme, il avait fallu que son corps se joue de lui et éprouve une espèce de trouble en présence de l’étudiante bleu et argent. Son regard avait peu à peu changé ; si, au début, son désir d’échapper à la mort avait été le moteur de sa relation avec Tana, les choses s’étaient rapidement enchaînées, et la fascination pour la personne qu’elle était avait rapidement remplacé l’instinct de survie. C’était absurde. Aujourd’hui encore, il se sentait parfaitement idiot d’avoir succombé à l’attrait. Avec le recul, il ne commettrait certainement pas les mêmes erreurs. Répondre au baiser de la gitane de Serdaigle avait été le faux pas ; elle s’était enfuie et elle ne lui adressait plus la parole depuis leur dernière entrevue près du lac noir. Malheureusement, ces ennuis-là étaient loin d’être les seuls…
Aux côtés de cela demeuraient Clyde Andrews et ses sbires, toujours persuadés que la mort de Tradd fût la solution à tous leurs petits problèmes personnels. Ce dernier avait d’ailleurs cherché à jouer au héros torturé, approchant Quinn et Emalee. La blonde ne constituait en soi aucun danger bien réel, si ce n’étaient ses relations privilégiées avec le grand cerveau ; il l’avait rencontrée sur le terrain de Quidditch et leur discussion s’était arrêtée à un échange cordial de leurs impressions sur le vol en balais. Tradd ne volait que pour la sensation du vent qui s’engouffrait dans les pans de son uniforme ; Emalee pour le sentiment de liberté qui l’étreignait dès qu’elle décollait du sol. Elle lui avait parue tout à fait inoffensive. Cela avait été une conversation animée autour du sport préféré des sorciers, comme si le jeune homme s’était entretenu avec une amie de longue date. La brune, en revanche, était bien plus difficile à décrypter. Il l’avait confrontée dans la bibliothèque, où ils s’étaient retrouvés tous les deux enfermés. Imprudence de la part du jaune et or, il avait oublié sa baguette magique dans le dortoir des garçons, alors qu’elle avait la sienne. La perspective de sa mort soudaine lui avait néanmoins donné le courage de la confronter. Jamais personne n’avait vu s’échapper autant de colère des yeux du Poufsouffle. À la pensée que sa vie se terminerait de la main de Quinn Harper, parce qu’il s’était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, il s’était senti empli d’une nouvelle force. Son petit manège avait eu son effet sur la jeune femme, puisqu’il était toujours vivant aujourd’hui. Au début, il avait osé penser qu’elle n’était pas indifférente à tout, comme elle aimait à le montrer, qu’elle avait été émue par cette mort injuste. Et puis, il s’était résigné. Si elle ne l’avait pas tué ce soir-là dans la bibliothèque, c’était simplement parce qu’ils ne se battaient pas à armes égales : elle tenait sa baguette dans la main, lui se jetait dans la gueule du loup comme s’il n’avait plus rien à perdre. Son imprudence l’avait certainement sauvé.
Montana l’avait d’ailleurs prévenu : ses visions n’étaient pas inscrites dans la pierre. L’avenir n’était pas décidé à l’avance et le plus minime des choix pouvait influencer la direction du futur. Ce fut certainement ce qui se produisit puisqu’une troupe d’élèves extravagants ne tarda pas à arriver au château, arguant qu’ils avaient tous fait un bon de vingt-cinq ans en arrière dans temps, et qu’ils étaient dans le château afin de les prévenir des dangers qu’ils courraient tous. Une fois encore – cette terrible manie allait-il le quitter un jour ? – Tradd s’était trouvé dans un couloir, alors que Shaelyn interrogeait la jeune adolescente supposée venir du futur. Cette dernière avait révélé des informations capitales : l’union des deux jeunes étudiants, qui se détestaient pourtant, ainsi que la naissance de leur enfant que Clyde mettrait à mort. Elle ne s’était pas arrêtée là, mêlant Garden à l’histoire en précisant que le jeune noir et or mettrait la vie de sa famille en danger afin de la sauver des griffes de son ennemi. Cette nouvelle information avait fortement ébranlé le jeune homme, qui s’était fermement mis à croire aux prédictions qui lui étaient faites. Ses doutes l’avaient éloigné des vérités de Montana une première fois, et il refusait que de nouvelles incertitudes le rendent hermétiques à ces renseignements. Il s’était alors brièvement entretenu avec Shaelyn et tous deux s’étaient mis d’accord pour redéfinir leurs relations : ils se détestaient et malgré l’attrait physique qui les réunissait parfois, rien ne les unirait jamais.
Puis vint le tour de Garden Fear, la jolie blonde de Poufsouffle. Dès sa rencontre avec elle, Tradd avait senti que quelque chose les unissait, sans pour autant mettre des mots sur cette drôle de sensation. Au début, il s’était même laissé aller à la conclusion qu’il succombait à ses charmes, bien qu’il fût persuadé que tout restait bien plus complexe. D’ailleurs, elle était une équation à elle toute seule ; une équation qu’il avait mis du temps à résoudre. La question de sa présence dans le récit de la fille du futur s’était posée maintes et maintes fois, sans qu’il ne pût avoir l’aide de personne. Il avait cherché à s’entretenir avec Montana, au moins de cela, mais elle le fuyait comme la peste et semblait avoir oublié toutes les promesses qu’elle lui avait faites, comme celle de l’aider à rester en vie. Il n’avait pu l’en blâmer : son comportement n’avait pas été digne de ses paroles ; sûrement avait-elle-même appris pour Shaelyn et lui, puisque tous les secrets s’étaient évaporés avec l’apparition des adolescents du futur. Il avait alors cherché à résoudre cette énigme sans l’aide de personne. Le résultat ? Il n’adressait plus la parole à la petite blonde. Il était parvenu à la confronter un jour, mais elle ne lui avait jamais révélé ce qui les unissait, bien qu’elle ait semblée touchée qu’il l’eût remarqué. Il avait alors décidé de se détacher d’elle. Quel être se serait encombré d’une énième difficulté alors que sa santé mentale ne tenait déjà plus qu’à un fil ? Car c’était bel et bien le cas de Tradd.
Il était perdu. Toutes ses journées se ressemblaient, la suivante paraissant pourtant plus insurmontable que la précédente. Si le sentiment de solitude qui l’avait entouré à l’annonce de la prédiction de Tana à propos de sa mort avait été horriblement éprouvant, il n’avait été rien en comparaison de ce qu’il vivait, présentement, quotidiennement depuis que l’argent et bleu refusait de lui adresser la parole. Il avait tout tenté. Il l’avait attendue devant sa salle commune des heures durant, les élèves de Serdaigle surprit que la tendance s’inverse, et que ce soit lui qui la poursuive partout plutôt que le contraire. Puis, il avait appris que Montana n’apparaissait que très rarement dans son dortoir, et il avait fouillé le château à la recherche de son refuge. Rien. Il n’avait absolument rien trouvé. Elle semblait avoir disparue de l’école comme elle avait disparue de sa vie, laissant un vide qu’il préférait ignorer, mais dont l’intensité lui rappelait constamment qu’elle avait été là. C’en était devenu réellement pathétique : il avait été jusqu’à interroger Tabbatah pour avoir des informations. Cette dernière ne s’était évidemment pas laissée faire ; en plus d’avoir accouché récemment et d’avoir, de ce fait, les hormones en ébullition, elle n’avait jamais été du côté du noir et jaune, prenant la défense de sa meilleure amie à chaque occasion qui lui était donnée. Certes, c’était un comportement honorable, dont le Poufsouffle en Tradd se serait certainement réjoui, tant l’amitié et la fidélité étaient importantes pour leur maison, s’il n’avait pas été question de lui et de son besoin de mettre la main sur la jeune prophète. Finalement, il avait eu sa chance. L’explosion de la tour lui avait donné quelques instants en compagnie de la jeune femme, mais il avait été si occupé à la sauver de sous les décombres qu’il en avait oublié la discussion qu’il voulait avoir avec elle. D’ailleurs, il aurait été bien déplacé de sa part de lui imposer une quelconque entrevue alors qu’elle avait échappé de peu à la mort. Ainsi, il l’avait laissée tranquille, préférant harceler l’infirmière afin d’avoir des nouvelles. Cette dernière avait fini par s’impatienter et par lui interdire l’accès au deuxième étage. Dès qu’elle l’apercevait près de la porte, elle lui intimait de laisser les convalescents en paix, menaçant de l’emmener dans le bureau du directeur, et Tradd filait sans réclamer plus d’informations. Poppy se montra d’un calme olympien à ses côtés, elle fit preuve d’une patience à toute épreuve à son égard. Elle n’était pourtant pas de ce genre ; leur amitié était sincère, mais plutôt rythmée par les joutes verbales et les plaisanteries de mauvais goût. Pourtant, cette fois, elle était de son côté et elle tenta même d’avoir des informations. Elle revint sans rien, car Montana avait également refusé de lui adresser la parole.
Ainsi, il en était là de ses mésaventures. Assis dans un fauteuil de sa salle commune, il vrillait la porte d’un regard insistant, comme s’il avait eu le pouvoir de faire apparaître la personne de tous ses désirs. La plupart de ses camarades de maison avaient été s’allonger dans leurs lits, ne restait plus que sa meilleure amie, installée dans le canapé devant la cheminée, dont il percevait le rythme calme et régulier de la respiration. Pendant une seconde, il se demanda si elle ne s’était pas endormie ; néanmoins, il ne vérifia pas, la réponse lui paraissant moins importante que ce qu’il fixait du regard depuis de longues minutes. « Tu sais, si elle voulait te parler ce soir, elle serait là et elle le ferait. » Le Poufsouffle avait donc la réponse à son interrogation : Poppy était bien éveillée. Il ne cilla pourtant pas, se contenta d’un bref mouvement des épaules en lâchant un très las : « Je sais. » Elle avait raison. Le plus idiot était qu’il en avait une parfaite conscience. Depuis que les Serdaigle avaient été transférés dans les différentes maisons de Poudlard, il avait cherché une bonne cinquantaine de fois à confronter Montana et son silence assourdissant, mais elle avait esquivé toutes ses tentatives avec une facilité déconcertante. Elle était si bornée qu’elle s’était même appliquée à lui démontrer qu’elle n’en avait cure, qu’elle était heureuse et qu’elle se portait mieux que jamais. Pour preuve : le matin, elle avait pris pour habitude d’attendre que Grint descende de son dortoir et de descendre, bras dessus-bras dessous, à la Grande Salle pour prendre leur petit-déjeuner ensemble. Dans le château, elle passait la plus grande partie de son temps à glousser avec Curtis Cullen, et les plus curieux s’étaient mis à jaser sur la nature de leurs relations.
Savaient-ils seulement que c’était lui, Tradd Cooper et non ce Serpentard, qu’elle avait embrassé quelques semaines plus tôt ? Évidemment qu’ils le savaient : plusieurs témoins avaient assisté à leur entretien dans le parc, et les ragots avaient fusé pendant quelques temps. Pourtant, ils s’étaient atténués ; à présent, rien ne se disait plus sur eux, à l’exception faite de quelques commentaires douteux que le jeune Poufsouffle percevait encore dans les couloirs, à propos de l’amour secret qu’il portait à la jeune prophète. Cela ne se rapportait guère à l’amour, ils ne s’agissaient là que de ragots douteux, inspirés par la détermination avec laquelle il avait cherché à se faire entendre d’elle. Son acharnement n’était pas inspiré par des sentiments, mais seulement par son désir d’explications. Du moins était-ce ce qu’il était capable d’accepter pour l’instant. Elle l’avait condamné avant même de lui accorder un jugement, et il trouvait cette façon de faire particulièrement injuste. Merlin, avait-elle oublié leur entretien dans le parc ? Cela ne signifiait-il donc rien pour elle ? Les craintes dont il lui avait fait, et la façon qu’elle avait eu de le rassurer. Du vent. De belles paroles sans fondement. C’était tout.
Bien incapable de demeurer assis plus longuement, le jeune homme se redressa de toute sa hauteur, étirant ses membres engourdis par l’immobilité dans laquelle il s’était enfoncé. « Je vais prendre l’air. » asséna-t-il à l’adresse de sa meilleure amie, se retournant finalement vers elle. Elle lisait, les jambes repliées sous elle. Du moins, était-ce ce qu’elle avait envie de lui faire croire. Il la soupçonnait d’être secrètement plus inquiète qu’elle ne le paraissait, et il ne lui en serait suffisamment reconnaissant pour cela ; néanmoins, en cet instant, il avait besoin d’être seul. « À cette heure ? Tu devras rentrer dans à peine un quart d’heure à cause du couvre-feu. » Il ne l’écoutait déjà plus. Ses pas l’avaient amené derrière la porte, qu’il refermait déjà derrière lui, à peine conscient du soupir las qui venait de s’échapper des lèvres de la jolie blonde. Autour de lui, le silence. Un silence plus assourdissant que jamais, presque angoissant, mais rapidement brisé par les bruits de ses pas sur la pierre. Il passa devant la salle commune des Serpentard et, comme à chaque fois qu’il posait ses yeux sur le portrait, l’envie de s’y arrêter et d’attendre que Curtis ne se montre le démangea. Il avait bien conscience de l’immaturité d’un tel acte, mais l’idée qu’il pût régler ses comptes avec quelqu’un l’enchantait. Après tout, depuis le début de l’année, c’était toute sa vie qui s’effritait, et le fait de s’apercevoir que son contrôle n’était pas entièrement hors de sa portée le rassurait, le fait de savoir que, s’il le voulait, il pourrait provoquer un combat de coq – ce qui lui semblait être une idée tout à fait saugrenue en temps normal – le tranquillisait. Pourtant, il ne s’arrêta pas, continuant en direction des escaliers et se retrouva rapidement au premier étage.
Si son regard n’avait pas buté sur la porte en bois devant laquelle il passait, il n’aurait certainement pas entendu la mélodie étouffée qui s’en échappait. Les sons paraissaient très distants, comme protégé dans un écrin de velours, et il se rapprocha afin d’en étudier la teneur. Poussé par la curiosité, sa main se posa sur la poignée et il poussa la porte. Qui ne s’ouvrit pas. Fort heureusement, depuis sa rencontre fortuite avec Quinn, il avait appris que la place de sa baguette était avec lui. Comme il avait troqué son uniforme contre un simple jean et un vieux sweatshirt – dont le marron était presque entièrement délavé et tirait à présent sur le gris – son amie en bois d’ajonc dépassait de la poche arrière, et il n’eut qu’à faire un très bref geste pour l’attraper. Un coup de baguette plus tard, il entendit le cliquetis de la serrure, et put finalement assouvir sa curiosité en poussant la poignée. Il resta néanmoins sur le pas de la porte, craignant d’interrompre une séance de répétition des Blackbirds, car il avait reconnu la voix du chanteur. Au lieu de cela, il aperçut un chat, un patronus. Argenté, flou, indistinct, mais beau à en couper le souffle, peu importe qui en fût le spectateur. Et, finalement, il la vit. Elle évoluait au rythme de la musique, ses pas suivant les notes et les accords. Il s’appuya contre le battant de la porte, observant les cercles précis qu’elle décrivait, peu soucieux de briser l’intimité qu’elle avait espérer obtenir dans une pièce si peu connue des élèves. C’était son cas, d’ailleurs ; c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans cette salle et, pourtant, il ne pouvait détacher les yeux de la scène qui se jouait devant lui, sa curiosité d’en connaître davantage sur la pièce très peu attisée. Finalement, la dernière note se suspendit dans l’air, et Montana rejoignit un petit carnet posé avec soin sur le canapé au fond de la salle. S’il n’avait pas eu conscience qu’elle le tuerait en le découvrant ici, il aurait souri devant le spectacle. Mais ce fut un autre sentiment qui l’emplit soudainement. Proche de la colère. Comment pouvait-elle danser alors qu’il s’inquiétait pour elle, pour eux, et pour tout ce qu’ils s’étaient autorisés à dire dans le parc ? Comment pouvait-elle agir avec tant d’insouciance alors qu’elle lui refusait le moindre des regards bien qu’il l’eût sauvé après l’explosion de la tour ?
« Spero patronum. » susurra-t-il en décrivant un mouvement lent avec sa baguette. Doucement, un filet argenté s’enfuit, bientôt rejoint par d’autres lignes brillantes, et formant un fauve d’une taille impressionnante. Sa présence n’échappa pas à Montana, qui eut une réaction des plus brutales. Certes, le lion échappé de la baguette du jeune Poufsouffle était des plus menaçants et ce n’était pas le chat de Montana qui pourrait l’arrêter, mais il était surtout inoffensif au possible. Sa présence avait le don de l’apaiser et il était parfois surpris que les autres pussent le craindre. Il le quitta des yeux et posa son regard sur la jeune femme, qui arborait à présent un tout nouveau visage : elle s’était rendue compte de sa présence. Il en goûta la preuve la demi-seconde suivant. « Oh, c'est toi. » lâcha-t-elle d’un ton qui lui fit plisser le nez. C’était comme si elle venait simplement de l’insulter. Devant Tradd, qui s’était avancé de quelques pas, le chat vint se recueillir contre les jambes de la jeune femme, imperturbable et à peine dérangée par la présence du jaune et noir. Le patronus disparut, le lion ne tarda pas à suivre, et ce fut comme si tout le poids des complications vécus ces derniers temps récupéra sa place sur les épaules du jeune femme. Ce dernier gardait le silence, alors que Montana reprit, moins indifférente qu’auparavant : « Sors d’ici. » L’ordre était clair et, pourtant, il n’était pas certain de vouloir lui obéir. Finalement, il tenait sa chance.
Elle devina ses intentions et le devança, s’activant afin de rassembler ses affaires, envoyé valser, d’un coup de baguette, le synthétiseur dont la musique s’échappait quelques instants auparavant, et releva les yeux – enfin ! – vers l’intrus. « Tu sais quoi ? Oublie ça, c'est moi qui m'en vais. » Elle se redressa et ne perdit pas de temps, passa devant lui sans lui accorder plus de considération. Cette fois, c’en fut trop. Il détenait la possibilité de lui parler, l’occasion dont il rêvait jours et nuits depuis un certain temps et il n’était aucunement question pour lui de la laisser filer sans qu’elle ne parle. Son pas rapide l’entrainait vers la sortie mais, soudainement, alors qu’elle s’apprêtait à passer la porte qu’il n’avait pas refermée derrière lui, Tradd récupéra sa baguette dans la poche arrière de son jeans et, décrivant un cercle précis, lâcha un sort. En réaction, la porte se referma dans un grand bruit, et le cliquetis de la serrure qui se verrouilla résonna dans toute la salle. « J’ai fait des progrès en cours de Sorts et Enchantements, ne m’oblige pas à t’utiliser comme cobaye. » lança-t-il à l’adresse de la bleu et argent, rangeant néanmoins sa baguette dans sa poche d’un geste fluide. Le silence se fit à nouveau dans la salle, dura quelques secondes avant que l’impatience de Tradd ne l’emporte. « Notre petit jeu est terminé. Ce fut très agréable de te voir te pavaner aux bras de tous les Poufsouffles de ma salle commune alors que tu refuses de m’accorder ne serait-ce qu’un instant, mais je commence à en avoir assez. » continua-t-il, surpris par les mots qui s’échappaient de ses propres lèvres. Ce n’était pas du tout ce qu’il avait eu envie de lui dire en premier lieu. « Nous avons des choses à nous dire. » asséna-t-il, en conclusion, une fois la contenance retrouvée. Quelles choses ? Il n'en était plus certain. La présence de Montana anesthésiait toute cohérence dans son esprit.
Tradd Cooper- Martyr √
Prince charmant √
Gendre idéal √ - ♦ HIBOUX POSTÉS : 1379
♦ ARRIVÉE : 16/02/2010
♦ HUMEUR : obsédé.
Re: Don't stand so close to me. { ft. Tradd }
Ce pleutre ... Pensait-elle vraiment ces mots ? Était-ce bien elle qui évoquait même dans le secret de ses pensées Tradd Cooper en ces termes ? Un garçon qu'elle s'était efforcée de protéger, pour lequel elle s'était donnée du mal et voilà qu'à présent elle n'avait cure de ses tentatives et de ses mains tendues vers elle. Il avait suffi pour cela de quelques mauvaises nouvelles pour qu'elle le traite comme un pestiféré. Au fond d'elle, Tana se sentait coupable de réagir aussi abruptement et de ne pas même s'être donné la peine de demander des explications ; mais des explications à quoi ? Il n'y avait aucune explication à donner puisque le noir et or ne lui devait rien, pas même une parcelle de vérité. Alors elle avait simplement baissé les bras, tenté d'être heureuse de son mieux en se cachant une nouvelle fois la réalité comme elle savait si bien le faire pour ne pas s'obliger à voir ce qui lui pendait au nez : au fond, elle était malheureuse. Sa tristesse avait pesé sur ses épaules tout au long des jours écoulés sans qu'elle n'ait la possibilité de rien faire d'autre pour y remédier que de faire mine de ne pas la voir - feindre le bonheur pour finir par y croire elle-même. Et cela fonctionnait, parce que les gens étaient dupes et accordaient facilement crédit aux idées préfabriquées : le vieux fantasme de son soit-disant couple avec Curtis Cullen était ressorti comme justification idéale du temps anormalement élevé qu'elle passait désormais avec son ami, et l'on s'était même complu à imaginer qu'elle puisse être la nouvelle tentative désespérée de Tristan Grint, le romantique et frustré puceau de l'école. Vraiment, c'était absurde. À l'avantage de Tradd, Tana consentait à reconnaître que de tous ceux qui avaient subi les frimats des évènements ayant ponctué leur sixième année, le Poufsouffle était sans aucun doute l'un de ceux qui s'étaient le plus trouvés mêlés à ces sombres intrigues - avec elle-même certes, mais elle n'avait pas eu à confronter l'éventualité de sa propre mort. Bien qu'elle l'ait envisagé de nombreuses fois, n'ayant jamais réellement cru endosser un jour un autre rôle que celui de catalyseur et messager. Jusqu'à une date récente elle n'avait cessé d'être l'instrument, l'outil et le jouet de son pouvoir alors qu'elle cherchait désormais à en obtenir une forme de contrôle. C'était encore loin d'être acquis, mais au moins ainsi avait-elle l'impression d'accomplir des efforts pour se rendre utile.
Les petits habitudes marquant le quotidien changeaient à Poudlard : Montana Jones était désormais crue lorsqu'elle faisait une prédiction, et voilà qu'à présent elle prenait sa vie en main. Les bouleversements avaient été nombreux au sein de l'école et beaucoup d'étudiants avaient vu leur vie de tous les jours et leurs petites manies brutalement chamboulées par l'assaut de changements qui s'était abattu sur Poudlard. En comparaison avec quelques autres de ses pairs, Montana estimait donc ne pas s'en sortir trop mal encore. Cependant il fallait l'admettre, l'affront subi par la précieuse tour des bleus et argent et le transfert de ces derniers dans les dortoirs des autres maisons avaient sérieusement achevé d'entamer ses nerfs déjà fragilisés : elle était une jeune femme forte, c'était une certitude mais il lui était impossible de tout porter. Qu'il aurait été aisé de faire porter une nouvelle fois le chapeau à Clyde et aux siens ! Mais cette fois il semblait bien qu'ils n'avaient rien à voir là-dedans - Andrews lui-même avait été sérieusement blessé - et que le vrai coupable était à chercher ailleurs. Mais dans ce cas, qui donc pouvait être assez dément ou haïr suffisamment l'école de sorcellerie pour désirer provoquer la destruction d'une partie du château et par conséquent de ses habitants ? N'allez pas croire qu'elle sous-estimait le danger ; Tana avait eu de la chance d'en réchapper, ce n'avait pas été le cas de tous dans l'Aile Nord. Et c'était à nul autre qu'à Tradd qu'elle devait d'être encore vivante aujourd'hui et non étouffée sous les décombres et les amas de pierres. C'eut pourtant fait une belle mort : la voyante agonisant des heures durant sous la pierraille comprimant lentement sa poitrine et raréfiant peu à peu son souffle, son corps meurtri érigé en martyr par les élèves de Poudlard, les larmes de certains pour faire bonne mesure lorsqu'on aurait prononcé son éloge et levé le toast en son honneur ... ironie du sort, peut-être même aurait-elle eu la vision de sa vie : celle de sa propre mort. Merlin, elle avait décidément bien trop d'imagination !
Elle commettait une erreur, l'argent et bleue en avait parfaitement conscience : c'était d'ailleurs précisément ce qui lui donnait la certitude qu'elle paierait un jour ce rejet de son don, de ses conséquences et de ses propres responsabilités. Son pouvoir saurait bien l'obliger de gré ou de force à suivre sa mission, puisqu'il ne cessait jamais de la harceler dès lors qu'elle ne le faisait pas : ainsi en allait-il et elle avait presque fini par s'y accommoder - jusqu'à ce jour où elle avait décidé de dire non. Refuser de se soucier encore des intérêts ainsi que de la survie du noir et or. Vue d'un regard extérieur elle était parfaitement incompréhensible, Tana le savait : par chance, jamais elle n'avait prétendu désirer être parfaitement limpide et accessible à la compréhension des autres - ses secrets étaient une partie d'elle indissociable. Mais elle avait des sentiments au même titre que tout autre être humain sinon davantae, et il était plus que temps que l'étrange fatalité gouvernant son existence s'en fasse également une raison. Tradd s'était bien moqué d'elle en provoquant Quinn - tout le château avait eu vent de leur petite soirée privée dans la Bibliothèque - et Tana n'était pas bien loin non plus de la vérité en le supposant capable d'avoir carrément pris le thé avec l'aîné des jumeaux Power - ce cinglé de Lyle ... Par Rowenna, c'était de la pure provocation ! Et il osait à présent venir se plaindre comme un petit garçon contrarié de son indifférence ? Il ne manquait pas de culot ! Si tous ceux qu'elle tentait de protéger s'évertuaient à se placer bien en vue sur le chemin de l'ennemi qui ne souhaitait que les abattre, Tana n'allait sans doute guère tarder à prendre quelques jours de congé : qu'ils crèvent s'ils estimaient n'avoir aucun besoin de ses conseis ! En ce qui la concernait, elle n'irait pas fleurir leurs tombes.
Quinn quant à elle, regagnerait ainsi l'estime de Clyde - mais cela ne résolvait rien en ce qui concernait le don de Montana. Elle était liée à Tradd Cooper et savait parfaitement l'obligation à laquelle ce simple fait la soumettait de lui adresser à nouveau la parole un jour prochain - mais nul ne l'empêchait dans l'intervalle de retarder autant que faire se pouvait la venue de cet instant : le Poufsouffle avait donc dû forcer les choses. À la pensée qu'il ait pu la surprendre en train de danser, les petits cheveux bruns parsemant la nuque de Montana se hérissèrent brutalement : elle détestait être vue contre son gré en train d'esquisser ses enchaînements ; c'était un moment de détente tout à fait personnel qu'elle ne consentait à partager avec personne d'autre. Mince, il aurait au moins pu s'annoncer plutôt que de la surprendre avec ce gigantesque patronus qui l'avait effrayée ! Il ne s'en était d'ailleurs même pas excusé, le bougre, comme si resurgir de son trou après des jours de silence qu'elle avait soigneusement pris soin d'instaurer entre eux n'était pas de la pire impolitesse - ne lui avait-elle pas assez nettement laissé entendre qu'elle ne désirait plus le voir ? Pour cette fois et peut-être bien les suivantes si elle s'avérait mal lunée et son Don suffisamment permissif pour lui autoriser cette attitude, Montana le laisserait se démêler avec ses neurones et trouver seul la clef de l'énigme de sa sœur Garden - s'il y parvenait jamais. Et lorsque même elle aurait bien voulu lui venir en aide, elle demeurait pieds et poings liés dans l'affaire des quatre du futur et ne pouvait - ni ne voulait - rien révéler.
Certes, elle comprenait la colère de Tradd : mais enfin les dernières rumeurs répandues sur son compte avaient bien assez fait comprendre à la jeune prophète qu'elle n'était qu'un outil pour le jeune homme - une boussole de survie ou quelque chose comme ça - et le blaireau était populaire, ce n'était donc sûrement pas d'amis dévoués qu'il manquerait chez les jaunes et noirs. Il devait même en être bardé, ce garçon ! Dès lors, quel besoin pouvait-il bien avoir d'elle ? Qu'il interroge donc Poppy, elle serait ravie de l'aider tout en éloignant au passage l'inquiétante et encombrante Serdaigle qui ressentait la présence de son Don, que cette tricheuse avait peu élégamment refusé d'admettre même après les révélations soufflées par Montana. Ah, quelle belle idée de l'échange de bons procédés vraiment ! Quelle conception de l'entraide et du partage ! Et s'adresser à Tabbatah comme ultime recours désespéré ... Tana se demandait bien à quoi le noir et jaune avait bien pu penser à l'instant où il avait approché sa meilleure amie dans le but d'obtenir de ses nouvelles - ne savait-il pas pertinemment que Jennings n'avait jamais plaidé sa cause pas plus qu'elle ne comptait parmi ses fans ? Faire appel à elle après son accouchement qui l'avait laissée percluse de douleur et d'une humeur de chien équivalait à foncer droit dans un mur hostile. Sans doute ne savait-il plus lorsqu'il avait fait ce choix que faire ou à qui s'adresser pour retrouver sa trace ; ce simple fait aurait dû contribuer à apaiser Tana si elle n'avait été si en colère après lui et bien déterminée à réduire au strict minimum nécessaire leurs interactions - il avait failli la pousser à bout lors de leur précédente conversation avant qu'elle ne demande pardon pour son incivilité, il avait cette fois-ci réussi sans même forcer un coup de maître.
Montana s'était donc très simplement vengée en cessant d'adresser la parole au blaireau, apparaissant paradoxalement plus radieuse et amusante que jamais aux côtés d'autres garçons. Se montrant souriante, loquace et réellement charmante comme jamais auparavant - même son aspect physique semblait s'en ressentir : son pas était plus assuré, son port droit et altier totalement aux antipodes de sa démarche jusqu'ici rapide, son regard dirigé au sol et ses épaules voûtées. Il semblait émaner d'elle une confiance qui séduisait - elle n'était plus la même assurément, pourtant une faille en elle continuait de l'élancer douloureusement chaque fois qu'elle se retrouvait seule en tête-à-tête avec elle-même. Elle qui avait toujours été une adepte occasionnelle de la solitude la fuyait désormais avec énergie, comme aurait pu le remarquer quiconque d'un tant soit peu observateur - mais la très large majorité des gens qu'elle connaissait assez pour avoir instauré pareille proximité étaient eux-mêmes dans les ennuis jusqu'au cou, alors ... Tana soupira profondément : n'avoir personne avec qui évoquer ses problèmes lui pesait, mais n'était-ce pas finalement la bonne solution ? Tout le monde au château la croyait heureuse et épanouie, telle enfin qu'elle paraissait être aux yeux de tous : la dernière chose qu'elle désirait, c'était de voir ses amis se passer le mot et la couvrir de la tête aux pieds de réconfort et de sentiments mielleux. Elle avait bien assez appris le coût de l'amitié avec l'exemple de Shaelyn et était donc depuis lors deux fois plus méfiante et prudente qu'à l'habitude ; Tradd avait essayé d'éradiquer ce comportement instinctif lors de leur dernière entrevue, il n'était parvenu plus ou moins malgré lui qu'à la rendre plus circonspecte encore. Peu importait au fond ... Tana avait retenu la leçon : feindre le caractère d'une autre ne lui réussirait pas, et elle était lasse de tenter d'être ce qu'elle n'était pas. Au moins avec Tristan et Curtis pouvait-elle se permettre d'être elle-même sans feindre aucune émotion.
Les choses paraissaient d'ailleurs tellement plus simples avec eux : Tristan devait impérativement demeurer son ami puisqu'il n'éprouvait envers elle aucun sentiment ou attirance de quelque nature que ce soit, mais Tana se demandait parfois si elle n'aurait pas mieux fait de concrétiser les ragots courant au sujet de Curtis et elle. La haute opinion qu'elle avait malgré tout d'elle-même et la certitude qu'elle possédait de mériter mieux qu'un homme infidèle l'en avaient jusqu'ici empêchées, mais c'était après tout un gentil garçon et il prendrait soin d'elle, Tana en était persuadée. Elle n'exigerait sans doute même pas de lui la constance : Curtis ne souhaitait pas que le bruit de sa bisexualité se propage davantage qu'il ne l'avait déjà fait après le passage des trublions du futur et Montana pouvait l'aider en cela, lui servir de couverture. On la dirait assurément cocue et abusée par le Serpentard mais si une partie d'elle en saignait d'avance, l'autre s'en fichait : elle ne serait pas moins bien avec lui qu'avec un autre, et doutait désormais de jamais trouver beaucoup mieux dans l'école. Alors Curtis ou un autre ... Oh, Gossip Magic s'était bien amusée à propager le racontar inepte et saugrenu selon lequel elle conservait un caleçon de Cooper sous son oreiller mais elle n'avait suscitée que quelques plaisanteries perverses dans les couloirs de l'école - plaisanteries auxquelles Montana elle-même avait d'ailleurs ri de bon cœur puisqu'il était de notoriété publique que « Montana Jones est en couple avec Tristan Grint, mais elle le trompe avec Curtis Cullen - ou l'inverse. » Les blagues de mauvais goût quant à sa désormais très hypothétique relation avec Tradd Cooper ne faisaient plus rire personne, et c'était tant mieux. On avait bien vite oublié le baiser échangé quelques semaines plus tôt ainsi que son héroïque sauvetage par le noir et or, rapidement occulté par l'esclandre que Tana avait pris soin de provoquer le soir même malgré ses quelques blessures en rémission. Elle avait parue une vraie tigresse ce soir-là, sortant de ses gonds avec une promptitude qui ne lui était pas coutumière et haranguant vertement ses professeurs au risque d'encourir plus d'une retenue, montrant à la perspective de séjourner chez les blaireaux une authentique aversion - dont la raison pourtant évidente n'aurait échappée à personne si le bruit qu'elle avait généré n'avait empêché tout le monde de réfléchir.
La source de cette mauvaise volonté avança d'ailleurs de quelques pas dans la pièce, mouvement de trop qui suscita immédiatement une réaction épidermique de la Serdaigle qui regroupa prestement et en un temps record ses affaires dans le but de partir sans même lui accorder un regard. Son pas sec et heurté martela le sol en un rythme régulier tandis qu'elle passait telle une ombre près du Poufsouffle, conservant au passage la plus grande distance possible entre eux. Cooper esquissa derrière elle un geste rapide qu'elle ne distingua pas, mais Tana s'écarta par pur réflexe de sa trajectoire - pas question de se recevoir aussi stupidement un sort par derrière ! Le cliquetis sonore de la serrure se verrouillant la fit toutefois sursauter avant qu'elle ne s'acharne à tenter frénétiquement tous les sorts de sa connaissance avec pour visée de la rouvrir séance tenante, pour lâcher finalement un juron qu'elle n'aurait sûrement pas osé répéter devant sa mère et abattre sur le battant de bois ses poings fermés en un dernier geste de désespoir. Well, il semblait bien en fin de compte qu'elle allait devoir se retourner et faire face. Ce qu'elle fit avec un très net soupir désenchanté et un sourire goguenard.
« J’ai fait des progrès en cours de Sorts et Enchantements, ne m’oblige pas à t’utiliser comme cobaye. » « Qu'est-ce que tu cherches, un duel de sorciers ? Merlin, j'en tremble. J'ai affronté Quinn, tu ne m'impressionnes pas. » Imbuvable était assurément le mot pour décrire son attitude, et nul doute qu'en temps ordinaire elle se serait haïe pour des paroles si bassement hostiles ; mais Montana estimait préférable en cet instant la provocation à la conversation : elle n'avait d'ailleurs pas le moins du monde envie de faciliter la tâche au Poufsouffle. Il la retenait contre son gré, fort bien, mais qu'il n'espère pas passer un bon moment en compagnie d'une Montana loquace et absolument charmante. Obliger Cooper à contrer un jet continu de maléfices aurait au moins le mérite de le décourager d'une discussion à cœur ouvert et, allez savoir, peut-être l'accumulation de sortilèges parviendrait-elle à déverrouiller la sortie – si elle ne la faisait pas exploser. Allons bon : un accident de plus ou de moins à Poudlard, ils n'étaient plus à ça près.
« Notre petit jeu est terminé. Ce fut très agréable de te voir te pavaner aux bras de tous les Poufsouffles de ma salle commune alors que tu refuses de m’accorder ne serait-ce qu’un instant, mais je commence à en avoir assez. » Tana écarquilla ses yeux bruns de stupéfaction et pâlit de manière visible, trop choquée dans un premier temps pour prononcer le moindre mot. Comment osait-il ?! S'il espérait l'amadouer ainsi, il se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'à la clavicule ! « Nous avons des choses à nous dire.. » Ah vraiment ? Curieux, elle n'avait pas eue cette impression. « Parle pour toi, répliqua-t-elle sèchement. En ce qui me concerne je n'ai strictement rien à te dire, tu es même la dernière personne à qui je choisirais de raconter quoi que ce soit. Non mais laisse-moi rire ! Sa voix devint à dessein caustique et railleuse. Me pavaner au bras de ... Les mots lui manquaient tant l'indignation l'étouffait. Tristan est mon ami ! Je te demande pardon, je n'avais pas compris que profiter d'une opportunité de passer du temps avec des camarades que je vois moins souvent que Tabatah ou Raven était proscrit ! Sérieusement, tu t'écoutes parler ? Si je ne savais pas que tu t'en moques éperdument, j'aurais presque cru que tu étais jaloux ! » asséna-t-elle enfin, couplant ses paroles d'un regard venimeux.
Montana D. Jones- ▬and I DON'T GIVE A DAMN ;
'bout my bad reputation - ♦ HIBOUX POSTÉS : 1162
♦ ARRIVÉE : 10/01/2010
♦ ANNÉE : 6th grade
♦ HUMEUR : exhausted.
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