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Are you afraid of me? [PV:Cléo Forester]

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Are you afraid of me? [PV:Cléo Forester] Empty Are you afraid of me? [PV:Cléo Forester]

Message par Invité Dim 9 Jan - 22:54

La journée fut pour le moins très longue. Monotone et identique à tous les autres jours précédents. En cours, Dayton avait eu un mal fou à rester éveillé, mais heureusement, les professeurs le sachant bon élève, ils ne vérifiaient pas s’il suivait ou non le cours. Pourtant, ce n’était pas son genre de ne pas être apte à se concentrer sur le sujet étudié, mais il était en pleine période de recherche de nouveaux membres pour la Résistance, et il passait parfois ses soirées à réfléchir aux sujets à évoquer durant les prochaines réunions, à trouver des objectifs sensés à mettre en action. En tant que leader charismatique du groupe, on attendait toujours de lui qu’il apporte des solutions concrètes et rapides aux problèmes qui pourraient survenir, même s’il voulait entendre les avis de tous les membres avant de prendre une décision. Cette situation allait finir par le rendre insomniaque, c’est sûr ! A tous les coups, Emy allait lui reprocher d’avoir des cernes énormes sous les yeux… T_T Mais il devait continuer, car le sort des élèves de Poudlard était peut-être entre les mains de la Résistance. Qui d’autre qu’elle pourrait s’opposer à Clyde et ses sbires ? Pour protéger ceux qu’il aime, il ferait tout et n’importe quoi, même si cela veut dire ruiner sa santé. Heureusement, il n’est jamais seul, et son ami Tradd est d’une grande aide…

D’ailleurs, la journée aurait vraiment été inutile, s’il n’avait pu rejoindre Emy à l’heure du déjeuner. Un peu de paix lui fit beaucoup de bien et le sourire de sa princesse lui mit du baume au cœur et le reboosta pour le reste de la journée. Pourtant, leur conversation fut plutôt étrange : en effet, la jeune femme lui parla d’une expérience étrange que sa cousine et elle vécurent dans la Salle de l’Effroi. Comme quoi l’épouvantard de Cléo aurait pris une forme pour le moins inhabituelle : lui-même ! C’était très étrange… Pourquoi aurait-elle peur de lui ? Il l’adorait et jamais il ne lui ferait du mal! De toute façon, il se ferait tuer par Emy s’il osait lever la main sur elle. Alors pourquoi… Il eut l’impression qu’Emy ne lui disait pas tout, mais il n’eut pas le temps d’insister car cette dernière fila avec des gens de sa classe pour aller en cours.

Du coup, Day’ resta sur sa faim, et il eut de quoi cogiter pour le reste de la journée. Son cerveau endormi s’était remis en route et rien ne pouvait atténuer la curiosité qui le rongeait. Heureusement, on était mardi. Ce qui voulait dire qu’il allait pouvoir parler avec Cléo le soir-même. En effet, comme depuis quelques temps Emy a tendance à s’éloigner de lui, il a pris l’habitude d’avoir de grandes conversations avec sa cousine… Etrangement, il se sentait toujours très heureux à l’approche de leurs petites réunions, et il appréciait de plus en plus la jeune femme. Le temps passé avec elle lui permettait d’oublier pour un temps ses angoisses, le monde extérieur et même (ce qui le fait culpabiliser) Emy… Et il s’est trouvé qu’en plus ils ont beaucoup de choses en commun. Leurs caractères très similaires les ont rapprochés doucement et aujourd’hui, il se verrait mal passer une semaine sans passer du temps avec elle. S’ils se cachaient pour se voir ? Oui et non, mais disons qu’ils ne voulaient pas être dérangés et qu’ils préféraient être au calme dans leur bulle. Un simple message laissé à son attention et il savait qu’il se rejoindrait vers 23h dans la salle commune, lorsque tout le monde sera couché…

Le soir venu, Dayton s’assit dans le canapé de la salle commune et attrapa un bouquin d’Histoire de la Magie. Orion, son chat gris vint se lover contre lui et cela le fit sourire un moment. Il passa du temps ensuite avec Emerson, chérissant leur amour et la serrant contre elle avec tendresse, espérant l’espace d’un moment qu’elle ne lui échappera jamais… Mais ces moments ne duraient jamais longtemps et bientôt elle lui dit bonne nuit et il l’embrassa avant de la laisser s’en aller vers son dortoir. Il prétexta qu’il devait encore travailler et prit ses aises sur le canapé. Mais il sous-estimait son besoin de sommeil et lentement mais surement, il sombra dans un sommeil léger, troublé par des songes plus ou moins effrayants. Soudain, des bruits de pas le tirèrent de son sommeil. Il sursauta, écouta attentivement, avant de reconnaître facilement la façon de se déplacer de son amie. Il finit par dire d’une voix douce, légèrement moqueuse :

« Tu es en retard…. Tu n’as pas envie de discuter avec moi ? »

Se levant doucement, il bailla avant de chercher du regard les yeux de Cléo. Il voulait en être sûr, sinon cela l’empêcherait de dormir pendant des jours. Il espérait qu’Emy ait inventé une partie de l’histoire, mais il ne pouvait pas le savoir…

« Dis…. Comment ça va, toi ? Ta présence m'a manqué ces derniers temps, tu sais...»

C’était d’une banalité affligeante, mais il ne savait pas comment amener la chose sans paraître trop insistant. Et puis, c’était quand même plus important de savoir si tout se passait bien pour elle en ce moment. Il trouverait bien un moyen… En plus, elle le connaissait assez bien pour se rende compte que quelque chose le tracasse et qu’il se retient de poser la question. De toute façon, il n’était pas homme à parler beaucoup, et préfére le langage du regard…

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Message par Cléo Forester Mar 18 Jan - 21:34


Cléo était exténuée et à bout de nerfs, n'arrivant même plus à voler correctement - c'était dire son état de trouble et de fatigue. Delilah commençait à poser des questions embarrassantes sur les valises qu'elle trimballait sous ses yeux, Emerson ne cessait de la harceler à propos de ce qu'elle avait vu dans la Salle de l'Effroi en l'accusant - à raison, c'était bien le pire - de lui cacher des choses, Mason était toujours en colère depuis qu'elle l'évitait et Corey cherchait encore continuellement son attention. Parfois, elle aurait aimé pouvoir s'effondrer tout simplement dans les bras de quelqu'un d'attentionné qui ne lui poserait pas de questions mais ses amis avaient leurs propres problèmes, ils ne méritaient pas de voir leur poids alourdi d'une charge supplémentaire. Cerise sur le gâteau, ses rendez-vous hebdomadaires avec Dayton lui manquaient mais elle ne se permettait plus de chercher son contact comme auparavant : ce qu'il s'était passé face à son Épouvantard lui faisait encore trop peur et si Emy n'avait pas dissipée l'illusion, la lionne n'était pas certaine qu'elle aurait été capable de la vaincre. Godric soit loué, à quel fichu jeu tordu était-elle en train de jouer exactement ? Quelle idiote elle avait fait de croire que sa cousine ne s'apercevrait jamais de rien et qu'elle pourrait tranquillement passer presque autant de temps avec le préfet que sa petite amie en titre ... elle n'avait aucun droit sur le beau ténébreux, rigoureusement aucun. Cléo le savait parfaitement, mais cela ne rendait en rien la tâche moins difficile. Merlin, pourquoi fallait-il que les choses soient si compliquées cette année ! Ne pouvait-elle simplement continuer à partager le bonheur des ignorants et prétendre que sortir avec un garçon ne l'intéressait en rien, que c'était parfaitement inutile ? Mais il n'était pas qu'un simple garçon : il était le garçon - superbe, intelligent, sympathique et sérieux mais également brave. L'exact contraire de tous ces amas de virilité et de testostérone qui passaient son temps à baver sur son chemin et à s'exciter en vain comme une meute de chiens sauvages. Ils n'inspiraient à Cléo que dégoût et répulsion - mais lui la faisait sentir spéciale, tellement ... différente. Unique, presque féminine. C'était Dayton, tout simplement et son sourire, ses profonds yeux noirs, son odeur divine lui manquaient terriblement - mais en réalité elle n'y avait jamais eu droit. N'ayant et ne pouvant avoir autrement qu'en lui parlant une idée de ce que la Gryffondor avait bien pu lui raconter, Cléo le fuyait à présent autant que le second Sommers. Ce petit manège ne pourrait durer très longtemps, elle en avait conscience - elle était intelligente - mais elle n'avait pas trouvé de raison plausible expliquant pourquoi sa plus grande crainte serait un Dayton amoureux d'elle ...

« Cléo, mais que se passe-t-il bon sang ?! Tu as raté le Souaffle cinq fois de suite ! » La colère de Zane était totalement justifiée : elle avait joué comme un manche à balai, ce n'était pas de cette manière qu'ils gagneraient le prochain match contre son idiot de frère et sa horde de serpillères poisseuses. « Laisse-la Montgomery, tu n'vois pas qu'elle est épuisée ? » Le bras protecteur de Liam, héros de ces demoiselles autour de ses épaules l'interpella à peine tandis que son presque-frère la reconduisait avec force jusque dans les vestiaires des filles pour une bonne douche. Fourbue, la belle blonde se coula sous le jet brûlant et se laissa glisser au sol, mêlant sans plus attendre ses larmes aux gouttelettes ruisselant sur son visage crispé. Elle n'avait plus parlé à Dayton depuis leur dernière conversation où elle avait accepté presque instinctivement d'entrer dans la Résistance à ses côtés, bien qu'elle désapprouva le choix de l'insouciante et volatile Julia Malone comme porte-parole. La Résistance ... Clyde Andrews et les siens ... tout se mêlait dans l'esprit de Cléo sans aucune cohérence, la laissant suppliante de voir enfin ces pensées délétères quitter pour un temps son âme et la laisser en paix. Elle était réellement au plus mal, ce qui ne lui ressemblait guère.

Ce fut péniblement que la jeune Forester rejoignit la pièce commune des Gryffondor. Elle n'avait envie de voir personne, surtout pas le sourire suspicieux de Delilah ou les plaisanteries parfois peu subtiles de Derek. Elle ne se sentait pas non plus la force à cet instant de poursuivre la pauvre Chrysalde dans ses errances psychotiques : pour cette fois et cette soirée, la jeune femme devrait faire face seule à ses propres névroses. Évitant le regard accusateur d'Emerson pour constater avec soulagement que le préfet des rouges et or n'était pas encore arrivé - Cléo n'aurait pas supportée sans une intense envie de vomir la vue de leurs embrassades interminables - la disciple de Godric monta donc directement dans son dortoir pour s'y reposer un moment. Toujours pas de Sarina Sparks en vue. Où donc passait-elle ses journées celle-là ? Pas dans la Tour des lions en tous cas. Se laissant tomber toute habillée sur ses épais draps de velours pourpre et or, l'adolescente observa les rayons de la Lune d'hiver jouer amoureusement avec les remous troublant la surface du Lac lisse et enchanteur - sans doute le Calamar géant s'amusant près de la surface ou quelque chose comme ça. Mardi soir. Leur soirée à Dayton et elle : l'unique soir où ils pouvaient se permettre de veiller aussi longuement que bon leur semblait puisqu'ils n'avaient pas cours le lendemain matin. Elle raterait le repas une fois encore à la tombée de la nuit pour s'épargner la contrainte de le saluer à la table dressée pour les rouges et or. Dire qu'elle était sensée appartenir à la maison des courageux et des hardis ... la bonne blague.

Elle se réveilla abruptement dans les ténèbres du dortoir des filles de troisième année, le pâle reflet de l'astre lunaire éclairant cette pièce improbable où transparaissait la présence de jeunes femmes de ses rayons opalins. Sarina semblait dormir depuis un moment, sa poitrine se soulevant doucement sous les draps à chaque respiration lente et régulière. Cléo n'avait aucune fichue idée de l'heure qu'il pouvait bien être, mais les grondements furieux de son estomac lui indiquèrent rapidement qu'elle aurait mieux fait de ne pas louper le dîner plutôt que s'endormir comme une masse sur sa literie. Elle avait l'air bien maline et était surtout affamée maintenant. Dénichant enfin à tâtons dans l'obscurité le réveil magique acheté par Sparks sur le Chemin de Traverse, la blonde soupira de soulagement : vingt-trois heures trente, Dayton devait avoir regagné son dortoir depuis longtemps. Elle pouvait donc se permettre de descendre en toute tranquillité en espérant ne pas croiser la sévère Leslie Jeffers ; River serait plus coopératif par loyauté envers un membre de sa maison, mais ce serait assurément des points en moins avec l'argent et bleue ... Ah, et puis zut ! Elle mourait de faim, et ce n'était pas pour le nombre passablement infime d'infractions qu'elle avait commises depuis son arrivée à l'école - un record pour une rouge et or, déshonorant d'après certains de ses camarades - qu'elle laisserait Leslie l'ennuyer. Mince, elle voulait juste manger un morceau !

Elle descendait donc résolument les escaliers menant au salon commun faiblement éclairé par les braises mourantes dans la cheminée lorsqu'un mouvement lui arracha un brusque sursaut, avant qu'elle ne reconnaisse avec dépit le visage de Dayton derrière le grand fauteuil. Peste ... alors il l'avait attendue, finalement. C'était bien sa chance ...

« Tu es en retard ... Tu n’as pas envie de discuter avec moi ? » Que pouvait-elle bien répondre à ça ? Qu'elle en mourait d'envie et même plus ? Elle ne pouvait tout de même pas lui avouer qu'elle s'apprêtait à une petite visite clandestine aux cuisines, il était préfet ! Anyway, il tenterait même probablement de lui interdire l'accès aux corridors du château peu sûrs en cette époque troublée, elle le défierait d'essayer de l'en empêcher pour voir et ça se terminerait mal. Mieux valait endurer la tourmente de son ventre vide pour le moment. Constatant que le Gryffondor cherchait son regard, Cléo posa délibérément les yeux sur la cheminée - Merlin qu'il faisait chaud ici !

« Dis ... Comment ça va, toi ? Ta présence m'a manquée ces derniers temps, tu sais ... »

Quelque chose se bloqua subitement dans la gorge de Cléo - elle lui avait manqué, sa présence, il se souciait de son sort ... comme si ce n'était pas exactement ce qu'elle avait attendu depuis des semaines, l'occasion de s'ouvrir à quelqu'un. Se confier oui, mais sûrement pas à lui !

« Pardon, je m'étais assoupie. » commença-t-elle, et c'était l'exacte vérité. Sauf qu'elle s'était parfaitement souvenue de son rendez-vous avec Day, mais ne s'était guère souciée de demeurer éveillée pour lui. « Je ... je vais bien. Tu as vu Emerson ces derniers temps ? » Mais bien sûr, quelle brillante stratégie ! Vas-y Cléo, enfonces-toi encore un peu plus en lui parlant de sa petite amie qui n'est nulle autre que ta propre cousine que tu trahis éhontément ! Bah, elle finirait bien ainsi par découvrir si Emy lui avait ou non révélé ce qu'il s'était passé dans la Salle de l'Effroi : elle était de nature franche et directe, il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'elle soit directement allée interroger son petit ami.

« Tu m'as manqué aussi. » souffla-t-elle enfin presque à voix basse, cherchant désespérément du regard la moindre Chocogrenouille à avaler avant de remonter quêter un sommeil qu'elle ne trouverait pas. Dayton préférait le langage du regard, sauf que Cléo ne risquait pas d'en saisir un traître mot : elle mettait un soin tout particulier à le fuir le plus discrètement possible.

Cléo Forester
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♦ HIBOUX POSTÉS : 57
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Are you afraid of me? [PV:Cléo Forester] Empty Re: Are you afraid of me? [PV:Cléo Forester]

Message par Invité Dim 30 Jan - 17:36

Depuis quelques temps, Dayton ne savait plus où donner de la tête. Entre la Résistance et les cours, il avait finalement peu de temps libre pour lui-même. Quant à son temps libre, il était partagé entre ses devoirs, et les moments qu’il passait avec Emerson. Parfois, il avait vraiment l’impression de toucher le fond, mais heureusement il était entouré de personnes qui ne cessaient de le tirer vers le haut. Il pensait notamment à Tradd, son acolyte de la Résistance. Et il avait bien besoin d’être soutenu… Le croyait-on si parfait qu’il en était surhumain ? Que croyaient-ils ? Comme tous les autres, il avait des hauts et des bas, mais contrairement à eux, il ne le montrait que très rarement et seulement en présence des personnes qui lui sont le plus proche. Mais ce qui lui faisait le plus peur, ce qui lui donnait des cauchemars, c’était de se retrouver seul. Alors quand il vit que Cléo fuyait son regard, il eut l’impression qu’un poignard venait de transpercer son cœur. Alors, c’était bien ça… Depuis quelques jours, il n’avait pas eu l’occasion de la voir et à vrai dire, il s’était demandé si elle ne l’évitait pas. Maintenant il avait la réponse. Mais pourquoi ? Encore cette histoire dans la Salle de l’effroi ? Une idée déprimante lui vint alors à l’esprit : elle n’était même pas descendu pour lui … Quelque part, cela le rendait triste et même frustré de voir qu’elle pouvait l’oublier ou l’éviter ainsi. Ne comptait-il pas autant pour elle qu’elle comptait pour lui ? Où peut-être se faisait-il simplement des idées… Tout était mélangé dans sa tête, et il avait peur de devenir fou à force de ruminer. S’il était émotif, cela ferait longtemps qu’il aurait fondu en larmes, ne serait-ce qu’à cause de la pression qu’il supporte. Décidant de se concentrer sur le moment présent, il essaya en vain de croiser le regard de son amie, avant d’abandonner et de se contenter de la faire parler. Le pire, ce serait qu'ils ne soient plus capable de se confier l'un à l'autre, eux qui pourtant se comprenaient si bien d'un simple regard.

« Pardon, je m'étais assoupie. » Une excuse bidon ou la vérité ? Dayton, tu deviens trop suspicieux, là ! Ne sachant trop quoi répondre à cela, il se contenta d’un haussement d’épaule. Au fond de lui, il savait qu'elle disait la vérité, mais rien n'y faisait. Ne voulant pas montrer qu'il ne la croyait qu'à moitié, il décida de répondre un simple : « Ah, ce n’est rien… Je m’étais endormi aussi. » Ce qui était la stricte vérité. Et s’il ne s’était pas réveillé, il n’aurait peut-être pas pu lui parler (Etait-ce ce qu’elle voulait ?), et le lendemain il aurait été d’humeur plus que morose. Et bien sûr, il aurait dû inventer une excuse élaborée pour expliquer son manque de sommeil et son attitude encore plus taciturne face à Emy.

« Je ... je vais bien. Tu as vu Emerson ces derniers temps ? » Son sourire s’évanouit en un instant. Etait-elle obligée de parler d’Emy maintenant ? Cela ne fit qu’accentuer son angoisse à propos du fait que sa petite-amie semblait le délaisser… Et depuis quand parlaient-ils d’autres personnes dans leurs conversations ? Ils s’étaient pourtant promis de laisser de côté tout leur univers le temps d’un moment et de profiter d’une bulle de sérénité. Et puis, elle savait pourtant bien comment ça se passait entre sa cousine et lui. Il soupira doucement et laissa échapper quelques mots. Il tentait de paraître confiant, mais on pouvait sentir l’angoisse à peine dissimulée derrière ses mots. « Bien sûr. Encore tout à l’heure, on a passé la soirée ensemble… Mais tu as du nous voir, non ? »

Sa curiosité pouvait être un mauvais comme un bon côté, mais à ce moment précis, elle l’incitait à se lancer et à enfin comprendre ce qu’il se passait entre lui et son amie. Il était de tout mettre au clair. Quitte à savoir la vérité, il préfère s’engueuler avec elle, plutôt que de rester dans l’ignorance et de s’éviter délibérément. Il se rassit doucement, tournant le dos pendant quelques secondes à la Gryffondor. C’est ce moment-là qu’elle choisit pour dire, ou plutôt murmurer une phrase qui laissa Dayton complètement mué quelques secondes.
« Tu m'as manqué aussi. » Aurait-il pu penser qu’une phrase aussi simple pouvait l’atteindre autant ? Lui, l’homme silencieux, peu expressif et parfait… Il était vraiment étrange pour lui de ressentir de telles choses envers une autre fille que sa petite-amie. Etait-il coupable d’avoir de tels sentiments ou s’agissait-il d’une simple belle et grande amitié? Un jour, il savait qu’il devrait les affronter, mais cette fois, c’était lui qui l’évitait. Après un moment de silence qui sembla durer une éternité, il tourna la tête vers Cléo et demanda franchement :

« Cléo… Dis-moi ce qui s’est passé. Je ne suis pas dupe, quelque chose s’est immiscé entre nous deux, et si ça a rapport avec la salle de l’Effroi, alors je peux comprendre que ce soit déstabilisant. Mais t’ai-je déjà jugé? T’ai-je déjà donné matière à avoir peur de te confier à moi ? Emy ne m’a pas dit grand-chose sur votre aventure, mais ça a suffi pour m’intriguer. Et puis quelle idée d’aller dans un tel endroit !» De nouveau, il essaya de capter son regard. Il avait une expression sérieuse, presque crispée sur le visage et attendait avec impatience qu’elle réponde. Enfin, comme s’il expulsait soudainement tout ce qu’il avait sur le cœur, il rajouta :

« Pourquoi est-ce que l’épouvantard a pris ma forme ? »

Une simple question. Mais qu’il n’avait pas cessé de tourner et retourner dans sa tête. Il ne pouvait pas, il ne voulait pas croire qu’elle avait peur de lui. Avait-il fait quelque chose de mal envers elle ? Non, jamais. Certes, il savait qu’il risquait de la braquer contre lui, voire peut-être de la faire s’enfuir, mais il devait essayer. Par respect pour leur amitié, il se devait de tout faire pour la conserver et la garder près d’elle. Perdre une amie pouvait le détruire, mais rester dans l’ignorance ne ferait que le tuer à petit feu. Et il n’était pas du genre à attendre que ça se passe. Un bruit furtif attira le regard du beau ténébreux pour un moment. C’était son chat qui venait réclamer des caresses. Accédant aux demandes de son matou, Dayton posa ses yeux sombres sur la cheminée et murmura doucement, plus pour lui-même que réellement pour le faire remarquer à Cléo : « On s’était promis d’être toujours honnête l’un envers l’autre… »

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Message par Cléo Forester Lun 14 Fév - 21:51


Il méritait mieux, Cléo en était persuadée. Oui, Dayton valait tellement mieux qu'une amie qui lui mentait effrontément et l'évitait délibérément dans l'unique but de préserver ses pieux mensonges. Si elle avait été parfaitement honnête avec elle-même, Cléo ne se serait pas même octroyée le droit de l'approcher. Elle mentait pour et à cause de lui, pour Emerson qu'elle n'aurait jamais trahie y compris sous la torture. Nom de Godric, il s'agissait de sa cousine et non de n'importe quelle jeune écervelée impulsive comme leur maison en comptait malheureusement des centaines ! La petite amie du préfet des lions n'était pas seulement sa cousine, elle était sa sœur, son amie d'enfance, sa figure féminine ... son appui et soutien à Poudlard, le pilier jusqu'ici solide et intangible sur lequel elle avait compté depuis son arrivée au collège de sorcellerie. Ce qu'elle faisait là n'était rien d'autre que lui dissimuler honteusement la vérité, en l'occurrence les sentiments - parfaitement inappropriés - qu'elle ressentait pour Dayton Sommers. Depuis plusieurs années désormais qu'elle fréquentait le rouge et or, Cléo le connaissait suffisamment bien pour savoir sans coup faillir que ses éternelles dérobades n'avaient à aucun moment échappé au jeune homme et qu'il en souffrait sans nul doute, mais elle ne devait de comptes qu'à sa propre conscience. Et son unique devoir en cet instant n'était point d'écouter son cœur qui tel un ignoble traître battait de plus en vite dans sa poitrine, mais de s'échapper immédiatement de cette scène d'où il ne pourrait résulter rien de bon pour s'enfuir aux cuisines ou dans son dortoir, et ainsi se remémorer la place qui était la sienne : elle n'était rien, rien que la cousine de la bien-aimée de Dayton.À ce titre, elle n'avait très simplement rien à revendiquer sien. Il était pourtant éminemment hypocrite de nier les sentiments que lui inspirait l'homme et de ne montrer envers lui qu'indifférence alors qu'elle portait le plus grand intérêt à sa cause, Cléo le sentait : mais son unique lien avec le Gryffindor devrait s'en tenir à la Résistance à laquelle ils appartenaient tous deux, et ne pas aller plus loin. Misère, n'aurait-elle donc pas pu s'éprendre de Corey ou d'un quelconque autre adolescent de son âge ? Mais non, ç'eut été trop simple : il avait fallu que ça tombe sur lui ...

Elle avait effectivement tenté de prendre du recul, autant que faire se peut ; mais cette fois était celle de trop. Les gens la pensaient solide, invulnérable et forte, aussi intangible que la poursuiveuse implacable qu'elle devenait durant un match de Quidditch ; la plupart ne connaissaient d'ailleurs d'elle que cela, cette fille fougueuse et pleine de feu que redoutaient nombre de ses adversaires, ou bien encore cette vierge effarouchée qui clamait à toutes les sales pattes qui se tendaient vers elle qu'elle souhaitait se préserver et que sortir avec un garçon ne servait à rien, merci bien. Avec les porcs qui ne cessaient de la harceler, certes ; mais Dayton était bien différent. Elle n'était qu'un être humain et contrairement à la croyance populaire il lui arrivait à elle aussi de craquer, de ne plus pouvoir en subir davantage sans rien dire. Or elle commençait sérieusement à approcher la limite en cet instant, cette rencontre avec le cinquième année qu'elle avait pris tant de soin à éviter étant l'ingrédient faisant déborder le chaudron ... mais il fallait tenir le coup, encore, toujours, pour éviter les problèmes. Pour ne rien arranger autant dire qu'elle était aussi délicate qu'un Cognard lorsqu'il s'agissait d'exprimer ses sentiments et sauvage comme une licorne quand il était question de véritablement faire confiance.

Cléo ne le précisa donc pas clairement, mais il était évident qu'elle n'était en effet pas descendue pour discuter avec son condisciple mais bel et bien pour un motif tout autre : elle ne portait pas la couverture en laine qu'elle avait coutume de poser sur ses épaules contre le froid régnant entre les murs de pierre malgré la chaleur du feu dans l'âtre, mais un simple top à bretelles et shorty finalement plutôt féminins qu'elle n'avait à l'évidence enfilés que dans la certitude de ne pas être vue. Par le caleçon de Merlin, comme s'il n'était pas suffisamment humiliant de le croiser ainsi l'heure de leur rendez-vous ordinaire largement dépassée, encore fallait-il qu'elle le rencontre en petite tenue dans cet accoutrement passablement remarquable sur sa personne ... Ce n'était certes pas non plus une nuisette, mais Cléo qui n'avait jamais cherchée à se mettre en valeur s'en sentait de fait passablement diminuée, et le fait que ce fut Dayton - et non un quelconque autre abruti de Gryffondor qu'elle aurait renvoyé dans les rangs sans sourciller - ajoutait encore à sa profonde gêne. Nul jusqu'alors ne l'avait jamais vue aussi séduisante et court vêtue, et cette allure de première fois ne convenait pas à la jeune fille : ce n'était pas au petit ami de sa cousine qu'il devait appartenir de la voir dans semblable appareil, et pourtant elle ne se serait imaginée personne d'autre. D'ailleurs, elle n'avait rien à s'imaginer du tout !

Allons bon, il n'y avait rien là qui ait lieu de l'embarrasser : tout au contraire, mieux valait conserver un comportement normal si elle ne souhaitait pas alarmer davantage Dayton et le lancer sur une piste trop glissante pour tous deux. Merlin, comment donc faisaient tous les manipulateurs de Poudlard pour proférer une telle quantité de mensonges sans se trahir ? Elle-même avait déjà bien assez de mal à dissimuler un seul gros secret pour ne jamais envisager être capable de faire de même, ce qui en soit était en vérité plutôt rassurant - mais en cette occasion, elle aurait aimé avoir leur habileté. « Pardon, je m'étais assoupie. » Nul besoin d'être un génie des relations humaines pour se rendre compte que le jeune homme doutait de son excuse, mais tant pis : elle n'aurait rien de mieux à lui offrir aujourd'hui, il lui faudrait s'en contenter. Pourtant, il apparaissait de plus en plus clair qu'elle n'aurait pas la chance de gagner les cuisines ce soir et se verrait en conséquent obligée de s'entretenir avec lui - obligation à laquelle elle se serait soumise de bien bon cœur en temps ordinaire, s'il n'avait été le petit ami de sa cousine. Si les choses ne commençaient à aller beaucoup trop loin.

« Ah, ce n’est rien… Je m’étais endormi aussi. »

Vraiment ? Cléo retint de justesse un haussement de sourcil dubitatif. Emerson avait-elle donc regagné si tôt son dortoir ? N'était-ce pas plutôt une réplique toute trouvée pour lui montrer que peu importait puisqu'il l'avait, lui aussi, oubliée ce soir ? Non, elle se faisait des idées - l'empressement même qu'il avait mis à l'intercepter en lui rappelant leur rendez-vous le démontrait. Emerson était-elle seulement au courant de ces rencontres ? Cléo n'en avait pas pipé mot, ne cherchant pourtant pas spécialement à dissimuler le fait qu'elle s'entretenait occasionnellement avec Dayton quand tous deux avaient du temps libre et qu'Emy se trouvait en cours, la confiance aveugle qu'elle vouait à tous deux permettant ces discussions. Mais ce n'était que des conversations de couloirs au vu et au su de tous, loin de ce qui commençait à ressembler à une sorte de ... rendez-vous clandestin. Bien entendu, la salle commune des lions demeurait tout de même assez loin d'un lieu de réunion idéal puisqu'à aucun moment ils n'étaient à l'abri de l'oreille indiscrète d'un élève insomniaque ou aux besoins pressants. Mais à onze heures un mardi soir tandis que tous dormaient, voilà qui devenait d'emblée plus suspect ... un excellent indice étant par ailleurs le plaisir coupable que Cléo ne pouvait s'empêcher de prendre à ces retrouvailles hebdomadaires presque secrètes, ne souriant et ne s'enthousiasmant quasiment plus que pour elles.

« Je ... je vais bien. Tu as vu Emerson ces derniers temps ? » Le sourire de Dayton fondit instantanément à l'évocation du nom de sa petite amie, et Cléo ne put s'empêcher de s'en étonner. Si tout se passait effectivement bien avec la brune comme la jolie blonde s'obligeait à se le répéter, n'aurait-il pas dû faire preuve d'un peu plus d'enthousiasme ? Ses yeux n'auraient-ils pas dû étinceler à l'évocation du nom de celle qu'il aimait ? Dayton était décidément bien étrange ce soir, songea Cléo ; qu'avait-il donc ? De fait ils n'avaient pas pour habitude d'inclure autrui dans leurs discussions nocturnes, mais n'était-ce pas incontournable ? Ils ne vivaient, n'existaient pas que l'un pour l'autre et n'avaient donc pas à s'empêcher à dessein de parler des autres personnes peuplant leurs vies, le sujet Emerson étant de toute façon à peu près incontournable ... d'après Cléo, mais Dayton lui, n'avait pas paru l'entendre de cette oreille. Et de quoi donc lui aurait-il parlé sans évoquer celle qui était la propre cousine de son interlocutrice ? Inévitable, disais-je. Si elle savait comment se passait les choses entre la poursuiveuse et le préfet ? En vérité non, Lily la tigresse - comme la surnommait affectueusement sa cousine en matière d'amusement - ayant pris un soin tout particulier à se tenir à l'écart, ces derniers temps, de leur vie sentimentale. Elle avait suffisamment à faire entre Mason, Corey et les inextricables peines de cœur de Derek avec la Langley et était déjà bien assez malheureuse ainsi sans en plus jouer de masochisme en s'intéressant de trop près à la question. Ce qu'elle était pourtant précisément en train de faire, mais pour mieux donner le change. Ah qu'on était loin du temps où, naïve, elle mettait toute son énergie à se voiler la face à propos de ses sentiments. La scène ayant eu lieue dans la Salle de l'Effroi - qui plus est en compagnie de la dernière personne qu'elle aurait souhaitée présente à cet instant - lui avait fait éclater au visage tout ce qu'elle s'était consciencieusement et méticuleusement efforcée de se cacher à elle-même ainsi qu'aux autres si bien qu'aujourd'hui, elle n'était plus en mesure de se mentir ou de faire semblant. Mais rien ne lui interdisait de maintenir l'illusion aux yeux d'autrui et surtout des concernés.

« Bien sûr. Encore tout à l’heure, on a passé la soirée ensemble … Mais tu as du nous voir, non ? »

Epic fail, comme dirait l'autre. Apparemment, elle était sensée les avoir vus ... grave faute d'inattention que la Cléo ordinaire n'aurait pas commise. Eh bien, c'était le moment de trouver une réplique pertinente.

« Ah non, je suis désolée - au passage, il faudrait qu'elle cesse de s'excuser pour un rien, c'était suspect - je ne vous ai pas vus. Je n'ai pas dû faire attention ... »

Mais oui vas-y, embobine-le donc encore un peu plus. Tentes de lui faire croire que tes yeux n'ont pas précipitamment filés ailleurs lorsque tu les as aperçus, feins de ne pas avoir fui devant le spectacle de ta cauchemardesque réalité quotidienne. Dayton se rassit, tandis que Cléo esquissait quelques pas pour finalement s'assoir à ses pieds devant la cheminée, le livrant à la seule vue - passablement inexpressive - de son dos. « Tu m'as manqué aussi. » Comment nier le contraire ? C'était un cri du coeur, un élan de sincérité - le premier peut-être depuis qu'elle avait croisé son regard en descendant les marches - auquel pour une fois elle ne chercha pas à se dérober, refusant pourtant toujours de croiser les iris anthracite de son condisciple - son préfet, qui pouvait à ce titre exercer sur elle une autorité fictive, elle le savait. Fictive, car le rapport de forces et d'émotions bien plus complexe qui les unissait faussait la donne.

« Cléo … Dis-moi ce qu'il s’est passé. Je ne suis pas dupe, quelque chose s’est immiscé entre nous deux, et si ça a rapport avec la salle de l’Effroi, alors je peux comprendre que ce soit déstabilisant. Mais t’ai-je déjà jugée ? T’ai-je déjà donné' matière à avoir peur de te confier à moi ? Emy ne m’a pas dit grand-chose sur votre aventure, mais ça a suffi pour m’intriguer. Et puis quelle idée d’aller dans un tel endroit ! »

Godric soit loué, le maudit instant de vérité venait enfin. Cléo se voûta imperceptiblement en réaction à cette attaque imprévue qu'elle ne savait parer : il allait bien falloir malgré tout y faire face, et l'affronter. Alors, il savait ... évidemment, Emerson lui avait tout dit pour la Salle. À quoi d'autre s'était-elle attendue ? À ce que sa cousine, impulsive et pipelette par excellence n'aille pas quérir, de force, les réponses que sa sœur de cœur lui refusait avec un entêtement buté ? Aurait-elle agi différemment à sa place ? Mais il était trop tard pour s'interroger plus avant, il fallait répondre à présent ... et Merlin, pourquoi fallait-il qu'il se montre si compréhensif ?! N'aurait-il pas pu tout simplement hurler, lui faire des reproches, se montrer désagréable enfin de sorte qu'elle puisse à son tour crier ? Se défouler, donner de la voix, faire un scandale puis finalement se disputer avec lui et zou, terminé. Il était intrigué ... un peu qu'il pouvait, tu parles. L'une de ses plus proches amies n'avait autre pour Épouvantard que lui-même, c'était assurément un coup à se poser des questions - n'importe qui de moins attentionné que Dayton se serait interrogé, qui plus est en la voyant l'éviter constamment. Soudain, les derniers mots du jeune homme lui revinrent en tête et Cléo s'empourpra, enflant de colère comme une baudruche avant d'exploser :

« Parce que tu crois que je l'ai fait exprès ? C'est elle qui m'y a poussée ! » Réalisant presque aussitôt à quel point ses propos étaient confus et potentiellement choquants, elle ajouta : « Bien sûr elle ne l'a pas fait intentionnellement, c'était pour plaisanter. J'en avais moi-même entendu parler mais je ne savais pas où se situait cette pièce, et est-ce que tu crois qu'il arriverait à Emerson de penser qu'il pourrait être dangereux de pousser sa cousine dans une pièce inconnue ? » Encore pire. « Je veux dire, elle ne savait pas, nous cherchions des gens et c'était un accident - rien de plus. »

Cléo s'embourbait dans ses explications, tentant péniblement de justifier par quel acte fou sa cousine l'avait incitée à pénétrer la première dans cette pièce qui leur était tout d'abord apparue somme toute très banale et désaffectée - une salle comme il en existait cent à Poudlard - profitant ce faisant de cette confusion pourtant non feinte pour s'éloigner de la vérité requise par Dayton.

« Pourquoi est-ce que l'épouvantard a pris ma forme ? »

Cette question, pourtant justifiée, sonna comme un camouflet aux oreilles de Cléo qui s'interrompit abruptement et pâlit : le ton exaspéré, presque agressif sur lequel le Gryffondor lui avait posée cette interrogation - à laquelle elle ne pouvait se permettre de répondre - rendait difficile de ne pas lui répondre sur le même registre : agressif.

« On s'était promis d'être toujours honnêtes l'un envers l'autre ... »

Voilà qui soufflait le chaud et le froid, désamorçait aussitôt toute velléité de rébellion ou de mauvaise foi en Cléo. Tournant un regard désemparé vers Dayton, la jeune fille recula sur ses mains pour se rapprocher de lui, noua ses bras autour de ses jambes avant de poser la tête sur celles-ci, profondément lasse.

« Je l'ignore, Dayton, je n'en sais pas plus que toi. Que t'a raconté Emy exactement ? » demanda-t-elle d'une voix légèrement tremblante.


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Message par Invité Dim 6 Mar - 14:55

Dayton se sentait mal. Comme le soir où il s’était retrouvé nez à nez avec Gemma au lieu d’Emerson… Décidemment, il était dans une mauvaise passe et avait fichtrement du mal à s’en sortir. Il avait beau garder une façade d’homme sérieux, réfléchi à longueur de journée, aujourd’hui il était fatigué de se montrer si parfait et quelque chose en lui s’était brisé. Comment avait-il pu en arriver là ? Une montagne d’évènements l’avait assailli et laissé sans défense. Peu importe le monde qu’il y avait autour de lui pour le soutenir, il se sentait inexorablement seul. Son angoisse profonde était remonté à la surface à la vitesse d’un éclair et il avait senti s’ébranler toutes ses convictions. Il devait absolument remonter la pente, et pour cela, il avait besoin du soutien de sa plus grande amie. Encore fallait-il qu’il ne la monte pas contre lui avec son ton agressif et ses airs accusateurs. Il ne se rendait plus compte de ce qu’il faisait. Forcément, Cléo ne devait pas comprendre le comportement du brun ténébreux, d’ordinaire toujours très gentil et enthousiaste avec elle. Même l’évocation du prénom de sa petite-amie n’avait pas suffi à lui rendre son sourire. Pire, cela le lui avait enlevé. Un comble ! Il avait peur de la perdre, mais il ne montrait pas combien il l’aimait face à Cléo. C’était à n’y plus rien comprendre. Pourtant lors de leurs discussions nocturnes, ils parlaient de leurs amis, de leurs proches. Le préfet de Gryffondor l’aurait-il oublié ? Il avait occulté tout cela parce qu’il ne voulait pas que la bulle soit éclatée, parce qu’il voulait que ce moment reste un moment à eux et à personne d’autre. Mais Dayton ne voyait rien de tout cela… Il était malheureux. Malheureux parce qu’il avait l’impression d’être abandonné par ses proches, et que l’abandon était son pire cauchemar. Malheureux parce qu’il ne voyait pas comment s’en sortir. Malheureux parce qu’il n’arrivait pas à exprimer ses sentiments, même face à sa confidente. Il regrettait d’être un homme de peu de paroles. La noirceur de ses sentiments à ce moment précis aurait suffi à le faire passer de l’autre côté de la barrière… La voix de son amie le tira un moment de ses réflexions.

« Ah non, je suis désolée, je ne vous ai pas vus. Je n'ai pas dû faire attention ... »

Peu importe. Après tout, si elle l’évitait, alors elle ne devait pas les avoir vu. Il ignorait bien sûr combien la vision de son couple pouvait faire du mal à Cléo. Il était bien trop aveugle pour s’en apercevoir. Alors qu’elle venait s’installer à ses pieds, il observa les flammes du feu de cheminée. Elles semblaient danser et s’amuser de la situation… Parfois, il avait vraiment l’impression de perdre la raison. Détournant son regard du feu, il fixa alors le dos de son amie. Le fait qu’elle lui ait dit qu’il lui avait manqué avait fait chavirer son cœur, mais le préfet restait encore cloîtré dans son sentiment de tristesse et de désespoir. Que lui faudrait-il pour en sortir ? C’était là la bonne question. Un choc émotionnel, un contact physique, des mots provocateurs. Il n’en savait rien, mais au fond de lui, espérait que Cléo allait lui donner la réponse à ses angoisses. Dayton n’avait pu s’empêcher d’être un chouya inquisiteur lorsqu’il demanda à son amie pourquoi elle était entrée dans une telle salle, et il s’en mordait les doigts. Pourquoi parlait-il ainsi à Cléo ! Ne la connaissait-il pas assez bien pour savoir qu’elle était une femme raisonnable et qu’elle n’y serait jamais entrée d’elle-même ! Il était depuis le début à côté de ses pompes…

Soudain, le silence fut troublé par la voix de Cléo, pleine d’une colère contenue. Sursautant, le jeune homme resta immobile, comme pétrifié par la façon dont lui répondait son amie. Quelque en lui se ralluma. « Parce que tu crois que je l'ai fait exprès ? C'est elle qui m'y a poussée ! » Incapable de parler, il ne releva même pas qu’elle rendait responsable sa petite-amie. Seule la voix de Cléo comptait. C’était comme si, peu à peu, il revenait à la réalité. Presque intentionnellement, il sourit. C’était tout à fait le genre d’Emerson en fait… Et bien sûr, il laissa la jolie blonde s’empêtrer dans ses explications. Qu’il pouvait être cruel parfois ! Ses pupilles se firent soudainement un peu plus sereines… « Bien sûr elle ne l'a pas fait intentionnellement, c'était pour plaisanter. J'en avais moi-même entendu parler mais je ne savais pas où se situait cette pièce, et est-ce que tu crois qu'il arriverait à Emerson de penser qu'il pourrait être dangereux de pousser sa cousine dans une pièce inconnue ? » Il eut presque envie de rire. Si elle savait combien il pensait qu’elle avait raison. Qu’il savait qu’Emy aimait aller au-devant du danger. C’était une vraie lionne ! « Je veux dire, elle ne savait pas, nous cherchions des gens et c'était un accident - rien de plus. »

Décidant qu’il avait assez laissé son amie se débrouiller seule, il répondit plus sereinement, bien qu’on pouvait sentir encore la colère et l’incompréhension :

« Ah. Je comprends. Je ne sais pas pourquoi mais… ça ne m’étonnerait pas de la part d’Emy… »

Un sourire tendre se dessina l’espace de quelques secondes sur le visage du préfet. Sa lucidité lui revenait peu à peu et le visage souriant de sa petite-amie vint éclairer pour un moment les ténèbres dans lesquels il était plongé. Pourtant, tout n’était pas fini. Il avait encore des choses sur le cœur. Il voulait savoir, il devait savoir. Il savait que sa question n’était pas simple, mais il n’aurait pas la conscience tranquille tant qu’il ne l’aura pas posée. Il ne s’était même pas aperçu que sa colère avait de nouveau pris le dessus sur ses autres sentiments. Il n’avait pas voulu être agressif, les circonstances l’y avaient poussé.

Les sentiments de Dayton étaient plus changeants qu’un epouvantard, et tandis que la colère s’éloignait, la tristesse reprenait sa place dans son cœur. C’est en partie pour cela qu’il rajouta cette petite phrase qui pourtant était lourde de signification. Il avait besoin d’elle, de sa voix, de sa présence. Tout son être réclamait de l’attention de sa part, mais il en savait pas comment l’exprimer à voix haute. Tandis qu’elle se rapprochait de lui en reculant, Dayton sentit son cœur s’apaiser et il interdit à sa colère de remontrer le bout de son nez. La petite voix lasse de son amie provoqua en lui un choc électrique. On aurait dit une fleur fanée… Mais ce qui le toucha encore plus fut la peur qu’il ressentit dans ses paroles… Etait-ce de lui qu’elle avait peur ? Qu’avait-il fait… Se sentant soudain fautif d’avoir été si dur et répondant à un cri de détresse de con cœur, il s’assit derrière Cléo. Se collant à son dos, il passa ses bras devant, au-dessus de la poitrine de son amie et la serra contre lui. Pendant un moment il ne dit rien, se contentant de profiter de ce contact dont il avait autant besoin qu’elle. Ce mouvement était totalement sans arrières pensées, il voulait juste s’excuser, mais n’avait pas trouvé les mots pour le lui dire. Le geste avait été plus simple pour lui…

« Pardonne-moi Cléo… Tu sais que je n’ai jamais été doué pour les mots, je n’aurai pas dû m’énerver. C’est juste que… C’est troublant. Et puis, Emy ne m’a presque rien dit ; Tout ce que je sais, c’est qu’un épouvantard a pris mon aspect devant toi… Je ne te fais pas peur, si ?»

Il soupira doucement avant de rompre le contact. Il défit ses bras et se recula légèrement. Il mourrait de rester contre elle, mais il ne voulait pas qu’elle croit des choses. Il ne voulait pas qu’elle ait peur de lui.

« Si tu n’as pas envie de m’en parler, ce n’est pas grave… Mais je t’en prie, ne m’évites plus. »

Sa voix était presque suppliante. C’était un cri du cœur. Oh oui, il avait peur de la perdre, tout comme Emerson. Finalement, peu importe s’il n’apprenait pas la vérité –encore une fois il avait changé d’avis- mais il voulait qu’ils restent de très bons amis. Un silence s’instaura entre les deux, que seul le grésillement du feu venait troubler…

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Message par Cléo Forester Mer 9 Mar - 18:58


Que lui avait donc raconté Emerson, c'était bien tout ce que Cléo avait besoin de savoir à cet instant. La cinquième année avait-elle informé son petit ami de l'intégralité des évènements ayant eu lieu dans la Salle de l'Effroi ? L'avait-elle averti que l'Épouvantard portant ses traits avait embrassé Cléo ? Bien sûr celle-ci ne pouvait se targuer d'avoir éprouvé quoi que ce soit hormis la honte et l'embarras que cette vue donnée aux yeux de sa cousine suscitait, indice s'il en était d'ailleurs que la créature ayant pris l'apparence de Dayton n'était qu'un imposteur - la jeune Forester était assez bien placée pour savoir qu'en temps ordinaire, la seule proximité du Gryffondor l'électrisait totalement.
Mais pour l'heure, c'était à des milliers de kilomètres de ces sensations frivoles que naviguait la tigresse : elle ne croyait pas s'être jamais sentie plus malheureuse et désemparée qu'en cet instant, sous le regard inquiet mais malgré tout inquisiteur de celui qu'elle avait longtemps pris pour son meilleur ami jusqu'à l'arrivée de Mason. Elle pouvait supporter bien des choses, endurer beaucoup, risquer énormément pour autrui – sa magouille avec Sark pour aider Sawyer Waldorf à se procurer du sérum de vérité le prouvait – mais s'il était une chose capable de ronger l'imprenable et indestructible Cléo Forester, c'était le mensonge. Depuis toujours la vérité s'échappait de ses lèvres avec aisance et naturel, la franchise était depuis sa naissance même l'un de ses premiers traits de caractère, et voilà qu'aujourd'hui elle se voyait contrainte de dissimuler ce qu'elle ressentait à sa propre cousine, sa première confidente. Cette situation lui pesait assurément, mais comment lui avouer l'unique erreur au monde qu'Emerson ne pardonnerait pas ? Elle se voyait d'ici lui arriver dessus avec son habituelle expression enjouée du matin et la saluer d'un « Bonjour Emy, comment vas-tu aujourd'hui ? Tu as un teint superbe ce matin, à part ça je suis amoureuse de ton petit ami ! » Mais bien sûr, pourquoi n'y avait-elle pas donc pas pensé plus tôt ? Et Sawyer qui avait le culot d'oser lui proposer de comploter discrètement contre sa plus proche amie, quasiment sa sœur d'adoption ... Comment pouvait-on même trouver décent et normal de faire ce genre de suggestions ?

L'adolescente secoua doucement la tête en un geste inconscient pour s'extraire des brumes de ses pensées. C'était la première fois qu'elle laissait à Dayton l'opportunité même involontaire de douter d'elle, ce n'était assurément pas l'instant adéquat pour rêvasser. Cléo ne savait pas ce qu'elle devait faire ou déciderait en définitive : taire farouchement ses sentiments à jamais ou les avouer publiquement, aussi douloureuse cette dernière option paraisse-t-elle mais elle était sûre d'une chose, ce ne serait pas en complotant contre sa cousine qu'elle gagnerait le cœur de Dayton ou arrangerait d'une quelconque manière la situation. C'était aussi la première fois que le rouge et or lui apparaissait vulnérable, faillible ... incertain. Ce moment était crucial pour tous les deux, la jeune femme le sentait confusément. Comment interpréter cette absence presque suspecte de toute joie lorsqu'elle avait évoquée leur accointance commune ? Était-ce par orgueil masculin qu'il s'était abstenu de montrer tout son bonheur à la simple pensée de sa petite amie ? Cette unique idée n'aurait-elle pas dû illuminer ses traits ? Il savait pourtant bien qu'à l'inverse de nombre de filles il était inutile de se la raconter avec Cléo, elle qui connaissait Dayton aussi bien que sa poche et chérissait ordinairement Emerson comme la sœur qu'elle aurait aimé avoir. Alors, en quoi les choses avaient-elles changé ? Comment se pouvait-il que ce nom qui aurait dû l'enchanter, flétrisse en réalité le visage de Dayton ? Aussi distante Emy puisse-t-elle actuellement paraître, elle n'en était pas moins toujours à leurs côtés ; et s'il était au vu des circonstances rigoureusement impossible à Cléo de l'oublier, elle aurait aimé pour lui faciliter la tâche que Day en fasse de même.

Les braises rougeoyantes de la cheminée réchauffaient doucement les orteils nus et glacés de la gryffonne assise à même le sol, au milieu de cette soirée de février encore froide. Entourée d'un cocon de chaleur et de bien-être qui contrastaient de manière frappante avec le profond mal-être qu'elle ressentait, Cléo aurait presque pu se laisser aller à la sensation de somnolence et l'impression d'être protégée, en sécurité que ce cadre douillet lui procurait, si elle ne s'était rappelée avec une désagréable acuité du sujet de la discussion qu'elle était présentement en train d'essayer de tenir avec son camarade de Gryffondor. Le préfet allait mal, c'était une évidence, mais la poursuiveuse ne savait quoi faire pour alléger sa peine : cette fois, elle avait trop à porter avec la sienne. Depuis des semaines maintenant Cléo était comme désarçonnée de son balai, luttait pour se retrouver elle-même et s'extraire enfin de cet état de catatonie latente dans lequel l'avait plongée cette éprouvante rencontre avec l'Épouvantard. Elle n'osait à présent même plus regarder sa cousine dans les yeux, submergée par la honte au souvenir de l'étrange douceur de ce moment pourtant monstrueusement tordu qu'elle avait passé avec un mirage. Emportée par son élan, Cléo ne remarqua même pas le sourire qui se dessinait sur le visage de son interlocuteur au fur et à mesure qu'elle s'embourbait dans son marécages d'explications foireuses et mettait en cause Emerson comme si elle était seule responsable de cet incident : elle n'aperçut pas davantage la lueur d'apaisement qui imprégnait désormais les petits yeux noirs et brillants du ténébreux brun, ne le vit pas se redresser imperceptiblement ...

« Ah. Je comprends. Je ne sais pas pourquoi mais … ça ne m’étonnerait pas de la part d’Emy … » Il comprenait, disait-il ? Visiblement pas assez puisqu'il semblait même en rire ! Et Merlin soit loué, comme ce ton attendri et permissif, bêtifiant pouvait l'exaspérer ! « Tu trouves ça drôle ?! » interrogea-t-elle, sa voix choquée et presque ahurie laissant clairement entendre qu'il n'avait pas intérêt à approuver. C'est vrai, réalisait-il seulement ce qu'Emerson et elle avaient pu traverser dans cette épouvantable pièce ?! Non, évidemment pas, puisqu'elle ne lui avait rien dit. Cléo oublia pourtant instantanément tout espoir de lui faire appréhender l'ampleur de ce qu'elle avait connu dans cette salle à la vue du sourire niais étirant les traits de Dayton – sourire dont le simple rappel lui était on ne peut plus douloureux et pénible, puisqu'elle avait vu le même lui être adressé dans la Salle de l'Effroi. Godric la préserve, c'était précisément à cause de ce genre de choses qu'elle avait toujours souhaité ne jamais sortir avec quiconque ! Ses ongles griffèrent nerveusement la pierre solide du sol dallé tandis qu'elle grinçait férocement des dents pour apaiser son emportement ; et même si consoler le préfet – le consoler de quoi, d'ailleurs ? N'était-elle pas celle qui avait le plus à se plaindre dans cette affaire, hormis sans doute Emerson ? – ou même se montrer empressée à son égard était à présent à des années-lumière de ses pensées puisqu'elle avait plutôt envie de le mordre, Cléo se raidit au contact des bras de Dayton sur sa peau et de son torse dans son dos. Dire qu'elle ne s'était pas attendue à ce geste était un euphémisme : elle avait mis le plus grand soin à instaurer entre eux une distance soignée, à ne favoriser aucun contact physique direct ou signifiant, et voilà que cette étreinte même innocente la déstabilisait totalement. La colère, elle pouvait faire avec : c'était même un coup de fouet bienvenu puisqu'il lui permettait tout à la fois de reprendre ses esprits et de nourrir à l'encontre du cinquième année des émotions tout sauf bienveillantes – mais cette tendresse inattendue chamboulait tout son être, l'empêchant absolument de se protéger derrière sa solide muraille de mauvaise humeur.

D'un geste naturel et avec beaucoup trop d'aisance, Cléo enroula sa main autour du poignet du jeune homme apposé au creux de sa gorge et ferma les yeux, ne sachant trop quoi dire.

« Pardonne-moi Cléo … Tu sais que je n’ai jamais été doué pour les mots, je n’aurai pas dû m’énerver. C’est juste que … C’est troublant. Et puis, Emy ne m’a presque rien dit ; tout ce que je sais, c’est qu’un Épouvantard a pris mon aspect devant toi … Je ne te fais pas peur, si ? » Devait-elle vraiment répondre à cette dernière interrogation, ou n'était-ce qu'une question purement réthorique ? Cléo avait bien l'impression désolante qu'elle allait en effet devoir répondre à celle-ci. La rupture de contact de Dayton eut pourtant le don de lui remettre les idées tout à fait en place et soudain, elle sut ce qu'elle devait faire : dire la vérité - ou du moins, une partie ...

« Si tu n’as pas envie de m’en parler, ce n’est pas grave… Mais je t’en prie, ne m’évites plus. – Je ne peux pas te promettre cela. répliqua-t-elle abruptement. Se levant avec raideur pour s'éloigner de la proximité troublante du préfet, Cléo se posta debout face à la cheminée, les bras croisés, les yeux perdus dans les flammes. – L'Épouvantard ne s'est pas uniquement contenté de prendre ton aspect, commença-t-elle, il a aussi ... Bon sang, que c'était dur ! – Enfin bref il m'a embrassée. Sous ton apparence. Ça y est, elle avait enfin jetée la bombe sur la table. Et ça ne la soulageait pas le moins du monde.

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