Confrontation || Adam ||

Il devait être cinq ou six heures du matin lorsque Paris émergea de son sommeil. Il se redressa difficilement, après avoir dormi quelques heures seulement. Autour de lui ses camarades de chambrée roupillaient toujours, comme en attestaient leurs tranquilles respirations. Le Serpentard se dégagea de ses couvertures et se leva, attrapant au passage quelques affaires avant de prendre la direction de la salle de bain. Encore somnolant, les yeux à peine ouvert il se posta devant un des grands miroirs de la pièce avant d’ouvrir un robinet pour se passer de l’eau glacée sur le visage. Cela le réveillerai peut être un peu. Il s’habilla rapidement avant de passer prendre un sac avec quelques affaires dans sa chambre. Puis il se hâta vers la salle commune sans vraiment se préoccuper de ses cheveux encore ébouriffés et de sons allure dépareillée. Paris comptait bien aller s’entraîner un peu sur le terrain de Quidditch avant de débuter une longue journée de cours. Il regrettait déjà de ne pas avoir programmé une séance matinale pour tous les joueurs de l’équipe de Serpentard. Certains d’entres eux auraient mérité de travailler quelques situations tactiques qui étaient toujours mal rejouées lors des matchs ce qui avait le don d’énerver le capitaine de l’équipe… Enfin bref… Paris arriva au terrain de Quidditch et commença à bosser plusieurs figures aériennes dignes des meilleurs joueurs du championnat. Il faisait encore sombre et une brume épaisse rendait ce jeu bien plus amusant et dangereux. Après ça il sortit deux cognards qu’il ensorcela pour qu’une légère source de lumière les entoure ce qui permettait de les repérer plus facilement. Il se mit à frapper de toutes ses forces vers des cibles mouvantes qu’il utilisait régulièrement lorsqu’il était seul. Lorsque le soleil fit son apparition, Paris se rendit aux vestiaires où il prit une douche rapide et revêtit son uniforme aux couleurs de Serpentard.

Ce fut d’une humeur maussade qu’il se résigna à reprendre le chemin du château. Portant son sac sur une de ses épaules il alluma une cigarette tout en marchant. Il leva alors la tête vers une des tours, celle qui avait été détruite lors de la dernière attaque. Elle était presque reconstruite à présent… Cet événement fâcheux n’avait pas chagriné Paris, au contraire cela l’avait plutôt amusé. D’autant plus que l’arrivé de quelques Serdaigle avait permis de pimenter un peu la vie du dortoir. Surtout pour Paris. Depuis plusieurs moi il se tuait à la tâche pour mettre au point des potions d’un nouveau genre, des potions que les élèves ne voyaient pas en cours. Notamment parce qu’elle était très longue et difficile à réussir et que leurs effets pouvaient être dangereux... Le jeune homme avait testé et appris depuis plusieurs années de nombreux sortilèges et potions interdites à l’abri de tous. Simplement par fascination et envie d’être plus fort. Les nouveaux arrivants avaient donc fait de magnifiques cobayes. Heureusement pour eux, la potion que Paris avait utilisée n’avait rien de dangereux. Il s’agissait seulement d’une fiole contenant non pas une solution liquide mais gazeuse. Il suffisait qu’on l’ouvre ou qu’elle se brise pour laisser échapper une fumée sombre provoquant chez celui ou celle qui la respirait de soudaines pulsions les amenant à succomber aux charmes de la personne se trouvant à ses côtés. Paris avait donc déposé cette fiole dans la chambre que l’on avait attribuée à Adam Meyer… Et il avait été très satisfait du résultat !

Cependant une chose le tracassait toujours… Il n’avait pas réussi à mettre la main sur Jennings, il était de plus en plus persuadé qu’elle avait eu un rejeton… Qui était le sien par la même occasion. Quelle idiote ! Mais dans le cas où cette histoire était vraie… Il ne se contenterait pas d’une simple potion comme celle utilisée contre les Serdaigle.

Jetant un dernier coup d’œil à la tour reconstruite, il jeta son mégot de cigarette qu’il écrasa sèchement avec son pied…

Spoiler:

Le temps n’était pas aux réjouissances. Et le ciel clair rendait Adam encore plus morose. Il aurait du pleuvoir, à grosses goutes, une averse comme on en voyait peu. Mais il faisait au contraire étrangement beau. Le ciel était parfaitement dégagé désormais, la brume matinale chassée. Ce n’était pas par envie qu’Adam passait alors les lourdes portes de chênes pour quitter le château. S’il s’était écouté, il serait resté sagement à l’intérieur, peut-être même au fond de son lit à ruminer, aussi peu son genre que ce fusse. Seulement, il avait croisé Bonnie. Le phénomène était plutôt rare en soit, et s’il n’y avait pas eu leurs réguliers rendez-vous par rapport à la mission ou la malédiction qui les liait, ils ne se verraient probablement jamais. Et Adam s’en portait très bien. Moins il la voyait, et mieux les choses allaient. Surtout depuis qu’il sortait avec Garden. Bonnie n’était pas facile à berner, et Adam se doutait qu’il ne s’agissait que d’une question de temps avant qu’elle ne surprenne le pot-aux-roses.

Toujours était-il que là, en l’occurrence, elle lui était tombée dessus. Et Adam était trop observateur pour ne pas se rendre compte qu’elle devait précisément le chercher. Elle lui avait simplement glissé à l’oreille une phrase sibylline, en le coinçant dans un couloir désert, puis elle s’en était allée sans plus d’explication alors qu’aucun bruit de pas ne l’incitait particulièrement à la prudence. Elle lui avait simplement conseillé de prendre la direction du Parc. Pourquoi? Ce n’était pas une information qu’elle avait trouvé utile de lui donnait. Adam restait dubitatif, mais en même temps il pouvait difficilement ne pas aller vérifier par lui-même ce qu’il y avait de si urgent à voir dans le Parc. Et ce n’était pas comme s’il avait plus urgent à faire. Clyde n’étant vraisemblablement pas dans les parages, sa principale activité tombait à l’eau. Avec un soupir, il rejoignit les grands escaliers, et ceux-ci se montrèrent extrêmement dociles pour le mener vers le rez-de-chaussée. Ce devait être la première et unique chose qui fonctionnait bien depuis un bon moment. A tel point que cela tira un sourire fin à Adam, alors qu’il traversait désormais le hall à pas pressés. Plus vite il rejoindrait le Parc, plus vite il constaterait que Bonnie l’avait envoyé dans une impasse, et plus vite il pourrait reprendre sa routine désastreuse.

Machinalement, il lança son pied dans un lopin de terre qui alla s’éparpiller un peu plus loin. Les mains enfoncées dans les poches, il avançait dans le Parc sans grand espoir lorsque, relevant à peine les yeux, il tomba nez à nez avec un illustre inconnu. Paris Montgommery. Il s’arrêta net et dévisagea le serpentard qui continuait à avancer dans sa direction. Et lorsqu’il s’arrêta à son tour, avisant de l’obstacle que représentait Adam, ce dernier lança avec audace:

« Soucieux, Montgommery? »

Il ne s’agissait que d’une manière de lancer la conversation, en réalité Adam s’inquiétait peu que l’autre puisse avoir le moindre problème. De toute façon, il était acquis dans son esprit que le serpentard était incapable de nourrir le moindre état d’âme. Ce n’était qu’un tortionnaire et un meurtrier.

Adam avisa de l’équipement que transportait Montgommery, et le désigna d’un signe de tête en ajoutant:

« L‘entraînement c‘est bien, mais dans votre cas c‘est désespéré. »

Il donnait le ton, sans équivoque, sans limite. Et s’il ne s’intéressait qu’excessivement peu au Quidditch, il trouvait bon de faire semblant dans la mesure où ça lui permettait de mettre en rogne Montgommery ne serait-ce qu’un minimum. Une expression calme et impassible ornait son visage, et pourtant Adam était à bout de nerf. Cette confrontation n’arrivait pas nécessairement au bon moment; mais Adam se sentait prêt à l’accueillir. Peu importe les dispositions dans lesquelles il se trouvait, il ne flancherait pas, ou du moins pas négativement. S’il flanchait, ce serait uniquement pour faire mordre la poussière à cette homme qui lui avait pris sa mère. Ou plutôt, qui s’apprêtait à lui prendre, en toute impunité, et sans le moindre sentiment.
Bonnie devait savoir que Paris était allé s’entraîner sur le terrain de Quidditch, et qu’il ne tarderait pas à traverser le Parc pour revenir au château. Adam ne doutait pas de ses motivations, elle avait à dessein provoqué cette rencontre.

Spoiler:

Une légère brise fraîche s’empara de son mégot qui s’en alla voleter quelques mètres plus loin. Paris le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il aperçoive une autre personne s’approcher. Il releva les yeux vers celle-ci. Il s’agissait d’Adam Meyer. Quelle coïncidence ! Voilà l’élève qui lui avait servit de cobaye pour le test de sa toute nouvelle potion. Le Serpentard s’avança vers lui d’un pas lent et décontracté, affichant un sourire en coin que peu de gens pouvaient supporter. Le Serdaigle avait stoppé sa progression fixant Paris d’un air plutôt dédaigneux ce qui ne fit qu’accroître son désagréable sourire. Paris se demanda si l’autre jeune homme avait deviné que c’était lui l’auteur de ce subterfuge, ce stratagème qui l’avait poussé à batifoler avec Emalee Gilliam. Sans crainte il s’approcha d’Adam jusqu’à ce poster devant lui en gardant tout de même un bon mètre de distance. Ce fut Meyer qui parla le premier :

« Soucieux, Montgommery? »

Ah ça oui il était soucieux… Encore et toujours à cause de Jennings. Cette histoire ne le réjouissait en aucun cas. Si ses suppositions étaient justes il avait de quoi être tracassé. Il devait trouver Tabatah avant d’envisager quoi que ce soit et la questionner… Tout ça le rendait tendu… Mais jamais il n’aurait pu penser que son propre fils était à présent devant lui. D’ailleurs ni l’un ni l’autre ne pouvait soupçonner le lien qui les unissaient. Ou du moins pas encore. En espérant que tout ça puisse rester secret le plus longtemps possible. En tout cas Adam, lui, avait de quoi en vouloir à Paris sans même que ce dernier ne s’en rende compte. Mais si Montgomery apprenait la vérité sur le mioche de Jennings, ce qu’on lui reprochait pourrait avoir lieu une nouvelle fois… Et dans ce cas là, il le regretterait. Évidemment pour l’instant rien de tout ça n’allait être au goût du jour, normalement tout devrait bien se passer. Il fallut tout de même que Meyer l’ouvre pour parler de l’équipe de Quidditch de Serpentard prétendant qu’elle n’était pas à la hauteur et que c’était perdu d’avance.

« L‘entraînement c‘est bien, mais dans votre cas c‘est désespéré. »

Ce qui n’était vraiment pas la chose à dire en la compagnie de Paris Montgomery. Il avait tord cependant car l’équipe avait toute ses chances. Il fallait seulement que les paresseux qui lui servaient de coéquipiers suivent ses directives et jouent comme ils l’avaient fait pour le moment. Et Serpentard finirait premier cette année. Le Quidditch était tout pour Paris, depuis son plus jeune âge, sa passion. Il y consacrait des heures et des heures surtout après avoir intégré l’équipe des Canons de Chutley. Il était fort, sûrement le meilleur de l’école. C’était grâce à ça qu’il avait gagné toute sa popularité au fils des années. Et c’était ça aussi qui n’avait fait qu’intensifier cette haine et rivalité avec Zane… Qui était capitaine chez les Gryffondor. Inutile d’imaginer à quoi pouvait ressembler les repas de famille chez les Montgomery. Surtout si l’on ajoutait à ça les faits de cette année.

Paris trouvait Meyer bien insolent de venir lui dire une telle chose. Il lui répondit sans hésitation un ton en dessous et sans énervement :

Paris – « Dans notre cas ? Meyer si tu es venu pour me donner des conseils sur le Quidditch je t’en supplie arrête tout de suite. Je ne crois pas t’avoir déjà vu sur un balai… Je me trompe ? Serpentard n’a pas eu une aussi bonne équipe depuis que je suis capitaine. Si je n’étais pas là … Je comprendrais que tu puisses utiliser le mot désespéré. Mais dans le cas présent je pense qu’on va gagner la coupe encore une fois… Tu sais, jouer dans une équipe professionnelle ça aide beaucoup lorsqu’on doit gérer son propre groupe… Alors les entraînements ça me connaît. Oh ! Tu vois t’en as déjà marre de m’entendre parler de tout ça… Ça m’arrange d’ailleurs car j’ai d’autres choses plus importantes à faire… »

S’il croyait déstabiliser le Serpentard aussi facilement il se trompait. Surtout pour un élève qui ne faisait même pas parti d’une équipe. Paris leva les yeux vers le ciel avant de reprendre tranquillement son chemin vers le château. Pourtant il se doutait bien que Meyer n’allait pas en rester là…