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Misunderstanding | ft. Adam

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Message par Samaël E. Wilson Mer 27 Oct - 2:38

Je jette un regard suspicieux aux alentours pour m'assurer qu'il n'y ait personne dans les parages. Si quelqu'un me voyait là ou entendait ce qui se dit ici, je n'ose même pas imaginer ce qui en découlerait. Peut-être qu'au rumeurs qui me disent en couple avec Curtis s'ajouterait une nouvelle selon laquelle j'engrosse des filles dans le dos de mon amant. D'accord, celle-là ne sera peut-être plus si fausse dans un avenir lointain, à en croire les timbrés de service qui ont débarqué à Poudlard il y a quelques temps. Mais pour une fois, je n'ai définitivement rien à me reprocher. Et Merlin, ça me change! Il n'empêche qu'évidemment les ennuis me tombent dessus à longueur de temps. Et cette fois, ils se sont présentés sous les traits défaits de Tabatah Jennings. Debout devant moi, elle semble complètement désemparée alors que je me contente de m'obliger à ne pas céder. Depuis combien de temps sommes-nous là? Elle a tenter de me convaincre de changer d'avis, moi à essayer de lui faire comprendre qu'elle n'obtiendra pas gain de cause. À travers son regard, je devine le pli amer de mes lèvres et la dureté de mon visage et, quelque part, sa détresse face à ma propre inflexibilité me fait me sentir... coupable. Mais je secoue a tête pour chasser cette pensée stupide de mon esprit. Cette farce déplaisante n'a que trop duré.

« On ne peut pas tout arrêter maintenant, Sam, je... »
« Il n'y a pas de Sam qui tienne, Jennings. J'ai fait plus que ma part, et il n'est pas question que cette mascarade se prolonge. Si ma famille entend parler de ton bâtard, je devrai en assumer les conséquences. Et il n'est pas question que je te laisse ruiner ma vie. »
« Si tu avais pris la peine d'aller le voir à l'infirmerie, je suis sûre que tu changerais d'avis! Quand tu le verras... il ne pourra que te plaire, Sam. Il est si petit, si fragile... j'ai peur qu'il ne lui arrive quelque chose... »
« Mais ce n'est pas mon problème, bon sang! Il n'est pas question que je le vois, je veux seulement que vous disparaissiez tous les deux de ma vie! C'est toi qui as refusé de t'en débarrasser. »
« Il n'y a donc pas une once d'humanité en toi? Je ne peux pas croire que tu me reproches d'avoir choisi de garder cet enfant. Je sais que l'élever sera difficile, je suis encore si jeune... et c'est pourquoi j'ai besoin de ton aide! Il... il est spécial, 'Tana me l'a dit... »
« Et bien sûr, les prédictions de cette fille sont sensées m'émouvoir. Je veux dire... elle est folle à lier, tout le monde le sait. Qui ne souhaiterait pas prédire à ses proches un brillant avenir? Elle s'est simplement rendue compte que la bonne à rien que tu es n'as aucune chance de devenir quelqu'un d'important, alors elle t'a servi une idiotie concernant ton gamin à naître. Tu parles d'une prophétesse... »
« J'ai foi en ses visions. Je sais qu'elle a raison, et je ferai tout pour que cette enfant accomplisse ce pour quoi il est né. Mais même sans ça... comment peux-tu l'abandonner maintenant? J'avais cru... »
« Oh pitié, arrête le mélodrame, tu veux? Tu avais cru qu'après avoir été forcé de vous protéger durant ta grossesse je me découvrirais un soudain instinct paternel? J'ai dix-sept ans, j'ai des ambitions, et m'occuper de toi et de ton rejeton n'en a jamais fait partie. »

J'ai connu Tabatah plus virulente. Elle savait d'ailleurs manier les mots avec brio, lors de nos premières entrevues, si bien qu'avant même que je ne m'en rende compte, elle était parvenue à m'entraîner dans un projet auquel je n'aurais jamais pris part de mon plein gré : m'assurer que son « état » ne s'ébruite pas. Pour une raison qui m'échappe, elle était persuadé – et semble l'être encore – que quelqu'un puisse s'intéresser à elle et son bébé. Du moins, je ne comprenais pas avant d'apprendre le nom du père de l'enfant en question : Paris Montgomery. Évidemment, le savoir ne m'a pas aidé plus que ça; au contraire. L'idée de protéger l'enfant de mon ennemi m'a tout simplement été insupportable, et le fait qu'il serait furieux d'apprendre l'existence d'un bâtard de son sang en pleine santé, né d'une sorcière de sang impur qui plus est, n'était à mes yeux qu'un maigre réconfort. J'ai pourtant joué le rôle dont elle m'avait affublé. Combien de curieux ai-je détourné de leurs doutes concernant sa grossesse? Combien d'autres ai-je fait taire pour que sa situation ne s'ébruite pas? Mais comme si m'utiliser comme larbin ne lui suffisait pas, elle s'est permis d'aller plus loin. Parce qu'au bout de quelques mois, nier ne servait bien sûr plus à rien. Son propre corps trahissait le secret qu'elle s'était efforcée de garder durant tout ce temps. La première fois qu'elle a clairement laissé entendre que j'étais le père de son enfant, j'ai été mortellement tenté de révéler la vérité à celui dont elle voulait étouffer les soupçons. Au lieu de quoi je me suis calqué sur ses paroles, en mettant peut-être un peu trop de hargne à faire déguerpir l'imbécile qui la questionnait. J'ai eu beau prévenir Jennings que je n'accepterais pas qu'elle m'utilise une nouvelle fois comme excuse, mes remarques n'ont pas eu beaucoup d'impact sur elle, puisqu'elle a quasiment fait de cette histoire sa version officielle...

Je détourne les yeux alors qu'elle semble prête à s'effondrer en larmes. Pas que ça me touche particulièrement, mais... Je ne sais pas. Est-ce qu'il se peut que je me sois attaché à elle.. à eux, après tout ça? Non. Non, ça ne peut pas être le cas. Cette seule idée me semble si incongrue que j'émets un léger ricanement en la regardant de haut.

« C'est tellement... c'est juste n'importe quoi! Tu m'imagines, moi, t'aider à t'occuper d'un enfant? – je m'interromps un instant en y repensant, puis me décide à mettre un terme à cette rencontre. La dernière. Pendant combien de temps ai-je attendu ce moment? Écoute Jennings... on ne va pas rester ici éternellement. Puisque tout est dit... »
« Tu ne changeras pas d'avis... »
Non. »

Mon timbre est sans appel, et je m'oblige à sembler sûr de moi alors que je ne le suis pas tant. Elle me trouvera sûrement égoïste; elle n'aura pas tord. Je l'entends à peine ajouter quelque chose; peut-être des remerciements pour ce que j'ai fait jusqu'à présent. Essaie-t-elle de me faire culpabiliser? Peu importe. Je me désintéresse du bruit de ses pas qui s'éloignent, m'efforçant de ne pas la regarde s'éloigner alors même que son manque d'assurance fait naître en moi une envie étrange... celle de revenir sur ce que j'ai affirmé tout à l'heure. Mais j'ai déjà assez à faire avec les problèmes qui me concernent pour en plus de charger de ceux des autres.

« Enfin débarrassé » – je marmonne sans penser que quiconque puisse m'entendre.

Et je suis surpris d'entendre une porte s'ouvrir à la volée juste à côté de moi. À l'instant où retentit la sonnerie annonçant la fin des cours de l'après-midi, je me retrouve face à.. l'un de ces quatre élèves étranges qui sont arrivés il y a quelques mois. Meyer, si je ne me trompe pas.
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Message par Adam Meyer Jeu 28 Oct - 16:19

J’errais dans les couloirs en toute impunité et, décidément, qu’est-ce que j’aimais ça! Personne ne faisait attention au petit chat noir que j’étais, certains s’écartaient parfois en cachant leur crainte, mais dans l’ensemble je passais assez inaperçu. Cela faisait déjà quelques jours que j’utilisais ma forme animale pour me faufiler dans le dortoir d’une certaine poufsouffle et l’approcher sans qu’elle prenne peur. C’était le choix que j’avais fais pour lui offrir une présence amicale, la surveiller et la pousser à me confier ses malheurs. Car Garden était définitivement plus soucieuse et torturée que je ne me serais permis de le penser. Elle cachait tant d’émotions et de ressentiments dans sa petite caboche, arborant en toute occasion un sourire jovial, que je ne m’en serais pas douté si je ne l’avais jamais vu lorsqu’elle se pensait à l’abri des regards. C’était en toute innocence et sans la moindre inquiétude qu’elle me confiait ses peurs et ses doutes, certaine de s’adresser à un chat des plus ordinaires. J’avais conscience que mon comportement était répréhensible, mais je ne pouvais m’empêcher d’aller la voir, de lui prêter une oreille attentive. Je connaissais les conséquences. Si Garden découvrait le pot aux roses, cette fois ci, c’était sûr, elle ne m’adresserait plus jamais la parole. Mais au fond, cela importait peu. Tout ce que je voulais, c’était être là pour elle alors qu’elle en avait précisément besoin, et la surveiller sans en avoir l’air. C’était assez misérable de ma part, mais j’étais persuadé que mon plan était sans faille.

Je quittais à peine la salle commune des poufsouffle, où j’avais tenu un moment compagnie à Garden. J’avais désormais une autre idée en tête. C’était elle qui me l’avait soufflée d’ailleurs. Elle m’avait confié -ou du moins au chat que j’étais- vouloir retrouver ma mère et, pour cela, elle entendait avoir une petite conversation avec Montana qui devait nécessairement être une proche amie à elle. C’était bête, mais soudain je m’étais remémoré la rencontre un peu brutale que j’avais eu avec une serdaigle plusieurs mois avant. Je l’avais identifiée comme une amie à Montana et qui plus est enceinte. Plus tard, je l’avais surpris avec un serpentard, qui semblait revendiquer la paternité de son enfant à naître. Ça m’avait paru suspect sur le coup, car je m’étais demandé, une fois de plus, qui diable pourrait être cet enfant dans le futur, à mon époque! Mais j’avais rapidement été rattrapé par d’autres préoccupations et m’en était donc complètement désintéressé. Aujourd’hui je m’en mordais les doigts. Étais-je passé à côté d’une information primordiale me concernant en premier lieu? Je ne pouvais être parfaitement certain, mais le doute qui s’était immiscé dans mon esprit suffisait à rendre essentielle une enquête plus poussée.

Je n’eus pas à aller loin pour trouver celle qui m’intéressait. En effet, des éclats de voix m’interpellèrent et j’eus tôt fais d’identifier le visage de la serdaigle que j’avais déjà croisé. Je n’eus pas à me soustraire à sa vue, elle semblait en trop grande conversation avec un garçon qui me tournait le dos pour m’accorder la moindre attention. Longeant le mur, je n’en prêtai pas moins une oreille attentive à leur échange.

« Si tu avais pris la peine d'aller le voir à l'infirmerie, je suis sûre que tu changerais d'avis! Quand tu le verras... il ne pourra que te plaire, Sam. Il est si petit, si fragile... j'ai peur qu'il ne lui arrive quelque chose... »

Ainsi, l’enfant était né … Il ne me fallut qu’un instant pour faire le calcul dans ma tête. Cela coïncidait assez bien avec ma date de naissance présumée.

« Mais ce n'est pas mon problème, bon sang! Il n'est pas question que je le vois, je veux seulement que vous disparaissiez tous les deux de ma vie! C'est toi qui as refusé de t'en débarrasser. »

Et cette réflexion me rappela ce que Montana avait lâché sans prendre garde sur mon père, et les conclusions que j’en avais tiré.

« Il n'y a donc pas une once d'humanité en toi? Je ne peux pas croire que tu me reproches d'avoir choisi de garder cet enfant. Je sais que l'élever sera difficile, je suis encore si jeune... et c'est pourquoi j'ai besoin de ton aide! Il... il est spécial, 'Tana me l'a dit... »

Plus de doute possible. Elle parlait de Montana et de ses visions. Ainsi elle en avait eu une sur moi avant même sa naissance? Une vision qui m’identifiait comme quelqu’un de « spécial ».

« Et bien sûr, les prédictions de cette fille sont sensées m'émouvoir. Je veux dire... elle est folle à lier, tout le monde le sait. Qui ne souhaiterait pas prédire à ses proches un brillant avenir? Elle s'est simplement rendue compte que la bonne à rien que tu es n'as aucune chance de devenir quelqu'un d'important, alors elle t'a servi une idiotie concernant ton gamin à naître. Tu parles d'une prophétesse... »

J’aurais bien eu envie de lui sauter au visage et de le griffer jusqu’à ce que mort s’en suive. Dans un même temps, il traitait Montana de folle et de charlatan et parlait à la serdaigle, ma mère, comme s’il avait à faire à une ratée et une moins que rien. Mes nerfs étaient sur le point de lâcher, mais la curiosité me rongeait trop pour que je loupe une seule miette de la conversation.

« J'ai foi en ses visions. Je sais qu'elle a raison, et je ferai tout pour que cette enfant accomplisse ce pour quoi il est né. Mais même sans ça... comment peux-tu l'abandonner maintenant? J'avais cru... »
« Oh pitié, arrête le mélodrame, tu veux? Tu avais cru qu'après avoir été forcé de vous protéger durant ta grossesse je me découvrirais un soudain instinct paternel? J'ai dix-sept ans, j'ai des ambitions, et m'occuper de toi et de ton rejeton n'en a jamais fait partie. »

Une boule de poil menaça de me faire cracher sur ces dernières paroles. Quel idiot! Je n’arrivais pas à croire qu’un ingrat et un égoïste pareil puisse être mon père … pourtant je n’étais pas moins même un modèle de sympathie. Était-ce les gênes paternels qui avaient voulu ça? La serdaigle semblait, elle, totalement douce mais désemparée. Je la considérais d’un regard tendre, avant de prendre conscience qu’un chat n’était pas sensé espionner les conversations de cette façon.
Je profitai donc que les deux reprenaient leur discussion pour me faufiler dans une salle dont la porte était restée entrouverte. Là, j’eus tout le loisir de reprendre ma forme initiale. Et lorsque je le fis, l’importance du moment auquel je venais d’assister me saisit et ma tête me fit un mal de chien. C’était comme regarder un ancien film et se revoir petit tout en découvrant des scènes dont on ignorait tout. J’avais conscience que cet échange dans le couloir s’apprêtait à avoir des répercutions monumentales sur ma vie, ou plutôt celle du petit qui devait dormir innocemment à l’infirmerie. C’était le moment où mon père biologique avait décidé que je ne serais plus un poids pour lui et avait ainsi laissé ma mère à la merci de Montgommery. Mais il n’était pas trop tard pour redresser la situation.
J’entendis des pas pressés dans le couloir, surement ceux de ma mère qui s’éloignait, déçue. Car par delà la porte légèrement entrouverte j’entendis distinctement:

« Enfin débarrassé »

Cette fois ci c’en est trop. Me sang ne fit qu’un tour et je sortis de la salle en laissant la porte claquer contre le mur en s’ouvrant. Le regard de cet ingrat tomba alors sur moi. C’était la même personne que j’avais vu revendiquer la paternité de l’enfant à naître de celle qui semblait être ma mère. Un serpentard qui semblait totalement pourri de l’intérieur et jusqu’au plus profond de ses entrailles.

« Comment oses-tu lui parler de cette manière?! »

Je n’avais pas réfléchi, c’était sorti sans que je pèse mes mots. Le serpentard avait tous les droits d’être surpris et de trouver étrange que moi -qu’il identifierait comme l’un des élèves arrivés en cours d’année s’il n’était pas trop bête, je puisse prendre la défense d’une parfaite inconnue. Il se demandait surement en quoi cela pouvait bien me concerner, et il trouverait sans doute ridicule que j’aie pu écouter leur conversation en silence. Je fis quelques pas dans sa direction, malheureusement la cloche venait de retentir et nous ne tarderions pas à être ensevelis sous un flot d’élèves. Sans réfléchir davantage, je saisis le serpentard par le bras et le trainai à l’intérieur de la pièce que je venais de quitter, en prenant soin de refermer la porte derrière nous. Le considérant d’un œil noir, je croisai les bras et lançai:

« Je ne sais pas qui tu es, mais j’ai honte si tu es ce que … » J’avais un trou bien malheureux, je n’arrivais même plus à retrouver le nom de ma mère potentielle. Je tentai cependant de ne pas montrer mon hésitation en reprenant comme si je n‘avais pas laissé de phrase en suspens: « Tu es un ingrat doublé d’un idiot si tu penses qu’elle va s’en sortir sans toi! Montgommery va la tuer si tu ne réagis pas! » Au moins je serais fixé. S’il réagissait à ce nom, il y avait des gens que la serdaigle soit ma mère, et lui mon père. Des chances? Ce n’était pas le mot exact, car j’avais l’impression que la vérité allait m’accabler.
Adam Meyer
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Message par Samaël E. Wilson Ven 29 Oct - 15:30

Je dévisage celui qui m'a fait brusquement face à l'instant, cherchant à comprendre par quel miracle il a bien pu se faufiler jusqu'ici... sans même que je ne le vois! Je suis pourtant certain d'avoir fait le tour avant l'arrivée de Jennings, d'avoir vérifié que les salles autour de notre point de rendez-vous étaient vides. Et même alors qu'on parlait, je n'ai eu de cesse de regarder frénétiquement autour de moi pour m'assurer que cette déplaisante conversation resterait strictement privée. Mais la porte située à deux pas de moi à peine tourne encore sur ses gonds en grinçant après le traitement peu délicat qu'elle vient de subir, et il est bien là face à moi, ce garçon étrange auquel je ne m'étais certainement pas attendu à adresser la parole un jour. Le plus de contact que j'ai eu avec l'un des siens a été durant les premières semaines ayant suivi leur arrivé. Une certaine Bonnie avait rejoint la Maison de Serpentard, et j'ai remis en doute la prétendue pureté de son sang. C'est vrai, quoi! Ils débarquent d'on ne sait où, racontent des histoires farfelues impossibles à vérifier... Mon père travaille au Ministère; il est bien placé pour savoir quelles sont les familles les plus respectables, celles avec qui entretenir des relations cordiales pour l'avenir est nécessaire. Et d'après lui, il n'y trace de cette Bonnie... quel est son nom, déjà? Qu'importe. Il n'y trace d'elle nulle part, donc. Je me suis questionné un moment à leur sujet : noms d'emprunt? Mission dont le but devait demeurer secret à tout prix? Mais ces questions n'ont pas trouvé de réponse, et je les ai laissées derrière moi comme quantité négligente.

« Comment oses-tu lui parler de cette manière?! »

Tout dans son attitude, son timbre, ses réactions impulsives, montre à quel point il est... furieux. Allons donc! Je serais tombé sur un fervent défenseur de la veuve et de l'orphelin? Mais plus qu'une simple surprise, je tout bonnement paniqué lorsqu'il me donne, par cette question déplacée, la confirmation de l'une de mes craintes : il a tout entendu. Ce n'est que par pure habitude que je parviens à masquer ce sentiment derrière mon arrogance, et je m'applique à montrer d'un regard à cet hurluberlu que je n'ai aucune intention de lui répondre. Il n'a aucun droit de me demander des comptes pour quoi que ce soit! Comment ose-t-il d'ailleurs s'afficher ainsi alors que sa curiosité l'a poussé à s'incruster dans une conversation qui ne le concerne en rien? Il se rapproche, m'arrachant un haussement de sourcil, mais la sonnerie stridente qui retentit brise le contact oculaire entre nous alors que je me détourne en m'attendant à voir surgir l'habituelle masse d'élèves enfin libérée des cours de la journée. Lui réagit autrement : si ma dernière envie est de lui fournir des explications au sujet de mes choix, il semble décidé à obtenir des réponses à ses questions. D'ailleurs, il m'entraîne brusquement dans la salle dont il a surgit à l'instant comme un diable en boîte, et je m'y retrouve enfermé avec lui avant d'avoir eu le temps de dire « Quidditch ». Ni une ni deux, je me dégage de sa prise tout aussi brusquement qu'il m'a imposé son contact et le contemple d'un air torve.

« Je ne sais pas qui tu es, mais j’ai honte si tu es ce que … Tu es un ingrat doublé d’un idiot si tu penses qu’elle va s’en sortir sans toi! Montgommery va la tuer si tu ne réagis pas! »

Je n'aurais sans doute pas prêté attention à son hésitation s'il n'avait sauté d'une phrase à l'autre sans prendre le temps de finir la première. Hésitation due à la colère? Je n'en ai aucune idée, et je dois dire que c'est le cadet de mes soucis pour l'instant.

« On écoute aux portes, Meyer? »

Le persifflement que je lui ai adressé au lieu de la réponse qu'il attendait ne semble pas lui plaire plus que ça. J'ai lancé ce nom selon ce qui me revenait en mémoire, avec l'espoir qu'il n'ait aucune idée du mien – parce que selon moi, savoir au sujet de mon interlocuteur plus qu'il n'en sait à propos de moi me permettra de faire pencher la balance en ma faveur, ne serait-ce que dans un premier temps. Mais je suis loin de ressentir le calme dont je veux faire montre. Comment... Comment est-il au courant de ça? Une sourde inquiétude monte en moi alors que je repense aux paroles de Tabatah, à ses suppliques, et je mets plus de temps que tout à l'heure à les repousser. Non. Non, je ne veux pas me sentir concerné par tout ça. Seulement, la question reste. D'où sait-il que Montgomery à quoi que ce soit à voir dans cette histoire? Quelque chose me dit que l'apprendre ne me plaira pas outre mesure, mais je me sens obligé de vérifier... de savoir ce qu'il sait exactement, et de quelle façon il l'a appris. C'est donc avec une suspicion à peine masquée que je lui adresse de nouveau la parole.

« Qu'est-ce qui te fait croire que Montgomery ait des raisons de s'intéresser à cette demi-sang? Il est bien trop occupé à faire des galipettes avec son équipe de perdants pour se soucier de cette fille et de sa petite vie minable. »

Je regarde autour de moi, conscient que l'état d'énervement dans lequel il se trouve le départit de toute once de patience. Si c'est le cas, je n'hésiterai pas à jouer là-dessus pour accroître son agacement. Après tout... un homme parle plus lorsqu'il perd le contrôle de ses raisonnements, et sa colère peut justement m'aider à le pousser à bout. Il a déjà commencé à parler plus que nécessaire, je m'en rend compte : le fait qu'il ait la certitude que cette histoire a de l'importance, qu'il soit persuadé que Paris tentera d'éliminer, tout cela est louche. Ses informations et ses doutes lui viennent forcément de quelque part.

La salle me semble étrangement confortable, comparée à celles quelque peu poussiéreuses qui l'entourent. On dirait une sorte de salon; à la place des traditionnels pupitres d'élèves, elle est meublée d'une table basse entourée de fauteuils à l'aspect confortable. Je contourne Meyer pour en atteindre un, sans pourtant pouvoir m'empêcher de continuer de le surveiller du coin de l'oeil. Je m'assois de façon à lui faire face, l'air pensif, et tapote l'accoudoir du bout des doigts.

« En quoi cette histoire t'intéresse, de toute façon? Mieux : en quoi est-ce qu'elle te concerne? Si Jennings doit mourir eh bien, qu'elle le fasse! Ce sera un poids de moins pour la société. »

Est-ce que j'ai dit ça? Est-ce que j'ai vraiment eu l'audace de dire ça? Certes, elle a failli me pourrir l'existence avec ses exigences. Certes, elle a essayé de me refiler les responsabilités du père de son enfant, alors que le dit père se trouve être mon pire ennemi. Mais je ne suis pas insensible au point de vouloir la mort de cette fille et de son bébé... j'ose espérer qu'un jour, je serai capable de regarder agoniser ceux qui ne méritent pas mieux; de provoquer cette mort lente et douloureuse, même, sans en ressentir la moindre culpabilité. Mais ce jour n'est pas encore arrivé, et Tabatah ne fait pas réellement partie de ceux qui pourraient m'inspirer des envies de meurtre. Je crois. Même pour bluffer je n'aurais pas volontairement assuré le contraire, et pourtant.. c'est justement ce qui vient d'arriver. Passant sur l'étonnement provoqué par cette affirmation que je sais fausse, je tente de m'obliger à croire que c'est entièrement dû à la situation – Meyer m'aura tout simplement pris de court.

« Tu n'as qu'à te charger toi-même de sa protection, si elle te tient tant à cœur. Je te laisse mon rôle avec joie. »

Cette fois, je ne retiens pas un froncement de sourcils. « Mon rôle »? Merlin, on dirait presque que je sous-entend que je suis le père du bâtard de cette fille. Mais... non, il ne peut pas parvenir à une telle conclusion. À moins que... fait-il partie des élèves dont Tabatah a fait taire les questions en laissant entendre que je suis celui qui l'a engrossée?
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Misunderstanding | ft. Adam Empty Re: Misunderstanding | ft. Adam

Message par Adam Meyer Jeu 11 Nov - 13:47

Son regard avait quelque chose de désagréable, que je n’avais aucun mal à identifier. Il suintait l’arrogance à plein nez. Je n’aimais pas me mêler à ce type de personnage, mais je n’avais pas vraiment le choix. S’il s’agissait bien de mon père - et tout jusqu’à présent le laisser penser - alors j’aurais tout le temps de pleurer sur mon sort plus tard. Pour l’heure, je n’avais pas d’autre but que celui de comprendre ce qui avait bien pu se passer dans ce présent, mon passé, pour que la situation tourne de façon aussi critique.

« On écoute aux portes, Meyer? »

Il connaissait mon nom. Je n’arrivais pas à me persuader que c’était une bonne chose, mais je devrais faire avec. Il avait dû se renseigner, ou au moins avait entendu parlé de ceux qui étaient arrivés en cours d’année sans grande explication. La version officielle n’était guère convaincante, mais nous avions été pressés par le temps. Et dans notre précipitation, nous avions eu l’arrogance de croire que cette mission se ferait au lance pierre et que nous pourrions rapidement rentrés chez nous. Grave erreur, dont nous ne tarderions pas à payer le prix.

« Qu'est-ce qui te fait croire que Montgomery ait des raisons de s'intéresser à cette demi-sang? Il est bien trop occupé à faire des galipettes avec son équipe de perdants pour se soucier de cette fille et de sa petite vie minable. »

Mon visage se rembrunit. J’avais été bien audacieux de lui sauter ainsi à la gorge, maintenant il tentait de retarder l’échéance. Mais à quoi bon? Je savais qui il était, je ne l’avais pas abordé pour jouer aux devinettes, et encore moins pour répondre à ses questions. Je voulais simplement le faire réagir, lui faire comprendre le poids et l’importance du rôle qui lui incombait de droit. Montgommery était, bien sûr, en première ligne, mais c’était sur mon père que je voulais me concentrer pour l’instant. D’ailleurs, je sentais une impression étrange émaner de lui. Se pouvait-il qu’un semblant de lien l’unisse à Paris? Ce dernier était un serpentard, et un sang pur, ça n’était pas étonnant qu’il puisse entretenir des liens avec ses condisciples. A mon époque, au fur et à mesure de mes recherches, je ne m’étais pas vraiment donné la peine d’analyser les relations banales de la vie quotidienne de ceux qui faisaient parler d’eux. Je m’en mordais aujourd’hui les doigts. J’aurais dû comprendre plus tôt à quel point même la plus infime relation pouvait avoir une importance capitale dans la suite des évènements. Et si c’était justement la relation qu’ils entretenaient, conflictuelle ou autre, qui avait précipité les évènements et entrainé la mort de ma mère … et de mon père?
Celui que je soupçonnais d’être ce dernier prit place dans un fauteuil qui agrémentait la pièce. Il avait, à dessein, choisit de s’assoir là où il serait en mesure de me jauger du regard. Son regard fier et froid. Je lui en retournai un agacé, désireux de lui faire comprendre que je n’aimais pas sa façon de prendre en main l’échange.

« En quoi cette histoire t'intéresse, de toute façon? Mieux : en quoi est-ce qu'elle te concerne? Si Jennings doit mourir eh bien, qu'elle le fasse! Ce sera un poids de moins pour la société. »

Les yeux écarquillés, je ne pouvais empêcher mes mains de trembler. L’affirmation était si abrupte qu’elle me faisait l’effet d’une bombe. Comment pouvait-il parler ainsi? J’avais désormais bien conscience qu’il n’aimait pas ma mère - ou du moins qu’il ne l’aimait plus s’il lui était arrivé un jour d’avoir une espèce d’affection pour elle. Mais de là à vouloir que sa mort vienne, il y avait un monde. Quelle sorte de personne pourrait souhaiter ainsi la mort d’une de ses connaissances? Même dans mes instants de haine les plus profonds, je n’avais jamais été jusqu’à espérer la mort de quelqu’un… De quel père avais-je donc hérité?!

« Tu n'as qu'à te charger toi-même de sa protection, si elle te tient tant à cœur. Je te laisse mon rôle avec joie. »

Cette fois ci il dépassait les bornes. Ma patience avait des limites, et je n’étais pas disposé à lui laisser davantage l’occasion de dénigrer ma mère et le « rôle » dont il reconnaissait lui-même avoir la charge. Mon sang ne fit qu’un tour. Me postant devant lui, je me penchai en écrasant les accoudoirs de son fauteuil de mes paumes féroces. Mon regard était noir, électrique. Les mots se bousculaient dans mon esprit et ma gorge n’était pas disposée à retenir plus longtemps les flammes qui menaçaient de sortir.

« La ferme!! Tais toi serpentard de pacotille! Tu es très mal placé pour refuser de lui apporter ton aide! C’est à toi et à toi seul qu’il revient de la protéger de Montgommery!! Il lui veut du mal et je suis persuadé que tu sais pourquoi! »

Mes paroles véhémentes me déstabilisaient moi-même. Depuis quand refermais-je en moi ce besoin de hurler? L’intransigeante du serpentard me frustrait et me faisait honte, mais je ne pensais pas devoir le lui lancer en pleine figure. La violence de mon honnêteté faisait tournoyer mes pensées désordonnées. Brusquement, je lâchai les accoudoirs que j’avais serré avec force sans même m’en rendre compte. Les marques de mes doigts étaient bien visibles, et je reculai d’un pas, rendu confus par la hargne dont j’avais fais preuve. Mais mon regard demeurait résolu, il n’était pas question de prouver davantage ma surprise. Si cela était en mesure de le bousculer, c’était bon à prendre.

« Quel est donc ta relation avec Montgommery? De quelle manière as-tu bien pu l’énerver pour qu’il en vienne à tuer ton fils et la mère de ton enfant? » Je révélais par là ce que je savais, plus que je ne me serais permis en temps normal, mais pas encore suffisamment pour me démasquer. « Cette histoire m’intéresse et me concerne en premier chef. Je ne te laisserais pas envenimer la situation. Tu es sans doute la dernière personne à pouvoir arranger les choses, et je ne te permettrais pas de t’en détourner comme tu l’as déjà fais, ou comme tu es destiné à le faire… »

Ce n’était pas mon genre de révéler ainsi le fond de ma pensée. Mais ça avait été plus fort que moi. Avais-je besoin de me confier à lui, de lui faire partager mes vues? Que cela me frustre ou non, je devais admettre qu’il y avait de forte chance qu’il soit mon père. Cela réveillait sans doute en moi un désir que je ne pensais pas nourrir…
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Message par Samaël E. Wilson Jeu 2 Déc - 17:12

Son manque de réaction à l’entente de son nom a pour mérite de me rassurer : je ne me suis pas trompé. Mais bien qu’ayant repris la discussion en main, je ne me sens absolument pas à l’aise face à lui. Comment se fait-il qu’il en sache autant sur cette affaire? Bluff ou… soupçons fondés? Les mêmes interrogations reviennent, sans que je parvienne encore à mettre le doigt sur une réponse plausible : aurait-il eu l’occasion de parler à Jennings sans que je ne le sache? Il me jauge du regard, visiblement mécontent de mon manque de coopération et, pour la peine, je lui offre un sourire goguenard. S’il avait espéré entrer sans tarder dans le vif du sujet, c’est peine perdue : je ne vois aucune raison de répondre à ses attentes tant que je ne saurai pas à quoi m’en tenir vis-à-vis de lui.

Je ne peux toutefois m’empêcher de me questionner : certes, affirmer que la disparition de cette fille ne serait pas un mal est quelque peu… osé. D’autant que je ne le pense pas réellement. Mais je ne me serais pas attendu à ce qu’il le prenne si mal. Se pourrait-il qu’il soit directement concerné par cette histoire? Jusque là, je tendais à croire qu’il n’était qu’avide de justice : après avoir espionné une conversation qui ne le concernait en rien, il se serait découvert un élan de pitié à l’égard de Tabatah, aurait tiré quelques conclusions erronées en rapport avec mes soit disant devoirs à son égard, et se serait immiscé dans l’affaire par simple soucis de bonne conscience. Mais il prend tout ça trop à cœur pour être réellement un témoin extérieur. Serait-ce dû à un intérêt particulier pour la Serdaigle? Ma proposition – franchement maladroite, je l’accorde – de lui léguer « mon rôle » ne fait apparemment qu’attiser sa colère, et son coup d’éclat inattendu, mêlé à un sentiment de dépit dû aux absurdités dont recèlent mes propres propos, me poussent à me renfoncer dans mon fauteuil tandis que lui se jette en avant telle une bête enragée, ses mains enserrant les accoudoirs de mon siège.

« La ferme!! Tais toi serpentard de pacotille! Tu es très mal placé pour refuser de lui apporter ton aide! C’est à toi et à toi seul qu’il revient de la protéger de Montgommery!! Il lui veut du mal et je suis persuadé que tu sais pourquoi! »

Eh bien il semblerait que, s’il pense en connaître lui-même la raison, quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire. De mon point de vue, la seule raison qui pousserait Paris à tenter quoi que ce soit contre l’enfant serait son ascendance bâtarde. Mais je reste clairement sceptique face à l’idée qu’il attente à ses jours. Ce n’est qu’alors que mon interlocuteur prend sur lui pour retrouver un semblant de calme que je me rends compte de mon cœur qui bat la chamade. J’ai toujours eu horreur de me retrouver à la merci de quelqu’un, et ne pas savoir jusqu’où lui serait capable d’aller lorsqu’il est dans un tel état n’est certainement pas pour me rassurer. Prudence, donc : il ne serait pas dans mon intérêt de le pousser à bout. Je m’apprête à prendre la parole, mais il me devance, tachant visiblement de mettre de l’ordre dans ce dont il est au courant – ou de comprendre quelque chose. Je me redresse lentement, préférant éviter de me retrouver dans une position inférieure à la sienne au cas où l’envie lui prendre d’en venir à la baguette. Sait-on jamais. Mais sur quel fou furieux ai-je eu le malheur de tomber? Comment si une rencontre avec Jennings n’était pas suffisante pour pourrir ma journée!

« Quel est donc ta relation avec Montgommery? De quelle manière as-tu bien pu l’énerver pour qu’il en vienne à tuer ton fils et la mère de ton enfant? »

Sa question me trouble. Il vient d’énoncer clairement ce qu’il sait, mais cela ne m’explique pas pourquoi il se montre si… catégorique. Cette fois encore, il me coupe la parole avant qu’il ne me vienne l’envie de remettre en question son statut dans l’affaire.

« Cette histoire m’intéresse et me concerne en premier chef. Je ne te laisserais pas envenimer la situation. Tu es sans doute la dernière personne à pouvoir arranger les choses, et je ne te permettrais pas de t’en détourner comme tu l’as déjà fais, ou comme tu es destiné à le faire… »

Je prends quelques secondes pour remettre mes idées en ordre, consterné malgré moi par sa déclaration. À l’entendre, j’ai l’impression de ne pas partager la même réalité que lui, ce qui est, je dois l’admettre, assez déstabilisant. Préférant ne pas envenimer la situation en laissant le silence s’étirer outre mesure, je finis par m’adresser à lui aussi calmement que possible, usant d’une circonspection outrageuse destinée à lui faire comprendre que je n’apprécie en rien sa tendance à l’emportement. Il me met… étrangement mal à l’aise.

« Soyons lucide. Tu t’exprimes comme si Paris avait déjà tenté quelque chose à l’encontre de cette… – de Tabatah. Mais aux dernières nouvelles ce n’est pas le cas, n’est-ce pas? Elle est encore bien vivante, tu as toi-même dû t’en rendre compte quand tu nous épiais tout à l’heure. D’autre part, son enfant est actuellement en sécurité; il ne risque pas de lui arriver malheur de si tôt. »

Serait-il justifié de ma part de répondre à ses interrogations? C’est vrai, ça ne me coûte rien… mais je répugne malgré tout à permettre à cet inconnu de mener tranquillement ses investigations dans mon existence. Et s’il… S’il savait quelque chose que j’ignore? Mongtomery a-t-il proféré des menaces directes dont je n’aurais pas été mis au courant? Ma manie de mordre la lèvre inférieure trahit mes réflexions, et je me morigène intérieurement : je ne veux pas qu’il se rende compte des doutes qu’il insinue en moi.

« Je suppose que le simple fait que je sois concerné par tout ça pourrait expliquer qu’il veuille s’en prendre à Tabatah. »

Ma réticence à répondre est clairement audible, mais je remarque une fois de plus, et après coup, que mes propos pourraient prêter à confusion. C’est étrange : ça ne me ressemble pas. Au lieu de tergiverser plus longtemps, je finis par l’éclairer une fois pour toutes au sujet de ma relation avec Paris. Ce n’est pas un secret, de toute façon; qu’il fasse ce qu’il veut de cette information.

« Disons que lui et moi ne sommes pas faits pour nous entendre. Je le méprise cordialement et c’est parfaitement réciproque, mais... »

Je me redresse, incapable de rester plus longtemps assis tandis qu’il me regarde de haut; mais je me détourne finalement de lui, plongé dans mes pensées. Comment exprimer par des mots à quel point je peux exécrer ce type? Il ne s’agit plus vraiment d’une simple querelle d’adolescent : sans même que nous n’ayons eu l’occasion de nous confronter réellement l’un à l’autre, notre inimitié ne cesse de gagner en ampleur avec le temps. Et les implications qui découlent de cette certitude ne peuvent que s’imposer à moi : est-ce que cette relation peut réellement influer sur la réaction de Paris? S’il apprend que le fils de Tabatah est réellement de lui, pourrait-il nourrir plus encore de rancœur contre elle en sachant que j’ai participé de près à sa protection?

« Non, ça ne se tient pas. Il pourrait tenter de nous pourrir l’existence à tous les trois l’espace de quelques années, mais de là à en venir au meurtre…! »

Pour moi, Paris est un incapable, ni plus ni moins. Il essayera sans doute de faire payer à la Serdaigle son affront – pourquoi ne s’est-elle pas débarrassée de l’enfant tant qu’il en était temps? – mais se contentera probablement de la payer pour qu’elle s’éloigne et évite de faire parler d’elle. Ce serait la réaction de tout sang-pur réfléchi coincé dans une situation aussi gênante que la sienne.

« Je ne peux me résoudre à croire qu’il irait plus loin. »

Je lui fais de nouveau face, incapable de taire mes questions, et c’est cette fois avec une sincère curiosité que je lui demande :

« Pourquoi es-tu si persuadé qu’il représente un si grand danger? C’est vrai, il n’est visiblement pas au courant de la paternité de Paris. Et pourtant il en parle comme si l’avenir était scellé. Plus on en parle, plus il me semble que je leur serai plus utile si je garde mes distances, justement. À quoi bon attiser la colère de cet imbécile en lui laissant comprendre que j’ai plus ou moins quelque chose à voir avec Tabatah et son fils? Il vaut mieux que je m’en tienne à ce que j’ai décidé : je ne me préoccuperai plus de leur avenir. »

Il n’a fait que confirmer mes certitudes autrefois vacillantes, et je m’en sens soulagé. J’en étais presque venu à croire que la délaissé signerait plus ou moins sa perte, qu’elle paierait réellement mon manque d’intérêt à son égard. Mais à bien y réfléchir, c’est en la soutenant que je risque d’attirer l’attention sur elle. Sans moi à ces côtés, qui sera-t-elle? Une fille peut-être trop facile, qui a payé cher un moment de plaisir avec un illustre inconnu. Avec moi, par contre, elle passera pour la sang-mêlée qui a attiré un sang-pur dans ses filets sans parvenir à gagner son amour pour autant, se condamnant ainsi à devenir une mère fille aux moyens limités. Et ceux qui sauront la vérité la verront encore moins bien : elle sera la demi-sang qui a tenté, sans succès, de ferrer un sang-pur, et a dû se résoudre à se placer sous la protection d’un autre pour parer la menace qu’elle a elle-même provoquée.

« Tu te dis le premier touché par cette affaire, mais j’ai beau la retourner dans tous les sens, je ne vois absolument pas en quoi tu pourrais dire vrai. Sans vouloir t’offenser, le seul qui aurait son mot à dire serait le gamin de Jennings, et je doute qu’il soit capable d’exprimer un avis à l’heure actuelle. »

À peine ai-je prononcé ces mots qu’une possibilité pour le moins loufoque m’effleure l’esprit. Sa façon de s’exprimer comme si tout cela était déjà arrivé, comme s’il était au fait d’une catastrophe qu’il voudrait éviter… lui qui est sorti de nulle part il y a peu. Je n’ose même pas aller au bout de mes conjectures, mes rendant moi-même compte que cette hypothèse est clairement tirée par les cheveux. Mais on a déjà eu affaire à des élèves potentiellement venus du futur, et c’était il y a peu. Oh! Bien sûr, cela doit venir d’eux. Tout simplement. Deux groupes envoyés pour la même mission, c’est un peu beaucoup – et ceux-là ne sont guère restés longtemps, alors pourquoi les premiers auraient-ils été sacrifiés, destinés à rester perdus dans une époque qui n’est pas la leur sans retour prévu? Non. S’ils avaient quelque chose à voir avec les autres idiots qui ont débarqué ici il y a quelques semaines, ils auraient sans doute saisi l’occasion de disparaître en même temps qu’eux.

« À moins que tes certitudes aient un quelconque rapport avec les crétins prétendument venus du futur qui se sont chargés de déblatérer leurs âneries à tout va? Si c’est le cas, tu peux être tranquille. Je doute franchement que la moitié de leurs « prédictions » se réalise un jour. »
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Message par Adam Meyer Dim 9 Jan - 16:15

Le calme était une notion floue, qui me paraissait très difficile à atteindre en cet instant. Je tentais tant bien que mal de dominer la rage qui s’était manifestée, mais ce n’était clairement pas une mince affaire. Je me retrouvais face à mon passé, mais aussi mon avenir, et ça avait quelque chose d’assez effrayant. Et avoir ce serpentard face à moi, que je soupçonnais de plus en plus d’être mon père, faisait naître en moi le besoin irrépressible et inattendu de dévoiler le fond de ma pensée. Et cette dernière ne se révélait pas avec calme et sérénité, mais au travers d’une hargne que je ne m’imaginais pas posséder. Était-ce la situation? L’importance capitale du moment? J’avais besoin de dire les choses comme elle me venait, j’étais presque incapable de me contrôler, même si je parvenais encore à donner le change.

« Soyons lucide. Tu t’exprimes comme si Paris avait déjà tenté quelque chose à l’encontre de cette… – de Tabatah. Mais aux dernières nouvelles ce n’est pas le cas, n’est-ce pas? Elle est encore bien vivante, tu as toi-même dû t’en rendre compte quand tu nous épiais tout à l’heure. D’autre part, son enfant est actuellement en sécurité; il ne risque pas de lui arriver malheur de si tôt. »

Il était bien catégorique. Mais il ignorait ce que moi je savais. Alors, bien sûr, il pensait n’avoir aucune raison de s’en faire, que je faisais tout un plat pour pas grand-chose. Je ne pouvais pas être d’accord avec sa vision des choses. Et son inconscience me frappait. Comment pouvait-il être aussi sûr de lui dans un tel moment? Je devais me rendre à l’évidence, c’était surtout qu’il se contrefichait du sort de Tabatah et de son enfant, moi. Je l’avais déjà compris, quelque part, mais j’essayais de m’en dissuader. C’était horrible d’en arriver à la conclusion que mon père s’était toujours désintéressé de mon sort, et que je n’étais qu’une fâcheuse épine pour lui. Mon père… ça paraissait invraisemblable. Il était devant moi, c’était bien lui, non? Ce ne pouvait être que lui.

« Je suppose que le simple fait que je sois concerné par tout ça pourrait expliquer qu’il veuille s’en prendre à Tabatah. »

Oui. C’était bien mon père, et selon ce qu’il semblait dire, c’était par sa faute que Paris menaçait ma mère. Mais pourquoi? Qu’avait-il bien pu lui faire? Et quel monstre fallait-il être pour s’en prendre à elle plutôt qu’au concerné directement?

« Disons que lui et moi ne sommes pas faits pour nous entendre. Je le méprise cordialement et c’est parfaitement réciproque, mais... »

Il se redressa, mais ne me regarda pas directement. Il semblait réfléchir, chercher ses mots. Finalement, ma pugnacité semblait avoir eu un impact sur lui. Je pouvais au moins me targuer de l’avoir déstabilisé, de l’avoir poussé à réfléchir à des choses sur lesquelles il ne s’était pas arrêté jusque là. L’avenir était sans cesse en mouvement, avais-je déjà contribué à le changer à travers ce simple début de conversation? Mon père en ferait-il plus dans cette réalité que dans la mienne? Assumerait-il son rôle comme il aurait dû le faire? Tant de questions, et si peu de réponses. D’autant qu’il m’était impossible de savoir ce qui avait changé ou non. Comme nous avions pu le constater à travers l’intervention de nos héritiers, les choses avaient déjà évoluées depuis notre saut dans le temps, mais nous n’en avions pas ressentis les effets. Tout se passait comme si nous appartenions à cette époque désormais. Les changements que nous instiguions n’agissait pas directement sur notre vie, mais sur celle que nous allions avoir dans cette réalité, que d’autres nous allez avoir. Il m’était donc impossible de savoir si j’avais déjà participé à changer le futur de l‘Adam de cette époque ci.

« Non, ça ne se tient pas. Il pourrait tenter de nous pourrir l’existence à tous les trois l’espace de quelques années, mais de là à en venir au meurtre…! Je ne peux me résoudre à croire qu’il irait plus loin. »

Et pourtant. J’étais mieux placé que quiconque pour savoir ce qu’il allait faire. Car j’étais désormais persuadé que tout était la faute de ce Montgommery. Montana en avait déjà trop dis, et le serpentard semblait m’aiguiller dans la même direction. Il me donnait après tout le mobile de Paris: sa haine pour lui. Et ça n’était que ça. Il ne lui en avait pas fallu plus pour décider de détruire toute une famille. Il m’aurait tué si Montana ne m’avait pas protégé en me confiant à un orphelinat.
Il me regarda alors clairement, celui que je pensais être mon père. L’espace d’un instant, je tentai de lire le moindre indice dans ses yeux. L’indice de quoi? Je l’ignorais, je voulais simplement pouvoir y lire la moindre petite chose, le moindre encouragement peut-être.

« Pourquoi es-tu si persuadé qu’il représente un si grand danger? Plus on en parle, plus il me semble que je leur serai plus utile si je garde mes distances, justement. À quoi bon attiser la colère de cet imbécile en lui laissant comprendre que j’ai plus ou moins quelque chose à voir avec Tabatah et son fils? Il vaut mieux que je m’en tienne à ce que j’ai décidé : je ne me préoccuperai plus de leur avenir. »

Son raisonnement se tenait, mais à l’entendre, je ne pouvais m’empêcher d’avoir mal au cœur. C’était ainsi qu’il imaginait régler le problème? En se défilant, en prenant ses distances par simple acquis de conscience. C’était trop tard pour ça, la machine s’était déjà mise en route, j’en avais l’intime conviction. Et je ne pouvais pas le laisser s’éloigner sans rien dire. En tant que bébé, je n’avais pas été en mesure de le retenir, mais il m’était aujourd’hui donné de lui dire les choses comme je les pensais, de prendre la parole pour ce petit être qui semblait être condamné par devenir la personne que j’étais aujourd’hui.

« Tu te dis le premier touché par cette affaire, mais j’ai beau la retourner dans tous les sens, je ne vois absolument pas en quoi tu pourrais dire vrai. Sans vouloir t’offenser, le seul qui aurait son mot à dire serait le gamin de Jennings, et je doute qu’il soit capable d’exprimer un avis à l’heure actuelle. »

Il lisait très exactement dans mes pensées. Mon regard s’illumina alors d’un éclair d’espoir. Aussi dissemblable que ce jeune homme me paraisse, nous semblions en cet instant sur la même longueur d’onde. C’était réellement mon père, je n’avais presque plus le moindre doute à présent.

« À moins que tes certitudes aient un quelconque rapport avec les crétins prétendument venus du futur qui se sont chargés de déblatérer leurs âneries à tout va? Si c’est le cas, tu peux être tranquille. Je doute franchement que la moitié de leurs « prédictions » se réalise un jour. »

Non, je ne pouvais pas être tranquille, et ce tout spécialement parce que j’étais bien placé pour faire confiance en leurs révélations. J’avais vu mon fils à cette occasion. L’idée me paraissait encore saugrenue, mais parfois je revoyais son regard en rêve; accusateur. C’était sans doute ce qui m’avait donné un coup de fouet pour arranger mon propre passé au final. C’était mal de détourner le but de la mission pour mon propre intérêt, mais tout en le sachant, j’étais incapable de m’en empêcher. Je faisais face à mon père, et ce que je pouvais lui dire ou non maintenant était bien susceptible de changer la vie qui m’attendait. Surtout, cela pouvait éviter à ma mère d’avoir à être sacrifiée.

« Tu me parais bien catégorique sur tout ce que tu avances. Laisse moi te dire que tu ne sais strictement rien. Et je suis justement là pour empêcher ton ignorance de faire des victimes, une victime. »

Bien sûr, je n’étais pas là pour ça, mais je versais légèrement dans le grandiloquent. Pour autant, je ne voulais pas que mes efforts passent pour ridicules. L’œil clair, j’ajoutai donc à l’intention de mon géniteur sans peur et sans reproche:

« T‘éloigner d‘elle est certainement la dernière chose à faire. Je ne peux pas te laisser agir ainsi. Tu dis que seul le fils de Tabatah aurait son mot à dire, n‘est-ce pas? Et bien c‘est très exactement ce qu‘il est en train de faire. »

J’en disais trop, beaucoup trop, incapable de m’arrêter, de m’empêcher de dire la vérité. En mon for intérieur, j’avais envie qu’il sache, j’en avais même besoin. C’était ma façon à moi de connaître cet homme dont j’étais le fils et que je n’avais jamais eu la chance de connaître. Mais c’était aussi parfaitement imprudent. Un soupçon de conscience me permit de lutter presque contre moi-même pour ajouter dans une légère précipitation:

« Je me fais sa voix et sa conscience, pour empêcher son père biologique de le trahir. Car il faut que tu le saches, ce petit ne fera pas sa vie avec ses géniteurs.  » Le regardant dans le blanc des yeux, je prenais presque un air accusateur. « Par ta faute, et celle de ton ignorance, de ta lâcheté, cet être qui n‘a rien demandé grandira dans un orphelinat, puis sera adopté par une famille qui ne manquera pas de lui apporter de l‘amour, mais dans laquelle il ne se sentira jamais vraiment chez lui. » Je ne savais toujours pas ce qui me poussait à être aussi honnête, je ressentais simplement le besoin de le mettre face à la réalité. Je voulais qu’il sache à quoi se résumerait sa logique au final. Et surtout qu’il se sente plus concerné qu’il ne semblait l’être.

« Vas-tu le permettre? Le laisser grandir seul avant qu‘il ne comprenne, un beau jour et par la force des choses, que sa véritable famille n‘est plus, que sa mère est morte et que tu étais simplement trop lâche pour les protéger tous les deux?  »

Je marquai une pause, comme si dire tout cela m’avait coûté. C’était bien le cas, mais je ne voulais pas qu’il le sache. J’en disais beaucoup, mais cela me paraissait nécessaire, je ne pouvais pas faire autrement, j’étais comme poussé par une force supérieure. Ma main alla trouvé son épaule presque naturellement, et mon regard était peiné alors que je concluais:

« Tu aimerais qu‘il te voit comme ça? Car c‘est comme ça que je te vois, moi. » Une fois de plus j’étais atteins par un ton et une mise en scène qui, bien que très simple, tenait du mélodramatique. Il me fallut rassembler tout mon calme et ma simplicité pour ajouter enfin: « Il est temps de croire au voyage dans le temps, car tu as devant toi l’enfant qui était sensé être en sécurité. Mon prénom est Adam, et ce n’est pas un hasard. »

Ma main se détacha immédiatement de son épaule. Pourquoi lui faire une telle révélation? Une inquiétude fugace passa dans mon regard. Je n’aurais pas dû lui dire tout ça. Il me fallait revenir sur ces affirmations, lui faire croire que ce n’était que des paroles en l’air. Mais alors que je cherchais à m’exprimer, mes lèvres me semblèrent scellées. J’étais incapable de sortir le moindre son. Cherchant autre chose à dire, je parvins cependant à murmurer dans un souffle:

« Traître. »

De toute évidence, j’étais incapable de proférer la moindre parole qui ne constituerait pas une vérité.
Adam Meyer
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Message par Samaël E. Wilson Ven 28 Jan - 17:45

Mes belles réflexions concernant la meilleure façon d'être utile à Tabatah et son gamin me semblaient parfaitement fondées, au départ... mais la colère qu'exprime son seul regard les rends plus semblables à une énième marque de lâcheté. Est-ce que je veux vraiment leur bien? La réponse était claire, jusqu'à présent : je n'en avais absolument rien à faire de leur avenir. Vivants ou morts, ils n'étaient plus sensés interférer dans mon existence; c'était moi que je devais préserver coûte que coûte, moi et ma réputation. Et alors que j'ai toujours pris soin d'ignorer les potentielles conséquences de mon égoïsme sur autrui, cet ahuri sorti de Merlin sait où vient me mettre sous le nez l'avenir chaotique qui attend ceux à qui j'ai si promptement tourné le dos.

Je me borne à me répéter que je ne leur dois rien, mais... est-ce si vrai que ça? Aussi fort que je puisse vouloir le nier, Tabatah est malgré moi devenue une sorte de responsabilité m'incombant depuis qu'elle m'a demandé mon aide. Que je le veuille ou non, je suis déjà impliqué dans son futur, voire indirectement coupable de sa mort à venir – si tant est que Meyer dit vrai. Cette pensée me ramène à un doute que je ne tarde pas à exprimer : s'il se base sur les affirmations des jeunes ayant récemment fait irruption dans l'enceinte du château, puis-je vraiment considérer ses dire comme quelque chose de sensé ou de fondé? Non, et je le lui fait savoir.

« Tu me parais bien catégorique sur tout ce que tu avances. Laisse moi te dire que tu ne sais strictement rien, réplique-t-il avec un culot à m'en couper le souffle. Et je suis justement là pour empêcher ton ignorance de faire des victimes, une victime. »

Pour qui se prend-il, pour parler de mon « ignorance »? J'ai déjà fait preuve d'une patience extraordinaire en perdant mon temps à prêter l'oreille à ses élucubrations, mais rester là à l'écouter insulter mon intelligence est trop me demander!

« T‘éloigner d‘elle est certainement la dernière chose à faire. Je ne peux pas te laisser agir ainsi. Tu dis que seul le fils de Tabatah aurait son mot à dire, n‘est-ce pas? Et bien c‘est très exactement ce qu‘il est en train de faire. »

Alors ça... si je m'y étais attendu! Son discours vire au ridicule et ne fait que raviver mes soupçons. S'il prétend être le fils de Tabatah, je prendrai mes jambes à mon cou – loin de moi l'envie de discutailler plus longtemps avec un dégénéré. La vérité est que je ne veux absolument pas reconnaître tout ce qu'entraînerait une telle révélation... non seulement par rapport à tout ce qu'il affirme, mais aussi concernant mon propre futur – un futur que je refuse catégoriquement de considérer comme possible.

« Je me fais sa voix et sa conscience, pour empêcher son père biologique de le trahir. Il ne peut sans doute pas imaginer le soulagement que me procure cette phrase qui, a elle seule, suffit à apporter un démenti à mes craintes. Car il faut que tu le saches, ce petit ne fera pas sa vie avec ses géniteurs. Par ta faute, et celle de ton ignorance, de ta lâcheté, cet être qui n‘a rien demandé grandira dans un orphelinat, puis sera adopté par une famille qui ne manquera pas de lui apporter de l‘amour, mais dans laquelle il ne se sentira jamais vraiment chez lui. Vas-tu le permettre? Le laisser grandir seul avant qu‘il ne comprenne, un beau jour et par la force des choses, que sa véritable famille n‘est plus, que sa mère est morte et que tu étais simplement trop lâche pour les protéger tous les deux? »

Charmant. Il tente de me faire culpabiliser en se mettant dans la peau de l'enfant abandonné de base, mais son sermon.. il peut tout aussi bien aller le faire à Montgomery! Une fois de plus je me retrouve dans la peau du père indigne, tandis que mon ennemi est exempté de tout reproche. Je n'ai aucune idée de ce qui m'empêche de le dire à Meyer, aucune idée de ce qui me retient de dire clairement la vérité. C'est comme si tout mon être luttait pour la rétablir, mais que ma volonté se retrouvait écartée aussi aisément que l'on envoie valser un billywig gênant : au final, je me retrouve à dire des demi-vérités qui prêtent à confusion plus qu'elles n'éclairent mon interlocuteur. Je ne peux m'empêcher de le détailler du regard, tentant sans y parvenir de comprendre la passion qu'il met à sa défense. Comment peut-on se soucier autant de l'intérêt d'un autre? Qu'a-t-il à y gagner? Sa main se pose sur mon épaule, et je ne me crispe même pas. Je suis seulement las de cette histoire, de ces tourments sans fin dans lesquels Jennings a eu le bon goût de me plonger. Cette fille n'est décidément rien d'autre qu'une catastrophe ambulante!

« Tu aimerais qu‘il te voit comme ça? Car c‘est comme ça que je te vois, moi. Il est temps de croire au voyage dans le temps, car tu as devant toi l’enfant qui était sensé être en sécurité. Mon prénom est Adam, et ce n’est pas un hasard. »

Je reste un instant figé sur place, incapable d'esquisser un geste pour le repousser, lui répondre, me... moquer? Adam. Est-ce ainsi que Jennings a finalement décidé d'appeler l'enfant qu'elle m'a forcé à protéger durant tout ce temps? Je fais finalement un pas en arrière en essayant de reprendre mon esprit; mais ce n'est que l'esquisse d'une nouvelle fuite. Pourquoi ai-je, depuis quelques temps, le don de me retrouver dans des situations que j'aurais tout donné pour éviter?

« Je... je ne vois pas ce que tu veux dire. »

Mais l'air catastrophé que je sens se peindre sur mon visage suffit à prouver que je vois, au contraire, exactement où il veut en venir.

« Traître. »

Étrangement, ce simple mot murmuré me touche désagréablement. J'aurais voulu qu'il me laisse de marbre. J'aurais voulu... hausser un sourcil d'un air sarcastique et détaché, lui rire au nez, trouver un argument – n'importe lequel – pour mettre en avant le ridicule de ses prétendues révélations. Au lieu de quoi je me sens seulement vaciller. Par chance, le mur n'est pas bien loin, et je m'y adosse avec l'espoir d'y puiser la force nécessaire de lui renvoyer ses accusations. Que ferait mon père dans une situation pareille? Peut-être agirait-il exactement comme Paris semble devoir le faire : en se débarrassant des gêneurs. Mais cela commence à faire beaucoup de victimes : il faudrait tuer la mère, tuer le bébé, se débarrasser du devin qui leur a apporté son aide, faire discrètement disparaître les camarades du « futur de l'enfant en question ». La Serpentard agaçante, la Poufsouffle niaise et... qui d'autre? Je suis à peu près sûr qu'ils étaient quatre à leur arrivée. Et évidemment il faudrait faire taire cet... cet « Adam ». La liste devient si longue que c'en est ridicule.

« Je ne sais pas quel nom Jennings a donné à l'enfant. »

De Paris. Pourquoi suis-je incapable de le prononcer? Pire encore : pourquoi cette information capitale semble-t-elle ne même plus avoir d'importance? Je regarde le Serdaigle qui me fait face, et je me retrouve incapable de rester indifférent. Ai-je vraiment regardé s'écrouler le monde de quelqu'un sans lever le petit doigt? Oui. Même sans le prendre lui en compte, j'ai déjà agis ainsi à plusieurs reprises. J'aurais même pu être la cause elle-même des problèmes d'un autre sans me sentir coupable outre mesure. Alors pourquoi ce sentiment déplaisant se fraye-t-il un chemin jusqu'à ma conscience dans le cas présent? Je me masse les tempes pour exorciser cette pénible conversation. Relativiser. La reléguer au second plan.

« Je ne sais pas comment il s'appelle et je ne veux rien savoir de lui. Il n'est pas réel. Il n'est pas important. »

L'exprimer à voix haute est... ridicule. Pourtant, c'est bien le mantra que je me suis inconsciemment répété pour barricader les émotions qu'aurait pu déclencher en moi l'existence de cet enfant. Tant que je ne le voyais pas, tant que je ne me préoccupais de son bien être que par obligation et non par intérêt sincère, j'étais incapable de lui donner « forme », de l'imaginer comme un être à part entière. Quelqu'un de vivant dont la survie était en jeu. Les prises de conscience n'ont jamais été ma tasse de thé.

« Je n'ai même jamais cherché à le voir. Je fronce les sourcils et ajoute d'une voix mesurée : De toute façon.. ce que tu dis ne peux pas être vrai. »

J'énonce tout cela sans penser à l'impact que mes mots pourraient avoir sur... Adam. Quand je lève de nouveau les yeux vers lui, c'est pour trouver un jeune homme de mon âge, voire plus âgé que moi, et imaginer qu'il puisse être le bébé à peine né de celle que je viens d'expédier sans façons... est assez invraisemblable. Je tente de retrouver en lui les traits de Paris, quelques ressemblances avec cet être abject que j'ai toujours eu en horreur. C'est l'une des craintes que j'avais : non, je n'avais aucune envie que le bébé de Tabatah devienne « quelqu'un » à mes yeux, mais je voulais surtout éviter de me retrouver face à une miniature de Montgomery. Idées paradoxales en soit : si la seconde s'était avérée vraie, elle aurait sûrement suffit à me rebuter de manière irrémédiable, et jamais plus je n'aurais songé à la possibilité d'accorder mon aide à une telle erreur de la nature que le rejeton de l'odieux Serpentard. Mais je n'ai jamais été particulièrement physionomiste. Je cherche en vain un déclic, quelque chose pour attiser le dégoût habituel que me procure la seule vue de Paris. Je ne retrouve dans son regard clair que celui de sa mère qui, encore jeune mais déjà trop consciente des risques encourus par sa progéniture, m'a supplié à plusieurs reprises de la soutenir. Le détailler ainsi me permet toutefois de me raccrocher à l'une de mes rares certitudes, et elle est si évidente que j'en ris – un rire crispé, mais qui me permet d'évacuer un tant soit peu la pression qu'il m'impose avec ses exigences à deux balles :

« Tu n'as rien de moi. »

C'est évident, puisque je ne suis pas son père. Ça aurait dû me disculper, me décharger de toute obligation à son égard, mais les réflexions que je me suis faites tout à l'heure ne s'évanouissent pas pour autant. Je suis déjà lié à lui.
Mais plus encore, il est symbole même de tout ce que je me refuse à croire depuis des mois, ce qui me rend la tâche d'autant plus difficile. Inévitablement, mes erreurs futures me reviennent en pleine face, ébranlant durement le déni dans lequel je suis si longtemps resté figé. Le meurtre de Curtis... et cette fille, Melinda. Que lui ferai-je à elle, si la prédiction en lien avec l'enfant que nous sommes sensés avoir se réalise bel et bien? Est-ce que moi aussi j'en serai réduit à devoir la supprimer? Les revers de la pureté. Sommes-nous tombés si bas, nous qui prônons notre supériorité sur ceux qui ne correspondent pas à nos critères de valeurs? Un futur dans lequel j'ai délaissé Tabatah et... Adam. Un futur que je viens déjà d'amorcer malgré moi.

Il me semble tourner en rond sans trouver d'issue valable. Je ne peux pas accepter de m'impliquer plus encore dans la vie de.. de ce type. Et pourtant, si je ne le fais pas, est-ce que je ne me condamne pas à reproduire ces erreurs dont le seul fait d'entendre parler m'horrifie? En faisant les mêmes choix que « l'autre moi », je deviendrai inévitablement « lui ». Peut-être me semblera-t-il alors normal de supprimer mon amant pour éviter qu'il ne s'interpose entre mes objectifs et moi, plaisant de culbuter une impure, évident de la supprimer par la suite pour qu'elle ne me cause aucun ennui. Je serai le monstre que j'ai toujours voulu être, puissant mais ne répondant plus à aucune morale, et... cette perspective me semble de moins en moins acceptable.

« Je ne veux pas de cet avenir. »

Ça, je le sais depuis longtemps. Mais ma phrase a plus de portée qu'avant, dans la mesure où il ne s'agit plus de refuser de croire en quelques hypothèses sans fondement. Cette fois, je me décide clairement à tout faire pour éviter quelque chose de vrai, de concret, et cela implique des actes... même si je ne suis pas encore certain de savoir lesquels. Même avec tout ça, ce que me demande Meyer reste difficilement réalisable. Je, je, je... jusqu'à présent, chacune de mes déclarations – ou presque – débutait ainsi. Est-ce que le problème se trouve là?

« Qu'attends-tu de moi? Ma voix n'est qu'à peine audible alors que je pose cette question qui me répugne. Dépendre des besoins de quelqu'un... en dehors des membres de ma famille, à qui je dois tout naturellement un respect certain, il n'y a, je crois, personne à qui j'ai jamais donné un tel pouvoir sur moi. J'ai moins de libertés que tu ne sembles le croire. Tu penses que choisir de protéger Jennings et.. je cherche le courage de dire « toi », me ne le trouve pas – notre enfant... »

Je m'interromps brusquement. Qu'est-ce que je viens de dire? Notre? À croire que je deviens complètement dingue! J'ai seulement vaguement pensé qu'il me faudrait me faire passer pour le père et endosser les torts pour éviter que Paris ne fasse des siennes, et voilà le résultat! Je me redresse d'un air catastrophé en cherchant un moyen d'effacer ce lamentable lapsus, mais les mots s'écoulent de mes lèvres tel un flot indomptable :

« Tu penses que ce sera sans conséquences pour moi? Pour nous? Au contraire : en plus d'avoir Montgomery sur le dos il nous faudra composer avec ma propre famille. Mon père verra ça comme une abomination, il se chargera peut-être lui-même de se débarrasser de toi. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, mais je crains que ce geste soit plus semblable à un signe de réflexion. À moins de trouver quelque chose de solide. Une solution qui dissuaderait Paris de nuire tout en laissant mon père à l'écart. Mais ça implique que pas une seule rumeur ne doit courir à ce sujet, et je crois que ce sera peut-être la partie la plus difficilement réalisable vu le nombre de questions que l'état de Tabatah a déjà soulevé.. »

Non, non et non, les choses ne devaient pas se passer comme ça! Salazar et tous ses abrutis d'amis doivent s'acharner contre moi, ce n'est pas possible autrement!
Samaël E. Wilson
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Message par Adam Meyer Jeu 10 Fév - 12:23

« Je... je ne vois pas ce que tu veux dire.
- Traître. »

J’avais du mal à qualifier l’expression qui flottait sur son visage. Dans mon esprit, une seule chose était claire: il fallait prendre le problème à la source, en essayant de modifier la donne concernant ce lâche. Et le seul moyen que je trouvais envisageable était de dire la vérité. Au fil de la conversation, je l’avais sentis monter en moi, ce besoin d’être honnête, et il atteignait désormais ce qui me semblait être son point culminant. Pourtant l’idée était dangereuse. J’avais toute les raisons de croire que ce serpentard n’était pas fiable, il l’avait prouvé à mon époque en se désintéressant totalement du sort de Tabatah. C’était un lâche, qui transpirait la médiocrité, et pourtant j’avais besoin qu’il connaisse mon histoire. C’était sans doute la meilleure façon de le bousculer, et d’offrir un avenir meilleur à ma mère, de lui offrir un avenir tout court. Mais je n’arrivais pas à comprendre totalement ce besoin. Car ce n’était qu’une probabilité, rien ne me permettait de dire qu’il était digne de confiance, et que mes révélations ne tombaient pas dans l’oreille d’un abruti.

« Je ne sais pas quel nom Jennings a donné à l'enfant. »

Il rebondissait sur cet élément là. Pouvais-je espérer que ma déclaration lui avait simplement paru folle et qu’il ne s’en soucierait pas plus? Dans tous les cas, le fait qu’il ne connaisse pas le nom de son enfant prouvait bien le peu de considération qu’il lui accordait. Une grimace pointa immédiatement sur mon visage à cette lourde constatation. Il n’y avait plus aucun doute possible, mon géniteur n’était pas tant un lâche qu’un prétentieux auquel ma survie importait peu, voire pas du tout.

« Je ne sais pas comment il s'appelle et je ne veux rien savoir de lui. Il n'est pas réel. Il n'est pas important. »

Ses paroles sévères firent écho à la conclusion où j’en étais venu. J’aurais du être abattu à l’entente d’un tel discours. Seulement, il semblait trop répété, trop mécanique, pour être convainquant. Il scandait ça comme un faire valoir à son comportement et à ses décisions. Mais ça sonnait en partie faux. En partie, car je me doutais qu’il devait penser ces choses, au moins en réaction à son éducation de parfait héritier de Salazar. Mais j’avais l’intime et folle conviction qu’une part au moins de lui-même luttait contre cette apathie de rigueur.

« Je n'ai même jamais cherché à le voir. De toute façon.. ce que tu dis ne peut pas être vrai. »

Il s’enfonçait dans le déni, et je l’écoutai en fronçant les sourcils. Mais lorsqu’il leva les yeux sur moi, en m’examinant sans doute pour la première fois, je repris une attitude plus détachée. Il devait songer à ma révélation désormais, se dire que je mentais, car j’étais là devant lui, et j’avais son âge; je ne pouvais pas être la même personne que ce bébé qu’il fuyait comme la peste. Oui, ses pensées à cet instant devait se résumer à ça. Mais je ne m’attendais pas à l’entendre rire. Ca me surprit et me valut un léger mouvement de recul, à peine visible. Qu’y avait-il de drôle?

« Tu n'as rien de moi. »

La déclaration tomba en moi comme un poids mort et me tordit l’estomac. Je n’avais rien de lui, en soit c’était peu flatteur à entendre mais c’était un aveux pur et simple. Il était difficile pour moi de décrire et même de penser l’effet que cette phrase, somme toute très banale, produisit. Mon regard échappa le voile qu’il portait depuis le début de la conversation, et je me permis bêtement de regarder ce jeune homme face à moi comme mon père. Car c’était ce qu’il était, définitivement.

« Je ne veux pas de cet avenir. »

Était-ce une lueur d’espoir? Vu d’ici, ça y ressemblait. M’offrait-il une petite victoire en me permettant d’envisager un avenir meilleur? Pas pour moi, non, mais pour le bébé à l’infirmerie. C’était égoïste de penser à lui, car je me servais de mon saut dans le temps pour améliorer ma vie. Mais au fond, je ne pensais pas tant à moi qu’à un autre Adam. C’était confus, mais quoi qu’il lui arrive, je doutais que quoique ce soit change pour moi. Ma vie était comme déjà écrite. C’était ce qui semblait le plus probable puisque les changements que notre venue, avec les autres préfets, avait amorcé ne nous avait pas affecté directement. Maintenant, nous appartenions à cette époque ci, aussi tordu que cela paraisse, et malgré les croisements que ça engendrerait, avec nos doubles notamment.

« Qu'attends-tu de moi? »

Sa voix me tira de mes réflexions. Malgré la faiblesse avec laquelle il posait cette question, elle me paraissait immense. Inestimable. Un fin sourire étira alors mes lèvres.

« J'ai moins de libertés que tu ne sembles le croire. Tu penses que choisir de protéger Jennings et … notre enfant... »

Il s’interrompit subitement, me laissant sur cet aveux qui me gonflait le cœur. L’entendre assumer le fait que ce petit à l’infirmerie était de lui était infiniment précieux à mes yeux. Mon sourire s’élargit un peu plus, et mon regard déclina dans une sorte de flou artistique qui tenait beaucoup de la béatitude. Je n’avais pas espéré tant en l’abordant sans lui laisser l’occasion de se dérober. Je m’étais presque résigné à ce qu’il continue à nier indubitablement la vérité. J’ignorais quel avait été le déclic en lui, mais je ne pouvais que m’en féliciter. Ma ténacité avait finalement porté ses fruits!

« Tu penses que ce sera sans conséquences pour moi? Pour nous? Au contraire : en plus d'avoir Montgomery sur le dos il nous faudra composer avec ma propre famille. Mon père verra ça comme une abomination, il se chargera peut-être lui-même de se débarrasser de toi. »

Ca me coupa toute envie de sourire, mais je n’en fus pas non plus atterré. Je ne pouvais pas trop en demander. J’avais déjà obtenu beaucoup rien que par ses aveux et avec la volonté qu’il semblait désormais placer dans l’affaire. Je me doutais bien que des risques subsidiaires apparaîtraient, il n’était après tout jamais simple d’opérer un changement. Il y avait toujours un danger, celui de faire empirer les choses en cherchant à les arranger. Mais si ça permettait à ma mère d’être épargnée, tous les risques se devaient d’être encourus. Mon visage apparaissait entièrement résolu, lorsqu’il ajouta:

« À moins de trouver quelque chose de solide. Une solution qui dissuaderait Paris de nuire tout en laissant mon père à l'écart. Mais ça implique que pas une seule rumeur ne doit courir à ce sujet, et je crois que ce sera peut-être la partie la plus difficilement réalisable vu le nombre de questions que l'état de Tabatah a déjà soulevé.. »

Déjà il évoquait des issues de secours, des itinéraires de déviation pour éviter les catastrophes. C’était décidément bien plus que ce que j’avais demandé ou même espéré. Par Merlin, c’était un véritable miracle! Et il me fut difficile de contenir ma joie et mon enthousiasme. Un sourire perça sur mes lèvres et mes yeux accusèrent le bonheur qui me serrait le cœur, mais je donnai assez bien le change concernant le reste.

« Si tu savais comme ça me fait plaisir de t‘entendre parler comme ça! »

Je n’avais pas voulu le dire, c’était sorti tout seul. Etre tout joyeux, dégoulinant de reconnaissance, ça ne me ressemblait absolument pas. Pourtant, c’était ce qui était ressorti de ma phrase. Et j’accusai immédiatement le coup en écarquillant de grands yeux ronds. Mes lèvres se crispèrent légèrement, mais j’arrivai finalement à reprendre contenance, pour enchaîner:

« J‘ai conscience des risques. Le changement, ce n‘est jamais sans conséquence. Mais le jeu en vaut la chandelle, n‘est-ce pas? »

Comme un mendiant à qui l’ont aurait donné un quignon de pain, je réclamai désormais la baguette entière. C’était plus fort que moi; je voulais l’entendre aller à nouveau dans le sens de mes pensées et de mes attentes. Je voulais sentir encore ce sentiment agréable et excitant de savoir mon père prêt à faire des concessions pour entrer dans ma vie!

« Evidemment, il faut éloigner Paris et tenir ton père à distance… Le secret est une chose, mais ce n‘est pas suffisant. Car un secret, ça se découvre, et surtout dans cette école. » Je ne faisais que laisser apparent le cheminement de ma pensée. Ce n’était rien d’exceptionnel, mais je ressentais le besoin de prononcer à voix haute ce qui me trottait en tête. « Il vous faut à tous les deux des alibis solides. Il faut que Paris ne soit jamais en position de savoir qui est le père de l‘enfant de Tabatah. Et toi … trouves toi quelqu‘un, il l‘embêtera elle au lieu de se focaliser sur ma mère. » Je n’énonçais que des remèdes de fortune, qui ne ferait guère le poids au bout du compte. J’en avais conscience, aussi je repris avec plus d’assurance: « Il faut que le moins de monde possible soit dans la confidence. Au regard de tous, tu dois continuer à traiter Tabatah comme une moins que rien, car c‘est l‘une de vos conversations qui m‘a mis la puce à l‘oreille. » C’était à mon tour de devenir un véritable moulin à parole. J’étais devenu décidément trop loquace avec les inconnus depuis quelques temps, il faudrait que je surveille cette fâcheuse manie. « Et il faut s‘appuyer autant que possible sur la moindre personne informée, pour vous. Montana peut peut-être faire quelque chose, avec ses visions par exemple.  »

Je marquai finalement un instant de pause. Je laissai mon regard vagabonder ça et là dans la pièce, avant de reprendre quand il se posa sur une tapisserie:

« Quoiqu‘il arrive, tu ne dois jamais arrêter de veiller sur elle… » Je posai un regard fébrile sur lui en ajoutant: « de veiller sur nous. » J’attrapai son bras en même temps que je lançai avec empressement: « Qu‘importe ce qu‘il advient de ta vie, que tu fondes une famille pour contenter ton paternel, ou quoi que ce soit d‘autre, il faut que tu me promettes de ne jamais faillir à ta mission. » Mon regard plongea dans le sien tandis que l’importance de la situation se lisait sur mes traits. « Promets moi d‘être là, tout simplement. »

Il y avait quelque chose d’assez implorant dans mon regard, et pourtant je restais digne et fier. Il n’était pas question que je me mette à genoux devant lui, il n’avait encore rien fais pour me prouver qu’il en valait la peine. Pour l’instant, il m’avait simplement décroché quelques mots, quelques phrases assez prometteuses, mais rien d’autre. Il me faudrait attendre les actes et les vraies décisions pour savoir si le futur avait finalement une chance d’être sauvé.
Adam Meyer
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Good boy get bad
Garden, cruel love.

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Message par Samaël E. Wilson Mar 15 Fév - 19:03

Je suis confus, et cette sensation est pour le moins déplaisante. Déstabilisante, surtout. Cette situation est juste surréaliste : je suis face à un type qui se prétend du futur – et malgré mes réticences à y croire, je ne peux fermer plus longtemps les yeux à l'entente de tels aveux, ni même rester insensible aux preuves qui appuient cette théorie. Plus précisément, je discute avec celui qu'est destiné à devenir l'enfant que je ne rêvais que d'abandonner à son sort depuis des mois. Et – Salazar me vienne en aide – je ne suis même pas maître de mes propres paroles, ce qui ne m'aide absolument pas. La mâchoire crispée depuis les âneries que je viens de débiter plus vite que mon ombre, je ne peux détacher mon regard de mon vis-à-vis, qui semble prendre la mesure de mon... de mon changement d'avis. Merde. Jurer n'est pas l'une de mes habitudes; c'est quelque chose que je n'aime pas faire, même intérieurement, mais avouons que cette fois... un tel écart est largement justifié.

Je garde en mémoire la transfiguration qu'a brièvement subi le visage de Meyer – barré d'un large sourire que je devine profondément sincère, le regard presque perdu... – lorsque que je me suis rangé malgré moi de son côté. Je meurs d'envie de réparer cette erreur, mais quelque chose m'en empêche : je prends soudain conscience de l'ampleur des espoirs qu'il place en moi. Ne se rend-il pas compte que ce que mes mots sont en désaccords avec ma volonté? Non... il ne peut pas le savoir.

« Si tu savais comme ça me fait plaisir de t‘entendre parler comme ça! »

Son aveu l'étonne lui-même, à en voir sa propre réaction. Je prends soin de laisser se dessiner une mimique sarcastique sur mes traits, satisfait de me rendre compte que mes gestes, au moins, ne me trahissent pas. Mais il ne prend même pas conscience du mépris que j'affiche à la vue d'un tel débordement de bons sentiments, perdu qu'il l'est dans la satisfaction.

« J‘ai conscience des risques. Le changement, ce n'est jamais sans conséquence. Mais le jeu en vaut la chandelle, n'est-ce pas? »

Non! J'aimerais le crier, le lui cracher sans pitié au visage, mais je me tais. Je sais trop bien que l'envie de réagir ainsi m'est dictée par ma mauvaise foi quasi légendaire. N'ai-je pas moi-même reconnu qu'il me fallait modifier mes projets d'avenir pour éviter de perpétrer les erreurs du « Samaël Wilson » ayant existé à l'époque de Meyer? Les raisons de mon soudain recul sont la crainte engendrée par mes doutes et par une inquiétude certaine à l'idée de ne pas parvenir à exprimer clairement mes pensées. Je déglutis, prends sur moi en me rendant compte qu'il attend réellement une réponse, et m'apprête à lâcher un « peut-être » évasif, détaché sur possible, mais...

« Sans doute. » - m'entends-je affirmer d'un ton sans appel.

Mes yeux se ferment presque immédiatement alors que je me refuse une nouvelle fois à assumer les pensées que mes lèvres formulent sans ma permission, et je sens lentement la panique m'envahir, tandis qu'un frisson me hérisse l'échine. Je suis clairement en train de perdre le contrôle de cette discussion, ce qui est de très mauvais augure pour la suite. Lorsque je rouvre les yeux, c'est pour chercher autour de moi une potentielle porte de sortie pour échapper à cet enfer. Qu'en sera-t-il lorsqu'il abordera des points plus importants, me fera promettre ce que je ne veux pas? Serai-je capable de refuser? À voir comment les choses se déroulent jusqu'à présent, il n'est pas question que je tente ma chance en restant ici plus longtemps. Seulement, il est ingénieusement positionné entre la sortie et moi, ce dont il ne se rend peut-être même pas compte. Mon regard reste figé au-dessus de son épaule et je fais, malgré moi, un pas en avant – vers ce qui m'apparaît comme mon seul salut. Et lui... il s'applique à étayer les « plans » que « nous » nous devons de mettre en place.

« Evidemment, il faut éloigner Paris et tenir ton père à distance… Le secret est une chose, mais ce n‘est pas suffisant. Car un secret, ça se découvre, et surtout dans cette école, fait-il remarquer de façon parfaitement inutile, étant donné que je viens moi-même d'en faire la remarque. Si j'avais plus confiance en ma maîtrise de soi, je le lui ferais peut-être remarquer; mais je crains les absurdités qui risquent de m'échapper à la place. De toute façon, il n'attend pas mon approbation pour reprendre la parole. Il vous faut à tous les deux des alibis solides. Il faut que Paris ne soit jamais en position de savoir qui est le père de l‘enfant de Tabatah. Et toi … trouves toi quelqu‘un, il l‘embêtera elle au lieu de se focaliser sur ma mère. Je me fige en tournant vers lui un regard outré. Que je me case? Juste pour les beaux yeux de cette casse-pied de Jennings? Bien sûr, il ne peut pas être au courant du fait que je suis déjà en couple – aussi tordu que soit le dit couple – et que l'option de sortir avec la première bécasse venue ne ferait que compliquer encore plus ma vie sentimentale. Et de toute façon, qu'est-ce que ça a voir avec... Oh. Mon sang se glace alors que je me souviens que, selon toutes vraisemblances, ce type me prend pour son père. Comment ai-je fait pour mettre ça de côté? Notre discussion est une succession de choc à encaisser; concentré que je l'étais sur ses révélations, j'avais complètement oublié qu'il... Bon sang, il faut que je trouve un moyen de lui dire la vérité! Il faut que le moins de monde possible soit dans la confidence. Au regard de tous, tu dois continuer à traiter Tabatah comme une moins que rien, car c‘est l‘une de vos conversations qui m‘a mis la puce à l‘oreille. Je renifle avec agacement. Décidément, je n'ai aucune idée de comment il s'y est pris, mais il n'a pas tort : je ne me doutais absolument pas de sa présence – et pourtant j'ai pris mes précautions avant d'engager cette fameuse conversation! J'étais persuadé que Tabatah et moi étions parfaitement isolés, et pourtant... Et il faut s‘appuyer autant que possible sur la moindre personne informée, pour vous. Montana peut peut-être faire quelque chose, avec ses visions par exemple. »

Cette fois le dégoût s'inscrit clairement sur mes traits, bien que je ne pipe pas mot. Je ne m'en remettrai jamais à cette diseuse de bonne aventure de pacotille. Les devins m'ont toujours profondément révulsé, et cette fille en particulier... non, je refuse de frayer avec une telle déglinguée.

« L'avenir se construit sur un présent perpétuellement sujet aux changements. Alors les visions... »

Je laisse ma phrase en suspend, laissant clairement entendre que je n'y prête absolument pas foi, mais me refusant à tenter de l'énoncer. Si ça se trouve je me retrouverai à raconter que j'ai toujours fait confiance aux élucubrations de Jones, et c'est quelque chose que je ne veux pas m'abaisser à faire, même par erreur. Il marque une pause, et je m'attends à ce qu'il s'attarde sur mon refus de m'appuyer sur la Serdaigle, mais non.

« Quoiqu‘il arrive, tu ne dois jamais arrêter de veiller sur elle… – son regard se repose sur moi, et je me sens presque transpercé par tout ce qu'il exprime – de veiller sur nous. Il m'impose alors une contact malvenu qui me grincer des dents, mais je ne me sens pas capable d'essayer de lui échapper. Je viens de donner à un orphelin l'espoir de changer son passé. Qu‘importe ce qu‘il advient de ta vie, que tu fondes une famille pour contenter ton paternel, ou quoi que ce soit d‘autre, il faut que tu me promettes de ne jamais faillir à ta mission. Promets moi d‘être là, tout simplement. »
« Je te le promets... »

La réponse m'est venu comme un automatisme, et je me dégage de sa prise, tremblant. Je ne viens pas de faire ça, n'est-ce pas? Je me passe une main dans les cheveux, tentant de ne pas laisser percevoir mon bouleversement, mais les émotions qui m'envahissent sont trop puissantes pour que les contiennent. Je suis en train.. de m'enchaîner à Jennings et à son gamin!

« Mais il me faudra une rétribution pour ça. »

Enfin! Ce que je m'apprête à dire n'est pas encore tout à fait clair dans mon esprit, mais marchander est tellement encré dans mes habitudes que j'ose espérer pouvoir atténuer les dégâts, ne serait-ce qu'un minimum. Quitte à faire des erreurs, autant qu'elles puissent me servir. Oh, il va sans doute me prendre pour un monstre : faire payer à mon « fils » ma présence à ses côtés? Dit ainsi, ça frise presque l'amoral. Mais je me contrefiche de ce qu'il peut en penser; à cet instant, la colère dicte en grande partie mes réactions, parce que je lui en veux d'avoir si bien su me mener là où il le voulait, m'arracher des serments... Serments? Je réfléchis à toute allure, les yeux plissés le vrillant d'un regard soudain calculateur. J'ai vraiment fait tout une affaire de ce que je viens de... promettre. Mais ce n'étaient – justement – que des paroles en l'air. Rien ne m'oblige... à m'y tenir. Lui, reste par contre plus ou moins persuadé de ma bonne volonté. Je peux peut-être en tirer quelque chose sans rien avoir de concret à donner en retour...

« Il y a certaines choses... que je serais curieux de savoir. Ce n'est pas tout à fait vrai : ce qu'il m'a révélé me donne plutôt envie de me détourner de lui et d'enfouir ce que je sais très profondément en moi pour ne plus jamais y penser, et de me laisser simplement porter par le courant sans songer aux catastrophes qui en résulteront. Ce serait tellement plus facile... mais tellement douloureux. Les traits de Curtis s'imposent à mon esprit, et je brime mes hésitations en me répétant que ce qui se passe est peut-être déstabilisant, mais aussi et surtout une occasion en or que je ne peux décemment pas laisser passer. Tu m'as prouvé que tu es l'une des personnes les mieux placées pour exiger de moi que je... m'occupe de ta mère et de toi. Seulement... – je penche la tête de côté, pesant mes mots : est-ce que tu bénéficieras réellement des changements que tu auras provoqués? Est-ce que les souvenirs de ton passé et de ce que tu as vécu se modifieront en fonction de mes choix? »

Il se demandera sans doute où je veux en venir, et la réponse est simple : je veux le pousser à m'en dire plus que ce qu'il m'a déjà avoué. Je me demande si, en m'en faisant un allier, j'aurai à ma disposition une sorte de « porte » vers l'avenir; sera-t-il en mesure de m'apprendre, plus tard, quels auront été les impacts de mes actes? C'est peu probable, mais qui ne tente rien n'a rien. Un sourire étrange danse sur mes lèvres alors que je secoue brièvement la tête de droite à gauche, une étrange idée en tête.

« Personnellement, je ne crois pas que je serais capable d'assurer un avenir meilleur que le mien à un autre « moi ». Tu imagines? Tu seras là, témoin de l'existence que tu aurais pu avoir mais qui te sera refusée à jamais, condamné à ne vivre ton bonheur que par procuration. Peut-être seras-tu satisfait de ce que tu auras accompli pour Adam, celui de cette époque, mais... est-ce que tu ne finiras pas par être rongé par la jalousie en sachant que tu n'auras pas fait tout ces efforts pour toi-même? »

Je sais qu'à sa place je finirais par « me » haïr. C'est peut-être tordu, c'est même très probablement dû à un égoïsme exacerbé mais, à mon humble avis, c'est tout simplement humain.

« Enfin, je me trompe peut-être. Si ça se trouve tes copains et toi avez déjà en tête un moyen de retourner à votre époque et de reprendre vos places dans le cours du temps. »

Mais c'est presque impossible. Je ne sais pas grand-chose des voyages temporels – si ce n'est qu'il s'agit d'entreprises aussi improbables que risquées – mais leur venue ici a très certainement provoqué une sorte de rupture. Les gamins ayant fait irruption dans notre temps la dernière fois ont-ils donné une quelconque information à ce sujet? Les quatre voyageurs encore coincés à notre époque ont-ils tout simplement été rayés de leur « présent », ou ont-ils eux aussi eu droit à des prédictions concernant un avenir que des doubles d'eux auraient construit? Les questions que je lui ai posées jusqu'à présent n'ont pas une importance capitale, mais s'il accepte d'y répondre et que nous finissons par aborder des points plus précis de l'avenir, il ne pourra plus reculer. En ce qui me concerne, je n'ai pas grand-chose à perdre : soit il refuse et me libère lui-même des mes obligations envers lui, soit il accepte et me livre des informations, me laissant alors le choix de l'aider.. ou non.

« Enfin, rien ne t'oblige à me répondre. Cela pourrait passer pour un sursaut de conscience, mais il n'en est rien. Je veux seulement lui faire prendre conscience.. Je me doute que tu dois être sous le sceau du secret, et que m'en révéler plus constitue une sorte de... trahison. … du fait qu'il renie les siens en acceptant les closes du marché que je lui propose. C'est pourquoi je comprendrais parfaitement que tu refuses d'aborder plus longtemps ce sujet. Mais je me dois de te conseiller de bien y réfléchir, car tu te doutes que si tu fais ce choix, je penche la tête de côté, mon sourire ne m'ayant pas quitté, et me mords légèrement la lèvre inférieur, ravi d'être enfin en position de le narguer : je me considérerai libre de ne pas tenir ma promesse. »

La situation n'est pas vraiment bénéfique pour lui, quoi qu'il se décide à faire. Mais il n'est pas le seul à dépendre de ce choix : il y a également la vie de sa mère qui pèse sur la balance. Rester fidèle à ses amis, à son devoir, et la regarder mourir? Ou trahir les siens pour sauver la vie de cette femme qui représente tant à ses yeux, tout en se condamnant à être témoin d'une existence à laquelle il n'aura jamais directement droit? Charmant dilemme.
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Message par Adam Meyer Sam 26 Fév - 22:23

« L'avenir se construit sur un présent perpétuellement sujet aux changements. Alors les visions... »

Mes lèvres se pincèrent, mais je me gardai de surenchérir. Il ne semblait pas vouloir donner à Montana le moindre rôle dans cette affaire, en commentant de façon catégorique mon idée de recourir à ses visions. En soit, ça ne m’étonnait pas, il était décidément le serpentard arrogant dans toute sa splendeur. Mais d‘un autre côté, son commentaire ne manquait pas de sens. Les visions de Montana ne pouvaient avoir au fond que l’importance qu’on voudrait bien leur accorder. Mais ça n’était pas négligeable à mes yeux. Avant le bond dans le temps, j’étais franchement réticent avec tout ce qui avait trait aux voyages temporels, d’une façon ou d’une autre. J’étais trop pragmatique, tout en baignant dans le monde de la magie, pour prêter ne serait-ce qu’un soupçon de foi à ce qui paraissait inenvisageable. Mais j’avais dû revoir mon jugement. Aussi les visions de Montana ne pouvaient être laissées de côté. Certes, il ne fallait pas entièrement se reposer sur les révélations d’un futur en perpétuel mouvement, mais elles n’étaient certainement pas à réfuter en bloc. Si ça nous permettait d’avoir ne serait-ce qu’une infime avance sur Paris, c’était bon à prendre!

« Je te le promets... »

Mon cœur parut manquer un battement, avant de retrouver un rythme plus régulier. J’avais presque exigé cette réponse, de façon égoïste et même inadmissible. J’avais attendu de lui qu’il me fasse cette promesse. Et pourtant, lorsque les mots étaient venus, j’avais eu du mal à les encaisser. Ils auraient du glisser sur moi, comme une promesse trop belle et peu crédible. Mais au lieu de ça, ils m’avaient fais vaciller. Je leur accordais subitement beaucoup trop d’importance. Je n’aurais pas du me permettre d’être aussi touché par de simples mots, même venant de mon géniteur.

« Mais il me faudra une rétribution pour ça. »

Ouf. Mes nerfs se calmèrent suffisamment pour permettre à mon cerveau de prendre le relais sur mon cœur. Ce genre de contrepartie qu’il s’apprêtait à exiger n’avait rien d’étonnant. Et en cela, ça me permit de prendre un peu de distance avec sa promesse; alors que je réalisais seulement de la distance effective qu’il avait mis entre nous en se dégageant de ma poigne sans le moindre effort.

« Il y a certaines choses... que je serais curieux de savoir. »

Ma curiosité naturelle me venait-elle de lui? Je réprimais immédiatement cette question, mais il était déjà trop tard. Comment avais-je pu la laisser s’immiscer dans mon esprit, avant toute autre forme de réflexion? Décidément, ce serpentard avait une très mauvaise influence sur moi. Mais je ne pouvais m’empêcher de pardonner ce tord, car après tout, n’était-ce pas naturel que d’être psychologiquement changé en présence d‘un membre de sa famille, de son propre sang?

« Tu m'as prouvé que tu es l'une des personnes les mieux placées pour exiger de moi que je... m'occupe de ta mère et de toi. Seulement... est-ce que tu bénéficieras réellement des changements que tu auras provoqués? Est-ce que les souvenirs de ton passé et de ce que tu as vécu se modifieront en fonction de mes choix? »

Sa question était déroutante. Pas en elle-même non, car elle débordait de logique, mais parce que je m’étais fais la même réflexion à peine un instant auparavant. Non. Je ne ressentirais aucun changement, en tous cas pas selon toute vraisemblance. La boucle du temps était difficile à appréhender pour un cerveau humain; mais ma propre appréhension de la situation me permettait d’affirmer que les changements que je pouvais instiguer à cette époque ne me toucheraient pas. Tout simplement car il semblait acquis que les autres préfets et moi avions fais un aller simple, sans aucun retour possible. Mieux valait encore pour nous vivre dans ce monde, à cette époque que nous commencions à connaître, plutôt que de retourner dans le notre, qui avait d’ors-et-déjà changé.
Et en terme de psychologie, je n’avais pas le sentiment d’avoir connu de transformation. Mes pensées, mes souvenirs, étaient toujours les mêmes. Je ne pouvais appréhender un nouveau futur où Clyde serait devenu Ministre de la magie. Et au fond, c’était bien normal. Car si les autres préfets et moi ressentions les changements, il y avait fort à parier que la situation nouvelle ne nous aurait jamais poussé à faire ce saut vers le passé, et notre présence même serait remise en cause.

« Personnellement, je ne crois pas que je serais capable d'assurer un avenir meilleur que le mien à un autre « moi ». Tu imagines? Tu seras là, témoin de l'existence que tu aurais pu avoir mais qui te sera refusée à jamais, condamné à ne vivre ton bonheur que par procuration. Peut-être seras-tu satisfait de ce que tu auras accompli pour Adam, celui de cette époque, mais... est-ce que tu ne finiras pas par être rongé par la jalousie en sachant que tu n'auras pas fait tout ces efforts pour toi-même? »

Tout au long de sa tirade, mon visage s’était crispé. Je n’aimais pas la logique dont il se servait, et pourtant je devais admettre que son raisonnement faisait écho au mien. C’était un fait. J’étais coincé à cette époque, condamné à observer l’avenir meilleur que j’essayais de faire naître pour les autres … mais pas pour moi. C’était le but, dès le départ, même si nous avions espéré faire les choses rapidement et proprement pour pouvoir retourner à notre époque. Mais nous avions conclu à une fin heureuse de façon bien trop précipitée. Quand bien même nous aurions arrangé les choses, ce ne serait pas vraiment notre futur que nous aurions réintégrés, alors qui aurions-nous été alors?

« Enfin, je me trompe peut-être. Si ça se trouve tes copains et toi avez déjà en tête un moyen de retourner à votre époque et de reprendre vos places dans le cours du temps. »

Non, justement. Et sa conclusion optimiste ne fit qu’exacerber mon propre pessimisme. Rien n’avait été prévu, sinon offrir un meilleur avenir à tout le monde. Et désormais, nous nous retrouvions coincés à cette époque, pieds et poings liés tant que Clyde ne se décidait pas à agir pour nous permettre de le stopper.

« Enfin, rien ne t'oblige à me répondre. Je me doute que tu dois être sous le sceau du secret, et que m'en révéler plus constitue une sorte de... trahison. »

En un sens, oui, sans doute. Mais les choses n’étaient pas aussi claires que ça. J’avais déjà mis Montana dans la confidence, bien qu’un énorme fossé la séparait du serpentard en l’occurrence. Avec elle, il n’y avait pas vraiment trahison, mais avec lui…

« C'est pourquoi je comprendrais parfaitement que tu refuses d'aborder plus longtemps ce sujet. Mais je me dois de te conseiller de bien y réfléchir, car tu te doutes que si tu fais ce choix… »

Un léger silence s’installa alors que son œil s’éclairait d’une façon assez inquiétante. Son comportement tenait décidément beaucoup du vicieux, et je n’aimais pas ça. Je sentais presque l’étau qui se refermait sur moi.

« Je me considérerai libre de ne pas tenir ma promesse. »

Mon visage tout entier se crispa. Je me doutais qu’il prenait plaisir à me confronter à ce choix. Un choix? Lui comme moi savions très bien que ça n’en était pas un. Et il y avait fort à parier que c’était ce qui lui plaisait le plus. Car non content de me voir inévitablement opter pour ma mère, il prendrait surement un plaisir malsain à me voir souffrir des répercutions de ce simulacre de choix qu’il me forçait à faire. Tendu, je parvins néanmoins à m’exprimer d’une voix claire, qui m’étonna presque.

« Autrement dit, tu ne me laisses guère le choix. »

Mon regard le tint en joue, tandis que les mots se bousculaient déjà dans ma gorge. Un père ça? Autant dire que ça y ressemblait guère. Même Andrews avait davantage la fibre paternelle que cet abject serpentard! Et pourtant, je ne cherchai même pas à remettre son ultimatum en cause. Ma voix n’avait pas faiblie, lorsque je repris la parole.

« Je comprend ta curiosité. » Il n’était pas nécessaire de formuler à voix haute l’option que j’avais choisi, ma réponse suffisait à la rendre aussi claire et limpide que de l’eau de roche. « Je ne ressens pas les changements que je peux provoquer. Le seul avenir que je connais et que je suis capable d‘appréhender est celui qui a été mon passé. Si tu veux tuer quelqu‘un et venir me questionner ensuite sur les répercutions de cette mort sur l‘avenir, je serais bien incapable de t‘en dire plus que ce que je peux supposer. » Un sourire fin et sans joie étira mes lèvres. « Alors non. Ca ne fera aucune différence pour moi que Tabatah vive … mais ça fera toute la différence. » Mon regard vrilla de façon accusatrice le serpentard, tandis que j’ajoutai: « C’est ma mère, et je veux qu’elle vive! Je veux pouvoir la connaître, même si elle n’apprend jamais mon identité, et même si elle ne sera jamais vraiment une mère pour moi.  »

Mes yeux tombèrent sur les dalles claires et froides. Mon cœur se durcit, et je pouvais le sentir même si c’était une idée idiote. Je détestais cet abruti en face de moi, je détestais qu’il soit mon père, et je détestais ce que son inaction avait fais de moi. Mais je détestais plus encore cette situation grotesque et cette guerre qui m’avait volé mon avenir en m’enfermant dans un passé sordide, et en me privant du moindre rêve que j’avais jamais pu envisager! Je les détestais tous, et je me détestais davantage.
Ce qui expliqua les mots qui m’échappèrent alors que je relevai les yeux:

« Si c‘est le prix à payer pour que tu accomplisses ton rôle, et que tu offres un avenir digne de ce nom à cet autre qui n‘est pas moi, alors je te dirais tout ce que tu veux savoir. »

Il y avait de la pugnacité dans ma voix; ma rage fourmillait et se ressentait en partie dans mes paroles. Ce n’était pas la première fois que je ressentais de la haine et de la colère, mais la montrer aussi facilement n’était pas mon genre d’habitude. Comme cette façon de cracher sur l’avenir qui serait accordé au petit à l’infirmerie, et sous entendu pas à moi. D’ailleurs, je ne pus m’empêcher d’en rajouter une couche, sur un ton très peu maîtrisé:

« Et pour ton information, bien sûr que je suis jaloux! »

Qui ne le serait- pas? Mais de là à l’avouer sans retenue, il y avait une marge. Je ne comprenais pas ce qui m’avait pris, et pourtant ça me faisait un bien fou d’avoir extériorisé le malaise.
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Message par Samaël E. Wilson Mar 1 Mar - 16:53

« Autrement dit, tu ne me laisses guère le choix. »
« Bien sûr que si. »

Ma réplique est partie instinctivement, et je m'agace d'entendre résonner cette stupidité au lieu du « non » implacable que j'aurais voulu répondre. Je hausse les épaules avec une désinvolture feinte et m'appuie contre le mur derrière moi, résolu à ne plus dire que le strict minimum. Je ne sais toujours pas ce qui se passe avec moi, mais cette tendance à balancer le contraire de ce que je pense met mes nerfs à rude épreuve. Un court instant, j'imagine que mon vis-à-vis est peut-être à l'origine de cet état de fait. Mon regard se plisse dans sa direction, suspicieux. Une potion? Un sort? Sa posture et ses réactions ne laissent rien voir. Il semble uniquement concentré sur la conversation... mais comment savoir? Ce type a des gènes de Montgomery, il est donc forcément tordu et complètement irrécupérable.

« Je comprend ta curiosité. Je ne ressens pas les changements que je peux provoquer. Le seul avenir que je connais et que je suis capable d‘appréhender est celui qui a été mon passé. Si tu veux tuer quelqu‘un et venir me questionner ensuite sur les répercutions de cette mort sur l‘avenir, je serais bien incapable de t‘en dire plus que ce que je peux supposer. Alors non. Ca ne fera aucune différence pour moi que Tabatah vive … mais ça fera toute la différence. C’est ma mère, et je veux qu’elle vive! Je veux pouvoir la connaître, même si elle n’apprend jamais mon identité, et même si elle ne sera jamais vraiment une mère pour moi. »

Oh, comme c'est touchant. Je le considère sans laisser transparaître d'expression, mais acquiesce d'un bref signe de tête. C'est peut-être difficile à croire, mais je peux le comprendre. Ma relation avec ma mère est suffisamment importante à mes yeux pour que je sois intimement persuadé que, dans le cas ou sa vie serait en danger, je serais prêt à n'importe quoi pour elle. Mais ça, Meyer n'a pas besoin de le savoir. Son regard quitte le mien pour se poser au sol,

« Si c‘est le prix à payer pour que tu accomplisses ton rôle, et que tu offres un avenir digne de ce nom à cet autre qui n‘est pas moi, alors je te dirais tout ce que tu veux savoir. »
Mes prunelles s'éclairent d'une lueur de satisfaction et je ne peux m'empêcher de susurrer, moqueur : « Bon garçon. »

Je me sens désormais nettement plus en confiance. Il est apparemment convaincu d'avoir besoin de moi et ne peut décemment plus être catalogué comme « potentiel ennemi »; quel avantage aurait-il à lever la baguette sur moi? Fort de cette certitude, je lui tourne le dos – chose que je m'étais interdite jusque là –, affichant ouvertement le peu d'inquiétudes qu'il m'inspire, et reprends tranquillement place dans le fauteuil que j'avais quitté tout à l'heure. Je fais un geste de main pour lui désigner un siège, m'attendant à le voir rester sur la défensive, croiser les bras peut-être et dédaigner mon invitation. Cela ne m'empêche pas de lui adresser un rictus arrogant, tel un hôte face à son invité.

« Dans ce cas, installe-toi. Autant rendre cette conversation aussi agréable que possible. »

Mon ton léger crée un contraste avec le sujet de notre rencontre. Oui bien sûr, et pourquoi pas un thé pour nous mettre plus à l'aise? Quoi qu'en ce qui me concerne ce ne serait pas de refus.

« Et pour ton information, bien sûr que je suis jaloux! », crache-t-il avec agacement alors que je ne m'attendais pas à l'entendre prendre la parole.

Je ne peux m'empêcher d'être surpris. Étrange, comme il est en verve. À le voir évoluer de loin, je m'étais automatiquement imaginé un caractère plus renfermé et secret, une tendance à l'introspection plutôt qu'aux grands discours. Serait-il..? Nouveau doute, de nature différente cette fois : je ne le considère plus avec méfiance mais avec curiosité. L'étrange phénomène qui me pousse à contredire mes pensées l'atteindrait-il aussi? Hum.. peu probable. Jusqu'à présent, en dehors d'une tendance à en dire plus que nécessaire, il a l'air.. maître de ses paroles, ce qui n'est pas avantageux pour moi.

« Et que comptes-tu faire? »

J'ai, de façon étrange, adopté malgré moi la posture que prenait mon père quand il me sermonnait dans mon enfance. Je jauge Meyer, donnant l'impression de l'évaluer, et prends volontairement un air critique avant de demander de but en blanc, d'un ton sévère :

« Tu es un garçon intelligent, dévoué à la cause du monde sorcier, et c'est tout à ton honneur. Mais qui se soucie de ta cause? Je m'interromps une seconde, le temps de le laisser y réfléchir. Oh bien sûr, tu viens déjà de t'assurer de la survie de Jennings. Mais la Tabatah de cette époque n'est pas ta mère, quoi que tu en penses, et tu l'as reconnu toi-même : tu ne bénéficies absolument pas de tout tes efforts. Alors? As-tu l'intention de jouer encore longtemps le rôle de l'idiot de service, du héros caché à qui seront refusés tous les honneurs? N'as-tu pas envisagé une seule fois la possibilité de te servir de tout ce que tu sais en guise de rétribution pour tous les sacrifices qui t'ont été imposés? »

Je suis à peu près certain que l'idée lui a déjà traversé l'esprit, mais le but est de piquer son orgueil. À quoi bon n'agir que pour le bien d'autrui alors que la société n'a, elle, rien à apporter en échange? J'ose espérer qu'il ne me servira pas un discours d'altruiste en puissance n'ayant à coeur que le « bien de tous ».

« Ce serait réparer non pas une, mais plusieurs injustices. », j'ajoute insidieusement, faisant cette fois appel à ce qu'il m'a déjà avoué jusqu'à présent. Un orphelin faisant payer au monde les difficultés qu'il a endurées toute sa vie à cause de l'ambition des autres; ambition qui lui a enlevé tout ce qu'il avait de plus cher avant même qu'il ne soit en âge d'en bénéficier un tant soit peu. C'est si commun.

« Ensuite, tu m'expliqueras la raison exacte de ta présence ici. Il est évident que je ne fais pas référence à sa présence dans cette pièce, face à moi, mais à la raison de son retour dans le temps. Je me doute que ton petit écart visant à améliorer la vie de Jennings n'est qu'une digression à une mission plus importante. Personne n'aurait placé un retourneur de temps entre les mains de quatre adolescents sans raison importante. Et les annonces en chaines qu'ont fait leurs successeurs il y a quelques semaines en sont la preuve : ils tentent d'œuvrer à grande échelle, de pousser certaines personnes choisies à changer leurs actes futurs pour prévenir... quelque chose de grave, sans doute. Comme tout le monde, j'ai eu quelques échos des rumeurs qu'ont provoquées les révélations, mais à quoi bon mentionner des informations incertaines alors que je suis face à quelqu'un qui peut me révéler l'entière vérité? Quelle est cette mission? Ne te retiens surtout pas sur les détails. »

Vaste, trop vaste. Mais je n'ai pas le choix, puisque pour l'instant j'avance à tâtons. Je l'écoute avec le plus grand sérieux, conscient que ce qu'il a à m'apprendre mérite toute mon attention.
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Message par Adam Meyer Mer 2 Mar - 16:25

« Bon garçon. »

Ca l’amusait. La situation l’amusait vraiment désormais, ça ne faisait aucun doute. Et ça me donnait d’étranges frissons. Car j’avais le sentiment de ne plus rien contrôler. Peu à peu, il modulait la conversation selon son propre intérêt, ses attentes, négligeant totalement mes sentiments et mon angoisse à voir la situation m’échapper complètement. C’était ce qui me troublait le plus, car j’étais passé de la confiance à l’angoisse en un instant, mais je n’en demeurais pas moins résolu. Il ne me laissait pas le choix, et je ne pouvais guère faire la fine bouche. Je devais accepter les termes de son marché, faute de quoi il n’y en aurait pas du tout, et je me retrouverais le bec dans l’eau avec mes seuls yeux pour pleurer.

Je constatai que le serpentard venait de se rassoir, alors que son déplacement m’avait totalement échappé. Je ne pus voir ça autrement que comme le signe qu’il avait repris confiance. Son assurance était désormais évidente, notamment lorsqu’il me désigna un autre siège d’une main. Je ne fis que hausser un sourcil, alors que l’arrogance transpirait désormais de chaque pore de sa peau.

« Dans ce cas, installe-toi. Autant rendre cette conversation aussi agréable que possible. »

Mes lèvres se tordirent de dépits. Agréable n’était pas le mot le plus approprié à la situation. Même au départ, les choses me semblaient plus « agréables », mais il avait tellement distordu les circonstances qu’il avait fini par faire de la conversation un véritable calvaire à mes yeux. Mais encore une fois, le choix n’était plus à l’ordre du jour. Je pris calmement place dans le fauteuil qu’il m’avait désigné, alors que mon ton était tout sauf calme lorsque j’avouai sans retenue ma jalousie.

« Et que comptes-tu faire? »

Mes yeux se tournèrent sèchement vers lui, alors que je tentais de demeurer bien droit dans mon fauteuil. Son regard intéressé ne cachait pas sa volonté de m’évaluer, ainsi que ses intentions. Et ce fut d’une voix sévère qu’il ajouta sans me laisser réellement l’occasion de répondre de moi-même:

« Tu es un garçon intelligent, dévoué à la cause du monde sorcier, et c'est tout à ton honneur. Mais qui se soucie de ta cause? »

Je plissai légèrement les yeux, sachant pertinemment où il voulait en venir. Comme il le disait, j’étais intelligent, et il n’y avait aucune vantardise à l’admettre, car c’était un fait établi. Alors je me doutais qu’il s’apprêtait à jouer sur mes états d’âme afin de me faire arriver précisément là où il le souhaitait.

« Oh bien sûr, tu viens déjà de t'assurer de la survie de Jennings. Mais la Tabatah de cette époque n'est pas ta mère, quoi que tu en penses, et tu l'as reconnu toi-même : tu ne bénéficies absolument pas de tout tes efforts. Alors? As-tu l'intention de jouer encore longtemps le rôle de l'idiot de service, du héros caché à qui seront refusés tous les honneurs? N'as-tu pas envisagé une seule fois la possibilité de te servir de tout ce que tu sais en guise de rétribution pour tous les sacrifices qui t'ont été imposés? »

Cette fois-ci, mes yeux s’écarquillèrent. J’avais peur de comprendre où il voulait vraiment en venir et je trouvais ça … absurde. L’idée n’avait jamais été de récolter moi-même le fruit de mes efforts. Ce n’était pas pour ça que j’avais été envoyé à cette époque, et le Directeur avait remis sa confiance entre mes mains en y plaçant le retourneur de temps. Je me devais d’être digne de cette confiance, et notamment parce qu’il s’agissait de réaliser quelque chose de bien plus grand et important que ma petite personne ou celle des autres préfets. Mais c’était une notion étrangère au serpentard, il ne pouvait donc pas la comprendre, ou même l’appréhender.

« Ce serait réparer non pas une, mais plusieurs injustices. »

Alors pourquoi cette phrase résonnait en moi, bien après même qu’il l’ait prononcée?
Je détachai mon regard du serpentard, le ramenant devant moi. Il n’était pas question de lui laisser voir une seule seconde mon trouble. Aussi mince fut-il, sa présence était indéniable, et il se répandait dans mes veines comme un poison.

« Ensuite, tu m'expliqueras la raison exacte de ta présence ici. Je me doute que ton petit écart visant à améliorer la vie de Jennings n'est qu'une digression à une mission plus importante. Personne n'aurait placé un retourneur de temps entre les mains de quatre adolescents sans raison importante. »

Je grommelai presque en lui répondant du tac-au-tac:

« Entre mes mains. »

Je m’étonnais moi-même de la remarque. Plus que d’être bourrue, elle était surtout parfaitement déplacée. D’autant que mon géniteur n’avait pas à avoir ce type d’information. S’il savait que j’étais le seul responsable du retourneur, et donc le seul susceptible de décider de son utilisation, il risquait fort de laisser libre court aux mauvaises intentions dont il semblait pétri.

« Quelle est cette mission? Ne te retiens surtout pas sur les détails. »

C’était si gentiment demandé, comment refuser? Une grimace transforma un instant mes traits, avant que je ne retrouve un calme tout apparent. Je ne pouvais pas négliger de lui répondre, car ça faisait partie intégrante du marché que nous avions passé, mais je n’étais pas tenu de lui donner tous les détails, ni même de lui dire l’entière vérité, l’essentiel étant que ça paraisse vrai.

« L‘idée est de stopper Clyde. » Mes yeux se figèrent dans une expression révulsée, alors que je prenais conscience de la facilité et de la précision avec laquelle j’avais révélé la base même de la mission. « Il venait de lancer une attaque sur Poudlard, une attaque que nous n‘étions pas en mesure de repousser ou seulement d‘arrêter, il a donc fallu trouver un autre moyen pour défaire Andrews. »

Ma main se flanqua contre ma bouche, il n’était pas question d’en dire davantage de cette façon. C’était trop honnête, trop fidèle à la réalité … en somme, c’était dangereux. Il avait beau être mon géniteur, rien ne me permettait de lui faire confiance, au contraire même. Il m’avait d’ors-et-déjà prouvé à quel point il était retors et cupide. Ca aurait du suffire à me faire taire, mais non. A peine eu-je détaché les doigts de mes lèvres, que les mots revinrent marteler la barrière qu’elles formaient.

« On a été envoyé tous les quatre, pour être les derniers préfets survivant de nos maisons respectives. » C’était plus fort que moi, et à vrai dire, je ne cherchais même plus à endiguer les révélations, car ma volonté ne pesait pas le moindre poids dans la balance. « Et il faut avouer que, jusque là, on est pas arrivé à grand-chose. »

Je tournai les yeux et toute mon intention vers le serpentard. Il semblait qu’en n’opposant aucune résistance, j’arrivais paradoxalement à mieux contrôler les révélations.

« Comme tu l‘as dis, je fais un petit écart afin de sauver ma mère, mais la mission part tellement à vau-l’eau que j’ai du mal à m’en vouloir encore pour cette digression. »

Ben voyons! C’était dis si naturellement, et en même temps avec une telle aigreur, que je m’en étonnais moi-même. Je n’avais pas réalisé jusque là. Je ne me doutais pas à quel point j’avais perdu foi en la mission qui nous avait été confiée. Et pourtant, les mots donnaient de la résonnance à cet aveu. Ma prise de conscience me déstabilisait cependant cruellement, et dans une réaction stupide, j’en vins à serrer les accoudoirs comme si cela pouvait m’aider à conserver pied.

« Ca t‘amuse de me torturer, n‘est-ce pas? »

Mes prunelles le vrillèrent froidement. Faute de mieux, il était désormais et actuellement mon seul appui. Je m’y accrochais donc, sans grande conviction, mais avec force et application. Je ne pus d’ailleurs m’empêcher d’ajouter dans un souffle:

« Quel père indigne. »
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