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longest night ∞ (nick)

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Message par Eustacia Vye Jeu 12 Avr - 16:08


et nous luttons ainsi, barques à contre-courant,
refoulés sans fin vers notre passé,

nicholas + eustacia


Installée devant son bureau, le regard perdu dans le vide, elle se demandait ce qu’elle fichait encore là. Devant elle était posé son manuel de cours, celui qu’elle gardait par précaution mais qu’elle n’ouvrait jamais. Elle donnait ses cours à l’aveugle, apprenant à qui voulait bien apprendre et punissant ceux qui se pensaient trop supérieur pour être attentif. Adossée, affalée presque, sur sa chaise elle compte les secondes. Si cette école était sa maison et qu’elle s’y sentait bien, elle ne pouvait décemment pas y passer ses jours et ses nuits. Et pourtant. L’idée de regagner son logis ne lui plaisait pas, tout comme l’idée de rester planté là, d’ailleurs. Aucune option ne semblait pouvoir la satisfaire. Rien qui n’éveille suffisamment sa sympathie pour qu’elle daigne s’y adonner. Alors, à regret, elle se rappelait le temps délicieux où elle avait encore une victime à châtier. Pourquoi donc l’avait-il libéré, cette petite brebis effarouchée ? Certes, il n’était plus que l’ombre de lui-même, une espèce de spectre ambulant, sans plus ni force ni courage. Il n’était rien de plus qu’une proie détériorée, un animal blessé, une âme en perdition. Il l’avait ennuyé plus que distrait au cours de ces derniers jours de captivité et voilà qu’étrangement, Raven venait à lui manquer. Aussi absurde que cela puisse paraître, avec lui à torturer, elle n’était jamais seule. Elle pouvait assouvir ses envies dérangeantes, brûlantes, dévorantes. Ou se contenter de le regarder prendre peur, tout en claquant ses talons sur le sol, avec un sourire malsain scotché au minois. Mais tout cela lui semblait si lointain désormais. Et elle regrettait. Elle regrettait de ne pas l’avoir encore, elle regrettait de ne pas pouvoir sortir son briquet pour calciné chaque parcelle de peau délicate, elle regrettait qu’il ne soit plus de si bonne compagnie. Elle n’avait pas soupçonné cela possible, mais elle s’était, d’une drôle de façon, à sa manière, attaché à ce petit pantin de bois. Elle s’était attachée à ses cris de douleur qui lui emplissait si plaisamment les tympans, à sa carrure tremblante de peur, à ses supplications insensés et à ses prunelles si quémandeuses de liberté. Elle s’était habitué à livrer sa propre bataille et voilà qu’aujourd’hui, sa seule distraction était de donner des heures de colles à de nombreux gamins insupportables. Un soupir lui échappa alors que ses pensées la ramenèrent ici, à Poudlard, dans ce bureau qu’elle haïssait et qui était pourtant le sien. Elle ouvrit l’un des tiroirs et en extirpa un briquet qu’elle se mit à faire tournoyer habilement entre ses doigts, laissant un sourire s’emparer de ses lippes. Elle alluma la flamme, et par habitude, par plaisir malsain, elle la fit courir sur ses doigts. L’odeur de la chair carbonisé l’électrifia et elle réalisa qu’il était bien tard pour tout ça. Un nouveau soupir lui échappa alors. Rangeant vainement ce qui trainait ici et là, la jeune femme se redressa et s’empara de sa cape qui trainait au porte manteau. L’enfilant, elle réalisa une fois de plus que rentrée n’était pas une option envisageable. Et c’est pourquoi, sans qu’elle ne puisse véritablement s’en rendre compte, ses pas l’avaient guidés jusqu’au parc de Poudlard. Inspirant à pleine goulée, elle sentit un bien-être irrationnel l’envahir. L’air frais qui fouettait son visage avait le mérite de lui offrir un moment de sérénité qu’elle n’avait pas réellement l’occasion de connaître. Eustacia, et personne ne dira jamais le contraire, était de ces femmes fortes et folles qui ne vit que par procuration de souffrances et de petits plaisirs sadiques. S’amuser d’un rayon de soleil et d’une bataille de boule de neige n’était pas dans ses cordes, par exemple. Et pourtant, là, perdue dans ce parc elle se sentait bien. La solitude qui l’habitait ne la dérangea pas plus que de raison, elle qui détestait pourtant passer son temps seule. Et le silence, qu’elle trouvait toujours si agaçant et assourdissant, lui donnait l’illusion d’être en osmose avec la nature. Elle faisait partie des quatre éléments. Elle était le Feu. Les flammes de l’Enfer. Voilà ce qu’elle était. Et cette pensée déviante la poussa à se diriger vers le lac. Besoin insatisfaisant de narguer l’Eau, si piètre élément à ses yeux. À pas feutré la donzelle s’approcha des rives, guettant les alentours pour ne pas être surprise dans ce moment de folie passagère. Et qu’elle ne fut pas son étonnement de croiser là un élève. Un sourire naquit sur ses lèvres à l’idée de pouvoir offrir une jolie correction à l’étudiant capricieux qui contournait le couvre feu. Alors, elle s’approcha et remarqua avec aisance la fumée d’une cigarette. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas goûté au plaisir fugace de se griller un bâton de nicotine. Mieux encore, il y a longtemps qu’elle n’avait pas pu former sur de jolies chairs fermes un rond noir et blessant. Son sourire redoubla à la vue de Nicholas. Décidemment, c’était son jour de chance, rien de plus plaisant que de rencontre un ennemi de pleine nuit et avec des outils de torture. « Vous êtes vous perdu, monsieur Carr ? » prononça-t-elle alors, apparaissant devant lui avec un large sourire. Dans un geste vif, elle s’empara de la cigarette qu’elle glissa au coin de ses lèvres et dont elle tira une rapide bouffée. « Combien de points faudrait-il enlever, pour un tel manquement au règlement ? Récapitulons. Cigarette, sortie nocturne et… » Elle s’interrompit soudain, se mordilla la lèvre légèrement, secouant la tête comme une gamine prise en flagrant délit. « J’imagine qu’il y aura aussi un emportement sur le professeur. Non ? » Nicholas, Nicholas, Nicholas… Comment un si joli brin avait-il pu se faire haïr si facilement ? Parfois, elle regrettait de ne pas pouvoir déposer sur ses lèvres une langue aguicheuse.
Eustacia Vye
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Message par Nicholas Carr Ven 13 Avr - 23:57

L'univers paraît étrangement bien ordonné, on le voit à la régularité du mouvement des étoiles, de la rotation de la terre, du passage des saisons. Mais la vie humaine est l'expression même du chaos.

La nuit était tombée sur Hogwarts. Un vent frais sifflait entre les feuilles sombres tandis qu’une brise légère s’abattait sur la surface du lac venant troubler la quiétude de ce dernier. Le silence infini s’était emparé tout entier du château, les seuls bruits se profilant étant ceux des créatures qui animaient à cette heure tardive la Forêt Interdite. Les hululements des hiboux s’élevaient en échos réguliers comme pour marquer cette entrée dans les méandres de la nuit. Il faisait frais, un peu trop frais au goût de Nicholas. Le garçon releva la capuche de son pull afin de s’abriter, si bien qu’on ne percevait maintenant qu’une ombre arpentant les bordures de la forêt. Sa marche était rapide et assurée. Le couvre-feu était largement passé et il n’avait pas intérêt à se faire trouver si tard hors de son dortoir. Ses intentions n’étaient pourtant pas mauvaises, qui n’a jamais eu besoin de prendre un « bol d’air frais » ? Il avait vu un à un ses camarades de dortoir monter se coucher et avait donc fini par se retrouver terriblement seul à vaquer dans la salle commune. Cette soudaine solitude s’était vite transformée en angoisse. Nick n’avait jamais été un partisan de l’isolement. Depuis toujours les salles vides le menaient irrémédiablement à mille et une remises en questions, à mille et une interrogations, à mille et unes ruminations. Tous les arguments sensibles qui avaient bercé ses journées reprenaient le dessus et menaient une bataille enflammée contre sa conscience et sa lucidité. D’un coup, toutes les barrières de placidité qu’il présentait au quotidien s’ébranlaient pour laisser l’incompréhension se faire bouffer par la haine et l’amertume. Dans ces moments il détestait le monde. Chaque détail devenait prétexte à élargir cet élan de fureur. Il se rendait à lui seul aveugle.
Sa sœur était morte à cause de l’indifférence de son père. Il fallait punir son père. Louis était suspecté à tort. Tout était de la faute de Clyde, de cet énorme chaos dans lequel il les avait engouffrés : leur société était pourrie par le haut. Il fallait tous les punir. Il faisait partie de ce groupe. Il se haïssait. Et il haïssait encore plus ces sentiments, cet attachement qui l’avaient mené à intégrer et se laisser ronger par une institution dont il méprisait les méthodes.

Il avait préféré sortir, le temps de se griller une clope. Mine de rien, faire le chemin jusqu’au parc sans se faire repérer impliquait une bonne dose d’attention et concentration qui pouvaient noyer son esprit. Marcher seul dans l’ombre du château avait un côté libérateur et franchement jouissif. Comme si – l’espace d’un instant – il pouvait affirmer que tout lui appartenait : sa vie, ses choix, son avenir. Il sentait une immensité se dessiner devant lui et seuls quelques pas l’en séparaient. Le garçon saisit une cigarette de son paquet et la coinça entre ses lèvres rosées. D’un coup de briquet – incroyable invention moldue – la flamme se déploya et déjà les lueurs de nicotine enfouissaient ses poumons. Après quelques courtes minutes Nicholas était arrivé face au lac. Sur sa surface argentée et limpide se reflétaient les astres du ciel dans une harmonie inégalable. Alors qu’il avait entamé sa deuxième cigarette les ennuis vinrent rattraper sa quiétude. L’ombre se dessinant près de lui l’avait mis en alerte et lorsque la voix d’Eustacia siffla dans la nuit il lui faisait déjà presque face. « Vous êtes-vous perdu, monsieur Carr ? » Un mince sourire se dessina sur les lèvres de Nicholas. Ce vouvoiement sonnait si ridiculement faux. Jusqu’il y a quelques années ils se tenaient au même endroit, tous deux élèves sous ce blason de Slytherin. Mais alors, ils se tutoyaient, jouaient, se défiaient. Leur relation n’avait toujours tenu qu’à un fil, un jeu plus ou moins malsain, mais un jeu puissant. Ils étaient unis par une spontanéité, un besoin d’action et d’adrénaline qu’ils libéraient une fois réunis. Et puis tout avait basculé. Il n’avait jamais réellement compris comment, ni pourquoi, se convainquant simplement que la folie d’Eustacia avait fini par prendre le dessus sur sa conscience. Le fil s’était brisé et un gouffre les avait séparés.
Le garçon ne prit pas la peine de répondre. Comme il ne fit pas attention lorsqu’elle s’empara de sa cigarette. « Combien de points faudrait-il enlever, pour un tel manquement au règlement ? Récapitulons. Cigarette, sortie nocturne et… » Il baissa le regard, comme pour montrer son total désintérêt face à ses accusations. « J’imagine qu’il y aura aussi un emportement sur le professeur. Non ? » Elle n’attendait que ça. Qu’il s’emporte. Elle voulait l’énerver, abuser de cette pseudo supériorité que lui conférait ce nouveau poste fraîchement dégoté grâce à ses relations, symbole ultime de son délire. Massacrer les innocents ne lui suffisait plus, il fallait maintenant qu’elle s’attaque aux élèves. « Mais quel professeur ? » Il n’aurait pas du. C’était bien l’une des choses les plus évidentes qu’il s’était promis lors de l’un de ses derniers affrontements avec elle : éviter de la provoquer dans sa folie. Un sourire innocent prit place sur son visage alors qu’il relevait ses deux bras comme un enfant qui cherche à s’acquitter de toutes accusations. Malheureusement il se savait pris au piège. Elle ne le lâcherait pas. Pas avant d’avoir assouvi son besoin d’amusement pour la soirée. Et il refusait d’être son pantin. « Ah non… Aucun emportement. Pour le reste je ne peux nier. » Il s’éloigna de quelques pas. « Mais je ne compte pas empiéter plus longtemps sur votre espace vital, miss Vye. Donc à moins que vous n’ayez autre chose à me dire… » Miss Vye. Jusqu’alors aucun d’entre eux n’avait pu jouer d’un piédestal plus élevé. Mais aujourd’hui tout avait changé, et Merlin, qu’il la haïssait.
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