What's you waiting for ? [Pv Adam]

Chelsea marchait silencieusement dans les couloirs du château. Ses pas la menaient aux quatre coins du bâtiment. Ses cours avaient pris fin et elle n’avait aucuns projets à réaliser … Tout le monde dans la salle commune se torturait l’esprit pour finir tel ou tel travail, de son côté, elle avait presque trop de temps libre ! Chels’ vit une silhouette se détacher de l’obscurité tout au bout du couloir, cette personne qui marchait assez rapidement lui rappelait vaguement quelqu’un. Qui ? Le sorcier était trop loin pour qu’elle puisse affirmer avec certitude qu’il s’agissait de l’une de ses connaissances. Elle décida de mettre fin à ses doutes et d’un pas décidé, elle s’élança à la poursuite de celui qu’elle présumait être Adam. Chelsea s’empressa de rejoindre les escaliers, il avait déjà pris une large avance sur elle … Elle eut envie de laisser tomber après tout elle n’avait rien de particulier à lui dire ! Pourquoi le suivre ? Il semblait si pressé, peut-être avait-il un problème personnel à résoudre ? La demoiselle allait faire demi-tour lorsqu’elle comprit pourquoi elle avait envie de le retrouver. Elle avait besoin de sa présence tout simplement ! Un petit sourire satisfait étira ses lèvres alors qu’elle gravissait aisément les quelques premières marches.

Elle sentait le vent s’infiltrer dans ses cheveux et lui caresser délicatement le visage, chaque marche qu’elle piétinait la rapprochait d’Adam. Sa vie sentimentale était bien compliquée ces derniers temps ! Entre Clyde qu’elle aimait plus que tout mais qui ne semblait pas l’aimer et Adam qui ne s’intéressait à elle au mieux que comme une amie … Ils avaient cependant un grand point commun tous les deux : Personne ne semblait les aimer au château ! Chelsea ne retint pas un petit rire à cette pensée. Les gens n’aimaient pas Clyde pour son caractère renfermé et ses plans très originaux et ils n’aimaient pas Adam pour sa venue précipitée. En y réfléchissant, la jeune fille trouvait ça tout de même mystérieux d’arriver si tard dans l’année et qui plus est à quatre ! S’ils avaient été frères et sœurs peut-être que l’histoire aurait semblé moins suspecte ? Mais ce n’était pas le cas … Chels’ devait avoir un faible pour les relations compliquées. Ses pas la menèrent jusqu’à un couloir étroit et qui n’inspirait sincèrement pas confiance. Adam l’avait déjà traversé et il était arrivé au bout, il tournait à l’angle de celui-ci lorsqu’elle hurla de toute la force de sa voix :

« - Adam ! Attends-moi ! »

La brunette s’empressa de courir le rejoindre mais en arrivant au bout du couloir … Personne ! Il ne l’avait pas attendue. Elle poussa un profond soupire, elle n’allait pas le pourchasser dans l’entièreté de l’établissement ! Mais l’envie d’entendre sa voix et de voir son sourire fut plus forte que sa fatigue, Chelsea reprit sa course en accélérant le mouvement. Elle replongea instantanément dans ses pensées les plus enfouies. Que savait-elle d’Adam ? Si peu de choses … Il ne lui cédait presque pas d’informations sur son passé ! Ils n’avaient pas souvent eu l’occasion de réellement discuter, parfois ils échangeaient quelques mots à la fin d’un cours ou dans les couloirs mais ils n’avaient pas eu une discussion digne de ce nom depuis longtemps. Chelsea passa une main dans ses cheveux et hésita entre le couloir de gauche ou de droite, elle opta pour celui de gauche et tant pis si Adam n’était pas passé par là ! Sa robe noire ne la protégeait pas des violents souffles de vent qui venaient agresser la peau nue de ses bras. Elle avait bien sûr oublié sa veste dans le dortoir !

« - Adam !? »

Chelsea venait de tourner à l’angle d’un couloir et elle apercevait là-bas sous ses yeux la silhouette de son « ami » qui affichait un bien étrange regard. Pourquoi semblait-il si soucieux ? La Poufsouffle lui afficha un franc et large sourire, ce n’était qu’elle ! Craignait-il que quelqu’un ne vienne le taquiner ou le déranger ? Elle avait beaucoup de mal à comprendre mais le principal était qu’il soit là, proche d’elle. Un air angélique sur le visage, Chels’ se dirigea dans sa direction et se mit sur la pointe des pieds pour embrasser furtivement sa joue. Lorsqu’elle se recula son regard intercepta celui du sorcier … Quelque chose n’allait pas ! La jeune fille afficha un air septique et décida de le questionner :

« - Quelque chose ne va pas ? Tu as des problèmes ? »

Elle ne comprenait pas tout à fait ce qu’il pouvait craindre mais … L’air soucieux qu’il affichait ne la mettait pas du tout en confiance ! Soudain Chelsea eut l’horrible sentiment d’être arrivée au mauvais moment au mauvais endroit. Attendait-il quelqu’un ? Cherchait-il une once d’intimité avec cette personne ? La Poufsouffle se sentit si honteuse d’interrompre les projets sans doute très romantiques d’Adam que ses joues s’enflammèrent et devinrent rouges. Ses yeux fuirent ceux de son interlocuteur pour se poser au sol. Elle tenta de réparer son erreur, elle ne parvenait à regretter son acte en le suivant … Le simple fait de pouvoir parler avec lui quelques instants lui avait redonné le sourire. Chelsea lui accorda un dernier bref sourire et elle leva la main dans un geste innocent comme pour confirmer ses futures paroles.

« - Désolée Adam je … je ne … Je ne voulais pas te déranger ! Amusez-vous bien et nous nous reverrons plus tard ! »

Sa honte retomba quelque peu lorsqu’elle tourna les talons, heureusement elle pouvait encore arranger sa faute en partant vite ! Au fond d’elle-même, Chelsea était déçue de devoir fuir de la sorte … Elle avait envie de lui parler mais tant pis, ils discuteraient une prochaine fois. À contrecœur, elle s’efforça de mettre un pied devant l’autre en tentant d’oublier que chaque pas la séparait de l’Aigle. C’était toujours la même chose ! Exactement le même besoin qu’en la compagnie de Clyde … L’envie de ne jamais les quitter et de rester sans cesse auprès d’eux. Ce qu’elle pouvait être niaise et idiote ! Chelsea secoua la tête et haussa le menton pour avoir l’air quelque peu plus digne, elle devait admettre qu’elle n’était pas contrainte de coller les hommes qu’elle aimait ! Son frère ne cessait de le lui répéter.

*Tanner je te hais pour avoir toujours raison !*

La journée avait plutôt mal commencé. Dès son réveil, Adam avait été littéralement agressé par un serdaigle de son dortoir. Sans crier gare, il l’avait privé de ses couvertures et submergé sous une montagne d’accusations. Adam l’avait d’abord cru fou puis il avait compris qu’il s’agissait d’un malentendu et tenté de raisonner son camarade. En vain, puisqu’il quitta le dortoir avec l’assurance qu’Adam n’était pas innocent dans la disparition de ses précieux livres de potions richement reliés. Tiré brutalement de son sommeil, Adam passa toute la matinée à lutter contre la fatigue qui l’accablait, sans jamais y parvenir complètement. Tant est si bien qu’à midi, il se sentait terriblement las et son esprit était trop embrouillé pour qu’il se compose une expression convaincante lorsqu’il croisa Bonnie sous le regard inquisiteur de Garden. Tant pis pour sa crédibilité, il pourrait bien se défendre d’avoir eu une dispute avec la serpentard; cela ferait sans doute l’affaire. Garden pouvait bien être la seule capable de faire battre son cœur, il devait reconnaître qu’elle n’en était pas pour autant une lumière. Un sourire amusé s’invita sur ses lèvres à cette pensée; ce serait sans doute le seul qu’il parviendrait à afficher de la journée. Il n’y avait bien que Garden pour le faire sourire alors que la fatigue le rendait particulièrement irascible. Un jeune poufsouffle en fit l’expérience à ses frais tandis qu’Adam rejoignait sa salle de cours après un rapide déjeuner. Le pauvre élève ne regardait pas suffisamment bien devant lui et heurta le serdaigle de plein fouet au détour d’un couloir. Plus que de s’abîmer les fesses sur le sol de pierre, il s’attira surtout les foudres de son aîné. Le regard particulièrement courroucé d’Adam se posa en effet sur le garçon et ne lui laissa rien prévoir de bon.

« Regarde où tu marches le mioche. » Le poufsouffle avala péniblement sa salive et tenta de soutenir le regard du serdaigle. La jeunesse donne parfois un courage immodéré, aussi répondit-il après quelques secondes d’hésitation: « Toi aussi tu aurais du faire attention. » Il déglutit aussitôt après s’être exprimé, devant le regard tranchant d’Adam. Ce dernier se voyait particulièrement irrité de constater qu’en 2002 déjà, les plus jeunes avaient tendance à se rebeller. Lui qui pensait pourtant qu’à cette époque, ils entretenaient encore un minimum de respect pour leurs aînés. Un peu plus et il se croirait revenu en 2020, les insultes grossières en moins. En tous cas, il ne pouvait pas avoir remarqué cela sans chercher à remédier au problème. Ce jeune poufsouffle serait sans doute le précurseur du mouvement et Adam ne pouvait décemment pas le laisser faire. Il était donc question de lui donner une bonne leçon en lui inculquant des valeurs telles que le respect pour ses aînés et la politesse. D’une main, il attrapa son avant bras et l’attira à lui pour l’aider gracieusement à se relever, tandis qu’il accrocha rapidement son col de son autre main. Il le força à se rapprocher et le poufsouffle se retrouva bientôt sur la pointe des pieds lorsqu’Adam eut fait en sorte que leurs visages ne soient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Son faciès se mut alors en un rictus cruel et il prit soin de parler lentement, séparant chaque syllabe, pour que son message soit bien entendu.

« Tu dois savoir que face à quelqu’un de plus âgé que toi, tu es toujours en tort. Si tu ne veux pas finir accroché à une gargouille de la Tour Nord, tu apprendras très vite à te taire et à rester à ta place! »

Là-dessus, il le lâcha et ne s’inquiéta pas de le voir tituber légèrement. Il espérait que la leçon serait comprise. S’il le recroisait un jour, il s’emploierait à le vérifier dans les règles de l’art; que l’on ne dise pas que les préceptes d’Adam Meyer ne trouvaient pas d’oreille attentive.
Quoiqu’il en soit, il reprit son chemin pour débuter patiemment une après-midi de cours sans doute tout aussi désagréable que la matinée qui l‘avait précédée. La fatigue ne semblait pas vouloir le quitter, elle s’était désormais changée en un épuisement plus latent, mais tout aussi pénible.

Sa dernière heure de cour sembla passer au ralenti. Finalement, pour s’occuper l’esprit et tenter de faire passer le temps plus vite, il bloqua son regard sur Garden. Chaque fois qu’elle se tournait vers lui, il changeait immédiatement de cap et faisait mine d’être en extase totale sur Bonnie. Une fois, il croisa le regard de la vipère et lui coula un regard transit rehaussé par un sourire fin et vicieux. Elle ne comprit bien sur pas ce qui pouvait lui arriver et lui répondit par un regard menaçant, comme pour le prévenir de ne pas se moquer d’elle plus longtemps. Mais qu’importe, de là où elle se trouvait, Garden ne pouvait pas voir le visage de Bonnie, uniquement le sien. D’ailleurs, lorsqu’il reporta furtivement son regard sur la poufsouffle, il ne manqua pas sa moue écœurée. Ce fut à ce petit jeu qu’Adam occupa la fin de sa dernière heure. Cependant, lorsque le cloche sonna enfin pour marquer la fin des cours, une amertume grandissante lui tordit les entrailles. Il ne faisait que saboter ses chances d’avoir un jour une place primordiale dans le cœur de la blonde, et il s’en voulait terriblement pour cela. Mais il se persuadait qu’il n’avait pas d’autre choix et que la mission devait l’occuper en priorité; or s’il se lançait à la conquête du cœur de Garden, il négligerait la mission et risquerait d’en devenir égoïste.

La mission … Cela faisait plusieurs jours qu’il souhaitait toucher quelques mots à Mason à ce sujet. Il aurait pu lui en parler au détour d’un couloir, mais cela aurait tellement manqué de prudence que ça ne pouvait pas lui ressembler. Voilà pourquoi, à peine sorti de la salle de cours, il avait envoyé un message à Mason pour lui demander de le retrouver dans la pièce secrète connue des seuls préfets du futur. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour se rendre au deuxième étage, trop pressé et occupé par ses pensées pour se laisser distraire par quoique ce soit sur son chemin. Une voix vint troubler ses pensées mais il ne saisit pas ses paroles exactes et ne put donc pas en conclure que c’était à lui que l’on s’adressait. Il continua donc sa route sans ciller et déboucha bientôt devant le pan de mur qui l’intéressait. Il s’apprêtait à sortir sa baguette magique de sa poche lorsqu’une voix l’interpella. Il tourna son regard dans sa direction et réalisa qu’il s’agissait de Chelsea McCormick. Ca n’était ni le bon moment ni le bon endroit pour se faire surprendre par la poufsouffle. Elle semblait avoir la fâcheuse manie de fourrer son nez dans des affaires qui ne la concernaient pas; les affaires d’Adam l’intéressant tout particulièrement. Dans d’autres circonstances, le serdaigle n’aurait pu qu’être flatté qu’une jeune fille comme Chelsea s’intéresse à lui, mais cela tombait très mal en l’occurrence.

« Quelque chose ne va pas ? Tu as des problèmes ? »

Elle recommençait. Pourquoi s’inquiétait-elle à ce point pour le moindre de ses gestes? N’aurait-elle pas du mettre toute son énergie à s’occuper d’Andrews? Adam n’aimait pas la façon dont elle le traitait. Il aurait presque pu penser qu’elle ressentait quelques sentiments à son égard et ça n’était pas pour lui plaire. Il avait l’intention de modifier le futur, mais pas dans ce sens là. Chelsea serait sans doute la seule personne capable de modérer un tant soit peu les ardeurs de Clyde à l’avenir, il n’était donc pas question de l’éloigner de lui. Même si, il devait l’admettre, cette perspective apparaissait très tentante. Chelsea méritait tellement mieux qu’un futur leader du mal pour l’accompagner durant le reste de ses jours …

« Désolée Adam je … je ne … Je ne voulais pas te déranger ! Amusez-vous bien et nous nous reverrons plus tard ! »

Amusez-vous bien? Avait-elle intercepté le message qu’il avait envoyé à Mason? Il avait pourtant été très prudent. Ca ne pouvait pas être le cas, d’autant que si elle avait réellement lu ce qu’il avait inscrit sur le bout de parchemin, elle aurait su qu’il n’était pas question d’amusement. Alors que s’imaginait-elle? Elle venait de faire demi-tour et Adam la regarda s’éloigner un instant avant de réaliser qu’il ne pouvait pas la laisser partir de cette façon. D’abord parce qu’il souhaitait comprendre ce qui l’amenait et ce qu’elle avait cru comprendre et ensuite parce qu’il se sentait irrémédiablement poussé vers elle; il ne devait pas lui laisser l’occasion de s’en aller. Chelsea faisait partie des rares personnes qui avaient accueilli Adam après son arrivée pour le moins controversée. Elle se montrait particulièrement bienveillante à son égard et, à l’instar de Garden, elle parvenait à le faire sourire sincèrement en toutes circonstances.

« Attends! »

En quelques pas, il la rattrapa et saisit son poignet afin de l’inciter à ne plus faire un mouvement de plus pour de s’éloigner de lui. D’une légèrement pression sur son poignet, il l’entraîna à lui faire face et lui offrit un sourire encourageant.

« Tu ne me déranges pas du tout, je ne vois vraiment pas ce qui a pu te faire croire ça! » Il partit d’un rire léger qui s’éteignit aussi rapidement qu’il était venu. Il fit alors un geste qui ne comptait guère au nombre de ses habitudes; il enlaça la poufsouffle avec une extrême gentillesse. Tandis qu’il la serrait contre lui, il se surprit à respirer allègrement son parfum mais se reprit bien vite en mettant fin à l’étreinte. « Je suis content de te voir. » A vrai dire, ça n’était pas parfaitement vrai. Il aurait préféré ne pas la voir et régler au plus vite cette affaire avec Mason, quitte à profiter de sa présence ensuite, l’esprit rasséréné.