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[ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis

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Message par Samaël E. Wilson Sam 3 Avr - 4:58

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« Monsieur Wilson. »

Si je pense très fort à lui... est-ce qu'il devinera à quel point il me manque?
J'ai beau me morigéner, me traiter d'imbécile et tenter de passer à autre chose, rien n'y fait. Il est encore là, hantant presque constamment mes pensés... comme avant.

« Monsieur Wilson? »

Des siècles. Oui, cela doit bien faire des siècles que je ne lui ai pas adressé un mot. Ce n’est pas une torture… c’est encore pire. J’ai bêtement cru que céder une fois suffirait à me faire passer l’envie de goûter à son corps, à sa peau... à tort. Où que j'aille, son souvenir m'obsède au point que je me retourne presque au moindre pas, persuadé de le voir apparaître. Mais ce n'est jamais lui. Le sentiment d'abandon est encore plus pesant à présent, parce que je garde de notre dernière rencontre la désagréable impression de lui avoir tout donné, malgré moi. Et d'avoir tout perdu. Je m'étais pourtant vaillamment trouvé un nouveau mantra : « ne pas penser à Curtis ». Mais comme de fait, il m'a suivi partout, tout au long de la journée et des suivantes. Il y avait Curtis dans mon porridge au petit-déjeuner, le sourire de Curtis dans mon verre de jus de citrouille, Curtis à chaque coin de couloir, les lèvres de Curtis sur la suface de mes parchemins coûteux, Curtis dans chacun des uniformes aux couleurs de Serpentard que j'ai eu le malheur de croiser, les mains de Curtis sur m.. hum. Stop. Bref, même alors que je m'efforçais de fermer les yeux pour lui échapper, ce fourbe et sournois Serpent trouvais le moyen de se glisser sous mes paupières closes pour mieux continuer de torturer.

« Samaël Wilson! Le timbre excédé finit par me tirer de mes pensées, et je retiens à grand-peine un sursaut surpris en me tournant vers son origine. Merci de m'accorder enfin votre attention – claque la voix de mon professeur. À présent vous me ferez l'honneur de rejoindre votre coéquipier. À moins que, comme vos camarades, vous n'ayez quelque chose à redire sur mon choix? »

… Mais de quoi diable parle-t-il? Suivant son mouvement de main en direction d'une table un peu plus loin – et un peu plus près de son bureau... quelle chance –, je remarque le regard moqueur d'un élève dont la cravate rouge et or me tire un grimace. Coéquipier? Je finis par comprendre, en remarquant les binômes mi-rouges mi-verts qui m'entourent, et redresse le menton d'un air hautain.

« Je ne compte pas me plaindre, professeur. Après tout, vous êtes le mieux placé pour déterminer avec qui je dois travailler sur cette potion. »

Foutaises. Rien qu'à voir le visage agacé de mon partenaire, je devine que ce crétin de Gryffondor me causera plus de problèmes qu'il ne me sera d'une quelconque aide au cours des deux prochaines heures. Mais je sers les dents, préférant profiter de ma victoire sur la mauvaise humeur de mon cher professeur – à en voir son sourire satisfait, il n'en attendait pas moins de ma part. Fayot, moi? Et alors? Que je sache, il est toujours préférable d'avoir l'autorité dans sa poche plutôt que contre soit.
Je pose mes livres sur le plan de travail avec soin, sans un regard pour mon voisin de table, mais le vois ouvrir la bouche du coin de l'oeil et me dépêche de le couper en plein élan.

« Non, ne commence pas, je grogne à son encontre, peu enclin à lui adresser la parole bien longtemps. Récupérer les ingrédients et lire les instructions : ça, c'est ta tâche. Je me charge du reste. »

Sur ces mots, je me détourne de lui et m'assois, décidé à ne pas bouger d'un poil tant qu'il n'aura pas récupéré ce que je lui ai demandé. Ses mains pataudes ne toucheront pas à cette potion, de toute façon. Il devrait s'estimer heureux qu'un as tel que moi accepte de me charger de la confectionner à sa place! J'étouffe un infime sourire satisfait lorsqu'il finit par s'exécuter, peu préoccupé par la diatribe qu'il a eu l'audace de me servir en premier lieu. Il peut s'en plaindre tant qu'il veut, son rôle ne sera pas bien plus élevé que celui de larbin. J'ai toujours détesté le travail d'équipe.

Les heures s'écoulent désespérément lentement, seulement rythmées par mes gestes automatiques et les commentaires laconiques de mon partenaire. Si, d'apparence, toute mon attention revient à la potion, la vérité est que mes pensées sont déjà bien loin de cette salle de classe. Elles ne cessent d'en revenir au même point... mais j'ai fini par me faire une raison. Il y a quelque semaines, ne pas parvenir à me chasser Curtis de mon esprit m'horrifiait à tel point que j'en ai ressenti le besoin de me confier. Et qui de mieux approprié pour cela? … Demetri, évidemment. Quoique sur le coup, j'ai largement hésité. Et pour cause! Il me paraissait évident qu'il se ficherait de moi. Pïre : je craignais que mes tendances déviantes ne le rebutent définitivement. Pourtant, les encouragements de Jezebel, transmis à travers ses dernières lettres, m'ont poussé à mettre de côtés mes appréhensions. Dem ne devait-il pas faire fi de son dégoût, s'il était un véritable ami? À ce moment là, j'avais besoin de lui plus que de n'importe qui d'autre, et il devait seulement réussir à se montrer à la hauteur. C'est ce que je me suis dit en abordant le sujet « Curtis ». Mais déballer ce que me pesait ne m'a pas franchement soulagé, sur le coup. À peine m'étais-je confié que déjà, mes craintes refaisaient surface; et le silence hébété qui a suivi n'a pas été pour me rassurer.

Ça aurait pu être le pire... s'il n'avait pas essayé de détendre l'atmosphère en me sortant des âneries. « Il fallait bien que ça me tombe dessus un jour ou l'autre », puisque après tout, « tout le monde ou presque peut se vanter d'avoir goûté à Curtis au moins une fois ». Et moi, bien sûr, je me suis littéralement décomposé. Bon sang, je lui confiais que ce type m'obsédait, que j'éprouvais pour lui quelque chose de fort, de déplacé, et lui m'annonçait tranquillement que beaucoup d'autres avant moi – dont lui-même! – avaient eu droit à ce genre d'expériences... avec... mon Serpentard? C'est à ce moment-là qu'il a compris à quel point j'étais sérieux. J'avoue qu'il a été au-delà de mes attentes, tant il s'est révélé compréhensif. Et dire que, sans même que je m'en doute, mon meilleur ami est autant attiré par les hommes que par les femmes, et ce depuis bien des années! À l'en croire, ça paraîtrait presque normal. Je m'empresse de quitter la salle dès que la sonnerie annonçant la fin du cours retentit. Pourtant, aussi forte que puisse être mon envie de le voir, ce n'est pas à sa recherche que je pars.

Depuis le passage insolite d'une bande de chieurs nés – et je pèse mes mots – soit disant venus du futur, il me semble être dévisagé et épié. Mon regard noir se pose sur chacun de ceux ayant l'outrecuidance de le croiser, et c'est tout mon mépris que je laisse transparaître à travers ces échanges, peu enclin à leur montrer combien toute cette histoire me déstabilise. Comme toujours, je me dirige à pas pressés vers la salle commune de ma Maison. Ce n'est pas qu'elle soit un refuge plus rassurant qu'un autre, mais régner sur mon petit monde tout en pouvant compter sur mes plus proches amis vaut toujours mieux que subir les remarques en traître. Évidemment, ce n'est pas que je me terre parmi les miens pour échapper aux rumeurs! Qui a parlé de mauvaise foi? Il s'agit seulement de... d'une... stratégie pour laisser la situation se calmer d'elle-même. D'autant que, comme pour aggraver mon cas, cette histoire de futur mettant en avant deux points importants : mon couple officieux avec un homme, et le fait que mon unique défenseur était... encore un homme. Pourquoi pas une charmante épouse prête à tous les sacrifices pour m'avoir de nouveau auprès d'elle? Non, évidemment, mon « moi » du futur ne pouvait pas choisir d'épouser sagement une gentille jeune femme de mon rang. Pourtant, apprendre que je puisse suffisamment compter aux yeux d'Eden pour qu'il sacrifie son temps et son énergie à plaider ma cause... pas que je ne le mérite pas! Mais... Merlin, tout cela est si confus. Et la nature de mon crime est comme un coup de poing en plein coeur. Moi qui pense à Curtis à longueur de temps, qui ne cesse de me languir de sa présence, je l'aurais... tué? Après l'avoir eu pour moi durant des années de vie commune? Je l'aurais tué... de crainte de déplaire à ma famille. C'est douloureux mais... plausible. Tout à fait crédible. Aimer un homme n'a jamais fait partie des « permissions » accordées par mon père, acceptées par mes proches, et je me sais trop attaché à eux pour accepter de les décevoir. Ainsi donc, j'aurai passé ma vie à mener une double existence, masquant derrière de précieuses apparences mes préférences... honteuses. Et tout cela sans parler de l'étrange rumeur selon laquelle j'aurais... engrossé... non, ça, je me refuse à y penser. Autant prêter foi aux paroles de Demetri m'apparaît comme naturel, autant ce soit disant fait demeure, à mes yeux, un simple racontar de couloir. À moins d'être la Poisse réincarnée, je ne peux pas être tombé si bas, même dans un avenir lointain!

Je me réfugie entre les murs froidement apaisants de ma salle commune et me plonge rapidement dans une partie d'échec contre le premier partenaire trouvé. À celle-ci en succède une autre, puis une autre, et enfin, une courte période d'étude durant laquelle je me retrouve incapable de me concentrer plus de deux secondes d'affilé. La plume en l'air, l'encre sombre s'étalant joyeusement sur la surface de mon parchemin, le temps s'écoule sans que ne se rajoute la moindre misérable à ce fichu devoir. Je suis trop occupé à déplorer la litanie pathétique qui n'a de cesse de m'obséder : Curtis, Curtis, encore et toujours lui. C'est à s'en taper la tête contre un mur! Le parchemin finit en une boule informe tâchée de bleu, et je me décide à abandonner ce devoir qui n'avance pas, préférant retrouver le confort de mon lit bien que le jour se couche à peine. Même ici, il me semble ne pas échapper entièrement aux ragots – paranoïa? Non, simple question de bon sens!
Mais tourner en rond dans mon dortoir sous l'oeil étonné de mes condisciples ne m'aide pas à me vider l'esprit, et c'est au bord de la crise de nerf que je me décide à opter pour une solution radical : parler au fruit de mon obsession. J'ai atrocement besoin de savoir ce qu'il a pensé de tout cela. S'il y a cru; s'il me... sait capable d'attenter à sa vie dans le cas où il se mettrait en travers de ma route. S'il envisage lui aussi un avenir avec moi. S'il tient à moi... Si la fin abrupte de notre dernière rencontre lui à laissé la même impression de vide, d'amertume qu'à moi.. s'il me veut encore. Salazar, je m'égare! Cullen n'a eu aucun remord à me planter là, sans un regard en arrière, alors que je venais de me damner pour lui. Sans doute continue-t-il à mener son existence sans plus se soucier de la mienne. Ma mâchoire se sert convulsivement, comme pour rejeter cette idée, mais il vaut mieux pour moi y faire face une fois pour toutes... et après tout, n'est-ce pas parfait ainsi? Ne voulais-je pas moi-même que cette fois là reste unique, tel un secret honteux soigneusement gardé par nous? Ne m'a-t-il pas donné la meilleure occasion de m'esquiver une fois pour toutes, de ne plus subir ses attouchements scandaleux, ses promesses néfastes?

Pourtant, en total désaccord avec mes pensées, je me dirige d'un pas pressé vers la porte, que je claque derrière moi. Qu'importe ce qu'il en pense, j'ai besoin de réentendre sa voix. Enfin, non. Plutôt... de lui parler de tout cela – oui, c'est exactement ça. Mais il faudrait un lieu discret, un endroit où personne ne pourrait nous voir. Je n'ai, bien sûr, aucune idée répréhensible à son égard! Seulement... par précaution...
Un prénom s'impose à moi, et c'est avec empressement que je me rends finalement jusqu'au dortoir des sixièmes années. Un coup méfiant contre la surface de la porte plus tard, j'entends avec soulagement le bruit des pas mécontents et impatients de Dem se rapprocher alors qu'il vocifère à demie-voix, et à peine m'a-t-il ouvert que je me glisse subrepticement à l'intérieur, observant les alentours d'un air méfiant.

« Montgomery n'est pas là? »

Il me jette un regard torve en me faisant remarquer que j'ai bien des yeux pour mon rendre compte, mais je balaye sa réponse d'un geste d'un main négligeant.

« Tu dois m'aider. Je... je cherche... je dois... »

Soudain honteusement hésitant, je détourne les yeux, le rouge aux joues, n'osant piper un mot de plus. Et face à mon air renfrogné, ce crétin s'amuse ouvertement. Au moins il ne tarde pas à comprendre – il n'y a bien que le sujet Curtis pour me mettre si facilement dans tous mes états – et m'apprend – à mon plus grand désarroi – que cet imbécile de Cullen passe actuellement plus de temps à l'extérieur qu'au sein du château. Comme si j'étais d'humeur à le courser! Évidemment, comme il ne peut rien faire pour me faciliter la tâche, il fallait qu'il gambade quelque part dans le parc au lieu de rester sagement calfeutré dans son dortoir.

« Très bien. – je reprends en inspirant profondément. Je vais l'attendre. »

Oui, j'ai conscience de l'absurdité que je viens d'émettre, et oui, je l'assume parfaitement. Dem me rappelle que n'importe quel élève pourrait débarquer ici et me surprendre, mais malgré l'affolement tout légitime que j'éprouve à l'idée d'être vu à attendre Cullen, c'est comme si mon corps refusait de répondre à tout sens logique. Et face à mon air presque suppliant, à moi qui ne supplie pourtant jamais, Demetri finit par accepter à contre-coeur de passer le message à mon Enfer personnel.

Les heures défilent, et mes coups d'oeil répétitifs à ma montre ne m'aident pas à me montrer patient. Mortifié, je me rends compte que de mes ongles, il ne reste plus que quelques monceaux disgracieux, et j'écarte mes mains de ma bouche coupable pour éviter de prolonger le carnage. Cullen se fait attendre. Souhaite-t-il tant que ça avancer la date prévue pour sa mort? Cette pensée en entraîne une autre, plus douloureuse, qui me fait blêmir : est-ce qu'il m'en veut, maintenant qu'il sait? Parce qu'il ne peut pas ne pas savoir. Ce serait trop simple, trop beau, s'il pouvait n'être au courant de rien. Des bruits attirent mon attention, et je tire aussi rapidement que possible les rideaux du lit à baldaquin pour éviter d'être surpris. À moins qu'il ne s'agisse... de lui? La sensation étrange que mon palpitant n'est plus qu'une poupée de chiffon effectuant une danse de joie compromettante au creux de ma poitrine m'arrache un rire étouffé auto-dérisoire, mais je tends l'oreille, curieux de savoir ce qui se trame de l'autre côté des rideaux... seulement pour me rendre compte avec agacement que celui qui vient d'entrer n'est absolument pas Curtis. Je ne parviens pas à déterminer de qui il peut s'agir et ne m'attarde pas bien longtemps à chercher, peu préoccupé par ce mystère. Mais foi de Wilson, je finirai par craquer si l'autre idiot ne se ramène pas rapidement! J'ai le temps de somnoler en entendant les occupants du dortoir rentrer, se changer, rire grassement, échanger des discours sans le moindre intérêt puis rejoindre leurs lits sans se presser... La nausée me prend à l'idée que Paris Montgomery puisse se trouver à seulement quelques pas de moi. Il va m'entendre, l'autre!

Ce n'est que longtemps plus tard que le bruit des gonds crisse de nouveau, semblant résonner dans le silence paisible de la pièce. On est vendredi soir et, au vu des énergumènes qui m'entourent, il doit bien être minuit largement passé pour que tous soient déjà plongés dans les affres du sommeil. Attentif, j'écoute les pas heurter le sol dallé avec discrétion; rougis lorsqu'à ce son succède le bruissement du tissu qui tombe. Mon souffle se suspend alors que les tentures vertes se déplacent précautionneusement, et Curtis a à peine le temps de passer la tête à l'intérieur que, déjà, mes mains agrippent ses épaules pour le tirer sur le matelas. D'un geste de la baguette, j'appose un sort de mutisme sur les rideaux qui pour qu'ils deviennent un rempart imperméable, ne laissant pas filtrer le moindre son provenant de l'intérieur. Et une fois ma tache effectuée, je me retourne vers mon homologue, furieux.

« Mais tu étais où? Demetri ne t'a pas prévenu que... ou alors tu as fait exprès de me faire attendre si longtemps? – je m'indigne. Tu sais depuis quand je poireaute ici? Bordel Cullen, t'es vraiment une plaie! Mes lèvres se froissent en une moue contrariée. Je sais bien que tu ne me dois rien, mais quand même... »

Les mots meurent dans ma gorge tandis que je finis par croiser son regard. Immobile face à lui et soudain mortellement silencieux, je m'abreuve de sa présence, dévisageant avec un plaisir que je tente de dissimuler le visage qui m'a si longtemps torturé. Mais un souvenir ternit mon bonheur précaire, et une ombre passe sur mes traits, les assombrissant d'un coup.

« Je… – .. suis incapable de trouver les bons mots, maintenant que je me retrouve face à lui. Je voulais te parler. »

J'essaye désespérément, mais sans succès, d'oublier ne serait-ce qu'une seconde l'aveu inconscient de Dem. Lui et Curtis... Curtis et lui. Cette fois encore, je n'y échappe pas : une chape de plomb m'enserre douloureusement le coeur, et mes phalanges se tordent nerveusement les unes contre les autres alors que je vrille Curtis d'un regard peu amène, lourd de reproches qu'il ne comprendra sans doute pas.

« On a un problème. Un énorme problème... non, en fait c'est même une sacrée catastrophe. – le regard que je lui jette le défie de m'asséner que j'exagère, et mon poing heurte sans douceur son genoux proche du mien lorsque je continue sur ma lancée, lui laissant à peine le temps d'intervenir : Et c'est entièrement de ta faute! Tu m'as entraîné dans cette histoire de dingue et... Je ne sais pas comment l'autre imbécile l'a su, mais maintenant tous les habitants de ce stupide château croient qu'on sera soit-disant ensemble dans le futur! Comme si c'était seulement possible... »

Je croise les bras sur mon torse et me résous à détourner le regard, déconcerté de me retrouver si près de lui après tout ce temps. Hésitant, je me mords la lèvre, de l'intérieur, et lui coule un bref coup d'oeil avant de fixer de nouveau mon attention sur les rideaux de son lit.

« Après tout ce n'est pas comme si tu envisageais quoique ce soit avec moi. »

Je croise les doigts pour que mon marmonnement amer lui ait échappé et me tend imperceptiblement, attendant qu'il s'excuse pour m'avoir entraîné dans cette mascarade. Ou qu'il... non, non! Je ne peux décidément pas espérer autre chose que... des excuses.


Dernière édition par Samaël E. Wilson le Mar 12 Oct - 21:52, édité 1 fois
Samaël E. Wilson
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[ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis Empty Re: [ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis

Message par Curtis J. Cullen Dim 4 Avr - 12:57




[ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis Curtissam
Quand vous ne savez plus qu'un jour vous saviez rire
Quand le mal a choisi votre âme pour empire
Quand tous les romantiques et les tristes du monde
Ont choisi votre coeur pour se mettre à pleurer

Comment te dire, quand t'es pas là
Que moi sans toi,ça ne veut rien dire
Comment te dire, dis-moi
Comment te dire que moi sans toi
C'est comme un rire qui ne trouve pas vers où mourir ...

SAEZ




    Putain de merde ! J’ai la tête qui tourne, cette impression de ne plus pouvoir respirer.
    Comme si mes poumons étaient pleins de quelque chose qui m’empêche de laisser l’oxygène y parvenir. J’inspire profondément mais rien n’y fait, ce poids qui pèse sur ma poitrine ne veut pas disparaître. J’avale lentement ma salive et mène une main à mon front humide. J’ai l’impression d’être malade mais ce n’est pas ça qui me provoque ce sentiment d’être coincé dans un état de chaleur glaciale, parcouru de sueur froide. Je ferme les yeux, la voix du professeur ne me parvient plus que comme un vague murmure. J’ai envie de vomir, envie d’hurler. Mon regard est posé sur mon livre, je fais mine que tout va bien. Comme toujours je fais bonne figure, je ne laisse entrevoir aucune faille. Pourtant c’est la première fois que j’ai autant de mal à garder le masque face à une rumeur. Oh je suis habitué à être l’objet de toutes sortes de racontars fondés ou totalement farfelus. Je ne m’en formalise pas. L’important dans ce cas est de laisser planer les doutes. Ne jamais avouer et ne jamais nier. Le mystère est toujours la meilleur des réponses. C’est encore une fois la technique que je me plait à appliqué mais je n’avais jamais ressentit tant de difficulté à l’accomplir.

    Ma main s’accroche au bord de mon banc, il ne me faudra plus grand-chose avant que je ne m’évanouisse. Depuis combien de temps n’ai-je plus rien mangé ? Je n’en ai pas la moindre idée mais l’acidité qui me remonte de l’estomac m’indique que cela doit faire trop longtemps. Je ne parviens plus à affronter cette grande salle bondée et de toute façon, je ne ressens pas la faim. C’est une autre douleur qui annihile jusqu'à mes instincts de survie. Je n’ai qu’une envie : quitter la classe mais je ne peux pas. Le moindre signe de faiblesse pourrait être interprété et je ne peux me payer ce genre de luxe en ce moment. Je chavire mais je m’accroche en priant pour que le temps s’accélère. Au bout de plusieurs longues et pénibles minutes, le professeur annonça enfin la fin du cours et alors que j’aurais du me presser, je prends tout mon temps pour ranger mes affaires. Au moindre geste brusque, je risque de m’effondrer. Mes oreilles bourdonnent, il faut que je mange même si je n’en ai pas envie.

    Trouvant à peine la force de mettre un pied devant l’autre, j’affronte la foule des élèves. Je trace mon chemin sans regarder aucun visage, je n’ai pas de temps à perdre. Je ne supporte plus d’être enfermé dans les mêmes murs que lui. Je secoue la tête, j’ai un but à atteindre et je ne dois pas m’égarer. Lorsque j’arrive aux cuisines, je n’ai besoin de prier personne. Les elfes de maisons ont bien compris de quoi j’avais besoin à la simple vue de mon teint livide. L’une des petites créatures me prépare un panier rempli de sandwich et pâtisseries. Ils en font toujours trop ! Je me force à lui adresser un sourire en guise de remerciement avant de m’éclipser dans le couloir. Il faut que je puise encore quelques ressources et la proximité avec la salle commune des Serpentard a vite fait de me motiver. Je reprends ma marche, mon souffle est court, ma gorge sèche. Je ne parviens plus à penser.

    Lorsque j’atteints enfin le parc, un soupir de délivrance s’échappe de mes lèvres. Je m’enfonce entre les arbres, je vais me réfugier à l’abri des regards et des ragots. Je trouve rapidement un endroit à l’écart et me laisse tomber sur le sol. Fébrilement, j’ouvre le panier. La seule vue de la nourriture m’écoeure mais je ne vais tout de même pas me laisser crever pour lui ! Du bout des doigts, j’attrape un sandwich et le mène à mes lèvres. Mâcher est difficile, respirer est difficile. Putain de merde ! J’en mange un, puis un second mais l’idée d’un troisième me dégoûte trop. Je referme le panier…peut être plus tard. Le manque de nourriture se fait moins présent mais je me sens toujours épuisé. Lentement je m’allonge et sombre dans le sommeil…

    Je ne sais pas combien de temps j’ai dormis mais lorsque j’ouvre les yeux, la nuit est déjà entamée. Je reprends contact avec la réalité après un sommeil sans rêve mais la première image qui me frappe la rétine est celle du visage de Sam. Ma gorge se sert et je me redresse avec difficulté. Je ne supporte pas qu’il face de moi une telle merde passive. Je me hais encore plus que je le hais. Mon seul recours est de trouver refuge dans le royaume des addictions. Je m’y perds encore plus souvent que de coutume et j’ai bien peur de ne jamais retrouvé la sortie. Ma main tâtonne derrière moi à la recherche de mon sac de cours. J’en sors un paquet de clope et une bouteille d’alcool. Je les poses devant moi et leur accorde un regard rempli d’amertume. Putain de compensation malsaine ! J’hausse les épaules et glisse une clope entre mes lèvres pour l’allumer. Cette petite sieste a fait du bien à mon système, je suis presque en mesure de réfléchir. Je saisi la bouteille et la lève à hauteur de mes yeux…

    Curtis – A Ta santé Sam !

    J’ouvre la bouteille et la colle contre mes lèvres pour en déverser le liquide dans ma gorge sèche. Ca brûle, c’est le sentiment recherché alors que je me noie dans l’amertume que me cause la perspective de ce destin maudit. Je ne sais plus de qui j’ai entendu la rumeur pour la première fois tellement je l’ai entendue se répétée. Bien évidement les version divergent sur les détails en fonction de la personne qui raconte mais le résultat est toujours le même. MORT ! A cause de lui, pour lui, par lui…Sam. Le manque de lui me rendait déjà tellement en colère, me faisait si mal et voila que viens s’ajouter cette horrible rumeur. Je ne voulais pas y croire mais avec un peu de discernement, on comprend facilement que trop d’éléments prouvent la véracité des propos de ces élèves venus du futur. Je bois à nouveau, tire sur ma clope. J’ai mal, mal à l’intérieur. Il ne veut pas de moi, il ne peut rien m’apporter de bon, je dois le virer de ma vie. Il en va de mon salut.

    Curtis – Enfoiré !

    Les sanglots me prennent la gorge. Depuis combien de temps je n’ai plus pleurer ? J’en sais rien putain ! Je lutte mais les larmes prennent naissance au coin de mes yeux sans que je ne puisse rien y faire. Le combat est vain, les démons ont recueillis mon âme et continueront de la salir pour leur plus grands plaisir. Je suis con ! Con de l’avoir laisser prendre autant d’importance dans ma vie. Il ne me mérite pas. Je ne mérite pas ça. Mes ongles s’enfoncent dans la paume de ma main alors que je tente de guérir la douleur par elle-même. Je ne l’aurais pas cru mais pleurer est une forme de délivrance, je me sens pathétique mais plus léger. L’alcool y joue très certainement un rôle indéniable. Je dois trouver la force de me détacher de lui, une cure de désintoxication par l’excès. Je finirai bien trouver un autre corps qui me fera cet effet ! Je tente de m’en persuadé mais je sais que chez Sam, il y a bien plus que son corps que j’aime…Que j’aime…

    Mon poing s’écrase violemment sur le sol. Où est l’issue ? Un frisson glisse le long de ma nuque, j’ai froid et il va bien falloir que je me décide à rentrer. Je ne peux pas passer la nuit ici bien que j’en aie presque l’envie. Je mène une dernière fois la bouteille à mes lèvres et la vide d’une traite avant de trouver la force de me lever. Ma tête tourne mais plus pour les mêmes raisons que quelques heures plus tôt. Mes affaires rassemblées, je remonte machinalement vers le château. Les couloirs sont déserts mais je ne traîne pas pour autant. Mes pas me mènent jusqu'à mon dortoir dans lequel je pénètre le plus silencieusement possible. Je pose mes affaires et ôte mes vêtements ne gardant que mon caleçon. Je préfère dormir nu mais ce n’est pas du goût de tous mes camarades de dortoir. Du bout des doigts j’ouvre les rideaux et voila que je me sens aspiré vers l’avant. Quelqu’un me tiens pas les épaules alors que je me retiens de pousser un cri de surprise. Mon corps atterris lourdement sur le matelas, un éclair de lumière sortant d’une baguette et…Sam.

    « Mais tu étais où? Demetri ne t'a pas prévenu que... ou alors tu as fait exprès de me faire attendre si longtemps ?. Tu sais depuis quand je poireaute ici? Bordel Cullen, t'es vraiment une plaie!. Je sais bien que tu ne me dois rien, mais quand même... »

    Suis-je occupé à rêver ? Mon corps est il toujours dans le parc endormis sous un arbre ? Demetri ? Mais de quoi il parle ? Il m’attendait. Discrètement, je me pince le bras. Je ne rêve pas et d’ailleurs, je sens son souffle envahir l’espace restreint qui nous entoure. Je suis incapable d’ouvrir la bouche, mes barrières sont occupées à s'effondrées les unes après les autres.

    « Je…Je voulais te parler. »

    Qu’il parle alors ! Puisque moi, de toute façon, je suis incapable de bouger. Mon regard est figé droit sur Samaël, je ne peux m’empêcher de le fixer comme si je ne l’avais plus vu depuis des années. Le regard de Sam quand a lui, est plein de reproches mais je n’en ai rien à foutre.

    « On a un problème. Un énorme problème... non, en fait c'est même une sacrée catastrophe. Et c'est entièrement de ta faute! Tu m'as entraîné dans cette histoire de dingue et... Je ne sais pas comment l'autre imbécile l'a su, mais maintenant tous les habitants de ce stupide château croient qu'on sera soit-disant ensemble dans le futur! Comme si c'était seulement possible... »

    De ma faute ? Je le reconnais bien la et si l’instant n’était pas si grave, je me serais laissé aller à sourire. Incorrigible Samaël ! Et tout ce qui semble l’inquiéter c’est ce que les autres peuvent penser et le fait qu’il est inconcevable pour lui que nous finissions ensemble. Mon cœur saute un battement dans ma poitrine mais je ne montre aucun signe de faiblesse.

    « Après tout ce n'est pas comme si tu envisageais quoique ce soit avec moi. »

    Trop c’est trop ! J’éclate de rire sous le poids de mes nerfs qui lâchent. Il ne comprendra donc jamais rien ? Je lutte contre l’envie de le toucher. Je suis ravi que l’obscurité qui nous entoure l’empêche de voir mes yeux rougis par les larmes. Mon rire s’éteint brusquement alors que mon regard rejoints celui de Samaël.

    Curtis – C’est toi qui n’envisages rien avec moi ! Depuis le départ, c’est toi qui ne gères pas cette situation et à ce que j’ai pu entendre, tu n’y parviendras jamais !

    Sans que je le veuille le ton de ma voix c’est fait dur et ferme. Il faut qu’il entende certaines vérités. Ce n’est pas à lui de me demander des comptes, en réalité l’inverse serait plus approprié.

    Curtis – Pour ce qui est des autres laisses les parler. Crois moi, une rumeur n’a de valeurs que lorsqu’il y a des preuves pour la validée. Ne déments pas trop férocement et l’affaire devrait s’étouffée dans quelques temps.

    Et voila que je le conseil et même que je le réconforte presque. Je m’écoeure mais je suis incapable de lui résister. Des sommets aux abysses, je le suivrais toujours. Qu’il me face connaître l’obscurité, si je peux goûter à la lumière. Il ne sait pas tout ce que je serais prêt à faire pour lui. J’en ai rien à foutre devenir sa pute, d’être son secret honteux, tant que j’ai au moins une place dans sa vie. Samaël fait de moi un chien et il ne peux plus en être autrement. Je suis prêt à l’accepter. Le problème vient de lui, comme toujours…Nous voila tout deux à rejeter la faute sur l’autre et je ne suis pas certains que ce soit une façon constructive de voir les choses. Je me perds quelques secondes dans le silence, je contemple son visage, sa nuque. Je le désire si ardemment que ça me fait mal dans tout le corps et jusqu'à l’âme. La colère se trouve être le refuge le plus facile et je ne me retient pas plus longtemps avant de lâcher la bombe.

    Curtis – Ne t’inquiète pas trop…Après tout c’est pas toi qui fini par en crever !







Curtis J. Cullen
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[ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis Empty Re: [ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis

Message par Samaël E. Wilson Lun 26 Avr - 22:32

    Son éclat de rire est plus grinçant que réellement amusé. Comme un cri du cœur, amer, qui déchire le silence ouaté de la pièce. L’oreille immédiatement aux aguets, je m’attends presque à voir surgir quelqu’un, alarmé par les bruits, avant de me souvenir du sort qui nous protège de quelconques oreilles curieuses. Un soupçon de colère fait toutefois briller mon regard d’une lueur furibonde, remplaçant bien vite l’inquiétude de tout à l’heure. Ce que je viens de lui dire n’avait pas pour but de le faire rire! Où sont donc passé son air coupable? Ses excuses? Non, au lieu de ça, monsieur se fend joyeusement la poire devant moi. Sur le coup, je me sens franchement stupide, plus encore alors que j’essaye d’ignorer les sauts périlleux qu’effectue mon cœur au son de son rire. Mais tant qu’à devoir être sincère avec quelqu’un, ne serait-ce que cette fois, autant l’être avec moi-même. Ce n’est pas le fait qu’il s’esclaffe qui me dérange à ce point. Ce sont plutôt ces deux fossettes qui creusent nerveusement ses joues par intermittence, ou l’aigreur douloureuse qui transparaît de tout son être, provoquant en moi un implacable sentiment de malaise.

    « C’est toi qui n’envisages rien avec moi ! Depuis le départ, c’est toi qui ne gères pas cette situation et à ce que j’ai pu entendre, tu n’y parviendras jamais ! »

    Son timbre est presque réprobateur et, pourtant, je ne songe pas à m’en offusquer, ne serait-ce qu’un instant. Je n’aime pas la situation dans laquelle il me place : celle du responsable de tout ce gâchis. Elle plane dangereusement entre nous, cette réalité que je m’efforce d’ignorer… ce futur tout tracé qui persiste à nous narguer. À entacher mes mains qui, pourtant, n’ont encore commis aucun acte franchement répréhensible aux yeux de la loi. À me culpabiliser! C’est comme si son sang coulait déjà entre mes doigts, trop tôt, alors que l’idée même d’attenter à sa vie me laisse pantelant; nauséeux. J’en veux à mon « moi » futur pour ses choix, pour ses actes lâches, préférant oublier que cet être et moi ne formons qu’un. Qu’au fond, ses désirs, ses fautes et ses erreurs m’incombent à moi.

    Préférant échapper à cette certitude déplaisante, je me raccroche à ses paroles comme à un échappatoire, restant un instant soufflé par ce qu’elles sous-entendent. Dois-je le prendre comme un aveu involontaire? S’il me le reproche, c’est que tout cela compte plus pour lui que je ne l’avais cru. Que peut-être, il… non. Une voix me souffle que tout cela n’est encore que comédie, un piège auquel je suis déjà trop enclin à me laisser prendre. Pour la peine, je fronce les sourcils d’un air hautain que je sais détestable, m’apprêtant à lui sortir une ânerie plus grosse que nous deux réunis, mais il ne m’en laisse pas le temps.

    « Pour ce qui est des autres laisses les parler. Crois moi, une rumeur n’a de valeurs que lorsqu’il y a des preuves pour la validée. Ne déments pas trop férocement et l’affaire devrait s’étouffée dans quelques temps. »

    Ça, je ne m’y attendais pas. Sans doute espérais-je qu’il se moque de ma tendance à prendre ces racontars trop à cœur. En le faisant, il m’aurait donné une bonne raison de lui sauter à la gorge et d’évacuer tout l’énervement qui enfle en moi à intervalle irrégulier. Au lieu de quoi, il… tente de m’aider à relativiser? De me faire comprendre que cette situation n’est pas si désespérée que je ne veux le croire? Ne pas démentir, ne pas confirmer. Trop facile. Je me plonge un instant dans le silence, bien qu’un nouveau reproche me brûle les lèvres – il prend tout ça trop à la légère! – encore étonné par sa réaction.

    Son regard insistant m’échauffe la peau, et je hausse dans sa direction un sourcil à la fois interrogateur et agacé, preuve que je n’ai aucune espèce d’envie de me laisser dévisager par lui. Il me met mal à l’aise – chose que je déteste – et à cette horrible capacité d’affoler mes sens, malgré moi – chose dont j’ai encore plus horreur. « Traitre est le cœur », disent certains. Et comme ils ont raison! Je cherche encore un moyen d’anesthésier ce muscle gênant, à défaut d’être capable de le maîtriser parfaitement. Mais la présence de Curtis me rend la tache encore plus compliquée qu’elle ne l’est déjà.

    « Ne t’inquiète pas trop…Après tout c’est pas toi qui fini par en crever ! »

    J’ouvre de grands yeux, sous le choc. Pourquoi avoir fait mine de me réconforter à l’instant, si c’était pour me planter un poignard dans le dos une seconde plus tard? Je n’aime pas son cynisme, sa façon de ramener sur le tapi ce sujet… délicat. Sauf que je n’arrive pas à lui en vouloir. Je devrais lui faire ravaler ses reproches à coups de sorts! Mais étrangement, je ne m’en sens pas réellement le droit. Mes lèvres sont de plomb, trop pesantes pour laisser libre court à un ressentiment déplacé. Je ne sais ni quoi lui dire ni quoi faire. Pourtant, c’est ce que j’avais voulu en venant jusqu’ici! Connaître son avis sur cette histoire. Mais maintenant que je suis fixé, sa rancœur légitime me blesse plus que je ne l’aurais imaginé. Et bien sûr, comme un idiot, je retiens les excuses qui voudraient déborder, les promesses insensées que je meurs d’envie de lui faire – autant de mots mal venus qui ne nous iraient pas, j’en suis sûr.

    « Tu m’en veux, hein? – je demande inutilement, bien que ne connaissant que trop bien la réponse à ma question. Je ne peux m’empêcher d’être sur la défensive, et mon ton presque chuchoté se fait exaspéré. J’étais sûr que tu m’en voudrais. Mais je ne t’ai encore rien fait, il me semble. Et d’ailleurs, je ne vois pas comment tu peux prêter foi à ces idioties. Ouvre les yeux! Ces élèves étaient forcément des imposteurs. »

    La mauvaise foi a toujours fait partie de mes attributs les plus tenaces – en voila une nouvelle preuve. Mais on ne se refait pas, n’est-ce pas?

    « Je conçois que tu puisses douter. Il y a… une part de vérité dans tout ça. L’imbécile à l’origine de ces rumeurs nous a probablement vus ensemble, un jour ou l’autre. »

    Le souvenir de ces « jours »-là me déconcentre un bref instant et, les yeux dans le vague, je ne peux m’empêcher de m’y replonger, ne seraient-ce que quelques secondes. Les prunelles trop claires de Curtis me déboussolent, son odeur me trouble, me tourmente, et ce qui m’avait paru plausible à l’instant me semble soudain irréalisable. Improbable. Comment pourrais-je attenter à sa vie, même dans un futur lointain? Aussi sombre que puisse paraître mon âme, aussi terribles qu’aient pu être mes desseins, je ne me suis jamais senti capable d’ôter la vie pour de bon. Je suis trop faible pour ça… plus encore s’il doit être la victime de mes actes. Fort de cette assurance, je secoue vigoureusement la tête et me rapproche soudain de lui alors que ma main, prise d’une ferveur nouvelle, s’agrippe à l’une des siennes.

    « Ça ne peut pas être notre avenir. Je refuse d’y croire. Tout comme je refuse toutes les implications qui découlent des divagations de ces inconnus. Je ne veux pas te blesser... Ce n’est pas un aveu. Plutôt l’écho douloureux de notre dernière rencontre. Je lui avais adressé exactement les mêmes mots, cette fois là, et un semblant de sourire crispé m’échappe. Tu le sais, n’est-ce pas? » - je lâche dans un souffle, essayant malgré tout de ne pas lui laisser voir à quel point je suis... perdu. Sans succès, je m’en doute.

    Et je finis par me rendre compte de notre proximité. Du contexte, surtout, dans lequel nous nous trouvons. De mon genou pesant délicatement sur le sien, replié. Je relâche ma prise sur sa main aussi brutalement que je l’avais instaurée, comme sous l’effet d’une brûlure. Un contact avec lui… le premier, depuis si longtemps. Le manque de lui me noue la gorge, me prend au tripes avec une violence inouïe. J’inspire goulument, pour satisfaire mon besoin de le sentir juste là, à quelques centimètres de moi seulement. Mes doigts ne le quittent pas tout à fait, incapables de se défaire entièrement de ce contact léger avec son épiderme, et cette ivresse traitresse menace de me faire perdre pied.

    Mais il est comme masqué, ce parfum léger dont je me suis épris malgré moi; et je finis par me rendre compte, enfin, que le souffle de Curtis, presque silencieux quoique un peu roque, est chargé des relents d’une boisson dont je n’ai aucun doute de la nature. Mes paupières se rouvrent immédiatement, mon regard le fouille, et c’est avec suspicion que je me penche à nouveau vers lui, oubliant mes réticences.

    « Cullen – je reprends, d’un timbre grinçant. Tu... tu as bu? »

    Cette question-là non plus n’attends pas vraiment de réponse. J’attrape ses joues en coupe, entre mes mains tremblant d’agacement ou de ma crainte de l’approcher de si près – je ne saurais le dire. Peut-être d’un mélange de tout ça. Maudit soit le manque de lumière. Je perçois à peine son visage blafard. Quoique cela vaille peut-être mieux pour nous deux… je ne sais plus.

    « Dans l’enceinte du château? – pas une once d’incrédulité dans ma voix, non. Je sais que ces pratiques sont courantes à Poudlard; l’état d’ébriété des autres a d’ailleurs bien souvent servi mes projets personnels. Et quoi d’autre, tu t’es envoyé l’une de tes pintades directement dans le couloir, sous le nez du personnel de l’école, peut-être? C’est ta façon de t’amuser? »

    Remarque totalement stupide, qui m’a malencontreusement échappé. Je le jure, je ne voulais pas dire ça. Aborder le sujet de ses conquêtes me mets, de toutes façons, toujours en rogne, et… et non! Ça devrait m’être égal, purement et simplement! Je me morigène mentalement, conscient qu’il n’a pas pu manquer la pointe de jalousie enrobant cette question déplacée.

    « Je sais bien que pour toi c’est juste une agréable routine, mais personne ne t’a jamais fait remarquer que c’était néfaste au bout d’un moment, tous ces trucs? Enfin, tu fais ce que tu veux. De toute façon ça ne m’intéresse pas. »

    Je ne suis pas certain que le dire à voix haute est destiné à le convaincre lui ou à me persuader moi. Et évidemment, je ne songe pas une seule seconde que je puisse être la raison pour laquelle il a bu ce soir. Paradoxalement à ce que j’affirme, mes paumes glissent doucement sur ses joues, en une caresse légère, jusqu’à ce que je les laisse retomber sur mes propres genoux, sans cesser de dévisager Curtis d’un air grave. Parce que oui, quoi que je lui dise, ce qu’il fait me préoccupe plus que de raison. Je ne peux m’empêcher de me questionner à propos de lui, qui demeure un mystère entier à mes yeux. Pourquoi l’alcool? Pourquoi les hommes autant que les femmes? Pourquoi… moi? Même si cette envie-là n’était qu’une passade parmi tant d’autres.

    Je recule en diagonale sur le matelas jusqu’à ce que mon dos heurte l’une des colonnes du lit à baldaquin, contre laquelle je m’appuie, baissant les yeux sur mes doigts entremêlés.

    « Je ne comprends pas comment tu peux prendre ces rumeurs à la légère. Eh bien oui, puisque je suis là, autant remettre d’actualité la raison de ma présence dans ces dortoirs. Un soupir m’échappe, et je l’observe de biais, à travers mes mèches plus désordonnées qu’à l’ordinaire. Je veux dire… je n’y crois pas – contrairement à toi, visiblement – mais de là à laisser les autres parler sans rien faire…! Je n’en serai jamais capable. Ça t’est sûrement égal mais… j’ai tout à perdre, dans cette histoire. »

    Et je ne parle pas uniquement d’apparences ou de réputation. La crainte de décevoir ceux qui me sont le plus chers m’oppresse, me pèse plus que tout. Mais je ne m’attends pas à ce qu’il essaye de me comprendre. Agacé contre moi-même, pour m’être montré si vulnérable, je redresse inutilement le menton.

    « Je ne sais pas à quoi je m’attendais en venant te voir, de toute façon. Il me faudrait au moins un retourneur de temps pour effacer tout ça de la mémoire des autres, et j’imagine que ce n’est pas… le genre de choses que tu trimballes dans tes poches. »

    C’est vrai, il ne peut pas faire de miracle. Malgré tout, le simple fait d’être là avec lui me fait me sentir moins… seul dans toute cette histoire. Tout aussi perdu, mais moins seul. Parce qu’il est autant concerné que moi, au fond, et que si je ne fais pas erreur, voir sa bisexualité révélée au grand jour ne faisait pas non plus partie de ses objectifs à court terme. Sous le coup d’une impulsion, je me déplace une nouvelle fois et le pousse à se décaler lui aussi, pour me retrouver à ses côtés plutôt que face à lui. Nous nous frôlons à peine, mais ce changement de position et le silence qui l’accompagne me donnent presque l’impression d’instaurer une atmosphère bien plus sereine entre nous. Je me crispe malgré moi, craignant qu’une trop grande promiscuité ne me pousse à dire une quelconque idiotie… mais l’attrait de sa peau est plus fort, et je finis par me laisser aller à prendre appui contre lui.
Samaël E. Wilson
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Message par Curtis J. Cullen Ven 14 Mai - 23:00









    J’ai lâché ma bombe et je sais pertinemment que je risque de lui faire du mal mais je n’ai pas pu résister. Il m’a suffisamment souvent rejeté que pour que je finisse par me laisser aller à cet élan d’aigreur. Cela fait depuis longtemps que ce n’est plus moi qui mène la danse entre nous deux, Samaël a pris les reines et cela même si je ne suis pas convaincu qu’il en soit conscient. Mes paroles continuent de planer dans l’atmosphère et je suis étonné de ne pas regretter de les avoir prononcées. C’est un peu comme un léger poids qui se serait soulevé de ma poitrine. Oh, je suis encore accablé mais l’espace d’une seconde, j’ai aperçu le bout du tunnel. Je suis bien souvent plus honnête envers lui qu’il ne peut l’être, le problème c’est qu’il ne me croit pas mais pour cette fois, il semble que j’ai touché juste. Je le vois ouvrir de grands yeux ronds mais alors que je m’attendais à subir ses foudres, il reste étonnement silencieux. Je sais que cela ne va pas durer longtemps mais j’apprécie de le voir désemparé. Ce n’est pas que j’aime le voir souffrir mais de cette façon je le sens plus proche de moi et de ma propre souffrance. J’avale lentement ma salive, j’appréhende ses paroles.

    « Tu m’en veux, hein? »

    Je penche la tête et hausse vaguement les épaules. Je ne veux ni approuver, ni le contredire. Je pense qu’il sait ce qu’il en est en vérité, sa question n’attend pas de réponse. Il ne m’en laisse de toute façon pas le temps.

    « J’étais sûr que tu m’en voudrais. Mais je ne t’ai encore rien fait, il me semble. Et d’ailleurs, je ne vois pas comment tu peux prêter foi à ces idioties. Ouvre les yeux! Ces élèves étaient forcément des imposteurs. »

    Je ne suis pas d’accord avec lui, je crois en ce qu’ils ont dit ! C’est à lui d’ouvrir les yeux, mais il est de notoriété publique que ce n’est pas son fort, je ne le sais que trop bien. Et si je lui en veux ce n’est pas parce qu’il va m’envoyer à la mort mais plutôt parce qu’il ne sera jamais capable d’accepter ce qu’il ressent pour moi. Je suis prêt à m’y faire, s’il le faut mais je ne vais pas prétendre que je le fais avec plaisir. Je n’en suis pas encore capable.

    « Je conçois que tu puisses douter. Il y a… une part de vérité dans tout ça. L’imbécile à l’origine de ces rumeurs nous a probablement vus ensemble, un jour ou l’autre. »

    Je relève un sourcil et lui accorde un regard intéressé avant de pousser un soupir et de fixer mon oreiller. Notre relation n’est plus si secrète qu’on le voudrait, il faut se l’avouer ça aussi ! Il se pourrait que ce soit de moi que soit partie l’information. Je serre le poing, je refuse de rejeter la faute sur moi alors que le seul coupable se trouve devant moi. Je relève la tête et fixe Samaël droit dans les yeux. Si la situation n’était pas si tragique, je pourrais presque trouver drôle de le voir se chercher des excuses. Mon regard bleu est tinté de défis mais me voila complètement désarmé lorsqu’il s’empare de l’une de mes mains. Il triche ! Le simple contact de sa peau suffirait à me faire confesser le pire des crimes. Je ne peux m’empêcher de lui jeter un mauvais regard mais je ne le lâche pas, je serre même ses doigts entre les miens.

    « Ça ne peut pas être notre avenir. Je refuse d’y croire. Je ne veux pas te blesser... Tu le sais, n’est-ce pas? »

    La détresse. Je n’aurais pas penser qu’il était si prêt de flirter avec elle lui aussi. Une part de moi aurait envie de remettre en doute ses paroles, refuser d’accepter ce qu’il dit tant qu’il ne me le montre pas un peu plus mais j’en suis incapable. Une fois encore, je me contente de hausser les épaules. Il faut avouer que les vapeurs d’alcool qui se répandent encore dans mon organisme ne m’aident pas à réfléchir. Et le voila qui me lâche la main, même là alors que nous ne sommes que tout les deux, il n’assume pas. Cette façon qu’il a de m’abandonner me rend dingue. Même maintenant, il n’est pas capable de me laisser m’accrocher à lui. Ma gorge se serre mais je ne me trahis pas une seconde. Il me pousse dans mes retranchements mais je ne veux pas céder à l’appel de la fierté. Je reste figé, mon souffle se ralentit. Je me contente de gérer la distance douloureuse qui nous sépare.

    « Cullen .Tu... tu as bu? »

    Je n’ai une fois encore pas l’occasion de lui répondre que je sens ses mains se posées sur mes joues. Va-t-il me réprimander comme un gamin de quatre ans ? Croit il vraiment qu’il est en position d’exiger de moi un quelconque comportement ? Mais puisqu’il me touche, je me laisse faire docilement afin de profiter de ce contact incongru.

    « Dans l’enceinte du château? Et quoi d’autre, tu t’es envoyé l’une de tes pintades directement dans le couloir, sous le nez du personnel de l’école, peut-être? C’est ta façon de t’amuser? Je sais bien que pour toi c’est juste une agréable routine, mais personne ne t’a jamais fait remarquer que c’était néfaste au bout d’un moment, tous ces trucs? Enfin, tu fais ce que tu veux. De toute façon ça ne m’intéresse pas. »

    Je hausse les sourcils et ricane. Cela vaut il réellement la peine que je relève ses paroles ? Je n’en suis pas convaincu et de toute façon il dit la vérité. C’est bien ce à quoi je passe mon temps et je serais aussi malhonnête que lui de le nier. Et que ce soit néfaste, je m’en fou ! Après tout, il faut bien mourir de quelque chose. Mes pensées me font sourire mais ce n’est pas le moment. Ses mains se détachent de mes joues, il recule. Serait je un jour fatigué de lui courir après ?

    « Je ne comprends pas comment tu peux prendre ces rumeurs à la légère. Je veux dire… je n’y crois pas – contrairement à toi, visiblement – mais de là à laisser les autres parler sans rien faire…! Je n’en serai jamais capable. Ça t’est sûrement égal mais… j’ai tout à perdre, dans cette histoire. »

    Je soupir et affiche un air désabusé. Il me fatigue, il parle trop et c’est probablement parce qu’il veut se convaincre que ce sont des rumeurs qu’il veut à tout prix leurs tenir tête. Il va brasser du vent, démentir ne sert à rien qu’a relancer les foules. Depuis longtemps j’adopte la technique des sous entendus et bien que l’on parle de moi je fais de mon mieux pour me montrer discret. C’est en laissant parlé que je m’en sors au final.

    « Je ne sais pas à quoi je m’attendais en venant te voir, de toute façon. Il me faudrait au moins un retourneur de temps pour effacer tout ça de la mémoire des autres, et j’imagine que ce n’est pas… le genre de choses que tu trimballes dans tes poches. »

    Non, je n’ai pas de retourneur de temps mais si il le veux, je pourrait lui faire de promesse de trouver un moyen de m’en procurer un. Cela pourrait prendre du temps mais j’ai mais j’ai confiance en mes talents de voleur et en autre recours, je peux toujours demander à mon oncle Jasper de faire jouer ses relations. Oh oui je pourrait faire tout ça, si seulement j’était convaincu que ce soit une bonne idée. Je n’ai aucune envie que ma bisexualité soit révélée au grand jour mais ce genre de rumeurs court sur moi depuis longtemps. Sam est loin d’être le seul garçon avec qui j’ai couché, je suis habitué à gérer tout ça. Il aura beau dire tout ce qu’il veut mais ma technique fonctionne, si on est prêt à assumer une réputation sulfureuse. Je tente de reprendre mes esprits pour lui répondre avec la plus grand honnêteté mais comme si il était décider à me jeter des bâtons dans les roues, il vint rétablir le contact. Je sens son corps s’appuyer légèrement contre le mien et je suis partagé entre l’envie de l’enlacer et celle de le fuir. Si je le laisse faire ça, il va gagner. J’inspire, je ne bouge pas. Je tente de faire le bilan mais je perds rapidement courage. Dans ce cas il vaut mieux tout simplement se laisser aller…

    Curtis – Tu parles tellement que je ne sais pas par où commencer pour te répondre…D’autant plus que oui, j’ai bu…Je n’ai pas les idées claire et ta présence ne m’aide en rien.

    Me laissant guider par l’instinct, je cède et laisse mon visage s’enfouir dans ses cheveux. J’inspire son parfum, je me laisse griser avant de reprendre pied petit à petit. Je suis pris d’une étrange envie d’être sincère avec lui, comme si j’était fatigué de notre éternel combat. Je ne me reconnais pas mais je me sens étrangement plus serein. J’inspire et reprends la parole.

    Curtis – Moi je les crois mais je crois aussi que le futur peut être changé et c’est pour cette raison qu’on peut accepter de voir l’évidence. Il y a trop de détails, trop de coïncidences. Sam, se sera plus facile pour toi si tu t’en rends compte rapidement.

    Ma main glisse sur son bras et se pose sur sa hanche. Je me rends compte que je me retrouve souvent à donner des conseils pour quelqu’un dont le mode de vie est autant réprouvé. Un sourire absent se dessine sur mes lèvres mais je n’en ai pas encore fini.

    Curtis – Pour les rumeurs…tu sais qu’il en court une tonne sur moi mais personne n’a jamais affirmé quoi que ce soit. Ne dément pas, je te le répète. Ne montre pas que ça te touche, il y a d’autres moyens. Ceux qui parlent trop, ont peu trouvé des moyens de leur couper leur envie de parler, les autres se lasseront vite. Crois moi, si tu as tant à y perdre, suis mes conseils. Je suis l’exemple même que cela fonctionne.

    Mes paroles sont peut être vaines mais je sais que j’ai raison. J’en suis persuadé ! Toujours agrippé à la hanche de Samaël, je rapproche mon corps du sien. Mes gestes ne contiennent aucune ambiguïté sexuelle. Je ne veux pas que ce genre de tentions altèrent notre discussion, j’ai simplement besoin de le sentir contre moi. J’ai besoin de son affection. Mon nez effleure sa joue, je ne veux pas qu’il parte. Je veux qu’on reste la, que le monde cesse de tourner, qu’il oublie jusqu'à notre simple existence. Mon seul besoin vital, c’est lui. Je me recule et contemple son profil.

    Curtis – Je suis loin de prendre tout ça à la légère…pas si ça te concerne, si ca nous concerne. Sam je vais te le répéter encore une fois : Tu compte bien plus pour moi que tu ne peux l’imaginer. Demande moi ce que tu veux, je le ferai…

    Dans ma voix sonnent détresse et fatalité alors que je pose mon front contre le sien. Je ne sais pas si je crois en ce que je viens de dire mais je veux y croire. Je suis plein de défauts, plein de démons mais je rêve qu’il puisse m’accepter comme je suis et pour le reste, il est vrai que je ferais n’importe quoi. Je veux savoir s’il va oser me demander une foi encore de disparaître de sa vie, je veux savoir s’il à finalement passer ce cape et afin de ne pas risquer d’altérer son jugement, je lutte contre une terrible envie d’unir nos lèvres dans un baiser passionné.





Curtis J. Cullen
Curtis J. Cullen
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[ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis Empty Re: [ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis

Message par Samaël E. Wilson Dim 30 Mai - 20:40

J'affirme que la rumeur de notre relation est sans doute due au fait que quelqu’un nous ait surpris ensemble un jour… pourtant je sais parfaitement que c’est probablement faux. Il me semble que nous ayons été plutôt discrets jusqu’à présent… mais c’est bien connu : à Poudlard, même les murs ont des oreilles. Il me faut quelques secondes avant de me rendre compte de la nature de mes pensées. Notre « relation »? « Nous avons été discrets »? Comme si j’avais voulu tout ça! Merlin m’en soit témoin, ça n’a jamais été le cas. Ou plutôt : ça ne l'avait jamais vraiment été, jusqu'à aujourd'hui.

L’urgence de la situation détourne cependant rapidement mon attention, et mes pensées se fixent de nouveau sur le sujet de notre conversation. La raison de ma présence dans son lit, à cette heure tardive. Notre avenir, que je réfute de toutes mes forces. Sentir ses doigts se crisper sur les miens ne fait qu’accentuer ma nervosité, et je me détache de lui à regret, sans imaginer un instant que cette absence de contact puisse le blesser. Si nos rôles avaient été échangés; si j’avais dû apprendre qu’un jour, peut-être, il attenterait à ma vie, je lui en aurais voulu à mort, je crois. Et fort de cette assurance, je me mets en tête que m’avoir si près de lui après tout ça doit lui paraître franchement désagréable.

Je mets pourtant ce sentiment de malaise rapidement de côté, alors que je me rends enfin compte à quel point l’odeur de l’alcool lui colle à la peau. Or, dans ce château, l'alcool est souvent – trop souvent – associé au sexe. Formule douteuse à laquelle se conforme une belle majorité des élèves. Cette certitude ne fait qu’éveiller en moi une jalousie mal venue, totalement déplacée, et je ne peux me retenir de le reprocher à Curtis. Un simple ricanement me répond, preuve que je ne me trompe peut-être pas, et l’amertume me pousse à me rétracter. J’abandonne les revendications inutiles, préférant en revenir à la question des rumeurs – celle qui me tracasse depuis des semaines. J’aurais souhaité que cette pseudo entrevue aboutisse sur quelque chose de tangible. Une solution. Mais à voir le sourire désabusé que me renvoie Curtis, ce n’est sans doute pas lui qui pourra me l’offrir. Il m’a déjà dit ce qu’il pense à ce sujet, et je devrais le croire.. après tout, il est visiblement habitué à ce genre de situation. Mais ça ne suffit pas à faire disparaître ma frustration.

Ce n’est qu’au moment où je me retrouve assis contre lui, à peine séparé de ce corps qui m’arrache des frissons par quelques infimes centimètres de tissu, que les tensions dues à mes réflexions acharnées finissent par s’apaiser. Comment aurait-il u en être autrement, après tout? Il me semble perdre la tête à chaque fois que la distance entre nous est abolie. Je me rends immédiatement compte de mon erreur alors que ma joue se pose sur son épaule, conscient qu’une telle position ne pourrait que m’être préjudiciable… mais ça ne veut rien dire, n’est-ce pas? Chercher un infime réconfort, l’espace de quelques secondes, ne signifie pas que je veuille lui offrir plus que ça… À cet instant, je ne sais pas si j’énonce une certitude ou si je tente plutôt de me convaincre moi-même. Toujours est-il que m’éloigner est inenvisageable : j’ai trop longtemps attendu ce moment, inconsciemment, pour accepter de le perdre si vite.

« Tu parles tellement que je ne sais pas par où commencer pour te répondre…D’autant plus que oui, j’ai bu…Je n’ai pas les idées claire et ta présence ne m’aide en rien. »

Je me renfrogne à l’entente de ce commentaire. Il trouve que je parle trop? L’envie de lui signaler que, si ce n’était pas à cause du besoin de lui parler, rien au monde ne m’aurait convaincu de le rejoindre ici, me titille; je me mords le bout de la langue à la place, comme pour l’empêcher de distiller une fois de plus son venin. Ma présence le… trouble? Je ne sais pas si c’est un bien ou un mal.

Sa main, qui se glisse alors dans mes cheveux, m’a presque l’air d’une récompense pour mon silence. Si son immobilisme m’avait plus ou moins rassuré, laissant le temps à mon esprit de se mettre en accord avec mes propres gestes, le sentir approfondir le contact de lui-même est un profond soulagement. Se pourrait-il, finalement, que m’avoir à ses côtés ne le dérange pas tant que ça? Je ne devrais pas vouloir y croire, mais c’est pourtant le cas.

« Moi je les crois mais je crois aussi que le futur peut être changé et c’est pour cette raison qu’on peut accepter de voir l’évidence. Il y a trop de détails, trop de coïncidences. Sam, se sera plus facile pour toi si tu t’en rends compte rapidement. »

Accepter? Je secoue la tête de droite à gauche, en une attitude que je sais enfantine, mais c’est plus fort que moi. C’est un fardeau trop lourd à porter… qu’importe qu’il puisse être modifié. Je ne veux pas assumer. Je me sais lâche, mais tout ça… c’est juste trop pour moi. Sa main voyage jusqu’à ma hanche, nous rapprochant imperceptiblement l’un de l’autre, et… ça me plait. Être là, dans ses bras, à l’écouter tenter de me rassurer à voix basse, ça me… plait.

« Pour les rumeurs…tu sais qu’il en court une tonne sur moi mais personne n’a jamais affirmé quoi que ce soit. Ne dément pas, je te le répète. Ne montre pas que ça te touche, il y a d’autres moyens. Ceux qui parlent trop, ont peu trouvé des moyens de leur couper leur envie de parler, les autres se lasseront vite. Crois moi, si tu as tant à y perdre, suis mes conseils. Je suis l’exemple même que cela fonctionne. »

Il insiste, sûr de lui, et j’abandonne l’idée de lui faire comprendre que ça ne me suffit pas. À quoi bon? J’aurais opté pour faire tout bonnement s’évaporer des souvenirs de chacun ces pénibles révélations, mais ce serait de toute façon hors de ma portée. Je n’ai pas vraiment le choix, au fond… mais en réalité, je ne suis plus aussi concentré qu’au départ sur ce qu’il dit. Il m’effleure la joue du bout du nez et je soupire, conquis par la tendresse de ce geste qui m’aurait tout bonnement horrifié quelques mois auparavant. Que fait-il? Que me fait-il? Le sentir s’éloigner est la pire des tortures, et je baisse les yeux sur mes mains tremblantes pour enfouir en moi l’impression de vide qu’il laisse derrière lui.

« Je suis loin de prendre tout ça à la légère…pas si ça te concerne, si ca nous concerne. Sam je vais te le répéter encore une fois : Tu compte bien plus pour moi que tu ne peux l’imaginer. Demande moi ce que tu veux, je le ferai… »

Son aveu me saisit. Mais plus encore, sa façon de le dire. Comment de simples mots peuvent-ils sonner ainsi? Je tourne la tête pour le contempler, et ses traits ne sont que pure sincérité. Et détresse. Une détresse que j’ai voulu ignorer depuis le départ, mais qui me broie le cœur cette fois, alors que je ne peux qu’y faire face. Il pose son front contre le mien, et je ferme les yeux en me mordant durement la lèvre inférieure pour résister à son souffle qui coule sur ma peau. Ce que je veux…

« J’aurais voulu que tu n’aies jamais existé. »

La requête me noue la gorge. Digne de moi; digne de tout ce que je lui fais subir depuis que nous nous connaissons. Et c’est douloureux, mais je n’ai jamais été aussi franc qu’en cet instant. Mes phalanges s’accrochent aux siennes sans douceur, dans la crainte qu’il ne s’éloigne sous le coup du choc, et j’ouvre brusquement les paupières pour vriller mes yeux aux siens.

« Personne ne sait ébranler mes certitudes aussi bien que toi. »

Mes mains se font plus douces et remontent le long des siennes, redécouvrant avec un infini délice le grain de sa peau. J’ai envie de lui dire… de lui dire que… Mais ce ne serait pas raisonnable. De nouveau, cette lutte intérieure me torture, et je me sens stupide d’hésiter autant. Mon cœur sait, lui, et Curtis est son unique prière. Si seulement…

« Toi aussi… – je commence en murmurant, avant de me morigéner pour tant de pathétisme. À la deuxième tentative, ma voix est plus assurée, plus ferme. Je veux qu’il sache. Je veux me l’avouer à moi-même. Toi aussi, tu comptes beaucoup pour moi. Un rire à la fois auto-dérisoire et nerveux m’arrache la gorge. Les mots, ce n’est pas grand-chose. En fait… Je relève l’une de ses mains pour y apposer mes lèvres une demi-seconde, avant de plaquer sa paume à l’emplacement de mon propre cœur. Ça me semble infime, complètement insipide, même, comparé à ce que je ressens vraiment. »

Je l’ai fait. Je le lui ai dit. De façon plus ou moins claire et convaincante, certes, mais… je l’ai fait. Quelque part, c’est comme un poids de moins sur mes épaules.

« Curtis… Je m’arrête, mâchant mes mots, conscient que ce que je m’apprête à dire pourrait sceller une grande part de mon avenir. Notre avenir? Et pourtant, j’ai l’impression qu’en ne le demandant pas, je ne ferais que me blesser. J’inspire profondément pour m’insuffler le courage de continuer. Je voudrais que tu me promettes… malgré tout ce que t’ai dit jusqu’à présent, je... je sais que je suis insupportable et indécis, tout le temps, mais…merde. Je suis incohérent, et pour cause : c’est plus difficile que je ne l’avais prévu. Tout mon être répugne à avouer ma dépendance pour cet homme, et l’ampleur de mon égo, de ma fierté déplacée, constituent autant de barrières presque infranchissables. Presque. Je ne veux pas que tu disparaisses de ma vie. Jamais. »

Mon nez caresse brièvement le bout du sien, et je me penche en avant pour ne pas voir son visage, craignant que tout ça ne soit trop. Mais ça, l’est justement. Trop pour que je le garde pour moi plus longtemps. Je trouve refuge dans son cou, me masquant à son regard, et mes mains se nouent sur sa nuque, esquissant l’étreinte à laquelle j’aspire.

« Je crois que je pourrais en mourir. »

De le sentir s’éloigner, ou de l’avoir ainsi près de moi? Pour le coup, je ne saurais le dire. À sentir les battements effrénés de mon palpitant, je pourrais opter pour la seconde solution; mais la première me paraît tout aussi véridique. Et c’est effrayant, vraiment.

« Je devrais partir… – et à peine ces mots ont-ils dévalé mes lèvres, que le doute me prend. D’un côté, c’est la chose la plus sensée que j’ai pu sortir ce soir. D’un autre, ces mots résonnent comme la pire des absurdités à mes oreilles. Mes bras se resserrent autour du cou de Curtis. Mais je n’en ai pas envie. »

Parce que j’ai besoin de lui, atrocement, et que ses bras sont pour moi le plus agréable des refuges. Je picore sa peau de baisers, taquin, sans savoir si je veux simplement détendre l’atmosphère ou le pousser à me garder avec lui.
Samaël E. Wilson
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[ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis Empty Re: [ABANDONNÉ] As if I was born to hurt you ... or love you | ft. Curtis

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