Sôter, espérance... et désillusion! - Présentation terminée

Dans sa vaste chambre, le prince se réveilla. Sous ses couvertures duveteuses, il s'étira tel un félin. Il n'avait pas envie de se lever. Paresseux il était. Cependant, il trouva la motivation de sortir le bout de son nez de l'amoncellement de drap. Les volet clos empêcher toute lumière de passer. Il aurait pu dormir encore quelques heures, mais il s'abstint à faire la grasse matinée. Aujourd'hui, il fêter allégrement ses sept ans. Il savait pertinemment que sa maman, mère poule comme elle était lui préparait une fête grandiose, dont elle seule avait le secret. Il glissa ses petits pieds dans de confortables pantoufles. Il s'étira une dernière fois, sortit de sa chambre et descendit jusqu'à la cuisine. Là, un déjeuner pantagruélique l'attendait. Sa mère en parfaite mère au foyer était aux fourneaux. Elle lui avait préparé de succulents mets. Il prit place à la table tel un pacha et commença à déguster.

Mrs Mills - « Joyeux anniversaire chéri! Tu as bien dormi? »

Son visage s'illumina, ses yeux brillèrent d'excitation. Il était content que sa mère pense à son anniversaire. En même temps, elle ne pouvait l'oublier. Il se releva, et alla faire un câlin à sa mère en soufflant, à mi-voix:

Sôter - « Merci... Maman, je t'aime! »
Mrs Mills - « Moi aussi je t'aime mon cœur! »

Tranquillement, il retourna s'asseoir et sirota son verre de jus d'orange pressée. Il dévora tous les plats qui pouvaient arriver à la portée de sa main. Il mangeait sous les yeux bienveillant de la femme au foyer. Le voir heureux la comblait de bonheur. Leurs yeux se croisèrent, et Sôter crut percevoir une pointe de mystère. Il se concentra sur son bol de céréales et l'engloutit. Dès qu'il eut fini, sa mère s'empressa de débarrasser tout en ajoutant.

Mrs Mills - « Si tu veux aller regarder la télévision, vas-y mon chaton. »

Ni une, ni deux, il avait sauté de sa chaise et s'était précipité dans le living room, il s'était avachi sur le sofa. Il appuya prestement sur la télécommande, l'écran s'alluma. Il découvrit avec joie et délectation que son programme préféré était diffusé. Les yeux écarquillés, il regardait, tel un zombi, les images défilées les unes après les autres. La pub arriva. Il se leva quelques secondes pour s'étirer, c'est alors qu'il remarqua deux cadeaux sournoisement dissimulés. Un sourire béat apparut sur son visage. Il s'agenouilla et arracha les papiers cadeaux bigarrés. Il en fit de la charpie tellement l'excitation était grande. Sous la fine couche de papier, il découvrit deux voitures miniatures: une Porsche 911 ainsi qu'une Chevrolet Corvette. Il ne put s'empêcher de faire exploser sa joie. Il les trouvait magnifiques, et espérait, dans quelques années, pouvoir les avoir. Il demanderait à son père.

D'ailleurs, ce dernier, où était-il? Il n'était pas là, à son réveil. Il ne lui avait même pas souhaité son anniversaire. La tristesse s'empara de son être, la colère aussi. Il ne supportait pas l'absence pesante de son géniteur. Comment ce dernier pouvait-il, le jour de l'anniversaire de son fils être absent. Cela ne se peut. Énervé, il donna un violent coup de pied à l'une des deux voitures qui alla s'encastrer contre la cheminée. Ensuite, il se précipita dans sa chambre et ferma violemment la porte. Alarmée par les bruits, Mrs Mills lâcha son travail en cuisine. Les tracas rencontrés par son chérubins passaient avant tout. D'un pas décidé, elle grimpa une à une les marches et toqua à la porte de la chambre de Sôter. Une voix faible l'invita à entrée. La mère de famille s'exécuta. Elle trouva son enfant avachi sur son lit. Elle s'agenouilla à ses côtés, passa affectueusement une main dans la tignasse noire ébène du garçonnet. Connaissant Sôter sur le bout des doigts – elle n'était pas sa mère pour rien – elle devina la cause de son désarroi.

Mrs Mills - « Tu sais! Il n'est pas là, mais il t'aime! »

Ces paroles, au lieu de réconforter Sôter, le plongèrent dans un plus grand désarroi. Il ne put s'empêcher de pleurer. Comment pouvait-elle dire ça? Pourquoi elle le défendait tout le temps. Il fit plus encore la moue boudeuse. Sa mère, malgré sa bonne volonté, en rajouta une couche.

Mrs Mills - « Ton père a beaucoup de travail. Gérer sept casinos n'est pas une mince affaire. Mais, je suis persuadée, qu'à cette heure, là où il est, à chaque instant, ses pensées vont vers toi. Il t'aime, ne l'oublies pas! »

Sa mère mentait très bien, ou était bien trop naïve... Des paroles, des paroles, des paroles... Toujours des paroles... Encore des paroles... Au plus profond de lui, Sôter le savait très bien... Son père pensait certainement plus à son compte en banque et au profit qu'il pouvait faire sur ses casinos plutôt qu'à son fils.

Mrs Mills - « Allez mon biquet! Souris! Je suis certaine qu'il a du te faire un certain nombre de cadeaux encore pour se faire pardonner de son absence... »

Cette dernière phrase mit le feu aux poudres. Alors qu'il avait commencé à se calmer – aidé par le câlin de sa mère – sa colère augmenta plus encore et...

BOUM! BOUM!

Le jeune garçon écarquilla les yeux. Il se tourna vers sa mère qui était aussi stupéfaite que lui par les deux détonations. D'un geste presque théâtral, Mrs Mills posa sa main sur son front. Elle avait du oublier d'éteindre le gaz ou quelque chose comme ça. Elle se releva et se hâta instinctivement vers la cuisine. Elle descendit quatre à quatre les escaliers suivie de très près par son fils. Arrivée dans la cuisine, elle la balaya du regard, ne remarquant rien. Elle était intacte. Elle était comme elle l'avait laissé. Elle respira un bon coup, soulagée... Elle se ravisa quelques secondes après quand elle vit, provenant du salon, de la fumée. Elle se précipita dans le living-room. Elle fut choquée en apercevant les deux voitures miniatures carbonisées. Rapidement, elle se saisit de l'extincteur le plus proche. Afin d'éviter toute propagation du sinistre, elle aspergea les carlingues consumées. La besogne faite, elle se retourna vers son fils, et, navrée, elle le rassura.

Mrs Mills - « Ce n'est pas grave Sôter! Papa t'en achètera d'autres! »

C'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Sôter - « Je m'en fous des cadeaux que peut me faire Papa. S'il croit que son absence peut se racheter en m'offrant à la pelle des cadeaux, il se fourre le doigt dans l'œil! Il peut m'offrir tout l'or du monde, son absence reste impardonnable... et il ne l'oubliera pas! »

Sans même un regard en direction de sa mère, il la quitta et monta se cloîtrer dans sa chambre.

Pour la petite histoire, l'un des plus proches collaborateurs de Mr Mills fut accusé, et condamné, pour avoir fomenté cette attentat qui aurait pu porter préjudice au jeune Sôter. Malgré qu'il ait sans cesse clamé son innocence, il fut emprisonné et licencié. Quelques mois après sa sortie de prison, il mourut accidentellement lors d'un accrochage. La police classa rapidement l'affaire.