The Time-Turner
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L’ironie de la solitude. [feat Sôter]

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L’ironie de la solitude. [feat Sôter] Empty L’ironie de la solitude. [feat Sôter]

Message par Invité Mer 9 Juin - 17:28

    Ça n’avait rien de compliqué. Rien du tout. C’était élémentaire, basique, facile. S’énerver sur une pareille futilité n’avait pas de sens ! S’énerver n’avait pas de sens, de toute façon. Régler ses problèmes de façon civilisée était la seule et unique solution. Oh, il savait être diplomate. Il n’était pas un barbare arriéré, loin de là. Pour l’énerver, il fallait être sacrément doué. Et courageux. Ewan O’Griffin était réputé pour être un garçon calme et réfléchi. L’entendre hausser le ton était rarissime, et cela ne présageait rien de bon. Il y avait un autre moyen pour que le jeune homme soit agacé. Un moyen tout simple : avoir les nerfs à fleur de peau. Et c’était bien ce qui arrivait au Serdaigle.

    Deux jours auparavant, il avait essuyé une dispute virulente avec Sôter, un de ses amis les plus précieux. En six années d’amitié, jamais une telle tension ne s’était immiscée entre eux. Leur relation ne ressemblait certainement pas à une série moldue américaine où il n’y a que des bons points : toute amitié engendre des ambiguïtés et des controverses. Pourtant, celle-ci ne semblait pas vouloir s’éteindre dans le for intérieur d’Ewan. Une flamme incandescente s’amusait à lui dévorer les viscères. Aucun livre, aucun sujet de conversation, aucun professeur ne parvenait à lui faire oublier cette engueulade. Tiraillé entre une envie de mettre les choses au clair et un orgueil polaire, il ne savait pas sur quel pied danser. Alors, dans ces moments de doute, il s’isolait. Loin de toute vie humaine – et même loin du moindre fantôme.

    En début de journée, pris dans un élan de contrariété, il avait songé à s’enfoncer dans la forêt Interdite pour ne pas être dérangé. L’idée d’être seul, écouté des arbres, l’enchantait. Evidemment, un minimum de bon sens lui fit oublier cette idée saugrenue et il se rendit en cours, n’écoutant qu’à moitié les boniments de ses professeurs. Dès l’ultime retentissement de la cloche, il saisit ses affaires et fonça dans son dortoir, où il les fit valser sur son lit, avant de repartir dans le château, les poings enfoncés dans les poches des vêtements moldus qu’il avait rapidement enfilés.

    Ça n’avait rien de compliqué. Rien du tout. C’était élémentaire, basique, facile. Il arpentait les méandres du château comme une ombre, ne prenant même pas la peine de regarder les étudiants qu’il manqua à plusieurs reprises de bousculer. Soucieux. Cheminant, telle une âme en peine, il laissa les escaliers se déplacer à leur guise pendant qu’il les gravissait. Il laissait les grandes âmes des portraits parler de lui sans aucune retenue. Sans vraiment savoir comment, il se retrouva au sixième étage. Pourquoi ne suis-je pas sorti dans le parc… Enfermé entre ces murs, il se sentait attaché aux images de sa dispute avec le Serpentard. Ca s’était passé dans le couloir du troisième étage. N’y pense plus ! Il cracha un juron étouffé.


        - C’est à moi que tu parles ? lâcha une voix devant lui.
        - Non, non…


    Il se hâta de bifurquer dans le couloir suivant. Il ne pouvait même pas ruminer sa colère en paix. Alors, une porte en bois usée se présenta à lui comme un messie. Un augure parfait : une salle de classe désaffectée. Il accéléra le pas et s’y engouffra. Le silence sépulcral de la pièce emplit ses oreilles. Mais, au lieu de le rasséréner, ce silence fut un vrombissement. Le même que celui après la dispute. Un cri hargneux s’échappa de ses lèvres et, guidé par la colère qui l’aveuglait, frappa dans le mur d’en face. Le poing en sang. Tant pis. Avisant un bureau miteux, il se dirigea vers l’antique meuble et s’y assit. Las, il s’amusa à tracer des arabesques avec le sang qui coulait de ses phalanges. Il avait du se casser un doigt. Mais lequel ? mystère. Il ferma les yeux et se força à faire le vide dans sa tête, en vain. Seule l’image de son ami fou de rage revenait. Et il ne se doutait pas le moindre du monde que cette image finirait par s’animer dans cette même salle de classe désaffectée.

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L’ironie de la solitude. [feat Sôter] Empty Re: L’ironie de la solitude. [feat Sôter]

Message par Invité Mer 9 Juin - 21:56

Il faut avouer, certaines fois, il est plus judicieux de ne pas sortir ne serait-ce qu'un orteil de son lit. Mais, sans ces jours néfastes, que serait la vie? Un enchaînement long, fastidieux de joies. Cela est trop carré pour le Serpentard. Quitte à vivre, autant vivre les bons et les mauvais côtés, cela met du piment. Sôter, aujourd'hui, avait l'esprit ailleurs. Il ne s'était pas vraiment remis sur pieds. La dispute virulente entre son meilleur ami, le rongeait. Toutefois, devant la populace, il ne montrait rien. Il restait figé, de marbre. A plusieurs reprises il se rendit aux repas. A plusieurs reprises il le vit. A plusieurs reprises, il détourna son regard. Il ne voulait pas faire face à la réalité. Il était beaucoup trop imbu de sa personne pour cela. En fait, il s'était formaté à l'inexistence du jeune homme. Il n'était pas du genre à se prendre la tête pour si peu. Mais, en y réfléchissant, l'amitié qu'ils entretenaient comptait-elle si peu que cela? Non. Cependant, dans certaines cas, il vaut mieux feindre, que voir la réalité en face.

Bien sûr, même s'il faisait mine de rien, certains individus n'étaient pas dupe et sentaient qu'il y avait un problème sous-jacent. Certains désiraient au plus profond de leurs âmes, découvrir les raisons de cette humeur massacrante. Cependant, lorsque Sôter est dans cette état là, il est préférable pour sa vie, de ne pas s'y frotter de trop prêt. Tel un lion, il saute sur tout ce qui peut irriter son humeur plus qu'elle ne l'est déjà. C'est dans ces moments là, qu'il aime s'exiler, vivre une sorte d'ermitage. Il s'éloigne peu à peu des gens et fait en quelque sorte son asocial. Il matérialisait son exil babylonien, en s'allongea longuement près du lac, trempant ses pieds dans l'eau glacée de ce dernier. Et, de longues heures, il pouvait rester là, perdu dans ses pensées, à regarder vers l'horizon. Il arrivait qu'il soit même surpris par la nuit, qu'il manque un repas, même si son ventre ne cessait de crier famine. Il était dans sa bulle asociale.

Ce jour là, tout se passa comme si de rien était. Il ne parlait à personne, suivait les cours, comme un élève modèle. Mais dans le fond, son cœur saignait. Mais, cette souffrance, beaucoup trop fier, il la gardait pour lui. Il n'était pas l'une de ces femmelettes qui épanchaient leurs moindres soucis sur la voie publique. Derrière le Sôter riche, reconnu, se cachait quelqu'un qui restait pudique. Il n'était pas très bavard sur sa santé corporelle, mentale, psychique. Il gardait ses secrets pour lui. S'il les éventait, ce qui en soi est très rare, il le faisait à des personnes de confiance... dont lui. Mais, là, il ne pouvait s'y résoudre.

Les heures passaient, les minutes, les secondes. Sôter, insomniaque à ses heures perdues, déambulaient dans les méandres de Poudlard. Il ne désirait rester dans son dortoir, car les discussions de ses camarades de chambrée, si instructives soient-elles, l'insupportaient. Il ne pouvait demeurer dans la salle commune, l'agitation y était également trop grande. Dans un premier temps, il marchait sans but précis. Il suivait ses pas dans le dédale de Poudlard. Il montait, descendait, au gré des escaliers mouvants. Finalement après plusieurs heures d'errance, il se plut à rester cloîtré au sixième étage. L'air était frais. Peu de personnes étaient présentes. Ce fut un grand soulagement pour lui. Il reprit sa respiration, et d'un œil neuf, il regarda, un à un, les tableaux présents. Les personnages ainsi observés au rayon X, émettaient quelques remarques de surprise face à une telle attention. Lorsque certains personnages jacassaient trop, ni une, ni deux, il les remettait à leur place en leurs intimant l'ordre de se taire. Il avançait, doucement mais sûrement. Soudain, il vit, quelques mètres plus loin, une porte légèrement ouverte. Cela attisa sa curiosité.

A pas de loup, il s'approcha. Délicatement, il approcha son visage de l'entrebâillement. Il vit une salle de classe désaffectée. Elle était composée de bureaux crasseux, recouverts d'une bonne couche de poussières. Certains étaient rongés par les mites, voire tout simplement pourris. Les chaises, quant à elles, certaines traînaient au sol, cassées, d'autres étaient tordues, le dossier défoncé. Il avait face à lui, un lieu de débâcle. Le lieu parfait pour broyer du noir. Une classe désaffectée ne pouvait attirer personne. Il serait en paix. Il pourrait longuement méditer, sur sa vie, sur ses soucis. Délicatement, il se saisit de la poignée. Avec l'état de la salle, il ne voulait pas que la poignée lui reste dans les mains. La porte grinça. Peu à peu qu'elle s'ouvrait, il avait un panorama plus vaste de la pièce. Elle était vraiment dans un piteux état. Il regarda vers le bureau et sentit une présence. Il fit quelques pas à l'intérieur, et se statufia. Il faut tout simplement estomaqué. Il était là, lui aussi, dans cette salle. Il n'avait pas jeté un œil sur le nouvel arrivant, Sôter aurait pris la poudre d'escampette. Il ne voulait pas le voir, surtout lui. Il redoutait la confrontation. Il serra les dents, ses traits se durcirent plus encore. La nervosité et la colère prirent le dessus. Il commença à trembler. Le volcan allait entrer irrémédiablement en éruption. « Non d'un troll! Faut-il véritablement que tu me suives partout! Le chien ne peut-il pas vivre sans son maître? » La paix, la tranquillité ne viendraient pas maintenant. Il était sur la défensive et se préparait à combattre... son meilleur ami!

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L’ironie de la solitude. [feat Sôter] Empty Re: L’ironie de la solitude. [feat Sôter]

Message par Invité Ven 11 Juin - 14:08

      Le sang tiède ne semblait pas vouloir sécher. Il s’écoulait le plus lentement possible, comme pour faire durer le plaisir de s’échapper des filandreuses veines du garçon pour la première fois. Sa main était couverte d’arabesques rouge foncé, ce qui se prêtait presque au henné que les femmes moldues arabes se dessinaient savamment sur les mains. D’un bond, sans même réfléchir, il sauta du bureau et ouvrit une des fenêtres. Trop de poigne lui valut des résidus de bois dans la main. Miteux. Il revint sur son perchoir. Malgré le grincement inquiétant du bureau, qui menaçait de céder sous son poids, il s’y installa en tailleur, cette fois-ci. Presque pour méditer. Presque, puisqu’il sentait encore son estomac bouillonner. Il referma ses paupières. Ne pense à rien. Ne pense à rien. Rien du tout. S’il avait dû pratiquer l’occlumancie en urgente à cette instant précis, il aurait lamentablement échoué. Ses pensées grésillaient, elles se cognaient violemment contre les parois de sa boîte crânienne. Le mal de tête menaçait, tapis dans l’ombre, heureux d’admirer le chaos intérieur d’un être habituellement si flegmatique.

      Une minute ; deux minutes. Puis cinq, puis six. Sa colère semblait s’atténuer. Les mots tranchants qu’il avait hurlés à son meilleur ami devenaient plus flous. Ceux que Sôter avait dits devenaient moins évidents. Peut-être commençait-il à oublier. Les images disparaissaient, elles aussi. Les visages déformés par la haine, les poings qui se ferment de rage… ça passait. Doucement. Encore une partie de lui était près à hurler, à rouer le mur de coups, à répandre injures et railleries. L’autre partie était loin de ça. Mais elle n’arrivait cependant pas à équilibrer la balance. Ca ne va pas tarder… Un léger bruit le tira de sa séance de self-control. Il regretta d’ouvrir les deux yeux en même temps, puisque la lumière du jour qui l’aveugla rendit l’apparition plus amère et redoutable encore. Lui, ici. Et il semblait tout bonnement ébahi de voir Ewan dans cette pièce. Bien vite, la surprise laissa place à la haine. L’expression auparavant détendu du Serdaigle disparut pour laisser place à un masque. Un masque impassible et glacial. Un masque qu’il préférait laisser de côté, mais dans ce genre de situation il n’avait pas vraiment le choix.


            - Nom d'un troll ! Faut-il véritablement que tu me suives partout! Le chien ne peut-il pas vivre sans son maître ?


      Inéluctablement, une joute verbale se dessinait devant eux. Il sauta du bureau et lui fit face, prenant néanmoins la précaution de dissimuler sa main ensanglantée aux yeux de son… meilleur ami ? Orgueil oblige. Rapidement, il dévisagea son interlocuteur. Ses pupilles étaient rétrécies, ses traits tendus à souhait et une aura électrique se formait autour de sa silhouette. Il tremblait. Chez Ewan, la hargne était plus intérieure. Il était certes plus émotif que le Serpentard, mais il laissait rarement sa colère dépasser les limites qu’il avait précautionneusement tracées. Pendant la dernière engueulade, sa colère avait été plus forte que sa retenue, par exemple. Allait-il en faire autant cette fois-ci ?

            - Le chien est tellement attaché à son maître qu’il prévoit le lieu où celui-ci sera, lâcha-t-il, ironique. Et crois-moi, toute personne parvient mieux à vivre loin de toi.


      Il avait prononcé sa première d’un ton feignant le sérieux, chargé de sarcasme et de mépris. En revanche, il avait craché sa seconde phrase avec une gravité austère, tranchante et infaillible. Ca allait exploser, inévitablement, ça allait être violent. Dans cette situation, Sôter était le feu, insaisissable et ardent, brûlant tout sur son passage et exultant d’étincelles. Ewan, lui, était la glace, mordante mais acerbe à la fois, contrastant tellement avec le feu qu’ils en devenaient égaux. Similaires. Complémentaires. Aussi dévastateurs, l’un comme l’autre.

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L’ironie de la solitude. [feat Sôter] Empty Re: L’ironie de la solitude. [feat Sôter]

Message par Invité Ven 11 Juin - 19:32

Son arrivée ne semblait pas lui plaire. Automatiquement, il se leva du bureau et fit face au Serpentard. Sôter le toisa. Il lui lançait des regards de dégoût. Il était à se demander comment cet être, de Serdaigle de surcroît, pouvait-il être son ami le plus proche. Enfin, ami, cela est un bien grand mot. Désormais, il pouvait barrer cette mention inutile. Calmement, les deux mâles se firent face. Sôter savait son ami, très zen. Il le connaissait bien. La phrase qu'il avait précédemment employé n'allait pas le faire sortir de ses gonds. Il était bien trop maître de lui. Enfin maître... il n'en était pas si sûr que cela. Disons qu'il prenait beaucoup sur lui. Ainsi, avant même que le Serdaigle n'ouvre sa gueule, il sentit de la tension, et, qu'il n'était sans doute pas le bienvenu ici, dans cette salle abandonnée. Il tremblait. Dans ces moments là, il était certain, que personne n'allait sortir indemne de cette confrontation fratricide. D'ailleurs, pour s'opposer à lui, Ewan assena une réplique cinglante: « Le chien est tellement attaché à son maître qu’il prévoit le lieu où celui-ci sera. Et crois-moi, toute personne parvient mieux à vivre loin de toi. » Il me révéla, avec beaucoup d'ironie, qu'il était extralucide. Il aurait pu l'annoncer plus tôt, il aurait pu servir à quelque chose. Malgré cette attaque verbale, Sôter resta impassible. Il respirait doucement, afin de gérer son self contrôle. Il ne voulait pas tout envoyer valser maintenant. Et pourtant, Dieu seul sait, qu'il avait la furieuse envie de lui cracher tout son venin à la figure. Il se décala par rapport à son « ami » et vint se poser sur une table non éloignée. Lorsqu'il s'appuya dessus, elle fit un grincement atroce, de mort, dans ce silence de plomb. Il croisa ses jambes et jaugea son camarade. Il avait l'envie trépidante de répondre, toutefois, il laissa régner quelques secondes encore le silence bienfaiteur, le silence avant la tempête.

Ses mains, appuyées derrière sur le bureau, rencontrèrent une habitante peu hospitalière de la salle délaissée. Une araignée, commença à déambuler sur la main du Serpentard. Sentant ce contact spécial, il amena sa main devant lui, et la vit. Il fut fasciné par celle-ci, il en oublia le Serdaigle. Ses yeux suivirent le périple arachnéen. Elle montait, montait, montait, petit à petit. Sôter n'avait pas peur. Il regardait avec excitation la bestiole. Il la trouvait captivante. Ses huit petites pattes entraient légèrement en contact avec sa peau et le tissus noir de sa tenue scolaire. Il avait l'impression que cette dernière survolait son habit. Sa seconde main commença à faire un barrage. Ainsi, l'araignée fut contrainte de bifurquer sur l'autre membre. Elle recommença de zéro. Comme précédemment, Sôter l'observa comme un enfant zieute avec envie, délectation, ses jouets. Ses yeux brillèrent de mille feux. Désormais, il était dans son propre monde, loin de cette salle, loin de cet homme. Ewan aurait pu faire le pitre autour de lui, qu'il ne s'en serait certainement par rendu compte. Ici, maintenant, il y avait l'araignée, et lui. Une dernière, il la contraint de revenir au bout de ses doigts. Puis, délibérément, il la fit choir de sa mère. Elle tomba lourdement au sol, mais tel un chat qui retombe tout le temps sur ses pattes, elle se requinqua et commença une course effrénée. Elle ne voulait pas retomber dans les filets du Serpentard. Ou, peut-être, percevait-elle sa fin imminente. En effet, Sôter se leva. Il la suivit du regard. A présent, ce dernier était celui d'un carnassier, un carnassier prêt à se jeter sur sa proie tel un faucon. Il leva l'un de ses pieds. Il vit l'araignée sous ce dernier essayer de s'enfuir. Il n'eut aucune pitié, il l'écrasa violemment, si violemment qu'elle demeura collée à la semelle du jeune homme. Soudain, il releva la tête, satisfait.

Il regarda droit dans les yeux le Serdaigle, et après ce laps de temps fort intéressant pour le jeune homme, il prit la peine de répondre à son compagnon: « Si, comme tu sembles le dire, le monde entier, j'aime voir grand, vit beaucoup mieux loin de moi, que fais-tu ici, toi, qui, et je reprends tes mots, avais prévu de me voir ici, maintenant? » Il savait pertinemment que sa première phrase fut ironique, mais il joua dessus. Il s'approcha de lui, à présent, ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Leurs visages se touchaient presque. Sôter sentait la respiration du Serdaigle sur son visage. Il avait un regard dur, crypté. S'il avait pu, il l'aurait certainement foudroyé sur place. Puis acide, il ajouta: « Si ma présence t'indispose, tu peux faire comme dans l'infanterie et tu te tires ailleurs. Gageons que je me sentirais nettement mieux! » De peur, qu'il n'ait pas compris, il lui montra de la main l'antique porte. Cependant, très vite, son attention se reporta sur son camarade. En effet, il fut intrigué par un petit « ploc » au sol. Il s'agenouilla presque, et passa un doigt sur la tache rouge. Il l'amena à son nez, et sentit cette odeur âcre, si commune. Du sang. Du sang! Il fit rapidement le lien entre le sang et son camarade. Il se releva et le passa au rayon X. Il perçut qu'il cachait quelque chose, sa main. Il s'était blessé à sa main. Sôter fit le tour, et sans ménagement, il s'empara de la main ensanglantée d'Ewan. Il appuya bien sur la blessure et ajouta : « Tu t'es coincé la main dans la porte? Espèce d'empoté! Et en plus, honteux que tu es, tu oses me le cacher. En même temps, on est doué ou on ne l'ai pas! En plus, c'est une vilaine blessure. Tu fais ton insubmersible qui n'a pas mal. Joli! » Il appuya plus encore sur la main, n'hésitant pas à entrer profondément son ongle dans la chair à vif du jeune homme. « Il paraît qu'il faut souffrir pour être beau! Tu en as bien besoin! » dit-il méchamment. Décidément, il n'y avait plus vraiment d'amitié entre eux, plutôt de l'aversion, du dégoût pour le Serdaigle.

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Message par Invité Ven 11 Juin - 20:39

    Dans un grincement inquiétant, le Serpentard prit place sur une table branlante, aussi peu solide que le bureau qu’Ewan venait de quitter. Ce dernier l’observait avec un calme presque effrayant, tant son sérieux se mêlait à la crispation de ses traits. Les yeux perçants de l’homme qui lui faisait face quittèrent sa proie pour aller se poser sur sa main. Une araignée ?! Et surement pas la plus inoffensive qu’il puisse exister. Ewan avait une sainte horreur de ces bestioles là, mais il se garda bien de le montrer. Le monstre venimeux qu’est Sôter se transforma alors en une espèce de gamin qui, pour la première fois de sa vie, voyait un insecte. Il la laissa gravir ses phalanges, la paume de sa main, et la regardait grimper sur son vêtement avec un air ahuri. Un grand dadet ; voilà ce qu’il était à cette instant précis. Un enfant qui avait finalement oublié de grandir. Mais cette lacune finirait par s’effacer pour amener la violence et la fourberie. Ewan était bien obligé de constater qu’il le connaissait excessivement bien. Toujours plongé dans sa bulle féérique, il fit volontairement tomber cette saleté velue par terre, qui en profita pour détaler loin de son bourreau doucereux. Il se leva, tout en la suivant du regard. Avec le moins de compassion qu’un être humain pouvait éprouver, il leva un pied et l’écrasa sur la pauvre bestiole qui n’eut pas le temps de faire ses prières. Collée à la semelle. Quelle horreur. Mais ce n’était pas le moment de s’apitoyer sur une araignée, puisque son interlocuteur avait terminé sa bonne action barbare de l’heure.

    Apparemment fier de lui, il se tourna vers son interlocuteur et, par une soudaine bonté, prit la peine de lâcher :

        - Si, comme tu sembles le dire, le monde entier, j'aime voir grand, vit beaucoup mieux loin de moi, que fais-tu ici, toi, qui, et je reprends tes mots, avais prévu de me voir ici, maintenant ?


    Niah, hilarant. C’était un petit plaisir peu pertinent mais habituel chez un Serpentard : user d’un argument totalement abruti pour se forger une répartie brûlante. Ewan ne se fatigua pas à lui répondre, et continuait à le regarder fixement, ne laissant rien paraître. Il s’approcha jusqu’à être à seulement quelques centimètres l’un de l’autre. Méthode d’intimidation remarquablement banale. Il glissa sa main blessée un peu plus dans son dos. Des sarcasmes à ce sujet n’avaient pas à avoir lieu. C’aurait été lui concéder du terrain. Les prunelles toujours aussi sombres et hargneuses, il reprit :

        - Si ma présence t'indispose, tu peux faire comme dans l'infanterie et tu te tires ailleurs. Gageons que je me sentirais nettement mieux !


    Il désigna d’un geste vague la porte. Ewan lâcha une exclamation dédaigneuse. Sans même prendre le temps de réfléchir à ce qu’il allait dire, il rétorqua presque immédiatement :

        - Autant te donner ma tête sur un plateau en argent, mon grand.


    Mais Sôter ne sembla pas écouter. Il regardait par terre. Une autre araignée, ou une technique d’intimidation toute neuve ? Quand il dirigea ses yeux par terre, il aurait sans aucun doute préféré y trouver une mygale de la taille d’une assiette. L’autre se mit à genoux, et trempa son index dans la petite tâche rouge foncée. Il porta même son doigt à son net, le primate ! Comme s’il n’avait pas compris. Il se redressa et attrapa la main ensanglantée sans la moindre délicatesse. Il allait avoir le droit à une ribambelle de sarcasmes, alors la dernière option pour garder un minimum de dignité était d’oublier l’existence de cette blessure. Indolore, sa main était totalement indolore. Pressant la plaie comme il fallait, il ajouta :

        - Tu t'es coincé la main dans la porte? Espèce d'empoté! Et en plus, honteux que tu es, tu oses me le cacher. En même temps, on est doué ou on ne l'ai pas! En plus, c'est une vilaine blessure. Tu fais ton insubmersible qui n'a pas mal. Joli !


    Un déferlement de mots peu commodes traversa l’esprit d’Ewan, mais il n’allait certainement pas s’abaisser à ça. Il sentit son ongle pénétrer dans sa chair, mais il ne montra rien. Il se surprit même, d’ailleurs, car la douleur était fulgurante.

        - Il paraît qu'il faut souffrir pour être beau! Tu en as bien besoin!


    Merlin ne sait comment cela se produisit, mais Ewan éclata de rire. Un rire qui semblait si franc qu’il prêtait à confusion. L’ironie sous-jacente était décuplée. Après l’argument minable de tout à l’heure, voilà que cet imbécile essayait de l’atteindre en critiquant sa beauté ! Mais c’était pitoyable ! Sôter n’avait jamais été un havre de subtilité verbale. Dans ses gestes, il pouvait l’être. Mais dans ses mots… c’était bas, très bas. L’éclat de rire du Serdaigle finit par se taire. Non, il ne fallait peut-être pas trop pousser la patience de l’autre vipère. Il y avait une différence entre être sarcastique et être suicidaire. Il se départit de son sourire mais gardait une expression presque bienveillante, comme celle qu’un maître pouvait porter sur son pupille. Une expression qui ne correspondait en rien à la situation, en outre. Un ramassis d’ironie.

        - Sincèrement, mon grand, tu aurais pu trouver mieux… ma beauté ! Mais c’est fichtrement faible, comme argument.


    Il esquissa un sourire en coin. Pendant qu’il avait parlé, il avait essayé de subtiliser sa main des serres qui l’enserraient. L’autre en avait profité pour enfoncer ses ongles plus profondément, bien entendu. D’un pas souple, Ewan contourna l’homme, tout en restant à la même distance que lui. A l’aide de sa main valide, il pressa volontairement sa blessure pour y faire perler plusieurs gouttes de sang. C’était abominablement douloureux, mais il gardait son rictus. Quand il eut assez de sang sur les doigts, il relâcha sa plaie et releva les yeux vers le type qui avait contribué à la respectable quantité de sang qu’il avait entre ses doigts intacts. Gardant une esquisse de sourire, il récita des vers Raciniens :

        - Si ta haine m'envie un supplice si doux… commença-t-il en marquant une pause. Ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée…


    Tout en reculant d’un pas, il envoya, d’une flexion de doigt, le sang durement recueilli dans la figure de l’autre vipère. Les tâches rouges éclaboussées sur son visage lui donnaient un air encore plus terrifiant. Il s’empêcha de reculer d’un nouveau pas, et abandonna tout sourire. Du regard le plus dédaigneux qu’il n’ait jamais dardé, il le dévisagea, l’expression fermée, et secoua la tête de gauche à droite. Une seule fois. Qui sème le vent récolte la tempête. Il serait châtié de sa témérité.

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L’ironie de la solitude. [feat Sôter] Empty Re: L’ironie de la solitude. [feat Sôter]

Message par Invité Sam 12 Juin - 10:22

Revenant à ses moutons, après son araignée, il répondit clairement, distinctement: « Ne t'en donne pas la peine. A vaincre sans péril, on triomphe la gloire. Je préfère te l'ôter moi-même. » Il revoyait à présent des scènes de samouraï, où, les têtes tombaient les unes après les autres, où le sang se déversait sur les plaines asiatiques et transformait ces dernières en un patchwork rouge-vert. Il s'imaginait dans ces mêmes plaines, un sabre à la main, Ewan à genoux, muet comme une tombe, les yeux fermés, attendant que la fine lame entre en contact avec la peau, et, comme un couteau dans un pain de beurre, elle lui retire son souffle de vie. Il imaginait déjà le bruit sourd charcutant la chair rosée de son condisciple. Il percevait le mouvement irrémédiable de la tête tranchée qui, irrésistiblement attirée par la force d'attraction terrestre, tombait sur l'herbe fraîche de la plaine et roulait quelques mètres pour se retrouver au final face contre terre. Il avait des idées sanglantes qui l'étonnèrent lui-même.

« Il paraît qu'il faut souffrir pour être beau! Tu en as bien besoin! » Il devait l'avouer, cette tirade était somme toute légèrement inappropriée. Soit, il n'allait pas revenir en arrière. Ce qui était dit était dit. Au moins, il faisait rire son camarade, pour le moment du moins. Il riait fortement, dévoilant ainsi sa magnifique dentition, impeccable, sans défaut. Trop parfaite au goût de Sôter. Il le regardait hébété de ses grands yeux sombres. Il serra les dents de nervosité. Il n'avait qu'un souhait, lui en collait une bonne dans la gueule. Son regard devint de plus en plus sombre, de plus en plus insistant. Il ne fallait pas que l'aiglon dépasse les limites. Son gloussement se tarit peu à peu. Il devait sentir le regard meurtrier de Sôter, et, le connaissant sur le bout des doigts, ou presque, il savait certainement qu'il ne fallait pas abuser. Ewan retrouva son sérieux, une respiration régulière. « Sincèrement, mon grand, tu aurais pu trouver mieux… ma beauté ! Mais c’est fichtrement faible, comme argument. » Et cette remarque, dans le fond, n'était-elle pas elle-même faible? Sa parole précédente n'était en aucun cas un argument. Il admettait que c'était faiblard, mais que voulez-vous, Sôter était plus porté sur les actes que sur les dires. D'ailleurs, c'est à ce moment précis que se saisit de la main sanguinolente, et qu'il y fourrait, sans aucune répulsion, sans aucun état d'âme son ongle. Au lieu de calmer la douleur, il devait l'augmenter tout autant que le débit de sang qui s'échappait de l'enveloppe corporelle du Serdaigle. A cette précédente attaque, il ne répondit rien. Il n'avait rien à répondre, il préférait tout autant économiser sa salive pour des choses plus utiles. La plaie ouverte libérer l'humeur sanguine à grands flots.

L'abondance du liquide corporel permit à Serdaigle de s'extirper des griffes du Serpentard. En effet, sous l'effet du sang, du liquide, la main de l'aigle se trouvait moins palpable, plus difficile à maintenir. Il se libéra, recula de quelques pas, se concentra. Puis, érudit qu'il était, il commença à sortir une réplique de Phèdre, acte II, scène 5 de Jean Racine : « Si ta haine m'envie un supplice si doux, ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée » Mine de rien, le jeune homme avait de la culture moldue. Toutefois, derrière cet étonnement, il fut encore plus surpris par le geste désinvolte de son camarade. D'une simple flexion du doigt, après s'être reculé d'un bon pas, il envoya une bonne dose de sang accumulé sur sa main. Comme dans un film américain, Sôter vit tout cela au ralenti. Il vit les gouttelettes de sang partir de la main blessée du Serdaigle, voler à travers les airs et percuter sans ménagement le visage pur, angélique, sans défaut de la vipère. Il fut tellement surpris qu'il n'eut aucune réaction. Il était resté de marbre face à cette attaque vile, sournoise. Il regardait l'assaillant, attendait qu'il accomplisse encore quelque chose d'extraordinaire. Puis, comme s'il se réveillait d'un sommeil profond, il commença à passer l'une de ses mains sur les giclements de sang. Il prit bien le soin d'en récupérer au bout de ses doigts. Puis, il les amena délicatement à ses lèvres. Comme il aurait fait avec de l'eau, il humecta les lèvres de sang. Puis, tel un animal assoiffé, il y passa sa langue. Il sentit le goût âcre, le goût du fer. Il zieutait vers Ewan, essayant de percevoir sa réaction face à son acte atypique. Il ne prit même pas la peine de s'essuyer le sang. Cela lui donnait encore plus un aspect effrayant. Un sourire sadique fit son apparition. Le silence de mort attisait l'atmosphère glauque. Sôter, à pas de loup se décala, il s'approcha d'Ewan, doucement très doucement. Et, à mi-voix, presque inaudible, il chantonna: « Ein Männlein steht im Walde ganz still und strumm, es hat von lauter Purpur ein Mäntlein um... » Il s'arrêta quelques secondes, s'approcha de plus en plus du Serdaigle. Une nouvelle fois, il se saisit de la main souffrante, au niveau du poignet. Puis, il reprit sa chanson enfantine, de la même voix d'outre tombe, du même ton morbide: « … sagt, tuer mag das Männlein sein, das da steht im Wald allein mit dem roten Purpur Mäntelein. » Et sans aucune compassion, il tourna le poignet qui craqua violemment. Il était à coup sûr cassé.

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Message par Invité Sam 12 Juin - 15:49

      Il n’eut aucune réaction lorsque les gouttelettes vermeilles giclèrent sur sa sale gueule d’ange. Immobile. Se demandait-il si ce qu’il venait de voir été vrai ? Mieux valait être sûr si l’on s’apprêtait à riposter violemment. Il leva une main, lentement, et passa ses doigts sur une des gouttes rouge foncé. Dans ce même mouvement fluide, il tâcha ses lèvres fines de sang et y laissa lentement glisser sa langue. Cette sensualité mêlée à la barbarie de l’homme était aussi troublante qu’épouvantable. Ne nous mentons pas. Malgré son masque d’impassibilité et ses sarcasmes, Ewan avait peur. Il n’avait jamais été un gars vaillant et vigoureux. Le Choixpeau magique l’avait remarqué ; c’était une des raisons qui l’avait poussé à choisir Serdaigle. Dire que son manque de courage le rendait efféminé restait cependant faux. Un sourire sadique apparut sur les lèvres ensanglantées de Sôter. Revenge time. Il s’approcha du Serdaigle à une vitesse franchement inquiétante. Il fut bientôt tout près. Ewan serrait les dents. Le plus fort qu’il put. Autant rester digne. Mais il ne pensait en rien que cette dignité mensongère allait en prendre un coup dans les secondes qui suivaient. A mi-voix, l’autre se mit à susurrer une chanson. Il ne comprenait pas tout, mais les paroles semblaient enfantines. Autant dire que ces mots étaient profondément massacrés dans la bouche de cette vipère.

            - Ein Männlein steht im Walde gabz still und strumm, es hat von lauter Purpur ein Mäntlein um...

      Il fit une petite pause, s’approchant encore et encore. Ewan regardait droit devant lui, l’expression figée, presque indifférente. Mais il n’en menait pas large. Telles des serres, ses longs doigts s’enroulèrent au niveau de son poignet où quelques plaques de sang séché s’agrippaient à son épiderme. La force pressante des doigts le glaça ; tous ses muscles se raidirent. Lorsqu’il reprit sa chansonnette d’un ton encore plus malsain, le Serdaigle eut une suée froide. Lâche-moi, par Merl… « Crac ». Il ne put hélas prendre ceci sur lui, et se courba légèrement. Il fermait ses paupières au possible. La douleur fit monter des larmes dans ses canaux lacrymaux. Sale enfoiré. Avec chance, il eut le temps de se mordre la lèvre inférieure pour étouffer le cri qui manqua s’échapper. D’un mouvement sec, il arracha sa main des griffes de l’autre, décuplant la douleur puisque, bien évidemment, il mit du temps à le lâcher, tirant délicieusement sur son poignet brisé. Parce que oui, si ses os n’étaient pas fendus en plusieurs morceaux, son poignet était bel et bien cassé. Finalement, le coup de poing dans le mur était réellement indolore. Le visage déformé par la douleur, il ouvrit les yeux, le regard troublé par des larmes. Ah, qu’il devait être content, là. Il imaginait son sale sourire de vainqueur sur ses lèvres, dédaigneux et bouffé d’orgueil à l’extrême. Oui, il devait être content ; il devait jubiler intérieurement. Car quand Ewan se redresserait, l’autre aurait perdu son sourire de conquérant, pour lui montrer que ce qu’il avait fait n’était rien par rapport à ce dont il était capable. Prévisible. Voilà ce qu’il était.

      Il fallait qu’il se redresse. Vite. Mais que faire, une fois face à sa tronche d’ignare ? Lui rendre la pareille ? Ewan en était capable. Niveau force, il l’égalait, et s’il choisissait de se battre, ils finiraient aussi amochés l’un que l’autre. Mais le Serdaigle ne se battait jamais. Se battre était s’abaisser à la hauteur des autres. User de sa force pour prouver sa supériorité s’avérait être excessivement pathétique. Mais c’est ce qui se passait le plus souvent : les gens ne savaient pas que mots ou gestes pacifiques étaient bien plus douloureux. Non, il ne riposterait pas. Il avait gagné sa petite gueguerre ? Et bien tant mieux pour lui. Qu’il se sente puissant, si ça lui faisait plaisir. Ewan s’en gobergeait royalement. Quand il sentit que ses larmes s’étaient dissipées, il se redressa. Lentement. Il lui fit face un instant. Il n’avait pas pris la peine de cacher son expression crispée. Parce que oui, il avait affreusement mal. Il recula d’un pas, puis d’un autre. Là, il planta son regard clair dans ses pupilles sombres et… inclina la tête. Non pas en signe de respect, il n’était pas assez stupide pour respecter pareil abruti. Il releva la tête, toujours en le fixant intensément. Pour finir, il darda sur lui un regard plus froid, et cracha par terre. Il tourna les talons, puis se dirigea vers l’antique porte.

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Message par Invité Dim 13 Juin - 19:15

Il attendit avec jouissance le crac du poignet qui se brisait. Il eut une lueur malsaine qui fit son apparition sur son visage angélique. Il tenait toujours la main endolorie de son camarade. Il ne voulait pas la lâcher. Il la tenait tel un trophée gagné après une longue et rude bataille. Il ne voulait pas le lâcher car il était perceptible que le Serdaigle souffrait. Déjà, au simple bruit du craquement, il eut un haut le corps. Il s'abstint de crier sa douleur, mais Sôter n'était pas dupe, il le vit fermer les yeux instantanément. Il attendait encore quelques secondes, et pourrait peut-être le voir pleurer comme une madeleine. Pour le plus grand désarroi du Serpentard, il se retint le fourbe, en se mordant les lèvres pour atténuer la douleur lancinante. Le bougre. Il voulut encore tâter la main, et le poignet pour le faire souffrir le martyr, mais, le Serdaigle ne le voyait pas de cet œil. Il voulut récupéré son membre. Il batailla pour que Sôter lâche son emprise. Il ne voulait pas le libérer aussi facilement, il voulait le faire souffrir plus encore. Il éprouvait un certain plaisir à cela. Il observait le visage déformé par la douleur de l'Aigle. Il ne pouvait que sourire à cela, un sourire malsain, froid. Il exultait. Il savait que, malgré la douleur qui l'aveugler c'était ce que pensait Ewan. La tête baissée, il était presque amorphe. Si ce n'est la respiration saccadée, il aurait pu paraître presque mort. Ses yeux brillèrent d'excitation. Il attendait que le jeune homme jette l'éponge, s'avoue vaincu. Mais, à coté de cela, il restait néanmoins sur ses gardes. Connaissant l'oiseau, il était persuadé que ce dernier cogitait, essayant de voir la meilleure attitude à adopter vis à vis de Sôter. Tel un jaguar, il aurait très bien pu, nonobstant la douleur, se jeter sur la vipère et lui assénait des coups douloureux dans les côtes. Non, il joua la prudence, encore une fois... Toujours tête baissée, il se dirigea immanquablement vers l'antique porte restée ouverte. Il était semble-t-il dépité.

Cependant, Sôter ne le voyait pas de cette oreille. Aussi rapide que le vent, il pointa sa baguette vers la porte. Il la bloqua, la ferma sur le champ. Il n'allait pas le laisser se défiler aussi facilement. « Non! L'oiseau reste dans sa cage. La liberté attendra! » Il se positionna devant Ewan, l'empêcha d'aller plus en avant. Il le menaça même avec sa baguette. Il n'était pas vil, il n'allait pas lui lançait un quelconque sort. Il l'intimidait juste. Malgré ses menaces, Ewan, sans être plus convainquant que cela, tenta de passer outre. Baissant sa baguette, il commença à le pousser violemment contre l'une des tables. Il vit son corps, telle une simple poupée de chiffon partir, heurter avec une violence et vacarme, la table la plus proche de lui. La table ne résista pas au choc et effondra comme un château de carte. Ewan s'affala sur les débris comme une bouse de troll. « Je ne te pensais pas si faible que cela! » Il l'observa comme un carnassier, tournant autour de la carcasse du Serdaigle. S'il avait été la bonté incarnée, après cette « tendre » bousculade, il aurait pu l'aider à se relever, l'ayant remis à sa place. Non, il n'était pas comme cela, surtout aujourd'hui, avec lui. Il ne serait pas comme cela, après ce que le jeune homme avait fait, le bougre. Il ne digérait pas le mauvais coup – qui aurait pu être très bien – s'il n'avait pas dégénérer. Il tournait autour de lui, une fois dans le sens de l'aiguille d'une montre, puis l'inverse. Il foudroya à plusieurs reprises Ewan. Il bouillait de l'intérieur. Il vit qu'Ewan saignait à la main, normal, mais aussi au niveau de la jambe, et à la tête. Il était là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais, au moins, d'un côté, cela forge le caractère. Enfin, il creva l'abcès. « Que tu veuilles des bouteilles d'alcool, de la drogue et autres produits illicites, soit, je te les auraient gracieusement prêté... Et tu sais que j'apprécie les fêtes illégales. Mais là, tu ne m'as pas prévenu, et, tu m'as spolié. Encore, à la limite, je suis tolérant, cela n'aurait pas été grave. Mais, pour être franc, tu as merdé. Une fête à la lisière de la forêt interdite, près du lac, je dis « SUPER » mais après toi et tes potes vous avez merdé. Quelle idée après je ne sais combien de verres d'alcool, après les mélanges les plus variés, après la drogue, d'aller se baigner dans le lac. Es-tu si inconscient que cela. Mais MERDE! Tu as failli crevé, et d'autres personnes avec toi, en essayant de te sauver. Tu te rends compte dans la panade dans laquelle tu m'as mis. C'est MOI, qui t'ai fourni, sans le vouloir, tout l'attirail pour une fête réussie. Tu as vu comme ça a fini! C'est vers moi que les yeux se sont tournés à cause de ton manque de professionnalisme et ta connerie. Pour un Serdaigle, j'attendais plus. En plus de perdre une personne qui était chère, j'ai failli être renvoyé! Merci du cadeau BORDEL! » Il avait explosé!

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Message par Invité Dim 13 Juin - 20:36

    Le Serpentard ne vit pas ceci du même œil. La porte se referma avant même qu’Ewan ait pu l’atteindre. Il n’en avait pas fini avec lui. C’aurait été trop facile pour le Serdaigle, sinon. Il n’avait pas encore assez payé.

        - Non! L'oiseau reste dans sa cage. La liberté attendra!

    La liberté attendra, et la fin de la douleur aussi, pensa-t-il. Il n’avait jamais perdu autant de sang. Et il ignorait que sa main sanguinolente n’était qu’à peine le quart de ce qu’il allait endurer. Sôter se positionna devant lui, baguette parée. Non, il ne l’utiliserait pas. Il préférait la violence à main nue. La magie était trop subtile, et pas assez marquante… il n’eut aucun mouvement de recul, même son expression crispée pouvait confondre souffrance et intimidation. Il baissa sa baguette et le poussa violemment. Lassitude et manque de force confondus, il se heurta de plein fouet à une table en piètre état, qui s’effondra sous son poids. Un des pieds de la table ne lâcha pas comme les autres : il se fendit plus lentement et, forma une espèce de pieu rongé aux mites. Et dans sa chute, la pièce de bois pénétra sans ménagement dans la chair de la cuisse du Serdaigle. Nom de Dieu. Il ne prêta pas attention à ce que Sôter lança, prenant conscience qu’un filet de sang dévalait son front. Il se força à ignorer la douleur et leva les yeux vers la vipère, qui, en plus de l’abhorrer infiniment, bouillait de rage. Il tournait autour de sa proie comme un vautour attendait que sa victime soit trop faible pour esquiver la mort. Il semblait surtout incapable de rester immobile, tant sa fureur était grande. Enfin, il déversa sa bile.Il parla de la dernière soirée illégale, à l’orée de la forêt Interdite. Cette orgie de drogue, d’alcool. « Tu as merdé ». Oui, c’était exact. La fin de cette fête avait tourné au désastre. Un véritable carnage.

        - Quelle idée après je ne sais combien de verres d'alcool, après les mélanges les plus variés, après la drogue, d'aller se baigner dans le lac. Es-tu si inconscient que cela. Mais MERDE! Tu as failli crever, et d'autres personnes avec toi, en essayant de te sauver. Tu te rends compte dans la panade dans laquelle tu m'as mis. C'est MOI, qui t'ai fourni, sans le vouloir, tout l'attirail pour une fête réussie. Tu as vu comme ça a fini! C'est vers moi que les yeux se sont tournés à cause de ton manque de professionnalisme et ta connerie. Pour un Serdaigle, j'attendais plus. En plus de perdre une personne qui était chère, j'ai failli être renvoyé! Merci du cadeau BORDEL!

    Si Ewan avait été dans son état normal, il aurait très certainement baissé la tête, comme un gamin pris en fraude. Mais là, il était dans l’incapacité totale de bouger quoi que ce soit. Et puis, même pas sûr que ses cervicales soient en état de faire ça. Même avec le flou qui l’engourdissait peu à peu, il arrivait à réfléchir. A la façon de se racheter, notamment. Façon qui semblait tout bonnement inexistante. Et que lui dire ? Il n’avait rien à dire pour sa défense, il le savait : il avait été con. Et en plus d’avoir risqué sa vie pour rien, Sôter avait aussi risqué gros. Se répandre en excuses, alors ? Le Serpentard s’en foutrait royalement. Il ne pardonnait pas sur demande, non, il ne pardonnait même jamais. Quel con, mais quel con. Le filet de fluide corporel avait dévalé sa joue, et ne semblait pas près de s’arrêter. Le sillon tracé sur son visage aurait pu s’apparenter au lit d’une rivière. Chaque molécule de sang suivait le même chemin, jusqu’à tomber dans le cou pour s’imbiber dans le tissu du vêtement. Mais peu importait. Au fond, c’était mérité, n’est-ce pas ? Son regard se reporta sur le jeune homme. Il parvint à bouger ses doigts, ce qui l’encouragea à bouger. Il essaya de s’appuyer sur ses deux mains - dont celle avec le poignet brisé lâcha immédiatement. Il tenta désespérément de bouger ses jambes, ce qui n’eut pour effet que renfoncer plus profondément le bout de bois. Bordel. Incapable de bouger, presque sur son lit de mort, il n’avait plus que la voix à sa disposition. Et il ne savait pas quoi dire. Génial. Il ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Il toussa et se fit mal un peu partout puis, avec un mouvement de tête navré, il répondit :

        - Je suis désolé, Sôter.

    A quoi bon paraphraser. Il n’avait pas à développer. C’était clair. Mais ça ne passerait certainement pas. Ça restait faiblard, trop facile. Il ne se rachetait en rien. Cependant, il lui épargnait les longues lamentations (de toute faon, il n’était pas en mesure d’en faire) et les excuses hypocrites. Il y avait deux issues, selon Ewan. Soit Sôter lâchait une réplique cinglante et s’en allait dignement ; soit il n’en avait pas fini et continuait le supplice. Dans les deux options, Ewan finirait par perdre conscience. Alors qu’il fasse ce qu’il veut.

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Message par Invité Lun 14 Juin - 17:30

Il voyait son jeune ami agonisait. Face à sa tirade extrêmement longue, il n'eut aucune réponse. Enfin, il eut une réponse, mais, en creusant, elle n'en était pas une. « Je suis désolé, Sôter. » C'était cousu de fil blanc, tellement prévisible. Comme s'il attendait simplement ses mots. Il se fourrait le doigt dans l'œil. Il n'allait pas enterrer la hache de guerre aussi simplement. Il n'était pas né de la dernière pluie. Il regardait avec froideur le « pieu » qui s'était insérer vicieusement dans la chair rosée du Serdaigle. Il avait pénétré la peau assez profondément. Des lambeaux de chair c'était arrachés. Il n'était vraiment pas beau à voir. Déjà, qu'à son arrivée, il avait une mine affreuse, maintenant, sa mine était déconfite, blafarde. Il ne semblait être plus que l'ombre de lui-même. Au plus profond de son cœur – si Sôter en avait encore un – il estimait qu'il n'avait que ce qu'il méritait. Il ne fallait pas abuser. Face à cette recrudescence d'endolorissement, il ne put que sauter de joie intérieurement. Il peut paraître inhumain, mais, malgré l'amitié qui unissait les deux jeunes gens, il se réjouissait. C'était malsain, il le savait. Il n'a jamais eu l'esprit sain. Il s'agenouilla à quelques centimètres du blessé. Il aurait pu, dans un élan de bonté, l'aider. L'espoir fait vivre. Non. A la place il fit le candide: « C'est quand même fascinant tu ne trouves pas. » Ses petits doigts fins se baladèrent sur la jambe empalée. A présent, ils déambulèrent sur les pentes abruptes du pieu. Inclinant la tête sur la droite, il fixa longuement la pièce de bois. Il la passa au rayon X. Il la matérialisa dans son esprit.

Il zieuta le visage de son camarade. La sueur perlait sur son front. Ses traits étaient de plus en plus crispés. Son teint devenait de plus en plus spectral. Il était sujet à des tremblements incessants. Il recevait la monnaie de sa pièce. « Sincèrement, je trouve cela fascinant. Tu as vu comment la pièce de bois s'est introduite sournoisement dans ta chair. Et le sang, le sang... » Le sang il coulait, doucement, mais sûrement. Il passa l'une de ses mains sur la plaie ouverte. Il sentit le bout de ses doigts prirent une teinte garance. Il l'apporta à son visage. Tel un indien, avec le sang, il se traça trois traits sur la joue gauche, trois traits sanguins sur la joue droite. Puis, le reste, il le suça. Il le suça comme un enfant lècherait ses doigts emplis de confiture de framboises. Il sentit encore ce goût ferrugineux, qui, bizarrement, affectionnait. Non, il n'était pas devenu un vampire en un simple claquement de doigt, ou plutôt de poignet. Avec un sourire sadique, un regard profond, il ajouta « Si j'avais été un vampire... tu ne serais plus, tellement ton sang est succulent! » Il eut un haut le corps et des frissons tellement la sensation était forte. Et sans prévenir son ami, il empoigna la pièce de bois, et l'enfonça plus encore en disant d'un ton léger: « Ça rentre plus facilement qu'un couteau dans du beurre! » L'autre ne put étouffer un cri. Sôter enfonça le clou, en faisant pivoter dans la plaie béante la pièce de bois. Puis, sans prévenir, tel Arthur retirant Excalibur de sa prison de rouge, il retira le pieu de la blessure. Une nouvelle fois, Ewan ne put étouffer un cri. Il brandit le pieu à l'air tel un trophée. De fines gouttelettes de sang suintèrent de la pointe ensanglantée. « C'est un gros calibre! » Puis, il le jeta derrière lui. Il entendit le bruit sourd du bois heurtant le sol. Mais son attention était portée sur la blessure. Tel un vautour qui fond sur sa proie, sa main remplaça le pieu dans la plaie ouverte en ajoutant sournoisement: « Tu es désolé? »

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Message par Invité Lun 14 Juin - 18:51

    Quand Sôter s’agenouilla, il comprit que le jeune homme avait choisi l’issue deux : continuer le supplice. Il observa cette saloperie de bout de bois, « fasciné », comme il disait. Il ne sentit à peine ses doigts courir sur sa jambe transpercée. Non, cette sensation était totalement avalée par la douleur, qui semblait avoir atteint son point culminant, mais avait sans doute envie de dépasser son record. Il se sentait nauséeux. Pour être franc, il ne se sentait plus du tout. Mais il pensait sincèrement qu’il devait être totalement abattu et hâve. Les nouvelles paroles de l’autre arrivèrent lentement jusqu’à ses oreilles ; elles étaient floues, les mots s’entrechoquaient pour finalement ne plus rien dire. Ses yeux vitreux le virent passer sa main sur une des blessures. Ce grand gamin se fit une peinture de guerre et l’étala en trois traits sur ses joues. Le charognard suça le reste de sang sur ses doigts. C’était une sucrerie, pour lui. Une récompense après avoir était sage. Une petite friandise qui dégustait par gourmandise. Du sang, quoi.

        - Si j'avais été un vampire... tu ne serais plus, tellement ton sang est succulent!

    S’il savait à quel point Ewan était ravi pour lui… Trop de blabla, encore et toujours. Mais il parvenait à faire durer la souffrance et, au fond, c’était déjà ça. C’était con à dire, mais il se sentait partir. Son fluide sanguin s’échappait, et, à ce rythme-là, chaque goutte de sang finirait par retrouver sa liberté. Sa tête ballotait un peu, d’ailleurs. Une nouvelle vague de douleur s’empara de lui. Il sentit la pièce de bois déchirer un peu plus sa chair. Il lâcha un cri sans même s’en rendre compte. Il avait envie de vomir. Mais était-ce la douleur ou le dégoût qu’il éprouvait envers son ami qui provoquait ses hauts le cœur ? Il ne savait pas. Et n’était pas en mesure de vraiment savoir. Pitié, qu’il perdre conscience maintenant ! Son souhait ne se réalisa pourtant pas. Le morceau de bois sortit enfin de son fourreau, arrachant un nouveau cri qu’il ne tenta même pas d’étouffer. Ses tympans vrombissaient. Il n’arrivait plus à intercepter le moindre son. Mais sa mortification demeurait. Il n’y avait plus qu’elle. Il voyait une silhouette noire, plongée dans une lumière aveuglante. Ou bien hallucinait-il. Il ne savait pas ; il ne savait plus. Nouvelle douleur fulgurante. Peut-être était-ce la souffrance qui voulut ça, mais il parvint à entendre :

        - Tu es désolé?

    Mais qu’avait-il fait pour le faire souffrir autant ? Un sort ? Non, ça semblait venir de sa jambe. Il n’en était pas certain. Néanmoins, ce qui était sûr, c’est qu’il ne pouvait pas lui répondre. Il tanguait entre la vie et la mort, non ? Dramatisait-il ? Pas sûr. Rassemblant ses derniers esprits, il se repassa presque inconsciemment la scène du lac. Ou il faillit mourir. Décidemment, la Faucheuse avait besoin de lui, en ce moment. Fallait-il céder ? Il était sur le point de la rejoindre. Et s’il était désolé… euphémisme. Pire que ça. Mais il ne pouvait lui dire. Il ne voyait plus, il n’entendait à peine. Il était dans un trou noir, il était las de souffrir autant. Entre deux eaux. Il allait lâcher, vite, bientôt. Il fallait lui donner une réponse. Histoire de ne pas mourir comme un vaurien. Allez, dernière mouvement. Et après, un doux sommeil salvateur. Il sollicita chacun de ses nerfs, chacun de ses muscles, chacun de ses n’importe quoi, mais il avait l'impression de faire un effort herculéen. Lui dire un simple « oui ». Vite, par Merlin ! Il sentit sa tête se redresser. Il était une marionnette. Une grossière poupée de chiffon. Un corps abandonné. Donc l’âme et l’esprit comptait bien s’en échapper. Enfin, il relâcha chacun de ses nerfs, chacun de ses muscles, chacun de ses n’importe quoi. Sa tête retomba sur sa poitrine. Il avait réussi. Et il mourrait comme un vaurien.
    Un haut le cœur, puis le néant.

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Message par Invité Jeu 17 Juin - 7:47

Il ne résista pas à la douleur, aux fins doigts du Serpentard qui pénétraient inlassablement dans sa chair. Il ne put plus résisté. Dans un souffle, un dernier souffle, il renouvela ses excuses. Sôter, concentré sur sa tâche lugubre, ne les entendit pas. Il fut ramené à la réalité lorsque son ami fut en état d'inconscience. Instantanément, il retira ses serres de la plaie, et regarda de façon doucereuse. Puis prenant pleinement conscience de la gravité de ses actes, il eut un haut le corps, il fut pris de tremblement, ses poils hérissèrent sur ses bras, sur le sommet de son crâne. Il s'agenouilla plus près encore du jeune Serdaigle. Son visage n'était à présent qu'à quelques centimètres. Mais, maintenant, il n'était nullement question, de lui cracher au visage, de lui lancer des phrases assassines. Dans son for intérieur, Sôter pensait être allé trop loin, beaucoup trop loin. Il n'était pas un homme de regret, sauf là. Levant les yeux au ciel, il pria instinctivement Dieu, Jésus, Marie et tous les Saints, pour qu'Ewan revienne vers la lumière. Il regrettait amèrement ses actes. Il se mordit les lèvres jusqu'au sang, en voyant le visage fantomatique d'Ewan. Comment avait-il pu mettre sa vie en péril, son amitié. Il avait envie de vomir. Il devait résister, pour lui, pour lui permettre de vivre, longtemps. Avec la plus grande délicatesse, il passa une de ses mains dans les cheveux du Serdaigle, puis saisissant son poignet valide, il prit son pouls, il était au plus bas.

Ni une, ni deux, il attrapa sa baguette et clair et distinctement, il prononça: « Levis Corpus » Le corps inerte se souleva et abandonna le tas de bois moisi. Sôter voulut l'amener à l'infirmerie, mais, il eut peur de perdre du temps. Il ne pouvait pas risquer de le perdre. Le bourreau se métamorphosa en bienfaiteur. Il amena le corps immobile vers une table. Il s'assura qu'elle était suffisamment solide, et avec beaucoup de précaution, il le déposa. Puis, réfléchissant quelques secondes, il tenta, dans la panique ambiante, de se remémorer ses lectures. Il avait lu tant d'ouvrage sur la médecine moldue, sur la médicomagie et sur les sorts à employer. Avec un petit stress, il commença par désinfecter la plaie de la jambe, étant de loin la plaie la plus vilaine. D'un simple coup de baguette, il retira toutes les saletés qui auraient pu s'immiscer dans la contusion. Puis, il créa une compresse pour éviter au sang déjà abondamment sorti de s'échapper plus encore. Ces choses faites, il fit sortir du bout de sa baguette une bande, laquelle entoura la blessure. Sôter fut soulagé de la bonne tournure des événements. Mais, il n'en avait pas fini. Il se pencha désormais sur le poignet cassé. Il y passa une pommade, puis le banda. Cela serait suffisant pour l'instant. Il passa au crible le corps entier et désinfecta les différentes coupures qui auraient pu apparaître sur le corps de l'aiglon. Approchant une chaise, il s'y assit, et patienta, tenant fermement la main valide de son camarade. Les minutes passèrent... Bientôt une heure. Soudain, il sentit la main serrait un peu son étreinte. Comme si un guêpe sournoisement avait planté son dard dans sa chair, il se leva. Il vit les yeux, peu à peu, bouger. Ils s'ouvrirent. Sôter eut un léger sourire. Les yeux se tournèrent vers lui. Ce qui aurait pu être une utopie concernant le Serpentard, ce dernier s'excusa. « Je suis vraiment désolé Ewan! Je ne sais quelle mouche m'a piqué! Je t'aime trop pour te voir partir » Il se pencha, et approchant petit à petit son visage, il l'embrassa, déposant ses lèvres sur celle du Serdaigle.

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Message par Invité Jeu 17 Juin - 11:36

    Il avait un goût de fer dans la bouche. Cette sensation d’ordinaire peu appréciable devenait salvatrice, à cet instant. Parce que si ses papilles gustatives réagissaient au contact de cette saveur âpre, c’était qu’il n’avait pas pleinement perdu le contrôle de son enveloppe charnelle. Hélas, ce contrôle se limitait au goût ferrugineux. Le reste, c’était du noir. Un ennui oppressant, une lassitude stressante. Inertie totale. Il ne faisait qu’attendre – de toute façon, il ne pouvait pas faire autrement. De temps en temps, il avait l’ « impression » que le néant qui l’entourait s’amenuisait. Mais il remettait ça sur le dos de l’ivresse provoquée par le rien. Patienter. Attendre. Mourir, qui sait. Si tel était le cas, l’éternité allait être longue. Surtout vers la fin. Il finirait par s’y sentir bien, à son aise. Pas besoin de dormir, de manger ou de boire. Aucun inconvénient. Et si la solitude venait à s’insinuer, il pourrait toujours parler à lui-même. Tous les moyens sont bons pour s’occuper. Il devinait qu’il reprenait de ses capacités mentales, puisqu’il parvenait à penser plus longtemps. Mourrait-il ou revivait-il ? Quelle différence. C’était du pareil au même. Une force étrange le saisissait au niveau des poumons. Oui, il respirait. Depuis combien de temps ? Venait-il seulement de s’en rendre compte, ou ne respirait-il pas avant ? Trop de questions sans réponse. Il attendit encore un peu. Une sensation de mal être s’immisçait doucement. Son souffle lui brûlait la gorge. Son corps était en marbre ; il pesait si lourd. Le jeune homme avait l’impression de glisser. De basculer. Il se sentait de plus en plus mal, il était nauséeux. Son estomac précaire était pris de convulsions peu rassurantes. Il souffrait : il devait revenir à lui. Le goût de fer ne l’avait pas quitté.

    Son dos raide devait être posé sur une surface plane. Il n’avait pas le courage de l’identifier. En fait, il était bien, dans sa douce torpeur. Il ne voulait pas la quitter. C’était lâche, non ? Préférer le confort de l’inconscience à la dureté de l’existence humaine. La nature le tirait vers la conscience, notamment grâce les douleurs éparses qui pigmentaient son corps. Ewan prit la décision d’abandonner l’inertie, et de retourner à l’état initial. A la vie. Il voulut bouger, mais la réticence de sa chair l’empêcha de faire un réel mouvement. Doucement, il remua ses doigts. Uniquement. On aurait dit que le sang commençait à irriguer ses mains. L’une d’entre elle était douloureuse, l’autre était tiède. La chaleur d’une autre main l’entourait. Il fit légèrement pression sur celle-ci. Dès lors, son ouïe entra en fonction. Les sons semblaient bien plus forts qu’à la normale. Le raclement des pattes d’une chaise, une respiration, le bruissement de tissus qui entrent en contact. Il ouvrit difficilement les yeux. La lumière du jour brûla ses pupilles, mais il lutta pour garder les yeux ouverts. Peu à peu, il s’y habitua, mais il voyait que des tâches blanches et noires. Une silhouette se découpa dans son champ de vision. Il dirigea son regard clair vers elle. Il ne distinguait pas grand-chose, à vrai dire. Ça restait flou, malgré les mises au point qu’il tentait de réaliser en clignant des yeux. Puis, une voix. Il la connaissait bien. Son cerveau, peu apte à tout assimiler, la fit grésiller.

        - Je suis vraiment désolé Ewan! Je ne sais quelle mouche m'a piqué! Je t'aime trop pour te voir partir.

    La silhouette de son ami s’approcha lentement. Des lèvres tièdes se posèrent sur les siennes, bleuies et glacées. Il avait des millions de choses à assimiler d’un coup. Il commença par fouiller dans sa mémoire. Des images houleuses lui revinrent en tête. Il se souvenait, maintenant. Inutile d’approfondir ses recherches. Ensuite, Sôter s’était excusé clairement. Il devait aussi avoir stoppé l’hémorragie, sinon Ewan serait toujours dans les limbes, voire mort. Il l’avait soigné, après l’avoir écorché. Philanthropie insoupçonnée, mais présente. Le Serdaigle était fichtrement faible. Ses pensées ne coïncidaient pas, ses réflexions ne concordaient pas non plus. La chaleur du souffle du garçon anesthésiait son visage blafard. Quand leurs lèvres se détachèrent, il leva doucement sa main valide et la déposa sur l’arrête de la mâchoire du visage qu’il parvenait enfin à distinguer. Il la fit lentement glisser jusqu’au menton, puis fut bien obliger de la reposer, son bras étant secoué par un fourmillement intense. Il ouvrit la bouche pour parler, mais seuls quelques mots en sortir.

        - … sûr… te pardonne… ne faire… autrement…

    Les fragments de sa phrase restaient compréhensibles. Le mot « pardonne » était là, c’était le principal. Il tenta un sourire, mais il ignora si son objectif fut atteint, tant sa mâchoire et ses joues étaient ankylosées. Le Serpentard avait toujours ses peintures de guerre sanglantes sur le visage.

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