Who stole the soul from the sun ? – ft. Heavynne
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Who stole the soul from the sun ? – ft. Heavynne
Who kicked a hole in the sky,
so the heavens would cry over me ?
OASIS – Let there be love.
so the heavens would cry over me ?
OASIS – Let there be love.
J'avançai à grandes foulées silencieuses dans les couloirs du château. C'était Samedi, les élèves avaient quartier libre, ce qui signifiaient qu'ils avaient une liberté totale pour organiser leur journée à leur guise. En ce moment, pendant mon temps libre, je ressentais le besoin de m'éloigner des gens. Leurs existences me semblaient plus futiles que jamais, et je n'avais guère envie de les écouter bavasser ou me demander mon avis sur diverses choses sans intérêt. J'avais l'impression qu'ils attendaient tous quelque chose de moi, et je n'étais pas en mesure de le leur donné. Pas après ce qui s'était passé avec Quinn, et avec cette haine dans les veines qui me donnait envie de tout faire péter... Aujourd'hui, j'avais pris ma plume et mon encrier, et avait décidé d'aller me poser dans un coin pour écrire, peut être dans une des hautes tours du château pour un maximum de tranquilité et une vue par beaucoup de fois inspiratrice. Bref, un passe temps comme un autre, qui me permettrait d'ordonner mes idées, d'appuyer une réflexion qui, en pensées, restait souvent bien chaotique ces derniers temps. Cela n'était pas étonnant quand on avait ce que j'avais sur les épaules, tant de responsabilités, de gens qui comptaient sur vous... L'écriture était un bon moyen de mettre un peu d'ordre dans cette vie plus que mouvementée. Ma besace en cuir sur l'épaule, attiffé de mon uniforme de Serdaigle habituel (chemise blanche, pantalon noir et polo noir avec l'armurie de Rowena brodée sur le coeur), je me rendais donc à destination d'un endroit paisible où j'allais pouvoir laissé mes pensées s'envoler vers le papier, dans l'intention de les dompter. A chaque coin de couloirs, malgré moi, je voyais mes yeux attirer vers chaque figure brune, cherchant à y reconnaître les traits de l'être-aimé, ressentant à chaque échec un petit pincement au coeur. Emalee m'évitait. Je ne la voyais que très rarement, et quand cela se produisait, elle détalait si vite que je n'en étais que plus blasé. Elle m'en voulait pour Quinn... Et je n'avais toujours pas pu lui parler ! Aussi, les rares fois où j'aurais pu, je n'avais pas osé aller la voir, ressentant une honte brûlante de cette réaction que je jugeais plus qu'excessive : car ne pouvait-elle pas, au lieu de me torturer ainsi, me dire clairement ce qu'elle avait sur le coeur ? Non, elle ne semblait pas de cet avis. Et moi, je souffrais. Il allait bien falloir qu'un jour, elle m'affronte, de toute façon, non ? Plongé dans mes pensées, je n'avais pas fait attention à l'endroit où mes pieds m'avaient amené et quand je relevai les yeux, je me rendis compte que j'étais dans le parc. Je m'arrêtai au milieu de l'allée et poussai un soupir tout en cherchant un endroit tranquille, mes yeux survolant l'étendue verdoyante à la recherche d'un endroit libre et assez reculé. Mes yeux survolèrent la surface du lac alors qu'un frisson remontait le long de ma colonne. Ce que je pouvais haïr l'eau. Mais maintenant que j'étais là... Tant pis. Tranquillement, je descendis et m'assis contre un arbre, sortant mon nécessaire tout en tâchant de ne pas regarder l'étendue de flotte qui se trouvait non loin. Puis, trempant ma plume dans l'encre, je commençais à tracer les premiers mots qui me virent à l'esprit...
- « Elle n'a plus confiance en moi. Elle ne me regarde même plus. Mais comment lui en vouloir ? Elle m'avait prévenu. Et je l'ai déçue. Je sais combien la déception peut être amère, avec son goût acide de trahison qui brûle les entrailles. Et elle a sûrement raison de me le faire payer. Mais ai-je réellement mérité qu'elle me tourmente de la sorte ? Quinn aussi m'a déçue. L'ai-je punie ? Non. J'aurais pourtant peut être dû... Quoi qu'il en soit, n'est-ce pas plutôt le vrai coupable qu'elle devrait maudire ? Celui qui a donné les coups, et non celui qui ne les a pas empêché ? Je sais ne pas être innocent dans l'histoire mais qu'elle me mette au même rang que lui me rend malade... C'est injuste qu'elle me considère comme un monstre juste parce que je n'ai pas été là, je ne peux pas être toujours au bon endroit, après tout je... »
Je levai la tête, entendant soudain un bruissement de feuille tout près. Ce n'était pas mon parchemin, il n'y avait pas de vent. Tournant les yeux, je vis alors que depuis le début, je n'étais pas seul. Accroupie sur le sol non loin, une jeune fille était penchée sur un carnet, semblant en train de griffonner quelque chose. Et son visage me disait quelque chose... Sans que je ne puisse la remettre, pour l'instant. Tant pis, plus tard. Voyant qu'elle levait les yeux vers moi, je pris la parole en laissant un petit sourire amical - mais pas trop vu mon état d'esprit - naître sur mes traits. – Tu dessines quoi ? Puis, juste avant qu'elle ne réponde, je griffonnais les deux mots manquants sur ma feuille avant de la repousser pour lui accorder toute mon attention. C''est deux mots étaient : "suis humain."
Dernière édition par Clyde Andrews le Lun 7 Fév - 0:12, édité 1 fois
Clyde Andrews- ♦ HIBOUX POSTÉS : 764
♦ ARRIVÉE : 26/02/2010
♦ ANNÉE : /
♦ HUMEUR : Sarcastique
Re: Who stole the soul from the sun ? – ft. Heavynne
« Fais un effort Pixie, décolle! »
Accoudée à la balustrade, je pose une main caressante sur la petite créature têtue qui me tient compagnie, rivant sur elle mon regard désolé. Cette fois encore mes encouragements n'ont abouti sur aucune amélioration. Loin de se soucier de ma requête, elle se contente de tourner vers moi ses larges prunelles rondes en roucoulant, m'arrachant un soupire. Je n'ai plus qu'à me rendre à l'évidence : ce n'est pas aujourd'hui que mon parchemin quittera Poudlard... Oh, je pourrais bien sûr me contenter de le confier à l'un des messagers de l'école; seulement voilà, j'ai la quasi certitude que mon père verra d'un mauvais oeil l'idée de récupérer une lettre portée par le premier hibou venu. Il a accepté la magie, Poudlard et mes métamorphoses irrégulières, mais refuse catégoriquement de se défaire de l'étrange mode de correspondance que lui et moi avons établi dans mon enfance : la colombe. Pixie est justement l'un des volatiles que nous nous sommes amusés à dresser années après années, celui auquel je me suis d'ailleurs le plus attaché, et la voir incapable de reprendre son envol m'est... pénible.
« J'aurais pas dû te permettre de rester avec moi à Poudlard ce jour-là! Tu aurais été bien plus en sécurité à la maison, avec Pinchard. D'ailleurs je t'avais bien dit que grimper sur la corniche de cette tour était une mauvaise idée, non? Si tu ne m'avais pas narguée sans pitié avec tes jolies ailes on n'en serait pas là toi et moi, clouées au sol par ce stupide accident. »
Malgré moi , je ne peux que me remémorer cette fameuse journée. Attirée par la hauteur, prise d'un intense besoin de quitter la terre ferme, je m'étais laissée griser par l'idée de surplomber Poudlard aux côtés de Pixie sans m'attendre à ce que mon piédestal s'écroule soudainement sous moi. Elle s'est d'ailleurs retrouvée prises sous les décombres elle aussi et, par chance, mon acharnement à prouver à l'infirmière que l'état de ma colombe rendait des soins indispensables à poussé cette dernière à lui lancer quelques sortilèges réparateurs, bon gré mal gré. Mais pour cette dernière comme pour moi, soins ou non, le verdict est resté difficile à accepter : aucune prise de risque durant les deux mois à venir. Ni vol ni acrobaties douteuses. C'était il y a plusieurs semaines, maintenant, mais le temps semble décidé à se moquer de moi tant il s'acharne à ralentir sa course.
Je pousse un soupir audible en la lâchant des yeux pour fixer la ligne d'horizon que trace le lac un peu plus loin, cherchant en moi une quelconque différence... sans en trouver. Je brûle toujours de cette envie d'évasion qui m'a souvent causé du tort, et rien n'en vient à bout. Énigme insoluble aux yeux de certains, casse-cou suicidaire selon les autres; rares sont ceux qui, à Poudlard, savent que mon excentricité et ma tendance à escalader tout et n'importe quoi ont une explication valable : depuis toujours, c'est ma raison de vivre. Bien qu'immobilisée par la force des choses, je ne suis ni meilleure ni plus sage aujourd'hui qu'hier. Je voudrais qu'il soit plus tard. Je voudrais sourire à la nuit, m'évader sans plus tenir compte des avertissements de l'infirmière. Elle n'a pas mon âme aventurière, comment pourrait-elle seulement me comprendre? C'est la nuit que tombent les masques, que disparaissent les réticences. Héros et faux semblants s'évanouissent pour laisser place à l'homme dans toute sa splendeur, armé de sa folie et de son inconscience. Mais le jour rechigne à décliner; le soleil me nargue de ses lueurs vives alors même que je ne rêve aujourd'hui que de le voir s'éteindre. Je n'ai pas besoin de lui pour faire briller les heures! Il me suffit d'être à l'abri des regards, de me réfugier dans l'univers quasi onirique qu'est celui du spectacle, de vivre.
« Allons prendre l'air. Tu n'as qu'à grimper sur mon épaule, petite éclopée. »
Elle se déplace à petit bonds, spectacle à la fois amusant et désolant, mais je ne m'y attarde pas. Qui sait? Je lui fais peut-être pitié moi aussi; dépourvue d'ailes, cloîtrée dans un corps qui me condamne, pour l'instant, à tirer un trait sur l'altitude. Elle me voit m'acharner soir après soir sans grand succès, aggraver mon état par mon entêtement, et sans doute se rit-elle parfois de mes piètres tentatives. Qu'importe! Un jour où l'autre je la rattraperai et, comme avant, nous surplomberont le quotidien maussade, elle dans les airs, moi suspendue à la haute des tours qu'aient bâtie les rêves de grandeurs des hommes.
Je me laisse choir sur l'herbe verte et me désespère en me rendant compte que, s'accordant impitoyablement à mon humeur quelque peu maussade, mes mèches habituellement d'un rose soutenu se sont teinte de gris. J'use de toute ma volonté pour vaincre les limites imposées à mon don par mon état d'esprit, et me résigne à me voir brune pour le reste de la journée, incapable de retrouver les couleurs vives qui me caractérisent habituellement.
Je jette un coup d'oeil hésitant aux parchemins reliés qui m'ont accompagnée du château jusqu'ici. Quelques mots rassurants destinés à ceux que je considère comme ma famille : les membres du Baillardy. Les lettres s'accumulent depuis que je n'ai plus de moyen de les leurs faire parvenir, mais je sais qu'ils ne s'inquiéteront pas... pour une raison que j'ignore, ils me font confiance pour prendre soin de moi-même. Un sourire amusé nait sur les lèvres alors que je devine l'hystérie qui crisperait les traits d'Irma si elle était mise au courant de mes dernières frasques... À vrai dire, je suis sûrement celle que cette brutale rupture atteint le plus. Après tout c'est moi qui ai quitté la troupe pour mes études à Poudlard, moi qui me retrouve isolée de ceux qui me donnent la force d'avancer et, surtout, de ma passion. J'aime lire les récits de leurs représentations, même si je les jalouse d'en profiter alors que je ne suis plus là pour le faire. Je détache ce « carnet de lettres » improvisé de la patte de Pixie, qui se laisse libérer avec joie, et sors un crayon – la plume, très peu pour moi! –, cédant à l'envie de m'occuper les mains pour me vider l'esprit. Sur le papier apparaissent peu à peu les traits d'un visage à demi recouvert par une main. Ses joues sont souillées de larmes, hantées par une tristesse débordante; mais sur ses lèvres, un sourire persistant rend cet accablement trompeur. Le blanc domine le noir et le sortent de l'ombre. Déjà, une étincelle de félicité tente de l'emporter sur ses peines.
« Tu dessines quoi? »
Je ne le sais pas vraiment moi-même. Mais mon oeuvre, si elle n'est pas une merveille artistique, à au moins le don d'éveiller en moi un écho bien connu.
« Au bout du vide, écartelé, je suis le début de l'espoir, la fin de la tristesse, la mort de l'angoisse, la naissance de l'émerveillement... »
Simple devinette au départ, cette phrase était devenue, au fil du temps, une sorte d'encouragement entre moi et celle que je considère comme ma mère d'adoption. Irma a toujours mis un point d'honneur à me pousser à rester positive en toute occasion, et son seul souvenir à toujours eu tendance à éclaircir mon humeur.
« Je ne sais pas. Je dessine peut-être un simple rêve, ou une touche d'optimisme. J'aime savoir que tout s'éclaire un jour ou l'autre et que les déceptions sont seulement temporaires. »
Je suis soudain tirée de ma rêverie en constatant deux choses : d'une, je n'ai pas inventé cette question et (soyons logiques) Pixie ne peut pas me l'avoir posée – ce qui veut dire que je ne suis plus seule. De deux, je viens sans doute encore une fois de raconter n'importe quoi à voix haute, persuadée de me parler à moi-même. Le genre de choses qui m'arrive à tout les coups, dès lors que quelqu'un m'aborde sans que je ne m'y attende. Je lève brusquement la tête, des excuses sur le bout de la langue, mais m'interromps finalement en reconnaissant celui qui se trouve devant moi. Clyde est adossé à un arbre à quelque pas de moi, une feuille de parchemin sur les genoux. Depuis quand? Je ne saurais dire s'il est arrivé là après moi, ou était déjà installé à mon arrivée. Si je m'étais attendue à ça! C'est, je crois, la première fois qu'il m'aborde de lui-même – il a plutôt tendance à me fuir en règle générale – et l'idée qu'il puisse ne pas m'avoir reconnue ne me traverse même pas l'esprit. Mais je ne lui suis jamais apparue sous cette apparence, alors ce serait plausible. Qu'importe : ce soudain élan de bonne humeur fait justement pâlir ma chevelure, et je me retrouve coiffée d'un blond si pâle qu'il en semblerait blanc. Je me relève d'un bond avec une exclamation de plaisir en constatant que, comble du bonheur, quelques mèches d'un rose soutenu le parsèment; j'en coince une entre deux de mes doigts pour mieux la contempler.
« Extra! J'en avais vraiment assez d'être brune, c'est d'un ennui... Je délaisse l'objet de mon admiration pour en revenir à mon interlocuteur inattendu et lui offre un léger éclat de rire enjoué : Je te dois quelque chose pour la peine, non? Une récompense de choix pour un service capital. Ce que tu veux! Sauf... – je pense à ajouter une close que j'estime nécessaire en me souvenant de nos rencontres habituelles et de sa tendance à persister à me repousser coûte que coûte. Je le rejoins en quelques pas, m'accroupis face à lui et pose le bout de mon index – levé pour marquer ma pause théâtrale – à la pointe de son nez : que tu n'as pas le droit de me demander de partir. »
Parmi tous les élèves que compte Poudlard il a fallu que ce soit lui qui me remonte le moral – sans même le vouloir, si ça se trouve! Je me relève et fais un pas en arrière pour le contempler de la tête aux pieds, curieuse de savoir ce qui a bien pu le pousser à m'adresser la parole de son propre chef.
Accoudée à la balustrade, je pose une main caressante sur la petite créature têtue qui me tient compagnie, rivant sur elle mon regard désolé. Cette fois encore mes encouragements n'ont abouti sur aucune amélioration. Loin de se soucier de ma requête, elle se contente de tourner vers moi ses larges prunelles rondes en roucoulant, m'arrachant un soupire. Je n'ai plus qu'à me rendre à l'évidence : ce n'est pas aujourd'hui que mon parchemin quittera Poudlard... Oh, je pourrais bien sûr me contenter de le confier à l'un des messagers de l'école; seulement voilà, j'ai la quasi certitude que mon père verra d'un mauvais oeil l'idée de récupérer une lettre portée par le premier hibou venu. Il a accepté la magie, Poudlard et mes métamorphoses irrégulières, mais refuse catégoriquement de se défaire de l'étrange mode de correspondance que lui et moi avons établi dans mon enfance : la colombe. Pixie est justement l'un des volatiles que nous nous sommes amusés à dresser années après années, celui auquel je me suis d'ailleurs le plus attaché, et la voir incapable de reprendre son envol m'est... pénible.
« J'aurais pas dû te permettre de rester avec moi à Poudlard ce jour-là! Tu aurais été bien plus en sécurité à la maison, avec Pinchard. D'ailleurs je t'avais bien dit que grimper sur la corniche de cette tour était une mauvaise idée, non? Si tu ne m'avais pas narguée sans pitié avec tes jolies ailes on n'en serait pas là toi et moi, clouées au sol par ce stupide accident. »
Malgré moi , je ne peux que me remémorer cette fameuse journée. Attirée par la hauteur, prise d'un intense besoin de quitter la terre ferme, je m'étais laissée griser par l'idée de surplomber Poudlard aux côtés de Pixie sans m'attendre à ce que mon piédestal s'écroule soudainement sous moi. Elle s'est d'ailleurs retrouvée prises sous les décombres elle aussi et, par chance, mon acharnement à prouver à l'infirmière que l'état de ma colombe rendait des soins indispensables à poussé cette dernière à lui lancer quelques sortilèges réparateurs, bon gré mal gré. Mais pour cette dernière comme pour moi, soins ou non, le verdict est resté difficile à accepter : aucune prise de risque durant les deux mois à venir. Ni vol ni acrobaties douteuses. C'était il y a plusieurs semaines, maintenant, mais le temps semble décidé à se moquer de moi tant il s'acharne à ralentir sa course.
Je pousse un soupir audible en la lâchant des yeux pour fixer la ligne d'horizon que trace le lac un peu plus loin, cherchant en moi une quelconque différence... sans en trouver. Je brûle toujours de cette envie d'évasion qui m'a souvent causé du tort, et rien n'en vient à bout. Énigme insoluble aux yeux de certains, casse-cou suicidaire selon les autres; rares sont ceux qui, à Poudlard, savent que mon excentricité et ma tendance à escalader tout et n'importe quoi ont une explication valable : depuis toujours, c'est ma raison de vivre. Bien qu'immobilisée par la force des choses, je ne suis ni meilleure ni plus sage aujourd'hui qu'hier. Je voudrais qu'il soit plus tard. Je voudrais sourire à la nuit, m'évader sans plus tenir compte des avertissements de l'infirmière. Elle n'a pas mon âme aventurière, comment pourrait-elle seulement me comprendre? C'est la nuit que tombent les masques, que disparaissent les réticences. Héros et faux semblants s'évanouissent pour laisser place à l'homme dans toute sa splendeur, armé de sa folie et de son inconscience. Mais le jour rechigne à décliner; le soleil me nargue de ses lueurs vives alors même que je ne rêve aujourd'hui que de le voir s'éteindre. Je n'ai pas besoin de lui pour faire briller les heures! Il me suffit d'être à l'abri des regards, de me réfugier dans l'univers quasi onirique qu'est celui du spectacle, de vivre.
« Allons prendre l'air. Tu n'as qu'à grimper sur mon épaule, petite éclopée. »
Elle se déplace à petit bonds, spectacle à la fois amusant et désolant, mais je ne m'y attarde pas. Qui sait? Je lui fais peut-être pitié moi aussi; dépourvue d'ailes, cloîtrée dans un corps qui me condamne, pour l'instant, à tirer un trait sur l'altitude. Elle me voit m'acharner soir après soir sans grand succès, aggraver mon état par mon entêtement, et sans doute se rit-elle parfois de mes piètres tentatives. Qu'importe! Un jour où l'autre je la rattraperai et, comme avant, nous surplomberont le quotidien maussade, elle dans les airs, moi suspendue à la haute des tours qu'aient bâtie les rêves de grandeurs des hommes.
Je me laisse choir sur l'herbe verte et me désespère en me rendant compte que, s'accordant impitoyablement à mon humeur quelque peu maussade, mes mèches habituellement d'un rose soutenu se sont teinte de gris. J'use de toute ma volonté pour vaincre les limites imposées à mon don par mon état d'esprit, et me résigne à me voir brune pour le reste de la journée, incapable de retrouver les couleurs vives qui me caractérisent habituellement.
Je jette un coup d'oeil hésitant aux parchemins reliés qui m'ont accompagnée du château jusqu'ici. Quelques mots rassurants destinés à ceux que je considère comme ma famille : les membres du Baillardy. Les lettres s'accumulent depuis que je n'ai plus de moyen de les leurs faire parvenir, mais je sais qu'ils ne s'inquiéteront pas... pour une raison que j'ignore, ils me font confiance pour prendre soin de moi-même. Un sourire amusé nait sur les lèvres alors que je devine l'hystérie qui crisperait les traits d'Irma si elle était mise au courant de mes dernières frasques... À vrai dire, je suis sûrement celle que cette brutale rupture atteint le plus. Après tout c'est moi qui ai quitté la troupe pour mes études à Poudlard, moi qui me retrouve isolée de ceux qui me donnent la force d'avancer et, surtout, de ma passion. J'aime lire les récits de leurs représentations, même si je les jalouse d'en profiter alors que je ne suis plus là pour le faire. Je détache ce « carnet de lettres » improvisé de la patte de Pixie, qui se laisse libérer avec joie, et sors un crayon – la plume, très peu pour moi! –, cédant à l'envie de m'occuper les mains pour me vider l'esprit. Sur le papier apparaissent peu à peu les traits d'un visage à demi recouvert par une main. Ses joues sont souillées de larmes, hantées par une tristesse débordante; mais sur ses lèvres, un sourire persistant rend cet accablement trompeur. Le blanc domine le noir et le sortent de l'ombre. Déjà, une étincelle de félicité tente de l'emporter sur ses peines.
« Tu dessines quoi? »
Je ne le sais pas vraiment moi-même. Mais mon oeuvre, si elle n'est pas une merveille artistique, à au moins le don d'éveiller en moi un écho bien connu.
« Au bout du vide, écartelé, je suis le début de l'espoir, la fin de la tristesse, la mort de l'angoisse, la naissance de l'émerveillement... »
Simple devinette au départ, cette phrase était devenue, au fil du temps, une sorte d'encouragement entre moi et celle que je considère comme ma mère d'adoption. Irma a toujours mis un point d'honneur à me pousser à rester positive en toute occasion, et son seul souvenir à toujours eu tendance à éclaircir mon humeur.
« Je ne sais pas. Je dessine peut-être un simple rêve, ou une touche d'optimisme. J'aime savoir que tout s'éclaire un jour ou l'autre et que les déceptions sont seulement temporaires. »
Je suis soudain tirée de ma rêverie en constatant deux choses : d'une, je n'ai pas inventé cette question et (soyons logiques) Pixie ne peut pas me l'avoir posée – ce qui veut dire que je ne suis plus seule. De deux, je viens sans doute encore une fois de raconter n'importe quoi à voix haute, persuadée de me parler à moi-même. Le genre de choses qui m'arrive à tout les coups, dès lors que quelqu'un m'aborde sans que je ne m'y attende. Je lève brusquement la tête, des excuses sur le bout de la langue, mais m'interromps finalement en reconnaissant celui qui se trouve devant moi. Clyde est adossé à un arbre à quelque pas de moi, une feuille de parchemin sur les genoux. Depuis quand? Je ne saurais dire s'il est arrivé là après moi, ou était déjà installé à mon arrivée. Si je m'étais attendue à ça! C'est, je crois, la première fois qu'il m'aborde de lui-même – il a plutôt tendance à me fuir en règle générale – et l'idée qu'il puisse ne pas m'avoir reconnue ne me traverse même pas l'esprit. Mais je ne lui suis jamais apparue sous cette apparence, alors ce serait plausible. Qu'importe : ce soudain élan de bonne humeur fait justement pâlir ma chevelure, et je me retrouve coiffée d'un blond si pâle qu'il en semblerait blanc. Je me relève d'un bond avec une exclamation de plaisir en constatant que, comble du bonheur, quelques mèches d'un rose soutenu le parsèment; j'en coince une entre deux de mes doigts pour mieux la contempler.
« Extra! J'en avais vraiment assez d'être brune, c'est d'un ennui... Je délaisse l'objet de mon admiration pour en revenir à mon interlocuteur inattendu et lui offre un léger éclat de rire enjoué : Je te dois quelque chose pour la peine, non? Une récompense de choix pour un service capital. Ce que tu veux! Sauf... – je pense à ajouter une close que j'estime nécessaire en me souvenant de nos rencontres habituelles et de sa tendance à persister à me repousser coûte que coûte. Je le rejoins en quelques pas, m'accroupis face à lui et pose le bout de mon index – levé pour marquer ma pause théâtrale – à la pointe de son nez : que tu n'as pas le droit de me demander de partir. »
Parmi tous les élèves que compte Poudlard il a fallu que ce soit lui qui me remonte le moral – sans même le vouloir, si ça se trouve! Je me relève et fais un pas en arrière pour le contempler de la tête aux pieds, curieuse de savoir ce qui a bien pu le pousser à m'adresser la parole de son propre chef.
Invité- Invité
Re: Who stole the soul from the sun ? – ft. Heavynne
Mes yeux se posent sur son dessin et le scrutent un instant alors qu'elle me répond d'une voix un peu lointaine. Sa façon de s'exprimer comme une artiste devant son chef d'oeuvre me fait sourire et je me plais un instant à essayer de jouer le jeu en prenant un air pensif, content de briser le cocon maussade qui m'a habité toute la matinée l'espace de quelques secondes au moins. – Au bout du vide, écartelé, je suis le début de l'espoir, la fin de la tristesse, la mort de l'angoisse, la naissance de l'émerveillement... Je ne sais pas. Je dessine peut-être un simple rêve, ou une touche d'optimisme. J'aime savoir que tout s'éclaire un jour ou l'autre et que les déceptions sont seulement temporaires. – De mon point de vue, j'aurais plutôt dit qu'il s'agissait d'une personne triste qui tente de monter un sourire de façade sur son visage afin qu'on en oublie ses larmes. Mais ce n'est qu'une interprétation parmi tant d'autres. Si vous vous le demandiez, non, l'optimisme, ce n'est vraiment pas mon truc. Déjà pas en règle générale, mais encore moins aujourd'hui. Il est fou comme juste prendre un angle différent peut amener à percevoir deux choses totalement opposées... La fin de la tristesse, ou le début du mensonge. Soudain, comme surprise, la jeune femme tourne la tête vers moi pour me scruter d'un drôle d'air ensuite. Son visage m'est familier mais je suis pour le moment incapable de dire où j'ai bien pu la rencontrer avant... Jusqu'à ce que ses cheveux tournent soudain au blond platine, m'arrachant à mon tour un rictus étonné - et quelque peu désarçonné en constatant ma bêtise. Il a fallu que ce soit elle... Heavynne. N'importe quelle autre âme aurait pu se trouver à côté de moi par cette journée tranquille et le faire se sentir mieux, mais non, c'était elle. Elle qui me touchait, une fois encore. Mon visage se ferma soudain alors qu'elle se levait d'un bond, incarnant soudain le bonheur personnifié alors que des mèches de ses cheveux virent au rose tandis que mon regard bleu tourne au noir. Je n'ai foncièrement rien contre elle, à part que c'est une née moldue, qu'elle se permet de juger les gens sans les connaître et s'imagine avoir le devoir de les aider sans leur consentement si elle les juge pas assez souriants, ainsi que c'est une fille bizarre, et qu'elle me tourne autour depuis bien trop longtemps sans que je ne réussisse à m'en débarrasser... Bon, d'accord, j'ai tout un tas de raison de la détester, en fait. Mais ce qui surpasse tous ces détails, c'est avant tout que je me sens vulnérable face à elle. L'effet qu'elle peut avoir sur moi parfois m'effraie, cette fascination qui peut naître quand elle devient Bliss... Mais évidement, je ne l'avouerais jamais et continuerais toujours à la traiter comme une moins que rien agaçante contre qui je vais finir par demander une injonction pour qu'elle ne puisse plus m'approcher à moins de 50m si elle ne me laisse pas tranquille. Car je peux très bien me débrouiller tout seul, j'ai bien réussi jusque là sans elle ! – Extra! J'en avais vraiment assez d'être brune, c'est d'un ennui... Je te dois quelque chose pour la peine, non? Une récompense de choix pour un service capital. Ce que tu veux! Sauf... que tu n'as pas le droit de me demander de partir. Son air tout fier de sa dernière trouvaille me fait lever les yeux au ciel. D'une main, j'écarte son doigt de mon visage en répondant dans un soupir exaspéré non dissimulé : – Dans ce cas, je n'ai qu'à te demander de rester ici, et c'est moi qui m'en vais. Dommage, il semblerait qu'une fois de plus, mon intelligence triomphe. Mais continue de t'entraîner, je suis sûr que dans quelques années, tu auras progressé. Difficile de régresser à ce niveau de toute façon... Je secoue la tête d'un air dépité, laissant traîner quelques accents de mépris dans ma voix comme j'ai l'habitude de le faire avec elle à chaque fois qu'elle essaie de m'aborder. En général, au bout de quelques piques, elle abandonne... Mais peut être pas aujourd'hui. Après un nouveau soupir, je reprends en arborant un air qui se veut compréhensif : – Je t'accorde que je suis un adversaire difficile, alors je vais être bon joueur. Tu veux changer ta clause ? Comble du miracle, un sourire de défi réussi à venir s'accrocher à mes lèvres alors que je la fixe. Non, je n'ai pas besoin d'elle... Alors pourquoi suis-je incapable d'y mettre vraiment le coeur pour l'éloigner définitivement ? Mes sourcils se haussent alors que je l'interroge du regard. Va-t-elle saisir cette perche, la première que je lui tends depuis notre première rencontre, ou va-t-elle se vexer et tourner les talons ? C'est que je me demande, et je me surprends à espérer la première solution. Quelque chose va définitivement mal chez moi... Mais je me suis dit qu'au fond, quelle chance y avait-il pour que deux âmes maussades se rencontrent par hasard et se réconfortent mutuellement sans même en avoir réellement conscience ? Parmi tous ces nuages gris qui planent, un rayon de soleil, quel qu'il soit, est toujours le bienvenue. Non ? Qui pourrait me blâmer pour penser ça, même si la personne en face de moi est sûrement la dernière personne que j'aurais voulu voir dans un tel moment de doute ?
Clyde Andrews- ♦ HIBOUX POSTÉS : 764
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