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I solemnly swear that I am up to no good! [Leslie la pétasse] | Terminé |

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I solemnly swear that I am up to no good! [Leslie la pétasse]  | Terminé | Empty I solemnly swear that I am up to no good! [Leslie la pétasse] | Terminé |

Message par Gemma Langley Dim 11 Juil - 13:21

I solemnly swear that I am up to no good!_____
Leslie VS Gemma_____
I solemnly swear that I am up to no good! [Leslie la pétasse]  | Terminé | Leslie_I solemnly swear that I am up to no good! [Leslie la pétasse]  | Terminé | Gemmad

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Les règles, ce n’était que pour les faibles et les lâches. Il n’y avait qu’eux pour s’en accommoder sans rechigner. Je ne les comprenais pas, comment pouvait-on suivre à la lettre un règlement sans se poser l’ombre d’une question? J’étais peut-être une gamine, mais au moins essayais-je de penser par moi-même, et non de suivre ce que les autres se prétendaient habilités à m’imposer. C’est ainsi qu’à la pause de midi, je me retrouvais à arpenter les couloirs désertés dans le but d’enfreindre un peu les règles. Poudlard était immense, mais il y avait toujours une chance pour tomber sur un quelconque représentant de l’autorité. Ces derniers temps, j’avais eu suffisamment de chance pour échapper à leur vigilance, mais je savais que cela ne durerait pas. Tôt ou tard, je finirais par me faire prendre, c’était évident. Mais jamais je ne me serais laissée stopper par une éventualité. Pour l’instant, tous les élèves ou presque déjeunaient, ce qui nécessitait un certain nombre de surveillants. C’était l’heure la plus propice pour agir. Ma destination se trouvait au rez-de-chaussée, autrement dit au même étage que la Grande Salle. Il ne s’agissait pas d’une mince affaire, mais il en fallait bien plus pour m’arrêter.

« Gemma! Où tu vas comme ça? »

Son ton inquisiteur ne me plaisait pas. Je me retournai en soupirant et en arborant une moue vexée. Je n’avais rien à craindre de lui, c’était certain, mais le fait qu’il me ralentisse m’agaçait prodigieusement. Je posais sur lui un regard sévère, n’estimant rien avoir à me reprocher. De toute évidence, cela ne lui plut pas, puisqu’il répondit à mon regard en m’en lançant un plus implacable encore. Sa voix était nettement plus accusatrice désormais.

« Tu comptes encore faire une bêtise! Je t’ai vu sortir en douce de la salle commune l’autre soir, j’ai préféré ne rien dire, mais cette fois ci ça suffit. Tu devrais être dans la Grande Salle à l’heure qu’il est, et certainement pas errer dans les couloirs en préparant un mauvais coup! »

Je n’aimais pas la façon dont il exerçait son autorité. Qu’il le fasse pour un élève lambda passait encore, je m’en amusais même, mais alors que cela se retournait contre moi, je déchantais. « Je n’ai pas faim. Et à ce que je sache, j’ai encore le droit de me balader dans le château à cette heure ci! » J’avais toujours réponse à tout. Je savais que ça l’énervait, et peut-être que cela m’incitait à en rajouter, au fond. « Tu comptes faire quoi? T’as rien à me reprocher. » Il s’agissait là de la stricte vérité, et il devait bien l’admettre. Son regard se transforma et devint sceptique. Il n’aimait pas que je lui parle sur ce ton, mais son insigne de Préfet en chef ne me poussait pas vraiment à voir son intervention d’un très bon œil.

« C’est vrai, pour l’instant en tous cas. Mais je te surveille, et si tu fais le moindre faux pas, je serais là. » En me voyant me renfrogner, il ajouta: « Et estime toi heureuse que je t’aie intercepté avant Leslie. Crois moi, tu n’aimerais pas qu’elle te surprenne, quoi que tu ais l’intention de faire. » Il n’avait pas tort, mais je ne pouvais pas le reconnaître, ce serait admettre que j’avais en effet un plan en tête. Or il n’était pas question de lui mâcher le travail en lui permettant de tuer mes espoirs dans l’œuf. Avec un sourire contrit, je répondis le plus calmement possible: « Mais je n’ai pas l’intention de faire quelque chose de répréhensible. » Il me répondit par un sourire trop sévère pour que j'ose croire qu'il était dupe. Je savais qu’il était plus difficile à berner, mais cela suffirait. D’un regard, il me recommanda la prudence, avant de faire demi-tour et de prendre le chemin de la Grande Salle. Mon frère était quelqu’un d’intègre, mais son ventre parlait trop souvent pour lui. Je n’aurais pas de soucis à me faire de ce côté-là. Bien qu’il m’ait assuré qu’il me surveillait, je pouvais être tranquille pour une bonne demi-heure. Ce serait amplement suffisant pour ce que j’avais à faire.

Tournant les talons, je repris mon chemin en direction de la Conciergerie. Je savais ce que j’avais à faire, quant à la façon d’y parvenir, je comptais envisager ça en temps utile. Il fallait déjà que j’arrive à ouvrir la porte, en me remettant largement sur un potentiel oubli du concierge. Mais ce ne fut pas le cas, la porte me résista audacieusement, me forçant à recourir à l’usage de ma baguette. Si le concierge n’était pas tête en l’air, il n’était pas non plus excessivement doué en magie. Si cela avait été le cas, il aurait sans doute opté pour un autre projet professionnel. Sans plus juger les compétences du concierge, je fis céder le verrouillage de la porte à l’aide d’un sort particulièrement bénin. J’eus alors la joie de pénétrer dans le repère de l’autorité la plus insidieuse du château. Mais je ne perdis pas mon temps en observation, je devais aller droit au but si je ne voulais pas me faire surprendre. Je refermai précautionneusement la porte derrière moi puis, contournant le bureau au centre de la pièce, j’ouvris un tiroir, puis deux, sans succès. Un troisième était verrouillé, et je vis là le signe me prouvant que j’approchais du but. A l’aide d’un nouveau sort, je parvins à ouvrir le tiroir récalcitrant. Il ne contenait pas grand-chose, mais l’essentiel y était. Avec un regard lumineux, je plongeai la main vers l’objet qui m’intéressait, une fiole au contenu parfaitement décoloré. J’avais fais peu de temps auparavant un détour par la réserve aux potions, mais je n’étais pas parvenue à me procurer la potion de mes rêves. La préparer moi-même était totalement exclu, je n’avais ni les compétences ni le temps pour me le permettre. Mais j’avais eu cette idée de génie lorsque j’avais entendu des camarades de Gryffondor parler du traitement réservé à certains élèves dans le but de leur faire avouer leurs méfaits. Pourquoi se risquer dans la réserve aux potions ou demander l’aide de quelqu’un pour réaliser une potion que l’on pouvait se procurer bien plus facilement en la dérobant directement dans le bureau du concierge? Je fis tourner la fiole dans ma paume, admirant sa perfection, me voyant déjà en train de l’utiliser sur le sujet de mon choix. Malheureusement, obnubilée par l’objet que j’étais parvenue à m’accaparer, je n’entendis que trop tard les pas précipités de l’autre côté de la porte. Lorsque celle-ci tourna sur ses gonds, j’eus à peine le temps de fourrer la fiole dans ma poche, avant de me figer face à mon « visiteur ».


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Message par Leslie Jeffers Lun 12 Juil - 17:03

Comment pourrait-on vivre sans règles ? C'est pourtant de notoriété publique : elles sont synonymes d'ordre, de repères, aident le monde à tourner rond. Chaque règle a sa raison d'être, que l'on parle de code pénal ou du règlement de Poudlard, il n'y a qu'une différence d'échelle... Les plus sages ont appris à s'accommoder des conventions sociales et à voir plus loin que le bout de leur nez : annihiler les règles seraient s'exposer au chaos. C'est pourquoi elles sont faîtes pour être respectées et des gens comme Leslie Jeffers sont là pour y veiller. Mais ceux qui les enfreignent sont tous les mêmes : des fauteurs de trouble, des effrontés, des immatures, des marginaux. Ils ont du cran, vous dîtes ? Pourquoi prétendre qu'outrepasser les interdits est une marque de courage ? En quoi oublier le couvre feu, se rendre dans les lieux fermés au public, s'emparer d'objets confisqués, ou encore tricher à un examen est-il courageux ? Il s'agit simplement de caprices d'enfants rebelles voulant pimenter leurs vies plates, ou simplement d'esprit de contradiction. Mais n'appelez pas ça de la bravoure, ne vous faîtes pas plus prétentieux que vous ne l'êtes déjà, en vous croyant au dessus des lois. La vraie bravoure, c'est de la jouer à la loyale.
A la loyale... C'était exactement de cette façon que Leslie avait prévu de gagner contre Gemma. Enfin, jusqu'à ce que le destin s'en mêle et que cette langue de vipère n'apprenne son sale petit secret. Depuis, elle envisageait des méthodes moins... orthodoxes. Même si pour l'instant, elle était plutôt face au mur et à ses dilemmes, avec les nerfs et l'estomac en vrac. Les yeux rivés sur la porte, elle attendait l'arrivée de cette peste qui tardait. Ce n'était pas normal, toutes ses amies étaient là ! ...Mais non, elle n'était pas stressée, ni paranoïaque. Elle avait juste tellement trituré sa serviette en papier que celle-ci s'était transformée en confettis. Embarrassée, elle emprisonna les morceaux de papier au creux de sa main et planqua le tout sous la table, s'intimant au calme. Elle se faisait des idées ! Gemma devait juste parler à son miroir en changeant une énième fois de rouge à lèvres, voilà tout. Lorsque River Langley quitta la salle, son coeur rata un battement et elle le suivit longuement du regard. « Tu ne manges pas, Leslie ? » Repoussant son assiette, elle jeta un coup d'oeil à son voisin et lui renvoya un parfait sourire de surface. « Je n'ai pas faim, merci. » Puis, jetant un regard circulaire à la salle, elle chercha des yeux ses collègues préfets et s'assura que sa présence n'était pas indispensable avant de se lever à son tour. Ses jambes tremblaient légèrement lorsqu'elle sortit le plus naturellement possible. Presque aucune tête ne se retourna sur elle à son passage. Il fallait qu'elle sache.

Lorsqu'elle investit le couloir, son collègue préfet en chef revenait, l'air à la fois soucieux et exaspéré. Lorsqu'il la vit, il essaya de se recomposer un visage enjoué. Il comprit en deux secondes qu'il ne l'avait pas dupé, mais elle ne demanda rien par soucis de discrétion et ce fut lui qui s'arrêta à sa hauteur. « Où vas-tu comme ça ? » Décidément, c'était sa phrase préférée aujourd'hui. « Zoner dans les couloirs, balade de routine. » Non, elle n'avait pas menti, mais simplement omis de préciser qu'elle allait également vérifier un pressentiment. « Je t'accompagne. » Comme si elle allait le priver de son repas; ce n'était un secret pour personne que monsieur adorait manger, c'est pourquoi elle déclina l'offre en finesse. « C'est gentil mais je préfèrerais être seule, en profiter pour réfléchir... » « J'insiste, on sera plus efficace à deux cerveaux sur le coup ! » Mettant sur le compte de la bienveillance du Poufsouffle son envie subite de la suivre, elle faillit accepter, mais lui lança simplement un sourire avant de se détourner, lui adressant un signe de la main en arrière. « Bon appétit, River ! » Et elle s'en fut.

Le couloir était désert. Pas un chat à l'horizon. Elle rebroussa presque chemin en se demandant ce qu'elle faisait vraiment ici, ce qu'elle avait espéré en voyant River partir et Gemma absente. Si elle avait souhaité qu'une solution a ses problèmes lui soit offerte sur un plateau en prenant Gemma sur le fait..? Leslie était bien forcée de plaider coupable. Ça aurait tellement arrangé ses affaires... Elle allait dépasser la conciergerie lorsqu'elle remarqua la porte entrouverte et des bruits étranges à l'intérieur. Un truc pas net était en train de se produire. Comme pris d'un sursaut, elle cessa de s'apitoyer, s'élançant jusqu'à la porte, prête à sévir et à sermonner le petit malin qui s'y était infiltré. Mais ce qu'elle découvrit de l'autre côté la laissa sans voix : Gemma tapis dans l'ombre comme une voleuse, en train de fouiller dans le bureau de concierge, une fiole confisquée en mains. Plaquant une de ses mains sur sa hanche, l'autre toujours sur la poignée, Leslie lui jeta un regard condescendant. « Ne te foule pas une neurone à essayer de me pondre des explications. » Puis, dans un sourire, elle referma la porte derrière elle. « Tu sais bien que je m'arrange toujours... Pour t'offrir la peine capitale. » Un sourire caustique aux lèvres, son animosité la rendant plus audacieuse qu'ordinaire, elle s'adossa à la porte - seule sortie - et croisa ses bras sur sa poitrine. Elle était prête à négocier.


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Message par Gemma Langley Mar 13 Juil - 7:29

Des férus représentants de l’autorité, ce n’était pas ce qui manquait à Poudlard. Et comme si c’était utile, de simples élèves s’aventuraient parfois à leur donner un coup de main, lorsqu’ils y voyaient leur intérêt. Il suffisait donc d’avoir des ennemis observateurs pour risquer de se faire prendre la main dans le sac, lorsque ceux-ci ne s’arrangeaient pas directement pour vous faire commettre un impair. Mais moi, j’avais bien mieux que ça. Ma pire ennemie était à la fois cruellement observatrice mais aussi Préfète en chef de Poudlard. Je cumulais les chances de me faire avoir, et il aurait sans doute été prudent de ma part de me faire la plus petite possible. Malheureusement, je détestais éviter les problèmes. Et lorsque je n’en avais pas, je courrais au devant d’eux comme s’il s’agissait d’une bénédiction. Il fallait l’admettre, j’étais totalement inconsciente. Mais le bon côté de l’inconscience, c’était justement qu’on en avait pas conscience. Ainsi, lorsque mes yeux tombèrent sur la silhouette chétive de ma chère rivale, je demeurais persuadée de pouvoir m’en sortir. Par gain de temps, j’avais cessé de fabriquer mentalement une excuse à ma présence dès que mon regard était tombé dans celui de Leslie. Ses intentions étaient très claires, et sa façon de les exposer assez désagréable.

« Ne te foule pas une neurone à essayer de me pondre des explications. Tu sais bien que je m'arrange toujours... Pour t'offrir la peine capitale. »

Le sourire qu’elle me servit me donna la nausée. A vrai dire, le simple fait de me retrouver enfermer avec une mijaurée pareille me hérissait le poil. Leslie et moi, nous étions comme le jour et la nuit. Jamais nous ne nous étions adressées la parole pour autre chose que se chercher des noises. Aussi, mue par une habitude tenace, mes lèvres s’entrouvrirent d’elles même pour balancer sur un ton railleur:

« C’est bien ça ton problème Leslie. Si tu passais moins de temps à me chercher des poux et plus à t’occuper de ton copain, on en serait pas là. » Un sourire cynique passa sur mes lèvres, avant que je ne l’efface tout en passant une main désinvolte dans mes cheveux. « Ah la fraicheur de la jeunesse et l’attrait d’un corps normalement constitué! Comment lutter contre ça?» Plissant le regard et baissant légèrement la voix, comme si je partageais un précieux secret, j’ajoutai: « Ne t’inquiète pas, je comprend. Tu ne peux plus rien faire pour empêcher le drame, alors tu t’occupes comme tu peux en malmenant de jeunes filles innocentes, que tu envies cruellement! » L’innocence, tout le problème était là. Je n’avais rien d’une innocente qui n’avait rien fait pour mériter son sort. Mais en parlant de ça…

Contournant le bureau du concierge en sens inverse, je vins me placer devant mon interlocutrice, quoiqu’à distance tout de même raisonnable - je n’étais pas masochiste. Je scrutai alors son regard à la recherche de la moindre faille. Aussi fragile que soit son amoncellement d’os, Leslie conservait une certaine force de caractère, que j’aurais sans doute apprécié si elle n’avait pas été si… Leslie! Un sourire jovial s’installa sur mes traits, malgré mon envie toujours plus grande de vider mes tripes sur le visage affable de la Préfète. Portant une main à mon menton, je fis mine de réfléchir. Puis, le plus naturellement du monde, je lançai sur le ton de la conversation:

« Mais au fait, en parlant d’innocence, tu as vu Skyler récemment? » Mon sourire se fendit, mauvais. « Moi je l’ai vu. Nous avons parlé de choses et d’autres … si tu vois ce que je veux dire. » Un léger clin d’œil agrémenta mes propos. Je détestais Leslie, et encore, c’était faible en comparaison de le sensation que me procurait sa présence, me pourrissant les entrailles. Si je m’étais écoutée, je lui aurais sauté dessus pour lui prouver toute la force de ma haine. La simple idée qu’elle puisse partager un baiser avec Raven me mettait hors de moi. Alors que dire de celle qu’elle puisse coucher avec lui? Raven était mien. Depuis l’instant où mon regard s’était posé sur le serdaigle, Leslie avait cessé d’en être la légitime propriétaire. Bien sûr, elle conservait une possession toute symbolique, mais ce n’était plus qu’un résidu, un peu de poussière qu’il me fallait balayer. J’aurais le dessus, tout simplement parce que j’étais Gemma et qu’elle n’était que Leslie. Comment pouvait-elle lutter? Nous ne nous battions pas à armes égales. J’aurais presque pu avoir une larme à l’œil à cette idée, presque … Mais nous étions en temps de guerre, ce qui signifiait qu’aucune pitié pour l’ennemi n’était envisageable. De toute façon, Leslie n’était pas vraiment humaine à mes yeux. Sa façon d’agir était trop mécanique pour que je me sentes de la même espèce qu’elle et donc que je puisse nourrir la moindre compassion à son égard.

Entortillant une mèche de cheveux entre mes doigts, j’offris à la serdaigle mon regard le plus condescendant. Il n’était pas question de lui offrir le luxe de me voir hors de moi. Cet échange se ferait sur la base de la maîtrise de soi et du faux respect mutuel. C’est dans cet optique que je finis par ajouter, le regard fixement arrimé au sien:

« Sky et moi avons tant d’intérêts en commun. »

Je ne mentais pas, mais je n’avouais pas non plus à Leslie que le serpentard ne s’en était pas encore aperçu. Il rechignait à entrer dans mon jeu, à m’aider à m’approprier Raven en s’appropriant lui-même Leslie. En vérité, il craignait qu’elle le repousse, qu’elle ne partage pas ses envies. Sky n’était qu’un homme, et il possédait un égo sur-dimensionné qu’il protégeait contre vents et marées. Et je ne savais pas encore quelle stratégie adopter.
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Message par Leslie Jeffers Mer 21 Juil - 16:01

Les petits malins croyant pouvoir enfreindre le règlement à leur guise, c'était pas ce qui manquait dans le château. Mais ils n'étaient pas tous du même genre. Il y avait ceux qui se croyaient assez fort pour amadouer les préfets en cas de flagrant délit, ne cherchant qu'à moitié à être discret, ceux qui croyaient que jamais ils ne se feraient pincés parce qu'ils étaient trop intelligents, mais à trop se croire invincible on prend plus de risques inconsidérés et devient plus facile à repérer... Et pour finir, il y avait ceux qui n'en avaient rien à foutre d'écoper d'une punition. Ceux là, on les appelait les « habitués » . Si Gemma était de ce genre là ? Non, même pas. Elle, elle, était hors catégorie. Il suffisait qu'elle mette un orteil là où il fallait pas pour qu'une retenue lui tombe sur le coin du nez. Elle subissait un traitement de faveur, exactement. Le « spécial Leslie » . Mais pourquoi donc cette adorable demoiselle aux battements de cils angéliques était-elle brimée ainsi ? Incidence de s'être mis dans le collimateur d'une préfète en chef impitoyable avec les traînées s'approchant trop près de son amoureux. Mais n'allez pas la plaindre, elle avait eu de la chance que la demoiselle soit préfète. Au moins, Leslie jouait dans les règles, à peu de choses près. Avec une autre, plus nerveuse, moins consciencieuse et avec des bras moins frêles, cela ferait des lustres qu'il y aurait eu du sang sur les murs et qu'on l'aurait ramassé à la petite cuillère... après qu'elle eut été découpée à la tronçonneuse.

D'ailleurs, si Gemma continuait sur cette lancée, peut être que Leslie aussi rangerait sa conscience au placard. « C’est bien ça ton problème Leslie. Si tu passais moins de temps à me chercher des poux et plus à t’occuper de ton copain, on en serait pas là. » Le sourire de surface de Leslie vacilla une demi seconde, mâchoire crispée et dents serrées à en faire sauter l'émail. Quelle traînée - non, je ne me répète pas du tout -, elle avait le don de lui taper sur les nerfs. Cependant, elle ne s'abaissa pas à répliquer sèchement sous la colère et s'intima au calme, sans toutefois pouvoir faire taire la haine qui incendiait ses iris translucides. Lorsque la pimbêche commença à se pavaner, les doigts fins de la préfète enserrèrent plus fortement leur prise autour de ses bras. « Ah la fraicheur de la jeunesse et l’attrait d’un corps normalement constitué! Comment lutter contre ça? » Les paroles venimeuses qui lui vinrent bouchonnèrent dans sa gorge alors qu'elle commençait à fulminer. Elle dut se faire violence pour ne pas craquer. Ah ça, non, elle ne lui ferait pas le plaisir de lui montrer que ses paroles l'atteignaient, c'était hors de question ! Même si... Sa voix mielleuse lui retournait l'estomac. « Ne t’inquiète pas, je comprends. Tu ne peux plus rien faire pour empêcher le drame, alors tu t’occupes comme tu peux en malmenant de jeunes filles innocentes, que tu envies cruellement! » C'en était trop. Elle insinuait quoi, là, avec son ton sciant et son assurance surjouée ? Elle soufflait à demi mots qu'elle avait mis Raven dans sa poche ? Non mais elle prenait carrément ses rêves pour des réalités, elle avait trop fumé ouais ! Se redressant, Leslie laissa échapper un rire sarcastique mêlé de mépris. C'était dingue de se fourvoyer à ce point ! Elle allait l'acculer lorsque celle-ci la devança, sa bouche se refermant brutalement. « Mais au fait, en parlant d’innocence, tu as vu Skyler récemment? » Un sourire suintant de mesquinerie s'empara du visage de cette sale blonde, alors que le ventre de la préfète se noua. Elle dut faire un immense effort pour garder la tête froide. Heureusement qu'elle était adossée à la porte, ses jambes auraient bien pu lâcher à l'impact si elle avait était simplement debout. Et merde... « Moi je l’ai vu. Nous avons parlé de choses et d’autres … si tu vois ce que je veux dire. » Et un clin d'oeil pour achever de la dérouiller. Putain. Ça, c'était pas bon, pas bon du tout...

Il n'était plus question de garder son calme. Dans sa tête, c'était le fouillis total, le flou artistique, un chaos sans nom. Qu'est-ce... Non, Skyler n'aurait pas fait une chose pareille ! Gemma avait touché la corde sensible, en plein dans le mille, et empestait l'autosatisfaction qui s'échappait par toutes ses pores. Cette vue était insupportable à Leslie qui dut baisser la tête pour trouver le sol, tentant de rassembler ses esprits. Ça n'allait plus du tout. Un instant, elle hésita à fuir, mais ne put s'y résoudre. Elle ne pouvait pas se laisser écraser par cette indésirable sans rien dire, c'était impensable ! Il fallait qu'elle se reprenne. Qu'elle reprenne le dessus, et vite. « Sky et moi avons tant d’intérêts en commun. » Ce fut l'électrochoc. Les poings qui se serrent, le coeur qui s'affole, la bile qui monte aux lèvres. Elle n'allait pas s'en tirer comme ça ! Elle n'aurait pas Raven, jamais ! Et surtout pas à cause de sa faiblesse ! Relevant la tête, Leslie adressa un sourire frondeur à Gemma avant d'éclater à nouveau de rire, jaune, nerveusement. Fini la retenue. Même si ses mains tremblaient, elle ne se laissa pas démonter, et reprit la comédie où elle s'était arrêtée. Sauf que cette fois, c'était elle dans le rôle de la garce sûre d'elle qui joue avec les sentiments de son adversaire. « Ah, ne te fais pas passer pour plus intelligente que tu ne l'aies ! Tu ne comprends rien du tout, pauvre petite. Tu dérailles complet. Tu vois une guerre entre nous alors qu'il n'en est rien. Il serait peut être temps d'accepter ta défaite, ça devient redondant de devoir perpétuellement te remettre à ta place... » A son tour, Leslie s'était avancée vers sa rivale, susurrant sans se départir de son ton acerbe et moqueur. C'était son tour de lui en mettre pour son grade. « J'ai Raven. C'est moi, sa petite amie. Il m'a choisi. Le seul drame que j'entrevois, sache que c'est toi l'héroïne de la tragédie. Je suis entre ses draps, et tu pleures sous nos fenêtres. » Pour appuyer le fait qu'il était à elle et elle seule, Leslie avait porté sa main à son cœur, comme pour mimer au cas où l'autre ne comprendrait toujours pas. Main qui fut jetée en direction de Gemma pour scander la suite. « Toi, tu n'es rien qu'une pauvre naïve fanatique qui se monte la tête. Il va falloir t'y faire. »

Haine quand tu nous tiens. Leslie avait complètement occulté l'entrée de Skyler dans la discussion, s'attardant bec et ongles à démontrer par a + b que cette mascarade avait assez duré. Que Raven était sien, et qu'elle était loin de se sentir menacée par une gamine de petite vertu dans son genre - bien que ce n'était pas tout à fait vrai, car Leslie était consciente du regard que Raven posait sur elle. Mais ça aussi, elle préféra l'occulter. Puis, trop en confiance, ragaillardie par son cran sorti de nulle part, elle commit l'erreur de se croire assez intouchable pour ajouter une raillerie malvenue. « Et puis, tu sais, vu le temps que je passe avec Raven, Skyler est le cadet de mes soucis... Si tu le veux, je te le laisse. » Son sourire effronté se voila de remords lorsqu'elle comprit l'erreur qu'elle venait de commettre en se laissant emporter. Le lui laisser. Quelle connerie... Jolie incitation au crime. Elle avait qu'à l'encourager à ruiner sa vie, aussi, tant qu'à y être ! Ses lèvres se pincèrent légèrement, et elle rabattit une mèche blonde et lisse derrière son oreille pour reprendre contenance. Une nouvelle vague de profonde animosité l'envahit lorsqu'elle croisa son regard. Non, elle ne pouvait clairement pas la laisser faire, ni lui laisser quoi que ce soit. Surtout pas Skyler. Parce qu'il était évident qu'elle complotait contre elle et Leslie ne pouvait plus se permettre d'être dans le flou, il fallait qu'elle empêche son plan d'aboutir. Même si hisser le drapeau blanc lui filait de l'urticaire. Le dicton "soit près de tes amis mais encore plus de tes ennemis", ça vous dit quelque chose ? « ... A première vue, nous avons également des intérêts communs, toi et moi. Je peux faire en sorte que tu ne passes pas bon nombre de tes soirées en retenue avec le concierge et fermer les yeux sur ce que tu caches dans ta main. Et toi, tu peux rester loin de Skyler et ne plus chercher à l'embobiner. Répéter à Raven, je m'en fiche. Ta parole contre la notre ne vaudrait pas grand chose à ses yeux. Je pourrais aussi t'arracher la langue, mais ça ferait désordre. » Voilà, c'était dit. Les dés étaient jetés. Même si elle avait eu envie de vomir à chaque syllabe prononcée.


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Message par Gemma Langley Lun 2 Aoû - 12:51

Le rire nerveux de Leslie aurait du me plaire. Elle tentait de sauver les apparences, mais je savais bien que mes attaques avaient fait mouche. Alors pourquoi cela fit monter en moi une telle inquiétude? Ce n’était pas la première fois que j’étais ainsi confrontée à Leslie, mais les lieux autant que la situation ne me mettaient pas excessivement à l’aise. J’avais attaquée d’emblée afin de mettre toutes les chances de mon côté, et c’était plutôt réussi, sans doute était-ce ça le problème. J’avais suffisamment titiller la Préfète en chef pour craindre sa riposte.

« Ah, ne te fais pas passer pour plus intelligente que tu ne l'es ! Tu ne comprends rien du tout, pauvre petite. Tu dérailles complet. Tu vois une guerre entre nous alors qu'il n'en est rien. Il serait peut être temps d'accepter ta défaite, ça devient redondant de devoir perpétuellement te remettre à ta place... » Elle avança vers moi, comme si la distance qui restait entre nous m’empêchait de comprendre ce qu’elle avait à dire. Son air hautain et railleur me donna la nausée. Couplé à sa pâleur extrême et à ses traits osseux, cela lui donnait un air squelettique parfaitement terrifiant.
« J'ai Raven. C'est moi, sa petite amie. Il m'a choisi. Le seul drame que j'entrevois, sache que c'est toi l'héroïne de la tragédie. Je suis entre ses draps, et tu pleures sous nos fenêtres. » Elle appuya ses paroles de gestes grandiloquents qui me troublèrent suffisamment pour que je porte sur cette siphonnée un regard déconfit. « Toi, tu n'es rien qu'une pauvre naïve fanatique qui se monte la tête. Il va falloir t'y faire. » Arrivé là, je ne savais toujours pas s’il me fallait rire ou pleurer, ou encore peut-être applaudir sa maladroite prestation? Elle essayait de m’enfoncer, et sans doute son assurance m’aurait-elle largement troublée s’il y avait eu une chance qu’elle dise vrai. Mais elle se trompait, c’était une évidence à mes yeux, une évidence que je me devais de lui faire comprendre. Elle se berçait d’illusions en se persuadant que j’étais la fille naïve de l’histoire. Mais elle n’avait pas suffisamment d’éléments en sa possession pour voir la situation dans son ensemble, telle qu’elle était et non telle qu’elle aurait aimé qu‘elle soit.

« Et puis, tu sais, vu le temps que je passe avec Raven, Skyler est le cadet de mes soucis... Si tu le veux, je te le laisse. »

Il me fallut un certain temps avant de comprendre la mine d’or devant laquelle Leslie venait de me placer. Elle ne cherchait même pas à nier mes allusions concernant Skyler et me proposait même une solution tout à fait judicieuse. Lui ravir Skyler pour mettre à nus ses véritables sentiments à son égard … car elle devait bien en avoir. Sous cet amoncellement d’os et de cheveux blonds, il devait bien y avoir un cœur, quelque part, si l’on cherchait bien. Je savais que cette théorie selon laquelle Leslie possédait un cœur était assez bancale, mais je devais m’y accrocher si je voulais que mon plan aboutisse. J’avais déjà pressenti l’aide que North pourrait m’apporter, mais je ne l’avais jamais envisagé sous l’angle de la manipulation. A bien des égards, Leslie était largement plus avancé que moi dans ce domaine. Elle venait de semer dans mon esprit le germe d’une idée. Et lorsque mon regard croisa celui de Leslie, je compris qu’elle s’en voulait déjà pour sa proposition. Sa haine transpirait de ses yeux, à tel point que cela fit poindre sur mes lèvres un sourire rayonnant. Il n’y avait rien de plus grisant que le regard haineux d’une ennemie prise à son propre jeu. Je n’avais pas beaucoup de mérite cependant, je ne faisais que profiter de la bêtise de Leslie. Cette constatation ternit légèrement mon sourire. Mais il n’était pas pour autant question de laisser tomber cette idée, fut-elle venue de la pire harpie que le monde ait porté. J’avais ma fierté, mais pas au point de laisser filer une chance de remporter la victoire.

« ... A première vue, nous avons également des intérêts communs, toi et moi. Je peux faire en sorte que tu ne passes pas bon nombre de tes soirées en retenue avec le concierge et fermer les yeux sur ce que tu caches dans ta main. Et toi, tu peux rester loin de Skyler et ne plus chercher à l'embobiner. Répéter à Raven, je m'en fiche. Ta parole contre la notre ne vaudrait pas grand chose à ses yeux. Je pourrais aussi t'arracher la langue, mais ça ferait désordre. »

J’écarquillai les yeux, autant sous l’effet de la surprise que de la stupeur. Avais-je bien compris ce que Leslie tentait de faire? Avais-je mal entendu ou volontairement arrangé ses paroles comme elles m’intéressaient? Ce ne pouvait pas être vrai. Leslie ne pouvait pas décemment me proposer … un marché. Je battis plusieurs fois des paupières, comme si en rouvrant les yeux, je pouvais me retrouver dans une situation totalement différente et bien plus sensée, plus proche de la réalité. Car dans ma réalité, Leslie se pavanait au bras de mon tendre Raven en me lançant des regards haineux et me houspillait à la première occasion. Jamais, ô grand jamais elle n’oserait me proposer de nous entendre dans notre intérêt mutuel. C’était pourtant bien ce qui était en train de se passer, et c’était somme toute bien réel. Je tendis le bras vers la serdaigle en la regardant le plus sérieusement du monde.

« Pince moi! Je dois rêver, car j’ai eu l'impression que tu me proposais un marché … » Un rire léger m’échappa tandis que je ramenai brusquement mon bras à moi, par prudence. « Tu serais prête à fermer les yeux sur une de mes escapades interdites? Mais qui es tu et qu’as-tu fais de Leslie Jeffers?! » J’avais encore du mal à comprendre les termes du marché, mais j’avais le sentiment que ma réponse importait peu. Seules comptaient vraiment les paroles de la blondasse, qui ne se protégeait pas plus elle-même qu’elle ne protégeait Skyler. Il y avait vraiment plus entre eux que ce que j’avais osé soupçonner.

« Ça me parait assez inégal comme proposition. Je dois me taire en échange une seule pauvre petite punition en moins? » Un sourire sceptique fleurit sur mon visage. Je sentais s’ouvrir devant moi la caverne aux trésors. « Allons, chère Préfète en chef, il va falloir faire mieux que ça, si tu tiens vraiment à ce que je reste tranquille. » Ma parole ne valait pas grand-chose, c’était certain, mais mes charmes n’étaient plus à prouver. Si je me débrouillais bien, je pourrais même faire faire le sale boulot à quelqu’un d’autre et ramasser les lauriers d’une Leslie en furie dévoilant enfin toute l’étendue de ses sentiments. Mon regard agrippa celui de la serdaigle, comme si cela pouvait m’aider à y voir clair dans son esprit. Les choses étaient sans doute plus complexes que je ne les imaginais, mais s’agissant de Leslie j’avais tendance à réfléchir de façon très simpliste. Avec tout le sérieux dont j’étais capable de faire montre, je tentai de percer à jour le vrai visage de ma vis-à-vis.

« Skyler vaut plus que ça, n’est-ce pas? »
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Message par Leslie Jeffers Sam 21 Aoû - 12:43

« Pince moi! Je dois rêver, car j’ai eu l'impression que tu me proposais un marché … » Un marché ! Tout de suite les grands mots ! Pfff. Leslie Jeffers ne marchande pas avec les traînées. ... Bon peut être bien que si, c'était bien ce qui était en train de se passer, mais elle n'avait pas envie de considérer la chose sous cet angle. C'était trop... Écœurant. Cette situation lui déplaisait au point qu'elle aurait préféré qu'on lui broie les doigts un à un plutôt que d'avoir à parlementer avec cette écervelée ! Enfin, presque. Faut pas exagérer non plus... Toujours est-il qu'elle préférait marteler dans son crâne qu'il s'agissait d'un compromis, d'une concession, d'une alternative, d'une démarche exceptionnelle de dernier recours. Mais pas un marché. Marché ça sonnait irrévocable, comme un pacte avec le diable. Angoissant, ouais. Surtout que même si Leslie se voilait complètement la face en essayant de se persuader qu'il n'en était rien, cette dernière appellation s'approchait dangereusement de la réalité. Gemma tendit son bras vers la préfète comme si elle souhaitait qu'elle la pince pour s'assurer qu'elle avait bien entendu, et le retira aussi sec. Excellente initiative. C'est que ça mord, les préfètes violentées. « Tu serais prête à fermer les yeux sur une de mes escapades interdites? Mais qui es tu et qu’as-tu fais de Leslie Jeffers?! » Ah. Ah. Ah. Vexée, Leslie passa par toutes les couleurs : rire jaune contenu, joues rouges malgré elle, regard noir parfaitement accordés à ses lèvres pincés. Comme si c'était exceptionnel qu'elle fasse preuve de clémence ! N'importe quoi. Bien sûr qu'il lui arrivait de faire quelques entorses au règlement pour les gens qu'elle aimait bien ! Et même qu'une fois elle avait menti pour couvrir quelqu'un ! Et toc. Bon, c'était pas non plus très souvent, d'accord, mais c'était quand même pas exceptionnel non plus. Comme si elle n'était qu'une harpie assoiffée de discipline, prenant son pied en foutant des punitions et cherchant à tout prix à sanctionner le moindre écart de conduite avec délectation ! Comme si c'était une rigide maniaque de l'ordre au niveau de tolérance zéro ! Non mais faux ! Ça ne lui ressemblait en rien ! ... Hein que ça lui ressemblait pas du tout ? Ses poings se serrèrent et se délièrent. Subitement, elle eut envie de revenir sur ses paroles et de saccager la conciergerie pour ensuite tout lui mettre sur le dos. Ah ouais, là, elle allait kiffer la punition abusive de la sadique préfète Leslie Jeffers ! Mais... Non. Elle ne pouvait pas se permettre de rompre les négociations. Sur son front, pas une ride d'inquiétude ne transparut. Elle serra simplement les dents aussi fort qu'elle put, et marmonna, mâchoires serrées, quelque chose qui ressemblait à un « Tu ferais mieux d'accepter rapidos ma proposition déjà supra généreuse pour une connasse dans ton genre avant que je change d'avis. » Paroles prononcées trop faiblement cependant pour que cela s'entende vraiment. Elle avait essayé d'expirer pour se calmer et les paroles s'étaient échappés toutes seules dans un souffle. Preuve qu'elle arrivait de moins en moins à contenir sa haine. Valait mieux qu'elle cesse tout de suite de jouer avec sa chance, la blondasse. Tout pareil pour la patience de la préfète. A moins qu'elle ne cherche à finir avec un œil au beurre noir ? Faut avouer que ça lui siérait bien au teint, le noir. Non ? « Ça me parait assez inégal comme proposition. Je dois me taire en échange une seule pauvre petite punition en moins? » Mauvaise idée, Gemma. Tu t'engages sur une pente glissante là, avec au bout du toboggan un lac d'acide nitrique qui n'attend que toi... Déjà passablement excédée par leur précédent accrochage, Leslie contenait déjà à peine les tremblements qui agitaient son être à bout de nerfs. Et l'autre osait demander plus. Comme si elle n'avait pas déjà offert tout ce qu'il y avait à offrir ! Si elle avait pris tant de risques pour ce qu'elle tenait dans sa main, c'est bien que ça avait de la valeur à ses yeux, non ? N'était-ce pas une fleur de lui laisser son tribu et d'en plus ne pas signaler l'intrusion comme elle aurait dû en lui évitant les sanctions disciplinaires qui s'imposaient ? Fallait pas abuser non plus ! Bordel d'écervelée trop gourmande ! Non mais c'était une idée fixe dans sa pauvre tête dénuée de neurones que d'envisager d'avoir Raven ! Elle n'avait pas compris que jamais ça n'arriverait ?? Leslie retint une flopée de jurons en son for et se contint de justesse, ongles plantés dans ses paumes. Ce n'était ni le moment ni l'endroit pour un meurtre. Il faudrait donc simuler la contenance extérieure malgré les déboires intérieurs. Faire bonne figure. Comme toujours. « Allons, chère Préfète en chef, il va falloir faire mieux que ça, si tu tiens vraiment à ce que je reste tranquille. » N'insiste pas, pauvre inconsciente. T'es pote avec la faucheuse ou quoi ? T'as un bon tuyau pour revenir d'entre les morts ? Parce que là tout ce que tu vas gagner c'est un aller simple pour l'enfer, pouffiasse ! « Skyler vaut plus que ça, n’est-ce pas? » Jauge de patience explosée. Yeux qui se plissent, lèvres qui frémissent, bras qui se raidissent. Les signes avant coureur sont tous là et il est trop tard pour réparer les dégats. Alors cours, Bambi, cours. Je te laisse une seconde d'avance et c'est ma dernière offre... Tu ne veux pas fuir ? Tant pis pour toi !

« Je sais ce que tu veux, espèce de catin lubrique satanique ! » Explosa-t-elle, lui crachant au visage les premières insultes choc qui lui venaient en tête. Parmi les centaines de propositions de lynchage, c'était ces trois là que la colère avait désigné pour ouvrir la danse. Bah oui, Leslie n'était pas vulgaire, les "sale pute" et "putain de salope" dans sa bouche ça faisait pitié. Précisons aussi que tout en parlant, Leslie menaçait de sa baguette une Gemma qui allait tout de suite moins faire la fière dans des gestes désordonnés. Si elle la lui plantait dans l'oeil, même pas sûr que ce soit délibéré. « Mais t'as pas encore compris que JAMAIS ça n'arrivera ?! JAMAIS tu l'auras ?! Qu'est ce qu'il faut faire pour que t'imprime ça dans ta pauvre caboche vide ?!! » Et là, le sort partit tout seul. Dans les films, on trouve toujours le gars qui gesticule avec un flingue à la main et qui s'étonne d'avoir tiré et tué le gars d'en face par "accident" complètement idiot. Bah là, c'était pareil. Le sort était bel et bien parti, baguette pointée en plein sur la tête de celle contre qui sa rage était dirigée, et paf, il l'avait touché. En plein dans le mille. Par réflexe, Leslie plaqua violemment sa main contre sa bouche, complètement blême. Bien sûr qu'elle avait souhaité la poignarder, l'étrangler, la rouer de coups, l'évicérer, et enfin donner son corps à une bande de charognards. Oui, toutes ses choses qu'habituellement elle lisait dans les polars de son chevet, elle avait eu envie que ce soit elle qui les subisse. Mais maintenant que c'était réel, elle paniquait complet. Mais c'était sa faute aussi ! Si elle n'avait pas chercher à obtenir son Raven, jamais un truc pareil ne serait arrivé ! Et puis c'était ce ton, mesquin, qui avait tout fait basculer. Si elle n'avait pas joué avec le feu, Leslie aurait éventuellement pu s'intimer au calme ! Peut être. Peut être pas. De toute façon, inutile de polémiquer une heure sur ce qui avait mis le feu aux poudres. C'était trop tard pour remonter le temps et éviter le désastre. Leslie, telle une grenade dégoupillée, venait d'exploser à la barbe de Gemma, défigurée par le souffle de l'explosion. Enfin, pas exactement, en fait, c'était pas si dramatique. Leslie n'était de nature pas une sauvage. Loin de là. Sans oublier que mademoiselle s'évanouit à la vue du sang et ne supporte pas non plus l'odeur de l'hémoglobine, alors, le sort jeté, même avec hargne, n'avait pas été dangereux. Gemma n'avait pas perdu la moindre cellule épithéliale ni le moindre globule rouge. Elle avait perdu sa blondeur. Ça peut paraître très ironique vu comme ça, et on pourrait attendre des remerciements à cette évocation, sauf que non, ça ne l'avait pas rendu plus intelligente non plus. Comme si Leslie allait lui faire ce genre de cadeau ! Elle avait perdu ses jolis cheveux blonds et ses airs d'anges. Et Leslie aurait aimé trouvé qu'elle avait également perdu tout pouvoir de séduction, mais... Évidemment, fallait que ça lui aille bien, la vieillisse, la rende plus crédible. Chiottes. Les yeux écarquillés, Leslie fixait la nouvelle Gemma, interdite. Lentement, ses mains se détachèrent de son visage l'instant d'avant horrifié et elle s'autorisa à respirer. Soulagée, mais toujours sous adrénaline, sa voix tremblait encore d'angoisse lorsqu'elle ouvrit la bouche. « Voilà ! J'espère que t'es contente de m'avoir poussé à bout ! J'aurais pu te blesser au lieu de simplement... t'enlaidir ! » Oui, elle avait un peu menti. Quoi que par principes, elle trouvait de toute façon Gemma moche et vulgaire qu'elle soit blonde ou brune, et ça, ça n'avait pas changé, et ne changerait jamais.


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Message par Gemma Langley Sam 4 Sep - 14:47

Je me sentais très intelligente, à voir ainsi bouillonner Leslie. Car elle bouillonnait n’est-ce pas? Elle avait laissé échapper quelques mots que j’avais plus assimilé à des grognements qu’à une véritable façon de s’exprimer. Le point de rupture se rapprochait à chacune de mes paroles, je le sentais, et pourtant cela ne me poussait absolument pas à la prudence. J’avais trouvé un moyen efficace de malmener mon ennemie sans trop avoir à craindre de représailles, autant dire que j’en profitais pleinement. C’était d’ailleurs grisant de la voir se contenir. Elle faisait bonne figure, mais je sentais sa rage, pour l’avoir moi-même partagé plus d’une fois. Et alors qu’elle s’apprêtait à répliquer, je la considérais d’un regard tout bonnement détestable.

« Je sais ce que tu veux, espèce de catin lubrique satanique ! »

Trop facile! Elle s’emportait déjà et m’accordait le point. Et qu’est-ce que c’était que ces insultes? Des mots que j’avais dû entendre deux ou trois fois dans ma vie grand maximum. Mais Leslie se trouvait sans doute trop distinguée pour utiliser les jurons du commun des mortels. Quelle grognasse prétentieuse! Et si elle croyait me faire peur avec sa baguette, elle se mettait le doigt dans le nez et jusqu’au coude! Que pouvait-elle me faire? Personne ne croirait à un accident étant donné notre passion commune, et la serdaigle était bien stupide si elle voyait les choses autrement!

« Mais t'as pas encore compris que JAMAIS ça n'arrivera ?! JAMAIS tu l'auras ?! Qu'est ce qu'il faut faire pour que t'imprime ça dans ta pauvre caboche vide ?!! »

Une moue choquée passa sur mon visage, avant que je n’aie la présence d’esprit de la faire disparaître. Je savais très bien qu’elle avait tort, tout comme je savais que ce n’était qu’une simple manœuvre destinée à me déstabiliser. Elle était si énervée qu’elle virait au rouge, c’était décidément très peu crédible! Je ne craignais rien! Du moins jusqu’à ce que je réalise que la lueur dorée qui fusait vers moi n’était pas un joli papillon magique mais bel et bien un sort lancée par la harpie à quelques pas de moi. Et autant dire qu’aucun temps de réaction ne m’était laissé. J’eus à peine le temps de comprendre que j’étais touchée. Leslie avait porté ses mains à sa bouche, comme si elle pouvait décemment feindre l’accident. Je n’étais pas dupe une seule seconde. Je savais que la mijaurée était ravie de m’avoir eu par surprise. Mais m’avait-elle vraiment eu? Je ne ressentais aucune douleur, pourtant j’avais vu le sort m’arriver au visage. Que s’était-il passé? Avait-elle modifier mon visage?

« Voilà ! J'espère que t'es contente de m'avoir poussé à bout ! J'aurais pu te blesser au lieu de simplement... t'enlaidir ! »

Un vent de panique me parcourut l’échine. Alors c’était ça son but? Me défigurer pour n’avoir plus rien à craindre de moi?! Quelle cruauté! Sans perdre une seconde, et tentant de ravaler les larmes qui menaçaient de me submerger, je me jetai sur le bureau derrière moi. Il devait bien y avoir un miroir, dans l’un ou l’autre des tiroirs. Je ne pouvais pas rester dans l’expectative, je devais savoir quelle ignominie Leslie m’avait infligée! J’ouvris un tiroir et me mis à fouiller avec nettement moins de délicatesse que la première fois. Mais tandis que je pestais contre le manque d’ego et de soin du concierge, je vis une forme brune me tomber devant les yeux. J’eus un mouvement de recul apeuré tout en agitant la main pour m’en dégager. Et il me fallut quelques bons instants pour comprendre ce qui m’effrayait. Alors, je ne fus plus effrayée le moins du monde, mais plutôt pétrifiée et choquée. D’une main, je saisis une mèche de mes cheveux pour la placer à hauteur d’yeux. Sceptique, je tournai la tête de droite à gauche vers mes épaules pour aviser de la situation. Le doute n’était plus permis. M’intimant au calme, je relevai les yeux vers l’auteur du désastre. J’ouvris plusieurs fois la bouche sans arriver à proférer aucun son. Il m’était difficile de rassembler suffisamment mes esprits pour pouvoir m’exprimer. Je dus souffler plusieurs fois calmement avant de finalement parvenir à assembler des mots dans une phrase construite.

« Comment as-tu osé?! » J’étais sous le choc. Et cela se lisait dans mes prunelles sidérées. Jamais ô grand jamais je n’aurais eu le toupet de m’attaquer au cheveux de mon ennemie! J’aurais encore préféré qu’elle me défigure plutôt que de perdre ma blondeur resplendissante. Car je n’étais pas idiote. Pour l’avoir déjà vu faire, je savais qu’il s’agissait là d’un sort qu’on ne pouvait pas contourner facilement. D’autant que Leslie -bien que cela m’en coûte de l’admettre- avait un niveau magique bien supérieur au mien. Que me restait-il à faire?! Je ne voyais qu’une solution: le chantage! « Tu viens de faire une erreur monumentale, pouffiasse! » J’avais du mal à contenir ma hargne, découpant les mots comme si je voulais glisser à chaque syllabe l’expression de ma fureur. « Plus rien ne me retient de te griller! Et punis moi autant que tu veux, ça m’est égal! De toute façon, tu n’auras jamais … » Je m’interrompis en écarquillant les yeux. L’objet de mes désirs, celui que j’étais venu chercher au fis du danger, ne se trouvait plus dans ma main. J’avais du le laisser glisser par inadvertance. Mon regard fureta aussitôt à mes pieds, cherchant avidement la fiole qu’il convoitait. Il ne suffisait à Leslie que de suivre mon regard pour comprendre ce que j’étais venu chercher, car je finis par le retrouver. Il avait du tomber quand j’avais gesticulé et il avait glissé par la force des choses loin du bureau. Et il était suffisamment proche de la harpie pour qu’elle s’en saisisse avant moi. Mon regard se posa sur elle, inquiet. D’un geste vif je sortis ma baguette, comptant largement sur la lenteur d’esprit de la Préfète.
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Message par Leslie Jeffers Dim 5 Sep - 11:14

Le spectacle était grandiose. Jubilatoire. Intensément plaisant. Même si un bol de pop-corns n'aurait pas été de trop, l'instant en lui-même était déjà savoureux : Gemma venait de percuter que Leslie n'avait pas jeté un sort dans le vide ni des menaces en l'air. Si vous aviez vu son visage se décomposer dès que le mot "enlaidir" avait franchi les lèvres de la préfète ! Sa tête valait tout l'or du monde, et Leslie, prévoyante, s'escrimait donc à graver cette image profondément dans son esprit pour se la repasser dès qu'elle aurait un coup de pompe. Car ces images jouissives seraient assurément plus efficace sur la préfète qu'une potion revigorante, n'en doutez pas une seconde ! Plus tout désolée ni même paniquée, la désormais unique blonde de la pièce respirait enfin librement, transpirant l'autosatisfaction. Cette vue lui procurait de tels frissons de plaisirs que rien que pour ça, elle ne regrettait plus le moins du monde son geste malheureux. Chaque micro-expression de panique, chaque geste affolé et chaque goutte de sueur empestant la peur chez sa rivale était un pur délice. C'était si drôle de la regarder chercher à tous prix un moyen de jeter un œil sur son visage pour constater les dégâts en ouvrant tous les tiroirs comme si sa vie en dépendait. S'il y avait bien un seul moment au monde où Leslie aimait la Langley, c'était dans cet état là. Elle avait oublié à quel point c'était bon de triompher sur elle, de la voir couiner comme une pauvre petite souris prise aux pièges entre les griffes d'un chat bien plus agile qu'elle. Cela faisait trop longtemps qu'elle avait mis de côté ce parfait hobby du dimanche, il faudrait qu'elle rehausse la cadence à l'avenir, même si depuis les récents évènements, s'assurer d'être aux petits soins de Raven l'occupait déjà à plein temps. Puis, Gemma comprit que tout partait de ses cheveux et une fois le choc passé, elle leva des iris assassins sur une Leslie on ne peut plus contente d'elle et sa voix agaçante emplit de nouveau la pièce. Toutes les bonnes choses ont une fin, malheureusement...

« Comment as-tu osé?! » Oh ça va hein, pour une fois que Leslie n'avait pas fait exprès de lui faire un coup bas ! C'est vrai que venant d'une sorcière douée, du genre première de la classe en sortilèges sans se fouler et d'un niveau égal voir supérieur dans une flopée d'autres matières demandant un minimum d'esprit, cela pouvait paraître bizarre qu'elle aie lancé un sort sans le vouloir. Mais c'était arrivé. On a tous ses faiblesses après tout, ce sont des choses qui arrivent, même aux meilleurs. Et encore, Gemma avait eu de la chance que parmi tous les sorts potentiels qui lui étaient passés en tête ce soit celui là qui se soit échappé par mégarde de sa baguette plutôt qu'un autre sacrément plus virulent. Elle aurait pu finir avec un nez de cochon, du poil au menton, ou encore des furoncles passablement égrainés sur son si précieux visage. Alors pour une fois, elle pouvait la boucler. « Tu viens de faire une erreur monumentale, pouffiasse! » Leslie roula des yeux et laissa échapper un soupir exaspéré de circonstances. Fallait toujours qu'elle joue les mijaurées celle là, hein. Alors qu'au fond, elle aurait dû la remercier plutôt, d'avoir su contenir le pire à défaut d'avoir reçu cette mince contrepartie. Des cheveux bruns, c'était pas la fin du monde non plus, pas la peine d'en faire une jaunisse. « Plus rien ne me retient de te griller! Et punis moi autant que tu veux, ça m’est égal! De toute façon, tu n’auras jamais … » Et Gemma perdit ses mots. Puis elle se mit à les chercher tout autour d'elle comme si elle avait une chance de trouver par terre quelque chose d'intelligent à dire puisque sa cervelle ramollie n'avait rien en stock. Bras croisés sur sa poitrine inexistante, Leslie eut un fin sourire narquois, peinant à cacher combien elle se délectait de ce magistral retournement de situation. Voir Gemma avec les naseaux fumants et le regard électrique était tellement magique, que voulez-vous... Elle avait repris totale confiance en sa supériorité sur la gamine. Rabattant ses cheveux en arrière, elle rétorqua d'un ton léger profondément sarcastique, surjouant le rire, tête lancée en arrière, comme si Gemma était la plus grande des comiques au monde. « Ah ah ah. J'ai trop peur, vraiment. Comme si une abonnée aux retenues allait griller une préfète irréprochable, tu crois sincèrement que... » Leslie s'arrêta net en comprenant que Gemma ne l'écoutait plus du tout et continuait de balayer la conciergerie de son regard perçant. Les yeux de celle-ci, écarquillés d'inquiétude, étaient bloqués sur quelque chose non loin de ses pieds qui la poussa à baisser à son tour le regard. Quelque chose brillait, un reflet lumineux miroitait sur l'objet convoité, mais Leslie n'arrivait pas à clairement l'identifier. « Qu'est-ce que... » Gemma sortit sa baguette, Leslie tenait déjà la sienne. En un tour de poignet, elle lança un accio ! sans prendre le temps de réfléchir. Compter sur la lenteur d'esprit de Leslie était comme compter sur la myopie d'un lynx. Et dans un courant d'air, la fiole en verre vint se loger dans sa paume tendue, ses doigts fins s'y refermant promptement au cas où Gemma oserait contrer son sort. Doigts qu'elle desserra pour s'enquérir de ce qu'elle venait de ramasser. Un petit flacon contenant un liquide transparent, affublé d'une étiquette où l'on pouvait lire, bien qu'il lui avait été facile de le déduire : « Du Veritaserum ? » Leslie releva deux iris inquisiteurs sur Gemma, l'air tout bonnement étonné. Puis, la lumière se fit dans son esprit, et son air d'incompréhension se changea en une lueur d'intelligence. « Tiens donc. Alors comme ça, tu as besoin d'un sérieux coup de pouce pour obtenir une information, c'est que ça doit être important... » Et même si Leslie aurait aimé savoir de quoi il retournait et dans quel genre de conspirations Gemma s'était encore fourrée, elle savait que poser la question ne servirait à rien car Gemma ne lui déballerait ses plans que sous la torture. Ou sous influence du serum, mais c'était une autre histoire. La jouer sur le ton du chantage était un bien meilleur moyen de récupérer l'avantage. « Dommage pour toi que le moyen d'y parvenir aie atterri entre mes mains. Vraiment très, très dommage... Si seulement tu avais une monnaie d'échange... » Oui, Leslie, avec son ton doucereux et son air faussement désintéressé, laissait à Gemma le soin de proposer son deal. Elle avait déjà tenté une proposition, que Gemma avait plus ou moins décliné. A son tour de montrer qu'elle était prête à faire des concessions pour récupérer cette potion rare car si délicate à préparer.


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Message par Gemma Langley Dim 5 Sep - 13:21

« Ah ah ah. J'ai trop peur, vraiment. Comme si une abonnée aux retenues allait griller une préfète irréprochable, tu crois sincèrement que... »

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la situation s’était totalement renversée. Comme si devoir tirer un trait sur ma chevelure d’or n’était pas suffisant, il avait fallu que je laisse échapper la seule chose qui méritait encore que je m’attarde dans cette pièce. Je devais compter sur la surprise si j’espérais la récupérer. Baguette en main, je m’apprêtait à formuler un sort, lorsque je fis la fiole sauter en direction de Leslie. Elle avait été plus rapide, me tirant une moue vexée. Je pouvais me trouver toutes les excuses du monde, cela n’atténuait en rien ma frustration. Leslie était pire que les vérarcasses, pire que les cours d’Histoire de la magie, pire qu’un filet du diable en pleine obscurité, qu’une acromantula affamée, pire encore que le futur désastreux qui se profilait à l’horizon. Leslie était une plaie qui semblait s’acharner sur moi et y prendre un plaisir cynique. Elle excellait à me pourrir la vie. Sa seule présence aurait suffit, mais il fallait toujours qu’elle en rajoute. Sans doute aurais-je mis moins de zèle à m’accaparer Raven s’il n’avait pas eu une copine aussi exécrable. Je lui rendais un fier service en remuant ciel et terre pour la faire disparaître de sa vie. Un jour il le comprendrait et me remercierait.

« Du Veritaserum? » Elle riva sur moi des yeux inquisiteurs, que je soutins avec application. Elle avait déjà suffisamment le dessus sur moi pour que je ne me laisse aller. Il n’était pas question de lui donner ce qu’elle recherchait: mon humiliation. « Tiens donc. Alors comme ça, tu as besoin d'un sérieux coup de pouce pour obtenir une information, c'est que ça doit être important... » Elle n’imaginait pas à quel point. Bien sûr, je ne lui avouerais jamais que cette fiole contenait le nectar qui courrait à sa perte. Il était d’ailleurs inutile de lui révéler quoique ce soit. Elle était peut-être en position de force, je comptais bien inverser la donne. « Dommage pour toi que le moyen d'y parvenir aie atterri entre mes mains. Vraiment très, très dommage... Si seulement tu avais une monnaie d'échange... » Son ton mielleux avait de quoi me faire vomir. J’avais bien compris où elle voulait en venir, pas la peine d’en rajouter. Avec un regard implacable, je croisai les bras, prête à la négociation. Le silence plana un instant au dessus de nos têtes, tant cela m’arrachait la gorge d’en venir très exactement où Leslie le souhaitait.

« Tu gagnes cette manche, rapace, mais épargne moi les faux semblants. Nous sommes au moins d’accord sur un point: nous nous détestons; alors au diable les belles paroles! »

J’avais bonne mine de demander à Leslie d’arrêter les manières, alors que c’était précisément moi qui avais lancé les hostilités dans cette direction. C’était amusant, au début, de faire la mijaurée et de feindre l’amabilité, mais dès le moment où Leslie s’était retrouvée en position de force, les sourires mielleux m’avaient semblés beaucoup moins essentiels.

« Rends moi cette fiole et je saurais tenir ma langue. Je pourrais même arriver à respecter une distance de sécurité avec ton serpentard. » L’emploi du possessif n’était pas anodin. J’avais beau n’avoir que quinze ans et me comporter comme une parfaite idiote parfois, je me familiarisais de plus en plus avec la ruse. Le contact de Leslie ne devait pas y être étranger, elle m’apprenait beaucoup sans le vouloir. Je n’avais pas insisté sur le « ton », je l’avais simplement inclus le plus naturellement du monde, comme si c’était de notoriété publique que Skyler était à elle. Avec un peu de chance, Leslie trouverait l’idée plaisante, créditant un point de plus à mon actif. « Et bien sûr, ta participation dans ma nouvelle … couleur restera entre nous. » C’était mieux ainsi. Car si je me plaignais à quiconque du méfait de ma rivale, il me faudrait expliquer la raison pour laquelle cela s’était produit et ça revenait à bafouer notre accord. Accord qui semblait plutôt à mon avantage. Car je n’avais qu’à faire des promesses pour récupérer ma potion, rien ne garantissait à Leslie que je garde effectivement ma langue. Un sourire songeur s’immisça sur mes lèvres. Je me demandais bien ce que Leslie allait inventer pour s’assurer mon silence? Encore, si elle avait su à qui était destinée cette potion, elle aurait eu un sacré motif de chantage … Finalement, je n’étais pas en si mauvaise posture dans cette affaire! Je décroisai les bras et posai les mains sur mes hanches, avisant la serdaigle d’un regard malicieux.

« De toutes façons, tu n’as aucun intérêt à garder cette potion. Si tu ne me la rends pas, je trouverais un autre moyen. Je suis pleine de ressources! »

Je me vantais sans imaginer que Leslie puisse retourner ces fanfaronnades contre moi. En revanche, je savais très bien à quel point la curiosité devait la ronger. Elle se demandait forcément pourquoi j’avais tant besoin de cette fiole, et il était plutôt grisant de savoir que si elle me la rendait, elle signait sa défaite.
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Message par Leslie Jeffers Dim 5 Sep - 14:35

« Tu gagnes cette manche, rapace, mais épargne moi les faux semblants. Nous sommes au moins d’accord sur un point: nous nous détestons; alors au diable les belles paroles! » Comment ne pas être d'accord avec ça ? Quoi que détester était un terme un peu faible pour qualifier son ressenti, mais soit, ne jouons pas sur les mots. Elle avait bien dit cartes sur tables ? Voyons un peu ce qu'elle avait à mettre sur le tapis. « Rends moi cette fiole et je saurais tenir ma langue. Je pourrais même arriver à respecter une distance de sécurité avec ton serpentard. » Leslie haussa un sourcil intéressé et ne tiqua pas au qualificatif employé pour qualifier Skyler. Son regard se fit plus insistant, cherchant à lire dans le regard de sa rivale, y cherchant un signe qui pourrait insinuer qu'elle mentait ou tentait encore un coup fourré. Mais à bien y regarder, elle avait l'air sérieuse. Trop sérieuse, justement. Le jeu de provocation n'avait plus cours et avait fait place à une négociation en règle donc Gemma établissait les termes avec une neutralité qui sonnait bizarre dans sa bouche. Elle ne cherchait plus à se faire bien voir et ne cherchait plus le bâtons pour se faire battre. En fait, elle était trop arrangeante pour être sincère. Dubitative, Leslie attendit la suite en reposant une main sur sa hanche sans lâcher sa baguette, l'autre occupée à faire tourner inconsciemment la fiole entre ses doigts agiles. « Et bien sûr, ta participation dans ma nouvelle … couleur restera entre nous. » Cette fois, les sourcils de Leslie se froncèrent légèrement. Là, c'était trop. Tous les termes du contrat semblaient à son avantage, fallait être bien dupe pour pas comprendre qu'il y avait anguille sous roche quelque part. Pour qu'elle se mette à jouer les saintes, franchement, c'était tellement aux antipodes de sa personnalité que c'était aux limites du grotesque. Sans rire, elle croyait vraiment que tout d'un coup, Leslie allait trouver son compte, lui serrer la main et s'en aller comme si de rien n'était ? Ce qu'elle pouvait être naïve quand elle s'y mettait... On reconnaissait bien le manque d'expérience de la rouge et or, qui se tenait bien droite et bien digne en énonçant ses clauses, là dessous. Une étincelle brilla dans le regard de celle-ci qui souriait, à l'aise. Elle semblait si sûre que Leslie allait mordre à l'hameçon que c'en était ridicule. Pourtant, en son for, Leslie hésitait. Les termes lui semblaient tout à fait honnêtes, et si ça n'avait pas été Gemma, sûrement qu'elle aurait accepté. Sauf que Gemma et l'honnêteté, vous n'avez pas plus risible à proposer ? Semblant s'impatienter, elle ajouta finalement : « De toutes façons, tu n’as aucun intérêt à garder cette potion. Si tu ne me la rends pas, je trouverais un autre moyen. Je suis pleine de ressources! » Les yeux dans le vague jusque là, Leslie reposa ses iris translucides sur la brune. Un autre moyen d'obtenir la vérité ? Quoi, elle parlait de ses charmes là ? Il devait donc s'agir d'un garçon... Et pour que cela lui tienne autant à cœur... Raven ? Mais pourquoi ? C'était idiot. Ou peut être était-ce complètement autre chose... A moins que ce ne soit pour faire parler Skyler devant Raven ? Quelle autre vérité que celle de sa relation pècheresse aurait-elle eu avantage à faire révéler après tout ? A moins que ce ne soit sur elle-même qu'elle compte pour le révéler à Raven ? Non, impossible. Jamais Leslie n'aurait accepté quoi que ce soit venant d'elle, fallait être débile pour monter un plan pareil. Ses méninges tournant à plein régime, Leslie laissa s'écouler plusieurs secondes avant d'ouvrir la bouche, son regard toujours profondément planté dans celui de Gemma. La flamme d'animosité avait de nouveau été attisée. « Je crois que je n'avais pas réalisé à quel point cette fiole comptait pour toi... Pour que tu lâches si facilement, et avec tant d'empressement et de générosité, sa valeur doit être grande... » Tout en parlant, Leslie faisait tourner le petit flacon entre ses doigts, le faisant miroiter à la vue de son adversaire, avant de l'enfermer de nouveau dans son poing. C'aurait été trop facile si elle la lui avait donné sans la faire mariner encore un peu. Surtout maintenant que l'attitude de Gemma avait semé le doute dans son esprit. Tout ça, c'était louche. Trop louche pour être anodin. Trop dangereux pour être pris à la légère. « Tes plans doivent l'être d'autant plus, grands. » Même si la question devait rester sans réponse, Leslie devait tenter le coup. Au moins pour décrypter dans l'attitude de l'autre si elle était concernée par ce que complotait son ennemie de toujours. Il aurait été idiot de ne pas penser à ça en premier quand il s'agissait des méfaits de Langley. Sa vie entière tournait autour de Raven et elle se levait le matin avec pour objectif de briser son couple, alors même si la brune avait à n'en pas douter d'autres ennemis, il y avait de quoi s'inquiéter quand on était number one du top ten. « Que comptes-tu en faire, de ce puissant remède ? » Le regard de Leslie était tranchant, et son ton impératif, sans appel. Maintenant qu'elle avait senti le risque, il fallait qu'elle sache ce que les méninges dérangées de Gemma avait encore inventé. « Tu ferais mieux de parler, avant que je ne décide de m'en servir contre toi. » Elle avait eu envie de sourire à l'évocation de prendre Gemma à son propre piège, mais elle se sentait presque oppressée par sa curiosité et le besoin de vérifier sa théorie qu'aucune once d'amusement ne perça sur son visage fermé. Quand il s'agissait de s'en prendre à son couple ou à Raven, Leslie devenait on ne peut plus irrationnelle. Il était son centre de gravité, son tout, elle ne pouvait ne serait-ce qu'envisager de le perdre et l'avait déjà prouvé en perdant le contrôle de sa magie quelques instants auparavant. C'est pourquoi déjà, dans sa tête, elle échafaudait des plans pour forcer Gemma à parler. La torture ? Physique, non. Trop salissant. Psychologique, oui. Il lui suffirait de verrouiller la porte, de la stupéfixer, de la saucissonner, de la faire boire, puis, enfin, de la faire parler. Bon, sûrement qu'elle se défendrait et se débattrait un peu, mais Leslie ne doutait pas une seconde d'avoir le dessus. Sa magie était puissante, en tous cas, bien plus qu'une élève d'année inférieure passant son temps à aguicher, faire la fête et dormir en cours... Enfin, pour l'instant, elle n'en était pas rendue à de telles extrémités. Mais elle y avait songé.


Dernière édition par Leslie Jeffers le Jeu 14 Oct - 23:48, édité 1 fois
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Message par Gemma Langley Dim 5 Sep - 16:48

« Je crois que je n'avais pas réalisé à quel point cette fiole comptait pour toi... Pour que tu lâches si facilement, et avec tant d'empressement et de générosité, sa valeur doit être grande...»

L’esprit de Leslie était plus tordu que je ne m’y étais attendu. Me voyant soudain sérieuse et empressée de régler l’affaire, elle s’était imaginée que je cachais quelque chose. Elle n’avait pas totalement tort, bien sûr, mais son raisonnement me semblait assez paranoïaque. Alors je ne pouvais pas me montrer raisonnable sans que cela paraisse louche? C’était bon à savoir. Autant il me fallait montrer à Raven à quel point j’étais mature pour mon âge, autant en ce qui concernait Leslie, mieux valait que je joue la pimbêche écervelée. Cette blonde rachitique m’enseignait bien plus qu’elle ne l’aurait voulu et, à nouveau, j‘en souris.

« Tes plans doivent l'être d'autant plus, grands. »

Son obstination me fit ravaler mon sourire. Et sa façon de jouer avec la fiole de potion m’irrita sérieusement. Elle se donnait des grands airs, comme s’il s’agissait de mener une enquête de la plus haute importance. Avait-elle oubliée qu’il me suffisait d’ouvrir une fenêtre pour qu’elle soit balayée de mes préoccupations, maigrichonne comme elle était? Elle jouait avec sa vie, la grognasse.

« Que comptes-tu en faire, de ce puissant remède ? »

Comme si j’allais lui révéler quoique ce soit! Elle pouvait me prendre pour une gamine autant qu’elle le voulait, je n’étais pas complètement stupide. Je n’avais strictement aucun intérêt à lui révéler mes plans, surtout lorsque ceux-ci comprenaient son anéantissement pur et simple. Et si elle pensait que son ton impérieux m’intimidait, elle se trompait lourdement. Je soutenais son regard, impassible, bien décidée à laisser son esprit tortueux inventer une montagne d’idées fumeuses.

« Tu ferais mieux de parler, avant que je ne décide de m'en servir contre toi. »

Je haussai les sourcils, surprise par l’honnêteté dont ma rivale faisait preuve. Dire que je ne m’attendais pas à une telle menace était faux, mais disons au moins que j’avais compté sur l’intelligence de Leslie pour ne pas en arriver à une telle extrémité. Un sourire s’élargit à nouveau sur mon visage, tandis que mes iris sombres examinaient leur cible.

« Je ne voudrais pas te pousser … qui sait quelle fâcheuse révélation je pourrais faire? » Mes lèvres s’étirèrent sans vergogne. Leslie devait se croire maligne, à me menacer ainsi, elle s’imaginait sans doute que je n’avais aucun moyen de lui échapper? Je ne serais pas allée jusqu’à dire qu’elle se trompait, mais j’étais prête à lui faire prendre conscience que son arrogance était à double tranchant. « Tu n’imagines pas le nombre de choses que tu ignores et qui se trouvent dans cette tête. » Tout en parlant, je visais d’un doigt ladite tête. « Des choses que tu n’aimerais pas savoir, et que je me retiens de te dire. Pas par gentillesse non, mais simplement parce que c’est beaucoup plus amusant de te savoir dans l’ignorance. » J’eus un rire sincère en songeant que Leslie ignorait tout de ma rencontre de la veille avec son petit ami dans la réserve à potion. Voulait-elle prendre le risque de me faire avouer le nombre de baisers que nous avions partagés? Mes prunelles rieuses reprirent un peu de leur sérieux, lorsque j’ajoutai: « Je crois que c’est dans notre intérêt à toutes les deux que tu évites de faire cette bêtise. »

Je fis un pas, prudent, puis deux, dans la direction de ma rivale. Il ne s’agissait plus seulement de Raven désormais. C’était entre elle et moi, et cela m’apparaissait vital de reprendre fièrement le dessus sur elle. En y pensant bien, je réalisais que ce n’était pas seulement notre attachement mutuel pour Raven qui avait fais de nous des ennemies mortelles. Nous l’étions parce qu’il était tout à fait improbable qu’un autre type de relation puisse exister entre nous. Nous étions comme le jour et la nuit, à ceci près que nous n’avions pas besoin de l’autre pour exister. Car c’était bien le cas non? Je pourrais toujours être pleinement Gemma sans Leslie pour me bloquer la route, tout comme elle pourrait continuer d’être elle sans m’avoir pour menacer sa vie? Je haussai un sourcil, intriguée par ma propre réflexion. Lorsque mes yeux revinrent se poser sur la serdaigle, ce ne fut pas sans un certain trouble qu’il m’était impossible de cacher. Pourtant je repris comme si de rien n’était.

« Restons en là. Je sais que tu ne me fais pas confiance, et c’est partagé. Je ne suis pas Shaelyn, tu ne peux pas être sûre que je n’essaierais pas de te doubler, mais c’est le risque à prendre si tu veux vraiment que ton secret soit gardé. » Mes paroles me semblaient presque trop sages. Si Raven était là, il aurait pu estimer qui de sa Préfète en chef de copine ou de moi était la plus mature. Mais bien sûr, il avait la manie de ne jamais être là au bon moment. Et ce n’était certainement pas un événement comme celui-ci dont il aurait la vision! La magie avait décidément une dent contre moi, mais ce n’était pas une raison pour me laisser abattre. Je tendis la main vers Leslie, l’avisant d’un regard curieux:

« Alors, pétasse, on se met d’accord ou tu commences à me torturer pour te calmer les nerfs? »
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Message par Leslie Jeffers Lun 6 Sep - 1:18

La présence de la Langley avait depuis toujours - et certainement pour toujours - une flopée d'effets néfastes sur la Jeffers. L'irritation, faisant vaciller ses iris froids et battre ses tempes, était le symptôme le plus courant. Suivait le mépris, facilement repérable aux rictus de lèvres et sourcils dédaigneusement hauts. Puis, jamais loin, le pire de tous finissait toujours par faire surface : la paranoïa. Maladive et malsaine. A s'en ronger les ongles et faire une surchauffe du ciboulot. Cette boule au ventre qui vous rend excessivement méfiante, agressive car sur le qui-vive, et altère votre jugement, ainsi que votre comportement, s'infiltrant dans vos veines furtivement comme un poison, inodore et indolore. Comme ce sérum de vérité qui avait tout déclenché. Il avait suffit d'une question sans réponse, d'un zeste d'inquiétude, d'une pincée de provocation et paf, c'en était fini. La paranoïa avait pris possession d'elle. Et la Leslie d'ordinaire calme, posée, réfléchie et un exemple de rationalité s'était évaporée, ayant à présent le diable au corps et de noirs desseins. « Je ne voudrais pas te pousser … qui sait quelle fâcheuse révélation je pourrais faire ? Tu n’imagines pas le nombre de choses que tu ignores et qui se trouvent dans cette tête. Des choses que tu n’aimerais pas savoir, et que je me retiens de te dire. Pas par gentillesse non, mais simplement parce que c’est beaucoup plus amusant de te savoir dans l’ignorance. » Un spasme vint lui secouer l'estomac. Sans qu'elle ne commande rien, son esprit faisait des tas de connexions, logiques ou moins logiques, certaines lui donnant envie de vomir. Et de nouveau, la paranoïa avait pris les rennes. Les questions filaient sans obtenir de réponses sans jamais se tarir. Elle parlait de Raven, là, hein ? Quelles horreurs insinuait-elle ? Mentait-elle pour lui foutre la pression et la pousser à bout ? Était-il possible qu'il y aie un fond de vérité derrière son crachin venimeux de sale petite garce ? Et je vous passe la centaine de réflexions similaires qui avaient fusé dans son crane au bord de l'implosion. Foutue paranoïa et foutue blondasse brunasse ! Mais rendez-vous compte, un peu. Elles étaient dans la même pièce confinée, leurs deux égos s'échauffant et leur haine réciproque rendant l'atmosphère on ne peut plus électrique, depuis bien vingt minutes à s'affronter ! Les effets néfastes avaient largement eu le temps de se pointer un à un, et de s'étendre, lentement mais sûrement, jusqu'à ce que la préfète d'antan ne finisse en piteux état. A deux doigts de commettre des atrocités qu'elle réprimait violemment, des choses allant à l'encontre de ses valeurs. Séquestration, abus de pouvoir, obtention d'informations pas la force... De telles bassesses étaient indignes d'elle ! Soudain, une phrase lancée plus tôt par sa rivale lui revint en tête : « Qui êtes-vous et qu'avez vous fait de Leslie Jeffers ? » Tout ça, ce n'était pas elle. Elle n'allait tout de même pas devenir une criminelle à cause de cette gourgandine pré-pubère ! Ni se laisser submerger par la colère, la frustration, la peur, l'impuissance... et ses envies de meurtres qui s'étaient décuplées au fur et à mesure de l'échange. « Je crois que c’est dans notre intérêt à toutes les deux que tu évites de faire cette bêtise. » Ce fut comme si Gemma avait inconsciemment répondu à ses interrogations silencieuses et Leslie, relevant la tête, desserra d'un même mouvement les dents et les poings où la précieuse fiole avait manqué de peu d'éclater. Ragaillardi par son petit discours qui, si elle l'avait cru intelligent, avait bien failli lui coûter la vie et causer la rupture de toutes négociations, Gemma fit quelques pas vers elle alors que la blonde la fixait, interdite. Approche, petit agneau, approche, que je t'éviscère. Ah non, pardon, c'est vrai qu'on a dit plus de pensées meurtrières... Mettant à contribution tout le self control dont elle était capable, Leslie soutint le regard de sa rivale qui parut un instant hésiter, avant de poursuivre tandis que celle-ci avait choisi de faire vœux de silence jusqu'au moment propice pour ne pas risquer de tout foutre en l'air en vociférant à nouveau des insanités et lançant un sort hasardeux sur l'autre. « Restons en là. Je sais que tu ne me fais pas confiance, et c’est partagé. Je ne suis pas Shaelyn, tu ne peux pas être sûre que je n’essaierais pas de te doubler, mais c’est le risque à prendre si tu veux vraiment que ton secret soit gardé. » Prenant une seconde pour réfléchir et se repasser les termes de l'accord, Leslie dû bien reconnaitre que tout était clairement exposé. Plus d'entourloupes. C'était même clair comme de l'eau de roche, même si... Y'avait juste toujours un petit hic. Leslie ne savait toujours pas à quoi allait servir le veritaserum et n'avait toujours pas envie, en le lui rendant, d'être en partie responsable de ce qui pourrait se produire par la suite à cause de ce liquide irrésistible. Mais elle avait bien compris que Gemma ne dévoilerait pas ses plans et qu'il était inutile d'essayer de l'y forcer quitte à en souffrir davantage. Mais après tout, ne dit-on pas que ce qu'on n'ignore ne peut nous atteindre ? Enfin, en théorie... « Alors, pétasse, on se met d’accord ou tu commences à me torturer pour te calmer les nerfs? » Main tendue vers elle, Gemma attendait le verdict de Leslie, tourmentée, qui n'arrivait pas à se décider. Cet accord était sensé la protéger, non ? Et alléger son fardeau... Alors pourquoi se sentait-elle encore plus mal qu'avant d'avoir œuvrer pour sauver sa peau ?

Le regard incertain et la poigne molle, Leslie finit par se saisir de la main de Gemma, fourrant du même coup la fiole entre ses mains impies. « Soit. » Et, reprenant de l'assurance, elle releva le menton et serra plus fort la main adverse entre la sienne. « Qu'il en soit ainsi, traînée. Et ne t'en fais pas, je sais parfaitement que tu es indigne de toute confiance, mais sache que ce n'est pas moi qui prend le plus gros risque en comptant sur ta parole. C'est toi, qui en prend un de taille, en espérant pouvoir me berner. Me sous-estimer te serait fatal. Moi aussi, je suis pleines de ressources. Excepté que je n'ai pas besoin de voler du veritaserum pour parvenir à mes fins. » Son visage jusque là blême se fendit d'un sourire mauvais répondant à celui satisfait de Gemma dans le but de lui faire ravaler. « Pense un peu à ton frère... Je n'aimerais pas qu'il soit mêlé à nos histoires. » Et si elle eut un pincement au coeur en pensant à son collègue préfet, elle n'en montra rien. S'il fallait en arriver là, à menacer à demi-mots de faire d'impliquer son frère pour s'assurer la tranquillité, qu'il en soit ainsi. Rien n'est plus important que la famille, n'est-ce pas ? Et il pourrait lui en arriver, des choses, quand on a de l'argent, c'est une chose si aisée que de faire tomber des guillotines sur des têtes innocentes... Même si cela serait profondément désolant de devoir sacrifier ainsi un élève de qualité pour un déchet comme Gemma. « A bon entendeur. » Des menaces, toujours des menaces... Faut dire qu'entre elles, y'a que ça qui marche. Ça devient lassant, oui. Mais au moins, tout est limpide. Chacune a posé ses pions sur l'échiquier, les jeux sont faits. Que Gemma s'imagine qu'elle peut gagner si ça lui chante, après tout, laissons les simples d'esprit rêver de monts et merveilles. Il ne lui tardait plus qu'une chose : sortir rapidement d'ici pour trier à tête reposée cet échange pour le moins... Perturbant.
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