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Departed Soul [Leslie]

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Message par Dayton Sommers Lun 14 Mai - 15:16

“Nous voilà aujourd’hui rassemblés pour rendre un dernier hommage à Brandon Vickers. Un jeune homme que la vie a rappelé si rapidement...»

Debout au fond de la salle, Dayton n’écoutait pas vraiment le pasteur. Des mots touchants, certes, mais qui ne sauraient être à la hauteur de la personne qu’ils honoraient. Il s’était faufilé au sein de l’assemblée éplorée quasi uniquement composée de moldus, prétextant être un ami d’école. Ce qui n’était pas si loin de la vérité, au final. De par son expérience, maintenant bien étoffée, ce n’était généralement pas bien compliqué de participer à un tel événement. Dans la douleur et la tristesse, tous sont unis. Par ailleurs, il était plutôt rare que les sbires de Clyde poussent l’audace jusqu’à faire des apparitions aux obsèques de ceux dont ils avaient précipité le trépas…

La voix limpide et énergique du jeune homme résonnait encore si distinctement aux oreilles de Dayton.

*Hey, Dayt’, quand tout ça sera terminé, on pourrait se rendre à Beauxbâtons ? C’est vraiment un beau coin de pays pour deux beaux mecs célibataires dans notre genre.

Ouais, bien sûr, Brandon. Mais avant, il va falloir que tu apprennes à te coiffer autrement que par le choix de l’oreiller.

Pff, t’es pas drôle, jaloux. De toute façon, tu sais bien que sans moi, t’arrive à rien!*


Il l’avait rencontré par hasard, à Weastwidge. Il venait tout juste de graduer de Poudlard. De chez les Poufsouffle, en fait. Nés de parents moldus, il s’était magnifiquement bien adapté à l’univers magique, sans pour autant s’éloigner de ses origines. Et il avait un cœur gros comme le monde.

Bien que Brandon ne s’était jamais vraiment préoccupé de toutes ces histoires partisanes et ne connaissait personne de la Résistance, dès qu’il eut vent des assauts perpétrés contre les cracmols, il cessa spontanément de s’occuper de son musée de babioles moldues et se dirigea sans autre forme de préparatif leur prêter main forte. Peu importe les risques auquel il allait faire face.

Par chance, il était tombé sur Dayton avant de rencontrer l’un de ses maniaques qui sévissaient grâce à la main protectrice d’Andrews. Par chance ? Considérant où cela l’avait mené aujourd’hui…

« Mme Vickers ? Je…, vous ne me connaissez pas, mais j’étais un bon ami de Brandon. Je…je tenais à vous dire qu’il était vraiment…exceptionnel. Il n’avait pas son pareil…et…il nous manquera, à nous tous…Mes plus sincères condoléances… »

Baissant les yeux, Dayton prit Mme Vickers dans ses bras, le temps d’un sanglot. Si seulement elle pouvait savoir à quel point elle pouvait être fière de son fils. L’espace d’un moment, alors qu’il se retirait et que son regard rencontrait celui de la mère de Brandon, il manqua lui avouer. Lui raconter qu’il n’était pas décédé des suites d’un arrêt cardiaque fulgurant, seul...

*Cher Dayton,

Si tu reçois ce hibou, sache que tout va bien. Tel que je te l’avais mentionné, d’ici trois jours, je serai marié à cette délicate Deliah.
Bien qu’il me fende le cœur que tu ne puisses te joindre à nous, sache que nous penserons très fort à toi.

Bien à toi,

Brandon*

Bien entendu, Brandon n’avait aucunement l’intention de se marier. Il s’agissait d’un code qu’ils avaient établis entre eux deux. L’occasion indiquait l’ampleur de la menace à laquelle l’un ou l’autre faisait face. Le prénom, l’endroit du point de repli. Code simple au possible, mais difficilement déchiffrable pour un non-initié. Ils l’avaient adapté, lorsque Brandon l’avait suivi à Londres. Et le mariage figurait en tête de liste…

Lorsque Dayton l’avait retrouvé, il agonisait. Étendu sur le sol, du sang s’écoulait de la commissure de ses lèvres. Pourtant, il trouva la force de lui sourire

« T’es en retard, Dayt’…j’ai bien peur que tu aies manqué le mariage, et les demoiselles d’honneur »

Il toussota un peu de sang en rigolant faiblement, tandis que Dayton se précipitait auprès de lui.

« Brandon! Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Où sont-ils partis ? »

« Et bah, il semblait croire que je posais des questions…inconvenantes… Ça fait une heure qu’ils sont partis, tu ne les rattraperas pas…et t’aurais rien pu faire pour moi… »

« Chuut, Brandon, t’inquiète pas, ça va aller. Je vais te sortir de là. »

« Ben ouais, je te crois, tiens… Te fatigues pas, il ne m’en reste pas pour très longtemps… Mais il faut que tu saches… j’ai fini par craqué… et je leur ai avoué que nous avions une planque dans la chambre 204 du Warlock Hôtel…»

«Mais… on ne s’est jamais rassemblé au Warlock…?»

«Non…mais faudrait peut-être penser à le faire… ils y seront…dans quatre jours…»

«T’es incroyable, Brandon. Allez, cesse de parler, et tiens bon. Nous avons encore un combat à finir.»

«Non Dayt’… tu … as un combat à finir. Et j’ai…. pleinement…confiance…»



*******


Les derniers membres de la famille quittaient le cimetière d’une démarche hébétée, sous le regard défait de Dayton qui regardait la scène d’un peu plus loin. Lors que le dernier légitime eut quitté l’endroit, il se rapprocha de la tombe et s’agenouilla devant la pierre tombale, avant d’y déposer une rose. À voix basse, il murmura :

«Ton cœur était trop gros pour ce monde, Brandon… T’as pas idée d’à quel point tu vas me manquer, l’ami… »

La larme à l’œil, Dayton ne put s’empêcher de se repasser en mémoire tous les autres à qui il avait dû faire ses adieux prématurément. Tous des personnes exceptionnelles, fauchées dans la fleur de l’âge par un égocentrisme pathologique. Petit à petit, ce monde perdait ses couleurs… Et combien d'autres à venir encore ?

*Moins que si nous ne tentons rien, ça, c'est certain*

Du moins, se devait-il d'y croire. D'y croire aussi férocement que le croyait Brandon.

L’impression d’être épié le tira brusquement de son moment de faiblesse, et il se releva brusquement en faisant demi-tour, main sur sa baguette.
Dayton Sommers
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Message par Leslie Jeffers Mar 15 Mai - 17:27

Departed Soul [Leslie] 120515065540958744
You swear you recall nothing at all, that could make you come back down,
you made up your mind to leave it all behind...
Isaac Slade

    Encore un. Un innocent de plus avait péri et on leur demandait de fermer les yeux sur les circonstances de cette mort injuste. Encore des vies réduites en miettes, par la guerre, par ce gouvernement qu'il aurait été plus sensé de qualifier de dictature, faisant régner la terreur à Londres. Mais personne ne s'arrêtait pour autant, car au fond, qu'était-ce donc qu'une poignée de lignes dans la rubrique nécrologique ? Car oui, c'était à ça que le sacrifice d'un résistant se résumait. Encore un souffle qui s'éteignait dans le silence le plus criant, loin des tabloïds régis par ces assassins de masse. Il n'était qu'un parmi des centaines, qu'un de plus jeté dans la fosse commune des victimes d'Andrews qui bientôt ne serait plus assez large pour toutes les accueillir. Comme le bureau de Leslie Jeffers, où s'amassaient les dossiers des familles endeuillées dont les dommages, bien que leurs intérêts lui tenaient plus à cœur que manger ou dormir, ne seraient jamais réparés...

    C'est la mine grise, due à un manque certain de sommeil, un excès de caféine et un poids bien trop lourd sur le cœur, que Leslie se rendit ce jour-là à l'église, dans l'ombre de cette famille qui avait perdu un fils, un cousin, un neveu, au fond qu'en savait-elle, qui était-elle au milieu de ces gens qui avaient perdu un ami, un collègue, un être cher ? Juste une justimage dépassée, croulant sous les cas similaires, ne connaissant rien de cet homme décrit par tous comme infiniment chaleureux et bon. Il n'était pour elle rien de plus que cet amas de chair froide dans un couffin de bois qu'elle ne verrait jamais sourire ni ne pourrait plus côtoyer pour appuyer leurs dires. Il fallait qu'elle s'efforce de rester détachée, assez distante pour ne pas se briser les épaules à force d'y porter toute la souffrance du monde, et pourtant, elle versa une larme pour lui. Peut être était-ce les mots du pasteur, ou bien la douleur ambiante, peut être même davantage l'impression que ce monde ne cesserait jamais de pourrir et que demain, un autre Brandon Vickers serait réduit à poussières. C'était un peu tout à la fois, le boulot qui lui pesait, la fatigue, les nerfs à fleur de peau, la vue de la peine d'autrui, la pensée que ce monde qui était le leur était misérable. Que de jour au lendemain, on pouvait mourir avant même d'avoir réellement vécu. Le cœur serré, engoncé dans sa cage thoracique elle-même serrée dans ces habits noirs, si sombres, trop sombres, Leslie resta longuement à regarder le plafond de l'église d'un air insondable alors que tous étaient déjà sortis pour la mise en terre. Le pasteur revenu, il se coula jusqu'à elle et resta silencieux à ses côtés. Elle tourna son regard charbonneux vers lui et il eut un soupir las. « Ça me manque, de ne plus célébrer de grands mariages et de beaux baptêmes. » « J'aimerais vous dire que ça reviendra, mais je n'y crois pas moi-même. Même lui, là-haut, je suis sûre qu'il a perdu foi en les Hommes à la vue de leur folie. » Elle alla se masser les tempes alors que l'homme reprenait, se voulant rassurant bien qu'il n'y arrivait presque plus. Après tout ce qu'il avait vu, qui pouvait l'en blâmer ? « Si vous avez raison, alors ce monde va encore plus mal que je ne le pensais déjà. Mais ne perdons pas espoir, Dieu n'abandonnerait pas ses enfants, il l'a prouvé par le passé. » Leslie eut un pâle sourire, maussade et clairement désabusé. « La question est... Quand estimera-t-il que nous avons pris assez de coups de fouet ? »

    Lorsqu'elle passa les immenses portes, sa silhouette était voutée, accablée par les doutes. Au loin, un homme seul demeurait sur la tombe du défunt. Elle s'apprêtait à le dépasser sans s'arrêter ni le regarder par déférence mais, s'approchant, elle ne put s'empêcher de remarquer ce visage aux traits familiers. Elle fut si surprise qu'elle se figea sur le sentier. Il tourna la tête vers elle et instantanément, elle sut qu'elle ne s'était pas trompée. « Dayton ? » l'interjecta-t-elle un peu bêtement. Pour ne pas longer la pente des inepties, Leslie ne lui demanda pas ce qu'il faisait-là, la raison était assez évidente en soi. Son regard dans celui du garçon qu'elle n'avait plus revu depuis qu'il avait quitté Poudlard, elle accueillit son apparition d'un sourire un peu triste. « C'était un de tes amis ? » Elle s'était frottée les lèvres, un peu malhabile. S'il était là, sur cette tombe, les yeux luisants, quelle autre explication ? Rapidement, elle ajouta pour dissiper son embarras après s'être traitée intérieurement d'idiote : « Mes sincères condoléances, le monde est devenu encore un peu plus laid en perdant un homme bien de plus. » En parlant d'homme bien, elle en avait d'ailleurs un sous les yeux. A une époque, eux aussi avaient été amis. Elle le voyait d'ailleurs toujours comme tel, le chevalier en armure que le temps avait simplement rendu un peu moins brillante. Au fond, que n'avait-il pas rendu plus sombre ? « Malgré les circonstances, je suis agréablement surprise de croiser ta route. J'aurais pensé que tu aurais quitté Londres durant l’exode, pour ne pas gâcher ton immense potentiel dans cette macabre citée. Non pas que je t'accuse d'avoir gâché ta vie en restant ici, hein. » Elle, maladroite ? Vous avez deviné ça seuls ? « Sans doute qu'on devrait tous refaire nos vies ailleurs... » lâcha-t-elle finalement dans un soupir. Elle n'avait décidément plus foi, plus la force de regarder leur ville pourtant chérie se délabrer lentement, plus envie d'être malheureuse, et ici, c'était tout ce que l'avenir semblait leur offrir.
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Message par Dayton Sommers Jeu 17 Mai - 0:53

C’est avec la même sensation d’étonnement que celle qui perçait dans la voix qui l’interpellait qu’il reconnut la jeune femme pour être Leslie Jeffers.

*Leslie*

Les bons souvenirs qu’elle fit rejaillir prirent un moment avant de parvenir à s’insinuer à travers sa méfiance et son instinct de conservation. Passer des mois à jouer les bêtes traquées laissait des séquelles. Finalement, sa main se détendit au même rythme que ses traits, à mesure qu’il réalisait que Leslie ne pouvait tout simplement pas être venue pour lui. Pas elle.

Alors qu’un demi-sourire naissait sur son visage, il réalisait à quel point lui avait manqué l’ancienne préfet de serdaigle. Une complicité outrepassant les règles de la raison s’était naturellement installée entre eux lors de leurs études à Poudlard, sans qu’aucun d’eux ne puisse vraiment identifier comment cela c’était produit. Elle possédait l’incroyable capacité de ne jamais être dépassé par quoi que ce soit, sachant intuitivement quoi faire alors que tous se regardaient d’un air éberlué. Et en plus, elle possédait une intégrité et une honnêteté incomparable. Qualités trop rares, en cette époque…

Il l’avait complètement perdue de vue depuis Poudlard, cependant. Comme si, par une étrange paresse de l’esprit, il s’était dit qu’elle serait toujours là. Toujours disponible. Et au final, six années venaient de passer, sans qu’il ne lui ait envoyé un seul hibou.

« Bonjour Leslie. Oui, c’était...un ami...”

Il se retourna vers la pierre tombale avant de poursuivre d’une voix lasse

« Plus qu’un ami, même. C’était un véritable modèle. Et il va effectivement laisser un grand vide derrière lui…Surtout pour sa famille, d’ailleurs. »

Il observa un moment de silence respectueux, avant de se retournait vers Leslie.

«Je ne savais pas que tu connaissais Brandon, toi aussi…»

Ce qui lui fit réaliser qu’au final, même s’ils avaient risqué leur vie ensemble sur une base quasi quotidienne, il ne connaissait à peu près de la vie de Brandon. Ses rêves, ses amours, ses déceptions... Il ignorait même qu’il avait un frère. Il pouvait le comprendre, cependant. Face au péril qui les guettait, tous les moyens étaient bons de préserver ce qui nous tenait le plus à cœur. Quitte à aller jusqu’à les oublier… Comme les gens que l’on admire, mais qu’on laisse partir.

«Je suis content de te revoir aussi, Leslie. Ça redonne espoir, de revoir des visages amicaux. Aussi éplorés soient-ils.

Son commentaire sur son potentiel lui arracha un sourire sincère. Elle n’avait pas changé, durant toutes ces années : toujours cette façon pas exactement usuelle de dire exactement ce qu’elle pensait. Il capta au vol son dernier commentaire, tentant de lui redonner espoir.

«Et c’est probablement exactement pour ça que nous sommes restés : pour donner un coup de main à notre ville adorée pour qu’elle puisse se refaire une beauté. Et puis, comment Londres aurait-elle pu se passer de mon incroyable potentiel ? Je n’ose imaginer ce qu’elle serait, sans mon humble boutique d’instruments à corde sur Baylord »

Cette boutique était bien entendu sa couverture : bien sûr, ça en jetait, de dire aux gens qu’on était le chef d’un mouvement de résistance idéologique. Mais étrangement, ça créait systématiquement un froid. Allez savoir pourquoi.

Il détailla Leslie de la tête au pied, et avec un hochement de tête approbateur, ajouta :

« Je suis content de voir que tu sembles bien te porter. On dirait que celle dotée d'un véritable potentiel a su le développer. »

Elle avait le look d’une femme importante, supporté par quelques signes de fatigue qui indiquaient que ce n’était pas qu’une apparence.

*Elle le mérite bien*

Il s’apprêta à ajouter quelque chose, avant de finalement se raviser. Brandon était mort. Dans ses bras. Chaque seconde qu’il passait ici avec Leslie constituait une occasion de plus que les mauvaises personnes les voit ensemble. Et il ne put s’empêcher de s’imaginer assister à une réplique de cette cérémonie, avec la forme inanimée de la frêle blondinette en tant qu’invité d’honneur…

Comme à chaque fois où il entreprenait une discussion avec quelqu’un qu’il appréciait, d’ailleurs.

Pour cacher son trouble, il se retourna vers la pierre tombale de Brandon.

« Lui aussi, il s’en faisait beaucoup, pour cette ville. Beaucoup trop même. C’est probablement pour ça que son cœur a lâché si jeune. »

Un mensonge éhonté, bien sûr. La meilleure façon de revenir aux apparences; au convenable. Loin des horreurs et des risques de sa vérité.
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Message par Leslie Jeffers Jeu 17 Mai - 14:05


    Cette silhouette plantée devant elle, c'était incroyable. C'était presque comme voir un fantôme, revoir après si longtemps ce visage égaré dans les tréfonds d'un passé enfoui dans d'inaccessibles compartiments de sa mémoire. Mais il était bien là. Là, ses yeux presque noirs dans ses yeux bleus. Elle conversait avec Dayton Sommers et il n'avait quasi pas pris un pli. « Bonjour Leslie. Oui, c’était...un ami... Plus qu’un ami, même. C’était un véritable modèle. Et il va effectivement laisser un grand vide derrière lui… Surtout pour sa famille, d’ailleurs. » Elle fut peinée qu'il lui confirme son lien avec la victime et encore plus remontée contre le système. Elle serra les poings dans les manches de son trench noir et ses pupilles vrillèrent également sur la tombe qu'il s'était remis à fixer. Même s'il ne s'était pas vus depuis six ans, elle considérait toujours Dayton comme un de ses proches, un de ces "gens qui comptent" alors sa souffrance la touchait. La révoltait, également, contre les auteurs de ce crime odieux et ce foutu monde qui ne tournait décidément plus rond du tout pour laisser partir en silence ce jeune homme infiniment bon. « Je ne savais pas que tu connaissais Brandon, toi aussi… » Reprit-il, la distrayant de ces pensées scandalisées dirigées envers le gouvernement en place et surtout, la personne à sa tête, qu'il n'était plus utile de nommer. « A vrai dire, je l'ai connu il y a peu. » Hier, pour être exact, mais avouer cela aurait été bien trop explicite et ce qui l'avait amené ici était sous le sceau de la confidentialité. Il valait donc mieux laissait dériver la conversation sur un autre terrain. Le tour plus léger que pris la conversation pour un court instant était d'ailleurs appréciable en cette période où les plus petits bonheurs se comptaient à peine sur les doigts d'une main. « Je suis content de te revoir aussi, Leslie. Ça redonne espoir, de revoir des visages amicaux. Aussi éplorés soient-ils. » Espoir. Le mot manqua de la faire grimacer mais elle se contenta de sourire, le plus sincèrement possible. Il n'avait pas entièrement tort, cependant. Retrouver une parcelle intacte du passé redonnait un peu foi en cette vie qui, finalement, ne leur avait peut être pas encore tout pris. Pourquoi, en effet, ils n'étaient pas partis d'ici. « Et c’est probablement exactement pour ça que nous sommes restés : pour donner un coup de main à notre ville adorée pour qu’elle puisse se refaire une beauté. Et puis, comment Londres aurait-elle pu se passer de mon incroyable potentiel ? Je n’ose imaginer ce qu’elle serait, sans mon humble boutique d’instruments à corde sur Baylord. » Entendre qu'il s'en sortait bien lui fit infiniment plaisir et son sourire jusque là un peu bancal s'élargit. Il n'y avait plus rien de feint dans son expression à présent. « Si la musique perdure, alors oui, c'est que tout n'est pas encore perdu. » Lui accorda-t-elle dans un hochement de tête d'assentiment. D'autres qu'elle connaissait n'y avaient pas cru et avaient fui ou s'étaient reconvertis. Elle pensa brièvement à Skyler qui continuait de tracer sa route sur les ondes radio et en donnant des concerts dans des bars bondés, avant de déporter celles-ci sur son paternel qui avait été le premier à lui effleurer l'esprit. « Au plus fort de la guerre, mon père a perdu la foi et quitté le milieu, sinon je vous aurais présenté. En tout cas, c'est bien que tu sois resté. Londres a effectivement besoin d'optimiste comme toi pour espérer briller de nouveau un jour. » Et elle ne savait pas à quel point elle disait vrai et à quel point Londres et sa population de nécessiteux lui devait ! « Je suis content de voir que tu sembles bien te porter. On dirait que celle dotée d'un véritable potentiel a su le développer. » « Tu me flattes, mais mon parcours n'est pas si impressionnant que ça. » S'empourpra-t-elle légèrement, enfouissant sa tête dans le col de son trench. Puis, celle-ci pencha sur le côté et pour reprendre contenance, elle ramena une mèche de cheveux blonds derrière son oreille en se frottant les lèvres. Ils reportèrent d'un même mouvement leurs deux regards sur la pierre tombale, unique témoin de leur échange. Un court silence s'en suivit durant lesquelles elle s'enfonça légèrement dans les méandres de son esprit. Brièvement, elle passa en revue le nom des résistants morts pour la cause tombés dans l'oubli pour la plupart, toutefois jamais pour elle. Elle se rappelait de tous les noms sans exception et pensa que c'était infiniment triste d'ajouter le sien en bas de cette liste déjà bien trop longue. La voix de Dayton brisa le silence et elle fut reconnectée à la scène après cette brève introspection quasi violemment en retrouvant le contact de ses yeux assombris. « Lui aussi, il s’en faisait beaucoup, pour cette ville. Beaucoup trop même. C’est probablement pour ça que son cœur a lâché si jeune. » Sans le savoir, ils se cachaient tous les deux des secrets liés. Mais Leslie lui faisait entièrement confiance et ne comptaient pas lui mentir, alors, elle prit une infime liberté, faisant un minuscule entorse à son code de déontologie. Elle lui devait bien ça pour tous les petits gestes qu'il avait fait pour elle du temps de leur scolarité. « Quand j'ai dit que je le connaissais depuis très peu de temps, c'est depuis hier, plus exactement. Son dossier s'est retrouvé sur mon bureau. Tu sais que j'ai toujours été attirée par le droit magique, et bien... » Elle marqua une pause, tentant de s'assurer qu'elle était bien sûre de ce qu'elle s'apprêtait à dire. En une poignée de seconde elle décida que le risque en valait la peine, qu'il en valait la peine, et dans une profonde inspiration, elle cracha finalement le morceau. « Maintenant, je suis un des rouages de la justice magique sévissant à Londres. C'est moi, la justimage chargée de lui rendre justice et de ne pas laisser sa mort impunie. Sa mort n'est pas naturelle, Dayton. Il est mort parce qu'il s'est opposé à la mauvaise personne. ... Andrews. » Lâcha-t-elle dans un souffle murmuré, posant par réflexe une main devant sa bouche pour cacher le mouvement de ses lèvres. C'était une mesure de protection sans doute inutile, mais trop de prudence valait mieux que trop d'inconscience. Ses confidences étaient assez dangereuses pour ne pas risquer qu'elles soient emportées par le vent...


Dernière édition par Leslie Jeffers le Jeu 17 Mai - 18:50, édité 1 fois
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Message par Dayton Sommers Jeu 17 Mai - 15:54

Littéralement estomaqué par sa révélation, Dayton la fixait avec de grands yeux de poissons, incapables d’articuler ne serait-ce qu’un son. Une justimage…rien que ça! Ce groupe de courageux et fervents légistes constituaient le dernier rempart officiel contre les atrocités de Clyde. Tandis que la Résistance prenait les armes dans l’ombre pour combattre le feu par le feu, eux seuls se dressaient encore bien droit dans la lumière, s’acharnant à préserver ce qui restait des institutions nécessaires à une société harmonieuse. S’acharnant à sauver l’essence même du Londres magique. Seul et unique ennemi publique d’Andrews, il va sans dire qu’ils devaient figurer tout en haut dans sa liste de priorité à abattre. Probablement même avant Dayton et le Trio, d’ailleurs. Et ils ne disposaient que du système pour se protéger. Système si habillement corrompu par Andrews lui-même.

En même temps, c’était exactement le genre de bravoure folle dont faisait constamment preuve Leslie, dans son ancien rôle de préfet. Il aurait eu envie de la prendre dans ses bras, ici et maintenant, pour lui faire savoir à quel point elle était une femme formidable. Ce que très certainement trop peu de gens lui avait fait comprendre.

Il hésita quelques secondes quand à la suite à donner aux évènements événements. Il pourrait continuer à jouer la carte de la stupéfaction. Prendre un air ébahi alors qu’elle prenait le risque de lui révéler sa fonction. Puis lui faire parvenir en tout anonymat des informations qui lui permettraient de faire avancer ses causes. Sans la lier directement à la Résistance.

*Jusqu’à ce qu’elle connaisse trop de succès, et que Clyde envoie Powers ou un autre malade de sa troupe pour lui faire fondre la cervelle*

Non, elle ne le savait peut-être pas, mais elle avait besoin de protection. Et Dayton était en mesure de la lui fournir, ne serait-ce qu’en la prévenant des risques auxquels il croyait qu’elle s’exposait. L’épisode de Brandon avait été véritablement horrible. De revivre le même scénario avec Leslie, maintenant qu’il connaissait l’étendue de son courage, le rendrait littéralement fou.

Et puis, son arrivée inopinée tenait du providentiel. Dayton était revenu à Londres avec la ferme intention de ramener le combat sur le domaine de l’espace publique. Et Leslie représentait la clé pour ouvrir toutes les portes dont il avait besoin.

Oserait-il s’en servir ?

Passant outre sa surprise, donc, il cessa de la dévisager et se retourna à nouveau vers la pierre tombale de son défunt partenaire. Après un court silence et un bref soupir, il répondit à son tour à son honnêteté. Tout en nuance. Sans la regarder dans les yeux.

« Je...J’étais avec lui, à la fin. J’ai mis trop de temps pour le retrouver, cependant, et lorsque j’y suis parvenu, il était trop tard… Il est mort dans mes bras…Je ne sais pas qui l’a fait. Cela nous importait peu, en fait. Peu importe le visage qu’ils revêtent, les idées viennent de la même source… Je ne sais pas exactement pourquoi ils lui sont tombés dessus non plus. Il m’a simplement dit qu’ils avaient eu vent de ses investigations… »

On aurait dit que maintenant qu’il pouvait enfin évoquer cet épisode avec quelqu’un, il ne parvenait plus à s’arrêter. Il fallait qu’il crie au monde entier la personne qu’avait été Brandon.

« Dès qu’il a entendu dire que des cracmols se faisaient ouvertement agresser à Weastwidge, il a tout laissé derrière lui pour venir les supporter. Je ne pourrais dire combien lui doivent la vie. Au moins une quarantaine, je crois. Dont deux superbes jumelles d’à peine 10 ans… »

Plus il parlait, plus sa voix se brisait.

« Et sa mère…sa mère…elle croit qu’il est mort d’un problème cardiaque... alors qu’il est simplement mort d’avoir trop bon cœur!! »

Et là, il craqua. Dayton se referma sur lui-même, sanglotant en silence, la main gauche ramenée sur son arcade nasale. Brisé de la perte d'un homme de bien de trop...
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