I love your smile. - kerr - | Terminé |

Ces derniers temps, Kerr n’était pas au mieux de sa forme. Ce n’était pas difficile à voir tant ses traits étaient tirés par le manque de sommeil et son front toujours barré par ce qui semblait être de la contrariété. En réalité, Kerr n’arrivait pas à se remettre de l’attaque qui avait ébranlé le château. Il avait bien essayé, mais rien n’y faisait. Il ne cessait de voir le corps sans vie de la Gryffondor ayant sauvé Caleb lorsqu’ils étaient restés pour laisser aux autres le temps de se cacher. C’était son idée… et il se disait que s’il n’avait pas fait ça, q’il avait continué à courir avec tous les autres, ils auraient peut-être eu le temps de se mettrent tous à l’abri et Hester ne serait pas morte. Comment pouvait-on tuer des gens ? Pire, comment pouvait-on retirer la vie d’une personne que l’on côtoie chaque jour. Certes, leurs agresseurs ne connaissaient peut-être pas la jeune fille personnellement, mais elle était bien là, vivant sous le même toit, ayant des amis, des projets, elle avait leurs âges et eux, ils lui prenaient sa vie comme si cela n’avait aucune importance. Il y avait eu d’autres morts ce soir là, et si cela chagrinait également Kerr, Hester restait son obsession première. Il s’était discrètement renseigné sur elle, sur ce qu’elle aimait, ses loisirs, ses fréquentations, qui elle était tout simplement. Elle était courageuse, ça il le savait, elle n’avait pas été répartie à Gryffondor pour rien. Mais son courage avait certes sauvé la vie de Caleb, mais il lui avait pris la sienne. Tout ça et bien d’autres choses encore tournaient et retournaient dans la tête de Kerr. C’était incessant et ça le rongeait. Pourtant il avait de quoi sourire de nouveau en ayant retrouver Jaylen. Mais le traumatisme de cette soirée était bien trop important pour être effacé de cette manière. Pourtant Kerr savait que sans Jaylen, s’ils ne s’étaient pas remis ensemble, les choses auraient été bien pires. Aurait-il simplement eu le courage, la force de se lever chaque matin ? Il ne pensait pas que se puisse être le cas.

Cependant, même en ayant retrouvé Jaylen, quelque chose clochait toujours entre eux. Ses multiples infidélités ? Non, bien sûr que non. Kerr lui avait assuré qu’il ferait n’importe quoi s’ils se remettaient ensemble et dans cette close, la mention ‘ne pas faire de scènes de jalousie’ était inscrite en gros et en gras. Aussi Kerr gardait sa jalousie pour lui. Même lorsqu’il voyait Jaylen discuter simplement avec une fille – ou même un garçon. Etrangement, Jaylen ne profitait pas de ça. Avant il avait beau dire que Kerr était un chieur fini de l’emmerdait avec ça, il aimait bien le provoquer en lui racontant ses parties de jambes en l’air ou en laissant sous entendre certaines chose. Là, rien. A croire que lui aussi avait décidé de changer. Kerr ne pouvait que lui être reconnaissant. Savoir qu’il passe de lit en lit était déjà suffisamment douloureux sans qu’il ne vienne lui expliquer en détail ce qu’il faisait ! Alors quoi ? Etait-ce sa consommation de drogue qui le dérangeait ? Non plus. Depuis qu’il lui en avait demandé une – deux – fois, Kerr ne pouvait plus vraiment se permettre de lui faire la morale. Lui dire que se sont des saloperies seraient un peu hypocrite et Jaylen ne manquerait certainement pas de le lui dire. Bien entendu, le fait que le Serpentard dépende toujours autant des drogues l’ennuyait mais il pouvait toujours tenter de l’en détourner de façon subtile – ou pas – comme avant. Sauf que Kerr ne pouvait plus jouer la carte du sexe avec son petit-ami. Si tout ce qui se passait dans sa tête n’était pas suffisant pour lui faire péter un câble, il fallait en plus qu’il se bloque quant à ses relations sexuelles avec Jaylen, se remettant sans cesse en cause, se comparant avec raison à tous les amants qu’il avait pu avoir.
Alors pour évacuer la pression, pour ne pas littéralement fondre en larme – comme une chouineuse, dirait Jaylen – ni péter un câble devant toute l’école, Kerr s’isolait et ces derniers temps il trouvait refuge dans l’ancienne Cabane du Garde chasse, là où Jaylen et lui s’étaient donnés un nombre de fois incalculable rendez-vous et alors qu’il s’y trouvait une fois encore, quelque chose attira son attention. Une silhouette qu’il connaissait assez bien passa non loin de la fenêtre. Kerr se rapprocha et pu se rendre compte qu’il avait vu juste en pensant reconnaître Phoenix, son ami. Ce dernier semblait se diriger vers la forêt interdite ce qui eu le don d’intriguer le Poufsouffle. La forêt était déjà un lieu dangereux en temps normal, là, avec ce qu’il s’était passé, il était d’autant plus imprudent de s’y aventurer. Aussi Kerr ne mit guère de temps à se décider à le suivre. Cette démarche s’avérait tout autant stupide et imprudente que celle de son ami. Après tout, même à deux, ils ne seraient pas à l’abri d’un éventuel danger. Cependant, Kerr n’était pas décidé à laisser Phoenix seul dans un tel endroit et surtout il tenait à lui parler. Le Pousfouffle était quelqu’un sur qui on pouvait compter en temps normal, mais la dernière fois, Kerr n’avait pas été un très bon ami. Alors qu’il devait retrouver Phoenix à la bibliothèque pour un devoir pour lequel il s’était gentiment proposé de l’aider, il lui avait tout simplement posé un lapin. Certes il avait des excuses, comme le fait qu’il n’allait vraiment pas bien à ce moment là, qu’il s’était retrouvé seul avec Jaylen, qu’il avait eu l’idée folle de goûter à ses produits et surtout, qu’il avait plus que tout envie de rester auprès de Jaylen autant que possible sachant que cela ne lui avait plus été possible pendant deux longs moins, bien qu’il n’aurait pas été capable de prévoir comment les choses auraient pu se passer. Il voulait s’expliquer auprès de Phoenix. Peut-être pas lui dire pour Jaylen et lui, mais s’excuser au moins de lui avoir fait faux bon sans même le prévenir et surtout, de s’être tellement laissé dépasser et ensevelir dans tout cela qu’il en avait même oublié de lui présenter ses excuses.

Il ne chercha pas à se faire discret dans sa démarche, après tout il ne voulait pas le surprendre et n’avait aucune raison de se faire discret et masquer sa présence, bien au contraire. Ca aurait été en agissant de la sorte que Phoenix aurait pu trouver ça bizarre, et puis il n’avait aucune mauvaise intention ! Pourtant, alors qu’il passait semblait-il le dernier buisson le séparant encore de son ami, la voix de ce dernier claqua et ricocha entre les arbres massifs.

« Incarcerem ! »

Surpris, Kerr ne pu éviter le sortilège qui le toucha de plein fouet et il se retrouva bien vite avec les chevilles et les mains ficelées habillement. Garder son équilibre ne lui fut pas vraiment possible et il tomba, les fesses les premières par terre.

« C’est vraiment pas sympa ça ! Je sais que je t’ai posé un lapin l’autre coup, mais t’es pas obligé de me ligoter pour autant. »

Il tenta de défaire les liens à ses chevilles alors qu’il avait bien du mal à utiliser ses mains elles-mêmes prisonnières. Une moue boudeuse et contrarié sur le visage, il était pourtant aisé de voir que Kerr n’en voulait pas vraiment à Phoenix, se doutant qu’il ne pensait pas avoir à faire à lui, et que même si c’était le cas, se n’était qu’une plaisanterie pour lui renvoyer l’ascenseur. Se débattant pour rien, il lâcha finalement.

« Aide moi au moins. J’ai l’air d’un imbécile. Comme si j’avais besoin de me sentir encore plus minable en ce moment. »

Il soupira, déjà las.

S’il avait ne serait-ce qu’imaginé qu’il se retrouverait saucissonné de la sorte, Kerr aurait réfléchi à deux fois avant de suivre son ami. Certes, il tenait à s’excuser de lui avoir posé un lapin, il avait aussi voulu s’assurer que tout allait bien, après tout qui irait se promener dans la forêt interdite ? encore plus après une attaque comme ils avaient vécu ? Il avait cru… il na savait pas trop mais il s’était inquiété, sans compter qu’il était assez solitaire et distant avec ses proches ses derniers temps, il ne prenait même pas la peine ou le temps de parler avec ses amis, même les plus proches à l’image de Phoenix, et lorsqu’il le faisait – comme avec Karolyn – il sentait bien qu’il n’était pas d’agréable compagnie. Il n’avait pas envie de se forcer à rire ou même juste à sourire. Les histoires qu’on lui racontait lui paraissaient fades et sans grand intérêt. Tout son esprit était focalisé sur le Gryffondor ayant perdu la vie sous ses yeux et rien d’autre. A croire que rien, absolument rien ne pouvait s’imprimer dans son stupide cerveau. Il aurait pourtant voulu se défaire de ces images et de ces souvenirs mais ils ne lui laissaient pas de répit, comme s’il était coupable, comme s’il avait lui-même tenue la baguette qui avait lancé le sort fatal. Pourtant d’un point de vue strictement neutre, Kerr n’avait rien à se reprocher. Elle n’avait même pas perdu la vie en tentant de le sauver lui, ce n’était pas même à cause d’une négligence de sa part. Cependant, il lui restait en tête que l’idée de rester pour entraver les encagoulés venait de lui et que sans cela, ils seraient tous partis se cacher.

Kerr secoua légèrement la tête pour chasser toutes ses pensées tandis qu’il revenait sur terre et découvrait Phoenix avec la mine gênée. Oui, bah il pouvait bien ! Il l’avait ligoté comme un criminel ou pire, comme un vulgaire animal !

Je suis vraiment désolé… Avec tout ce qui s’est passé ces derniers jours… Je… Finite Incantatem

Ouais, la bonne excuse ! Tout le monde avait vécu un moment assez traumatisant et ce n’était pas pour autant qu’ils lançaient des Incarcerem à tout bout de champ ! Kerr arbora une moue boudeuse mais au fond, il ne lui en voulait pas. Il pouvait très bien comprendre que Phoenix soit sur ses gardes. D’ailleurs c’était même rassurant de le savoir, cela lui prouvait au moins qu’il faisait attention et qu’il n’était pas suicidaire ou n’avait pas envie de tenter le Diable en se promenant seul dans un tel endroit alors qu’il avait eu des mots dans l’enceinte même du château, l’endroit réputé pour être le plus sûr au monde.

Il sentit les liens l’enserrant se défaire et pu respirer à nouveau convenablement. Merlin que ces liens pouvaient être bien serrés ! Il prit la main que son ami lui tendit et se releva en partie grâce à son aide. Son sourire lui réchauffa le cœur, l’espace d’un instant. Cela voulait-il qu’il ne lui en voulait pas malgré tout ? alors qu’il laissait poireauter, et le connaissant, qu’il n’avait pas attendu que dix minutes avant de partir. Il n’osa pas poser la question. Kerr avait bien trop peur des reproches que pourraient lui faire Phoenix et surtout, le fait qu’ils soient complètement justifiée. On ne laisse pas un ami attendre de la sorte alors qu’il s’est aimablement proposé pour vous aider et on ne l’ignore pas pendant plusieurs jours. Il aurait voulu lui expliquer pourquoi il n’était pas venu, se justifier en quelque sorte. Il pensait qu’il avait une bonne excuse… il était avec Jaylen, seul… mais ce n’était pas vraiment ça qui l’avait emp^ché de le rejoindre mais le fait était qu’ils avaient parlé puis qu’ils s’étaient réconciliés. S’il n’était pas resté, cela ne serait jamais arrivé ! Mais qu’en avait à fair Phoenix ? Et puis, était-ce vraiment la meilleure des choses qu’ils se soient remis ensemble. Oh il ne regrettait rien ! Non, bien sûr que non. Il aimait Jaylen, savoir qu’ils étaient de nouveau ensemble lui permettait de supporter un peu mieux les jours. Mais lui faire subir cette abstinence… Kerr se sentait coupable bien qu’il sache que Jaylen ne se gênait pas pour se satisfaire ailleurs, comme avant, même lorsqu’il le laissait le toucher… Mais c’était plus fort que lui. Il n’arrivait pas à ne pas s’en vouloir.

Tu veux bien me raconter tout ce qui s’est passé l’autre soir ? Car je crois que j’ai manqué un chapitre quand je suis arrivé… A moins que tu préfères laisser un peu de temps avant d'en... Parler ?

Kerr leva les yeux vers son ami. En… parler ? Voilà ce qu’il lui demandait. S’il n’avait pas expliquer se sentir perdu de ne pas avoir tous les éléments de la soirée, le Poufsouffle aurait pu croire que son mal être se lisait sur son visage avec évidence et que Phoenix avait tout de suite examiné le problème, mais il n’en était rien. Il voulait juste qu’il raconte les grandes lignes, ce qu’il n’avait pas compris. Or ce qui le concernait n’avaient rien à voir avec ce qui était arrivé à la Gryffondor. Il n’avait pas d’en parler n’est-ce pas ? Phoenix n’avait pas besoin de savoir, il devait déjà être plus ou moins au courant. On savait qu’il y avait eu des morts ce soir là, il savait déjà peut-être même qu’une d’entre eux était avec lui au moment où elle perdit la vie.
Il secoua la tête lorsque son ami lui tendit sa cigarette, n’ayant pas la tête à ça. Il se contenta de soupirer, fourra ses mains dans ses poches avant de commencer à raconter.

« Il n’y a rien eu que tu n’as pas du déjà entendre. On a été poursuivit alors j’ai voulu rester en arrière pour retenir les encagoulé mais trois autres ont décidé de rester avec moi, dont Jackie. »

Il leva les yeux pour voir si une quelconque réaction allait être visible en entendant le prénom de la jeune fille.

« Quand c’est devenu trop dangereux, elle m’a tirer hors de là et on a rejoint les autres à l’infirmerie. Y’avait la nouvelle, tu sais la blonde qui parle mal la langue. Elle s’est quasiment jetée sur moi et comme j’avais un peu de mal à la repousser, Jackie à prétendue être ma copine. »

Souvenir pas forcément agréable. Surtout au niveau de la comédie qui s’était mise en place suite à cela.

« Depuis, elle et moi on fait semblant d’être ensemble pour qu’elle lâche l’affaire, mais tu sais, y’a rien entre nous. »

Il voulait se justifier davantage concernant la jeune fille parce qu’il avait l’impression que quelque chose de spécial, de particulier, la liait à Phoenix. Etait-ce un sentiment amoureux ? Il n’en savait rien mais il ne voulait surtout pas que son ami puisse penser qu’il se passait réellement quelque chose entre eux alors qu’elle ne faisait que lui rendre service.
Il fit un pas vers lui, puis deux, précautionneusement, comme si cela pouvait être dangereux et lâcha une fois de lui,

« Crois-moi, y’a rien entre elle et moi. »

Il espérait qu’il le croirait car il avait peur que Phoenix lui en veuille où ne pense qu’il lui avait arraché la jeune fille alors que c’était loin d’être le cas.

Phoenix faisait parti de ces personnes, qui pouvaient ensoleiller la journée de n’importe qui grâce à l’un de ses sourires. Il avait cet éclat lumineux qui faisait qu’en sa présence, on ne pouvait que se sentir bien. C’était ainsi que Kerr le voyait, et qu’il l’avait toujours vu d’ailleurs. Phoenix était un ami cher à son cœur et ses nombreuses qualités le rendaient encore plus exceptionnel. Seulement voilà, à cet instant précis, rien de ce qui caractérisait la mine enjouée de Phoenix d’ordinaire apparaissait sur son visage. Il semblait sombre, pensif, et même… blessé ? Kerr ne savait pas trop à quoi il devait attribuer ce changement. Etait-ce ses paroles, ses explications qui avaient plongé le Poufsouffle dans ces sentiments ? Pourtant Kerr avait fait attention, il avait prit des gants et s’était assuré de s’expliquer convenablement pour ne pas laisser de doute possible. Il ne se passait rien entre Jackie et lui. Bon sang, c’était une fille ! Il n’était même pas sûr de les aimer. Pour lui c’était évident que non. Son seul et unique amour étant un autre homme, il lui semblait logique qu’il soit homosexuel et rien d’autre. Ou plutôt Jaylensexuel vu son manque flagrant d’intérêt pour les autres. Manque d’intérêt oui, mais cela ne l’avait pas empêché de le tromper avec Damon ! Kerr secoua la tête à ce souvenir. Pas le peine de penser à cela. Seul Phoenix comptait à cet instant et ce dernier ne semblait pas dans une phase vraiment agréable.

T’as jamais eu ce sentiment de douter de tout, d’avoir des moments de joie intense et de voir tout s’effondrer en même temps pour déverser sur toi un flot interminable d’hésitations et de questions qui n’auront peut-être jamais de réponses ?

Kerr secoua lentement la tête par la positive. Oui, il connaissait que trop bien ce sentiment. Celui de croire au bonheur pour finalement voir ses illusions voler en éclats. N’était-ce pas son lot quotidien avec Jaylen ? Enfin avant peut-être. Depuis qu’ils s’étaient remis ensemble, beaucoup moins puisqu’il semblait qu’ils ne se voyaient que très peu, quasiment pas pour être exact. Kerr aimait trop s’isoler ces derniers temps pour cela et surtout, il ne voulait pas ennuyer Jaylen avec ses problèmes, ses états d’âme. Il le forçait déjà à supporter une sorte d’abstinence – du moins avec lui seulement, puis le Poufsouffle était peut-être naïf, mais pas au point de penser que son Serpentard allait rester bien sage pendant qu’il le faisait poireauter. Il ne le faisait déjà pas lorsqu’il le laissait le toucher… - Il n’allait pas en plus l’accabler de tous ses malheurs. Il ne le supporterait pas et se mettrait en colère, et si Kerr voulait éviter une chose, c’était de mettre le Serpentard plus en colère contre lui au risque de devoir à nouveau le perdre.

Tu vas quand même pas me dire que c’est ça qui te fait tirer cette tronche…

Kerr fut quelque peu surpris par ce changement plutôt brute de sujet. Pourquoi lui avait-il parlé de ces sombres sentiments si c’était pour ne pas exprimer plus sa pensée ? Mais Kerr n’y prêta pas bien longtemps attention. La question de Phoenix résonnait dans sa tête. Non, bien sûr que non que ce n’était pas à cause de Jackie où même de leur petite comédie qu’il était préoccupé ou mal. Ce n’était rien que des soucis d’adolescents sans grande importance, mais cela venait tout de même s’ajouter au reste, le pesant d’autant plus. Mais alors que dire ? Lui parler de tout ce qui se passait dans sa vie ? N’était-ce pas… trop ? Pour lui surtout. Mais après tout, Phoenix était son ami, son meilleur ami, il était donc normal qu’il se confit à lui, surtout qu’il se montrait inquiet et réellement intéressé par ses problèmes. Cependant, parler de ses problèmes au lit avec Jaylen le dérangeait quelque peu. C’était embarrassant et puis même s’il savait que Phoenix était au courant, il n’avait jamais affirmé clairement être en couple avec Jaylen. Non, il y avait autre chose qui le pesait bien plus que ça. Quelque chose dont il devrait forcément parler avant que ça ne le ronge pour de bon, il le savait. Il leva alors doucement le regard vers Phoenix, pinça les lèvres brièvement avant de finalement se lancer.

« Ce soir-là… y’avait une fille. Hester Gray. Elle est restée avec nous elle aussi et… tu sais les sortilèges fusaient et en essayant de protéger Caleb, elle s’est prise un sort de mort et… »

Un sanglot fit tressauter la voix de Kerr qui tenta de le maquer. Etait-il nécessaire d’en dire davantage. Certainement que non. Phoenix comprendrait très probablement le traumatisme du à ce genre de spectacle. Cependant se douterait-il pour autant de la culpabilité de Kerr ? Pas vraiment. Rien ne laissait entendre qu’il puisse se sentir fautif de la mort de la jeune fille, aussi aurait-il pu s’arrêter là, sauf que le Poufsouffle ne pu s’empêcher d’ouvrir une nouvelle fois la bouche.

« Si j’avais pas voulu resté… si j’avais fait attention à ce qui se passait… »

Alors quoi ? Aurait-il pour autant plongé pour sauver à son tour la Gryffondor et périr à sa place. Il n’en savait rien mais il était persuadé qu’il ne serait pas resté planté là et qu’il aurait du faire quelque chose.

Il se sentait tellement mal depuis tout ça. La vision du corps sans vie de Hester n’avait de cesse de le hanter du soir au matin sans qu’il ne puisse y faire quoi que se soit, mais avait-il seulement essayé ? Non. Kerr pensait mériter ses tourments et s’était résigné à vivre avec leurs poids tout le reste de sa vie durant. Être rongé par la culpabilité serait son châtiment, un châtiment pesant, et pour la première fois depuis qu’il vivait avec, il l’exprimait. Il expliquait enfin ce qui le rongeait, il mettait des mots sur son mal être mais cela l’apaisait pas pour autant, bien au contraire il se sentait d’autant plus coupable et pensait – craignait – que Phoenix le juge et le trouve tout aussi coupable que lui-même. Il avait peur de lire le dégoût dans le regard de son ami et pourtant il l’aurait compris, car lui-même se dégoûtait finalement.

Il était tellement loin dans ses reproches qu’il se faisait intérieurement qu’il ne sentit pas tout de suite l’étreinte de son ami autour de lui. Il lâcha quelques mots, des regrets à peine formulés avant que la voix de Phoenix, qui se voulait rassurante, ne s’élève et qu’il sente enfin la chaleur de son corps contre le sien. Cette simple sensation lui fit un bien fou ! Il avait besoin de contact, de sentir qu’il avait quelqu’un pour le soutenir, pour l’épauler, ou même juste de quelqu’un contre qui il pouvait prendre refuge sans pour autant se dévoiler. Il avait Jaylen… mais son petit ami n’avait jamais été friand de ce genre de ‘câlin’ et ce n’était pas parce qu’il s’y était adonné la dernière fois qu’il fallait penser que c’était devenu une habitude. Sans compter que de toute façon, il se faisait tellement distant que Kerr avait l’impression de le voir simplement lors des répétitions du groupe, aussi lui voler un moment entre ses bras lui était impossible. Et là, Phoenix lui offrait cette chaleur, ce réconfort qu’il n’espérait plus et qu’il n’avait pourtant pas non plus pensé mériter, et tandis que son ami lui tapotait son dos, Kerr l’enlaça à son tour dans ce qui ressemblait plus à une tentative de s’accrocher désespérément à lui pour ne pas sombrer. S’il avait encore fallut une preuve à Kerr de l’amitié du Poufsouffle, il la lui aurait donné à ce moment précis.

L’étreinte de Phoenix se fit moins insistante mais Kerr ne le lâcha pas pour autant, craignant de le voir disparaître si jamais il ne le retenait pas. Il savait que le jeune homme allait lui dire quelque chose, sûrement quelques paroles réconfortantes et il voulait les entendre bien qu’il ne pensait pas qu’elles puissent lui être d’une grande aide malheureusement. Il était tellement certain de sa culpabilité et même le traumatisme était bien trop grand pour que quelques mots, même bien choisis, puissent le faire aller mieux. Pour autant il l’espérait quelque part, aussi planta-t-il son regard dans celui de son ami.

Si tu étais resté, qu’est-ce que ça aurait changé ? Si tu avais vengé Gray d’une quelconque manière ce soir-là, et que tu y serais passé toi aussi ; qu’est-ce que ça aurait apporté, à part des larmes en plus ? Qu’est-ce que les Blackbirds seraient devenus ? T’auraient-ils remplacé ?

Il avait raison. S’il avait fait quelque chose d’inconsidéré et qu’il était mort lui aussi, il n’aurait qu’apporté un peu plus de peine à son entourage. Mais en même temps, il ne pensais pas mourir pour la sauver, et il avait encore eu dans l’idée de la venger. Il pensait simplement qu’il aurait pu éviter sa mort. En ne proposant pas de rester ou en leur disant de s’en aller et de ne pas rester avec lui, même s’il doutait fort qu’ils l’aient écouté. Mais ce qui frappa le plus Kerr se furent les dernières paroles de Phoenix. Le remplacer ? Le groupe l’aurait sûrement fait, oui. Pas au niveau humain, mais au niveau de la musique, pour avoir un bassiste, il en était certain et cela ne le peinait pas. Ce qui lui tournais en tête, c’était plutôt : est-ce que Jaylen l’aurait remplacé lui ? Certainement. Après tout il se perdait dans les bras de tout Poudlard alors qu’il était là, présent et tout à lui – maintenant faisait exception – alors s’il était mort cette nuit là, s’il venait à mourir prochainement, le Serpentard le remplacerait certainement par un autre. Son cœur en saignait à cette idée mais il cherchait du réconfort dans les mots d’amour que lui avait soufflé Jaylen avant de partir la dernière fois. Mais n’était-ce finalement pas que le fruit de son imagination qui l’avait poussé à croire qu’il ait pu dire ça ? Après tout ce n’était qu’un murmure et il n’était même pas sûr de l’avoir bien compris.

Tu sais très bien que tu es irremplaçable Kerr, et j’imagine qu’ils auraient engagé un bassiste dix fois moins talentueux que toi. Leur groupe, ainsi que chaque membre, tout serait tombé. Tu es un des piliers principaux, et sans toi, tout… Tout s’effondre. Qu’est-ce que, moi, je serais devenu ? Est-ce que Jacquelyn serait toujours en vie aujourd’hui, sans toi ?

Oh oui, il ne s’inquiétait pas pour Jacquelyn. Il était persuadé que quoi qu’il arrive, elle aurait survécu ! Mais cela le toucher de se sentir si important pour Phoenix, au point qu’il puisse se sentir comme perdu sans lui. Il n’avait plus la désagréable impression de n’être qu’un poids, un fardeau pour les autres et d’avoir en plus de cela mener une pauvre innocente à la mort pure et simple. Ces quelques mots lui réchauffaient le cœur, mais ça ne lui enlevait malheureusement pas le poids de la culpabilité.

Si tu t’étais élancé à sa place pour protéger Caleb, et que Gray était toujours en vie aujourd’hui, elle ne se rongerait pas les ongles en se demandant ce qu’elle aurait fait si elle était morte à ta place. Elle se relèverait humblement, et avancerait, plus forte, se promettant de ne plus jamais avoir à voir quelqu’un mourir sous ses yeux.

La bouche de Kerr s’entrouvrit mais aucun son ne s’en échappa pour autant. Il avait raison. Il n’avait pas réellement connu la Gryffondor mais elle ne se serait pas apitoyée sur son sort, elle n’aurait pas laissé la culpabilité la ronger, non ! Elle aurait relevé la tête, aurait marché droit et fièrement, elle aurait certainement profiter de chaque instant de sa vie qu’elle possédait encore, sachant avec cette expérience qu’elle ne tient qu’à un fil et qu’on peut mourir du jour au lendemain sans avoir accomplie ne serait-ce que la quart de ce qu’on désirait. Il devait adopter la même façon de penser, il devait cesser de se morfondre et se redresser même s’il savait que ça ne serait pas évident. Bien entendu il en avait l’envie, mais la situation restait difficile et douloureuse à surmonter, mais il y parviendrait !

« Tu as raison. » Avoua-t-il finalement en lâchant son ami. « Ce n’est pas la bonne attitude, même si… c’est difficile de faire autrement. Mais je vais surmonter ça, il le faut, et je sais que j’y arriverais avec toi pour m’épauler. »

N’était-il pas en train de mettre un énorme poids sur les épaules de Phoenix ? Qui lui disait qu’il voulait d’une telle responsabilité ? Mais Kerr ne pensais à cela, et encore moins à mal en disant ça. Il savait que la culpabilité et les cauchemars du à cet évènements ne partiraient pas aussi aisément et d’eux même, il devait faire des efforts pour passer au dessus de toit ça, mais pour cela il avait besoin d’aide et il était persuadé qu’en ayant Phoenix à ses côtés, tout serait plus facile, ou du moins faisable. Il n’oublierait jamais la mort de Gray, encore moins de ce qui lui avait coûté la vie, mais il devait apprendre à vivre avec. Oui avec ça et non avec sa culpabilité !

« Heureusement que je t’ai Phoenix, je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi, ni même ce que j’aurai fait. Merci. »

Il lui lança un petit sourire timide mais un sourire tout de même. Depuis combien de temps cela ne lui était pas arriver, de sourire simplement ? Il n’y avait pas à dire, Phoenix lui faisait un bien fou. D’ailleurs il était le seul à qui il s’était confié, mais aussi le seul avec qui il en avait eu envie. C’était sûrement parce qu’il était celui en qui il avait le plus confiance.

Bon. Il ignorait si ses paroles avaient eu un effet quelconque sur le jeune homme. Et s’il avait parlé dans le vent ? Enfin, Phoenix aurait tout de même la mince satisfaction d’avoir essayé. Kerr semblait tout de même l’entendre, bien qu’emporté par le regret et paraissait comprendre ce qu’il disait. Peut-être était-il convaincu ? Phoenix l’espérait, ce qui sortirait Kerr de son état et ne le ferait pas faire de connerie – bien que ce dernier détail était encore à vérifier. Premier point positif : Kerr ne le lâchait pas. Il était conscient qu’il lui fallait une perche sur laquelle s’accrocher pour ne pas sombrer avec le bateau. Et il s’avérait que Phoenix était peut-être cette sortie de secours. Que faisait Jaylen alors ? Phoenix parierait toutes ses cartes de Chocogrenouilles qu’il était en train de mater d’autres demoiselles – ou damoiseaux – assez bien bâti(e)s qui traversaient le même couloir que lui.

Quoique, en réalité, Phoenix était beaucoup moins confiant qu’il ne pouvait le paraître. Il s’inquiétait réellement de l’état de Kerr, et après avoir terminé son discours, qui transpirait l’assurance, il n’était pas sûr du tout de lui-même. N’était-ce pas lui qui avait réellement besoin d’entendre ces mots de la bouche d’un autre ? N’était-ce pas lui qui avait miraculeusement – ou malheureusement – retrouvé Karolyn et s’était retrouvé dans une histoire infernale et ne savait pas comment s’en sortir ? Il ne pouvait même pas pu confier cette histoire à Kerr, puisque c’était lui qui était certainement au centre de cette affaire et que ça le replongerait dans le lac sombre d’où il venait de sortir. Phoenix se sentait mal à l’idée que Kerr doive encore affronter quelque chose, mais le résoudre lui-même, seul, n’était peut-être pas une si bonne idée. Il devait lui en parler. Il fallait qu’il sache. Cependant…


Tu as raison. Ce n’est pas une bonne attitude même si… C’est difficile de faire autrement. Mais je vais surmonter ça, il le faut, et je sais que j’y arriverais avec toi pour m’épauler.


… Il ne pouvait pas se résoudre à briser ça, cette résolution soudaine, ce retour. Il ne pouvait pas.


Heureusement que je t’ai Phoenix, je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi, ni même ce que j’aurais fait. Merci.


La première fois que Phoenix avait vu Kerr, c’était après avoir rencontré sa première amie dans Hogwarts, Jacquelyn. Bien sûr, il y avait Wayne, mais il le connaissait avant son entrée à Hogwarts, donc ça ne pouvait pas compter.
C’était lors de la répartition. Phoenix était passé juste après Kerr et ils avaient atterris dans la même maison. Un regard, et tout ce qui pouvait assurer qu’il y avait une autre amitié dans l’air. Phoenix s’était installé en face de Kerr, puis avait tranquillement engagé la conversation. Nom. Provenance. Intérêts généraux. Critiques sur quelques personnes. Ça avait été vraiment très simple et très rapide. Un sourire timide. Toujours ce même sourire cinq ans plus tard.
Ça donnait toujours le même effet communicatif chez Phoenix, qui lui sourit avec un grand plaisir visible. Il était vraiment heureux. Différents sentiments paraissaient se battre à l’intérieur de lui mais pour l’instant, seul le bonheur primait. Et la confirmation que Kerr tenterait d’avancer – avec ou sans son appui, car Phoenix savait que son ami était capable de le faire seul, bien qu’au fond de lui, Kerr semblait ne pas en avoir encore l’impression – lui suffisait amplement, peu importe la charge, dont Phoenix ne sentait pas encore le poids, qu’il aurait sur son dos.


De rien.


C’était tout. Rien de plus. Pas besoin, un regard brillant d’espoir et un sourire suffisaient.







Fin.