Petite retenue entre amies [Quinny] | Terminé |

«Quoi ?!»

Un sourire amusé étira mes lèvres devant sa réaction comme pour attiser un peu plus sa colère envers moi. C'était peut-être le cas, d'ailleurs. Je la dévisageai, la tête légèrement inclinée sur le côté, essayant de ne pas éclater de rire devant la mimique qu'elle abordait. À ce moment précis, je comprenais totalement pourquoi je prenais un plaisir fou à résister à l'envie de lui chercher des noises chaque fois que je la croisais dans les couloirs.

«Tu te fiches de moi ? Je te saute pas à la gorge, c'est toi qui me provoques ! Arrête de jouer les innocentes, tu sais très bien où il faut taper pour que ça fasse mal. Tu crois que...»

Elle se tue lorsque mes mains claquèrent. Dommage, j'aurais préféré continuer cette joute verbale des plus amusante, mais je n'avais pas envie d'avoir d'autres heures de colle suplémentaire alors aussi bien s'y mettre maintenant et se chercher des poux plus tard, si on en était capable, ce qui ne serait pas très aisé, je l'avoue. Je me remis à faire les cent pas, incapable de tenir en place quelques secondes de plus. J'avais l'impression que j'allais devenir folle à rester immobile encore quelques heures, c'était simplement inhumain de passer tant de temps assis sur une chaise après une journée entière de cours. Le sourire las de Bonnie me fit grimacer légèrement, ce ne fut que lorsqu'elle tapota la chaise près d'elle que je plissai le nez de façon réellement agacée.

«Très bien... Dans ce cas, reviens t'asseoir au lieu de faire les cent pas. Il vaut mieux que tu te détendes si tu veux travailler.»

«On dit "S'il te plaît" Bonnie, la politesse, tu ne connais pas?»

Je ne nous aidais pas, j'en étais consciente, mais je ne pouvais m'y empêcher. À croire qu'il était inné de piquer Bonnie de la sorte, comme s'il était inscrit dans nos gène que l'on devait toujours ce disputer ainsi. Entre nous, les conversations dites "normales" où on ne faisait qu'échanger certains point de vu de façon civilisé n'existait pas vraiment, voir, pas du tout. Sans cela, nous ne nous serions sans doute jamais rapprochées de la sorte, je me serais contenté de la détester comme je haïssais dans de gens dans cette école, sans même prendre la peine de connaître cette partie de Bonnie qui m’amusait autant. Son sens de la répartie était sans doute ce que je préférais chez elle. Pendant un moment, j’avais cru que c’était la seule qualité qu’elle possédait avant de me rendre compte que c’était faux. Ce n’était pas la seule chose que j’aimais chez elle, malgré ce que j’avais cru. Il aurait été tellement plus facile de n’aimer la Serpentard que parce qu’elle était légèrement soupe au lait, n’être avec elle que quelques heures sans plus sans qu’elle ne me manque une fois dans sa salle commune où avec ses copains. Ce qui n’était pas le cas, malheureusement pour moi. Loin d’elle, je m’ennuyais, autant de sa présence que de nos joutes, ce que je ne comprenais pas vraiment, peut-être qu’elle y voyait plus clair que moi? Je n’osai pas pauser la question cependant.

Je fini par rejoindre ma place avec mauvaise humeur. Posant mon menton dans ma paume, le coude appuyer contre le bureau, j’observais le parchemin avec mécontentement. Le concierge venait de s’ajouter sur ma liste de noir, malheureusement pour moi, je ne pouvais pas me montrer aussi déplaisante avec lui qu’avec les élèves que je ne pouvais supporter. Bon alors, le respect. La seule chose qui me venait à l’esprit était le respect de la vie, venant de quelqu’un qui a commis un meurtre c’était plutôt ironique. Je n’osais tout de même pas proposer mon idée, et puis, j’ignorais totalement comment le développer correctement, surtout avec l’envie de titiller Bonnie qui pointait le bout de son nez à toute les quinze secondes. À croire que j’étais d’une maturité digne d’un enfant de trois ans avec elle près de moi.

«En tout cas, puisqu'on planche sur le sujet, je tiens à préciser que je respecte ta façon d'agir avec moi. Sans ça, on s'ennuierait, non ? Malheureusement, je crois pas que ça soit un bon exemple à mettre sur notre copie. Bon, deux filles intelligentes comme nous devraient bien pouvoir arriver à faire quelque chose de convenable ! »

Je fus secoué d’un léger fou rire devant ses paroles. Elle avait bien raison de dire que l’on s’ennuierait, mais de là à respecter ma façon d’agir avec elle, elle ne poussait pas un peu? Lorsque je réussis à cesser de rire, je l’observai avec suspicion. Croyait-elle vraiment que nous pouvions arriver à écrire ce fichu devoir sur le respect? J’étais bien moins certaine qu’elle, mais si elle y croyait. Et puis, ce n’était pas comme si nous avions le choix. Bonnie avait néanmoins raison, nous étions toutes les deux intelligentes, alors pourquoi ce devoir nous cause autant de difficulté?

«Bon, j'ai peut-être une idée, je mets ça sur un brouillon, tu me diras si ça te convient...»

« Si ça t'amuse, ne te gêne pas pour moi»

Pendant que la Serpentard se plongeait dans une rédaction sur le merveilleux sujet qui nous était imposé, je me mis à jouer avec une mèche de cheveux tout en l'observant avec attention. Elle et moi ne nous étions jamais fait de réelles confidences et je me demandais à quoi cela pourrait ressembler entre nous deux. J'imaginais très mal la scène. Il était peut-être préférable d'en rester à ce stade-ci non? Je sursautai doucement lorsque mon amie jeta avec une certaine violence sa plume et son parchemin. Elle se tourna vers moi avant de se lancer dans une nouvelle tirade.

«Par Salazar ! J'arrive à rien ! Ce devoir est vraiment nul. Il aurait pas pu trouver autre chose ? Des exercices à faire, des chaudrons à nettoyer ? J'aurais préféré ça, on aurait pas trop eu besoin de réfléchir !»

« C’est facile à comprendre, moi aussi, avoir l’intelligence d’une représentante de Serpentard, j’aurais préféré récurer des chaudrons. Je me demande même si tu es capable de faire fonctionner tes neurones, ça ne te cause pas de saignement de nez lorsque tu réfléchies, dis-moi? Si c’est le cas, prenons une pause avant que tu t’évanouisses sous le coup de l’effort»

Je pris le parchemin et lu les quelques lignes qu’elle avait prit le temps d’écrire sur la loi du Talion. Ce n’était pas si mal, du moins, le contenu était bon, malgré les quelques lacunes. L’idée comme le développement était acceptable, mais à deux, nous pouvions faire quelques choses d’encore mieux, n’était-ce pas le but premier, faire la dissertation en équipe? Posant le parchemin sur la table, j’observais mon amie avec un sourire narquois avant que mon index ne taquine sa tempe avec malice.

« Je suis étonnée de voir qu’il y ai quelque chose là-dedans, tu n’es peut-être pas aussi bête que tu semble l’être au finale, je suis fière de toi, tu mérites une jolie gâterie pour la peine! »

La réponse de la Serdaigle à la mauvaise humeur de Bonnie ne se fit pas attendre, et comme d'habitude, elle était acerbe et cinglante.

- C’est facile à comprendre, moi aussi, avoir l’intelligence d’une représentante de Serpentard, j’aurais préféré récurer des chaudrons. Je me demande même si tu es capable de faire fonctionner tes neurones, ça ne te cause pas de saignement de nez lorsque tu réfléchies, dis-moi? Si c’est le cas, prenons une pause avant que tu t’évanouisses sous le coup de l’effort

La Serpentard ne répondit rien de prime abord, se contentant de lancer un regard assassin à sa camarade, suivi d'un rictus blasé. Certes, elle avait raison, Bonnie ne se fatiguait pas beaucoup à réfléchir, mais c'était facile de donner des leçons quand c'était l'autre qui s'efforçait de prendre les devants. Quinn non plus n'avait pas beaucoup travaillé jusque alors. La critique est facile, mais l'art est difficile. Et par surcroît, elle se moquait d'elle en lui proposant une pause comme si elle avait été surmenée ? C'était gonflé. Si la Serdaigle avait donné de bonnes idées, Bonnie se serait certainement écrasée et n'aurait pas insisté. Mais là tout de même, elle exagérait. La Serpentard s'apprêtait donc à lui faire part de façon incisive de ce qu'elle pensait de sa façon de travailler et de lui faire des reproches, mais elle vit alors son amie s'emparer du parchemin pour lire ce qu'elle avait rédigé. Bonnie préféra donc se taire et attendre le verdict. Si ce dernier était négatif, elle ne se priverait pas pour lui dire le fond de sa pensée sans prendre de gants. Mais elle vit Quinn faire un sourire en reposant la feuille.

- Je suis étonnée de voir qu’il y ai quelque chose là-dedans, tu n’es peut-être pas aussi bête que tu semble l’être au finale, je suis fière de toi, tu mérites une jolie gâterie pour la peine!

Bonnie hésita alors entre plusieurs réactions contradictoires. L'agacement, parce qu'elle avait du mal à supporter le doigt de Quinn insister sur sa tempe. La condescendance, parce que la Serdaigle osait prétendre que Bonnie avait l'air bête, ce qu'elle trouvait particulièrement ridicule, surtout venant de la part d'une gamine. Car oui, Quinn avait tout de même deux ans de moins qu'elle, ce n'était pas rien. La fierté, parce qu'elle paraissait tout de même sincère dans ses propos et que ce qu'elle avait écrit semblait lui avoir plu. Et enfin, la gêne, parce que Quinn avait prononcé le mot gâterie, et que dans l'esprit de la Serpentard, c'était un terme assez tendancieux. Mais elle avait certainement dit ça pour plaisanter, il allait de soi. Finalement, elle fut tellement partagée par toutes ces réactions qu'elle ne broncha pas, se contentant de la stupéfaction la plus pure. Elle arqua un sourcil et lança un regard interrogateur à la Serdaigle. Finalement, elle soupira et répondit d'un ton las.

- Garde tes sarcasmes pour toi veux-tu ? C'est déjà assez difficile d'avoir à faire ce travail à deux, si en plus tu te moques de tout ce que je fais... Bon, écoute, je vais essayer de m'y mettre sérieusement. Je vais reprendre ce que j'ai écrit, ça servira pour un chapitre au moins. C'est mieux que rien. Tu peux chercher d'autres idées pendant ce temps.

Elle raya ce qu'elle venait d'écrire et recommença. Elle avait l'intention de faire un argumentaire plus sérieux sur la question, illustré par des exemples. Après tout, ce n'était pas la première dissertation qu'elle avait à faire. Bien sûr, d'habitude, elle travaillait seule, ce qui lui semblait plus aisé. Mais il fallait voir le bon côté des choses, elle ne devrait avoir que la moitié du travail à faire. Enfin, si Quinn respectait sa part. Mais elle repensa à ce que la jeune fille lui avait dit, et au bout de deux lignes, elle s'arrêta et se tourna à nouveau vers son ami, un sourire goguenard sur les lèvres.

- Une gâterie, hein ? Tu es tellement en manque ? Je sais que tu ne peux pas avoir Andrews mais de là à te rabattre sur les filles...

Elle avait voulu ironiser pour se moquer un peu d'elle, comme d'habitude, mais elle regretta immédiatement ses paroles. Elle était sans doute allée trop loin, elle savait que Clyde était son point faible et c'était bas d'appuyer ainsi là où ça faisait mal. Elle leva les yeux au ciel en comprenant son erreur et tenta d'arrondir les angles...

- Désolée. Ce que j'ai dit était stupide. Je sais très bien que tu n'as pas besoin de ça. De toute façon, Andrews ne sait pas ce qu'il loupe, voilà tout. Il passe à côté de l'une des plus jolies filles de Poudlard, et qui a des points communs avec lui. Tant pis pour lui, tant mieux pour les autres !

Bonnie elle-même ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi Clyde se désintéressait ainsi de Quinn, la considérant plus comme un "pote" que comme une potentielle petite amie. Elle était pourtant très féminine, très belle, et ils se ressemblaient tellement qu'ils semblaient être faits l'un pour l'autre. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore. La Serpentard se racla alors la gorge, consciente qu'elle en avait un peu trop fait.

- Hum, bon. On va dire que je t'ai offert mon lot de gentillesse pour les six mois à venir, profites-en bien ! Ça ne risque pas de se reproduire. J'ai pas envie de me transformer en guimauve, ok ? Donc, reprenons ce devoir. Je note quand même pour la gâterie, hein, à l'occasion.

Elle ponctua sa phrase d'un sourire moqueur. Elle prenait évidemment ça sur le ton de la plaisanterie, n'imaginant pas une seule seconde faire quoique ce soit de déplacé avec une fille. Elle était purement et simplement hétéro, et de toute façon elle était avec Carter. Elle continua, plus sérieuse cette fois.

- Je reprends ma rédaction, alors continue de chercher des idées, ok ? Faudrait qu'on arrive quand même à partager le travail équitablement. Tu t'en sens capable ou c'est trop dur à gérer pour une petite fille ?

Sourire sardonique. Elle reprenait les bonnes vieilles habitudes.

Ma dernière phrase n'était évidemment pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Quinn se leva brusquement, sous l'œil anxieux de la Serpentard, qui se demandait si elle n'y avait pas été un peu fort sur ce coup-là. La Serdaigle se planta devant elle, et son sourire doucereux ne présageait rien de bon tandis qu'elle se penchait vers elle. Bonnie avala sa salive mais n'osa pas bouger, comme tétanisée. Elle s'attendait à recevoir une gifle, ou un traitement du même genre. Pourtant, elle ne recula pas. Les yeux de son amie l'hypnotisaient. Elle sentit sa main effleurer sa joue. Elle lui lança un regard suspicieux, effaçant son air stupéfait, se demandant où elle voulait en venir. Mais elle se recula alors, et Bonnie fut soulagée une fraction de seconde, avant que Quinn ne reprenne la parole.

- Tu sais ce qu'elle te dis la petite fille?

La Serpentard n'eut pas le temps d'y réfléchir. Sa camarade se pencha à nouveau vers elle et l'embrassa, purement et simplement. Sous le coup de la surprise, Bonnie ne la repoussa pas. Contre toute attente, elle la laissa même prolonger le baiser et le trouva particulièrement agréable. C'était la première fois qu'elle embrassait une fille, cette idée ne lui ayant d'ailleurs jamais traversé l'esprit. Si elle avait su que cette première fois serait avec Quinn... elle n'y aurait évidemment pas cru. Mais ça n'avait rien de dégoûtant, bien au contraire. C'était doux, et sucré. Peut-être plus sensuel que le baiser d'un garçon, alors que Quinn n'y avait certainement pas mis toute sa ferveur. Ça n'était pas un french kiss, mais ça allait plus loin qu'un simple baiser sur les lèvres. Les yeux clos, Bonnie n'avait pas vraiment envie que ce geste se termine. La Serdaigle en avait néanmoins décidé autrement, et s'écarta d'elle. Bonnie ouvrit les yeux, et réalisa que son amie semblait elle-même abasourdie par ce qu'elle venait de faire. Elle la vit se mordre nerveusement la lèvre.

- Ça a au moins le mérite de te faire taire...

A l'évidence... Et pour cause, la Serpentard restait complètement interdite, toujours sous le choc. Mais quelle excuse ! Elle pouvait user d'un autre moyen pour ça... Même si, à bien y réfléchir, Bonnie ne voyait pas de méthode plus agréable. La bouche à demi ouverte, elle restait toujours sans voix, ne sachant par où commencer. Il était évident que Quinn attendait une réaction, mais elle en était pour le moment incapable, tellement cette situation était... bizarre. Jusqu'à présent, elles s'étaient toujours envoyé des piques voire insultées, et voilà qu'elles s'embrassaient ? Certes, elles s'étaient beaucoup rapprochées, s'étaient découvert des points communs, mais de là à passer au statut de... couple ? Enfin, ça ne voulait rien dire, c'était juste un baiser sans conséquence, une sorte de jeu, bien sûr. Un jeu auquel elle avait bien envie de continuer à jouer, cependant. Sentant que le silence devenait trop pressant, elle se força à bredouiller quelques mots, sur un ton quelque peu ironique.

- C'était uniquement pour me faire taire, vraiment ?

Elle fit doucement glisser ses doigts sur le bras de la jeune fille. Comment lui expliquer qu'elle préférait qu'il y ait une autre raison, sans pour autant lui faire croire qu'elle voulait que ça aille plus loin ? Elle se sentait perdue, partagée entre son désir du moment et la voix de la raison. Elle était hétéro, elle avait un petit ami, et donc aucune raison d'avoir envie de partager ce genre de chose avec une fille. Elle leva les yeux sur elle, et se mordit la lèvre à son tour. Il ne s'agissait pas d'une attirance sexuelle, ni même amoureuse, sans quoi elle l'aurait sans doute sentie depuis longtemps et se serait posé des questions sur sa sexualité. Elle ne savait comment expliquer ce qu'elle ressentait. Disons, une attraction due à une certaine affection. Et surtout, elle aimait le contraste entre la violence habituelle des mots qu'elles échangeaient et la douceur de ce baiser. C'était comme passer d'un coup du chaud au froid, et ça avait un côté excitant qui lui plaisait, qui l'émoustillait même. L'interdit aussi, l'inconcevable même. Qui pourrait se douter qu'une telle chose pût avoir lieu entre ces deux-là ? Bref, toute une série de raison qui lui donnaient envie de continuer sur cette voie. Paniquant à cette idée, elle stoppa son geste, se releva d'un seul coup, envoyant un regard presque catastrophé à la Serdaigle, et se mit à son tour à faire les cent pas.

- Écoute, je ne sais pas trop ce qui t'est passé par la tête, et c'est vrai que je ne t'ai pas repoussée, mais tu fais fausse route là. J'aime les garçons, et je suis avec Carter. Donc, ok, disons que t'as voulu me faire taire, et on s'arrête là, d'accord ? A moins que...

Elle s'arrêta subitement. Elle avait peut-être un peu exagéré ses propos, comme si ce baiser avait fait office de déclaration de la part de Quinn, alors qu'il n'en était probablement rien. Elle était sans doute à côté de la plaque. Pourquoi en faire toute une histoire ? Si c'était un simple geste innocent, elles pouvaient l'oublier, ou bien... continuer la partie. Bonnie se rapprocha de la jeune fille et planta son regard dans le sien de façon solennelle.

- Ce baiser... Il était sans arrière-pensée, n'est-ce pas ? Tu n'attendais rien de moi ? J'en fais sans doute tout un drame pour rien, mais c'est peut-être parce que ça m'a plu, au fond... Passer tout à coup d'un extrême à l'autre, de la haine à l'amour, c'est assez excitant, tu ne trouves pas ?

Avec un sourire mutin, elle passa sa main dans les cheveux de son amie. Elle ne pouvait nier que cette dernière était très belle, et que ça ne gâchait rien. Andrews ne savait vraiment pas à côté de quoi il passait. Si Bonnie n'avait pas été avec Carter et si elle n'avait pas peur des on-dit, elle aurait certainement éprouvé un malin plaisir à s'afficher avec elle devant lui. Mais si elles recommençaient, il était évident que ça ne pourrait pas être en public. Et à dire vrai, elle avait plutôt envie de recommencer. Maintenant, même.

- Alors disons que... C'est un nouveau petit jeu entre nous, d'accord ? J'espère que tu as envie d'y participer...

Elle se jeta à l'eau, et posa délicatement ses lèvres sur celles de la jeune fille. Elle avait encore du mal à réaliser à quel genre de pratique elle s'adonnait, mais elle ne se posait plus de questions. Avec toute la douceur dont elle était capable, elle goûta et regoûta les lèvres de la Serdaigle, pendant plusieurs secondes. Elle poussa même le vice jusqu'à chercher sa langue pour jouer avec, mais réalisa qu'elle allait sans doute trop loin et interrompit son geste. Elle s'écarta et se pinça les lèvres.

- Désolée. C'était... involontaire.

Elle fronça les sourcils, soucieuse, et se passa nerveusement la main dans les cheveux.

- Je t'avoue que je suis un peu perdue là.

La Serdaigle sembla excédée par la réaction de Bonnie. Elle soupira, comme si la Serpentard s'était montrée particulièrement ennuyeuse avec ses états d'âme. Pourtant, il y avait de quoi être perturbé par la situation. Peut-être était-ce un jeu, mais il n'avait rien d'anodin, et c'était la première fois que Bonnie essayait ce genre de chose. Si un garçon avait été à la place de Quinn, elle aurait déjà été troublée, alors une fille... Elle se demandait encore si tout ça avait réellement eu lieu. Elle en avait complètement oublié qu'elle était en retenue et censée faire un devoir.

- C'est un jeu Bonnie, tu l'as dis toi même. Je ne te sauterai pas dessus au milieu du couloir. Et puis ce n'est pas toi que....je ne t'aime pas, enfin pas comme ça. Alors jouons!

Cette réponse rassura brusquement la jeune fille. Au moins, elles étaient d'accord, c'était juste un jeu sans conséquence, rien de plus. Elle la laissa approcher, tremblant légèrement, non de peur mais d'excitation. Elle y avait vraiment pris goût, et frémit au contact des mains de la jeune fille sur ses bras. Elle avait comme une envie de la laisser mener la danse, de se soumettre à sa volonté. Ses lèvres étaient déjà brûlantes quand le pouce de la Serdaigle les effleura. Bonnie imita son sourire, dans l'expectative. Puis, le troisième baiser tant attendu, mais qui dura beaucoup trop peu de temps à son goût. Elle en fut déçue, mais ne broncha pas. Elle ne devait peut-être pas se montrer trop gourmande au risque d'induire la jeune fille en erreur, ou bien de se mettre en position de faiblesse.

- Ton copain va vouloir me jeter en bas de la tour d’astronomie s’il l’apprend.

Possible. En fait, elle ne connaissait pas l'attitude de Carter à ce niveau. Elle ne lui avait jamais donné l'occasion de faire une crise de jalousie. Mais la savoir avec une fille ne risquait certainement pas de lui faire plaisir. A moins qu'il n'y voie là l'un des plus grands fantasmes des hommes, la possibilité de faire l'amour avec deux filles en même temps. Pour ça, il pouvait toujours courir. D'ailleurs, elle n'atteindrait sans doute jamais le niveau en dessous de la ceinture avec Quinn, et elle n'osait pas vraiment penser à cette idée. Elle essaya d'imaginer le cas inverse. Carter avec Connor, par exemple... Cette pensée lui arracha un sourire. Ça pouvait ne pas être désagréable, en fait. Mais tout de même, elle n'avait pas envie qu'il vire sa cuti. De toute façon, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Carter ne saurait rien de tout ça, voilà tout. Et s'il l'apprenait, elle lui dirait qu'il s'agissait d'un (mieux vaudrait ne pas préciser qu'il y en avait eu plusieurs) simple baiser innocent, sans arrière-pensée. Tandis qu'elle était plongée dans ses réflexions, la Serdaigle s'éloigna d'elle et lui tourna le dos. Bonnie s'inquiéta un peu. Était-elle en train de changer d'avis ? Finalement, la jeune fille se retourna.

- Je suis également perdue…il va nous mener où, ce petit jeu, dis-moi?

Bonnie fit une moue embarrasée. C'était également la question qu'elle se posait. Pour le moment, ça n'allait pas très loin, mais après ? Et si elles en venaient à vraiment y prendre goût, et que ça dépasse leur volonté ? Ou au contraire, si elles finissaient par être vraiment dégoûtées l'une de l'autre, et ne plus pouvoir se supporter ? Tant d'hypothèses qui ne plaisaient pas du tout à la Serpentard. Elle hésitait. Elle se passa nerveusement la main dans les cheveux et se mordilla les lèvres avec embarras.

- Je ne sais pas... A vrai dire, je n'ai pas vraiment envie d'y penser. Je ne veux pas me prendre la tête. D'accord, c'est vrai que j'aime bien me prendre la tête avec toi, mais là, c'est pas le même genre de prise de tête. Mais à partir du moment où on ne prend rien au sérieux, tout devrait aller, non ? A quoi ça sert de réfléchir ? On doit déjà assez réfléchir pour ce devoir, qu'on a d'ailleurs complètement oublié. Tu es consciente qu'on va certainement devoir se retaper une nouvelle heure de colle ? J'espère simplement qu'on sera encore ensemble...

Elle esquissa un sourire malicieux. Finalement, si les heures de retenues se multipliaient en sa compagnie, elle ne s'en plaindrait pas vraiment, surtout si elles les passaient à... ce genre d'activité. Pas de prise de tête. C'était tout ce qu'elle pouvait espérer. Elle s'avança vers la jeune fille, lissant lentement ses cheveux qui n'avaient pas besoin de l'être. D'une main, elle caressa délicatement les cheveux de la Serdaigle. Elle semblait plus sérieuse, cette fois. Elle fit une moue dubitative avant de reprendre la parole.

- Nous deux, est-ce qu'on s'aime ou est-ce qu'on se déteste ? Je me dis que finalement, c'est assez drôle qu'on se déteste "officiellement", alors que dans l'intimité...

Elle posa à nouveau ses lèvres sur celles de Quinn et les lui mordilla sensuellement. Elle les délivra ensuite, s'écartant un peu, ses yeux toujours plongés dans ceux de son amie.

- Impossible que les autres imaginent ce genre de chose. C'est ce qui se serait drôle, au fond, qu'on se joue de tout le monde.

Elle fit un sourire sardonique. Voilà ce qui serait réellement intéressant, voilà ce qui ferait toute l'essence du jeu. Continuer à se déchirer en public, se rapprocher en privé. Elle avait envie de ce genre de piment, et d'autant plus que ces derniers temps, elle se sentait particulièrement seule, comme si personne ne pouvait la comprendre. Bien sûr, Quinn n'était pas vraiment plus à même de la comprendre que les autres, et il ne s'agissait en rien d'un rôle de confidente qu'elle lui offrait. Mais c'était comme un genre de monde parallèle dans lequel se réfugier quand on en avait marre de la réalité. Une réalité virtuelle. Un jeu, tout simplement.

- Tu te sens d'attaque pour continuer notre dissertation ?

[HJ : Bon, c'est très court, désolée ^^' ]

Bonnie avait beau avoir posé la question, elle ne se sentait elle-même pas du tout d'attaque pour reprendre ce devoir là où les deux jeunes filles l'avaient laissé. Elle avait bien envie de tirer une croix dessus, mais elle savait pertinemment qu'elles écoperaient, au mieux, d'une nouvelle heure de retenue pour le terminer. Elle avait beau trouver la compagnie de Quinn plus sympathique à présent, la perspective de rester à nouveau enfermée dans cette salle ne l'enchantait pas du tout. Allait-elle enfin arriver à se concentrer sur ce travail ? Rien n'était moins sûr. Et certainement pas quand la Serdaigle lui lançait un tel sourire espiègle.

- J'ai une bien meilleure idée.

Et de l'embrasser à nouveau, avec autant sinon plus de sensualité. Comment voulait-elle qu'elles arrivent à se concentrer dans ces conditions ? Bonnie profita tout de même de l'instant, tout en décidant au fond d'elle que ce devait être le dernier du genre pour cette heure-ci. Il fallait être raisonnable et revenir aux choses sérieuses. Le jeu n'était-il pas censé se lancer réellement en présence des autres ? Finalement, Quinn rompit le baiser, le même sourire aux lèvres, puis retourna s'asseoir d'un air las.

- Mais si tu y tiens...

Ce fut au tour de Bonnie de sourire, et elle alla s'installer à côté d'elle, reprenant sa plume en main.

- Oui, j'y tiens. Non pas que tes idées me déplaisent, mais ni toi ni moi n'avons envie de passer notre temps ici à travailler. Autant en finir au plus vite. Tiens, j'ai une idée.

En effet, un autre exemple venait de faire son apparition au sein de ses réflexions. Elle commença à écrire avec sérieux et application, même si elle ne s'était pas encore remise de ses activités avec la Serdaigle. Tout ça allait certainement la travailler pendant longtemps, particulièrement en présence de Carter, mais sans doute aussi de Clyde. Que dirait-il s'il apprenait ce qu'il se passait ? Comment réagirait-il ? On dit que ce genre de relations entre fille est un fantasme pour de nombreux hommes. Clyde verrait peut-être Quinn autrement que comme une simple amie. Et Bonnie ? La Serpentard ne savait pas du tout ce qu'il pensait d'elle, en fait. Mais en ce qui la concernait, elle avait beau se dire que c'était un sale type, elle avait toujours de l'admiration pour lui. La jeune fille se rendit compte alors qu'elle était tellement partie dans ses pensées qu'elle avait commencé à écrire n'importe quoi. Elle effaça ses bêtises et corrigea avec des phrases plus pertinentes. Une fois son chapitre terminé, elle tendit son parchemin à Quinn.

- Tiens, dis-moi ce que tu en penses. Si ça te va je continue. Si tu as des idées aussi, n'hésite pas !

Pendant que la Serdaigle lisait, Bonnie repensa à ce qu'elle lui avait dit un peu plus tôt, et qu'elle n'avait pas relevé. Il semblait qu'il y avait eu un quiproquo, que Quinn croyait qu'elle avait employé le verbe "aimer" au sens "amoureux" du terme. Ou alors, elle se moquait vraiment de Bonnie. Comment pouvait-on partager une telle intimité avec quelqu'un que l'on n'aimait pas du tout ?

- Tu sais, tout à l'heure, quand je disais que nous nous aimions, je parlais plutôt d'une simple affection, comme de bonnes copines, a priori. Désolée que tu l'aies pris autrement. Je ne pense même pas qu'on puisse se considérer comme des amies, alors au-delà... Bref, tenons-nous-en à ce que nous avons décidé.

Finalement, les deux jeunes filles continuèrent leur devoir pour arriver à finir à temps. Il serait sans doute quelque peu bâclé, mais l'essentiel était qu'elles y arrivent, afin d'éviter d'obtenir une nouvelle sanction du genre. Bonnie resterait certainement marquée par cette heure de retenue aux circonstances assez uniques. En revanche, ça remettait en question beaucoup de choses. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais éprouvé aucune attirance envers une fille, et se pensait totalement hétérosexuelle. D'ailleurs, elle devait certainement l'être toujours. Ce n'était qu'un petit écart, et elle ne se sentait pas sexuellement attirée par Quinn. Elle voyait ça plutôt comme un amusement. Mais tout de même, il y avait de quoi se poser des questions. Après ça, elle allait sans doute s'empresser de retrouver Carter pour se prouver à elle-même qu'elle ne pouvait se passer de lui.