Une rencontre peut-être pas si anodine que cela... [Cadeyrn <3]

Réveil difficile en ce samedi matin pour Cadeyrn. Etait-ce encore le matin ? En ouvrant les yeux, le jeune Gryffondor ne reconnaissait pas l’endroit où il était. Des murs lambrissés ornés de tentures d’un rouge sombre et de sculptures ouvragées, des lustres en cristal absolument magnifique, ce décor n’était en rien familier au jeune homme. Désorienté il se redressa en se frottant les yeux. Le drap glissa de son torse dénudé en une douce caresse, en l’observant mieux, il remarqua qu’il était en satin rouge sombre brillant. Où se trouvait-il donc ? Encore à Poudlard ? Il n’avait pourtant jamais encore vu un tel décor dans le château. Puis doucement les souvenir de la nuit précédente lui revinrent en mémoire. La soirée avait été agréable selon ses critères. Un bruit de froissement se fit entendre à côté de lui et des bras vinrent lui enlacer la taille. Cadeyrn sourit quand il sentit les bras l’étreindre tendrement, il aimait ce genre de moments des matins calmes où la tendresse éveillait doucement les sens. Caressant doucement les bras qui l’étreignaient, le Gryffondor laissa son regard balayer la pièce. Il s’arrêta sur les barres de strip-tease qui dénotaient dans ce décors de palace oriental super chic. Avec un sourire amusé il se rappela les danses langoureuses qu’il avait réalisées sensuellement pour le plus grand plaisir de son amant de cette nuit. Tout dans cette soirée merveilleuse n’avait été que tendresse, passion, dans la fusion des corps et des âmes. Cadeyrn avait encore une fois pu exprimer ses talents en tant que danseur et amant, sentir cette passion qui les avait unis faisait encore battre le petit cœur sensible du Gryffondor. Son « client » de cette nuit était un de ceux avec qui il passait les meilleurs moments, parfois certains lui demandaient des choses bien plus bizarres, voire douloureuses. Se penchant il enlaça son compagnon et déposa un chaste baiser sur ses lèvres.

« Hum quel doux réveil… »
« Bien dormi ? » demanda Cadeyrn amusé.
« Comme un loir » répondit le jeune homme encore à moitié endormi.
« Quelle heure est-il à ton avis ? » questionna à nouveau le Gryffondor
« Aucune idée et je m’en fous… » grogna le jeune homme amusé.
« Tu as raison. »

S’allongeant à nouveau, Cadeyrn se blottit dans les bras de son compagnon et laissa le temps s’écouler librement, profitant pleinement de ce moment unique de pure tendresse. Son estomac se mit alors à grogner férocement, signe que l’heure du repas arrivait à grands pas, ils avaient déjà probablement raté le petit déjeuner mais qu’importait. Le jeune homme à ses côté gloussa en entendant le grognement et proposa de quitter cette salle pour aller déjeuner. Cette salle ? Ah mais oui ils étaient dans la salle sur demande, ce détail fit soudainement tilt dans le cerveau du jeune Gryffondor, il comprit enfin pourquoi il n’avait encore jamais vu ce décors dans le château. Après une douche des plus sensuelles partagée avec son compagnon de la nuit, dans une salle de bain digne des milles et une nuits, ils s’habillèrent rapidement. Ils se retrouvèrent devant la porte de la salle, un dernier baiser langoureux et ils sortirent en direction de la Grande Salle.

« Merci pour ce bon moment Cadounet… On se revoit bientôt promis. »
« J’attendrais ce moment avec impatience… »
« Fais pas trop de folies ce soir, il va falloir que tu récupère… »
« Ok je vais essayer »

Les deux jeunes gens se mirent à rire puis prirent des chemins différents pour rejoindre leurs tables dans la grande salle. L’heure était déjà bien avancée, la plupart des élèves avaient déjà fini de manger et étaient déjà repartis. Au moins le repas sera tranquille. Balayant la salle du regard, Cadeyrn fut déçu de ne pas apercevoir la jolie tête blonde de son ange. Avait-il déjà fini de manger ? N’était-il pas encore arrivé ? Avait-il fuit cette salle d’ordinaire bondée pour s’isoler, préférant jeûner à côtoyer la foule des élèves du château ? Dans un sens le gryffondor le comprenait, lui aussi parfois il lui arrivait de vouloir s’isoler, ne plus voir personne, de s’éloigner de ce monde qu’il ne comprenait pas. Une idée saugrenue traversa l’esprit du Gryffondor, peut-être son ange aura-t-il faim d’avoir loupé ainsi le repas. Il songea donc à emmener quelques rations de pain, sandwichs et autres gâteau sans penser le moins du monde qu’il ne rencontrerait probablement pas l’objet de ses pensées. Et d’ailleurs même s’il le rencontrait, irait-il lui parler ? Probablement pas, comme d’habitude. En fait non il était même quasiment certain qu’il n’irait pas lui parler, ayant trop peur de souiller sa pureté magnifique par sa laideur de débauche. Perdu dans sa bulle, le Gryffondor mit un moment avant de percevoir les murmures de quelques élèves qui étaient encore dans la salle, non loin de lui. Ces murmures le concernaient justement, c’était encore ce même genre de sournoiseries visant à le rabaisser, le traitant de prostitué, de pédale, et autres mots gentils. Ces mots, bien que beaucoup moins violents et méchants que ceux qu’il connaissait pendant son enfance, le rendaient maussade. Il n’avait jamais comprit la raison pour laquelle les gens aimaient tant rabaisser les personnes, cherchant à les détruire parfois même. C’est ainsi que la question existentielle qui le minait régulièrement revint à son esprit. Avait-il réellement sa place ici ? Comment réagir face à ce genre de personnes ? Il n’en avait finalement aucune idée.

Rassasié, Cadeyrn quitta la grande salle non sans emporter la réserve de nourriture qu’il avait préparée pour son ange. Que faire à présent ? Aller dehors ? Il pleuvait à ce qu’il paraissait. Retourner dans la salle commune ? Elle serait probablement bondée et ses compagnons de chambres auront sûrement remarqué son absence de la nuit dernière, les questions sur l’identité de la personne qu’il accompagnait allaient alors pleuvoir probablement. En cet instant, répondre à ces questions était loin de ce qui l’intéressait. Il voulait plutôt trouver un coin calme afin de se retrouver avec lui-même, de retrouver un semblant de sérénité, enfin ce qui pour lui ressemblait à de la sérénité. Où aller ? Une idée lui vint alors à l’esprit, une salle de classe désaffectée au sixième étage. L’avantage de cette salle était son éloignement par rapport à la plupart des lieux habituellement fréquentés par les élèves. Rares étaient ceux qui aimaient grimper les six étages pour la rejoindre. Elle était également assez sinistre, pleine de poussière et de toiles d’araignée.

Grimpant rapidement les escaliers, le Gryffondor se retrouva pas mal essoufflé arrivé au cinquième étage. Là un groupe de jeunes gens l’apostropha, lui posant des questions obscènes sur les raisons de son essoufflement et le traitant de tous les noms. Préférant les fuir, Cadeyrn repartit en courant dans les escaliers avant de se cacher dans une salle du sixième étage. Tendant l’oreille, il entendait le groupe passer devant la porte sans s’arrêter. Lorsque les bruits de poursuite avaient complètement disparu, il soupira et se retourna pour voir la salle dans laquelle il se trouvait, c’était la salle désaffectée. La surprise lorsque son regard rencontra celui de son ange lui fit presque perdre ses moyens et il suffoqua un moment avant de parvenir à retrouver son souffle. Pourquoi était-il là ?? Comment connaissait-il cette salle ? Pourquoi était-il venu tenir compagnie aux araignées ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête alors qu’il n’arrivait à détacher son regard du bleu azur de celui de son ange. Réagir, il devait réagir, dire quelque chose, ne pas rester figé ainsi à le regarder si fixement. Il avait beau penser ça, aucun ordre de cette sorte ne parvint jusqu’à ses muscles et il restait figé là, même ses poumons refusaient de lui obéir. Finalement quand le manque d’air commença à se faire sentir, il prit une grande goulée d’air, ce qui lui permit également de détacher son regard de l’objet de son admiration. Tentant de prendre un air détaché et presque enjoué, le gryffondor approcha alors un peu, faisant mine d’observer cette pièce bien singulière.

« Hey salut. Comment ça va ? »

Ouaaah quelle originalité… Voici en gros la teneur de la majorité des discussions qu’ils avaient pu avoir, intéressant n’est-ce pas ? Aller autant profiter de la situation pour lui parler un peu plus… Mais lui parler n’affectera pas cette éblouissante pureté qui émanait de cet être divin au moins ? Tout à coup intimidé, Cadeyrn s’y reprit à deux fois pour continuer à parler.

« Que fais-tu ici ? Tu ne trouve pas cet endroit un peu… lugubre ? »

Un silence presque religieux régnait dans la salle de classe désaffectée et aucun bruit ne venait troubler la douce quiétude des lieux hormis le frottement des pages d'un livre que l'on tournait, l'une après l'autre, incessamment. Plongé corps et âme dans son ouvrage, le jeune Logan parvenait à s'immerger entièrement dans sa lecture et avait perdu pied avec la réalité, ses yeux parcourant les lignes se dressant devant lui. Il était difficile de croire qu'il avait déjà passé la majeur partie de sa matinée à lire mais c'était bel et bien le cas et le petit blond allait encore probablement rester ainsi, le nez dans un bouquin, le restant de l'après-midi. Sa grand-mère affirmait avec tendresse que voir un jeune homme de cet âge si renfermé sur lui-même lui faisait mal au coeur, et qu'il devrait s'ouvrir un peu plus au monde afin de découvrir les joies de l'adolescence. Elle répétait sans cesse que l'on grandissait trop vite et que ses jeunes années étaient les plus belles qu'elle n'avait jamais vécues. A cela, Logan ne savait généralement pas quoi répondre et préférait garder le silence, ce à quoi sa grand-mère répliquait par un sourire quelque peu amer. Ce n'était pas que le garçon se refusait aux autres, mais que les autres ne l'acceptaient pas tel qu'il était. Le Poufsouffle avait pour philosophie de ne jamais porter de masque, quoiqu'il advienne, quels que soient les évènements que lui réservait la vie, il ne devait sous aucun prétexte se forger un autre visage. A quoi bon faire semblant de rire lorsque notre seul désir était de laisser couler des larmes le long de nos joues ? A quoi bon insulter autrui alors que chaque raillerie franchissant nos lèvres nous consume de l'intérieur, nous tuant un peu plus, la culpabilité s'emparant alors de notre être ? Tout cela était faux et s'il y avait bien une chose que se refusait Logan, s'était d'être faux. Et de par sa logique implacable, l'adolescent était la victime de nombreux étudiants qui se fichaient de savoir qui était réellement Logan Farrell, ne s'arrêtant qu'à son apparence d'enfant timide et introverti, peu confiant, naïf sur les bords.

On le qualifiait de niais, également. Mais cela il ne l'était pas. Niais, par définition, qualifie quelque chose de sot, d'inexpérimenté. De peu d'expérience, en somme. Et Logan était tout le contraire de cela. Bien sûr il n'était qu'un jeune homme de seize ans, un sorcier comme les autres se fondant dans la masse grouillante, ne cherchant aucunement à se démarquer de ses pairs. Cependant le blond possédait quelque chose que bon nombre de ses bourreaux n'avait pas, ou du moins ils préféraient ignorer cette qualité, la laisser de côté. Le discernement. Avoir un point de vue objectif, même sur des sujets qui nous tienne à coeur, est une chose extrêmement complexe. Le Poufsouffle parvenait néanmoins à obstruer ses idéaux afin d'avoir une vue panoramique sur les arguments de ses interlocuteurs, et il parlait toujours en connaissance de cause, refusant d'avancer des hypothèses s'il ignorait tout du sujet de la discussion. Les spéculations n'étaient pour ainsi dire par son fort. Tout comme les relations humaines, par ailleurs. L'adolescent n'avait aucun problème social, loin de là, mais il y avait toujours un blocage, au début, lorsqu'il faisait la connaissance de nouvelles personnes. Des questions se bousculaient dans son esprit sans qu'il ne puisse arrêter le processus et la crainte se faisait alors ressentir. Va-t-il m'insulter ? Est-il venu afin de m'humilier ? Son amitié sera-t-elle éphémère ? Ces questionnements ne duraient généralement que quelques secondes et les doutes étaient levés lorsque son vis-à-vis lui adressait la parole. Ou bien étaient-ils confirmés, dans le pire des cas, mais Logan ne voulait pas penser à cela.

Replaçant une mèche derrière son oreille, Logan tourna la page de son livre, se massant sa nuque endolorie. Il était resté dans cette position durant un laps de temps trop élevé et son corps le lui faisait savoir. Le Poufsouffle ne cessa cependant pas sa lecture et continua malgré la douleur lancinante qu'il ressentait à présent. C'est alors que le bruit d'une porte que l'on ouvre et que l'on referme se fit entendre. Sursautant brutalement, le blond tourna la tête vers l'entrée de la pièce et son regard azuré croisa cela d'un élève, un Gryffondor d'après ses souvenirs. Il était un peu plus âgé que lui... Oui, cela lui revenait, il était en cinquième année à Gryffondor et se nommait Cadeyrn. Il ignorait son nom de famille, n'ayant parlé que peu de fois avec le jeune homme devant lui. Des discussions sans importance, un petit salut insignifiant, rien de notable. En tous les cas le garçon à la chevelure ébène ne l'avait jamais insulté. Mais cela ne signifiait rien, ils s'étaient toujours croisés en présence de tiers personnes, alors peut-être était-il possible que Cadeyrn préfère préparer ses coups seul, sans témoins susceptibles de lui couper l'herbe sous le pied. Le silence de l'ainé l'oppressait quelque peu, le rendant mal à l'aise, et déjà qu'il était peu confiant en lui à l'origine, cela n'arrangeait rien. L'adolescent le fixait et Logan ignorait tout des réflexions de l'étudiant, craignant seulement qu'il ne lui jette un sort. Le Poufsouffle n'aurait pas le temps de répliquer et seul, dans cette salle, le garçon dressé devant la porte, il ne pourrait que subir.

C'est alors que le Gryffondor prit une grande inspiration, étonnant Logan de par l'étrangeté du geste en pareille situation, mais le jeune homme appréhendait bien trop ce qui suivrait cette action pour y songer réellement. Cadeyrn s'approcha, observant la salle, et cette fois ce fut au tour du blond de retenir sa respiration. L'heure de vérité. Attaque ? Pas attaque ? Visiblement, pas attaque... Les salutations du plus âgé rassurèrent le Poufsouffle qui regarda timidement son interlocuteur, sachant à présent qu'il ne courrait aucun danger. Du moins espérait-il sincèrement que le rouge et or n'essayait pas d'endormir sa méfiance. Auquel cas il avait réussi, de toute façon. Levant ses yeux bleus océans vers l'ébène, Logan s'adressa à lui d'une voix peu assurée d'où perçait le manque de confiance en lui-même.

« Bon... Bonjour... Oui je vais bien, je te remercie... Et toi ? »

Se giflant mentalement pour avoir bégayer, le blond continua d'observer Cadeyrn tandis que celui-ci lui demanda la raison de sa présence en ces lieux quelque peu lugubres. Il était vrai que l'endroit était habituellement désert et c'était probablement dans cet optique que le jeune homme avait investi la salle, non ? Se demandant soudainement s'il n'était pas de trop, le troisième année n'osa cependant pas s'éclipser comme cela sans vérifier la véracité de ses pensées. Sa voix était toujours aussi timide lorsqu'il s'adressa au Gryffondor.

« Je... J'étais venu m'isoler un peu, pour lire. Je n'avais pas envie de rester dans mon dortoir. La salle est un peu sombre, c'est vrai, mais je la trouve tout de même accueillante... Au moins on est au calme, ici. »

Baissant les yeux sur ses chaussures après ses explications, Logan replaça une fois de plus une mèche derrière son oreille. C'était plus un geste nerveux qu'un réel besoin, pour tout dire. Se redressant quelque peu, le Poufsouffle tira la chaise à ses côtés et croisa le regard de Cadeyrn.

« Tu... Heu... Tu veux peut-être t'asseoir ? A moins que tu ne veuilles que je parte ? Je suppose que... hmm... que tu étais venu ici afin d'être un peu tranquille... Je dois bouleverser tes plans... Je peux partir si je te dérange... »

Logan regardait toujours le jeune homme, le doute visible dans son regard azur. Allait-il se faire renvoyer ou bien pouvait-il encore rester un peu ? Le blond était incertain et il ne savait que faire, attendant la réponse de Cadeyrn afin de prendre ses affaires et partir ou au contraire rester dans la salle.

Le temps est une chose bizarre, il est sensé être linéaire et s’écouler toujours identique à lui même, pourtant selon les situations il paraît si différent. En ce moment même il semblait passer extrêmement lentement, s’être même presque figé tant la tension que ressentait Cadeyrn semblait l’étouffer. Etait-ce dû à ce que l’on appelait la théorie de la relativité ? La distorsion du temps et tous ces principes le dépassaient un peu, pour ne pas dire complètement, mais il avait lu quelque chose dessus dans un livres, dans un temps reculé de son existence. Ces notions ne l’inspirèrent que très peu étant donné son manque de références sur le sujet, et l’intérêt de la scène actuelle lui revint à l’esprit. Il se trouvait à présent dans une salle désaffectée, seul avec son ange, l’objet de son admiration, mais depuis combien de temps ? Quelques secondes ? Quelques heures ? C’était une question à laquelle il aurait été bien incapable de répondre. Mais assez palabré. D’aussi loin qu’il se le rappelait, jamais il n’avait ressentit de telles sensations inconnues et intenses, ce qui avait instantanément eu le don de le figer sur place dans une sentiment de panique grandissante. Ayant mit un bon moment avant de réagir, une donnée l’avait interloqué, il avait remarqué comme de la peur dans le regard du beau blond. De la peur ? Cet être magnifique avait-il peur de lui ? Non ça ne devait être que la surprise du claquement de la porte, enfin ce qu’espérait Cadeyrn. Il ne voulait pas, loin de lui cette idée, faire peur à son ange. Peut-être devrait-il ressortir, ne pas l’approcher, le laisser seul ? Mais cette occasion était si belle que ne pas en profiter aurait été un crime.

En s’avançant à travers la pièce, la peur et l’appréhension se distinguèrent à nouveau dans le regard du blondinet. Avait-il réellement l’air d’un tel monstre pour qu’il ait si peur de lui ? Bien sûr qu’il était un monstre, il le savait depuis longtemps, mais les fois où il avait pu croiser le jeune poufsouffle avant, voire lui adresser la parole, n’avaient pas sembler l’affecter tant. Alors pourquoi aujourd’hui ? Ses salutations semblaient avoir eu pour effet de briser quelque peu la glace, néanmoins le jeune homme semblait encore intimidé et quelque peu terrifié. Il répondit toutefois dans une voix douce qui failli faire défaillir Cadeyrn. Sous le charme de cette voix magique, il décela malgré tout un manque d’assurance flagrant dans ses propos. Sa façon de bégayer, cherchant ses mots, montrait également sa timidité. Le Gryffondor s’en voulu d’autant plus de causer une telle gène pour cet être qu’il admirait. Son regard se dirigea vers la porte, se demandant s’il devait quitter les lieux et le laisser seul. Il posa néanmoins la question quant à la raison de sa présence en ces lieux. La réponse, toujours aussi timide, lui indiqua qu’il avait vu juste, il était venu pour s’isoler et lui était venu le déranger.

Hésitant entre rester et partir, la décision de Cadeyrn penchait de plus en plus vers la deuxième solution au vue de la réaction gênée du jeune ange blond. Il l’observa tandis que le jeune poufsouffle contemplait ses chaussures. C’était l’occasion pour le regarder le plus possible, prendre sa dose de contemplation dont il s’était senti en manque quelques heures auparavant. Ce temps si court, avant qu’il ne relève les yeux, laissa au gryffondor un sentiment de trop peu et ce fut à lui de détourner le regard. Il s’apprêtait à annoncer qu’il allait partir, quitter la pièce, pour ne plus le déranger, quand le bruit d’une chaise tirée sur le sol lui fit regarder vers Logan. Son regard croisa celui du bel ange et il resta à nouveau figé. Il lui proposa de s’asseoir à côté de lui et le cœur de Cadeyrn explosa dans sa poitrine, sans en comprendre la raison. Comment oserait-il s’asseoir à ses côtés ? C’était trop demander pour ses nerfs. Il lui proposa également de partir, croyant déranger le gryffondor. Mais ? Comment peut-il penser ça ? Envisager de partir pour ne pas le déranger ? Lui ? Le choc pétrifia Cadeyrn qui mit un bon moment pour assimiler la proposition. Il lui fallu encore un moment par la suite pour trouver les mots adéquats pour lui répondre, ce qui fut vraiment très difficile. Prenant une nouvelle inspiration, il tenta de répondre au jeune homme.

« Pou… Pourquoi t’en irais-tu ? Je… Tu ne me déranges pas… C’est plutôt moi qui te dérange alors que tu étais tranquille ici. »

L’envie de le rejoindre pour s’asseoir à ses côtés était de plus en plus forte mais Cadeyrn n’osait bouger. Il se contenta de baiser les yeux, frottant une tâche imaginaire sur sa robe de sorcier.

Se sentir en trop. C'était une sensation que Logan ressentait bien trop souvent, surtout pour un jeune homme de tout juste seize ans en pleine croissant et dont l'agenda devrait être rempli d'invitations à de quelconques soirées ou bien de rendez-vous avec une demoiselle ou un garçon qu'il appréciait particulièrement. Ce n'était cependant pas le cas, c'était même le parfait contraire. A force de se voir refuser l'amitié d'autrui le Poufsouffle avait été forcé de se renfermer sur lui-même afin de ne pas succomber au chagrin et à la douleur qui l'accablait chaque fois que l'on le raillait. Les gens avaient parfois du mal à comprendre à quel point leurs paroles pouvaient être blessantes, bien plus que tout sortilège l'aurait fait. Certains avaient conscience de ce fait mais s'en moquaient éperdument, préférant proférer des insultes plutôt que tendre la main. De toutes les personnes victimes de ces brimades, quelques unes tournaient mal et ne pouvaient alors jamais plus trouver le bonheur en ce monde. Mais la recherche du bonheur n'est-il pas le droit le plus fondamental de l'Homme, avec la liberté ? Eh bien bon nombres de personnes en étaient privé et devaient alors évoluer en ignorant l'étau autour de leur coeur. Logan n'était pas parvenu à ce stade et cela ne le serait sans doute jamais, fort heureusement, le garçon étant bien trop gentil pour mal tourner, mais cela n'empêchait pas la solitude de l'envahir. Tout le monde avait besoin de se retrouver seul, quelquefois, mais seulement sur un choix de sa part et non par obligation. Ce qui était bien trop souvent le cas du blond qui était à présent intimidé par la présence du Gryffondor, la peur lui tordant les entrailles.

Le jeune homme ne semblait pas hostile mais on avait usé de ce stratagème maintes et maintes fois que Logan ne savait plus que croire. Lorsque la glace était brisée, cependant, le troisième année relâchait sa méfiance mais restait toujours légèrement en retrait, du moins au début. Il craignait que son manque d'assurance et ses hésitations rebute le rouge et or mais cela ne semblait guère le cas. Dans un coin de son esprit, Logan admirait les Gryffondor pour le courage dont ils faisaient preuve envers les obstacles que leur réservait la vie. Le blond ne se croyait pas capable de tels exploits, sursautant au moindre haussement de voix, et il s'était fait insulter de pleutre bien trop de fois pour qu'il ne puisse avoir foi en lui-même. Les Poufsouffle étaient connus pour leur loyauté, leur patience et leur labeur mais le courage ne faisait guère partie de la liste. Ils étaient habituellement décris comme peureux, pleurnichards et naïfs et Logan avait plus que honte de contribuer à ses rumeurs sur sa Maison. Ses meilleurs amis étaient pour la plupart des Poufsouffle et le blond avait réellement confiance en eux, sachant pertinemment qu'ils ne tenteraient jamais rien qui pourrait lui être néfaste. Mais les rouges et ors, eux... Son regard brilla durant quelques instants d'admiration pour Cadeyrn, tandis qu'il le regardait, avant qu'il ne reprenne le contrôle de sa personne et qu'il ne rebaisse les yeux. Inutile de lui donner une raison supplémentaire pour ne pas l'apprécier, ces dernières arriveraient de toutes les façons bien assez rapidement.

Reportant son attention sur Cadeyrn, Logan le vit jeter un coup d'œil vers la porte et un sentiment d'échec s'abattit soudainement sur le jeune homme. Ça y était, il avait sorti deux phrases et il l'agaçait déjà. Il battait de records ! Le blond ne le vit cependant pas partir. Peut-être qu'il avait changé d'avis ? En tous les cas il tira la chaise à ses côtés et proposa timidement au Gryffondor de venir s'asseoir avec lui. N'était-il pas légèrement audacieux ? Pourquoi l'ébène accepterait-il son invitation ? Son doute se confirma lorsque l'ainé se figea, comme choqué par la demande de l'adolescent. Ce dernier se mordilla la lèvre inférieure, bien trop conscient du fait qu'il venait probablement de briser le peu de relation qu'il avait tissé avec Cadeyrn. Il était indubitablement stupide ! Il avait tout gâché, une fois de plus. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même sur ce coup-là, l'autre garçon s'étant montré fort courtois. Il l'avait salué, avait engagé la conversation, et tout ce que Logan avait fait était de bégayer et de le choquer. Un silence pesant, alourdissant l'atmosphère, s'instaura pendant encore plusieurs secondes avant que le Gryffondor ne reprenne la parole, étonnant le blond au plus haut point. Il lui demandait pourquoi le Poufsouffle devrait partir mais n'était-ce pas évident ? Il venait pour trouver de la tranquillité et il tombait sur un jeune homme qu'il n'avait probablement aucune envie de voir. Ce n'était pas comme si Logan était drôle et populaire, au contraire. Il était discret et n'aimait pas se faire remarquer. La suite de ses paroles choquèrent quelque peu Logan. Le déranger ? Mais ? Ah, mais bien sûr ! C'était parce qu'il lui avait confié qu'il était venu ici dans l'optique de lire, au calme ! Le brun avait dû prendre de travers ses explications et le Poufsouffle se devait de rétablir la vérité.

« Non, tu ne me déranges pas, pas du tout... J'étais venu ici pour lire, c'est vrai mais... mais je suis plutôt content que tu sois venu. Je... Avoir de la compagnie me ferait plaisir... Mais si tu désires partir je comprendrais, tu dois avoir d'autres choses à faire que de rester avec moi... »

Logan appréhendait la réponse de Cadeyrn. Il était effectivement venu afin de ne pas être dérangé par les allés et venus de ses camarades dans son dortoir mais maintenant qu'il avait croisé quelqu'un qui n'avait pas l'air de le détester, il ne désirait plus demeurer seul dans la salle. Et s'il devait être franc, il avouerait que le livre qu'il lisait commençait à lui faire peur, bien qu'il préférait garder cela pour lui. Tentant de montrer sa bonne volonté (?) au Gryffondor, le petit blond sourit timidement en avisant le jeune homme et poussa son livre sur le côté, en un geste l'invitant à le rejoindre. Il enleva également son sac de la table et l'accrocha sur sa propre chaise tout en tirant un peu plus celle de Cadeyrn. Le garçon devait sûrement le prendre pour un imbécile, à sourire aussi niaisement, mais telle était la nature du jeune Farrell !

Ah le cœur et la raison agissent rarement à l’unisson. Le cœur ? Qu’est-ce donc ? Ah oui c’est cet organe qui transporte le sang dans toutes les parties du corps. Ce n’est qu’un organe permettant d’apporter la vie. Pourquoi devrait-il alors être à l’unisson avec la raison ? La raison n’est-elle pas un concept psychologique servant à distinguer le bien du mal ? Comment un organe vital pourrait-il être à l’unisson avec un concept ? Cadeyrn ne comprenait pas le sens que pouvait avoir cette phrase qu’il avait déjà maintes fois entendue. Un autre proverbe dont il ne saisissait pas le sens « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. » Comment un organe pourrait-il avoir des raisons qui lui sont propres sans que le concept de raison dans son ensemble ne puisse les connaître ? Hum… trop compliqué pour le jeune homme qui ignorait tout de ce qui concernait l’action du cœur dans les relations humaines. L’amour et l’amitié lui étaient totalement étrangers, il ne parvenait même pas à en saisir le sens. Pourquoi tout le monde dans les couloirs, ses camarades dans la salle commune, ses clients, tous n’avaient que ces mots là à la bouche. Amour, Amitié. Une question revenait souvent dans conversations, « Es-tu amoureux de quelqu’un ? » Que répondre à cela quand le sens même du concept échappe à la compréhension ? Et pourtant…

Pourtant depuis quelques temps, une sensation bizarre envahissait régulièrement l’esprit et le corps du Gryffondor. Pour une raison inconnue, il était à présent régulièrement sujet à une sorte de bourdonnement interne issu de sa poitrine. Ne serait-ce pas là que le cœur se trouve ? Jusqu’à maintenant les seules fois où il avait ressenti ces battements pressants, ce n’était que lors d’efforts physiques, quand il faisait du sport, ou lors de ses nuits mouvementées. Mais ce n’était qu’une réaction normale au besoin d’énergie créé par l’effort. A présent, son cœur s’emballait sans aucune raison, dès qu’il croisait le regard azur du petit ange. Pourquoi ? Qu’elle était donc l’origine de ce mystère ? Etait-ce de ce phénomène étrange que parlaient tous ces proverbes incompréhensibles pour le gryffondor ? En tout cas pour l’instant cette étrange sensation s’insinuait en lui aussi sûrement que la panique qui le gagnait alors qu’il était face à son jeune ange. Figé dans l’espace-temps, il n’arrivait plus à agir, confronté à un choix cornélien, s’approcher et le déranger, quitte à ternir sa lumineuse pureté, ou partir, quitter cette pièce et ne plus jouir de cette vision mirifique. D’autant plus que le poufsouffle semblait gêné, peiné même, voire déçu. Sa présence le gênait-elle tant que ça ? Après tout il n’avait rien en commun avec les personnes que Cadeyrn fréquente habituellement, ses « clients ». Pourtant lorsqu’il énonça ce qui lui semblait être la vérité, qu’il le dérangeait dans sa lecture paisible, le blondinet tenta de le contredire. Ainsi Cadeyrn ne le dérangeait pas ? Ce dernier fut surpris par une telle révélation. Comment pouvait-il ne pas le déranger ? La suite de son discours décontenança largement plus encore le jeune Gryffondor. Avait-il réellement dit qu’il était content de le voir ? Ou avait-il seulement rêvé cette réponse ? Sa présence semblait réellement lui faire plaisir. Comment était-ce possible ? Le jeune homme resta encore un moment ébahi, le temps d’assimiler les paroles du plus jeune. Il devait réagir sinon en plus d’être un monstre, il deviendrait un parfait idiot aux yeux de Logan.

« Je… Ah … ? »

Super discours… Pathétique… Pourtant en général il arrivait à avoir la verbe facile, bonimenter afin de séduire ses potentiels clients, arriver à leur dire exactement ce qu’ils veulent entendre afin qu’ils ne désirent plus qu’une chose, passer un moment avec lui. Ca faisait partie de son travail pour ainsi dire, de sa manière de vivre. Pourtant, face à ce jeune homme inoffensif et adorable, il était incapable de sortir une phrase sensée. Que lui arrivait-il ? La dernière partie de la phrase de Logan le fit enfin réagir. Il pensait que le Gryffondor ne désirait pas rester avec lui, qu’il avait certainement d’autres choses à faire qu’être avec lui. Mais être avec lui était ce dont il avait le plus envie, il était venu ici exprès pour le chercher. Pourquoi voudrait-il s’en aller ??

« Non, je n’ai rien d’autre à faire. Pourquoi désirerais-je partir ? Je n’ai pas envie de te laiss… euh de retourner voir les autres… Ils sont… trop bruyants. »

Mouaaaaargh encore un peu et il se serait trahi aux yeux de son ange. Encore faut-il espérer qu’il n’ai pas saisi le sens de ce qu’il avait tenté maladroitement de cacher en changeant de sujet. Intérieurement, Cadeyrn voulait se mettre des baffes pour avoir ainsi gaffé. Le sourire timide qu’il vit alors sur les lèvres du jeune homme lui fit manquer quelques battements de cœur et lui coupa la respiration. Il dû se concentrer un moment pour se rappeler comment respirer. Il ne lui avait encore jamais vu ce sourire et c’était à lui qu’il l’adressait. Etait-ce un rêve ? Ce sourire s’accompagnait de réactions semblant indiquer qu’il souhaitait qu’il s’approche, qu’il vienne s’installer près de lui. Cette invitation trop tentante fit craquer les (bonnes) résolutions que Cadeynr essayait vainement de suivre, ne pas s’approcher de son ange afin de ne pas ternir sa fragile et lumineuse pureté. Il lui répondit avec un sourire en coin et avança prudemment jusqu’à la chaise sur laquelle il s’installa, regardant un moment ses mains, passionnantes ma foi. Il fallait trouver un sujet pour briser ce silence pesant. Regardant autours de lui, il remarqua le livre que Logan avait posé un peu avant, il le tenait son moyen d’entamer la conversation.

« C’est intéressant ce que tu lis ? Ca parle de quoi ? »

La peur. Chacun l'a déjà ressentie à un moment particulier de sa vie et la ressentira encore, c'est prouvé. Par définition, la peur est le trouble, l'émotion provoquée par la vue ou bien par l'attente d'un danger quelconque. Une explication voulant tout dire et ne rien dire. Qu'est-ce que la peur, précisément ? Quelque chose brouillant nos sens, augmentant notre fréquence cardiaque et perturbant notre rythme respiratoire. Ces symptômes sont essentiellement dus à la sécrétion d'adrénaline, principale hormone de la peur. Personne n'aime éprouver la peur, il existe même une phobie dont souffrent les gens craignant d'avoir... peur. La phobophobie. Contrairement à certaines émotions qui ne peuvent être éprouvées seulement par les humains, la peur peut être ressentie également par les animaux, allant du plus petit lapin au tigre le plus féroce. En tous les cas éprouver un sentiment de crainte n'est en rien quelque chose d'exceptionnel, c'est même plutôt banal. Le courage, lui, est souvent lié à la peur bien qu'il n'ait rien à voir avec cette dernière. Le courage est une force de caractère faisant braver le danger, ou bien supporter la souffrance. Comme beaucoup le croient à tort, le courage n'est pas l'absence de peur, et ce en aucun cas. Le courage est justement lorsque l'on accepte d'affronter la peur malgré le danger. Tout le monde n'en n'est pas doté et bon nombre préfèrent fuir afin de ne pas avoir à l'affronter et ainsi se défiler, se protégeant d'une certaine manière au détriment de ce que l'on pourrait appelé leur honneur. Logan comprenait parfaitement ce concept, son esprit assimilant la profondeur de ces termes. Mais il ne parvenait pas à faire abstraction de sa crainte du jugement d'autrui. On aurait pu croire qu'après tant d'années à vivre ainsi, encaissant le dédain et la haine injustifiée de ses condisciples, le blond devrait se moquer de ces brimades mais ce n'était guère le cas. C'était plus fort que lui, la peur surpassait à chaque fois le peu de courage qu'il parvenait à réunir et le Poufsouffle ne pouvait alors plus que se recroqueviller sur lui-même et subir. Triste sort pour un jeune homme de seize ans plongé dans l'adolescence, âge ingrat.

En tous les cas Logan invita timidement Cadeyrn à le rejoindre, craignant - comme d'habitude - sa réponse. Il était intimidé par le jeune homme pour plusieurs raisons ; il était plus âgé, c'était un Gryffondor et ils étaient seuls dans la salle. Le Poufsouffle avait peut-être endormi sa méfiance mais un coin de son esprit lui hurlait qu'il devrait faire plus attention, prendre garde aux gestes du garçon et ne pas se fier à lui aussi facilement. Mais Logan avait cessé depuis bien longtemps d'écouter cette partie de son esprit et il regardait à présent Cadeyrn tout en espérant qu'il ne refuserait pas cette invitation. L'adolescent ne semblait guère de mèche avec ses bourreaux, et sa compagnie avait l'air agréable mais là encore ce n'était qu'une intuition, cela ne signifiait rien. Le jeune homme aux cheveux ébènes se figea une nouvelle fois, comme ébahi par les propos du plus jeune. Logan se sentait gêné et ne comprenait pas quelle partie de son discours avait pu choqué Cadeyrn mais quoiqu'il puisse penser, il était bien loin de la vérité. La réponse du Gryffondor surpris le Poufsouffle qui ouvrit la bouche pour lui répondre avant de la refermer tout aussi sec. Que répondre à un "Je... Ah..." ? Rien, et c'est pour cela que le jeune Farrell ne trouva que dire, cherchant ses mots mais ne trouvant rien d'adéquat. Il fallait avouer que Cadeyrn ne s'était pas montré des plus explicites mais le petit blond mit cela sur le compte d'une maladresse de sa part. L'idée que cela n'était peut-être pas sa faute ne l'effleura même pas alors qu'il continuait de regarder le Gryffondor, en pleine appréhension.

Cadeyrn se reprit cependant assez rapidement et affirma qu'il n'avait rien d'autre à faire. Un sourire plus franc naquit sur le visage du blond tandis qu'il ne remarqua pas le changement de sujet effectué au dernier moment par son vis-à-vis. Ils étaient deux à penser que les étudiants de Poudlard, pour la majorité, étaient bien trop bruyants. Logan se déplaça quelque peu pour laisser suffisamment de place pour que l'ainé puisse s'installer et il le regarda admirer ses mains, n'osant prendre la parole lui-même. Il avait déjà trouvé la force de l'inviter, ce qui était une première pour le jeune Poufsouffle bien trop timide pour faire le premier pas, alors il ne pouvait décemment pas lancer une discussion ! Fort heureusement le Gryffondor se dévoua pour entamer la conversation et il lui posa quelques questions sur le livre qu'il lisait quelques minutes auparavant. Logan jeta un regard en biais à son ouvrage et reporta son attention sur Cadeyrn, souriant.

« C'est un livre moldu que m'a envoyé ma mère, sur conseils de mon père... C'est... Il traite de l'histoire d'un assassin tuant des jeunes filles au siècle dernier, relaté par une amie proche de l'homme. Ce n'est pas vraiment le genre de livre que je lis habituellement mais mon père tenait vraiment à ce que je lise... C'est un peu trop... sanglant pour moi. »

Se repassant ses paroles dans sa tête, Logan se demanda s'il venait ou non de faire une bourde. Il savait que certains élèves n'acceptaient que peu - ou même pas du tout - tout ce qui venait des Moldus et le blond venait de révéler lire un livre typiquement moldu. Il préféra aborder le sujet de façon détournée, afin de ne pas "insulter" le Gryffondor d'une façon quelconque.

« Et toi, tu aimes les livres moldus ? Ou bien ne lis-tu que des ouvrages écris par des sorciers ? »

Bon, s'il n'était pas repéré, là... Avec tact, voyons ! Logan aurait très bien pu lui demander "Es-tu raciste envers les Moldus ?" que cela aurait eu le même effet. Raciste n'était cependant pas le terme correspondant le mieux mais le Poufsouffle n'en trouvait pas d'autre. Lui-même était fils d'un sorcier et d'un Moldu alors toutes ces idioties sur la pureté du sang lui passaient par-dessus la tête.

La réalité du monde physique se partage la part belle avec un autre monde, invisible, insaisissable, indescriptible, le monde onirique. Pourrait-on parler de réalité alternée ? Plutôt de réalité alternée imaginaire, personnelle. Comment décrire ce qui est indescriptible ? Ce monde onirique est propre à chacun, il renferme les rêves et les espoirs de chacun. Ces mondes de rêves diffèrent d’un être à l’autre tant dans le contenu que dans la représentation, un inconnu qui se ferait happer dans le monde de quelqu’un d’autre serait comme perdu. Chaque rêve regorge de désirs enfouis, de peurs insondables, d’espoirs insensés, d’images irréelles, cependant certains paraissent plus réels que la réalité elle-même. Comment distinguer alors la réalité du monde physique des chimères du monde onirique ? Ces rêves dont on aimerait ne jamais se réveiller, ceux retraçant une version idéale d’événements passés, ceux dévoilant un futur merveilleux où tous les désirs les plus précieux se retrouvent réalisés. Pour Cadeyrn, ce genre de rêve le représentait en compagnie d’un ange blond, où plus aucun gêne ne venait les déranger, ils seraient ensemble en parfaite harmonie. Certains remontraient des événements passés depuis leur rencontre remaniés selon les désirs du Gryffondor, comme le simple fait de se croiser au détour d’un couloir se transformait en une magnifique soirée inoubliable, seulement grâce à quelques mots prononcés au bon moment. D’autres montraient une vision de l’avenir idyllique de différents futurs possible, où Cadeyrn ne serait plus le monstre qu’il avait toujours été, et surtout dans chacun de ses rêves, un Ange blond aux yeux océan était présent.

Etait-il encore à présent dans un de ces rêves qui semblent plus réels que la réalité ? Etre seul avec son ange sans que personne ne vienne les déranger, un ange au sourire ravageur si doux, un sourire dont il est difficile de détourner le regard. Etre assis si près de lui qu’il le touchait presque, comme si c’était tout à fait naturel, non ce ne pouvait être qu’un rêve. Cette pensée obnubilait le Gryffondor, persuadé qu’en réalité il n’était pas ici avec son ange, mais dans un de ses rêves. Pourtant dans ses rêves habituels, il n’était pas si troublé, si intimidé par le beau blond, ils agissaient bien plus naturellement entre eux. Etait-ce donc bien un rêve ? Il sentait la chaleur du corps du beau blond qui irradiait à quelques centimètres de lui dans cette salle lugubre, tel un bon feu répandant chaleur et lumière au milieu des ténèbres glacées. Et pourtant il se tenait là, à quelques centimètres seulement du gryffondor intimidé. Après avoir admiré ses mains un moment, faute de mieux, Cadeyrn s’intéressa au livre que Logan lisait juste avant, un bon moyen de briser le silence. Tandis que le poufsouffle lui répondait, signifiant qu’il s’agissait d’un livre moldu recommandé par son père racontant l’histoire d’un assassin, Cadeyrn tendit le bras pour récupérer le livre et ainsi mieux l’observer. Lors de ce geste anodin, il frôla le bras du beau blond et une sorte de brûlure et saisit à l’endroit où il l’avait frôlé, lui provoquant un sursaut. Essayant de prendre l’air de rien, il continua son geste et récupéra le livre, ravi d’avoir quelque chose sur quoi reporter son attention plutôt que fixer avidement le sourire du Poufsouffle. Ce dernier avait justement fini son explication, indiquant qu’il n’aimait pas trop ce genre de livre macabre. Rien que de très normal, comment un être si pur pourrait-il aimer lire de telles horreurs ?

« Si tu n’aimes pas tu devrais lire autre chose. Tu ne devrais pas te forcer à lire ce que tu n’aimes pas… »

Levant les yeux, il rencontra le regard du bel ange blond dans lequel il se noya un moment avant de parvenir à s’en détacher et à reporter son attention sur le livre. Fixant la couverture un moment, il le retourna ensuite pour lire le résumé, absoluement convaincu qu’il ne convenait pas à la pureté du Poufsouffle. La question suivante du blondinet le fit réfléchir un moment, il ne comprenait pas du tout où il voulait en venir. Il existait des différences entre les livres sorciers et moldus ? Ils sont tous faits avec des lettres qui forment des mots qui à leur tour forment des phrases. Quelle serait donc la différence ? Il est vrai que les uns sont généralement écrits de façon manuscrite sur des parchemins, les autres de façon imprimée sur du papier normal. Ah et autre différence, il y n’y avait pas les même expressions dans les deux, et certains livres sorciers sont vraiment bizarres. Mais sinon… Bonne question…

« Hum… Il y a beaucoup de différences entre les deux ? Pour moi ils se ressemblent… Du moment que ce qui est écrit dedans est intéressant, qu’il soit moldu ou sorcier, un livre reste un livre. »

Moldus, sorciers… Beaucoup dans le château prenaient un malin plaisir, voire une fierté, à afficher leur ascendance. Les sangs-purs si arrogants généralement, se prétendant meilleurs que les autres, raillant ceux qu’ils appelaient sang-de-bourbe. Pourtant le sang d’une personne ne fait pas la personne elle-même. Certains « sang-de-bourbe » sont bien plus méritants et précieux que n’importe quel sang pur. Les sang mêlés quant à eux, se justifient continuellement, prouvant qu’ils sont d’origine sorcière, de peur d’être mis dans le même panier que les sang impures. Cadeyrn ne comprenaient pas l’intérêt que chacun portait à cette soi-disant pureté du sang. Peut-être était-ce parce que lui-même ignorait son ascendance. Etait-il enfant de moldu ? Descendant d’une illustre famille de sorciers ? Tout ce qu’il savait était qu’il avait été élevé par une famille moldue vivant comme s’ils étaient encore au siècle dernier. Il était d’ailleurs le seul sorcier qu’ils n’aient jamais vu dans la communauté, il était devenu le monstre pour eux. Alors quelle était cette histoire que les sorciers valent mieux que les moldus ? Ne sont-ils finalement pas des monstres, des étrangetés de la nature ? Perdu dans ses pensées, Cadeyrn sursauta quand un bruit se fit entendre, il reporta son attention sur Logan et lui fit une sorte de sourire, bien que son regard soit encore comme perdu dans le vide et sa voix lointaine.

« Crois-tu qu’il y ait tant de différences entre les sorciers et les moldus ? Si c’est le cas… Faut-il nous… euh considérer les sorciers comme des êtres supérieurs ou des monstres ? »

Revenant à la réalité, Cadeyrn se rendit compte de ce qu’il avait dit, une chose si… personnelle ? Gênante ? Inopportune ? Quel était le mot qui convenait le mieux ? Le gryffondor n e savait pas trop, toujours est-il que cette phrase n’aurait pas dû faire partie de la conversation. Lâchant un petit rire, il reprit la parole d’une voix plus enjouée.

« Laisse tomber ce n’est rien, de simples divagations sans grand sens. »

Le soleil brillait toujours en ce début d'après-midi et les nuages disparaissaient peu à peu, laissant la luminosité filtrer à travers les fenêtres du château de Poudlard. Il était dorénavant plus aisé de distinguer le fin fond de la salle de classe poussiéreuse dans laquelle bavardaient Logan et Cadeyrn. Enfin... Bavarder était un bien grand mot, les deux jeunes hommes ne se lançant qu'avec modération dans la conversation. Pour tout dire, ils hésitaient quelque peu à s'exprimer librement et n'osaient donc pas parler à coeur ouvert, préférant parler de choses anodines et sans grand intérêt. Ce n'était pas ainsi que les étudiants allaient parvenir à faire connaissance mais la timidité du Poufsouffle et le désir ardent du Gryffondor de ne pas entacher la pureté de son interlocuteur les empêchaient d'avancer réellement. Cela était fort dommage mais il n'était guère possible de changer la nature des deux adolescents. Il fallait seulement espérer que les choses s'arrangeraient au fil du temps et qu'ils se décoinceraient sans quoi leurs relations demeureraient relativement inconfortables. Elles n'étaient pas tendues, loin de là, mais l'atmosphère était pesante et les deux élèves mal à l'aise. Si seulement Logan prenait son courage à deux mains... Mais il n'y parvenait pas, c'était plus fort que lui. Il se méprisait pour cela ; il n'arrivait jamais à faire le premier pas, à aller vers les autres. Il ne fallait guère s'étonner que sa réputation soit si médiocre après cela... Un pauvre Poufsouffle introverti ayant des manières de jeune fille de bonne famille, n'osant adresser la parole aux étrangers et préférant rester dans son coin, discrètement, se faisant sans cesse importuner et railler par ses condisciples...

Logan eut un pincement au coeur en songeant à ce que ses parents devaient ressentir, particulièrement son père. Lui qui avait été si heureux d'avoir un fils ! Il se retrouvait avec une fille manquée, et encore ! Sa mère, elle, se moquait cordialement des traits de caractère de son enfant mais les dires des voisins et de leurs amis devaient tout de même être difficiles à encaisser. Logan avait déjà surpris une conversation entre la voisine et sa mère, qui discutaient dans le salon sans savoir que le jeune homme était dans la cuisine, désireux de se servir un verre de lait. Il était minuit passés mais le pré-adolescent qu'il était à l'époque ne parvenait plus à se rendormir, un hibou tout sauf sympathique hululant à sa fenêtre. Le petit blond se souvenait que Callista - l'amie de sa mère, donc - avait affirmé que Logan avait besoin de s'endurcir et qu'à cette vitesse, il faudrait lui acheter des jupes et des robes incessamment sous peu. Demetria Farrell était entrée dans une colère noire et avait remis la femme à sa place en quelques instants, mais le mal était fait. La culpabilité rongeait depuis ce jour le pauvre garçon qui réalisait la souffrance et la honte qu'étaient susceptibles de ressentir sa famille. Ils ne lui en parlaient jamais directement, bien entendu, mais cela ne changeait strictement rien. Les larmes avaient dévalé les joues du petit garçon et il était remonté à tout vitesse dans sa chambre, pleurant à chaudes larmes dans son oreiller. Sa mère l'avait retrouvé dans cette position en venant vérifier qu'il dormait, quelques minutes plus tard, et elle n'avait pu réconforter son fils si émotif et sensible. Elle lui avait affirmé que la douceur et la délicatesse étaient des qualités dont jouissaient peu de garçons et qu'il devait être fier de son comportement plus qu'exemplaire, mais c'était trop tard...

Expliquant à son camarade qu'il lisait un livre que sa mère lui avait envoyé, sur insistance de son père, il révéla que celui était bien trop sanglant pour lui. Si cela ne tenait qu'à lui, il l'enfermerait dans un tiroir qu'il ne rouvrirait jamais. C'était ce qu'il faisait généralement lorsqu'un ouvrage l'effrayait trop : il le cachait dans un tiroir servant exclusivement à cet usage, à son bureau, et le laissait là tant que personne ne désirait le livre. Il fermait ensuite le meuble à clef et rangeait cette dernière sous son matelas, aux côtés de son journal intime. Cela le rassurait, lui donnant l'impression qu'il ne risquait rien et qu'il ne courrait aucun risque : c'était le cas, mais mieux vaut prévoir que guérir, comme on dit. Cadeyrn lui conseilla de ne pas lire un livre qu'il n'appréciait pas, son regard plongé dans le sien. Logan hésita quelques instants avant de fournir des explications à son acte.

« Je sais bien mais... mon père y tient vraiment. J'ai tout d'abord refusé mais il a insisté et je n'ai pu que céder. Il veut me faire lire quelque chose de plus réaliste que mes livres habituels, je pense. Surtout que cet homme, l'assassin, a vraiment existé et qu'il a commis tous ces meurtres... C'est atroce... Ces pauvres jeunes filles qu'il a massacré sans hésitation... »

Un frisson parcourut le jeune homme mais il tenta de ne rien laisser paraître, ne désirant pas passer pour une mauviette hyperémotive devant le Gryffondor. Il se ridiculisait déjà assez sans avoir besoin de l'aide d'un bouquin ! En tous les cas Logan se hâta de détourner les yeux afin de ne pas affronter le regard du garçon, retenant du mieux qu'il le pouvait les larmes qui menaçaient de couler. La tête radicalement tournée vers la fenêtre, il ferma les yeux et inspira aussi discrètement qu'il le put tout en ravalant sa tristesse. Ce livre était véritablement terrible... Mais il devait se montrer fort. Un jeune homme de seize ans ne pleurait pas pour un vulgaire bouquin. S'étant repris, le blond fit de nouveau face à Cadeyrn et lui sourit amicalement. La réplique du Gryffondor le laissa cependant surpris. Alors comme ça, le rouge et or n'avait aucun préjugé sur les livres moldus ? Si c'était le cas, peut-être n'en n'avait-il pas non plus sur les moldus eux-mêmes ? L'étonnement était plus que visible dans le regard azur de Logan tandis qu'il contemplait son vis-à-vis, ses paroles s'imprimant dans son esprit. Cadeyrn se moquait donc de la pseudo pureté du sang ? En tous les cas le Poufsouffle ne pouvait qu'être en accord avec le Gryffondor. Le sang... Quelle importance y avait-il à être considéré comme un Sang-Pur ou bien comme un Né-Moldu, ou un Sang-Mêlé ? C'était les personnes en elles-même qui étaient importantes, le reste n'était que foutaise. Avant qu'il n'ait pu répondre quoique ce soit Cadeyrn reprit la parole, une sorte de sourire ornant son visage. Écarquillant les yeux face à cette question pour le moins étrange, Logan ne put, une fois de plus, répondre avant que l'autre jeune homme ne lâche un rire, lui affirmant qu'il était inutile de répondre à sa demande. Cependant le blond sentait, il ne savait comment, que quelque chose se cachait derrière cette simple interrogation pouvant paraître anodine. Il aurait dû ne pas répondre comme le lui hurlait son esprit mais il le fit cependant. Sa main se posant en un geste vif sur celle du Gryffondor, reposant sur la table, il le regarda de son regard innocent empli de certitudes.

« Non, Cadeyrn. Je ne pense pas que nous soyons des monstres, ni supérieurs aux moldus. Nous sommes tous des êtres humains et notre valeur est égale à la leur. Eux ne savent peut-être pas que nous existons mais cela ne signifie pas qu'une quelconque différence existe entre nous. Les sorciers peuvent faire de la magie, c'est vrai, mais les moldus l'inventent. Ils sont capables d'inventer des objets alors que cela reste impossible pour la plupart des sorciers mais cela ne change rien. Nous avons tous un coeur et nous ne formons qu'une seule et même espèce. »

Son regard déterminé toujours plongé dans celui de Cadeyrn, Logan se rendit compte qu'il lui tenait la main et l'ôta tout de suite, détournant les yeux. Il n'avait pas à lui tenir la main sans son autorisation, et cela ne se faisait pas, entre garçon, d'abord. Ce n'était pas parce que le Gryffondor se montrait aimable avec lui qu'il acceptait que le Poufsouffle le touche de cette façon.

« Ex... excuse-moi... Je suis désolé, c'était un réflexe... pardon... »

Il s'était bien trop fait frapper par le passé pour de tels débordements qu'il savait que s'excuser était le mieux à faire. Il venait de balbutier alors que durant sa précédente réplique, il avait parlé d'un ton relativement ferme, sans la moindre hésitation. Le jeune Farrell ne relevait toujours pas les yeux, refusant d'affronter le regard méprisant que devait avoir l'autre jeune homme.

Quand on est enfant, quel but est plus ultime que de rendre fiers ses parents ? Voir des étincelles de fierté briller dans leurs yeux, voir leur magnifique sourire naître sur leur visage rayonnant, être félicité pour quelque chose qu’on a accompli ? Même s’ils se veulent tolérants et aimants, tous les parents ont ces expressions différentes, telles que la fierté, la joie, la déception, la colère, et tous se montrent de meilleure humeur et plus aimants quand ils sont fiers et heureux que s’ils sont déçus. Dans les yeux d’un enfant, faire la fierté de ses parents vaut tout l’or du monde, car ainsi il en retour un amour sans égal, mais voir les regard de déceptions, entendre ces mots durs qu’ils disent parfois à ces moments là, marquent le jeune pour la vie entière. Car même s’il est sensé être trop jeune pour comprendre le sens des mots ou des phrases utilisés, il en comprend le ton, et ces mots restent gravés dans sa mémoire comme un poids l’entraînant dans un trou sombre et profond. Quel est le plus dramatique pour un enfant ? Les coups ou les paroles ? Dur de savoir. Les coups ont des conséquences physiques et peuvent l’entraîner à vouloir reproduire ce mode de communication violente avec son entourage. Les mots quant à eux n’ont pas de conséquence physique, mais physiologique. Ces mots qui rabaissent, rabrouent, humilient, restent enfouis dans un coin de l’esprit et reviennent parfois à la surface. Les conséquences peuvent parfois être graves, le manque de confiance en soi en est une des plus courante, la peur du regard des autres, une hyper sensibilité ou au contraire un manque de discernement des notions de bien ou de mal, une attitude violente ou asociale, la paranoïa, se rabaisser, se croire indigne des quelques compliments que certains peuvent faire. Ce sont autant de carapaces existant pour protéger l’esprit fragilisé de l’enfant face à ces agressions verbales.

Que faire alors quand l’amour des parents était inexistant ? Quand les personnes vous ayant élevé ne le faisaient juste par pitié, pour ne pas vous laisser mourir dans un coin ? Un défi lancé par Dieu pour vérifier leur foi et leur miséricorde. Même s’ils éprouvaient une sorte d’amour pour l’enfant, ils étaient incapables de lui transmettre. Comment un tel enfant peut-il grandir sereinement ? Surtout en gardant à l’esprit les railleries, les insultes, les violences des autres enfants et adultes, ne voyant ses parents rien faire pour le protéger, même s’il n’était qu’une pièce rapporté, un intrus. La vision des choses s’en retrouve forcément déformée, hors norme. C’était ainsi qu’avait grandit Cadeyrn, privé de ce bonheur familial pourtant tenu comme acquis par la plupart des enfants et des familles. D’ailleurs qu’est-ce qu’une famille ? La réponse à cette question était inconnue à l’imagination du jeune asiatique. D’ailleurs pourquoi le disait-on asiatique alors qu’il avait toujours vécu au pays de Galles ? A cause de ses yeux ? Sa peau ? Son physique plus androgyne que la normale ? Etait-ce pour cela qu’il devait forcément être traité d’étranger, de paria, de monstre ? Ah nan le monstre c’était à cause de son côté sorcier. Mais la sorcellerie faisait partie de son être, de sa nature, de lui, c’était lui. Rejeter son côté sorcier c’était le rejeter lui en entier. Il avait tout de même trouvé une utilité à ce corps qui différait de la normalité dans ce pays, il était devenu une étrangeté exotique attirante et convoitée par un bon nombre de personne. Rares étaient les personne qui l’approchaient pour autre chose que son corps, et Logan, ce bel ange blond magnifique, semblait être de ceux là. Au vu des explications fournies par le jeune poufsouffle sur la raison de la lecture de cet ouvrage qui le dégoûtait, Cadeyrn pouvait apercevoir le ressenti que ce dernier avec envers ses parents, enfin surtout son père. Il se doutait un peu du problème qu’il pouvait exister. A force d’observer le beau blond, il avait bien évidemment remarqué sa sensibilité à fleur de peau, sa douceur et sa délicatesse, tout le contraire d’un fils fort et viril qu’un père peut rêver d’avoir. Mais pourtant c’était cette sensibilité et cette douceur qui faisaient le charme du jeune homme. Comment ne pouvait-on pas apprécier un tel cadeau ? Cette sensibilité qui était encore visible à présent avec ce frisson qui le parcourut lorsqu’il expliquait le contenu du livre. Ca se voyait qu’il se mettait à la place des victimes de ce monstre et Cadeyrn voulut le prendre dans ses bras pour le consoler, mais le toucher ainsi était un peu trop pour le jeune homme et il le laissa se reprendre.

La conversation prit alors le chemin des différences existant entre les moldus et les sorciers. Etaient-elles si importante que ça ? Lui qui avait toujours été considéré comme un monstre à cause de ses pouvoirs magiques, lui le seul sorcier ayant existé dans ce petit village où il avait grandi, au milieu des moldus. Cette question lui enserrait le cœur depuis tant d’années que la raison pour laquelle elle trouva le chemin de la sortie à ce moment là restait obscure et incertaine. Pourquoi donc avait-il fallu que ce fusse en présence de cet être si pur ? Cette question montrait une partie de sa laideur, des ténèbres qui l’habitaient, et Logan ne devait pas voir ça, non. Cependant la réaction du poufsouffle le surprit, il ne s’était pas enfui dégoûté, au contraire même. Lorsque sa main se posa sur celle de Cadeyrn, ce dernier sursauta brusquement et eut un mal fou à entendre les paroles dites par le petit jaune. Les yeux perdus dans le regard confiant et certain de Logan, il essayait de boire ses paroles en ayant tout de même un mal fou à les comprendre. Tout ce qu’il comprit était qu’ils n’était pas différents, tous semblables, seules quelques capacités différaient. Alors pourquoi avait-il été défini comme un monstre tant de fois ? Mais cette réflexion se perdit dans son esprit tant il était obnubilé par le doux contact de cette main sur la sienne, cette douce chaleur qui l’envahissait. Il aurait voulu que ce contact ne se brise jamais, que le temps s’arrête pour qu’il puisse profiter éternellement de ce contact pourtant si fugace et anodin. Se rendant probablement compte de son geste, le bel ange blond retira vivement sa main, laissant à Cadeyrn une sensation de vide lié au picotement qui l’engourdissait. Non, revient bel ange, ne me laisse pas ainsi… Ce dernier bafouillait à présent des excuses pour lui avoir ainsi toucher la main. Mais pourquoi s’excusait-il ? Il n’y avait aucune raison ? Les yeux pétillants d’étincelles d’envie, Cadeyrn couvait le jeune poufsouffle du regard, rêvant de pouvoir le toucher encore, et pas seulement la main, de le prendre dans ses bras…

« Pourquoi t’excuses-tu ainsi ? Il n’y a aucune raison… Tu sais… tu as les mains… vraiment douces, et chaudes… »

Naaan il avait vraiment osé dire ça ? Nan mais quelle idée ??? Détournant les yeux, il sentit une drôle de chaleur lui empourprer les joues. Respirant calmement pour essayer de se calmer, il se tourna à nouveau vers Logan et d’un geste hésitant il tendit la main vers celle du jeune homme. Hésitant ? Lui ? Et oui, lui qui n’hésitait jamais à aller oir les gens et n’éprouvait aucune pudeur à répondre aux demandes de ses « clients » et retrouvait tout intimidé par la magnificence du jeune homme. Posant doucement sa main sur celle de Logan, il sentit à nouveau cette douce chaleur l’envahir et un doux sourire se dessina sur ses lèvres.