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L'impensable serait-il arrivé ? [Connor]

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Message par Shaelyn Stern Sam 20 Mar - 16:33

Arpentant les couloirs, je cherchais un endroit me permettant de réviser tranquillement, dans le silence le plus complet. En effet, même à la bibliothèque, je n’arrivais pas à me concentrer correctement. J’étais déjà, d'ordinaire du genre à me laisser distraire par tout et n’importe quoi, donc ce n'était pas ce jour-là que j'allais échapper à la règle, sachant ce qu'il s'était passé la veille. Alors que je me trouvais avec Leslie et le groupe, une espèce de folle avait déboulé et s'était jetée sur nous en prétendant qu'elle venait du futur. Elle nous avait donné des détails nous concernant tous plus délirants les uns que les autres. Par exemple, j'étais censée me marier avec Tradd et sombrer dans la drogue après la mort de mon enfant. Raven allait quitter le groupe et Sky finir avec Kerr. Quelles inepties ! Je n'y croyais pas une seconde. Oh, ce n'était pas le fait qu'elle prétendît venir du futur qui me gênait. Ce genre de chose était tout à fait possible dans le monde magique, et comme je ne connaissais cette fille ni d'Eve ni d'Adam et qu'une inconnue ne pouvait pas être entrée à Poudlard aussi facilement, j'avais tout lieu de penser qu'elle venait effectivement du futur. Et puis, il y avait son nom. Ridley. Et cet air de ressemblance. Il était fort possible qu'il s'agît de la fille d'Anissa, auquel cas j'étais en droit de penser qu'elle avait hérité de sa mère sa capacité à raconter des histoires rocambolesques.

Je cherchais une salle vide de tout, et je finis par en trouver une. Sans bruit et sans rien, j’allais pouvoir me consacrer uniquement à mes cours. Il était bien beau de s’amuser avec les garçons, de faire chanter les gens et de se préoccuper des histoires d'Anissa et de sa famille, mais c’était l’année des ASPIC et je n’avais pas beaucoup travaillé depuis quelques semaines. Nous étions déjà en janvier, et le temps passait à une vitesse exceptionnelle. En peu de temps, nous nous retrouverions en juin, à l’heure des examens, et je n’aurais toujours rien fait. Mais je détestais devoir me concentrer sur des sujets qui m’ennuyaient au plus haut point. Je n’avais jamais été une excellente élève, mais je m’en sortais relativement bien avec ce que je retenais naturellement en cours. Ma matière fétiche était sans conteste la divination. Le professeur disait toujours que j’avais un don – elle ne se trompait pas, mais il n’était pas pour la divination. Je n’avais jamais prédit quoi que ce fût en dehors du cours. Ce don que j’avais pour les relations amoureuses devait certainement jouer sur ma concentration en cours, même si je ne savais pas pourquoi. En revanche, je détestais tout ce qui était théorique, mais je devais bien me forcer à apprendre, quitte à ce que ce fût du par-cœur.

Bien que rien ne fût présent pour me distraire, j’avais du mal à me concentrer sur mes cours – beaucoup trop de choses se bousculaient dans ma tête pour que j’y arrive. J'avais beau me dire que tout n'était que foutaises, je ne pouvais m'empêcher de penser à Sky serrant Kerr dans ses bras. Sky, gay ? Je le connaissais mieux que personne, et il n'y avait certainement pas plus hétéro que lui. C'était idiot. Pourtant, cette fille m'avait intriguée en décrivant la relation Sky/Kerr. Identique à celle qui liait le Poufsouffle à Jaylen. Coïncidence ? Non. Dans le futur, la relation entre Kerr et Jay avait certainement été dévoilée, et cette Catsy - puisque c'était comme ça qu'elle avait dit s'appeler - avait modifié un élément de taille. Si ma mémoire était bonne, elle avait dit que sa mère travaillait pour un journal. Certainement un torchon où tout et son contraire était écrit. Autant ne plus penser à tout ça. Je n'avais pas envie de m'imaginer avec Tradd, cet ennuyeux Poufsouffle. Ennuyeux seulement en apparence en réalité, car au lit, c’était autre chose. Est-il possible de désirer quelqu’un autant qu’on le déteste ? C’était le cas avec lui, et je savais que c’était réciproque. Allais-je vraiment finir par l'épouser et lui faire un enfant, moi qui étais persuadée de ne jamais connaître de réelle relation à cause de mon don ? Allais-je sombrer dans la drogue alors que je fuyais cette dernière comme la peste sachant l'effet catastrophique qu'elle avait sur moi ?

Alors que j’essayais tant bien que mal de chasser toutes ces idées de mon esprit et de m’entrer dans la tête des éléments du cours d’Histoire de la Magie, le bruit d’une porte qui s’ouvrait m’extirpa de mes parchemins – sans doute à mon grand soulagement. Un autre de mes soucis venait d’entrer dans la pièce. Ou plutôt, un mystère pour moi. Connor Whitley. Voilà bien une autre histoire qui me tombait dessus. Quelque chose qui m’intriguait au plus haut point. Mon don connaîtrait-il une faille ? Depuis que je connaissais Connor – et ça faisait un bon moment, lui étant l’ami de Carter et partageant le dortoir de Nick, même si nous n’étions pas très proches – je n’avais jamais rien ressenti de sa part. Pourtant, il s’affichait presque chaque jour avec une fille différente. Bien sûr, je ne m’attendais pas à ce que l’amour émanât de lui, ce n’était pas du tout ce genre de garçon. En revanche, l’attirance sexuelle aurait dû être flagrante. Mais rien de rien, absolument rien. Peut-être cette attirance n’apparaissait que lorsqu’il était au lit avec elles. Autrement dit, il ne faisait pas vraiment ça par plaisir. A quoi cela rimait-il ? Une compétition ? En fait, j’avais commis l’erreur de faire part d’une hypothèse à Anissa. S’il ne ressentait rien pour ces filles, il devait être gay, et se montrer avec elle pour donner le change. Bien sûr, cette petite idiote l’avait pris au pied de la lettre. Et pour cause, c’était un véritable scoop ! Heureusement, à force de raconter des histoires toutes plus abracadabrantes les unes que les autres, on ne la croyait pas toujours. D’autant que dans la plupart des cas, elle s’appuyait sur mon don, et beaucoup étaient sceptiques le concernant. Ce qui n’était pas plus mal, en un sens. Je ne voulais pas que ça me retombe dessus, étant donné qu’elle me citait presque à chaque fois.

Je savais que Connor ne serait pas du genre à s’alarmer pour ce genre d’histoire. Il était plutôt de nature nonchalante, ne se préoccupant que la façon dont il allait bien pouvoir s’amuser chaque jour. Néanmoins, il risquait fortement de me demander des explications. Si mon hypothèse était vraie, il était en danger. Si elle était fausse, c’était de la diffamation. Car même s’il savait qu’Anissa racontait beaucoup de bêtises, il était en droit de penser que sa source – en l’occurrence, moi – s’appuyait sur une base solide, une base qui pourrait bien être découverte. J’avais eu tort d’en parler à Anissa, mais avais-je eu raison de soupçonner son homosexualité ? Le fait était qu’il ne semblait pas des plus ravis en m’apercevant. Etait-il venu ici volontairement avec l’espoir de me trouver ou bien était-il tombé sur moi par hasard ? Je penchais pour la première solution. La coïncidence était trop grossière. Il avait dû me suivre, tout simplement. En tout cas, il avait bien l’intention de me parler, à en croire la façon dont il se dirigeait vers moi.

Au fond de moi, j’espérais me tromper totalement. Je n’étais absolument pas homophobe, mais j’étais de celles qui pensaient que c’était vraiment du gâchis dans certains cas. Connor était beau garçon, le genre rebelle qui plaît à une majorité de filles. J’avais beaucoup de mal à l’imaginer avec un autre garçon, mais après avoir su pour Jaylen et Kerr, plus rien ne m’étonnait. Cependant, je trouvais qu’il allait quand même mieux dans les bras d’une fille. Le problème était que si je me trompais, il ne restait que deux possibilités. Soit ce garçon avait un cœur de pierre – et c’était vraiment inquiétant –, soit c’était mon don qui me trahissait. Or, ce serait certainement la première fois que quelque chose de ce genre arriverait. Comment cela serait-il possible ? Et surtout, pourquoi avec lui ? Rien ne me rattachait à lui, pas que je susse en tout cas. A moins qu’on ne me cachât des informations importantes. J’osais espérer que non. Bref, quel qu’en fût le cas, je ne pouvais que me pencher sur cette question délicate, et y rester jusqu’à obtenir une véritable réponse à mes interrogations. Il n’était pas question pour moi de mettre ça de côté, même si mes cours en pâtissaient. Si mon don avait une faille, je voulais la connaître. Je ne désirais que ça. Alors, tandis que le Serpentard venait vers moi, je lui adressai un sourire énigmatique. Je ne voulais pas me laisser démonter.

    Bonsoir.


Dernière édition par Shaelyn Stern le Mer 7 Avr - 12:52, édité 1 fois
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Message par Invité Mer 7 Avr - 11:47

Sadie, une folle furieuse, ça n’avait rien de difficile à imaginer. Elle avait beau être mon amie, je l’avais toujours vue comme une vipère à l’avenir déjà tout tracé. Elle deviendrait une parfaite sang pur, la folie congénitale et la haine raciale incluses. Aussi je n’avais pas été étonné des déclarations de son amie, Zahira. Mais pouvait-on appeler ça une amie? Elle venait apporter les nouvelles comme un bon chien bien élevé aurait apporté le journal et elle avait l’insoutenable manie de frayer avec des lionceaux puants dont elle attrapait l’odeur infecte. Je trouvais cela bien dommage, car son physique généreux aurait suffit à attirer mon attention dans d’autres circonstances. Mais elle semblait s’échiner à descendre chaque jour un peu plus dans mon estime. S’il s’agissait là d’une manière d’éviter que je la courtise, son habilité méritait mon respect. Mais je doutais que cette fille de mauvaise vie ait l’intelligence nécessaire pour fomenter ce genre de plan. Avec un sourire sceptique, j’avais rejeté en bloc son rapport. J’avais même espéré la faire fuir en baillant outrageusement alors qu’elle en arrivait au passage où elle racontait comment j’allais épouser Camden et me battre contre les idées du vil et opportuniste Andrews. Cela ne me ressemblait pas. Pire, j’avais l’impression que le futur dont Edelweiss nous faisait part appartenait à une autre dimension. Jamais je ne risquerais ma peau pour en sauver une poignée d’autres, surtout pas contre cet Andrews dont j’avais entrevu le potentiel. Cette pauvre fille ne faisait que transmettre des mensonges, des inepties indignes d’être écoutées par moi. Marié avec une gryffondor fade et à peine susceptible de me tenir en haleine plus de quelques minutes d’affilées?! Et puis quoi encore?! J’étais bien décidé à stopper net Zahyra dans son élan de paroles ridicules, mais elle me prit de vitesse en annonçant que j’allais finir par m’enfuir, ou être capturé, elle ne le savait pas clairement, et qu’un autre prendrait ma succession. C’était sans doute les premières stupidités un tant soit peu fidèles à ma personnalité. Fuir? Oui, c’était tout à fait dans mes cordes. Je pouvais même me vanter d’exceller dans ce domaine. Mais une révélation crédible sur trois, cela faisait trop peu pour me bercer d’illusions. Alors certes, l’avenir promis à Sadie se tenait parfaitement, mais ce n’était pas une raison pour croire à toute cette machination. D’ailleurs, cela m’ennuyait déjà. Avant que Zahyra ait pu rapporter à Sadie l’ensemble de ce qui avait été dit, ou prédit selon ses termes, j’avais tapé du pied pour signaler mon agacement. Devant l’intérêt que Sadie portait toujours à son « amie » et sous l’effet du regard noir que celle-ci me lança, je préférai m’éclipser sans demander mon reste. Laissons les filles à leurs croyances de ménagères futiles, nous autres, hommes vaillants et fiers, avions d’autres chats à fouetter.

J’avais particulièrement bien dormi cette nuit là, loin des préoccupations qui affolaient le château. Étais-je donc le seul élève sensé en ces murs? Cela ne m’étonnerait guère, mes condisciples ayant pour la plupart le QI d’une huitre. Certains échappaient à la règle, mais ils étaient très rares. Ils avaient alors l’honneur d’être mes amis, à l’image de Carter, ou au contraire ils devenaient mes détracteurs les plus bornés, comme pouvait l’être Killam. A la réflexion, cela faisait un moment que le serpentard et moi n’avions pas échangé de regards noirs. Devais-je cela aux évènements obscurs qui s’enchainaient en ce moment et occupaient tout son temps ou à une raison inconnue que je devais mettre un point d’honneur à éclaircir? Car aussi étrange que cela puisse paraître, notre rivalité quasi primitive en venait à me manquer. J’avais toujours d’autres adversaires auxquels rabattre le caquet, mais très peu pouvaient se venter d’avoir l’endurance et l’affront de ce musicien de pacotille. Je pensais presque avec nostalgie à notre lutte endiablée pour le cœur de la fantasque Jones. J’aurais pu prendre Killam en traître et séduire la belle mais sépulcrale serdaigle car j’en connaissais l’art et la manière sur le bout des doigts. Mais bizarrement, j’aurais trouvé le jeu bien fade et la récompense sans prestige. Je me tenais donc bien sagement à l’écart de la jeune fille, lui coulant parfois un regard flatteur, mais plus par habitude que pour réellement marquer des points.

D’un geste absent, je resserrai légèrement ma cravate, pour la rendre plus lâche l’instant d’après. Je n’avais pas de but réel en l’occurrence, mais cela ne me troublait pas. Dans d’autres circonstances, le fait d’avancer à l’aveuglette m’aurait irrité; j’aimais trop m’occuper l’esprit et n’avoir pas à réfléchir pour m‘accorder du temps libre. Cela me permettait de fuir les soucis, les réflexions, les contrariétés. Mais j’avançais aujourd’hui le cœur léger. Les révélations de ces soit disant voyageurs du temps occupaient tous les esprits et j’étais sans doute l’un des rares à m’en amuser. Certains étaient sceptiques, mais ils se laissaient tout de même bercer par l’une ou l’autre des prédictions. Alors que moi, tout en connaissant ce qui avait été dit de mon avenir, je m’en fichais éperdument et cette légèreté me permettrait d’asticoter ceux dont l’avenir les travaillait.

Un sourire aux lèvres, je poussai une porte sans réellement y penser. Je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un, mais le fait est que cela m’arrangea. La personne que je venais de surprendre semblait en pleine réflexion. Je n’affectionnais rien de plus que de couper quelqu’un dans ses réflexions, car il était alors souvent troublé et facile à berner. Pas que j’aie envie de berner la ravissante créature qui me regardait désormais, mais il serait plus facile de l’inciter à suivre le chemin que je lui dessinais. Je m’approchai d’elle avec l’assurance d’un prédateur. Venais-je de trouver mon prochain repas? Rien n’était moins sûr. La jeune fille était très belle, magnifique même, mais elle était suffisamment étrange pour en faire fuir plus d’un. Avec un regain d’esprit, je me rappelai l’avoir souvent vu en compagnie de ce cher Killam. Or, il était grand temps de m’attirer à nouveau les foudres du serpentard.

Bonsoir.

Je n’eus pas à me forcer pour afficher un sourire éclatant. Il n’était pas dénué non plus d’une pointe de cynisme, mais c’était cette fois plus fort que moi; l’habitude me rongeait de l’intérieur. Désormais posté devant la jeune fille, je la dévisageai un instant de toute ma hauteur avant de m’exprimer enfin:

Bonsoir, Shaelyn. C’est un réel plaisir pour moi de te surprendre seule. Je commençais à croire que jamais mon tour ne viendrait.

Non, elle ne rêvait pas; je sous entendais bien qu’elle n’était qu’une catin aux mœurs légères. Je séduisais rarement les filles de cette façon, mais cette serpentard n’avait rien d’ordinaire, je le savais aussi bien que je le sentais. Prenant une chaise, je m’installai à ses côtés en vrillant sur elle mes prunelles venimeuses. Le ton était donné, la balle était dans son camp. J’attendais de voir sa réaction avec l’intérêt d’un examinateur tordu.

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Message par Shaelyn Stern Ven 9 Avr - 16:35

Étrangement, le Serpentard arborait un large sourire. Toutefois, je sentais bien qu'il avait une idée derrière la tête. Ce sourire n'avait rien de chaleureux. Je commençai à m'inquiéter ; Et si la rumeur ne lui avait vraiment pas plu ? Et s'il avait l'intention de se venger ? Ce garçon était du genre imprévisible, j'avais réellement du mal à le cerner, et pas seulement parce que je ne ressentais aucune émotion de sa part. En apparence, il semblait toujours détaché, à vivre la vie au jour le jour sans se poser de questions. Cette nonchalance devait certainement cacher quelque chose. Mais quoi ? J'avais envie de percer ce secret à jour. Il se planta devant moi et m'observa sans rien perdre de son expression.

    - Bonsoir, Shaelyn. C’est un réel plaisir pour moi de te surprendre seule. Je commençais à croire que jamais mon tour ne viendrait.

Son tour ? Je faillis bondir en entendant ça. Mais je savais me maîtriser, et n'en laissai rien paraître. De toute évidence, il cherchait à me déstabiliser. Je ne devais pas tomber dans ce piège grotesque. Il mentait, évidemment, je ne ressentais rien. Je m'étais trompée ; Mon don n'avait pas de faille, ce type aimait simplement se moquer du monde. Certes, il avait raison en un sens. J'étais une fille qui privilégiait les relations physiques plutôt que sentimentales. A cause de mon don, je voulais fuir tout ce qui s’approchait de l’amour. A cause de lui, je me retrouvais toujours en plein dedans. Je n’y mettais pas vraiment du mien cependant. Je m’amusais de chaque tentative d’un garçon – ou d’une fille – à flirter avec moi, et y répondais la plupart du temps de façon positive. A croire que je ne pouvais me passer de ça. Mais quelque part, c’était ma façon à moi de m’éloigner de la stabilité. Fuir le bonheur de peur qu’il se sauve. Plus j’enchaînais les aventures, et moins j’avais de chance de former un véritable couple avec quelqu’un. Je n’avais jamais été vraiment amoureuse – pas que je me souvienne. Peut-être de Carter, quand nous étions petits. Peut-être de Sky, pour me raccrocher toujours ainsi à lui. Mais il paraît que l’amour est un sentiment violent, et en ce qui me concernait, il ne m’avait jamais frappée. Pourtant, il me semblait m’attacher violemment à certaines personnes. Sky le premier, mais aussi Nick, Johnny, Montana… Et même Tradd.

J'étais libertine, d'accord. Mais pour les raisons sus citées. Je n'avais rien d'une nymphomane, et même si un homme particulièrement séduisant essayait de me mettre dans son lit, je n'y sautais pas à pieds joints. Encore fallait-il qu'il me plût et que j'y trouvasse moi-même mon compte. Je n'avais pas du tout l'intention de coucher avec Whitley - et certainement pas s'il me proposait la chose de cette façon. Mais je savais de toute façon qu'il n'était pas sérieux. Je ne devais pas m'en offusquer, c'eût été admettre qu'il y avait un fond de vérité. Je répondis donc à son sarcasme par un sourire mielleux, hypocrite, et un regard concupiscent. Je me passai la main dans les cheveux et croisai les jambes de façon ostensible.

    - Le plaisir est partagé, Connor. Je me disais justement que j'avais envie de m'envoyer en l'air, et tu apparais comme par miracle. Voilà six ans que tu es arrivé à Poudlard, et nous n'avons toujours rien fait ? Il faut rattraper ça tout de suite.

Mon sourire se transforma en rictus, je repris mon sérieux et détournai mon regard pour le reporter sur mon livre, bien que ce dernier ne m'intéressât pas outre mesure. Je fis mine d'ignorer le Serpentard pendant quelques secondes, comme si j'avais trouvé sa remarque stupide et inintéressante - ce qui n'était pas loin d'être le cas, au fond. De toute façon, je n'avais pas ressenti la moindre once de désir de sa part pendant que je parlais. Il restait froid et insensible envers ma personne. Finalement, je repris la parole, sans pour autant relever les yeux.

    - Ton petit jeu ne m'intéresse pas. Si j'ai envie de coucher avec quelqu'un, je ne vais pas profiter d'être seule dans une pièce avec lui pour lui sauter dessus. Ca, c'est bon pour les désespérés. D'autre part...

Je me levai avec langueur et me rapprochai de lui.

    - Admettons. Admettons que j'aie effectivement envie de prendre du bon temps avec toi, tout de suite.

Je lui effleurai la joue de ma main puis l'attrapai doucement par la nuque. Je lui enserrai la taille de mon autre main pour le rapprocher de moi et passai sensuellement ma langue sur sa joue, puis sur le lobe de son oreille. J'interrompis brusquement mon activité et m'écartai de lui. Le test était plutôt concluant. Je ne ressentais absolument rien. Je ne lui faisais donc aucun effet. J'en fus vexée, bien sûr, mais ça confirmait ce que je pensais depuis le départ.

    - Il faut croire que ça ne serait pas réciproque. Tu as autant envie de moi que cette chaise. Visiblement, tu avais juste envie de te payer ma tête. Tu crois que je me fourre dans le lit de n'importe qui ? Libre à toi, mais garde tes réflexions pour toi dans ce cas... Ou alors... Anissa avait raison. Tu es peut-être réellement gay, en fin de compte, et tu essaies de te donner une image de macho pour brouiller les pistes. Je te cache pas que c'est pour moi un réel gâchis, mais n'y a pas de quoi avoir honte. Tu as peur que Carter te fuie, c'est ça ? Je suis sûre qu'il pourrait comprendre.

J'en rajoutais, uniquement pour faire de la provocation. Je voulais qu'il me jette en face la vérité toute nue, et s'il fallait le faire sortir de ses gonds pour ça, je le ferais. Cette propension à rester stoïque à de telles avances m'impressionnait un peu. Bien sûr, les hommes n'étaient pas des bêtes, mais Connor aurait tout de même pu ressentir un petit quelque chose. J'étais tiraillée entre deux idées que je trouvais toutes deux absurdes. Soit il était gay, soit mon don ne marchait pas sur lui. Mais j'étais peut-être aussi bien totalement à côté de la plaque. Après tout, son sarcasme pouvait bien cacher une vérité : il me considérait comme une traînée et ça le dégoûtait. Ce pouvait être aussi simple que cela. J'avais subitement l'impression d'avoir perdu mon temps et je me sentais un peu humiliée. Si c'était réellement ce qu'il pensait, je pensais n'avoir rien fait pour mériter cette étiquette. D'autant que lui-même était loin d'être blanc. Mais évidemment, quand il s'agissait d'une fille, c'était toujours différent. Un homme avait le droit d'enchaîner les conquêtes sans être houspillé - il en était même fier - alors qu'une femme était forcément une roulure.
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Message par Invité Ven 14 Mai - 10:06

Le sourire que me servit Shaelyn était à double tranchant. Toute son hypocrisie y transparaissait, ce qui n’empêchait pas son regard de se faire particulièrement aguicheur. Et je pouvais, sans trop me venter, affirmer qu’elle ne faisait pas semblant concernant ce dernier. On parlait bien de Shaelyn Stern après tout. Elle pouvait se justifier auprès du château tout entier, leur faire croire qu’elle n’avait rien d’une nymphomane, je n’étais pas dupe. Cette fille était l’image même que je me faisais d’une traînée. De nombreuses filles avaient d’ors et déjà fait un séjour entre mes draps, mais la plupart n’était que des bonnes poires, en rien elles ne s’apparentaient à des filles faciles. Je préférais d’ailleurs de loin me réserver le plaisir de faire chavirer les doutes de mes partenaires en brisant leurs barrières plutôt que d’avoir affaire à une fille facile qu’il n’était même pas nécessaire d’amadouer. Shaelyn faisait partie de cette seconde catégorie; et sa réplique m’ôta tout doute à ce sujet.

« Le plaisir est partagé, Connor. Je me disais justement que j'avais envie de m'envoyer en l'air, et tu apparais comme par miracle. Voilà six ans que tu es arrivé à Poudlard, et nous n'avons toujours rien fait ? Il faut rattraper ça tout de suite. »

Elle pointait du doigt une question essentielle. Pourquoi n’avais-je jamais rien fait avec ma camarade de maison? Plusieurs possibilités s’offraient à moi, et j’eus le temps de toutes les étudier tandis que Shaelyn faisait mine d’être plongée dans son bouquin. La première pouvait tout simplement s’expliquer par le fait que la serpentard ne représentait rien de plus pour moi qu’un jouet passé entre de trop nombreuses mains, et dont le pétillant et l’intérêt s’étaient usés avec le temps. Je n’adhérais pas totalement à cette possibilité, car il m’était déjà arrivé de m’amuser avec des filles de la trempe de Shaelyn, que ce soit volontaire ou désespéré. En effet, ces filles avaient deux avantages majeurs à leur actif. D’une part, elles étaient souvent plus expérimentées que la majeure partie des élèves juvéniles et rougissantes qui peuplaient le château, à mon plus grand regret. Et, d’autre part, elles se révélaient particulièrement utiles lorsque je n’avais ni le temps ni l’envie de me prêter à un patient jeu de séduction. Alors pourquoi pas Shaelyn? Seconde possibilité, je ne la trouvais tout simplement pas à mon goût, trop banale et longiligne pour réellement éveiller mon intérêt. Mais aussi banale que je puisse la trouver, Shaelyn avait un certain charme que je ne pouvais nier, et il m’était arrivé de passer le temps avec des filles bien moins attirantes qu’elle. Alors pourquoi pas elle? Troisième possibilité, je me laissais entraver par mon dédain envers les nymphomanes. Car elles n’étaient pas seulement des filles faciles, le sexe n’était pas simplement une drogue pour elles, mais bel et bien une obligation à travers laquelle elles ne prenaient même pas de plaisir particulier. Or je détestais par-dessus tout voir une partenaire insatisfaite. Fort heureusement, cela ne m’était pas arrivé depuis mes très lointains débuts. Toutes devaient l’admettre, j’étais doué. Alors la nymphomanie de Shaelyn ne devrait pas être un obstacle, puisque je saurais à tous les coups lui procurer un plaisir dont j’avais le secret. Mais alors par quel miracle n’avions-nous jamais été intimes? Dernière possibilité, son lien de proximité avec Carter me gênait. Ça n’aurait pas été la première fois que j’aurais brider mes envies, sans forcément m’en apercevoir, pour le bien de mon meilleur ami. Était-ce donc pour cela que j’avais toujours soigneusement évité de côtoyer Shealyn de trop près? Cela ne manquait pas de sens. C’était d’ailleurs la seule possibilité que je trouvais crédible.

«  Ton petit jeu ne m'intéresse pas. Si j'ai envie de coucher avec quelqu'un, je ne vais pas profiter d'être seule dans une pièce avec lui pour lui sauter dessus. Ca, c'est bon pour les désespérés. D'autre part... » Shaelyn semblait touchée par mon accusation à peine voilée et, comme elle devait le faire souvent, au point qu’il devait s’agir d’une habitude à ses yeux, elle tentait de se justifier. Mais sa justification nécessitait-elle de se lever et de s’approcher de moi avec une telle nonchalance?
« Admettons. Admettons que j'aie effectivement envie de prendre du bon temps avec toi, tout de suite. » Sa main effleura ma joue puis vint saisir ma nuque avec détermination. Dans un geste analogue au niveau de ma taille, elle me rapprocha d’elle sans que je ne puisse lui résister. En avais-je seulement envie? J’étais trop curieux de savoir où elle voulait en venir pour la couper en plein élan. Ma curiosité fut encore davantage titillée lorsque sa langue elle-même titilla ma joue, puis le lobe de mon oreille. Je devais bien sûr cacher mon étonnement, autant que le ravissement que me procurait son étonnante initiative. Malheureusement, je n’eus bientôt plus rien à cacher, puisqu’elle s’éloigna subitement de moi, me laissant le goût amer d’un rejet.

« Il faut croire que ça ne serait pas réciproque. Tu as autant envie de moi que cette chaise. Visiblement, tu avais juste envie de te payer ma tête. Tu crois que je me fourre dans le lit de n'importe qui ? Libre à toi, mais garde tes réflexions pour toi dans ce cas... Ou alors... Anissa avait raison. Tu es peut-être réellement gay, en fin de compte, et tu essaies de te donner une image de macho pour brouiller les pistes. Je te cache pas que c'est pour moi un réel gâchis, mais n'y a pas de quoi avoir honte. Tu as peur que Carter te fuie, c'est ça ? Je suis sûre qu'il pourrait comprendre. »

De la surprise, je passai à l’effarement, puis finalement au mépris. Que racontait-elle? Moi gay? Ce serait une calamité, pas seulement pour moi, mais pour toutes les jeunes personnes auxquelles je m’étais fait un devoir de procurer du plaisir. Elle semblait vexée. Je connaissais trop cette façon de cracher des horreurs au visage des gens par simple contrariété. Mais que lui avais-je fais? Je pris sur moi pour me souvenir de ses premiers mots et de mettre les derniers, les plus offensants, entre parenthèses. « Tu as autant envie de moi que cette chaise » … Ce devait être cela la cause de son choc. Un sourire affable s’immisça sur mes lèvres. Elle était vexée que je ne la trouve pas désirable. C’était amusant, et ce d’autant plus qu’elle se trompait. Mais j’aimais trop me sentir supérieur pour seulement la contredire. Aussi, ce fut avec un calme olympien que je m’adressai finalement à elle:

« Allons, allons, nous savons tous les deux très bien ce qu’il en est. Tu es vexée que tes avances me laissent de marbre alors tu craches ton venin pour te protéger. As-tu oublié que Sadie était mon amie et que je connaissais donc très bien ces façons de faire typiquement féminines? » J’avais insisté outrageusement sur le féminine, afin de lui montrer tout le dégout que j’avais pour ses méthodes de garce élémentaires. Je pouvais me venter de régler mes problèmes avec plus de subtilités, il était même parfois difficile de comprendre ce que je pensais vraiment. J’aimais par-dessus tout mettre les gens sur de fausses pistes. Voilà pourquoi je trouvais grisant de voir Shaelyn à ce point à côté de la plaque.

« Ma douce … » J’eus l’audace de m’approcher d’elle et de venir caresser délicatement sa joue. « Tu ne peux pas m’en vouloir de ne pas te trouver désirable. » Un sourire aimable se dessina sur mes traits, je me faisais l’effet d’un gentil garçon consolant un enfant peiné. « Remets toi un peu en question. Sincèrement, tu t’es regardée dans un miroir récemment? Regarde moi ces cheveux laissés à l’abandon, rêches et sans volume. » Ma main se promenait dans ses cheveux, tandis que mon regard accusait le coup d’un air réprobateur. « Et prends conscience de ton laisser aller, tu t’es vraiment empâtée ces derniers temps. Es-tu donc enceinte?» Laissant ses cheveux, ma main effleura sa taille avec prudence. « Et ce visage, auparavant si rayonnant. Il est terne, livide, ravagé… » Cette fois-ci je me gardai bien d’approcher ma main de son visage, je savais que je poussais le bouchon légèrement loin, je m’étonnais d’ailleurs de n’avoir pas déjà subi les foudres de Shaelyn. Soit sa patience méritait le respect, soit elle était trop choquée pour réagir. Quoiqu’il en soit, je me devais d’en profiter.

« Suis-je vraiment coupable? Je suis juste humain, et j’aime les jolies choses … dont tu ne fais pas partie. »

Un sourire fin et railleur vint appuyer mes mots. Je savais pertinemment que j’étais aller très loin, peut-être trop loin même, mais Shaelyn n’avait que ce qu’elle méritait. Elle n’aurait pas dû mettre en doute ma capacité à la désirer, ni même me soupçonner d’être gay. Mais sa plus grosse erreur avait été de mêler Carter à tout ça et d'avoir fait des suppositions hasardeuses. Elle comprendrait bien vite que si j’avais été envoyé à Serpentard, ce n’était pas pour ma débrouillardise ou mon ambition, mais bel et bien pour ma ruse et ma propension à faire du mal autour de moi.

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L'impensable serait-il arrivé ? [Connor] Empty Re: L'impensable serait-il arrivé ? [Connor]

Message par Shaelyn Stern Dim 16 Mai - 21:13

Quand je le vis sourire, je compris tout de suite que ça ne présageait rien de bon. Connor n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, et encore moins à accepter des médisances sur son compte. Il ne me suffisait de rien de plus pour comprendre que je m'étais trompée, ou plutôt qu'Anissa s'était trompée. Le Serpentard n'était pas gay, sans quoi sa réaction eût été différente. Il se serait senti blessé, se serait mis en colère, aurait démenti ou bien aurait admis la vérité avec un air grave. Mais ce sourire, c'était celui de quelqu'un qui trouvait cocasses les suppositions de son interlocutrice. Je tentais de ne pas me laisser déstabiliser, me préparant à sa réponse qui risquait d'être dure. Je devais rester imperturbable. Ne jamais être prise au dépourvu, c'était un peu ma marque de fabrique. Il était rare que je me trompasse ainsi, je n'en avais pas l'habitude, mais l'erreur est humaine, il n'y avait pas de quoi en faire une montagne après tout.

    - Allons, allons, nous savons tous les deux très bien ce qu’il en est. Tu es vexée que tes avances me laissent de marbre alors tu craches ton venin pour te protéger. As-tu oublié que Sadie était mon amie et que je connaissais donc très bien ces façons de faire typiquement féminines?

Je serrai les dents. Comme je l'avais prévu, le choc était rude. Mais je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour. Après tout, lui aussi était à côté de la plaque, s'il avait vraiment pris mon petit jeu pour des avances. Il se croyait sans doute irrésistible. Certes, il était attirant, mais je pouvais très bien me passer de faire joujou avec lui. Le raccourci qu'il prenait était tellement facile, tellement cliché, que je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Que pouvais-je répondre à ça ? Sa mauvaise foi le desservait sans que je n'eusse besoin de le faire moi-même. Sans parler de cette petite remarque purement machiste, qui confirmait ce que je pensais plus tôt : pour lui, les femmes agissant comme lui étaient forcément des garces. J'avais beau être attirée par les mauvais garçons, je trouvais tout à coup qu'il perdait tout son charme. J'émis une légère grimace quand il osa m'effleurer la joue, et me retins de ne pas le repousser. Je ne devais pas tomber dans ce piège grotesque.

    - Ma douce … Tu ne peux pas m’en vouloir de ne pas te trouver désirable. Remets toi un peu en question. Sincèrement, tu t’es regardée dans un miroir récemment? Regarde moi ces cheveux laissés à l’abandon, rêches et sans volume.

Alors ça, c'était le comble. A quoi jouait-il ? Ne pouvait-il pas se contenter de ne pas me trouver désirable, et de partir ? Pourquoi éprouvait-il en plus le besoin de me rabaisser ? Pour moi, ça relevait de la psychologie. Ce type avait réellement besoin de se rassurer, de se persuader que je n'étais effectivement pas désirable à ses yeux. Quelque part, cette attitude me rassura. Elle signifiait qu'au fond de lui, il ne croyait pas vraiment ce qu'il disait. Finalement, il se produisait l'inverse de ce qu'il avait prétexté. Il était sans nul doute frustré que je n'aie pas l'intention de me donner à lui. Je n'avais ressenti aucun désir de sa part, certes, mais il devait certainement s'agir d'une sorte de challenge pour lui. Croyait-il que j'étais une fille assez facile pour qu'il suffît de claquer des doigts pour m'avoir dans son lit ? Non, malheureusement pour lui, je ne mangeais pas de ce pain-là. Je décidai donc de le laisser aller au bout de son délire sans l'interrompre, histoire de lui faire plaisir. Je ne bronchai pas en sentant sa main dans mes cheveux.

    - Et prends conscience de ton laisser aller, tu t’es vraiment empâtée ces derniers temps. Es-tu donc enceinte? Et ce visage, auparavant si rayonnant. Il est terne, livide, ravagé…

J'hésitais entre lui rire au nez, tant je trouvais ses élucubrations pathétiques, ou lui flanquer une gifle pour son insolence. Mais je me retins de faire quoi que ce fût. Après tout, aucune de ces affirmations ne me touchait, je savais très bien qu'elles étaient fausses. Je notai qu'il appréciait tout de même de me toucher, même s'il le faisait avec réserve. J'avais clairement envie de le repousser et de lui cracher au visage tout ce que je pensais de lui. Fort heureusement pour moi, je savais contrôler mes pulsions - du moins, quand il ne s'agissait pas de sexe.

    - Suis-je vraiment coupable? Je suis juste humain, et j’aime les jolies choses … dont tu ne fais pas partie.

Je ne pus réprimer un sourire amer. Quel petit idiot arrogant et prétentieux ! Cette malhonnêteté évidente me donnait mal au cœur. Il était certainement très fier de ce qu'il venait de dire, alors qu'il n'en pensait pas un mot. Voilà jusqu'où l'orgueil pouvait mener ! J'avais envie de le planter là sans autre forme de procès, mais j'avais également une fierté, j'étais moi aussi une Serpentard, et je n'avais certainement pas l'intention de me laisser insulter de la sorte. Je lui adressai à mon tour un sourire compatissant. Il avait préféré m'enfoncer tant et plus plutôt que de se contenter de partir, il allait le regretter. Je passai ma main dans ses cheveux comme il l'avait fait plus tôt avec moi.

    - Pauvre petit garçon privé de son jouet... Tu es frustré parce que tu croyais que je m'offrais au premier venu et que ça n'a pas marché avec toi ? Tu sais, si je ne te plais pas, rien ne t'obligeait à rester... Pourquoi te chercher absolument des excuses ? Ça te rassure de te dire que je ne suis pas si attirante que ça ? D'accord, si ça peut te faire plaisir, continue de te défouler, je m'en moque. Que pourrais-je donc bien avoir encore de déplaisant... Des jambes arquées ? De la cellulite ? Mais tu sais, tu n'as pas besoin de me dire tout ça... Tu ne me plais pas non plus, alors on est quittes, d'accord ?

Je ponctuai mes mots d'un sourire amusé. Pourtant, moi-même j'avais mes torts. J'aurais pu également prendre la porte depuis longtemps. A vrai dire, je ne sais pas vraiment pourquoi je m'obstinais à rester en la compagnie d'un garçon qui ne me plaisait prétendument pas. Et ce bien avant qu'il ne me répondît de façon insolente. Mais autre chose me perturbait. Voilà quelques instants que j'éprouvais pour lui autre chose que du mépris. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait subitement. Il venait de se comporter d'une façon des plus ordurières avec moi, et pourtant, j'étais soudainement attirée par lui. D'instinct, je reculai d'un pas, comme pour éviter de tomber dans un piège. J'étais prise au dépourvu, coincée entre l'envie de fuir et celle de séduire. Je me souvins alors que je n'avais pas terminé tout ce que j'avais à lui dire. L'occasion était bonne pour mettre fin à mon dilemme, provisoirement. Mon sourire, entre-temps effacé, réapparut, sardonique.

    - Tu sais quoi ? Je crois que tu ne penses pas un mot de ce que tu as dit. Je pense que tu trouves mes cheveux très beaux, bien au contraire. Soyeux et brillants.

Je m'ébouriffai les cheveux d'une main pour illustrer mes dires. Puis, je m'approchai de Connor, assez près pour pouvoir le prendre dans mes bras, ce que je me gardai bien de faire. En revanche, j'attrapai ses poignets avec délicatesse et fit glisser ses mains le long de ma poitrine, de mes reins, de mes hanches, de mes fesses.

    - Je crois que tu trouves ma silhouette parfaite et que tu apprécies mes courbes bien placées.

Je gardai l'emprise sur ses poignets et le poussai alors à reculer afin de l'acculer contre le mur. Cette fois, ça ne faisait aucun doute, j'avais bel et bien envie de lui. Je lâchai ses poignets et posa mes mains autour de son cou. J'approchai ma bouche à quelques millimètres de la sienne, sans joindre nos lèvres. Pourtant, j'en mourais d'envie. Cette sensation m'agaçait profondément, d'une part parce qu'elle allait à l'encontre de ma volonté, et d'autre part parce que je ne sentais aucune réciproque. Je devais absolument résister à ce désir, sans quoi tout mon argumentaire ne tenait plus la route, et mon amour-propre serait profondément atteint. Je ne voulais pas que le Serpentard reparte victorieux. Je me reculai un peu pour qu'il puisse me regarder. Je n'en avais pas fini avec mon plaidoyer.

    - Et mon visage... Tu le trouves fin et gracieux. Tu aimes ma peau de pêche, tu aimes mes yeux brillants...

Je susurrais plus que je ne parlais, et ce faisant, j'avais à nouveau rapproché mes lèvres des siennes, pour terminer dans un souffle.

    - Tu aimes ma bouche pulpeuse...

Fermant les yeux, j'effleurai doucement ses lèvres avec les miennes, la bouche à demi ouverte, avant d'accentuer un peu plus la pression l'espace d'une seconde, puis de la relâcher. J'ouvris les yeux, et me pinçai les lèvres en réalisant mon erreur. Mais je n'avais pu m'en empêcher, cette envie allait au-delà de ma raison et même de ma propre volonté. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux du jeune homme, et mes mains frémissaient d'envie d'aller explorer certaines parties de son anatomie que je ne connaissais pas. Je n'arrivais même pas à me persuader de reculer, d'interrompre tout contact entre nous. Ma seule résistance consistait à garder mes mains de part et d'autre de son cou, mais elles n'étaient pas immobiles pour autant, l'une d'elle caressant doucement la nuque du Serpentard. Je ne parvenais pas à prendre de décision sensée, mon cerveau s'étant quelque peu déconnecté.
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L'impensable serait-il arrivé ? [Connor] Empty Re: L'impensable serait-il arrivé ? [Connor]

Message par Invité Mer 19 Mai - 10:37

Mon jeu était parfait. Ma dernière phrase était à l’image de ce que je me vantais d’être; piquante et arrogante. Un K.O. technique serait la meilleure réaction que Shaelyn pourrait afficher. Mais elle était obstinée et revêche. Je détestais ces traits de caractères chez une femme. Je n’envisageais rien d’autre que la soumission inconditionnée de ma camarade de maison, et pourtant … Le sourire qu’elle arbora me fit l’effet d’un intense soulagement. Je m’étonnais de ma propre réaction, sans pour autant chercher à la nier. Je n’étais pas simplement venu pour voir et pour gagner. Le challenge que me faisait entrevoir Shaelyn me plaisait en un sens que je n’aurais pas été capable d’expliquer. Et pourtant, ces mots acerbes n’avaient rien pour me plaire. Elle était au moins aussi pugnace que moi, cet affrontement pourrait-il seulement avoir une fin?

« Pauvre petit garçon privé de son jouet... Tu es frustré parce que tu croyais que je m'offrais au premier venu et que ça n'a pas marché avec toi ? Tu sais, si je ne te plais pas, rien ne t'obligeait à rester... Pourquoi te chercher absolument des excuses ? Ça te rassure de te dire que je ne suis pas si attirante que ça ? D'accord, si ça peut te faire plaisir, continue de te défouler, je m'en moque. Que pourrais-je donc bien avoir encore de déplaisant... Des jambes arquées ? De la cellulite ? Mais tu sais, tu n'as pas besoin de me dire tout ça... Tu ne me plais pas non plus, alors on est quittes, d'accord ? »

Sa longue tirade achevée, je fis mine de rester stoïque. Je n’avais pas tant à jouer la comédie puisque dire que ces paroles m’avaient touchées était très loin du compte. Pourtant, je devais admettre qu’elle n’avait pas tout à fait tort. C’est vrai, j’aurais eu tout le loisir de m’en aller, je l’avais encore, mais cette éventualité ne m’avait pas effleurée. Et même alors qu’elle me crachait cela au visage, je n’avais aucune envie de la quitter. Je ne voulais même pas comprendre ce qui me poussait à rester, au fond je le savais très bien. Cette interlude serpentiesque me permettait d’oublier mes soucis présents. Mais comme je n’avouais pas mes propres problèmes, je n’étais pas prêt de reconnaître la raison pour laquelle je préférais me prendre le bec avec Shaelyn. Mieux valait qu’elle reste dans l’ignorance. Après tout, elle avait un certain charme lorsqu’elle ne maîtrisait pas totalement la situation.

Je venais de mettre le doigt sur un élément essentiel. Ce n’était pas tant sa proximité avec Carter qui m’avait empêché d’approcher réellement Shaelyn toutes ces années. C’était plutôt son exécrable capacité à toujours tout contrôler. Je le comprenais désormais, c’était de cette manière que je l’avais toujours considérée. Même lorsqu’elle faisait mine d’avoir une vie dissolue et éclatée, elle gardait un parfait contrôle sur le monde qui l‘entourait. Quelque part, je l’enviais terriblement. Et c’est pourquoi je la détestais.
Alors que je n’avais pas quitté Shaelyn du regard, j’avais été trop absorbé par mes réflexions pour la voir reculer. Je ne prenais conscience que maintenant de l’espace qui nous séparait et je peinais à en comprendre la raison. Je n’eus quoiqu’il en soit pas l’occasion d’y réfléchir, puisque la vipère ne semblait pas avoir encore craché tout son venin.

« Tu sais quoi ? Je crois que tu ne penses pas un mot de ce que tu as dit. Je pense que tu trouves mes cheveux très beaux, bien au contraire. Soyeux et brillants. »

Elle trouva bon de passer une main dans ses cheveux. Elle aurait sans doute souhaité que cela me perturbe, mais il en fallait plus pour me déstabiliser. Je n’étais pas de ceux qui laissaient une jeune fille parfaitement consciente de son potentiel les désarçonner. J’étais celui qui faisait flancher n’importe quelle jouvencelle de Poudlard, je séduisais et je charmais, mais jamais je ne laissais quiconque avoir un tel pouvoir sur moi en retour. Et Shaelyn avait beau s’approcher de moi et me saisir les poignets, elle était trop sure d’elle-même pour emporter mon adhésion. N’importe quel homme digne de ce nom aurait profiter du contact qu’elle m’offrait. J’étais un homme, et certainement pas le plus intègre de tous. Mais j’étais trop arrogant pour lui faire ce plaisir. Mon regard était fixe et mon visage impassible. Il lui en faudrait vraiment beaucoup plus pour m’amadouer.

« Je crois que tu trouves ma silhouette parfaite et que tu apprécies mes courbes bien placées. »

Je ne pouvais pas me mentir là-dessus, en revanche j’étais tout à fait en mesure de lui mentir à elle, si prétentieuse. Elle m’accula contre l’un des murs de la salle et je dus retenir un sourire amusé qui menaçait de trahir mon imperméabilité. Il n’était pas question de la flatter. Mais je devais reconnaître que son audace piquait mon intérêt. Ses mains vinrent se fixer à mon cou, et si je commençais à ressentir un certain enthousiasme pour ses initiatives, mon regard n’en demeura pas moins résolument planté dans ses prunelles. Il ne vrilla pas un instant tandis que les lèvres de Shaelyn se rapprochèrent dangereusement des miennes. Par chance, elle se recula avant que de trop mauvaises pensées viennent entailler mes résolutions. Il n’était pas question de céder maintenant, ce serait lui faire trop d’honneur.

« Et mon visage... Tu le trouves fin et gracieux. Tu aimes ma peau de pêche, tu aimes mes yeux brillants... »

Elle se rapprochait à nouveau et, tandis qu’elle murmurait presque, il me devenait de plus en plus difficile de résister à l’attrait de ses lèvres. J’eus d’ailleurs du mal à croire que j’y parvenais. Mon orgueil me rendait plus fort que je ne me serais permis de le croire.

« Tu aimes ma bouche pulpeuse... »

Comment la contredire? Lorsqu’elle ferma les yeux, je n’eus plus d’autre impatience que celle de venir lui voler un baiser. D’ailleurs, j’eus du mal à savoir si nos lèvres s’effleurèrent de son initiative ou de la mienne. Peu importait. Je profitai de ce chaste baiser comme je ne l’avais pas fait depuis longtemps. Je goûtais à ses lèvres que je n’avais pourtant jamais désiré en regrettant ma bêtise. Si j’avais su combien un simple baiser, tout au plus un frôlement, accordé par Shaelyn me ravissait, je ne me serais pas gardé de la convoiter. D’ailleurs, le fait qu’elle ait pu être convoitée et conquise par un certain nombre de personne m’était égal. Je la désirais et c’était tout ce qui comptait pour l’instant. D’ailleurs, quand les lèvres de la jeune fille s’éloignèrent des miennes, je compris que je n’étais pas le seul dans cette situation. Shaelyn avait au moins autant envie que moi de faire durer le plaisir. Sans doute n’y avait-il que ma réaction qui la retenait. Ses doigts caressaient lentement ma nuque et son regard me suppliait de ne pas la repousser. Je me faisais sans doute des idées, mais cela me rassurait. Qu’elle puisse attendre un signe, un geste, de ma part avait quelque chose de grisant. Il semblait bien qu’elle ne contrôlait pas tout à fait la situation présente. Et un choix se présentait à moi. Je pouvais soit la repousser et la ramener à une situation où elle exercerait un contrôle parfait , soit saisir l’opportunité qu’elle m’offrait de l’entrainer plus avant dans un univers nouveau où ni elle ni moi ne maîtriserions plus rien.

« Eh bien, Shaelyn … » Mon ego sortirait grandi de cette situation si je la rabaissais avant de la délaisser magistralement. Cette alternative titillait mon intérêt au point qu’il m’était difficile d’y résister. Mais cela reviendrait à m’écarter de Shaelyn, de la chaleur de son corps et de la douceur de ses caresses. Et c’était tout à fait inenvisageable. « On peut dire que tu sais comment renverser une situation. » Un sourire railleur étira mes lèvres. Je me moquais autant de sa faiblesse que de la mienne. « Tu n’imagines pas une seconde dans quoi tu t’embarques. » C’était une façon comme une autre de conserver une certaine dignité. Je ne cédais pas aux avances de Shaelyn, je ne faisais que l’emmener plus loin jusqu’à un stade où elle perdrait tout contrôle. Où je perdrais tout contrôle.

D’une main, je saisis la taille de la vipère tandis que l’autre glissait lentement jusqu’à son cou. D’une simple pression, je rapprochai nos deux corps, avant d’instaurer la même proximité entre nos lèvres. Arrivé à ce stade, j’hésitais encore. Étais-je faible au point de redouter ce qu’il pourrait arriver si je franchissais cette étape? Je ne laisserais pas à Shaelyn l’occasion de me rassurer, de me prendre par la main et de m’entraîner elle-même, imprégnant alors son propre rythme. Il fallait que je le fasse par moi-même, que je conserve un cran d’avance sur elle. Mon intégrité psychologique était en jeu.
Mes lèvres s’emparèrent des siennes, dans un compromis assez inédit pour moi de douceur et de violence. Je la voulais, tout mon corps brûlait de désir pour elle, si bien que j’aurais pu la prendre en un instant, comme je l’aurais fait de la première partenaire venue. Mais je m’y refusais, sans pouvoir donner un sens à ma retenue. Je souhaitais y mettre les formes. De la même manière que je ne souhaitais pas être un amant de plus pour Shaelyn, je ne voulais pas qu’elle soit n’importe laquelle de mes conquêtes.

Faisant intervertir nos places, je la plaquai à mon tour contre le mur. Tout en l’embrassant par à coup, parfois superficiellement et d’autres fois plus profondément, je vins saisir ses poignets et les fixer au mur. Je n’exerçai cependant pas ma force longtemps, abandonnant très vite les poignets de Shaelyn pour permettre à mes mains d’explorer lentement son corps. Mais ses vêtements représentaient une barrière omniprésente qu’il me fallait briser au plus vite. Tandis que mes lèvres se promenaient entre le cou et la bouche de Shaelyn, mes mains s’appliquèrent à détacher les boutons de son chemisier. Mon impatience était sans doute palpable, mais j’essayais de la contenir pour éviter à ma partenaire ma brusquerie habituelle. J’avais beau être une bête parfois, ma belle méritait mieux que ça. Aussi, lorsque je fus arrivé à bout de son chemisier, je me contentai de l’ouvrir sans le lui enlever, me répandant en scrupuleuses caresses. Mes lèvres se détachèrent de la peau qu’elles adoraient déjà pour me laisser observer un instant Shaelyn dans les yeux. Mes mains tenaient désormais fermement les hanches nues de la jeune fille, comme si je craignais qu’elle ne profite de l’occasion pour s’enfuir.

« Crois-tu toujours que je n’éprouve aucun désir pour toi? » Je déposai un baiser délicat sur ses lèvres, de ceux que je ne pratiquais jamais mais que je souhaitais lui offrir à elle, en particulier. « Et penses-tu que je ne fais cela que par jeu, sans aucune raison? » Je ne pouvais expliquer cette volonté de lui faire ouvrir les yeux. Mais je voulais qu’elle comprenne que je ne lui donnais pas seulement mon corps. Il était trop tôt pour que j’en révèle davantage, mais Shaelyn m’apparaissait soudain bien différemment et je regrettais de l’avoir jugée comme je l‘avais fait jusque là.

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Message par Shaelyn Stern Mer 26 Mai - 15:43

    - Eh bien, Shaelyn … On peut dire que tu sais comment renverser une situation.

La voix du jeune homme me sortit de ma torpeur et me rappela à la raison. J'en avais presque oublié que quelques secondes plus tôt, il m'insultait. En fait, je ne voyais plus que l'éventualité de nos deux corps liés l'un à l'autre, et le reste m'importait peu. Son sourire goguenard ne me fit pas changer d'avis. Certes, je réalisais que je lui avais fait un beau cadeau en lui montrant ma faiblesse alors qu'il venait de me soutenir qu'il n'éprouvait aucune attirance pour moi. Je le mettais en position de force. Mais je n'avais pas envie de faire demi-tour. Et puis, il ne m'avait pas repoussée. Il avait beau se moquer, mes mains sur son cou ne semblaient pas le déranger. Je ne prêtai même pas attention au fait de ne rien ressentir de sa part, trop obnubilée que j'étais par sa bouche et sa peau. Comme si j'avais été dans un état second, sauf que je ne m'en inquiétais aucunement.

    - Tu n’imagines pas une seconde dans quoi tu t’embarques.

A dire vrai, si, je l'imaginais assez bien, du moins le pensais-je, mais je m'en moquais totalement. Seul l'instant présent comptait. J'avais envie de lui, je le voulais, je l'aurais, point final. Ou pas final du tout, car l'aventure ne serait peut-être pas sans lendemain. Je me sentais tellement attirée par lui que c'était un supplice de supposer que je ne pourrais faire l'amour qu'une seule fois avec lui. Je voyais les choses ainsi avant même d'être certaine de pouvoir unir mon corps au sien... Comme s'il s'était agi d'une évidence. Voilà dans quoi je m'embarquais en réalité, une attraction aveugle et sans limites. Je frémis quand il s'empara de ma taille pour me serrer contre lui. Ce simple contact me paraissait intense, mais en même temps tellement dérisoire par rapport à ce que j'attendais ! Pourtant, une petite voix me hurlait que tout ça sonnait faux. Tandis que Connor semblait hésitant, j'eus le temps de me rappeler qu'il ne ressentait pas le moindre désir pour moi. Lorsqu'il m'embrassa, je flanchai à nouveau, savourant ce baiser comme si je l'avais désiré toute ma vie. Mais intérieurement, je tentais de lutter - sans succès. Ne sentant pas son désir, et avec la violence de son baiser, j'avais l'impression qu'il se forçait. Comme s'il s'était senti obligé de m'embrasser alors qu'il n'en avait pas la moindre envie. Essayait-il de profiter de ma faiblesse pour me détruire ? C'était plausible, mais si je trouvais cette vengeance bien démesurée par rapport à ce que j'avais pu faire.

Pourtant, je n'arrivais pas à me convaincre qu'il se jouait de moi. Il y avait une certaine tendresse dans son baiser qui m'ôtait mes doutes - ou m'en donnait encore plus. Tout à coup plus impétueux, il m'adossa au mur et continua de m'embrasser, avec conviction. A ce stade, je n'avais plus envie de me poser des questions, je voulais m'abandonner complètement, qu'il prenne possession de moi avec ardeur. Il plaqua mes poignets contre le mur, et cette sensation d'être prise au piège ne fit qu'augmenter mon excitation. Peu m'importait qu'il jouât avec moi, il pouvait bien faire de moi ce qu'il voulait, j'étais totalement soumise à sa volonté du moment que je pouvais le sentir contre moi. Son empressement pouvait pourtant ne vouloir dire que deux choses : soit il avait réellement envie de moi, soit il se hâtait d'en venir au fait pour pouvoir mieux me traiter de traînée ensuite. Qu'importe, je me moquais pas mal d'être la dernière des débauchées. Je le laissai avec plaisir explorer mes courbes puis déboutonner mon chemisier, vibrant sous ses baisers. Mais si mes mains parcouraient machinalement sa nuque et son dos, je n'étais pas plus active. J'avais beau m'abandonner dans les bras du Serpentard, cette impression désagréable me freinait, et je n'arrivais pas à prendre les devants. Pourtant, mon excitation était bien présente, et les caresses du jeune homme ne faisaient que l'accroître encore et toujours. Il s'arrêta soudain, plantant son regard dans le mien. Avait-il compris que quelque chose clochait ? Je n'en savais rien. En tout cas, il ne semblait pas disposé à me laisser fuir, ce qui de toute façon n'était pas dans mes intentions.

    - Crois-tu toujours que je n’éprouve aucun désir pour toi?

Tout supposait le contraire, en particulier le doux baiser qu'il m'offrit. Pourtant, rien n'y faisait, je ne ressentais absolument rien. Avais-je perdu mon don ? Était-ce une faille ? Avais-je trouvé quelqu'un d'immunisé ? Je n'arrivais pas à l'imaginer.

    - Et penses-tu que je ne fais cela que par jeu, sans aucune raison?

Je secouai la tête malgré moi. Je ne savais que penser en réalité. Mon esprit était confus. Je levai sur lui des yeux plein d'inquiétude et d'incompréhension. Jusqu'à présent, je n'avais jamais autant douté. J'avais l'habitude de tout contrôler, mon don et mes "talents" de séductrice me donnant toujours l'avantage sur les autres. J'avais été privée de beaucoup de choses pendant mon enfance et je m'étais rattrapée par la suite, sans supposer une seule seconde que tout pourrait s'écrouler. Je ne connaissais pas l'échec. Je connaissais les galères, les contrariétés, les obstacles, la dépendance, la jalousie et même la honte, mais je n'étais jamais confrontée au véritable échec, celui qui nous déstabilise réellement et peut nous faire perdre confiance en nous. Je ne perdais jamais confiance en moi. Sauf à ce moment-là.

    - Je suis complètement perdue. Ta prestation était convaincante, et pourtant... Je ne ressens pas le moindre désir de ta part. C'est comme si tu t'étais forcé jusque là, comme si tu avais fait semblant. Tous mes sens me disaient pourtant le contraire... à l'exception du sixième. Si tu dis vrai, ça veut dire que pour la première fois, il me fait défaut...


Je passai une main hésitante sur la joue du Serpentard.

    - Est-ce que tu es un être extraordinaire, le premier à résister à mon don ? J'aimerais tellement que ce soit l'explication... Ça signifierait beaucoup de choses...

Ça signifiait surtout que mon esprit pouvait se reposer quand j'étais avec Connor. Pas de pensées malsaines, de jalousies, de fantasmes inavouables, d'amour à sens unique. Il pouvait ressentir ce qu'il voulait, je n'avais pas à le subir. J'étais normale. Et je pouvais former un couple normal avec lui... Je souris, consciente que j'allais un peu loin dans ma rêverie, mais pleine d'espoir quant à l'éventualité de pouvoir souffler un peu.

    - Peu importe, ça signifie surtout que tu éprouves réellement de l'attirance pour moi, et j'ai envie d'y croire.

Je l'embrassai à mon tour, avec douceur au départ, puis de façon plus véhémente. La fièvre m'avait regagnée, et je m'empressai de débarrasser le Serpentard de sa cravate et d'ouvrir sa chemise, avec fébrilité. Je le libérai du vêtement avant de couvrir son cou et son torse de baisers. Il était étrange que je pusse ressentir autant de désir soudain pour un garçon que je regardais à peine auparavant. J'aurais pu m'interroger sur cette autre bizarrerie, pourtant je ne m'en souciais guère. Cette attraction me paraissait toute naturelle, comme si elle avait toujours été présente. Mon cerveau s'était de toute façon à nouveau déconnecté, c'était mes hormones qui parlaient pour moi à présent. Tout en moi appelait au sexe, et si mon don ne s'était pas enrayé, j'aurais eu la certitude que c'était également le cas de Connor. J'eus alors un déclic. Il y avait un moyen tout simple de savoir s'il disait vrai ou non. Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Ça me semblait tellement évident à présent... Peut-être était-ce justement parce que c'était trop évident que je n'avais pas fait le rapprochement. Je fis glisser ma main sur son entrejambe. Aucun doute, il était bien gonflé de désir. Embrassant derechef le jeune homme, je m'appliquai à déboutonner son pantalon et glissai ma main à l'intérieur pour en extraire ce qui me mettait en émoi. Si j'allais aussi rapidement au but, ce n'était pas vraiment sous le coup de l'excitation, mais surtout parce que je voulais faire une expérience. J'entrepris un mouvement de va-et-vient étudié. Une telle caresse aurait excité n'importe quel homme, même sans attirance sexuelle au départ. Je savais que c'était le cas de Connor, or je ne ressentais toujours rien. J'avais à présent la preuve que mon don ne marchait pas avec lui. J'interrompis tout contact et lui lança un regard grave.

    - Je ne me suis pas trompée... Tu résistes à mon don...

J'hésitais entre l'envie de sauter de joie et l'angoisse d'apprendre que ce don connaissait des failles. Il avait ses inconvénients, certes, et il me faisait tirer une croix sur une éventuelle vie de couple, mais je ne pouvais décemment pas me passer de lui. C'était mon sixième sens, et le perdre représenterait pour moi la même chose que d'être privée de l'un des cinq autres. C'était hors de question. Je trouvais géniale l'idée qu'il y ait des exceptions : ça signifiait que je pourrais trouver un homme qui partagerait ma vie sans contraintes, comme un couple basique. En revanche, je craignais que le nombre des exceptions s'accentue, ce qui serait critique. Je préférais éviter de penser à tout ça. D'ailleurs, je ne pouvais pas vraiment réfléchir avec ce feu qui me consumait. J'offris un sourire énigmatique au Serpentard.

    - Il semblerait que tu sois vraiment exceptionnel... Il faut fêter ça.

Je me débarrassai entièrement de mon chemisier et dégrafai mon soutien-gorge pour libérer ma poitrine. Je fis lentement glisser mes doigts sur mes seins, puis leva les avant-bras pour poser mes poignets dos au mur, de la même façon qu'il les y avait maintenus quelques secondes plus tôt. Ainsi, j'étais comme offerte, mais je n'avais pas l'intention de rester longtemps dans cette position.

    - Qu'est-ce que tu attends ? Fais-moi l'amour. Contre ce mur si tu veux, peu importe, je sais que ça me plaira.

C'était plutôt contradictoire en réalité, car faire l'amour était d'autant plus agréable que je pouvais sentir l'excitation de l'autre, ce qui ne faisait qu'augmenter mon propre désir. Mais être privé d'un sens pouvait très bien décupler tous les autres, autant dire que ça pouvait être tout aussi intéressant pour moi, sinon plus. J'avais bien hâte d'expérimenter ça.
Shaelyn Stern
Shaelyn Stern
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Message par Invité Jeu 10 Juin - 15:37

Shaelyn secoua la tête et pourtant je compris dans son regard qu’elle n’était pas totalement convaincue. Que devais-je donc faire de plus pour qu’elle comprenne que je n’étais pas juste le séducteur et le macho qu’elle connaissait? J’acceptais cependant ses doutes. Mes antécédents ne jouaient pas vraiment en ma faveur. Mais je n’étais pas un ingrat, ou en tous cas je ne comptais pas l’être avec elle. C’était bien la première fois que je considérais une fille de cette façon. Avais-je changé? Les lèvres de Shaelyn avaient-elle des vertus curatives? Dans ce cas je comprendrais que tous les hommes de Poudlard se bousculent pour y goûter.

« Je suis complètement perdue. Ta prestation était convaincante, et pourtant... Je ne ressens pas le moindre désir de ta part. C'est comme si tu t'étais forcé jusque là, comme si tu avais fait semblant. Tous mes sens me disaient pourtant le contraire... à l'exception du sixième. Si tu dis vrai, ça veut dire que pour la première fois, il me fait défaut... »

Alors les rumeurs étaient vraies? Shaelyn possédait réellement un don? Je n’avais pas souvenir que Carter m’en ait jamais parlé, mais peut-être était-ce tout simplement que je ne l’avais pas écouté lorsqu’il l’avait évoqué. Cela ne m’étonnerait pas de moi. Étais-je donc irrécupérable? Ou est-ce que Shaelyn m’aiderait à devenir meilleur? Cette idée me tira un ricanement intérieur. Je me perdais totalement dans des délires saugrenus. Fort heureusement, le contact de la main de Shaelyn sur ma joue me rappela à la réalité.

« Est-ce que tu es un être extraordinaire, le premier à résister à mon don ? J'aimerais tellement que ce soit l'explication... Ça signifierait beaucoup de choses... »

Cette dernière phrase n’avait rien pour me séduire. Je commençais à peine à apprécier Shaelyn, je ne voulais pas représenter quelque chose d’important pour elle, nous n’en étions pas là. Que voulez-vous? J’étais un homme, et j’avais une propension inouïe à fuir les responsabilités. Or je comprenais bien que ma résistance à son don entraînait un tas de responsabilités vis-à-vis d’elle. Elle attendrait nécessairement quelque chose de moi, et je n’étais pas sûr d’être à la hauteur de ses exigences. Mais son sourire fit fondre mes doutes sur le champs.

« Peu importe, ça signifie surtout que tu éprouves réellement de l'attirance pour moi, et j'ai envie d'y croire. »

Elle ne me laissa pas l’occasion de répondre, capturant mes lèvres avec une extrême douceur. Je profitais de l’instant, et encore plus lorsqu’elle se fit plus entreprenante. Je n’eus pas l’occasion de regretter ma cravate que Shaelyn s’affairait déjà à déboutonner ma chemise. Lorsque je n’eus plus à m’inquiéter de ce bout de tissu, elle m’embrassa dans le cou et sur le torse. Profitant de son incapacité à voir mon visage, je laissai un sourire malicieux embraser mes traits. Je savais très bien où nous allions et cette simple prévision m’excita particulièrement. Si j’avais su que Shaelyn s’apprêtait à vérifier mon état, je me serais contenu. Quoique sa main dans mon entrejambe avait de quoi me faire flancher. Et que dire de l’initiative dont elle fit preuve alors qu’elle m’embrassait? Elle déboutonna mon pantalon comme s’il s’agissait d’une simple formalité et je sentis bien vite sa main contre mon membre. Je n’aurais pas dû être à ce point étourdi par un contact aussi ordinaire, mais Shaelyn semblait m’exciter bien plus que n’importe qui d’autre. J’aurais aimé qu’elle m’offre davantage qu’un unique mouvement de va-et-vient, mais elle ne semblait pas du même avis. Sa main déserta mon entrejambe et je fus bien obligé de tomber sur le regard grave de la jeune fille.

«  Je ne me suis pas trompée... Tu résistes à mon don... »

Ainsi ça n’avait été qu’une expérience? Je fulminais d’avoir été ainsi dupé. Je détestais que l’on se joue de moi. Soit elle s’impliquait vraiment, soit elle connaissait la sortie. Mon regard se détourna d’elle avec dédain. Il n’était pas question que je lui pardonne son insulte si facilement. Lorsque je posai à nouveau mes yeux sur elle et que je tombai sur son sourire énigmatique, je ne lui répondis que par un regard noir.


« Il semblerait que tu sois vraiment exceptionnel... Il faut fêter ça. »

Estimant que je n’attendais que ça, Shaelyn enleva son chemisier et dégrafa son soutien-gorge dans la foulée. Elle était encore plus jolie sans ces tas de vêtements qui minimisaient ses formes. J’avais du mal à résister à la tentation, et ce d’autant plus qu’elle leva les bras pour les placer contre le mur où je les avais tenu fermement attachés. Shaelyn avait le sens de la séduction, elle savait que cela me plaisait. Mais le lui montrer était hors de question.

« Qu'est-ce que tu attends ? Fais-moi l'amour. Contre ce mur si tu veux, peu importe, je sais que ça me plaira. »

N’importe quel homme digne de ce nom aurait accéder à cette requête, et sans se faire prier. Mais je me vantais de ne pas être n’importe quel homme. Avec un détachement presque affligeant, je saisis délicatement mais fermement ses poignets pour lui faire baisser les bras et les replacer le long de son torse. Je la lâchai aussitôt cela fait, et mon regard plongea dans le sien avec une certaine curiosité.

« J’ai très bien compris ce que tu voulais, Shaelyn. » Dans un soupire, je levai les yeux au ciel. « Mais tu n’auras rien. Je sais, on était pourtant si bien parti. Seulement je déteste que l’on joue avec moi. Je t’intrigue, tu dois sans doute vouloir expérimenter une relation « normale », mais ce n’est pas de moi que tu l’auras. » J’avais conscience d’être difficile et arrogant, je crachais sur une soupe bien chaude et exquise à l’excès. Mais Shaelyn devait comprendre que je n’étais pas à son service, que je n’étais pas là pour lui faire expérimenter de nouvelles choses. J’étais vexé, bien sûr, mais jamais je ne le lui avouerais. Sans doute m’étais-je attendu à mieux qu’à une simple sauterie à la va-vite. Je rassemblai mes affaires et m’éloignai de Shaelyn autant que je le pouvais. Je me serais bien rhabillé aussi sec, mais cela lui aurait laissé le temps de me faire changer d’avis. Déterminé, je filais vers la porte et j’entrepris de l’ouvrir. Seulement la poignée me résista, comme si la porte était désormais verrouillée. Je ne voyais pas comment c’était possible, mais je me doutais qu’il y avait de la magie là-dessous. Je ne m’acharnai pas sur la porte, je savais très bien que c’était cause perdue. Je dus donc me résoudre à me retourner et à affronter le regard de la serpentarde.

« Ça arrive souvent les pièces qui se verrouillent toutes seules? Je croyais que seules les salles magiques en étaient capables … » L’évidence me frappa de plein fouet. Nous ne nous trouvions pas dans n’importe quelle salle du château. Dans notre inconscience, il avait fallu que nous tombions tous les deux sur l’une des rares pièces enchantée de Poudlard. Mais de laquelle s’agissait-il? Un sourire s’afficha sur mon visage lorsqu’une pensée des plus judicieuses me vint à l’esprit. « On dirait que ma résistance à ton don s’explique… C’est la pièce qui doit avoir occulté ton pouvoir! » Je devais l’admettre, j’étais parfaitement soulagé. Je venais d’éviter de gros problèmes, j’en avais déjà suffisamment pour apprécier cette clémence.

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